La marine militaire italienne a lancé une campagne de recrutement… en anglais. Ci-dessus sa page officielle Facebook.
Cet article est extrait d'un reportage radiophonique de David Leveille [en anglais comme tous les autres liens] pour The World, il a d'abord été publié sur PRI.org le 2 mars 2015. Il est publié ici dans le cadre d'un accord sur le partage de contenu.
Matteo Renzi, le plus jeune des présidents du conseil qu'a jamais eu l'Italie, est la cible de virulentes critiques qui n'ont aucun rapport avec les réformes politiques et économiques “nécessaires dans l'urgence”. En réalité, les italiens ne supportent pas son utilisation très fréquente de termes anglais.
Renzi a ainsi mis en place le “jobs act“, il utilise les mots anglais “benchmark” (indice de référence) et “hashtag” dans chacune de ses apparitions en public. Il insiste également sur le fait que les ministres de son cabinet devraient parler (couramment) l'anglais, première demande de ce genre d'un homme politique italien. Cette prise de position a tendance à être contagieuse car la marine militaire italienne a lancé une nouvelle campagne de recrutement en utilisant des slogans en anglais du type “Be Cool and Join the Navy”.
Tout cet anglais n'est pas très bien accueilli par un nombre de plus en plus important d'Italiens qui demandent aux hommes politiques de “le dire en italien“.
” Nous avons une grande réforme de la politique de l'emploi”, écrit Beppe Severgnini, journaliste au Corriere della Sera. ” En italien, elle s'appelle “la réforme du travail”. Pourquoi donc devrions nous l'appeler ‘Jobs Act’ ?”
Pour Beppe Severgnini, cette manie d'utiliser l'anglais est un retour vers le passé : “Au Moyen Âge, les hommes politiques parlaient latin pour que les gens du commun ne comprennent pas ce qui se passait réellement. L'anglais est comme la saccharine : ça n'est pas du sucre, c'est de la saccharine que l'on ajoute au café public de la politique italienne”, c'est un adjuvant qui adoucit tellement les choses que les gens ne savent plus vraiment la saveur qu'il y a dessous…”.
Autre exemple avec les dépenses excessives du gouvernement : “On souhaite réaliser un juste contrôle des dépenses, alors, pourquoi ne pas l'appeler en italien revisione della spesa (examen des dépenses) ?” se demande Beppe Severgnini. C'est simple et clair, mais non, eux nous parlent de “spending review” que de toute façon beaucoup d'italiens ne réussissent même pas à prononcer.
“Pourquoi donc agissez-vous de cette façon?” C'est une demande que Beppe Severgnini a déjà faite à ses amis et connaissances dans le monde politique. On lui a toujours répondu que c'était pour mieux communiquer avec les autres Européens, et que de toute façon, la majeure partie des Italiens réussit très bien à comprendre des termes anglais aussi simples que “jobs” et “act.”
Réponse de Beppe Severgnini: “Je ne suis pas d'accord”, je l'aime mon italien…ce qui ne me plaît pas, c'est ce mélange de langues et mélanger les langues de cette façon montre un complexe d'infériorité, paresse et négligence […] Moi aussi, je dis mouse (souris) quand j'utilise mon computer (ordinateur) mais pour tout le reste je crois que nous possédons une grande et belle langue et que nous devrions donc avoir le bon sens de l'utiliser.
L'ONG Corporación Miles et l'agence publicitaire Grey Chile ont cherché à exposer de façon spectaculaire et provocatrice le problème auquel se trouvent confrontées des milliers de femmes au Chili au regard de l'avortement, au travers de trois clips illustrant l'unique forme légale d'avortement dans le pays.. Ces “conseils” vont de se laisser tomber dans un escalier à ….se laisser écraser par une voiture.
L'avortement est interdit au Chili, ce qui fait que des milliers de femmes doivent recourir à des méthodes illégales et dangereuses. On estime à environ 150 000 le nombre d'avortements clandestins par an, dont certains se terminent par la mort de la patiente.
Cette campagne veut alerter la population sur ce problème social et persuader le gouvernement de voter la loi sur l'avortement thérapeutique qui a été rejetée en février dernier.
Un conseil avant de visionner la vidéo ci dessous : les images sont assez choquantes. (au Chili, l'avortement “accidentel” est l'unique forme légale de cet acte qui n'est pas alors considéré comme un crime.)
Un Yéménite plaide les droits de l'homme pour demander aux organisations mondiales d'aider les Yéménites bloqués à l'étranger à rentrer chez eux. Photo sur Twitter de @NuhaSanhani
(Article d'origine publié le 29 avril) Des milliers de Yéménites sont bloqués à l'étranger, dans l'impossibilité de rentrer chez eux, depuis que les forces de la coalition menée par l'Arabie Saoudite ont commencé à bombarder leur pays le 26 mars. 300.000 sont des déplacés internes au Yémen, avec peu ou pas d'assistance.
Les Yéménites qui étaient hors du pays pour traitement médical ou d'autres raisons quand la guerre a éclaté dans leur pays, sont empêchés depuis un mois entier de rentrer, par ordre de la coalition militaire. L'embargo aérien, maritime et terrestre imposé au Yémen les a bloqués à l'étranger. Les nouvelles conditions de visa que leur imposent les pays qui les avaient accueillis, l'absence de moyens d'existence, plus les 300.000 personnes, selon les estimations, qui sont des déplacés internes, font maintenant des Yéménites des réfugiés tant à l'étranger que dans leur propre pays.
Depuis Sana'a, Ali Almurtada explique :
Many Yemenis stranded in numerous airports.They can't come home (no-fly zone) and can't enter countries (Visa issues) #Yemen#Decisive_Storm
Beaucoup de Yéménites bloqués dans de nombreux aéroports. Ils ne peuvent pas rentrer chez eux (zone d'exclusion aérienne) et ne peuvent pas entrer dans les pays (problèmes de visa)
Les forces de la coalition arabe écrasent le Yémen de frappes aériennes depuis le 26 mars. Leurs attaques ne se sont pas limitées aux installations militaires ou à leur principale cible, les combattants tribaux houthistes, qui ont pris pris la capitale Sana'a au président Abd-Rabbu Mansour Hadi en janvier.
Les destructions sont également massives dans la cité portuaire d'Aden dans le sud, où les houthistes ont poussé leur avantage, aux côtés des forces loyales à l'ancien président du Yémen Ali Abdullah Saleh.
Saleh a quitté ses fonctions après trois décennies de présidence, dans le sillage des manifestations populaires de 2011, et cédé le pouvoir à Hadi par un accord conclu avec la médiation du Conseil de Coopération du Golfe sous la houlette saoudienne. Ce sont ces mêmes pays qui bombardent en ce moment le Yémen. Saleh contrôle toujours la plupart des unités de l'armée du Yémen, et exerce son influence sur le plus pauvre des pays arabes.
En temps de guerre les gens cherchent habituellement refuge dans les pays voisins. Etrangement, les Yéménites veulent rentrer chez eux. Bassam Hassan tweete :
Des gens cherchent à fuir la patrie et d'autres pleurent pour y retourner malgré l'épreuve
Tandis qu'il y a 10.000 Yéménites en mal de retour selon le directeur des transports aériens du Yémen cité par Alaraby Aljadeed, les médias ne parlent pratiquement que de l'évacuation des étrangers vivant au Yémen, organisée par leurs pays, principalement la Chine, la Russie et l'Inde. C'est l’Inde qui s'est démarquée par sa performance en nombre de vols d'évacuation de ses citoyens bloqués au Yémen autant que pour son aide aux ressortissants d'autres pays pour quitter en toute sécurité le pays.
India has evacuated 4,741 Indians from Yemen – but also 1,947 foreign nationals, from 48 different countries http://t.co/2zEuqPasyA
L'Inde a évacué 4.741 Indiens du Yémen – mais aussi 1.947 ressortissants étrangers de 48 pays différents.
Alors que la super-puissance mondiale, les Etats-Unis d'Amérique, pourvoyeuse de soutien logistique et de renseignement pour la guerre au Yémen, a abandonné ses nationaux.
As many other countries pull their citizens from Yemen, the United States is telling Americans to try to stick it out http://t.co/75xVke6epz
Alors que de nombreux autres pays retirent leurs ressortissants du Yémen, les Etats-Unis disent aux Américains de tâcher de tenir bon.
De nombreux militants ont voulu sensibiliser à la détresse des Yéménites bloqués à l'étranger, surtout ceux en Egypte, Jordanie et Inde, qui ne peuvent sortir des aéroports, ou ont besoin de soins médicaux avec un budget limité qui s'épuise, risquent l'expulsion de leur logement, en l'absence de toute aide par les ambassades du Yémen.
Des photos pour les Yéménites piégés à Amman aujourd'hui. Un exemple de leurs souffrances.
Belquis Alsalami, une des rares à avoir eu la chance de quitter le pays dans un vol charter, relate par le menu sur sa page Facebook la désagréable expérience de l'atterrissage à Amman, en Jordanie :
حاولنا نتفاهم مع الموظفة الأردنية. ردت علينا بكل وضوح: أنتم غير
مرغوب فيكم في الاْردن!!
قلنا: ليش؟؟
قالت: أنتم لاجئين..
ردينا عليها وقلنا: ما فيش أحد مننا الموجودين يشتي يدخل الاْردن.. كلنا معنا فيز إلى دول أخرى.. ومعنا تذاكر طيران من الاْردن إلى جهات أخرى (دبي – لندن- اثيوبيا – الهند – نيوزلندا – أمريكا)
هذه كانت الجهات اللي كنا متجهين إليها..
قالوا مافيش نزول من الطيارة خااااااااااااالص
Nous avons essayé de raisonner l'employée jordanienne.
Elle a répondu clairement : on ne veut pas de vous en Jordanie
Nous avons demandé : Pourquoi ?
Elle : Vous êtes des réfugiés..
Nous : Aucun de nous ne veut entrer en Jordanie..Nous avons tous des visas pour d'autres pays..et nous avons des billets de Jordanie vers d'autres destinations (Dubaï, Londres, l'Ethiopie, l'Inde, Nouvelle Zélande, USA)…Voilà les destinations vers lesquelles nous allions..
Ils ont dit paaas question de sortir de cet avion
Hisham Al-Omeisy décrit la suite du calvaire, les passagers retenus dans l'avion pendant sept heures :
#PT My cousins, mostly women & children were not allowed to leave plane in Amman Jordan for 7hrs & surrounded by army, then given temp pass.
Mes cousins, en majorité des femmes et des enfants, n'ont pas été autorisés à quitter l'avion pendant 7 heures à Amman, encerclés par l'armée, puis on leur a donné un laissez-passer
[article cité] “Les Yémenites bloqués à Mumbai luttent pour leur espace vital
Alors même que leur pays est englouti dans une violente guerre civile, les centaines de Yéménites bloqués à Mumbai vivent une situation tout aussi éprouvante”
Déplacés internes
Au Yémen, plus de 300.000 personnes ont été forcées à abandonner leurs maisons, et ont fui dans d'autres villes ou dans les villages, pour chercher refuge contre les violences auprès des parents ou connaissances, selon le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des affaires humanitaires (OCHA selon son acronyme anglais).
Les chiffres compilés par l'OCHA au 28 avril montrent que le nombre de personnes déplacées par l'escalade du conflit dans les 19 governorats a augmenté de façon significative. Les partenaires humanitaires avaient estimé qu'au moins 150.000 personnes étaient déplacées au 17 avril, mais ce nombre soulevait de gros doutes. Les données disponibles montrent que les gouvernorats ayant le plus grand nombre de ces déplacés sont ceux de Hajjah, Al Dhale’e et Abyan.
Bushra Aldukhainah, coordinatrice humanitaire de Care Yemen, a appris de première main ce que cela signifie d'être un “déplacé interne” (DI). Elle écrit dans le Gaurdian :
Je n'ai jamais pensé que je saurais ce que c'est que d'être un déplacé interne, mais maintenant je sais. Je travaille à Care, je suis donc celle qui aide les personnes déplacées, mais il y a près de deux semaines, après le début des frappes aériennes au Yémen, ma famille et moi avons ressenti la peur et la souffrance d'avoir à soudain rassembler ses affaires, quitter sa maison et courir pour sauver sa vie.
Réfugiés à Djibouti et au Somaliland
Beaucoup de Yéménites ont cherché refuge dans les pays pauvres voisins qui les ont accueillis. L'Organisation Internationale des Migrations a fait savoir que le total des arrivées provenant du Yémen dans la Corne de l'Afrique, soit Djibouti, le Somaliland et le Puntland, s'est accru de 8.344 personnes cette semaine. Ce qui amène à un total estimé de 10.263 depuis l'escalade de la guerre mi-mars.
Pour sauver sa mère, sa femme et ses enfants, Fairuz a laissé un fils en arrière en fuyant les balles des snipers à Aden.
Sauver cinq vies c'est mieux…,” se rappelle-t-il avoir crié à Adeeb depuis la maison d'un voisin où ils étaient en visite quand l'attaque a commencé, le suppliant de courir.
“Je suis inquiet que mon fils est là-bas maintenant et a peur des balles”, dit-il. “Les tirs duraient jour et nuit. Impossible de décrire la force du bruit des bombes et des missiles.
“Nous désirions ardemment retourner, mais nous voyions les bombes et savions que nous ne pouvions pas”
Déception
De nombreux Yéménites ont exprimé leur mécontentement de l'absence d'empathie et de soutien humanitaire pour les réfugiés yéménites à l'étranger, qui n'ont d'autre choix que de rentrer chez eux.
Rich countries to the north and east, yet Yemeni refugees fleeing to Somalia and Djibouti http://t.co/hG75Mthf7F
Des pays riches au Nord et à l'Est, pourtant les réfugiés yéménites fuient en Somalie et à Djibouti
[article cité] “La guerre au Yémen met les pays voisins sous pression croissante
L'inquiétude monte que la guerre civile prolongée au Yémen ne laisse des camps de réfugiés bondés à Djibouti, au Somaliland et Puntland incapables de s'en sortir”
Coalition war to rescue #Yemen ppl from suffering. But won't take refugees fleeing nor provide humanitarian aid! https://t.co/KNFLzWzyUw
Guerre de coalition pour sauver la population yéménite de ses souffrances. Mais elle n'accepte pas les réfugiés qui fuient ni ne leur fournit d'aide humanitaire !
Shame on the world! Trying to “save” Yemen by supplying arms but no country is extending visas or housing abroad IDPs, or refugees
Honte sur le monde qui essaie de “sauver” le Yémen en livrant des armes mais aucun pays n'assouplit les visas ni ne loge à l'étranger les déplacés ou réfugiés
Ruba Aleryani, une Yéménite qui étudie à l'Université de Brown [Etats-Unis], s'est attachée à présenter la situation catastrophique du Yémen sous forme d’infographies, en citant toujours les sources de ses chiffres. Ruba a 20 ans, elle vit aux Etats-Unis, et ses sujets d'étude sont à la fois le Développement et le Moyen-orient. Dans sa biographie sur Twitter, elle se décrit comme une aspirante écrivaine et photographe. Ses tweets contiennent souvent le hashtag #YemenInNumbers [LeYémenEnChiffres] pour montrer ce à quoi son pays doit faire face après un mois de guerre. Elle utilise l'art pour faire ressortir des données inexploitées, que ce soit en créant ces data-visualisations pour parler de la situation humanitaire au Yémen, ou en utilisant la photographie et la vidéo pour donner un autre point de vue sur le pays.
Le Yémen subit des frappes aériennes par la coalition arabe, conduite par l'Arabie saoudite, depuis le 26 mars. Cet assaut ne s'est pas limité aux zones militaires, ni aux zones où se trouvaient leur principale cible, les combattants Houthis qui avaient pris le contrôle de la capitale yéménite Sanaa en janvier, au détriment du President Abd-Rabbu Mansour Hadi.
La ville portuaire d'Aden, dans le sud, a elle aussi été en grande partie détruite. C'est la ville depuis laquelle les Houthis ont combattu, soutenus par les forces du Président yéménite précédent, Ali Abdullah Saleh.
Ali Abdullah Saleh avait démissionné suite aux manifestations populaires de 2011, après 30 ans de présidence. Il avait transmis le pouvoir à Abd-Rabbu Mansour Hadi, lors d'un accord négocié par l’intermédiaire du Conseil de Coopération du Golfe, conduit par l'Arabie saoudite. Ce sont ces mêmes pays qui sont en train de bombarder le Yémen. Ali Abdullah Saleh contrôle toujours une grande partie de l'armée et exerce toujours de l'influence sur le pays arabe le plus pauvre du monde.
Ruba a commencé à tweeter ses infographies le 7 avril, avant que le nombre de victimes ne double. D'après les chiffres de l’UNOCHA (le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU), recueillis auprès des structures de santé, au moins 1.244 personnes ont été tuées et 5.044 ont été blessées.
I'm starting a “#Yemen in Numbers” series. This is my first infographic based on #UN statistics (volatile/estimate). pic.twitter.com/jAXru4gtTd
#YemeninNumbers: L'UNICEF estime pour le moment que 74 enfants sont morts dans le conflit yéménite. #KefayaWar
Elle parle aussi de ceux qui n'ont pas pu aller à l'école à cause de la violence qui s'aggrave, un problème qui affecte 19 des 22 gouvernorats yéménites :
#YemenInNumbers: 11,5 millions de personnes au #Yemen étaient en insécurité alimentaire avant le conflit. La combinaison de #OpDecisiveStorm [OpérationTempêteDécisive] et des #Houthis a accentué cette insécurité.
Elle a aussi réalisé une vidéo appelée Voices of Yemen, pour appeler à la fin de la guerre, dans le cadre de la campagne #KefayaWar [“Kefaya” signifie “assez” en arabe].
Récemment, elle a aussi créé sur Buzzfeed un questionnaire satirique adressé aux prétendus “experts du Yémen” qui prolifèrent : ils sont invités à y répondre avant de penser à écrire quoi que ce soit sur le Yémen.
Une capture d'écran de l'une des 10 questions du quiz adressé aux “experts du Yémen”
Digital Citizen, ou le Citoyen Numérique, est une revue bimensuelle sur l'actualité, les politiques et les recherches sur les droits de l'homme dans le monde arabe. Cette édition se penche sur la répression au Koweit, les attaques DDoS au Liban et bien plus.
Algérie
Le 15 april, un tribunal en Algérie a confirmé la condamnation à six mois de prison du militant des droits des travailleurs Rachid Aouine. Le mois dernier, Aouine a été reconnu coupable pour “incitation à un attroupement non-armé” pour une note sur Facebook. L'appel à manifestation, de nature plutôt sarcastique, était en fait une réponse à une annonce gouvernementale dissuadant les agents de l'ordre de prendre part à des manifestations. Aouineavait écrit: “Agents de police, pourquoi ne descendrez pas dans la rue aujourd'hui pour protester contre les décisions arbitraires à l'encontre de vos collègues…au lieu de réprimer les militants libres et les manifestants contre le gaz de schiste ?”
Bahreïn
Le 14 mars dernier, la blogueuse Ghada Jamsheer, également militante pour les droits des femmes et des droits religieux au Bahreïn, s'est vu interdire de voyager par les autorités de son pays. Ghada Jamsheer a été interceptée à l'aéroport international du Bahreïn alors qu'elle comptait se rendre en France pour se faire soigner. Cette décision, à savoir l'interdiction de voyager, à été prise conformément à un ordre du procureur général. Aucune explication n'a été rendue publique. Ghada Jamsheer a dans le passé fait l'objet d'une enquête par le département des délits électroniques, affilié au bureau d'investigations criminelles, pour avoir tweeté contre la corruption sévissant dans un hôpital, administré par la famille régnante au Bahreïn.
Egypte
Le gouvernement égyptien a ratifié un projet de loi sur la cybercriminalité. et l'a présenté à la présidence de la république pour approbation. Le document a été critiqué pour vouloir museler la liberté d'expression. D'après le site d'info Alaraby, la loi rendrait passible de réclusion à perpétuité le blasphème et les crimes électroniques commis dans le but de troubler l'ordre public, de mettre en danger la sécurité de la société, ou de porter atteinte à l'unité nationale ou la paix social. Le projet de loi prévoit une peine allant jusqu'à trois ans sous les barreaux pour piratage de courriels, d'infos personnels ou gouvernementaux et incitation au terrorisme. Le document n'exige toutefois pas aux sites de s'inscrire auprès des autorités mais évoque des sanctions pour diffusion de rumeurs.
Toujours en Egypte, le 11 avril, un tribunal au Caire a condamné le directeur exécutif du site d'informations Cairo Rassd, Abdullah al-Fakharany et le co-fondateur du site, Samhi Mustafa ainsi que le présentateur de la chaîne télé Amgad TV, Mohamed al-Adly à perpétuité. Les trois hommes ont été arrêtés en août 2013, deux semaines après la dispersion d'un sit-in à la place Rabaa Al-Adawiya au Caire, où les partisans de l'ex-président égyptien Mohamed Morsi s'étaient rassemblés pour protester contre sa destitution par l'armée.Ils ont été accusés de collaboration avec les Frères Musulmans à présents bannis, et ce afin de saper l'institution militaire et le gouvernement en Egypte. Le directeur des relations publiques au sein de Rassd, Amrou Faraj a lui aussi écopé d'une peine de prison à vie par contumace. Dans la foulée de cette répression sur ce sit-in, les autorités égyptiennes ont par ailleurs arrêté plusieurs journalistes y compris le photographe Mahmoud Abou Zeid, connu sous le nom de Shawkan, et qui a déjà purgé plus de 600 jours en détention préventive. Shawkan a également été arrêté en août 2013, alors qu'il couvrait pour le site de journalisme citoyen Demotix, les affrontement entre les forces de sécurité égyptiennes et les partisans de Morsi.
Irak
Le ministre irakien des communications Hassan Rashed a annoncé l'entrée en vigueur en juin prochain, de nouvelles procédures destinées à contrôler les médias en ligne. On ne sait pas exactement quelles sont ces procédures et si elles seront uniquement appliquées aux médias en ligne ou à tous les internautes du pays.
Koweït
Le 5 avril, la Cour suprême du Koweïta confirmé un verdict de deux ans en prison contre le militant de l'opposition Ayyad al-Harbi à cause de tweets jugés insultants à l'égard critical du souverain du pays. Al-Harbi, qui est également journaliste au site d'informations Sabr news, se trouve en prison depuis mai 2014, pour avoir publié sur Twitter, des versets d'un poème critiquant les dirigeants arabes. Le même jour, deux activistes avaient été remis en liberté après avoir été interrogés pendant cinq jours pour avoir tweeté contre l'offensive militaire saoudienne au Yémen.
Liban
Al-Akhbar, le site du quotidien de gauche du même nom, a été mis hors ligne le 4 avril, à causes d'attaques. La publication s'oppose à la guerre contre les rebelles Houthis au Yémen. Un jour avant, le quotidien saoudien Al-Watan, avait indiqué que l'ambassade du Royaume à Beyrouth allait porter plainte contre le journal. L'ambassadeur saoudien est même cité en disant “il est temps de mettre fin à cela”.
Check Point une entreprise de sécurité informatique aurait identifié des maliciels, opérés peut-être par le gouvernement libanais ou par un groupe politique du pays. Le maliciel s'appelle Explosive et confère aux attaquant un accès à distance au matériel de communication de leurs cibles, ce qui leur permet de contrôler ce que ces derniers font et disent en ligne. Des organisations en Israel et d'autres pays voisins, tels que des entrepreneurs travaillant pour la défense, des compagnies de télécommunications, des médias et des institutions éducatives sont parmi les cibles potentielles.
Deux cents villages libanais, chacun habité par plus de 200 000 personnes, sont privés d'internet DSL à haut débit selon un rapport publié par le quotidien An-Nahar.
Maroc
Le 31 mars, un tribunal à Rabat a condamné le militant pour la liberté de la presse Hicham Mansouri à dix mois de prisons et $ 4,057 soit 3 800 euros d'amende pour ‘complicité d'adultère” que ce que ses collègues qualifient de fausses accusations. Mansouri est chef de projet à l’Association marocaine du journalisme d’investigation (AMJI), un groupe qui oeuvre pour la promotion de la liberté d'expression, l'accès à l'information et au journalisme d'investigation. Avant son arrestation, il travaillait sur un rapport sur la présumée surveillance en ligne des activistes et des journalistes par les autorités marocaines . Le 7 avril, Mansouri a entamé une grève de faim pour protester contre le verdict.
La police dans la province du Taroudant a arrêté Alhassine Boujeghmat un activiste qui avait dénoncé sur facebook, les difficultés dans son village en critiquant les responsables locaux pour cette situation.
Le 7 avril, trois groupes de la société civile ont annoncé le lancement officiel de marsadhouriyat.org, (observatoire des libertés), une plateforme en ligne dédiée à rapporter sur la liberté d'expression et les violations à l'encontre de la liberté des médias.
Oman
Les autorités omanaises poursuivent leur chasse aux sorcières contre militants et blogeurs qui dénonceraient les violations des libertés numériques.
Quatre activistes de la province du Liwa au nord du pays ont été arrêté après avoir demandé la libération du députéTaleb Al-Maamari, sous les barreaux depuis août 2013 pour avoir participé à une manifestation contre la pollution de l'environnement. Majid Al-Bloushi, Abdullah Al-Kundi, et Saed Al-Khourosi ont été arrêté le 5 avril, alors que Mohammed Al-Manaee a été arrêté un jour après. Les quatre militants seraient détenus au secret et privés de communiquer avec leurs avocats.
Pendant ce temps, Saed Jadad, un défenseur des droits de l'homme au Sultanat, a été libéré sous caution le 7 avril. Jadad avait écopé de trois ans en prison en mars dernier pour avoir envoyé une lettre au président américain Barack Obama. La lettre avait été publiée sur internet le 31 mai 2013. Jadad y critiquait les politiques des Etats-Unis quand aux droits de l'homme dans les pays du Golfe. Il avait également été condamné à un an de prison pour une autre affaire, où il aurait été reconnu coupable de violer la loi de la cyber-criminalité du pays.
Syrie
Le 6 avril , l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme —un organisme qui documente les violations des droits humains perpétrés dans le conflit syrien —a signalé que les miliciens d'ISIS ont pris d'assaut des Internet Cafés dans la ville de Deir Ezzor, confisquant des ordinateurs et arrêtant 15 personnes.
Mazen Darwish, le directeur emprisonné du Syrian Centre for Media and Freedom of Expression ou Centre Syrien pour les Médias et la Liberté d'Expression (SCM) a obtenu le prix mondial UNESCO/Guillermo Cano pour la liberté de la presse pour l'année 2015. Darwish ainsi que ses collègues Hani Al-Zitani et Hussein Gharir sont en prison depuis 2012 et pour cause il sont accusés de“publier des informations sur des actions terroristes” , leurs activités comprenant en fait le monitoring d'infos en ligne et la publication de rapports sur les droits de l'homme. Le 15 avril, le tribunal anti-terroriste de Damas a reporté la délivrance du verdict dans l'affaire Darwish, Al-Zitani and Gharir pour vingt et unième fois.
Tunisie
Le 16 avril, un juge a accordé la liberté conditionnelle au blogeur Yassine Ayari, arrêté en Décembre dernier pour avoir “porté atteinte à l'armée” sur Facebook. Dans un premier procès, Ayari avait été condamné par contumace en novembre dernier à trois ans en prison puis avait vu sa peine réduite à un an en Janvier après avoir fait appel. En Mars, une cour d'appel avait encore réduit sa peine à six mois.
Yemen
Yemen Net, organisme public et le plus grand fournisseur d'internet au pays, continue de bloquer les sites web qui couvrent l'offensive militaire saoudienne contre les rebelles Houthis. Les rebelles qui contrôlent à présent la capitale Yemeni Sana’a ainsi que ses bureaux gouvernementaux dont le ministère de la communication et de l'information. Après avoir bloqué un nombre de site d'infos locaux à la fin du mois de mars, ce sont des portails régionaux comme Al Jazeera et Al Arabiya qui ont été interdit le 7 avril.
Infos diverses
Depuis sa cellule de prison, Nabeel Rajab adresse une lettre ouverte au président américain.
Kirolos Nathan, du Cairo Institute for Human Rights (Institut pour la Recherche sur les Droits Humains du Caire), se penche sur les mesures draconiennes adoptées par les gouvernements arabes contre la liberté d'expression en ligne.
L'Actualité de nos partenaires
EFF a publié une liste de lecture à l'intention des jeunes LGBTQ portant sur l'autodéfense de la surveillance.
Le Netizen report est le fruit de la collaboration entre Advox, Access, EFF, Social Media Exchange, et 7iber.com. Pour ce mois, ce sont Afef Abrougui, Ellery Roberts Biddle, Mohamed ElGohary, Amira Al Hussaini, Thalia Rahme, Hayder al-Shakeri, and Jillian C. York qui ont pris soin de la recherche, l'édition et la rédaction de ce numéro traduit également vers l'arabe par Mohamed ElGohary.