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Journée de fermeture des banques contre l'insécurité à Madagascar

mardi 6 novembre 2012 à 18:59

Bill de Madagascar Tribune informe que les banques fermeront le 6 novembre après-midi pour protester contre l'insécurité à Madagascar. La semaine dernière, une agence d'Accès Banque s'est fait braquer de 502 millions d'Ariary dans le faubourg d'Andraharo, à Antananarivo (la capitale malgache).

Les Camerounais célèbrent sur Twitter les 30 ans de pouvoir Biya

mardi 6 novembre 2012 à 18:52

“@JeanYvesMorio : 6 novembre 1982 a mon réveil ni eau ni électricité. 6 novembre 2012, a mon réveil ni eau ni électricité #30anssansmourir

Sur Twitter, le Camerounais Jean Yves Morio se gausse de ce que le président Paul Biya est au pouvoir depuis trente ans et que la vie ne s'est guère améliorée pour la plupart de ses compatriotes. Le mot-clic #30anssansmourir a servi à tourner en ridicule l'anniversaire de l'accession au pouvoir de Biya, parmi les records de longévité politique en Afrique et dans le reste du monde.

Russie : L'opposition vote en ligne, les résultats font scandale

mardi 6 novembre 2012 à 18:36

Les élections du Conseil de coordination de l'opposition sont terminées. Maintenant que les résultats sont connus et que le Conseil s'est déjà réuni [en russe] pour la première fois, il est temps de regarder d'un peu plus près ce qui s'est passé.

Indubitablement, ces élections représentaient un des événements les plus attendus (en ligne ou non) de l'histoire de l'opposition russe. Les participants ont été plus de 170 000 à s'inscrire, et plus de 97.000 d'entre eux ont passé le processus relativement compliqué d'identification et authentification (soit en acquittant un paiement par téléphone, soit en envoyant en pièce jointe une photo d'eux-mêmes tenant leur passeport). Finalement, près de 84% des participants dûment authentifiés (81801 citoyens) ont exprimé leur suffrage entre les 20 et 22 octobre.

Malgré quelques contretemps, l'événement a, dans l'ensemble, été un succès, poussant Alexeï Navalny — qui arrive en tête avec 43 723 votes — à bloguer “We did it”, “On l'a fait”, [en russe]. (Note explicative : les électeurs pouvaient exprimer jusqu'à 45 suffrages pour les 45 sièges du Conseil.) Néanmoins, certains blogueurs et activistes de la Toile ont trouvé à redire à la fois aux résultats et à l'organisation du vote.

Le site du Comité électoral central recense le nombre de personnes enregistrées, authentifiées, et ayant voté. Capture d'écran, 24 octobre 2012.

Premièrement, beaucoup de critiques concernaient le fait que presque tous les vainqueurs de cette élection étaient ceux que l'on attendait –- les figures de proue du mouvement de protestation depuis l'an dernier –- et dont on peut dire qu'ils n'ont pas fait grand-chose de concret. L'utilisateur du LiveJournal andrey_kuprikov écrit ceci [en russe]:

Новых фамилий вы там не увидете : Собчак, Немцов, Удальцов и прочие Кацы, из регионов аж четыре персонажа

Vous ne trouverez pas de nouveaux noms : Sobtchak, Nemtsov, Oudaltsov et autres Katz, soit 4 pékins pour l'ensemble des régions

Comme le twitte  [en russe] @Uberkatze :

Одно я могу сказать точно: народ, у которого в топ 5 оппозиционеров входят Яшин и Собчак – заслуживает Путина.

Je peux dire une chose avec certitude : un peuple qui place Yachine et Sobtchak dans le top 5 de ses opposants mérite Poutine.

Les candidatures de personnalités médiatiques comme Sobtchak ont extrêmement bien marché. A l'exception d'Irina Yassina et de Liudmila Oulitskaïa (qui ont déclaré forfait avant le début du vote), tous les membres de l'équipe de campagne de Sobtchak, “Plateforme civile”, ont été élus. Curieusement, la Plateforme de Sobtchak, composée de célébrités et d'écrivains, a nié toute intention de faire de la “politique”.

Les candidats moins médiatiques n'ont pas été élus. En réaction à cette absence de personnes inconnues du public, le blogueur dmitry_dabb écrit  [en russe]:

Лично для меня показательно то, что не прошел ни один человек из тех, кто занимался политзеками.

Pour moi personnellement, il est significatif qu'aucun de ceux qui s'occupent de prisonniers politiques n'ait été élu.

La journaliste Olga Kuzmenkova note elle aussi ce fait, dans un tweet  [en russe]:

То, что Власов из “РосУзника” не прошел - это вообще космический пиздец. Кто вместо него? Максим, бля, Кац!

Que Vlassov, du “PrisonnierRusse”, ne soit pas élu est en soi un pur scandale. Et qui on trouve à la place ? Maxime Katz, p… !

Olga Kuzmenkova fait allusion à Max Katz, un joueur de poker professionnel qui s'intéresse à l'urbanisme, actuellement conseiller municipal dans un arrondissement de Moscou.

Leonid Volkov au QG électoral. Capture d'écran sur Youtube, 24 octobre 2012.

Le côté prévisible des résultats n'est pas le seul reproche fait à ces élections. Lorsqu'une attaque DDoS (par déni de service) a paralysé la plateforme le premier jour des élections, beaucoup s'en sont pris à Leonid Volkov, commissaire de ces élections et “cerveau” responsable de la conception technique du système en ligne. En effet, Volkov avait promis un site parfaitement verrouillé et paré à résister à tout type d'attaque. Ce qui, en tout état de cause, ne fut pas le cas [en russe]. Auparavant, l'un des serveurs utilisés pour le vote avait été victime d'une attaque via le logiciel LOIC – un outil renommé pour sa facilité d'utilisation et son efficacité pour saturer de requêtes un serveur (LOIC a été utilisé avec succès par le groupe d'activistes Anonymous pour ses attaques contre l’Église de Scientologie.) Les agresseurs se sont ensuite tournés vers Botnet, qui a causé encore plus de problèmes, en obligeant à utiliser des tests captcha [pour différencier de manière automatisée un utilisateur humain d'un ordinateur]. Les deux types d'attaques étaient très peu coûteuses  [en russe], et relativement modérées (environ 4.000 requêtes par seconde) selon un usager d'un forum d'informatique forum, lequel fait ce commentaire [en russe]:

ну если это называется атакой… то на какую нагрузку то был расчитан сайт?

si c'est ça que vous appelez une attaque… le site était conçu pour supporter quelle charge ?

Les attaques ont empêché les votes pendant pas moins de 36 heures, obligeant à allonger la période électorale.

Finalement, les gens ont pu voter. Le nombre de votants, d'ailleurs, a soulevé d'autres critiques. En définitive, seulement la moitié des personnes inscrites a effectivement voté. De fait, une fois les élections terminées, Volkov a twitté [en russe] que le taux de participation approchait de 80 %. Or il assimile le nombre de personnes qui ont voté au nombre de celles qui se sont authentifiées sur le site. Le pourcentage obtenu ainsi est erroné.

Si l'inscription sur le site ressemble dans l'absolu à l'inscription pour un vote, passer avec succès le processus d'authentification se rapproche davantage du fait de se présenter en personne à un bureau de vote ou de réclamer un bulletin de vote. Selon [en russe] la journaliste Tatiana Chabaïeva, c'est justement ce qui détermine le résultat –- combien de personnes sur le nombre de celles qui se sont inscrites se sont donné la peine de suivre le processus d'authentification.

En chiffres réels (c'est-à-dire pas en pourcentages), le taux de participation a été faible, de quelque façon qu'on le tourne, surtout si l'on tient compte du fait que les Russes sont très actifs sur la Toile. L'un des candidats malchanceux l'a souligné  [en russe] dans un post sur Facebook :

За Навального проголосовало 43 723 человека. При количестве подписчиков в твиттере 300 000 + ЖЖ, где тоже очень много подписчиков.

43.723 personnes ont voté pour Navalny. A rapporter à ses 300.000 followers sur Twitter, plus son LiveJournal, qui a aussi de nombreux followers.

D'autres étaient plutôt découragés. Mitya Aleshkovsky twitte ceci [en russe]:

И самое важное чему нас научили выборы в КС это то, что проголосовало - 81801 человек. Я не верю, что оппозиции так мало.

Et ce que les élections du Conseil de coordination nous ont appris de plus important, c'est que 81.801 personnes ont voté. Je ne peux pas croire que l'opposition soit si peu nombreuse.

En attendant, Volkov a pris cher pour sa gestion des suffrages exprimés par les membres de MMM, la pyramide financière de Sergueï Mavrodi. Mavrodi, qui a clairement dit avant les élections qu'il essaierait d'influencer les résultats en obtenant de ses sbires des centaines de vote pour une liste [russe] de 38 candidats moins connus (Global Voices a relaté cette affaire il y a quelques jours). Selon Volkov lui-même [en russe], près de 2000 membres de MMM ont échoué à s'authentifier et à voter dans ces élections. En d'autres termes, les satellites de Mavrodi formaient, en gros, un quart de l'électorat. Quoi qu'il en soit, la Commission électorale n'a décompté que la moitié des votes des membres de MMM. La raison de cette décision [en russe] est pour le moins curieuse.

L'argument, alambiqué, ressemble à ceci : un certain nombre de personnes ont voté pour la liste de Mavrodi, mais ces votes n'étaient pas tous frauduleux ; l'étaient seulement ceux des membres de MMM qui se sont inscrits contraints par Mavrodi, en étant obligés de présenter une preuve de leur inscription pour pouvoir accéder à leur page personnelle de son site.

Les gens qui se sont inscrits après le 16 octobre (quand Mavrodi a décidé [en russe] que demander simplement à ses sympathisants de s'inscrire n'était pas suffisant) ont donc été disqualifiés car “influencés par une campagne illégitime” si leur vote allait à la liste de Mavrodi.

Une décision bien difficile à justifier logiquement. Si l'implication de Mavrodi n'était pas dans l'esprit de ces élections, tous les votes MMM auraient dû être ignorés (ce qui abaisserait le nombre de participants réels à 60000 personnes). Si une telle proposition est impensable à cause de son caractère fondamentalement antidémocratique, la seule alternative rationnelle est de prendre en compte tous les votes. Après tout, ce n'est pas Mavrodi en personne qui a procédé aux votes, seulement à l'inscription. En outre, il n'a forcé personne a voter pour un candidat en particulier. Ainsi qu'il l'a lui-même fait remarquer [en russe] sur son site Web :

[…] я рекомендую – не требую! боже упаси! :-)) — голосовать. Да и как я могу требовать? Я же не имею возможности проверить, как вы голосуете?

[…] Je recommande un vote, je ne l'exige pas ! Dieu m'en garde ! :-)) Et comment diable pourrais-je l'exiger ? Je n'ai pas les moyens de contrôler le vote des gens.

Si le fait de pousser les gens à s'inscrire pour ce vote sous la contrainte n'est pas sans poser des questions morales, il n'équivaut pas à forcer à participer au vote ou à voter pour un candidat précis (ce que Mavrodi n'a jamais fait). Dans ce sens, tous ceux qui ont voté en accord avec la liste de Mavrodi sont soit tous coupables, soit tous innocents.

En fin de compte, on ne sait pas si le Conseil va réellement avoir un rôle de leader de l'opposition. Le député de la Douma Ilya Ponomarev, qui a retiré sa candidature quelques jours avant le début des élections, a twitté [en russe] à Volkov :

@leonidvolkov ты убил идею #ВыборыКС своей ее реализацией. Теперь надо как можно скорее похоронить усопшую и заняться другими делами

@leonidvolkov Tu as tué l'idée de ces #élections par la façon dont tu les as mises en oeuvre. Maintenant il n'y a plus qu'à enterrer le corps au plus vite et à passer à autre chose

Inversement, le journaliste Ilya Barabanov s'est adressé [en russe] aux mécontents sur Twitter :

Не нравится этот КС - выберите через год другой.

Si ce Conseil de coordination ne vous plaît pas – vous n'avez qu'à en élire un autre dans un an.

Que Barabanov croie que le Conseil de coordination passera l'année 2013, voilà qui est optimiste. Mais cette confiance est-elle fondée ?

Bolivie : Renforcement de la présence du parti au pouvoir sur Twitter

mardi 6 novembre 2012 à 15:29

Pablo Andrés Rivero [en], collaborateur de Global Voices, étudie comment les politiciens boliviens utilisent Twitter. Dans le dernier rapport publié sur son blog [es], il indique que les membres du parti au pouvoir (le Mouvement vers le socialisme [en]) sont toujours plus actifs sur Twitter et que leur liste de followers est en augmentation.

Allemagne : Des réfugiés en grève de la faim contre la politique de dissuasion

mardi 6 novembre 2012 à 11:55

Tous les liens sont vers des pages en allemand.

Le 24 octobre, 25 demandeurs d'asile ont engagé une grève de la faim devant la Porte de Brandenburg à Berlin. Cette action menée dans un lieu symbolique, qui représente la division violente d'une société par la politique, est la dernière étape d'une réaction en chaine amorcée en février par le suicide de l'Iranien Mohammad Rahsepar dans un camp de réfugiés de Wurzburg.

Le lieu de la grève de la faim devant la Porte de Brandenburg

Grève de la faim à Berlin devant la Porte de Brandenburg (Photo: Metronaut.de, CC-BY-SA)

Les suicides ne sont pas rares dans les camps d'accueil de demandeurs d'asile en Allemagne. Bien souvent, les réfugiés sont hébergés dans des endroits isolés, vivant dans des conditions quasi-carcérales, et leurs prestations sociales leur sont remises sous forme de bons d'achat. Ils ne sont pas autorisés à travailler et il n'y a pas suffisamment de cours de langue allemande. Tandis que les demandeurs d'asile - aliénés physiquement et socialement, confinés dans un espace étroit - attendent pendant des années que leur dossier de demande d'asile soit traité, ils n'ont pas le droit de quitter le territoire administré par le bureau de l'immigration duquel ils dépendent (assignation à résidence). Malgré des années de pression de la part des citoyens et la dénonciation de ces pratiques par les associations de défense des droits humains, les autorités maintiennent ces conditions de vie inhumaines afin de dissuader les réfugiés [de se rendre en Allemagne], comme le résume Kay Wendel sur le blog no-racism :

Konsens unter den etablierten Parteien von SPD bis CDU/CSU war, »Dämme gegen die Fluten« zu errichten und weitere Flüchtlinge abzuschrecken, indem ihre Lebensbedingungen so unattraktiv wie möglich gemacht wurden. Ein »Bündel flankierender Maßnahmen« wurde verabschiedet: Lagerpflicht, Residenzpflicht, Arbeitsverbot, Gutscheine statt Bargeld, Essenspakete, gültig bis heute.

Le consensus parmi les principaux partis, du SPD au CDU/CSU, consistait à élever des “barrages contre l'inondation” et à dissuader d'autres réfugiés de venir, en rendant leur conditions de vie aussi peu attractives que possible. Un “kit de mesures corolaires” a été mis en application : obligation d'hébergement dans les camps, assignation à résidence, interdiction de travailler, bons d'achat en lieu et place d'argent liquide, paniers repas. Ces mesures sont toujours en vigueur à ce jour.

Flüchtlingsprotest in Würzburg

Manifestation de réfugiés à Würzburg (Photo: Blog des Réfugiés Iraniens en Grève de Würzburg, gustreik.blogsport.eu, CC BY-NC-SA)

Suite au suicide par pendaison de Mohammad Rahsepar en février, des manifestations spontanées se sont formées à Würzburg. Comme celles-ci ont été complètement ignorées par la classe politique, plusieurs réfugiés ont engagé une grève de la faim et érigé un camp sur le lieu de leur manifestation. Ils ont dû auparavant mener une bataille juridique avec la municipalité de Würzburg pour faire reconnaître leur droit de manifester et d'entreprendre une grève de la faim. Malgré cela, la réaction des politiciens se faisait toujours attendre.

Du fait de l'assignation à résidence, les demandeurs d'asile venant d'autres villes avaient interdiction de participer aux manifestations de Würzburg. Par la suite, durant l'été, des réfugiés ont érigé des camps de protestation dans huit autres villes sous le slogan “Refugee Tent Action”. Enfin, le 8 septembre, une “caravane” d'environ 70 réfugiés et personnes soutenant leur cause se sont mis en route à pied afin de parcourir les presque 600 km séparant Würzburg de Berlin, où, après une altercation avec un groupe néonazi, ils sont arrivés le 6 octobre. Ils sont déterminés à y rester jusqu'à ce que leurs revendications soient entendues: abrogation de l'assignation à résidence, de l'obligation d'hébergement dans les camps et suspension des expulsions.

Unterstützerin des Berliner Protestlagers

Un manifestante exprime son soutien au sort des réfugiés (Photo: Flickr-Nutzer @handverbrennung, Enno Lenze, CC BY 2.0)

Les manifestations sont menées en grande partie par des réfugiés iraniens, de jeunes gens qui ont dû fuir leur pays suite aux manifestations réprimées du mouvement des “Verts'. En plus de leur volonté de se battre pour leurs droits, ils ont conscience des possibilités offertes par Internet et les médias sociaux et en font usage dans le cadre de leur action pour l'amélioration des conditions de vie des demandeurs d'asile en Allemagne. Les manifestants dans les diverses villes ainsi qu'au camp principal à Berlin ont créé des blogs et des groupes Facebook et leurs actions ont trouvé un écho massif sur Twitter. Ainsi, en dépit de l'obstination des politiciens et des médias traditionnels à ne leur accorder aucune attention, ils ont réussi à organiser le 13 octobre la plus grande manifestation à ce jour, réunissant 6 000 manifestants contre les conditions de vie indignes des demandeurs d'asile.

Le 15 octobre, les réfugiés protestataires et les activistes ont occupé l'ambassade du Nigéria à Berlin, afin de protester contre la coopération de cette ambassade, sans laquelle les expulsions ne seraient pas possibles. Plusieurs demandeurs d'asile ont alors été arrêtés et selon leurs dires, maltraités par la police, comme ils en témoignent sur la vidéo suivante mise en ligne par l'utilisateur YouTube leftvision:

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=2Gwj2hnk9Bk

Environ 24 réfugiés ont ensuite entamé une grève de la faim. Le dernier weekend d'octobre, l'arrivée de l'hiver les a soudain surpris avec une baisse des températures de 20 degrés. Les nombreuses personnes solidaires de leur action se sont dès lors occupées de leur fournir des couvertures, des vêtements chauds, des matelas de camping et des tentes, qui sont pourtant régulièrement confisqués par la police. Leur justification: il s'agit de matériel de camping, et il est interdit de camper devant la Porte de Brandenburg.

Si les réfugiés avaient trouvé depuis le début un large soutien parmi les journalistes citoyens et les médias sociaux, l'indignation à l'égard des mesures policières a alors pris une ampleur considérable sur le Net. Voici ce qu'écrit Canan Bayram (@friedhainerin):

@friedhainerin 4 Flüchtlinge im Polizeiauto,brutale Festnahme einer Unterstützerin, in der Nacht werden die Polizisten extrem - kaltes Berlin #refugeecamp

@friedhainerin 4 réfugiés dans le fourgon de police, arrestation brutale d'une sympathisante, la nuit les policiers deviennent extrêmes - quel froid à Berlin #refugeecamp

D'autres, comme Marina Weisband, ont appelé au soutien matériel des manifestants qui endurent le grand froid:

@Afelia Berliner! Könntet ihr euch etwas Honig, Jacken und Decken unter den Arm klemmen und am Pariser Platz vorbei schauen? #refugeecamp

@Afelia Berlinois! Pourriez-vous vous munir d'un peu de miel, de vestes et de couvertures et venir constater la situation Place Pariser? #refugeecamp

Les conséquences politiques et juridiques ont aussi été envisagées. Anne Roth a tweeté:

@annalist Versucht, die Polizeigewalt detailliert zu dokumentieren, insb. Gesichter. Die einzige Möglichkeit, sie zu identifizieren. #refugeecamp

@annalistEssayez de documenter en détail la violence policière, en particulier les visages. La seule façon de les identifier.#refugeecamp

Le déroulement des événements sur le terrain est recueilli sur des Live-Streams et documenté sur des blogs. Voici ce qu'écrit Enno Lenze sur son blog:

Wieso man mitten in der Nacht mit einem so martialischen Aufgebot Leuten ihre Wärmflaschen abnehmen muss, verstehe ich weiterhin nicht. Sie protestieren friedlich, provozieren nicht, beschimpfen nicht und stellen sicher keine Gefahr da. Bitte lest euch mal durch, was Leute dazu bringt, ihre Heimat zu verlassen und woanders um Asyl zu betteln.

Je ne comprends vraiment pas pourquoi il faut confisquer aux gens leurs bouillottes au beau milieu de la nuit, et avec un tel déploiement de force martiale. Il protestent pacifiquement, ne font pas de provocation, n'insultent personne et ne causent certainement aucun danger là où ils sont. Lisez donc ce qui amène les gens à quitter leur pays et à demander l'asile ailleurs.

Pendant des mois, en dehors de quelques dépêches dans la presse locale, les médias traditionnels ont ignoré les manifestations de réfugiés. Ce n'est que l'énorme écho reçu sur Internet, avant tout depuis que la police traite les manifestants de plus en plus rudement, qui les a forcés ces derniers jours à se saisir du sujet. Le cynisme des médias traditionnels a fait l'objet de commentaires de la part de l'utilisateur Twitter Flüchtlingsstreik (grève des réfugiés):

@FluchtundAsyl Die deutschen Medien berichten gerne, wenn in anderen Laendern gegen Menschenrechte verstossen wird, aber wo sind sie jetzt? #refugeecamp

@FluchtundAsyl Les médias allemands se complaisent dans la dénonciation des abus des droits humains dans les autres pays. Mais où sont-ils à présent ?#refugeecamp

Peut-être le soutien qu'ils ont rencontré sur Internet a-t-il donné aux réfugiés le courage de saisir la Justice : après l'occupation de l'ambassade du Nigéria, des plaintes pour coups et blessures ont été déposées contre plusieurs policiers. Selon le site metronaut.de, des poursuites ont également été engagées à l'encontre du maire, M. Hanke, et du sénateur Henkel pour atteinte au droit de réunion et blessures involontaires par négligence.

Mise à jour le 02.11.

Après un entretien avec la chargée des affaires d'intégration du gouvernement fédéral, Mme Maria Böhmer, les réfugiés ont mis fin vendredi à leur grève de la faim. Mme Böhmer s'est montrée prête à négocier sur la question des camps et l'assignation à résidence mais est demeurée intransigeante sur les expulsions à l'initiative du gouvernement. Lundi 5 novembre, la place devant la Porte de Brandenburg à Berlin devra être libérée pour faire place à d'autres manifestations prévues. Où et quand le camp de protestation va être relocalisé reste encore incertain.