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Liban : la mort d'un sans-abri lors de la tempête de neige provoque un mouvement de solidarité

dimanche 13 janvier 2013 à 12:29

Peu de personnes connaissaient son nom avant qu'il ne soit retrouvé mort à proximité de l'Université Américaine de Beyrouth (UAB). Mais depuis le 7 janvier 2012, Beyrouth pleure la mort d'Ali Abdallah, un sans-abri qui était un visage familier pour les personnes de l'UAB et que l'on voyait souvent dans Bliss Street, où l'université est située.

Lorsqu'une photo d'Ali a été postée sur la page Facebook de Humans of Lebanon, ils ont été nombreux à se rappeler l'avoir rencontré près de l'université, évoquant les rumeurs qui le décrivaient comme un ancien professeur de l'UAB.

Une photo d'Ali Abdallah, par le photographe Krikorian M, utilisée avec sa permission

Un utilisateur de Facebook a écrit :

J'ai lu qu'il était un professeur de physique à l'UAB. Il a vu sa femme, sa fille et sa soeur violées et tuées devant ses yeux durant la guerre et il est alors devenu comme ça, perdant sa raison. Je n'ai jamais rien compris  ce qu'il racontait et je ne pense pas que lui-même me comprenait si je lui demandais quelque chose. J'ai aussi lu qu'il avait demandé du papier et un stylo.

Avec plus de 400 partages, la photo a suscité une vive émotion sur la toile, avec des messages de sympathie et des commentaires sur la nécessité de prendre de réelles mesures :

J'espère que cela amènera la jeunesse libanaise à prendre des mesures plus sérieuses ! Il y en a d'autres dehors qui vivent dans les mêmes circonstances, et ils ont besoin d'aide !

L'homme qui souffrait déjà d'une santé fragile est probablement décédé de complications suite au froid. Au moins, sa mort a été un appel au réveil. Sur le blog Hummus For Thoughts, Joey Ayoub qui avait un jour parlé un moment avec lui a écrit :

N'ayez pas pitié de lui et ne le détestez pas. Ne dites pas que nous ne pouvons nous souvenir de lui sous prétexte que nous l'avons ignoré quand il était encore en vie. Dites plutôt que nous devons le garder en mémoire et agir. Agir comment ? Cela, mes amis, je me le demande toujours aujourd'hui. Mais je me suis refusé à avoir pitié d'Ali. Quand je suis finalement allé lui parler, j'ai tenté de le traiter comme un égal du mieux que j'ai pu, parce que c'était le cas. Il n'a jamais été moins qu'un égal. C'est ce que nous, nous l'avons condamné à être.

C'est pourquoi nous devons nous souvenir d'Ali. C'est pourquoi je ne supprimerai pas sa photo, comme certains me l'ont demandé. Et c'est pourquoi je ne ferai pas non plus ce que nous autre Libanais faisons le mieux : se plaindre et se sentir mieux ainsi.

Ali ne doit pas être oublié.

Sur State of Mind, un blogueur fait la remarque :

A l'inverse de la grande majorité des étudiants de l'UAB qui le regrettent aujourd'hui, je ne pleurerai pas Ali Abdallah parce que je ne lui ai jamais parlé, je n'ai jamais essayé de le connaître ni ne l'ai considéré comme “notre Ali de Bliss Street”. Je suis désolé pour les conditions de sa mort - à l'extérieur, seul dans le froid, reposant contre un mur froid de Beyrouth.

Certains citent des causes naturelles pour la mort d'Ali. Eh réalité, la cause naturelle est qu'il est mort de froid dans l'une des pires tempêtes de l'histoire du Liban. Parmi ceux qui pleurent Ali, combien ont pensé à lui donner un manteau ou de l'argent pour qu'il se trouve un abri ou même l'aider tout simplement ? Je doute vraiment qu'il y en ait eu beaucoup.

Ceux d'entre vous qui sont touchés par sa mort, sachez qu'il existe une autre femme sans-abri sur Bliss Street et que vous l'ignorez depuis de nombreuses années maintenant. Peut-être qu'il est temps de lui accorder un second regard pour que vous ne sentiez pas triste le jour où cette femme que vous avez ignorée jour et nuit mourra aussi de froid.

 

Sa mort a lancé un mouvement de solidarité à l'égard des plus démunis. Le groupe Facebook Fighting Homelessness in Lebanon a réuni plus de 1300 membres qui se sont portés volontaires pour aider d'une manière ou d'une autre. Un autre groupe Facebook Ali Abdallah Foundation s'engage à faire de leur mieux pour “prendre soin des personnes sans-abri et pour faire connaitre leur souffrance”.

L'aide aux plus vulnérables est d'autant plus nécessaire que le Liban a subi la pire tempête de neige depuis des décennies. La Mariée (The Bride Storm, nom donné à la tempête) a gelé le pays sous un manteau de neige pendant deux jours. Avec de faibles infrastructures et des bâtiments délabrés, les températures glacées et les inondations ont aggravé le sort des plus vulnérables, notamment des réfugiés syriens fuyant les violences dans leur pays et vivant actuellement dans les camps de réfugiés. La ville de Hay el Sellom dans la banlieue de Beyrouth a subi d'importants dégâts et les habitants craignent que leurs bâtiments ne s'effondrent. Dans tout le pays, les routes sont fermées à différents endroits et les cours ont été suspendus dans les écoles publiques et privées.

Les secours ont commencé immédiatement. Au Nasawiya Café, un centre communautaire dirigé par le collectif féministe Nasawiya, des vêtements chauds, des couvertures et de la nourriture ont été collectés pour être distribués le 11 janvier dans tout le pays aux sans-abri ou à ceux qui ne disposent pas d'abri convenable.

Alors que la tempête faisait rage, les Libanais ont partagé aussi bien des photos de la triste catastrophe que des photos sublimes de paysages blancs sur les réseaux sociaux. Vous pourrez voir de nombreuses d'entre elles sur la page Facebook de Lebanon Weather Forecast (prévisions météo du Liban). Cependant, méfiez-vous des contrefaçons. Ainsi le blogueur Nagib du Blog Baladi explique dans son post comment une image, légendée comme étant un paysage de Choueifat au Liban, s'est révélée être une image d'une tempête de neige différente, dans un autre pays.

Podcast : l'affaire du journal Southern Weekend en Chine

dimanche 13 janvier 2013 à 12:03

Sinica accueille une discussion sur l'affaire du journal Southern Weekend [en français] qui s'est déroulé en Chine dernièrement. Ils analysent  l'impact des manifestations, la réponse apportée par les médias sociaux et ce que l'incident présage des relations entre le nouveau gouvernement chinois et les médias.

 

Le PDG de Google Eric Schmidt visite la Corée du Nord

dimanche 13 janvier 2013 à 00:24

Le blog North Korea Leadership Watch a publié un post (contenant plusieurs captures d'écrans) sur la manière dont les médias d'état en Corée du Nord ont couvert la visite du PDG de Google, Eric Schmidt, dans leur pays. Les membres de la délégation ont visité le Centre informatique coréen de Pyongyang et découvert les technologies de Corée du Nord.

#DELETECONTROL/ : Une campagne contre la répression numérique

samedi 12 janvier 2013 à 23:47

Cela fait longtemps que les gouvernements n'en sont plus à commencer à saisir le pouvoir d'Internet. Les régimes répressifs ont compris le pouvoir d'Internet pour porter des changements et ils s'efforcent de le contrôler en développant des tactiques de censure et de surveillance sophistiquées, bien souvent avec la collaboration d'entreprises du secteur privé.

Il reste heureusement des moyens de contourner la répression et le contrôle en ligne.

Basée aux Pays-Bas, l'organisation “Humanist Institute for Cooperation”, Hivos, a mis en place un partenariat avec Global Voices Advocacy, Witness, Mideast Youth et Tactical Technology Collective dans le cadre d'une campagne intitulée #DELETECONTROL/.

Cette campagne vise à promouvoir les outils de lutte contre la censure, la surveillance et la répression en ligne, afin “d'aider les blogueurs […] à ne pas être détectés et de préserver leur sécurité en ligne.” Elle vise également à créer un environnement apportant un soutien, sous forme de dons, aux net-citoyens menacés, à organiser des formations, à créer des plate-formes en ligne libres et développer de nouvelles solutions contre la répression numérique.

L'un des principaux vecteurs de la campagne est un film interactif produit par Godmother Films, sous le titre “#DELETECONTROL/ Oserez-vous publier la vérité ?”. Cette vidéo donne à montrer les menaces courantes auxquelles les activistes numériques sont exposés dans un environnement répressif et offre des solutions simples afin d'éviter d'être inquiété.

Pour soutenir la campagne, partagez la vidéo et faites passer le mot.

Porto Rico : Un appel au boycott sur internet entraîne la démission de “La Comay”

samedi 12 janvier 2013 à 21:36

(Tous les liens mènent à des sites en espagnol, sauf mention contraire)

Dans la nuit du 8 au 9 janvier 2013, les réseaux sociaux de Porto Rico ont été submergés  d'annonces de la démission du producteur de télévision Antulio “Kobbo” Santarrosa, de la chaîne de TV locale WAPA. Santarrosa, l'homme derrière la marionnette La Comay, produisait ce qui était probablement le programme le plus controversé de la télévision porto-ricaine : “SuperXclusivo”.

La démission de Santarrosa est le point culminant d'un mouvement qui a commencé sur Facebook. Le mouvement en ligne appelait au boycott de “SuperXclusivo” en raison de commentaires faits par Santarrosa qui ont indigné les Porto-ricains. Santarrosa a insinué qu'une victime de meurtre et de torture avait reçu ce qu'elle méritait pour avoir été dans une zone isolée de la ville de Caguas, qui, selon lui, est un haut lieu de la “prostitution et de l'homosexualité” [voir la vidéo à 6.48 minutes]. Le mouvement a suscité un émoi suffisant pour que plusieurs sociétés décident de retirer leurs annonces publicitaires pendant l'heure durant laquelle le programme est diffusé, et WAPA a décidé d'arrêter la diffusion du programme en direct, afin qu'il ne soit pas supprimé pour contenu potentiellement litigieux par la direction de la chaîne.

Le mouvement a entraîné une controverse qui a soulevé des questions intéressantes sur la censure, sur ce qui constitue un boycott, et pour savoir si le programme de Santarrosa peut être considéré comme du journalisme ou non.

Sur Twitter, des internautes ont exprimé incrédulité, jubilation, protestation ou indifférence. Bien sûr, il n'a pas manqué de commentaires teintés d'humour :

@GelockS: Todavia no lo creo… RIP La Comay?

@GelockS : Je ne peux toujours pas le croire… RIP La Comay ?

@Rene_A_Vargas: Hasta nunca, Kobbo. No serás extrañado. Mucho que aprender sobre la caída de la Comay. Felicidades a @BoicotLaComay y a @PedroJulio.

@Rene_A_Vargas : À jamais, Kobbo. Tu ne manqueras à personne. Encore beaucoup à comprendre sur la chute de La Comay. Félicitations à @BoicotLaComay et à @PedroJulio.

@SoyRobi: No veo La Comay pero simpatizo con la postura de Kobbo de no permitir censura y aunque sus compañeros no se den cuenta protege a otros…

@SoyRobi : Je ne regarde pas La Comay mais je sympathise avec la position de Kobbo de ne pas céder à la censure et même si ses collègues ne le réalisent pas, ça en protège d'autres.

@marinaov21: cancelaron la comay. aunque eso no resuelve nada, es un buen comienzo hacia un mejor futuro. :)

@marinaov21 : Ils ont supprimé la comay. même si cela ne résout rien, c'est un bon début vers un futur meilleur.

@manolexico: Hoy es la comay, mañana puede ser Pedro Julio….

@manolexico : Aujourd'hui, c'est la comay, demain ça pourrait être Pedro Julio….

@DraMontijo: El Fin de La Comay. Se caen Los Imperios. El Poder de las Redes Sociales.

@DraMontijo : La fin de La Comay. Des empires tombent. Le Pouvoir des Réseaux Sociaux.

@adriana_baez: El hecho de que se cancele La Comay no va a afectar para bien o para mal a Puerto Rico #sameshit

@adriana_baez : Le fait qu'ils ont supprimé La Comay ne va pas affecter Porto Rico ni pour le meilleur ni pour le pire. #sameshit

@Barbarajosefina: A que Telemundo, Univision u otro canal lo contrata… tiempo al tiempo. Y ojalá me equivoque. Ojalá!!!

@Barbarajosefina : Telemundo, Univision ou d'autres chaînes vont le prendre… attendez un peu. J'espère que j'ai tort. La volonté de Dieu !!!

@GabrieloscarRR: Un PR sin la Comay como Cuba sin Fidel

@GabrieloscarRR : Porto Rico sans La Comay est comme Cuba sans Fidel

@darkRemiiix: Que comiencen los memes de La Comay…

@darkRemiiix : Que commencent les mèmes de La Comay…

Il y a une chose dont on ne peut pas douter : le rôle-clé joué par les réseaux sociaux dans la démission du producteur qui avait régné pendant des années avec la plus grande audience à Porto Rico et qui pensait être intouchable.