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Portugal: Poursuites pénales contre trois militantes

samedi 2 février 2013 à 23:46

Ce billet fait partie du dossier de Global Voices sur l’Europe en crise.

Après des manifestations en série contre l'austérité au Portugal, la Police de Sécurité Publique (PSP) et le Ministère Public (MP) ont essuyé le feu de la critique pour avoir décidé de poursuivre en justice plusieurs contestataires et activistes.

La journaliste indépendante Myriam Zaluar,aussi professeur et une des fondatrices du mouvement Precários Inflexíveis (les Précaires inflexibles) [en portugais], a été mise en examen pour rébellion liée à l'organisation d'une inscription collective de chômeurs dans l'un des centres de l'Institut de l'Emploi et de la Formation Professionnelle (IEFP, l'institution publique en charge de ce domaine). Cet acte symbolique de protestation visait à attirer l'attention sur le chômage au Portugal [tous les chômeurs n'y sont pas inscrits et les statistiques ne font apparaître que les chiffres publiés par l'IEFP].

Myriam s'est fait connaître en 2011 par la lettre ouverte qu'elle a écrite au Premier Ministre, et abondamment diffusée sur les réseaux sociaux [en portugais], à la suite du conseil d'émigrer donné par celui-ci aux sans-emploi.

 Call for solidarity with Myriam Zaluar. Image shared by  Artigo 21º

Appel à la solidarité avec Myriam Zaluar. Image partagée par  Artigo 21º

Cette fois, Myriam voulait montrer que les chiffres du chômage au Portugal sont biaisés, mais la police a considéré son action comme une manifestation non autorisée – bien que n'ayant impliqué que quatre participants directs et une distribution de tracts – qui aurait donc dû être déclarée aux autorités 48 heures à l'avance. Myriam rejette l'accusation et nie avoir commis la moindre infraction.

L'affaire a soulevé des questions sur les restrictions à la liberté d'expression, la définition d'une manifestation, et l'intervention de la police dans lle domaine politique, et a allumé un débat passionné en ligne. Selon le Movimento Sem Emprego (MSE, Mouvement Sans Emploi) [en portugais], on a là un exemple de tentative d'intimidation des citoyens pour les empêcher de porter leurs revendications dans la rue. Laura Fortuna Pinto a commenté [en portugais] sur Facebook :

Plus je lis l'article, moins j'arrive à comprendre le fondement de l'accusation. Des quatre personnes présentes à la protestation elle a été la seule à être verbalisée ? Ce pays devient bizarre !!!

Le jour de la première audience au tribunal – finalement reportée – plusieurs personnes ont monté une manifestation [en portugais] de soutien à Myriam, dont ont discuté les réseaux sociaux et qui a été diffusée sur les médias classiques.

Le cas Mariana Avelãs

Affaire similaire, celle de Mariana Avelãs, qui fait partie du mouvement Que se Lixe a Troika (Que la Troïka aille se faire f…) [en portugais]. La police a déposé plainte contre elle après une conférence de presse annonçant les manifestations du 15 septembre de milliers de personnes au Portugal et en Espagne contre les mesures d'austérité des gouvernements. Fin novembre, P3 rapportait [en portugais] :

Selon Mariana Avelãs, ce jour la PSP s'est adressée aux 15 membres, qui levaient une banderole du mouvement, pour demander l'identification d'une personne, mais a garanti qu’ “il n'y aurait aucune conséquence”. (…)

Pourtant, (…) “deux ou trois semaines plus tard” elle fut informée qu’ “il y aurait une action pénale contre elle”. L'activiste sociale confirma le 8 novembre qu'elle était mise en examen pour le délit d'organisation d'une manifestation non déclarée. (…)

Mariana Avelãs décrit l'action de la police comme une tentative de “criminaliser les mouvements” pour les faire passer pour “terroristes et révolutionnaires”.

Paulo Jorge Vieira [en portugais] a fait écho à l'indignation de Mariana :

Ça a l'air d'une blague mais ce n'en est pas une. C'est ainsi que se restreint l'usage de l'espace public aujourd'hui dans la société portugaise. La situation est, dans son ensemble, très grave et vraiment limitative des libertés d'association, de manifestation ou simplement de se rencontrer dans l'espace public des villes portugaises.

Pierres ou appareil-photo ?

La manifestation de masse du 14 novembre, qui a vu les Européens défiler par milliers contre l'austérité, s'est achevée à Lisbonne avec un groupe de manifestants qui lançaient des pierres devant le bâtiment du Parlement. Les policiers ont été critiqués pour leur attitude face aux manifestants. Dans les jours qui ont suivi, la police s'est efforcée d'identifier le plus possible de manifestants, à l'aide non seulement des images collectées par les agents eux-mêmes, mais aussi des vidéos publiées par des tiers sur YouTube, et même – un cas qui s'est terminé par la démission du rédacteur en chef de la chaîne publique RTP – les images recueillies sur place par les télévisions.

Paula Montez, une participante à la manifestation, n'en a pas cru ses yeux quand elle a reçu quelque temps après une notification du Ministère public, l'accusant de rébellion à agents de la police. Dans un billet largement diffusé [en portugais] de mi-décembre, Paula écrivait :

Hier je me suis présentée au DIAP [Département d'enquête et d'action pénale] accompagnée d'un avocat. On m'a lu la plainte et montré les images captées à la manifestation. Les images, toutes de mauvaise qualité et non concluantes, me montrent le bras en l'air avec un objet dans la main que les “accusateurs” disent être des pierres. En réalité, l'objet dans ma main n'est autre que mon appareil-photo que j'ai l'habitude de lever à cause de ma petite taille pour prendre des photos, comme je l'ai toujours fait dans toutes les manifestations et rassemblements où je vais [...], en outre, sur la photo de mauvaise qualité, où l'on voit mon bras levé tenant un tel objet (l'appareil-photo) on peut lire sur la légende que j'ai lancé une vingtaine de pierres ou d'autres objets sur la police…

Alors ma question est : si la PSP m'a identifiée jetant 20 pierres et mettant en danger leur intégrité physique, pourquoi ne m'a-t-on pas arrêtée sur le champ ? Pourquoi ne m'a-t-on pas immédiatement empêchée de lancer plus de projectiles qui pouvaient attenter aux policiers ? Oui, comment est-ce possible que j'ai été vue lancer des choses, [ils] ont compté une à une quelque 20 pierres que je n'ai pas jetées, mais que quelqu'un affirme m'avoir vue jeter, pourtant ils m'ont laissée tranquille pour en lancer plus ?

Paula pourrait faire face à des charges graves d'émeute ou d'atteinte aux biens. La plainte lui a été notifiée sur son téléphone portable, et elle cherche de l'aide auprès des internautes pour prouver son innocence :

Je demande à qui a des images de moi en train de prendre des photos à la manifestation du 14 novembre (ou n'importe quelle autre manifestation) de me les envoyer afin de constituer une preuve dans ce procès. Merci pour votre solidarité.

Au même moment, une vidéo montrant des gens du rassemblement en train de lancer des pierres, évoquant la présence d'agents infiltrés, a commencé à faire le tour d'Internet :

Ivo Gonçalves, sur son blog personnel [en portugais], doute des actions de la PSP et du MP :

Je ne crois pas que la PSP ait la légitimité, la vocation, ou même les ressources adéquates pour recueillir et analyser les informations de l'arène politique. (…)

Au final, il est évident que tout cela va contribuer à réfréner la disposition à participer aux manifestations.

Une nouvelle audition du procès de Myriam Zaluar est fixée au 13 mars. Paula Montez et Mariana Avelãs attendent la suite et sont remises en liberté à condition de ne pas changer de résidence sans en aviser les autorités, et de pointer à la police chaque fois qu'on le leur demande. Le délit de rébellion est punissable d'un maximum de deux ans de prison ou d'une amende. La participation à une émeute est passible d'un an d'emprisonnement ou d'une amende, et l'atteinte aux biens, de jusqu'à trois ans de prison.

Ce billet fait partie du dossier de Global Voices sur l’Europe en crise.

Espagne : Indignation face à une affaire de corruption politique massive

samedi 2 février 2013 à 20:02

[Les liens de ce billet renvoient vers des pages web en espagnol.]

L’enquête sur une affaire de corruption politique, connue comme l’affaire « Gürtel », a révélé des faits plus graves, notamment le versement au noir d’importantes sommes d’argent aux politiciens à la tête du Parti populaire (PP), qui dirige actuellement l’Espagne. L’ex-trésorier du PP, Luis Bárcenas, qui disposait toujours il y a quelques semaines d’un bureau au siège du parti avec le soutien de ses dirigeants, fait actuellement l’objet d’une enquête suite à la découverte de 22 millions lui appartenant sur compte en Suisse et du versement de salaires au noir, durant de nombreuses années, à d’importants dirigeants politiques.

Il pourrait s’agir de la plus importante affaire de corruption de l’histoire de la démocratie espagnole. Malgré la gravité des faits, les personnes impliquées continuent à réfuter les accusations, se vantent de posséder des comptes transparents et continuent à demander à la population de se serrer la ceinture à cause de la crise que le pays traverse. Pour récupérer la confiance des citoyens et prouver leur innocence, des membres du parti ont proposé de solutions telles qu’un audit interne et des déclarations sous serment de leurs revenus, ce qui a irrité encore plus les citoyens.

Mapa de corrupción política en España. Por Corruptódromo. Utilizada bajo Licencia CC BY-SA.

Carte de la corruption en Espagne, via Corruptódromo. Publication sous licence CC BY-SA.

Cette affaire a suscité de fortes réactions et donné lieu à des actions de protestation, aussi bien dans la rue que sur le Web. Bien que Twitter ait fonctionné par intermittence hier, les internautes ont réussi à convoquer une manifestation devant le siège du PP à Madrid. Comme cela s’était déjà passé, la police a fermé la rue Génova, où il se trouve, mais de chaque côté de la rue, une masse de citoyens scandait des slogans, tels que « Gouvernement, démission » , « Voilà la caverne d’Ali Baba » et même « Le président est un délinquant ».

Vista aérea de la concentración en Madrid ante la sede del Partido Popular. Foto de Periodismo Humano publicado bajo Licencia CC.

Vista aérea de la concentración en Madrid ante la sede del Partido Popular. Foto de Periodismo Humano publicado bajo Licencia CC.

Depuis la publication, par El País, des documents secrets qui pourraient apporter la preuve de rémunérations illégales à des membres du PP, les critiques de la population ont circulé via les réseaux sociaux. Sur le site Change.org, une pétition en ligne, toujours disponible, a récolté plus de 100 000 signatures en 10 heures demandant la démission du gouvernement espagnol. Une initiative appelle les Espagnols à envoyer des milliers de dessins d’enveloppes (il semblerait que l’argent ait été distribué dans des enveloppes), sur la page Facebook du parti. Les responsables de la communication du parti, n’arrivent pas à tenir le rythme pour faire disparaître ces commentaires publiés en masse.

Imagen humorística para convocar la concentración contra la corrupción del gobierno. Tomada de Periodismo Humano bajo Licencia CC.

Image humoristique de convocation de la manifestation contre la corruption. Publiée sur le site Tomada de Periodismo Humano sous licence CC.

Le mot-clic #lospapelesdebárcenas s’est placé parmi les plus utilisés dans le monde, comme l’ont rapporté différents médias, et d’autres mots-clic en lien avec cette affaire sont apparus sur Twitter. Par exemple, #pelisconbárcenas, a donné libre cours à l’imagination des internautes qui ont commenté la nouvelle via des titres de films connus, signalant ainsi que la réalité semble bien dépasser la fiction. #DondeestaRajoy [« Où est Rajoy »] est venu dénoncer le silence du président Mariano Rajoy qui n’a fait aucune déclaration concernant l’affaire ou son implication.

La presse internationale s’est fait l’écho de la grave situation que traverse l’Espagne et de nombreux internautes ont signalé que si l’image de la « marque Espagne » est mise à mal, c’est bien le gouvernement qui en est responsable et non les manifestants, se référant aux accusations que celui-ci avait prononcé.

 ‏@LivingInGreen : Quand nous manifestons, nous donnons une mauvaise image de l’Espagne. Quand le parti qui nous gouverne vole, non. #lospapelesdeBárcenas Il faut le voir pour y croire…

Les blogueurs espagnols n’ont pas manqué de donner leur opinion sur ce scandale. Principia Marsupia a publié un billet intitulé 4 modestas propuestas para una revolución en España [« 4 modestes propositions pour une révolution en Espagne »] qui appelle les membres des différents partis, les citoyens disposant d’un compte en banque et les fonctionnaires de l’administration et des secteurs stratégiques à dénoncer les irrégularités et à se mobiliser pour tenter de mettre fin à ces scandales financiers. Il semblerait qu’enfin certains réagissent puisque des élus et des affiliés au parti ont présenté leur démission et abandonné le gouvernement.

Certains sont de droite, d’autres de gauche. Espérons que cela ne change pas : la confrontation des idées et le débat rigoureux sont des conditions fondamentales pour qu’une société aille de l’avant. Toutefois, je crois que beaucoup d’entre vous s’accorderont sur le fait que le niveau de putréfaction de notre système politique a atteint une limite et que nous pouvons travailler ensemble sur ce projet.

Les joyaux de l'architecture d'Ouzbékistan : entre protection et destruction

mardi 29 janvier 2013 à 00:15

La mosquée de Kalon, l'une des des merveilles architecturales de Boukhara. Source de la photographie : Wikipédia (sous licence Creative Commons)

Le blog “Don Croners World Wide Wanders” présente des photographies des chefs d'oeuvres de villes de l'Asie centrale antique (à présent en Ouzbékistan), Boukhara (photos également ici, ici et ici) et Samarcande. Les merveilles architecturales et le passé historique de ces villes attirent quotidiennement des foules de touristes. Mais, tout en préservant cette partie du patrimoine culturel du pays, les autorités d'Ouzbékistan ont détruit de nombreux monuments architecturaux de l'époque soviétique. Alex Ulko a partagé, sur le site NewsEurasia.net, des photographies de certains vestiges détruits. Alors que certains universitaires expliquent la démolition sélective de monuments comme une tentative de se débarrasser du patrimoine “colonial” de l'Ouzbékistan, le blogueur suggère aux autorités “de voir la beauté sous un autre angle”.

L'Amérique latine à vélo : La planète à coup de pédales

mardi 29 janvier 2013 à 00:00

Utiliser la bicyclette comme moyen de transport est une idée qui fait son chemin particulièrement dans les grandes villes comme on a pu le constater dans une interview des militants de Bicicletada Massa Crítica à Salvador de Bahia. Le vélo est un moyen de transport favorable à l'environnement, il nous permet de pratiquer un sport et mener une vie plus saine. Il peut nous permettre aussi bien d'autres choses comme la Bibliothèque pour les sans abris à São Paulo, ou fonctionner comme bicicletas-táxi au Mozambique…

Roberto Ambrósio Filho [en portugais, comme les liens suivants] (Beto pour les intimes) un Brésilien, a son projet à lui:

Il est né à Araraquara-SP, toujours par monts et par vaux avec son vélo et son appareil photo, fasciné par l'homme, ses cultures, sa diversité. Un jour, l'heure est arrivée pour lui de concrétiser tout cela dans un voyage solitaire, littéralement solitaire. Avec une grande foi dans la providence divine, Beto cherche à dépasser les limites de sa résistance physique et psychologique, il veut pouvoir après deux ans et demi, goûter infiniment mieux l'eau qu'il boit et le regard qu'il reçoit.

Son projet se nomme Planeta pede pedal (littéralement : la planète demande des pédales) et peut être suivi sur Facebook, Twitter et sur le site Web:

Il consiste en un tour de l'Amérique latine à bicyclette : 17 pays comme toile de fond de ses écrits et de ses photos. Pendant deux ans et demi de voyage, la traque de nouvelles cultures, parfums,paysages et saveurs qui fournira l'énergie nécessaire à ses jambes, moteur de ses deux roues. Il va s'immerger sans peur,  sans idées préconçues dans le monde  latino américain.

Beto a commencé à imaginer cette aventure après avoir parcouru presque 1500 km dans un voyage à vélo de deux mois avec un ami. Il nous explique comment ce voyage qui a commencé à  Salvador de Bahia le 7 janvier 2011 et s'est terminé à Fortaleza l'a inspiré.

Au long de ces deux mois à pédaler, j'ai compris ce que signifiait voyager à vélo et l'intérêt de cette approche. J'ai compris que cette façon de voyager sans précipitation te permet de mieux connaître les endroits que tu traverses et les personnes que tu rencontres. Des personnes qui sont souvent curieuses de connaître ton histoire, d'où tu viens, par où tu es passé, combien de temps tu as voyagé, combien de kilomètres tu as fait. Des échanges simples et amusants qui en fin de compte se terminent toujours par une invitation à rester plus longtemps.

Photo du voyage de Beto au Brésil: page Vestiges d'une aventure sur Facebook. Avec autorisation.

Beto raconte comment il a rencontré d'autres personnes qui font comme lui des voyages à bicyclette. Ainsi Evandro et Lidiane, un couple qui fait son tour d'Amérique:

 Evandro avait déjà parcouru à vélo, un an avant,  presque toute la côte atlantique  du Brésil, en partant seul de São Paulo jusqu'à Belém. Nous en avons entendu des histoires sur cette aventure! Cette fois-ci c'était son deuxième grand voyage avec son épouse Lidiane spécialiste en gestion de l'environnement et grande aventurière pour avoir accepté de parcourir le monde avec Evandro. Ils se sont connus à  São Paulo où ils ont lancé un projet appelé: “Pé no Pedal e Lixo no Lixo” ( Les pieds dans les pédales et les ordures dans les ordures), un théâtre de marionnettes qu'ils chargeaient sur le vélo et montraient dans les écoles des villes qu'ils traversaient. Un spectavle sur le thème de l'éducation à l'environnement offert aux enfants de tous âges, qui offrent une contribution de deux réais au voyage.

 

Voici quelques photos du voyage de Beto au Brésil. Il est actuellement dans le sud, il est passé par la ville de Curitiba début janvier.

Bon pédalage ! L'itinéraire sur la page “Vestígio de Aventura” sur Facebook. Avec autorisation.

 

La famille de Beto le jour du départ : 2 Dec 2012. :  ”Vestígio de Aventura” sur Facebook. Avec autorisation.

Photo du voyage de Beto au Brésil. “Vestígio de Aventura ” sur Facebook. Avec autorisation.

 

Photo du voyage de Beto au Brésil.  ”Vestígio de Aventura” sur Facebook.  Avec autorisation

Photo du voyage de Beto au Brésil.  ”Vestígio de Aventura” sur Facebook.  Avec autorisation

Les étudiants contestataires hongrois, menacés de sanctions, continuent à se battre

lundi 28 janvier 2013 à 23:35

En décembre 2012, les étudiants et lycéens hongrois se sont unis pour protester contre les réductions importantes des quotas d’admission de l’enseignement supérieur. Leur combat pour l’obtention de places sans frais de scolarité continue. (Couverture GV ici, ici, et ici.)

Atlatszo.hu a écrit [en hongrois comme tous les liens de ce billet] que de nombreux étudiants ont été menacés d’exclusion s'ils voulaient protester. Les étudiants n’ont osé partager leurs histoires que de manière anonyme, par crainte d’être empêchés de passer leurs examens de fin d’année.

HVG.hu a rapporté qu’en décembre le principal d’un lycée à Balatonalmádi a convoqué les élèves dans son bureau et les a interrogés sur leurs opinions sur la contestation, prenant des notes pour préparer un rapport pour l'administration locale.

Les étudiants d’un lycée à Szombathely ont assisté à une manifestation après les heures de classe, mais leur présence en classe a été enregistrée en tant qu' “absence non autorisée.”

Les élèves d’un lycée de Budapest voulaient également organiser des occupations et grèves, comme beaucoup d’autres l’ont fait en décembre, mais leur événement Facebook a été supprimé par un membre du syndicat étudiant, plutôt loyal envers le personnel de l’école. L’événement Facebook avait presque 300 participants, et comme dans le cas de Balatonalmádi, les étudiants du lycée János Xántus ont également été interrogés par leur principal.

D’après le récit des élèves, après la manifestation organisée devant la Radio Hongroise, il leur a été dit qu’il entravaient le processus d’éducation avec leurs activités, et qu’en tant qu’étudiants il n’avaient pas le droit de protester – ce qui est n’est pas vrai, comme le syndicat étudiant local HaHa l’a écrit dans ses FAQ (questions fréquemment posées) juridiques pour les jeunes manifestants.

La rose est une référence à Rózsa Hoffmann, la secrétaire d’Etat à l’éducation, et la pancarte de cet étudiant manifestant dit: “je n’ai pas assez d’argent pour une banderole normale”. Photo by Peter Nemeth, copyright © Demotix (10/19/2012).

Les militants de HaHa ont également eu à faire aux “adultes” à une conférence-exposition sur l'enseignement le 18 Janvier, où ils voulaient poser des questions à Rózsa Hoffmann, la secrétaire d’Etat à l’éducation. Ses mesures sont tellement haïes parmi les étudiants que le mot d'ordre d'une manifestation ainsi que certaines affiches présentaient des jeux de mots sur son nom. A plusieurs occasions, les étudiants ont apporté des roses aux rassemblements. La manifestation qui s’est terminé avec l’arrestation de trois étudiants en décembre s’intitulait « Révolution étudiante de la Rose d’Hiver » (en hongrois : : Télirózsás Diákforradalom)en référence au prénom de la secrétaire d’état et empruntant le nom d’un événement historique hongrois : La révolution des Asters, l'aster étant appelé “rose d’automne” en hongrois. Le 19 Décembre, les étudiants ont jeté des roses dans le Danube (vidéo, 3:10) en rejet symbolique  des politiques de Rózsa Hoffmann.

Et quand les militants ont voulu s’adresser à elle concrètement, ils n’ont pas été autorisés à poser de questions, ils ont alors commencé à crier leurs commentaires au public, et quelques personnes ont rétorqué que les étudiants devraient arrêter de critiquer l'action du gouvernement (voir vidéo ici [en hongrois]). Une femme, prétendument la principale d’un lycée de Kecskemét, est devenue un mème suite à ses commentaires; entre autres, elle a déclaré que les contestataires auraient du être en classe à leur université à ce moment, et qu’avant de critiquer quoi que ce soit, ils devaient d’abord accomplir quelque chose.

L’édition hebdomadaire en ligne de Magyar Narancs a appris qu’un autre participant de la conférence, qui avait dit à un activiste de Haha de rentrer chez lui et de gifler son père parce qu’il ne lui avait pas appris les bonnes manières, était le maire du village de Nógrádsáp.

Márton Hó, un chanteur et compositeur hongrois, a utilisé les mots “adultes” défendant le gouvernement dans les paroles d'une chanson; sa vidéo a été vue 42 000 fois jusqu’ici. Le titre de la chanson est, “Ecoute, petit frère!”: