PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Un documentaire sur la communauté musulmane de Buenaventura en Colombie

lundi 9 novembre 2015 à 12:57
Buenaventura, the most important Colombian port on the Pacific Ocean, is home to the Shiite Muslim community which gives both refuge and meaning to a significant number of Colombians of African descent. This image was taken from Wikipedia and published under the licence of Creative Commons.

Buenaventura, le plus grand port colombien de l'Océan Pacifique, accueille une communauté musulmane chiite. Image issue de Wikipédia publiée sous licence Creative Commons.

Cette communauté musulmane est unique en son genre. Elle est constituée et renforcée par des descendants d'Africains convertis à l'islam, tous natifs de Colombie. Bienvenue à Buenaventura, où vivent près de 300 familles colombiennes d'ascendance africaine qui se sont converties à l'islam il y a 40 ans dans une démarche d'émancipation face à la marginalisation.

A  Buenaventura vit la troisième plus grande communauté musulmane du pays, après celles de Maicao et Bogota, et son existence « de près de quatre décennies en fait un point de référence obligatoire dans l'étude de la présence de l'islam en Colombie » écrit Diego Giovanni Castellanos sur son site web.

[La comunidad musulmana de Buenaventura] está conformada completamente por nativos [de Colombia]. Incluso dentro del islam colombiano, son la única comunidad predominantemente chiíta del país, siendo en el resto de lugares el sunismo la tendencia imperante”.

[La communauté musulmane de Buenaventura] est entièrement composée de natifs [de la Colombie]. Même au sein de l'Islam colombien, ils forment l'unique communauté de prédominance chiite du pays, la tendance dominante dans les autres lieux étant par ailleurs le sunnisme.

Environ 400 000 personnes résident à Buenaventura, dont 90% sont Afro-Colombiens. Bien qu'ils vivent et travaillent dans le port colombien le plus important sur le Pacifique, qui génère environ 1 million de dollars annuellement en revenus fiscaux, la plus grande partie de sa population vit dans la pauvreté selon le think tank latino-américain NACLA: “Soixante-cinq pour cent des ménages de Buenaventura n'ont pas accès au tout-à-l'égout, et 45% n'ont pas d'eau potable. L'espérance de vie à Buenaventura est de 51 ans, alors que la moyenne nationale est de 62.”

L'Islam est arrivé dans ce port à la fin des années 1960 avec Esteban Mustafá Meléndez, un Afro-Americain d'origine panaméenne. Dès son arrivée à Buenaventura, il a prêché la nécessité de défendre les droits des Afro-Colombiens, selon Castellanos.

Un documentaire, L'islam à Buenaventura, décrit la vie de ce groupe d'Afro-Colombiens qui prient à la mosquée de la cité du Prophète. Les aspects ethniques et religieux se mélangent et s'influencent mutuellement, et en font un cas unique en son genre, d'après le Centre d'études théologique et des religions.

Comment l'islam s'est il développé en Amérique Latine ? Existe-il une approche différente dans la pratique de l'islam entre les convertis latino-américains et les musulmans immigrés du Moyen-Orient ? Peut-on parler d'un islam « créole » unique et différent d'autres pratiques européennes ou nord-américaines ? Quelle est la réalité sociale des musulmans en Amérique Latine depuis le 11 septembre 2001 ? Comment les médias ont-il influencé la perception des musulmans en Amérique Latine ? Ce sont là quelques unes des questions auxquelles le documentaire L'islam à Buenaventura cherche à répondre.

Global Voices a échangé avec la réalisatrice, Mercedes Vigón, dont le travail est le résultat d'un projet intitulé L'islam en Amérique Latine, une collaboration entre l'université internationale de Floride, où elle enseigne, et la fondation Carnegie pour la recherche en sciences sociales.

Global Voices (GV) : Quel est l'aspect de cette communauté qui a le plus attiré votre attention ?

Mercedes Vigón (MV) : Los miembros se sintieron muy honrados cuando los primeros periodistas se interesaron por ella. Sin embargo, unos días antes de que llegáramos, recibieron “el premio” por la candidez con la que recibieron a los primeros periodistas. Y es que resulta que un reportaje que les hicieron advertía a la audiencia nacional que existía en Buenaventura un grupo chiíta que seguía las enseñanzas del Ayatola de turno, con escuela y todo.

Cortaron la entrevista del sheij (Munir Valencia) de tal forma que parecía un fundamentalista, dispuesto a todo. Así que salirse de la norma resultaba extremadamente peligroso en Buenaventura, que de facto estaba manejada por los paramilitares con un sentido de justicia muy peculiar y un tanto brutal.

Me sorprendió que todavía nos brindasen su confianza y creyeran nuestra promesa de que tan solo queríamos contar su historia y dejar que la verdad combatiera tanto sensacionalismo. Después de esta primera reunión en la mezquita, y del intercambio de ideas, de cómo lo íbamos a hacer diferente, y de por qué debían confiar en nosotros, recibimos acceso total… sobretodo a las mujeres (ya que nuestro equipo estaba compuesto por mujeres en su mayoría: dos productoras, una camarógrafa, yo) y un antropólogo musulmán -nuestra llave de entrada- que ya había trabajado con ellos.

Mercedes Vigón (MV) : Les membres ont été très honorés lorsque les premiers journalistes ont montré un intérêt pour eux. Malgré cela, quelques jours avant que nous n'arrivions, ils ont vu les conséquence de la candeur dont ils avaient fait preuve avec les premiers journalistes : un reportage prévenant l'auditoire national qu'il y avait un groupe chiite à Buenaventura qui suivait les enseignements d'un ayatollah, avec une école et tout.

Ils avaient monté l'interview du cheikh [Munir Vanlencia] de façon à ce qu'il apparaisse comme un fondamentaliste, prêt à tout. Sortir de la norme était aussi présenté comme extrêmement dangereux à Buenaventura, qui de fait était dirigé par des paramilitaires avec un sens de la justice très particulier et parfois brutal.

Cela m'a surprise qu'ils aient bien voulu nous faire confiance et croire notre promesse que nous voulions simplement raconter leur histoire et laisser la vérité vaincre le sensationnalisme. Après cette première rencontre et l'échange d'idées à la mosquée au sujet de comment nous allions être différents et pourquoi ils devraient nous faire confiance, ils nous ont donné un accès complet… par dessus tout aux femmes (étant donné que notre équipe était principalement composée de femmes : deux productrices, une photographe et moi-même) et à un anthropologue musulman — notre porte d'entrée — qui avait travaillé avec eux auparavant.

GV : Comment les femmes se sont-elles adapté à la religion ?

MV : Las mujeres afrocolombianas son las que reciben la tierra y tienen una función muy importante más allá de la procreación y el cuidado tradicional de la familia. Se encargan de la educación y la creación de comunidades económicas independientes. Con la evolución hacia el chiísmo perdieron la participación directa, algo que una de las fundadoras resentía, pero a cambio tienen buena educación y capacidad para ser independientes.

MV : Les femmes afro-colombiennes sont celles qui héritent de la terre, et ont une fonction très importante, au-delà de la procréation et des soins traditionnels de la famille. Elles sont chargées de l'éducation et de la création de communautés économiques indépendantes. Avec le passage au chiisme, elles ont perdu la participation directe, chose que certaines des fondatrices ont regretté, mais en échange elles ont une bonne éducation et la capacité d'être indépendantes.

GV : L'islam a été perçu comme motif de discrimination par nombre de personnes dans d'autres parties du monde. Cet à priori existe-t-il aussi en Colombie ?

MV: Para la comunidad afrocolombiana había tres factores de discriminación: ser negros, ser musulmanes y ser chiítas. La comunidad comenzó como Nación del Islam durante la época de reinvindicación de derechos civiles en Estados Unidos. Luego, tras conseguir la aceptación del valor de las culturas afrocolombianas y recibir influencias de otros musulmanes quisieron aprender más y pasaron a ser sunitas, pero donde recibieron más apoyo en becas de estudio del islam fue a través de organizaciones educativas sin fin de lucro de Irak y terminaron siendo chiítas

MV: Pour la communauté afro-colombienne il y avait trois facteurs de discrimination : le fait d'être noirs, musulmans et chiites. La communauté a débuté en tant que Nation de l'Islam pendant l'époque de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis. Par la suite, après avoir obtenu l'acceptation des valeurs de la culture afro-colombienne et avoir reçu l'influence d'autres musulmans, ils ont voulu apprendre plus et sont devenus sunnites, mais c'est à travers des organisations éducatives sans but lucratif irakiennes qu'ils ont reçu le plus de soutien, sous forme de bourses d'étude, et ils ont fini par être chiites.

D'après une étude de l'université de Rosario à Bogota, on estime qu'il y a autour de 10 000 musulmans dans le pays, et que cette pratique est relativement récente dans le pays.

Aunque Colombia también recibió la migración árabe de finales del siglo XIX, el bajo número de musulmanes no permitió el establecimiento de comunidades en las cuales se transmitieran los valores religiosos del islam. Esto sólo fue posible a partir de mediados del siglo XX, cuando la continua migración permitió a algunos pensar en el establecimiento de lugares de oración.

Bien que la Colombie ait accueilli une immigration arabe à la fin du XIXe siècle, le faible nombre de musulmans n'a pas permis d'établir des communautés dans lesquelles les valeurs religieuses de l'Islam se seraient transmises. Cela n'a été possible qu'à partir du milieu du XXe siècle, quand la migration continue a permis à quelques-uns de penser à fonder des lieux de culte.

Le blog Islam en Colombie relate que depuis que le cheikh Munir Uddin Valencia a pris la tête de la communauté chiite de Buenaventura, les progrès se sont fait sentir. Pour preuve de ces progrès, il prend la construction en 2000 d'une mosquée appelée Centre culturel islamique de la ville du Prophète ; la réouverture de l'institut éducatif Silvia Zaynab ; et la création d'une station de radio musulmane qui diffuse depuis la mosquée.

 

En Russie, nombre des manifestations en hausse, selon une étude

lundi 9 novembre 2015 à 12:13
Protesters detained at rally in support of Bolotnaya prisoners held in St. Petersburg on February 24, 2014. Photo by Yury Goldenshtein for Demotix.

Des manifestants arrêtés à Saint Saint-Pétersbourg,  en Février 2014, lors d'un rassemblement en soutien aux prisonniers de Bolotnaya  Photo de Yury Goldenshtein pour Demotix.

Les Russes élèvent la voix dans leur critique des autorités, selon les résultats d'une étude de suivi effectuée par le Comité des initiatives civiques. Pendant la première moitié de l'année 2015 (du 1er janvier au 30 juin), l'activité protestataire enregistrée par les spécialistes en Russie a augmenté de 15 % par rapport à la première moitié de 2014.

Le Comité des initiatives civiques répertorie les tensions socio-économiques et politiques dans chaque région de Russie et utilise les articles publiés sur les manifestations publiques dans le médias et les agences de presse pour évaluer le niveau de la contestation. A côté des manifestations, les sociologues, les chercheurs en sciences politiques et les économistes du comité classent également les régions en fonction de leur statut économique (salaires, bénéfices, aide sociale) et du contexte politique interne (système politique local et événements).

Les actions enregistrées comptent les “manifestations politiques” mais aussi les questions sociales, le droit du travail, les transports et autres questions urbaines ainsi que les questions environnementales. Les chercheurs notent que les sujets politiques l'ont emporté sur les sujets extérieurs ou de politique internationale en 2015 (y compris le conflit ukrainien), tandis que les questions sociales sont demeurées aussi importantes pour les Russes en 2015 qu'elles l'étaient il y a un an.

Alexey Titkov, un chercheur de la haute école d'économie et l'un des auteurs de ce rapport a dit à l'agence d'information RBC que l'augmentation de 15 % était un chiffre relatif. “Ce n'est pas comme si nous avions compté le nombre de personnes participant à chaque manifestation,” a dit Titkov,  “l'augmentation du volume de manifestations signifie simplement que cette année, les régions ont vu une augmentation du nombre de leurs manifestations et que les gens montrent leur désaccord sur certaines questions plus fréquemment et se font entendre plus. Ces deux indicateurs ont été ajoutés à notre analyse.”

“Probabilité de manifestations par régions en Russie” Infographie de l'agence d'information RBC.

Ce tableau réalisé par RBC présente les humeurs contestataires et les activités par région et montre où les manifestations sont supposées se produire durant telle période. Les zones inscrites en rouge sombre – les régions de Moscou, Saint Saint-Pétersbourg, la région de Novossibirsk et celle de Zabayakalsky – sont en tête sur la liste des régions les plus susceptibles de voir des manifestations.

Dans de nombreuses régions russes, il n'y a pas de tradition de réaction à des politiques sociales insatisfaisantes par des manifestations, a dit le politologue Alexandre Kynev, un des co-auteurs de cette étude. Au contraire, a-t-il expliqué à RBC, les réactions prenaient plus la forme de vote de protestation, quand les citoyens vont aux urnes pour y montrer leur insatisfaction à travers leur vote. Le rapport conclut que la montée générale du sentiment de protestation conduira aussi à une augmentation des votes-sanction dans les 38 régions où vont se tenir des élections en décembre 2016. Et, si les administrations locales tentent d'exercer des pressions administratives pour étouffer la contestation au sein de électeurs, ceci pourrait entraîner les protestations à se répandre dans les rues.

En dépit de l'accroissement des réactions de protestation en Russie, les experts du Comité des initiatives  civiques ne discernent pas encore de prétexte à des manifestations de masse comme celles qui eurent lieu en 2011 après les élections à la Douma d'Etat. Bien que l'étude n'ait pas tenté d'établir des prévisions sur les probabilités de manifestations socio-économiques de masse, Titkov explique que les groupes de protestataires en région en raison de l'insatisfaction quant à leur statut socio-économique, et les groupes qui ont manifesté lors de l'Hiver du Mécontentement en 2011 et 2012 ne se recouvrent pas vraiment, et qu'il est donc improbable que des manifestations de masse de même ampleur puissent se produire pour des raisons économiques.

Le Comité pour les initiatives civiques est une organisation bénévole russe qui se décrit elle-même comme “une union non-politique de professionnels de l'économie, des sciences, de l'éducation, de la santé de la culture et d'autres sphères de la vie” travaillant pour le développement de la Russie. Elle a été fondée en 2012 par Alexeï Koudrine, ancien ministre russe des finances de 2000 à 2012, et un certain nombre d'autres personnalités du monde politique et de la société civile.

Les législateurs russes veulent ajouter l'Etat islamique à la liste des ONG «indésirables»

lundi 9 novembre 2015 à 08:33
Masha Baronova invites questions. (Text translated into English by Kevin Rothrock). Photo: Facebook.

Maria Baronova de «Russie ouverte» invite à lui poser des questions. Son association citoyenne pourrait se retrouver hors la loi en Russie. Photo : Facebook.

Le gouvernement russe diffuse une liste officielle intitulée «organisations indésirables». Cette liste cible tout groupe représentant une menace pour «l'ordre constitutionnel du pays, sa défense ou la sécurité de l'Etat. Lorsqu'une organisation est considérée comme «indésirable», elle est contrainte de cesser toutes ses activités en Russie, et ceux qui travaillent pour elle sont confrontés à des poursuites judiciaires s'ils ne réussissent pas à trouver un nouvel emploi. Quant au responsable d'une telle organisation, il risque la prison pour un maximum de six ans.

Pour le moment, les autorités russes n'ont enregistré qu'une seule organisation dans leur liste d'«indésirables» – le Fonds national de la démocratie (FND), un groupe à but non lucratif sponsorisé par le Congrès américain. C'est le procureur général de la Fédération de Russie et le ministre des Affaires étrangères qui sont chargés de déterminer quel groupe va atterrir sur cette liste, qui est ensuite communiquée au ministère de la Justice, chargé de la mettre en application (la liste est disponible en ligne ici).

Bien qu'ils n'aient pas le pouvoir juridique de décréter «indésirables» ces organisations, les législateurs russes tentent de jouer un rôle dans le processus en adressant une pétition au procureur général et au ministère de la Justice pour y ajouter une bonne dizaine d'autres organisations. [Note à l'intention du lecteur : l'un des groupes qui figure sur la liste des législateurs est l'Open Society Foundation, qui finance RuNet Echo.] Un groupe de députés de la Douma russe a écrit des lettres, et le comité du Conseil de la Fédération a élaboré sa propre «stop-liste» informelle.

Le 27 octobre, certaines sources ont informé le journal pro-Kremlin «Izvestia» que les sénateurs préparaient de nouveaux ajouts à leur «stop-liste», dont la fondation Ford (qui a fermé ses bureaux à Moscou en 2009), le Fonds Jamestown et le nouveau parti de Mikhaïl Khodorkovski «Russie ouverte». Chose étonnante, il y est aussi question d'ajouter à cette liste l'Etat islamique, le groupement armé du califat islamique autoproclamé, déjà interdit en Russie en tant qu'organisation extrémiste.

L'ajout de l'organisation djihadiste à cette liste constituée en grande partie d'organisations américaines qui promeuvent la démocratie constituerait un signal fort, puisque le terrorisme serait mis sur le même plan que des militants et des journalistes.

La «stop-liste» du Conseil de la Fédération n'a cependant pas force de loi, et le FND reste la seule organisation réellement interdite à figurer sur la liste des «indésirables» en Russie. Reste que si l'on s'en tient à cette liste, il y a de quoi effrayer ces associations, surtout si l'on prend en compte les allégations des sénateurs, qui disent travailler en étroite collaboration avec le procureur général et d'autres officiels. L'idée que la police pourrait accepter d'interdire n'importe lequel de ces groupes aurait un effet dévastateur sur le travail civique de ces associations.

On pourrait s'attendre à ce que, confronté à cette menace, le personnel de ces associations essaie de se soustraire à la vue du public en espérant se faire oublier des autorités.

Maria Baronova, de «Russie ouverte», qui vit en Russie et coordonne les actions de l'organisation sur le terrain, ne fait rien de tel. Le 27 octobre, elle a posé nue pour mettre en avant sa session de questions en ligne «Demandez-moi ce que vous voulez» sur le site «TheQuestion»,où elle a récemment parodié
des photos publiées par la NSFW avec Lesya Ryabtseva (une personnalité controversée de la radio «Echo de Moscou»). Une façon d'attirer l'attention sur le risque, pour son employeur, d'être mis hors la loi au côté de l'Etat islamique.

Sur Twitter, Mlle Baronova a eu droit à quelques questions potaches sur sa nudité, mais aussi à d'autresplus sérieuses sur ses convictions politiques et ses activités militantes en Russie.

Si l'on pense à la probabilité que son association voisine un jour sur une liste avec l'Etat islamique, il est assez ironique de voir Mlle Baronova prendre une posture plutôt belliciste sur des questions de politique étrangère, puisqu'elle approuve l'annexion de la Crimée, rejette la faute sur le gouvernement de Kiev pour la «guerre civile» dans l'est du pays et soutient cyniquement que l'intervention russe en Syrie et le retour à une politique de grande puissance, c'est vraiment cool.

La guerre de l'Inde contre la malnutrition infantile donne des résultats

dimanche 8 novembre 2015 à 21:16

Call against malnutrition, at Central Park in New Delhi. Image by Rohit Gautam. Copyright Demotix (7/6/2015)

[Article d'origine publié le 26 septembre 2015] Puja et Arti sont deux soeurs âgées de sept mois. Elles sont nées dans un petit village appelé Madhubani Ghat dans le district du Champaran oriental de l'État indien de Bihar. Leurs parents, Sabita et Hari Giri, sont illettrés et appartiennent à une communauté socialement exclue, ils ont peu de ressources pour assurer une bonne santé à leurs enfants. Dans le cadre du programme de l’UNICEF dans le village, les deux jumelles ont subi un dépistage de la malnutrition aiguë et sévère (MAS) et il s'est avéré que Puja et Arti en sont atteintes. Ce ne ne sont pas les seuls cas.

Vingt pour cent des enfants indiens en dessous de cinq ans souffrent d'émaciation (poids insuffisant par rapport à la taille) due à une sous-nutrition aiguë, ce qui représente plus que le tiers des enfants émaciés dans le monde. Selon une récente étude de l'UNICEF sur les enfants, environ 30 pour cent des enfants indiens en dessous de cinq ans souffrent de malnutrition. Ces chiffres sont une sombre réalité dans un pays qui connait un grand développement économique, un boom technologique et qui se développe dans bien d'autres domaines.

Mesures contre la malnutrition

Mise à part la distribution des repas de midi dans les écoles, il existe quelques actions pour limiter la malnutrition, tels que les Services Intégrés du Développement de l'Enfant (depuis 1975), le Fonds National des Enfants (créé durant l'Année Internationale de l'Enfant en 1979), le Plan National d'Action pour les Enfants, La Mission de la Santé Rurale Nationale et le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance.

L'Inde observe chaque année la Semaine Nationale de la Nutrition du 1er au 7 Septembre, où le pays tente de stimuler la sensibilitation à l'importance de la nutrition et ses conséquences considérables sur le développement, la productivité, le développement économique et ultimement le développement national. Le thème de cette année était “Meilleure Nutrition, clé du développement” et l'accent était mis sur la sensibilisation à la malnutrition, l'alimentation saine  et des mesures qui réduisent la malnutrition. Dans le cadre du programme, le Conseil des Aliments et de la Nutrition à travers ses 43 communautés et unités d'extension d'alimentation et de nutrition présents dans chaque État et territoire de l'Union, se coordonne avec les ONG et autres départements pour organiser des ateliers, stages d'orientation pour le personnel de terrain, des camps de sensiblisation et des réunions communautaires sur une meilleure alimentation.

Chaque État en Inde est arrivé avec son propre plan pour aborder la malnutrition. Selon les nouvelles données les neuf États les plus pauvres de l'Inde ont réussi à réduire l'insuffisance pondérale au cours de la dernière décennie.

Chhattisgarh

Lancé en 2013, le programme Phulwari du gouvernement de l'État de Chhattisgarh pour les enfants âgés entre 6 mois et 3 ans vise à maintenir les enfants en bonne santé en leur fournissant une alimentation adéquate. Il était prévu que le plan soit implanté dans 85  blocs de développement peuplés par les tribus de 19 districts, avec 2850 Centres Phulwari ,et 100 millions de roupies (environ 1.5 million de dollars US) ont été alloués aux centres. De façon similaire, le Plan Nawa Jatan à Chhattisgarh été conçu pour combattre la malnutrition, avec l'UNICEF fournissant le support technique par le biais de ses consultants qui mènent un sondage de base dans 340 villages (panchayats) où le taux de malnutrition était élevé. La population du Chhattisgarh est de 26 millions, avec une population tribale constituant plus de 30 pour cent du total. Environ le tiers des enfants locaux sont mal nourris, mais les chiffres récents montrent une baisse considérable de leur nombre, en grande partie, grâce à ces nouveaux projets.

Premier en son genre au Chhattisgarh, programme ‘Phulwari’ a réalisé un succès important dans l'éradication de la malnutrition.

@ChouhanShivraj doit apprendre du Chhattisgarh où les enfants des zones tribales ont été nourris avec des oeufs par le biais du programme Phulwari.

Selon la dernière étude de Recencement Clinique, Anthropométrique et Biométrique de l'Inde (CAB), ces projets ont réussi au Chhattisgarh à réduire le pourcentage des enfants souffrant de retard de croissance et d'insuffisance pondérale en dessous de l'âge de cinq ans, de 53 pour cent à 35 pour cent et de 53 à 39 pour cent respectivement.

Rajasthan

Rajasthan, le plus grand Etat de l'Inde, compte 44 pour cent  d'enfants de moins de 3 ans souffrant d'insuffisance pondérale selon l'étude de l'Enquête Nationale  sur la Santé Familiale. Le gouvernement de l'Etat a mis au point 38 centres de traitement de la malnutrition avec comme objectif l'amélioration de la prise en charge des enfants souffrant de malnutrition sévère au niveau des hôpitaux du district. Selon un document de l'Institut Public pour la Santé et la Famille, 13.200 enfants mal nourris ont été pris en charge par ce programme.

Dans le but de distribuer des aliments complémentaires enrichis de vitamines et minéraux pour les enfants sous-nourris, l’Alliance Globale pour une Nutrition Améliorée, le programme d'Alimentation des Nations Unies et le gouvernement indien ont mis en place l'usine de Banswara comme modèle de production d'aliments complémentaires. L'usine, appartenant à et opéré par dix femmes locales, produit le Raj Nutrimix, un mélange de farines, blé et sucre enrichi de micronutriments essentiels qui est également appétissant pour les enfants. Trente tonnes de Raj Nutrimix enrichi en vitamines et minéraux alimente 6.000 enfants de moins de de trois ans et environ 3.000 femmes enceintes ou allaitantes sur une base quotidienne grâce au programme de sécurité sociale du gouvernement de l'État du Rajasthan. Le gouvernement se tourne aussi vers l'élevage bio etpossède un plan ambitieux visant à y dédier des milliers d'hectares, dans le but de s'attaquer  au double enjeu de la malnutrition protéique et de l'agriculture non-durable utilisant les fertilisants chimiques.

Le Rajasthan compte ouvrir 10 nouvelles banques de lait maternel afin de lutter contre la malnutrition. Une mesure efficace pour investir dans le futur du pays, les enfants.

Selon une étude récente, il y a 4.300 enfants au Rajasthan âgés entre 6 mois et 5 ans souffrant de malnutrition sévère aiguë et nécéssitant une intervention médicale ou complémentaire.

Bihar

Le Bihar, l'État le moins développé de l'Inde, fait face à une sérieuse crise de malnutrition. Selon le rapport 2012-13 de la Mission de la Santé Nationale Rurale Consolidée de Bihar, environ 80 pour cent des enfants en-dessous de cinq ans sont mal nourris. La faible consommation des aliments nutritifs, la non-disponibilité des services de santé de qualité, l'absence de travailleurs communautaires qualifiés et un manque d'accès aux médicaments bon marché, ont tous contribué au taux élevé de malnutrition dans l'État.

Depuis 2012, le Gouvernement du Bihar travaille sur une stratégie à trois volets pour réduire la malnutrition. Dans les 38 régions, le gouvernement a mis en place des centres de réhabilitation de 30 lits, focalisés sur les enfants souffrant de malnutrition aiguë. Le mariage précoce, les grossesses rapprochées et l'absence d'allaitement contribuent à la malnutrition et les programmes inclus dans le Projet de développement Intégré des enfants, gérés par le département de sécurité sociale, visent à changer cette situation. Le département de santé a également lancé le programme des micronutriments qui inclut les capsules de vitamine A et les suppléments de fer.

La malnutrition aiguë sévère est une réalité saisissante au Bihar. Plus de 50% des enfants en dessous de 35 mois ont une insuffisance pondérale.

Lancé le 11 octobre, 2014 par l'ancien premier ministre en chef du Département de Sécurité Sociale, Jitan Ram Manjhi, la campagne appelée “Bal Kuposhan Mukta Bihar” apour objectif de réduire la malnutrition chez les enfants à moins de 30 pour cent parmi les enfants de moins de de trois ans, d'ici la fin 2017. Le programme utilise les médias sociaux et le théâtre de rue pour faire passer son message sur la malnutrition. Il effectue même des visites périodiques à domicile, comme les travailleurs sociaux de Anganwadi et le personnel des Activistes Accrédités de la Santé Sociale, qui parlent  aux mères au sujet des problèmes liés à la malnutrition.

Chhattisgarh, Rajasthan, et Bihar se battent contre la malnutrition depuis des décennies. Alors que les données officielles montrent une amélioration et révèlent le bon fonctionnement de multiples programmes, il reste encore beaucoup à faire.

La crise au Burundi s'intensifie dans un contexte troublant

samedi 7 novembre 2015 à 20:01
Compilation des images de la crise au Burundi en 2015

Compilation d'images sur la crise au Burundi en 2015

Le Burundi est en crise depuis le mois d'Avril mais le pays est encore trop rarement mentionné dans les médias internationaux. Cependant, depuis les deux dernières semaines du mois d'octobre, le niveau de violence et d'assassinations arbitraires atteints des proportions qui font craindre le pire aux observateurs de la crise.
Pour rappel, le président Pierre Nkurunziza a été réélu en 2010 a la tête du pays. La constitution du Burundi interdit à tout président de se présenter pour un 3eme mandat.  Le 25 avril 2015,  Nkurunziza annonce qu'il se présente à l'élection présidentielle burundaise de 2015 pour un troisième mandat consécutif. Le 5 mai, la Cour constitutionnelle valide cette candidature.

Des manifestations éclatent dans tout le pays pour protester cette décision.Au moins, vingt-deux manifestants sont morts.  Le 13 mai 2015, le général Godefroid Niyombare annonce qu'il prend le pouvoir alors que le président Nkurunziza s'était rendu à  Dar-es-Salaam, en Tanzanie.

Le 14 mai, les putschistes échouent dans leur tentative prendre le contrôle de la radio et television nationale RTNB.  Le soir, l'entourage de Pierre Nkurunziza annonce qu'il est rentré au Burundi et garde la tete du pays.

Nkurunziza se présente aux élections le 21 juillet 2015 et gagne avec 69,41 % des suffrages. Cette élection n'apaise pourtant pas le climat de crise. Des milliers de réfugiés quittent le Burundi pour la Tanzanie redoutant les conflits armés à venir.

Sur le site Les Voix du Burundi, La reporter Ngabire Elyse s'entretient avec Aimé Magera, acteur connu de la vie politique Burundaise sur les solutions possibles à la crise du Burundi:

Aimé Magera constate que les dirigeants actuels n’ont presque rien gardé de l’expérience du passé récent de notre pays : « Ils sont entrain de marcher exactement dans les pas d’un ancien régime qui les a précédés juste avant que le vent de la démocratie ne souffle dans le paysage politique burundais en 1992. ” Dans un contexte où les cœurs sont déjà meurtris par les longs mois de manifestations réprimées dans le sang, des enlèvements, tortures, assassinats, découvertes des cadavres ligotés ou emballés dans des sacs et abandonnés le long des routes ou jetés dans des rivières, etc., la commission (de reconciliation) telle que définie par le décret qui l’a créée, n’apportera rien de nouveau.

On Waza Afrique, Landry Sibomana, créateur du groupe « Emploi à Bujumbura / Jobs in Bujumbura” sur Facebook, donne son avis sur la crise que traverse son pays:

Les causes sont multiples : politiques, économiques, sociales, etc. Ce qui m’attriste, c’est surtout les pertes en vies humaines, les dégâts matériels, mais aussi cette inquiétude et incertitude du lendemain qui se lit sur les regards des gens. La vie tourne au ralenti. C’est regrettable. La jeunesse est une ressource extraordinaire pour une nation et s’en occuper devrait être une priorité.  Beaucoup de jeunes se sont laissés embrigader dans des aventures dangereuses qui, finalement, ne font que leur coûter la vie. Et là, c’est toute la nation qui perd. je pense que les acteurs concernés devraient s’asseoir et dialoguer et penser à l’intérêt commun, qui est la paix et la sécurité pour tous. Qu’on le veuille ou non, tout le monde est victime.

En effet, des milliers de Burundais se retrouvent sur les routes pour fuir les affrontements et chasse au sorcières de plus en plus frequents. La video suivante expliaue le regain de violence ces derniers mois:

Valentin Vyabagabo, un resident au Nord de Bujumbura, affirme avoir vu des corps flotter régulièrement dans la riviere depuis Septembre.

Avant de monter en épingle les tensions ethniques, Roland Rugero de Bujumbura rappelle que cette crise a des facteurs multiples:

Dans dix ans, le Burundi aura plus de huit millions de demandeurs d’emplois, sur plus de 13 millions d’habitants. La résolution de la crise de 2015 ne doit pas faire oublier à tous les intervenants politiques et sociaux, locaux ou amis du pays, l’essentiel : si la population burundaise reste pauvre, avec tous les problèmes liés à une forte démographie et l’exiguïté des terres, le pays aura toujours et encore des violences cycliques. La crise burundaise renvoie à des frustrations économiques, sociales et politiques profondes : les jeunes qui ont fourni l’essentiel des contingents de manifestants sont les jeunes chômeurs, les travailleurs précaires, les jeunes ruraux désœuvrés en quête d’espoir en ville, mais aussi la majorité des étudiants qui rejettent tous un ordre politique et social qui les condamne durablement à la misère et au chômage, à un avenir sans perspective. Ils dénoncent un pouvoir incapable de répondre à leurs aspirations économiques et sociales. Cette impuissance n’est pas propre à ce régime.