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Les organisations de la société civile critiquent la nouvelle législation qui limite les droits civils en Bulgarie

vendredi 30 novembre 2018 à 16:13
Гражданский протест в Софии, Болгария. Фото: Тихомира Методиева - Тихич. Используется с разрешения.

Manifestation citoyenne à Sofia, Bulgarie. Photo: Tikhomira Metodieva, reproduction autorisée.

Cet article se base sur le texte «Moins de droits pour les citoyens»  pour le web-journal régional BlueLink, qui couvre l'Europe centrale et l'Europe de l'Est. Il est reproduit ici dans le cadre d'un partenariat avec Global Voices.

En juin 2014, la société civile bulgare a obtenu une victoire importante en matière de protection de la nature et de l’État de droit : la Cour administrative suprême du pays a finalement refusé un permis environnemental à un nouveau dépôt de déchets radioactifs sur le site de la centrale nucléaire de Kozlodouy. Pourtant, avec la réforme du Code de procédure administrative bulgare (APC) votée en septembre 2018, qui permet des audiences à huis clos, relève le coût des procédures en appel et en supprime certaines, beaucoup craignent que ces victoires de la société civile n'appartiennent désormais au passé.

Un droit civil vieux de 150 ans abrogé

Les Bulgares ont obtenu en 1868 l'accès à la cour d'appel, une instance introduite par le pouvoir ottoman. Cent cinquante ans plus tard exactement, des amendements à l'APC adoptés le 25 juin 2018 privent les citoyens de l'accès aux plus hautes instances dans certains cas, notamment dans celui de projets représentant un «intérêt national», et dans des dossiers hautement prioritaires pour le gouvernement. Selon la nouvelle loi, les taxes d’État sont calculées comme des intérêts matériels fractionnés, et les frais de justice pour les procédures en appel augmentent de 14 fois pour les personnes physiques et morales, et de 74 fois pour les personnes morales à but non lucratif.

C'est la première fois dans l'histoire de la justice administrative que les citoyens qui souhaitent être défendus dans ces affaires auront à payer environ 4.500 levs (2.250 euros). La possibilité d'audiences à huis clos a également été introduite. Le contrôle de la légalité de certains actes gouvernementaux a aussi été transféré aux tribunaux administratifs locaux.

«Les citoyens contre la mafia», un slogan porté par ces militants qui protestent contre les modifications du droit administratif devant le Parlement, à Sofia. Photo: Tikhomira Metodieva, reproduction autorisée.

L'argument en faveur de cette dernière modification? Décharger les juges de la cour suprême d'un fardeau «démesuré» ainsi que des «abus de certaines ONG». Le président de la commission juridique du parlement Danaïl Kirilov a présenté les nouvelles dispositions légales comme «un premier pas vers un allègement du poids de la bureaucratie pour les citoyens et les entreprises».

Des motivations dont certains doutent pourtant, affirmant qu'il s'agit plutôt de compliquer la tâche aux groupes de la société civile qui voudraient porter certaines affaires devant les tribunaux.

En septembre dernier, plus de 50 organisations de la société civile, parmi lesquelles BlueLink, ont fait paraître une lettre ouverte [en bulgare] demandant au président de mettre son veto à la réforme de l'APC. Le principal initiateur en était le Programme bulgare d'accès à l'information (Access to Information Program, AIP), un groupe qui se bat depuis vingt-deux ans pour les droits des citoyens à accéder à l'information.

Cette lettre ouverte mentionne un manque de transparence exceptionnel et des irrégularités de procédure lors de l'adoption du projet de loi. Aucune étude ni évaluation sur la capacité des tribunaux ou les éventuels problèmes de plaintes abusives n'a été faite, est-il expliqué dans l'exposé des motifs. Le document souligne aussi qu'aucune réponse n'a été apportée à la question suivante : pourquoi, alors que le nombre de dossiers a baissé depuis cinq ou six ans et que le nombre de juges a augmenté, le calendrier est-il beaucoup plus lent pour les affaires qui arrivent devant la Cour suprême?

Le spécialiste de droit de l'environnement et militant des droits de l'homme Alexandre Kachoumov est convaincu que la nouvelle législation affaiblit les droits démocratiques des citoyens bulgares. Photo: Fonds «Programme d'accès à l'information». Reproduction autorisée.

Selon les termes de Me Kachoumov, qui dirige le département juridique du Programme d'accès à l'information, ces amendements sont le coup le plus sévère porté aux droits des citoyens depuis plus de vingt ans. «C'est une question de contrôle judiciaire, sur lequel sont basés les droits fondamentaux de la personne — taxes, permis, projets, etc.», explique-t-il.

Le président bulgare Roumen Radev a lui aussi mis en question les récents amendements à l'APC, arguant que «c'est dans les relations des citoyens et des personnes morales avec les organes de l'État que le manque de justice se fait le plus sentir».

Le président Radev est en désaccord avec les nouvelles dispositions sur les délibérations à huis clos. Selon les paroles du chef de l’État, le principe de l'audience publique a une fonction double. D'une part, il garantit des délibérations équitables, où les parties ont le droit non seulement d'être présentes en personne mais aussi d'être protégées des dérives d'une justice qui se tiendrait à l'abri des regards. D'autre part, ce principe assure aux citoyens la réception et la diffusion de l'information.

Pour justifier son veto, M. Radev a également exprimé la crainte que l'augmentation des frais limite considérablement les possibilités, pour les citoyens et les personnes morales, de porter plainte en cas d'acte illégal de l'administration. Il se dit aussi particulièrement préoccupé par le fait que le coût d'une procédure en appel pour contester une décision de justice dans le cadre d'une affaire impactant l’environnement est désormais entièrement laissé à l'appréciation de la cour. Quant à l'introduction d'une taxe proportionnelle, elle rendra ces procédures financièrement inaccessibles.

Le 13 septembre, l'assemblée nationale a rejeté le veto de M. Radev à une écrasante majorité. Avec 146 voix pour, 69 contre et aucune abstention, les députés ont largement soutenu ces modifications. Les représentants du Parti socialiste bulgare, dans l'opposition, ont aussitôt fait part de leur intention de saisir la Cour constitutionnelle.

L'annulation de l'étude dl'impact sur l'environnement du nouveau site de stockage des déchets radioactifs de la centrale nucléaire bulgare de Kozlodouy (photo Gogo89873 / Wikipédia) fait partie de ces cas où la justice administrative a fait obstacle aux droits de la personne et aux principes de la défense de l'environnement.

Commentant les nouvelles dispositions, Me Kachoumov a averti que les administrations locales auraient désormais plus facilement gain de cause contre les simples citoyens. Il estime que le coût plus élevé des procédures en appel, l'annulation de certains recours et les audiences à huis clos ne servent qu'un seul but : ménager la possibilité d'un arbitraire administratif et d'un régime à tendances tyranniques.

Dès 2017, des représentants de la société civile bulgare tel le Programme d'accès à l'information (AIP) se sont prononcés contre ces amendements au Code de procédure administrative. Ils continuent à penser que cette décision aura des effets négatifs durables sur l’État de droit dans le pays. Nous suivrons attentivement les prochains développements pour savoir qui va payer la facture.

Au Liban, des militants s'attaquent au phénomène des balles perdues

jeudi 29 novembre 2018 à 22:24

Une performance artistique avec un message social, dans le centre de Tripoli : un invité à un mariage meurt, touché par une balle perdue tirée par un autre invité. Photo reproduite avec l'autorisation de la page Facebook de Farha Taysheh.

Reem Shaker n'avait que 18 ans lorsqu'une balle perdue l'a atteinte à la tête sur le balcon de la maison familiale dans la ville libanaise de Miniyeh. Le coup de feu qui l'a tuée n'avait pas été tiré par représailles, mais en signe d'allégresse par des gens qui fêtaient le retour de leurs proches d'un pèlerinage à la Mecque.

L'histoire de Reem n'est qu'un exemple dans une suite de morts absurdes provoquées par des tirs festifs.

L'Enquête mondiale sur les armes légères estimait qu'en 2017 au Liban 1.927.000 civils possédaient des armes à feu. Sur une population de 6.105.000, c'est presque un tiers. D'après le Mouvement pour une paix permanente, 90 personnes sont mortes rien qu'en 2017 à cause de balles perdues tirées à des mariages ou d'autres réjouissances ayant fini dans le sang.

L'incident décrit ci-dessus tient particulièrement à cœur aux organisateurs de la campagne Farha Taysheh (“Les balles perdues tuent la joie”) de Tripoli. Marwa Seif, qui a participé au lancement de la campagne plus tôt cette année, était une des meilleures amies de Reem, et pendant longtemps, affronter la cause de la mort de la mort de son amie l'a plongée dans le désarroi.

Jusqu’à ce jour de mai 2018, où un groupe improbable de gens se sont réunis autour d'une table à Beyrouth pour faire changer les choses. Seif a rejoint des jeunes de la ville de Tripoli, des membres du Réseau local de prévention (LPN) de Tripoli, et un médiateur de la municipalité pour s'organiser.

Les Réseaux de prévention locale, conduits par le Réseaux des villes fortes (SCN), veulent construire l'infrastructure pour les initiatives menées par les collectivités locales, en jetant des ponts entre les organisations de terrain et les municipalités.

L'histoire de Seif touchait une corde sensible.

Assise de l'autre côté de la table, Duaa, une autre participante de l'atelier, raconta son histoire : elle avait perdu sa sœur quinze ans plus tôt, fauchée par une balle perdue, cette fois lors d'un accident de chasse. Najia, une médiatrice à la municipalité de Tripoli, et membre du LPN de cette ville, écouta intensément le récit de Duaa.

Si l'objectif essentiel des LPN est de s'attaquer à l'extrémisme violent à travers la prévention, ils en arrivent à traiter d'un vaste éventail de problèmes locaux. Les réseaux fixent eux-mêmes leurs priorités. Leur approbation de la campagne a été une reconnaissance de l'étendue des initiatives préventives.

Les mois suivants, Seif et Duaa travaillèrent avec Najia à la mise au point et au lancement de leur campagne Farha Taysheh. Cette approbation municipale plaça les violences des fusillades festives à l'agenda des autorités municipales.

Avec d'autres bénévoles, Seif and Duaa organisèrent une performance artistique à message social : une fête de mariage dans le centre de Tripoli, pendant laquelle les acteurs réagiraient à la mort feinte d'un invité au mariage par une balle perdue tirée par un autre invité. La performance fut filmée et partagée sur Facebook, suscitant la discussion et gagnant une couverture médiatique.

Farha Taysheh est une campagne parmi de nombreuses autres cherchant à combattre les violences qui résultent inévitablement de la possession d'armes à feu, violences intentionnelles ou non. Le soutien municipal a donné aux jeunes militants un tremplin solide pour atteindre une audience plus large. La performance à grande échelle mise en scène dans le centre-ville de Tripoli n'aurait pas été possible sans l'autorisation officielle de la ville.

La coopération entre jeunes militants de terrain et gouvernement local ont contribué au succès de cette campagne à Tripoli, mais le contexte de chaque ville est différent, et les réseaux de prévention menés par les collectivités locales peuvent choisir de commencer par des thèmes moins polémiques, et construire confiance, crédibilité et assurance pour aborder des problèmes plus pointus.

Grâce à l'énergie des jeunes militants, Farha Taysheh a connu un succès retentissant en suscitant un débat sur les plateformes de médias sociaux à travers toute la ville. Peut-être parce que les balles perdues sont un problème mondial, pas seulement une particularité libanaise, présent sur toute la planète, depuis les Balkans jusqu'aux États-Unis.

En 2017, le représentant au parlement d’État du Texas Armando “Mando” Martinez a été blessé à la tête par une balle perdue lors des festivités de la Saint-Sylvestre. Deux ans plus tôt, c'était une fillette de 10 ans qui était tuée par une balle perdue à un mariage en Macédoine. Pendant ce temps, les services de police de Los Angeles, en Californie, utilisent leurs plateformes de médias sociaux pour mettre en garde les habitants contre les coups de feu en l'air qui peuvent avoir pour conséquences des poursuites pénales et de lourdes peines d'emprisonnement.

La culture des armes à feu ne peut pas rester absente de ce débat. Le trait commun aux pays où les balles perdues sont un problème, c'est que la possession des armes à feu y est culturellement acceptable. Toutefois, l'ampleur des incidents de balles perdues diffère. Au Liban, un programme de désarmement partiel et de réintégration (DDR) après la guerre civile (1975-1991) a fait que les armes à feu des factions combattantes n'ont jamais été complètement confisquées.

Les tirs festifs restent un problème mondial, et les combattre suppose de traiter certains des facteurs qui leurs permettent de persister. Ce qui implique de traiter l'acceptation généralisée de la possession d'armes à feu et l'irresponsabilité des tireurs.

Les initiatives ont là un rôle essentiel. Dans le cas de Farha Taysheh, la coopération entre les militants de la jeunesse et la municipalité illustre la possibilité pour des attelages improbables de combattre un problème commun — une balle perdue à la fois.

Note de la rédaction : Farha Tayshe est issu d'un atelier organisé par Young Cities in Beirut (mai 2018). L'atelier a réuni des jeunes militants et des membres du Strong Cities Network (SCN) Local Prevention Network (LPN), et des élus municipaux. Young Cities est une initiative commune du Strong Cities Network et du Youth Civil Activism Network.

Une enseignante indonésienne condamnée à la prison pour avoir enregistré du harcèlement sexuel

mercredi 28 novembre 2018 à 13:43

La web-BD de Gump n Hell qui raconte le calvaire de Nuril. Reproduction autorisée, traduction des textes ci-après.

Début novembre, une femme a été condamnée à six mois de prison par la Cour suprême d'Indonésie pour avoir enregistré un appel téléphonique explicitement sexuel qu'elle a reçu de son directeur, qui la harcelait au travail.

Le tollé provoqué par le verdict a forcé les services du Procureur général à suspendre temporairement son incarcération.

Baiq Nuril Maknun, 37 ans, mère de trois enfants et enseignante à Mataram, dans la province occidentale de Nusa Tenggara (NTB), a été dénoncée par le principal de son école pour diffamation en 2017 après qu'elle eut enregistré une conversation téléphonique dans laquelle il se vantait de ses relations sexuelles avec une autre enseignante de l'école. Quand elle a envoyé l'enregistrement à une autre collègue, il a circulé sur un groupe WhatsApp. La loi indonésienne est muette sur la légalité ou non d'enregistrer un appel téléphonique sans l'accord préalable des deux parties.

Nuril a déclaré que le principal, nommé Muslim (il est commun en Indonésie qu'une personne soit connue par un nom unique) la harcelait de propositions, en se vantant souvent de ses relations sexuelles avec une autre enseignante à l'école. A plusieurs occasions, dit-elle, il l'avait invitée à le retrouver dans un hôtel pour un “rendez-vous galant”. Elle n'avait pas signalé le harcèlement, de peur de perdre son emploi.

Puis elle a commencé à entendre des rumeurs comme quoi elle-même entretenait une liaison extra-maritale avec son supérieur. Elle décida alors d'enregistrer ses conversations téléphoniques avec le directeur, en vue de rassembler des preuves de ce qui se passait, au cas où elle devrait faire valoir son innocence. Seulement, les enregistrements furent mis en ligne sur WhatsApp par une des collègues de Nuril, et atteignirent finalement de nombreux membres de la communauté scolaire. Contraint de démissionner, Muslim fut embauché ultérieurement par une institution locale de jeunesse et de sport.

La web-BD de Gump n Hell qui raconte les épreuves de Nuril. Reproduction autorisée.

Traduction des textes, par case, à partir du haut à gauche. 1. Baiq Nuril, une ex-enseignante administrative du lycée d’État SMAN 7, mère de trois enfants, victime de harcèlement sexuel. 2. L'homme la harcèle verbalement depuis mi-2012. Lasse d'être accusée d'avoir une liaison extra-maritale avec l'homme, elle enregistre un de ses appels, mais ne le signale pas de peur de perdre son emploi. 3. Sa collègue publie l'enregistrement sur un groupe WhatsApp. De honte, son patron porte plainte contre elle sur la base de l'UU ITE. 4. Le tribunal de district de Mataram l'a acquittée de toutes charges, mais la Cour suprême l'a punie, tandis que son harceleur a obtenu une promotion à la Ville de Mataram. 5. Les enfants discutent de comment la justice met sur la touche les victimes de violences sexuelles.

En représailles, Muslim a poursuivi Nuril pour diffamation. Le tribunal de district de Mataram a acquitté Nuril et l'a reconnue victime de harcèlement sexuel. Mais l'accusation a fait appel du jugement devant le Tribunal suprême, qui a établi que Nuril avait enfreint la Loi sur l'information et les transactions électroniques (UU ITE), ce qui relève du code pénal.

Le tribunal a jugé Nuril coupable selon deux alinéas de l'article 27 de la loi ITE. Le premier criminalise “la création/diffusion/mise à disposition en ligne, délibérée et sans autorisation, de contenu pornographique”, tandis que le second concerne “la création/diffusion/mise à disposition en ligne, délibérée et sans autorisation, de contenu injurieux/diffamatoire.”

Outre une peine de six mois d'emprisonnement, Nuril a eu ordre de payer une amende de 500 milliards de roupies (environ 30.000 euros). Le salaire mensuel des enseignants dans la province de NTB est usuellement de 110 euros.

Campagne #SaveIbuNuril

Divers collectifs ont lancé la campagne #SaveIbuNuril (Sauver Ibu Nuril) pour défendre la liberté de Nuril. Les Indonésiens appellent quelqu'un “Ibu” pour marquer leur respect et leur affection à une femme enseignante, ou à une figure maternelle plus âgée.

Une pétition sur Internet demandant au Président Joko Widodo (Jokowi) d'accorder l'amnistie à Nuril a été signée par plus de 162.000 personnes.

Mais malgré le soutien écrasant de l'opinion à Nuril, Jokowi a dit qu'il n’interviendrait pas dans la décision de la Cour suprême. Il a invité Nuril à solliciter un réexamen ou la grâce présidentielle (grasi) quand sa sanction sera en vigueur.

L'Institut pour la réforme de la justice pénale (ICJR) a critiqué la déclaration présidentielle et interrogé l'engagement du chef de l’État à protéger les femmes et autres victimes de harcèlement sexuel dans le pays.

Une campagne de financement participatif a aussi été lancée pour payer l'amende de Nuril. Au moment de l'écriture de cet article, 22.500 dollars (20.000 euros) ont déjà été collectés.

Pour une abrogation de la loi

Le cas de Nuril illustre une fois de plus la nécessité de réviser l'article 27 de la loi UU ITE. Selon le Réseau Liberté d'expression en Asie du sud-est (SAFENet), cette disposition est souvent utilisée par les gouvernants cherchant à faire taire leurs détracteurs. SAFENet a suivi 245 affaires en lien avec la loi UU ITE, dont 174 de diffamation.

En réaction à la pétition pour une modification de la loi UU ITE, le ministre indonésien de la Communication et de l'Information (Menkominfo) Rudiantara a souligné, tout en compatissant à l'épreuve de Nuril, que la loi ne nécessite aucune révision. Il a ajouté qu'il incombait à la police de retrouver le véritable coupable ayant diffusé l'enregistrement effectué par Nuril. Une réponse qui inquiète les défenseurs des droits numériques, dont la crainte est que cette loi floue ne soit pas amendée et que davantage de victimes puissent subir à l'avenir subir le même sort que Nuril.

Lorsque j'ai questionné un représentant de l'Association des victimes de UU ITE (PakuITE), on m'a expliqué en quoi la loi est répressive :

The application of UU ITE is ineffective, the articles of the law are open to many interpretation. They're unnecessary, and methodically used to target critics and those who are vocal against the governments’ policies, those who seek justice. The government is actively asking the inputs from the public regarding their work performances. But how can we do that if we're risked being punished for our online updates? Our data shows that 90% of the time the law is being used to counter sue, to threaten, and used as vengeance, and to silence individuals.

L'application de UU ITE est inefficace, les articles de la loi sont ouverts à trop d'interprétations. Ils sont inutiles, et méthodiquement utilisés pour cibler ceux qui s'expriment haut et fort contre les politiques du gouvernement, ceux en quête de justice. L’État demande activement les avis du public sur l'efficacité de son action. Mais comment les donner si on risque d'être puni pour des messages en ligne ? Nos chiffres montrent que 90 % du temps la loi est utilisée pour contre-attaquer en justice, menacer, se venger, et faire taire les individus.

Cédant à la pression de l'opinion, le Bureau du Procureur général a décidé le 19 novembre 2018 de différer la peine de Nuril.

Pendant tout ce temps, aucune mesure judiciaire n'a été prise à l'encontre de Muslim, en dépit du jugement de première instance et des preuves qu'il a harcelé sexuellement de multiples enseignantes ayant fait partie de son personnel. Mataram, la ville qui l'emploie désormais comme chef du service de la Jeunesse et des sports, a promis de ne pas agir contre lui.

Cette chanteuse jamaïquaine touche une corde sensible en prétendant avoir blanchi sa peau

mardi 27 novembre 2018 à 22:27

Arrêt sur image de Spice issue de la vidéo sur YouTube de sa nouvelle chanson “Black Hypocrisy” [Hypocrisie noire], qui explore la problématique du “colorisme”.

Dans l'univers décidément masculin du dancehall [fr] jamaïquain, Grace Hamilton, connue sous son nom de scène Spice [fr], s'est fait une place de fonceuse. Sa carrière a décollé en 2009 quand elle s'est associée avec Vybz Kartel [fr] sur le titre controversé (et interdit) “Romping Shop“. Elle utilise régulièrement des paroles sexuellement explicites et s'attaque à des problèmes tabous de face, dont l'un, souvent passé sous silence dans les communautés noires : le “colorisme“.

En octobre 2018, Spice a surpris ses fans (qu'elle appelle affectueusement son “gang de Schtroumpfs”) en publiant un portrait d'elle sur Instagram avec une peau apparemment blanchie et de long cheveux blonds. Le lendemain, elle lançait sa nouvelle chanson “Black Hypocrisy“. Celle-ci aborde le colorisme, cette tendance insidieuse de continuer à privilégier les gens à la peau claire, causant de nombreux Jamaïquains noirs et de couleur à s'auto-discriminer.

Les fans ont été décontenancés par la nouvelle peau caramel de Spice. Avait-elle réellement “blanchi” sa peau et suivi une pratique largement répandue en Jamaïque ? Et pourquoi certains ont-ils aimé ?

Maître de conférence à l’Université des Indes occidentales, Isis Semaj Hall examine la réaction bienveillante des fans sur son blog :

It is important to note that Spice did not actually bleach her skin — but the fact that so many viewers thought she did (still think that she did and want to know what magic she used to get such quick, even, and outstanding results) proves that the issue of bleaching is bigger than we want to admit in the African diaspora …

How the viewer responded to the initial images of Spice that were posted by the artiste on her own social media accounts prior to the release of her music video, is a testament to the very subject that Spice was tackling: a to-the-core belief in brown and white skin privilege, a to-the-core belief that darker skin is a stumbling block in life, and a to-the-core lack of awareness about black hypocrisy regarding colorism.

Il est important de noter qu'en réalité Spice n'a pas décoloré sa peau. Mais le fait que tant de personnes aient pensé qu'elle l'avait fait (le pensent encore et veulent savoir par quelle magie elle a obtenu un résultat aussi rapide, homogène et remarquable) prouve que le problème de la décoloration est plus important qu'on ne veut bien l'admettre dans la diaspora africaine…

La façon dont un spectateur réagit aux photographies initiales de Spice, postées par l'artiste sur ses propres comptes de réseaux sociaux avant le lancement de sa vidéo musicale, est un témoignage du sujet même auquel Spice s'attaque : une croyance profondément ancrée en un privilège blanc et marron, une croyance profondément ancrée qu'une peau noire est un obstacle dans la vie, et un manque de sensibilisation profond quant à l'hypocrisie noire sur le colorisme.

La commentatrice culturelle ajoute :

Spice rides a reggae riddim [rhythm] to deliver a timely message on skin bleaching, self-hate, and the legacy of colonialism that is imprinted on the minds and skins of too many in Jamaica.

Spice surfe un rythme reggae pour remettre un message opportun sur la décoloration de la peau, la haine de soi et l'héritage de la colonisation, qui sont gravés dans les esprits et les peaux de beaucoup trop de Jamaïquains.

La position de Spice semble avoir également trouvé un écho parmi les Africains Américains. Le site internet culturel Afropunk.com a commenté :

The Jamaican songstress’ stunt — putting images of herself with ‘bleached’ skin on the internet and stating in interviews that the change in her complexion was to please her Black audience — was done in an effort to expose the very real danger of unchecked colourism in the BLACK community.

Many times, we shy away from the colourism conversation from fear of being confronted, challenged and called out for participation. Spice revealed that she doesn’t receive negative responses regarding her complexion from white people, but rather from Black folks. This is a common reality for many people with dark skin. Any attempt to rip the Band-Aid off of this generations-old wound is welcomed. We cannot heal what we refuse to acknowledge.

Le coup de la chanteuse jamaïquaine (montrer sur internet des images d’elle-même avec une peau “blanchie” et déclarer dans des interviews qu'elle a changé de teint pour plaire à son public noir) a été accompli comme une tentative d'exposer le danger très réel du colorisme incontrôlé dans la communauté NOIRE.

Bien des fois, nous reculons devant une conversation sur le colorisme, par peur d’être confronté, mis au défi et appelé à participer. Spice révèle qu'elle ne reçoit pas de réactions négatives sur son teint de la part de personnes blanches, mais plutôt de personnes noires. C'est une réalité courante pour beaucoup de personnes à la peau foncée. Toute tentative d'arracher le pansement de cette blessure de plusieurs générations est bienvenue. Nous ne pouvons pas guérir de ce que nous refusons d'admettre.

Deux semaines après avoir publié la photographie en question, la flamboyante star a confirmé qu'elle n'avait en fait pas blanchi sa peau :

Spice révèle que le “blanchiment de sa peau” était un coup pour mettre le colorisme en lumière.

Elle explique sur Instagram :

On October 22nd I posted a picture of myself where I looked like I altered my appearance and metamorphosis to match the ‘Eurocentric beauty standards’. I fearlessly addressed an issue that has been swept under the rug and boldly took the stance in bringing a taboo topic to the forefront. I chose to do this in the manner I did because I believe Colorism is plagiarizing (sic) our black community … I want to openly say it was not a ‘publicity stunt’. I wanted to create awareness of ‘Colorism’ and it was more so done intentionally to create shock value so that I could have the world's undivided attention to deliver the message in my music.
There are dark skin[ned] women across the world complaining every day that they are being downplayed and degraded, but the raw truth is it is us ‘black women’ and ‘black men’ that are fighting against each other and tearing down our own race.

Le 22 octobre j'ai publié une photo de moi sur laquelle j'avais l'air d'avoir altéré mon apparence et de m'ëtre métamorphosée pour correspondre aux “standards de beauté eurocentriques”. Je me suis bravement attaquée à un problème passé sous silence et ai pris une position courageuse en amenant un sujet tabou sur le devant de la scène. J'ai choisi de le faire de cette facon parce que je crois que le colorisme plagiarise [sic] notre communauté noire […] Je tiens à dire publiquement que ça n'était pas un “coup de pub”. J'ai voulu créer une prise de conscience du “colorisme” et l'ai fait intentionnellement pour créer un choc, afin d'obtenir l'attention pleine et entière du monde pour transmettre ce message dans ma musique.
Dans le monde entier, des femmes à la peau foncée se plaignent chaque jour qu'elles sont minimisées et avilies, mais la brutale vérité, c'est que ce sont nous, les “femmes noires” et les “hommes noirs” qui nous battons les uns contre les autres et détruisons notre propre race.

L'auteure jamaïquaine primée Nicole Dennis-Benn, qui a dénoncé le colorisme dans son roman “Here Comes the Sun”, applaudit le coup de Spice :

Spice fait voler en éclats la couverture du colorisme toute seule.

Les réactions des fans de dancehall ont été plus variées. Certains se sont sentis plus forts :

Spice, j'ai regardé votre vidéo Black Hypocrisy quand elle est sortie et je soutiens votre message complètement. Je ne comprends pas pourquoi NOUS, en tant que noirs, jugeons les nôtres. Nous devons nous améliorer.

D'autres ont questionné la motivation de la chanteuse :

L'impact négatif sur les Noirs est évident dans la facon dont Spice est fière de parader comme une dupe blanchie… Elle en fait davantage pour appuyer cet état d'esprit d'esclave… que pour élever les gens à la peau noire… pour la célébrité… la gloire… trente pieces d'argent…

Beaucoup ont remarqué que le problème n'était pas nouveau et se sont demandés si les gens était prets à faire ce qui est nécessaire pour sortir du statu quo :

Où étaient les campagnes et les mouvements ? Je crois que nous ne sommes pas révoltés par le colorisme en Jamaïque. C'est presque un sujet de conversation à la mode, et pas quelque chose que nous voulons vraiment réparer.

Finalement, tout cette controverse a mené au lancement de la nouvelle compilation de Spice :

Bonjour les Schtroumpfs. Soyez en avance.

Alors était-ce simplement un coup publicitaire ? Spice a le dernier mot sur Instagram :

To put an end to the debate ‘I DID NOT BLEACH MY SKIN’ and I quote ‘Proud a mi colour, love mi pretty black skin, respect due to mi strong melanin’ words from my ‘Black Hypocrisy’ song that I wrote from my heart.

Pour terminer le débat, “JE N'AI PAS BLANCHI MA PEAU” et je cite les paroles de ma chanson “Black Hypocrisy”, “Fière de ma couleur, j'aime ma jolie peau noire, respecte ma mélanine”, chanson que j'ai écrite avec mon coeur.

Quant à savoir si ce message trouvera un écho chez ses fans, c'est une autre question.

‘Je suis prêt à aller en prison’ : à Hong Kong, le fondateur du Mouvement des Parapluies offre de l'espoir avant son procès

mardi 27 novembre 2018 à 18:51

Benny Tai, Chan Kin-man et le Révérend Chu Yiu-ming. Photo : Ezra Cheung via Hong Kong Free Press dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

Cet article a été rédigé par un collectif de diplômés en sociologie de l'Université chinoise de Hong Kong, et est initialement paru sur GV en anglais le 18 novembre..

Les trois fondateurs du mouvement “Occupy Central” de Hong Kong, plus connu sous le nom de “Mouvement des parapluies“, sont passés en jugement jugés le lundi 19 novembre 2018 pour complot en vue de commettre des troubles à l'ordre public et incitation aux troubles à l'ordre public. S'il est reconnu coupable, le professeur de sociologie Chan Kin Man, le professeur de droit Benny Tai, le révérend Chu Yiu-ming, ainsi que six autres militants favorables à la démocratie encourent [en] une peine maximale de sept ans d'emprisonnement.

Le « Mouvement des parapluies » est une manifestation massive qui s'est déroulée de septembre à décembre 2014 et qui a revendiqué le droit des citoyens de Hong Kong à nommer le plus haut dirigeant de la ville. Cependant, le gouvernement de Hong Kong a fini par déployer des gaz lacrymogènes contre les manifestants pacifiques, qui se sont ensuite dispersés et ont “occupé” trois grands centres-villes à Central, Causeway Bay et Mongkok.

La manifestation de sit-in sans précédent a pris fin en décembre après des affrontements avec la police. Depuis lors, plus d'un millier de militants ont été arrêtés pour avoir participé aux manifestations, plus de 220 ont été poursuivis [en] et 81 ont été condamnés à des peines de prison.

« Je suis prêt à aller en prison »

A l'approche de son procès, le professeur Chan a donné une conférence à l'Université Chinoise le 14 novembre, en compagnie de Benny Tai, Chu Yiu-ming et leurs six autres coaccusés. Plus de 600 personnes, principalement des anciens étudiants et des militants démocrates de Chan, ont assisté à la conférence de trois heures intitulée « Hommage aux Illuminateurs ».

Le professeur de sociologie, âgé de 59 ans, a expliqué que, anticipant une éventuelle peine de prison, il avait demandé une retraite anticipée cette année.

Pour encourager la jeune génération à se lever pour défendre ses convictions, il a déclaré :

I am prepared to go to jail… So long as we are not crushed by the trial and the prison sentence, and we do not become depressed or angered, then we will come out stronger.

Je suis prêt à aller en prison … Tant que le procès et la peine de prison ne nous écrasent pas et que nous ne devenons pas déprimés ni en colère, nous en sortirons plus forts.

Il a souligné qu'il n'était pas pessimiste quant à l'avenir et qu'il ne ressentait ni colère ni tristesse, seulement de la gratitude. Il a dit être ému par le soutien que lui et d'autres avaient reçu :

It makes me believe in the goodness in people – it is our hope. I hope you do not give up – “we can only see the stars in the darkest hours.”

Cela me fait croire en la bonté des gens – c'est notre espoir. J'espère que vous n'abandonnerez pas – « nous ne pouvons voir les étoiles que dans les heures les plus sombres ».

Parcours vers la désobéissance civile

Chan a raconté son parcours de militant qu'il fait remonter à 1977 lorsqu'il avait été invité par un étudiant de haut rang à une manifestation concernant la mauvaise gestion du lycée Jubilee. Après la manifestation, il choisit la sociologie comme principale matière à l'Université Chinoise.

Au cours de ses années universitaires, Deng Xiaoping, ancien haut dirigeant de la Chine, avait adopté une politique d'ouverture. Cependant, la libéralisation économique n'a pas conduit à un environnement politique plus ouvert. Chan a été inspiré par l'activiste chinois Wei Jingsheng qui a été condamné à 15 ans de prison pour avoir écrit un long article de 1978 sur « la cinquième modernisation », à savoir la modernisation politique. Chan a également admiré Hu Ping, un étudiant de premier cycle de l'université de Pékin en 1979, qui écrivait pour un journal clandestin sur la valeur de la liberté d'expression et affirmait que « si une personne perd la volonté d'exprimer ses opinions et ses droits, elle deviendra un esclave et un outil [politique] ».

À cette époque, Taïwan était sous la loi martiale et la dictature du Kuomingtang. De nombreux jeunes ont également défendu la démocratie, inspirant d'autres communautés chinoises en Asie, y compris à Hong Kong. Il se souvient encore du sourire du militant politique taïwanais Shih Ming-teh [en] lorsqu'il a été condamné à la réclusion à perpétuité en 1979.

Au début des années 80, les gouvernements britannique et chinois entamèrent des négociations diplomatiques sur l'avenir de Hong Kong. Un débat animé eut également lieu à Hong Kong à l'époque avec Chan et le syndicat d'étudiants de l'Université Chinoise en faveur d'un « retour démocratique » en Chine.

Chan est allé à l'université de Yale aux États-Unis pour ses études de doctorat. Là-bas, il a été influencé par le professeur espagnol Juan J. Linz, dont la théorie politique est liée au mouvement de démocratisation dans des pays comme le Brésil.

Quand Chan est rentré de Yale à Hong Kong en 1992, il a décidé de promouvoir le développement de la société civile en Chine continentale. Au même moment, il a rejoint le mouvement pro-démocratique à Hong Kong. Même à cette époque, il affirmait à quel point Hong Kong remplissait toutes les conditions préalables à la démocratie : une société civile robuste, l'état de droit et l’existence d’une opposition politique.

Cependant, dans le contexte politique actuel et la répression du Mouvement des Parapluies, comment le peuple de Hong Kong peut-il passer à autre chose ? Chan a évoqué les luttes de longue haleine de Nelson Mandela, Martin Luther King et Mohandas Karamchand Gandhi. Il estime que la détention de Nelson Mandela a donné au mouvement de désobéissance civile une force morale suffisante et une inspiration pour défier le parti au pouvoir.

Chan a révélé avoir tenté de communiquer avec Pékin avant de choisir de jouer un rôle actif dans le mouvement de désobéissance civile. Mais la communication a échoué et il s'est rendu compte que Pékin n'accorderait pas une véritable démocratie au peuple de Hong Kong. Par coïncidence, Benny Tai a écrit un article de journal sur la désobéissance civile et l’a approché pour instaurer une action “Occupy Central”. Chan a estimé que le taux de réussite n'était que de 5 %, « mais si la cause est juste, pourquoi ne pas prendre la chance de 5 % ? »

Il a terminé sa conférence par une citation de Lust for Life d'Irving Stone, une biographie fictive de Vincent van Gogh :

You cannot be firmly certain about anything. You can only have enough courage and strength to do what you consider to be right. Maybe it turns out that was wrong, but still you would have done this, and it is most important.

Vous ne pouvez être fermement certain de rien. Vous ne pouvez qu'avoir suffisamment de courage et de force pour faire ce que vous estimez être juste. Peut-être qu'il s'avèrera que c'était une erreur, mais vous l'aurez quand même fait, et c'est le plus important.

Et son conseil aux étudiants :

I want you to follow your nature, create truth, goodness, beauty, I want you to feel your life is worthy.

Je veux que vous suiviez votre nature, créiez la vérité, la bonté, la beauté, je veux que vous sentiez que votre vie en vaut la peine.

Lors du forum public, il a été interrogé sur la manière dont il communiquait avec la nouvelle génération de jeunes militants radicaux qui croient en l'indépendance de Hong Kong. Voici sa réponse :

Although I don’t agree with independence nor violence, I understand they are doing what they could to find a way out for Hong Kong, and are searching for a new discourse of democracy. They argue intensely with me, or outrightly ignore me, but at least they haven’t given up, and still hope to find a way. It is a chaotic situation, no one would be entitled to say that he/she knows best. I could only offer them some insight about potential problems, to the best of my experience and knowledge.

Bien que je n'approuve ni l’indépendance ni la violence, je comprends qu’ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour trouver une issue à Hong Kong et cherchent un nouveau discours démocratique. Ils discutent ardemment avec moi ou m’ignorent carrément, mais au moins ils n’ont pas abandonné et espèrent toujours trouver un moyen. C'est une situation chaotique, personne ne serait en droit de dire qu'il/elle sait mieux que quiconque. Je ne pouvais leur offrir qu'un aperçu des problèmes potentiels, au meilleur de mon expérience et de mon savoir.

Il était heureux que les gens aient réfléchi à leur position politique et à leur stratégie après le Mouvement des Parapluies. Chan a cité Edward Leung comme exemple. Ce jeune de 27 ans, militant pour l'indépendance pro-Hong Kong, a été condamné à six ans d'emprisonnement pour avoir pris part à une émeute à Mongkok en 2016 :

I could see it on Edward Leung, that he did a lot of reflection… He remarked, ‘Independence might not be the only way,’ and [now] he’d talk about this sort of things. I could also see it on other senior democrats, as they start to understand the frustration behind the slogan ‘I am Hongkonger, not Chinese’. I hope such kind of empathy would be a starting point for mutual understanding.

Je pouvais le voir sur Edward Leung, qu’il avait beaucoup réfléchi… Il a déclaré : « L’indépendance n’est peut-être pas la seule voie », et [maintenant] il parle de ce genre de choses. Je pouvais également le voir sur d’autres démocrates de haut rang, qui commençaient à comprendre la frustration derrière le slogan « Je suis Hongkongais, pas Chinois ». J'espère que ce genre d'empathie sera un point de départ pour la compréhension mutuelle.