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Comment des petits-déjeuners gratuits ont fait retourner 500 filles à l'école au Yémen

samedi 29 décembre 2018 à 16:49

Des élèves prennent le petit-déjeuner dans leur école. Photo de Faten pour Solidarios sin Fronteras. Utilisation autorisée.

Du fait des pénuries aiguës causées par la guerre au Yémen, un nombre croissant de familles n'ont d'autre choix que de retirer leurs enfants de l'école. Les filles sont souvent livrées à un mari dès l'âge de 13 ans. Pourtant, une école de la capitale Sanaa a découvert une solution modeste mais efficace.

L'ONG Solidarios sin Fronteras (basée en Espagne et au Yémen) gérée par une équipe de bénévoles et financée essentiellement par des dons individuels — certains aussi minimes qu'un euro par mois—, a commencé à fournir un petit-déjeuner complet aux élèves de cette école de filles, âgées de 6 à 16 ans. Avant le démarrage du projet, une sur cinq étaient absentes. Petit à petit, elles se sont mises à revenir, et depuis septembre 2018, toutes les 525 élèves viennent régulièrement en classe, disent les fondatrices de Solidarios.

J'ai parlé sur WhatsApp avec deux des fondatrices de l'ONG : Eva, que j'ai rencontrée en personne quelques années auparavant à Barcelone, et Faten, qui est au Yémen. Elles m'ont raconté comment est né leur projet “Petits-déjeuners pour éduquer et protéger”. Elles m'ont aussi demandé de ne pas révéler leur nom entier ni celui de l'école, ceci pour des raisons de sécurité.

En mars 2018, un des enseignantes de l'école a pris contact avec Faten au sujet d'une fillette de 8 ans qui paraissait devenir plus maigre et plus épuisée jour après jour. Soudain elle cessa de venir en classe. Elle n'était pas la première à abandonner, mais la plus jeune à le faire. La maîtresse parla à la famille, qui était dans un besoin extrême et avait reçu des propositions d'épouser leur fille.

En parlant avec Faten, la maîtresse se demanda si un repas quotidien pouvait motiver les familles à maintenir leurs filles à l'école. L'idée était née. Faten raconte :

Most of [these girls are] daughters of workers of the textile factory, which was completely destroyed [in the bombings]. The families haven't [had any] salary for 3 years. How could they cover food expenses? […] The most important thing is that we're supporting them to complete their education. Their families [are also] happy, as keeping them at school prevents them from staying at home or getting married at such a young age.

La plupart sont les filles d'ouvriers de l'usine textile, qui a été totalement détruite [dans les bombardements]. Les familles n'ont plus de salaire depuis 3 ans. Comment pourraient-elles payer pour la nourriture ? […] Le plus important est que nous les soutenons pour qu'elles terminent leur scolarité. Leurs familles [aussi] sont contentes, car les garder à l'école leur évite de rester à la maison ou de se retrouver mariées à un si jeune âge.

En mars 2018, l'ONU a déclaré la crise humanitaire au Yémen la pire au monde. Avec le chômage et l'inflation qui font rage, 80 pour cent des familles du pays sont endettées, et 65 pour cent peinent à s'acheter de quoi manger.

Solidarios sin Fronteras (SSF) a consulté un pédiatre pour établir le menu des petits-déjeuners. Faten fait les courses tous les matins et un couple marié vient dans sa cuisine préparer, emballer et transporter la nourriture. Elle profite de ses 45 minutes de pause au travail pour foncer à l'école aider les enseignantes à distribuer les repas. Parfois, ses frères viennent aussi donner un coup de main.

Cette philosophie de débrouille vaut aussi pour les trois autres programmes de l'organisation. “L’Aide alimentaire aux familles” distribue des colis alimentaires aux familles en situation de grande précarité dans les villes de Sanaa, Aden, Amran, Raydah, Hodeidah, Al Dorihimi, et aux familles déplacées de Taiz. “Eau pour le Yémen” entretient les réservoirs d'eau dans les camps de déplacés internes d'Amran et de Raydah, et Reconstruire Socotra” fournit du ciment pour reconstruire les maisons et creuser des puits dans l'île de Socotra, dévastée par des ouragans en 2015.

“Si on le faisait nous-mêmes ?”

Les petits-déjeuners préparés et distribués chaque matin à l'école. Photo de Faten pour Solidarios sin Fronteras (Solidarité sans Frontières). Utilisation autorisée.

C'est lors d'un voyage au Yémen en 2012 qu'Eva a fait la connaissance de Faten. Eva observait une fête d'anniversaire à la table voisine d'un café de Sanaa, et la jeune fille qui avait son anniversaire lui offrit du gâteau. Cette jeune fille, c'était Faten. Elles sont devenues amies et se sont revues plusieurs fois depuis, la dernière fois en 2015, lors de la dernière visite d'Eva à Sanaa. Faten se souvient :

A few weeks after the war began, I was on WhatsApp (as usual) and I asked Eva, “can we do something to help?”. She answered that she would look for an organization in Spain with her friend Noèlia, and I was to look for one here in Yemen.

Quelques semaines après la guerre a commencé. J'étais sur WhatsApp (comme d'habitude) et j'ai demandé à Eva si nous pouvions nous rendre utiles. Elle a répondu qu'elle allait chercher une organisation en Espagne avec son amie Noèlia, et je devais en chercher une ici au Yémen.

Eva, qui a 15 années d'expérience dans le développement international, n'a pas trouvé d'ONG de terrain travaillant au Yémen à qui elle puisse faire confiance. C'est ainsi que Faten et elle ont décidé, avec une troisième amie, Noèlia, de créer la leur cette même année.

Les trois femmes forment une équipe de direction bénévole et comptent sur des volontaires de confiance dans les deux pays. Eva et Noèlia, qui vivent en Espagne, se chargent de la levée de fonds et de la communication par les médias sociaux, la radio, la presse écrite et les conférences pour faire connaître leur travail et attirer les donateurs. La plupart des gens font leurs dons en ligne, et SSF finance de façon participative chacun des projets séparément. Faten est responsable de la gestion des opérations sur le terrain — souvent depuis chez elle. Toutes trois dirigent ensemble et jonglent pour conjuguer leurs tâches dans l'ONG avec leurs emplois au quotidien.

Elles partagent régulièrement photos, vidéos, et informations détaillées sur les pages de médias sociaux de SSF. Elles diffusent aussi du contenu pour sensibiliser à la guerre au Yémen, en particulier sur le rôle de l’Espagne et d'autres pays qui vendent des armes utilisées dans cette guerre.

Les Vénézuéliens frémissent en découvrant le contrat de reconnaissance biométrique passé avec un géant chinois de la technologie

samedi 29 décembre 2018 à 11:31

Le recto du Carnet de la Patrie, sans l'identification et la photo (qui se trouverait normalement en haut à droite). Image par Jamez42 via Wikimedia Commons (CC BY-SA 4.0)

Quand Reuters a révélé en novembre 2018 que le gouvernement vénézuélien avait signé un contrat avec la société chinoise ZTE pour le développement d'un système national d'identification biométrique, les réactions dans l'opinion ont été mêlées.

L'information a choqué tant au Venezuela qu'à l'international. Mais pour ceux qui suivent de près la façon dont le gouvernement vénézuélien resserre son étau sur les données personnelles et les communications de la population, l'information représentait un nouveau chapitre dans ce qui est devenu une longue histoire.

L'article confirmait les soupçons et dénonciations remontant à plusieurs mois, et accroissait les craintes que l'alliance avec ZTE ne rapproche le Venezuela de la mise en œuvre d'un système de crédit social similaire à celui existant en Chine. Un système qui déterminerait quels citoyens accéderaient aux services de base en fonction de leurs allégeances politiques. L'article a aussi amené les USA à engager une enquête sur le rôle de ZTE au Venezuela.

A quoi sert la Carte de la Patrie ?

L'article de Reuters pointait la participation de ZTE  au développement d'un système de contrôle dont l'outil premier est le “Carnet de la Patria”. Cette pièce d'identité saisit de multiples éléments de données personnelles couplées avec un code QR unique et personnalisé. Le Carnet de la Patrie sert aussi de porte-monnaie numérique à l'intérieur d'un système de paiements électroniques.

La Carte de la Patrie a été énergiquement promue par les autorités, et vise à faciliter de multiples services publics. La carte peut être demandée spontanément et est gratuite. Pendant la procédure d'acquisition, quiconque veut l'obtenir doit répondre à des questions sur sa situation économique et sociale.

Les titulaires de la carte obtiennent accès à l'alimentation et aux médicaments, qui se sont dangereusement raréfiés avec la crise politique et économique au Venezuela. Ils peuvent aussi accéder à certains emprunts publics et réductions sur l'essence, qui ont récemment pris de l'importance. Après des décennies où ils étaient quasiment symboliques, les prix de carburant sont désormais comparables aux niveaux internationaux.

Le verso de la Carte de la Patrie. Les images au milieu montrent, sur la gauche, la silhouette de l'ex-président Hugo Chávez, et, sur la droite, celle de Simón Bolivar. A gauche se trouve l'emplacement du code-barre, effacé pour protéger l'anonymat du titulaire de cette carte. Le texte du logo en bas à droite est “Venezuela indestructible”. Image partagée par “Jamez42″ sur Wikimedia, licence Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International.

En principe, la Carte de la Patrie a été introduite dans un objectif de rationalisation de la distribution alimentaire administrée par l’État. Plus récemment, elle a été intégrée dans les procédures étatiques d'accès aux documents juridiques et personnels, qui peuvent être particulièrement difficiles à obtenir au Venezuela.

On estime que plus de 70% des Vénézuéliens sont déjà porteurs de la carte. Si beaucoup d'entre eux s'identifient comme des fidèles du chavismo (l'idéologie politique de Hugo Chávez, le prédécesseur du président Nicolás Maduro), des Vénézuéliens qui s'identifient comme opposants à l'idéologie dominante se sont également inscrits dans le système en vue d'accéder à leurs documents personnels.

Les avantages de la carte s'accumulent avec le temps. Début 2018 (un mois et demi avant l’élection présidentielle), Nicolás Maduro annonçait que la carte serait exigée pour les bons de logement et le paiement des retraites.

Carte de la Patrie et contrôle social

Des spécialistes disent que la Carte de la Patrie a d'autres objectifs. Fiorella Perfetto de Caraota Digital soutient que la signature des contrats entre la compagnie vénézuélienne des télécommunications et ZTE en février 2017 fait partie d'un plan plus vaste élaboré par l'ancien Président Hugo Chávez avec la Chine au début de sa présidence.

En 2016, le technologue et écrivain Omar Castro a analysé un grand nombre de tweets en lien avec ce sujet, notant à propos de ceux qui faisaient un parallèle avec des cartes de rationnement :

A fin de cuentas es el pueblo quien seguirá pagando la improvisación en el área económica, no es cuestión de instrumentos financieros […]¿cual es el trasfondo de esta tarjeta?

En fin de compte, c'est le peuple qui continuera à payer l'improvisation économique, ce n'est pas une question d'instruments financiers […] Quel est le vrai sens de cette carte ?

La carte a aussi concentré les critiques lors des élections régionales et municipales de 2017 et la présidentielle de 2018.

De nombreux votants ont raconté qu'en se rendant aux urnes, il y avait un “kiosque de Cartes de la Patrie” à quelques mètres du bureau de vote. Les électeurs ayant une Carte de la Patrie étaient invités à s'enregistrer au kiosque, et ce faisant se voyaient promettre un accès prioritaire à l'alimentation et à des primes. Ceux dépourvus de la Carte de la Patrie ont connu des sorts variables. Certains étaient encouragés à s'enregistrer dans le système, d'autres y étaient contraints. Et on a dit à quelques-uns qu'ils ne pouvaient pas voter s'ils ne s'inscrivaient pas pour la Carte de la Patrie.

Au même moment, des employés de la campagne d'opposition à Maturín ont rapporté que trois bureaux de vote n'autorisaient pas les citoyens à voter s'ils ne présentaient pas une Carte de la Patrie.

La carte doit servir à pallier l'accès limité à l'argent liquide, l'hyperinflation et la sévère pénurie de produits alimentaires et de médicaments. Mais on peut aussi y voir un élément d'une vaste opération de l’État pour contrôler l'information, qu'elle se veuille privée ou publique. Cela comporte aussi des coupures de l'internet, des attaques contre les médias en ligne, et la censure permanente des média qui ne sont pas alignés sur le gouvernement, ainsi que la pénurie de papier, entre autres fournitures.

En août 2018, le politologue Leonard Reyes a analysé dans un fil Twitter quelques-uns des différents types de réactions individuelles à la carte, entre autres l'idée que le système s'effondrerait délibérément en demandant des services :

L'enkystement de cette narco-tyrannie n'est pas basé sur sa capacité à “offrir” des services publics, mais à obtenir un avantage asymétrique de son “dégouvernement” pour rendre le citoyen toujours plus dépendant de l’État et – de plus en plus – soumis au contrôle social.

Victor Drax, de Caracas Chronicles, un collectif de médias indépendants, a expliqué ce qu'un système de contrôle, dans le contexte du Venezuela par la Carte de la Patrie, pouvait signifier pour ceux qui s'en servent — et ceux qui ne s'en servent pas :

Remember what we’ve been saying about the carnet de la patria as an instrument of oppression? Reuters just published a thorough investigation about the thing, and it’s so fucking perverse, it’s baffling […] You know what this means? After you get on the system, the State can come directly to you and say “I know your mother needs medicine. I have it, and you’ll only get it if you do what I want.” This is how the State knows what to do when the time comes to exploit us.

Vous vous rappelez ce que nous disions du carnet de la patrie comme instrument d'oppression ? Reuters vient de publier une enquête fouillée sur la chose, et c'est déroutant de perversité. […] Vous savez ce que ça veut dire ? Une fois que vous êtes entré dans le système, l’État peut s'adresser directement à vous et dire “Je sais que votre mère a besoin de médicaments. Je les ai, et vous ne les obtiendrez que si vous faites ce que je veux”. Voici comment l’État sait quoi faire quand le moment vient de nous exploiter.

Une suite d'articles publiés en ligne par des médias nationaux et internationaux, tout comme les discussions en ligne, continuent à rendre évident que la carte n'est que qu'un maillon d'une longue série d'actes destinés à isoler le pays et à contrôler la population. Il en ressort que ces efforts n'ont pas débuté avec le gouvernement de Nicolás Maduro, et qu'ils s'infiltrent par des voies pas encore tout à fait discernables. Dans cette logique, Drax conclut :

Now you see why Nicolás [Maduro] has been so desperate to get everyone on board with the Fatherland Card […] To say that this tramples over the Constitution is an understatement, especially after 20 years of chavismo. Want to know the best part?

This all came from Hugo Chávez himself.

A présent vous voyez pourquoi Nicolás [Maduro] cherche si désespérément à embarquer tout le monde avec la Carte de la Patrie. […] Dire que ceci piétine la constitution est une litote, surtout après 20 ans de chavisme. Et vous savez la meilleure ?

Tout ceci est venu de Hugo Chávez lui-même.

Le nouveau calendrier Twitter macédonien conjugue photographie artistique de nu et levée de fonds humanitaire

vendredi 28 décembre 2018 à 13:25

Trois photos du calendrier Twitter 2019 publié en Macédoine. Photos de Zvonko Plavevski, CC BY-NC-ND 4.0

Le nouveau calendrier Twitter (#ТвитерКалендар), qui présente une collection de photos artistiques de nus, a été lancé dimanche soir à Skopje, la 4ème édition de cette initiative, qui fait don du produit des ventes pour soutenir diverses causes humanitaires. La recette de cette année ira à une association qui travaille avec les sans domicile fixe.

L'auteur du calendrier Twitter 2019 est le photographe Zvonko Plavevski (), et les modèles, des bénévoles de la twittosphère macédonienne qui ont répondu à un appel ouvert sur ce réseau social.

Photo amateur du photographe professionnel et activiste numérique Zvonko Plavevski, prise lors de la promotion du calendrier Twitter.

Pour ne pas déroger à la tradition respectée pour les éditions précédentes, les fonds collectés en vendant la version papier glacé seront donnés à des fins humanitaires. La promotion de l'édition 2018 se fait par une exposition des photographies dans un bar du centre de Skopje.

[espace d'exposition du [#TwitterCalendar

En décembre 2013, un collectif de militants avait publié le premier calendrier Twitter pour sensibiliser au cancer du sein. L'année suivante, le calendrier de 2014 avait promu l'éducation sexuelle et l'égalité de genre.

Plavevski a continué la tradition en décembre 2016 en publiant le calendrier pour 2017. L'équipe en charge décida de donner les fonds collectés à une ONG fournissant des produits de base, alimentation et vêtements, à des personnes sans abri et à des familles vivant dans la grande pauvreté.

Dans une déclaration à Global Voices, Plavevski a expliqué que la phase de préparation prenait environ deux mois.

Cette année les participant.e.s étaient plus désireux qu'avant de prendre part aux prises de vues. L'attitude du public a elle aussi changé, la nudité n'est plus jugée aussi choquante. L'audience semble s'être habituée au nu artistique, attendait avec impatience le calendrier et a apporté des critiques de ses qualités artistiques.

Les événements annuels de la communauté Twitter

A côté du calendrier Twitter, la communauté Twitter macédonienne a créé plusieurs autres traditions et coutumes, parmi lesquelles deux événements récurrents qui ont marqué la fin de l'année.

La première tradition est de dresser un arbre de Noël fait de bouteilles plastiques rassemblées collectivement, dans l'intention de sensibiliser à l'importance du recyclage. Une tradition, inspirée de l'exemple de Kaunas, en Lituanie, qui a démarré en 2011.

Les participants s'organisent sous le hashtag , combinant le mot “elka” qui signifie sapin, et le code de pays MK. En macédonien, l'expression “Sapin de Noël” est “Sapin du Nouvel An” (новогодишна елка) et est associée davantage à la fête de la Saint-Sylvestre qu'aux traditions chrétiennes orthodoxes locales de Noël, qui se célèbre le 7 janvier selon le Vieux-Calendrier.

L'opération comporte un rassemblement dont les participants apportent chacun des bouteilles en plastique de différentes couleurs, pour finalement les assembler en forme d'arbre. L'événement fait aussi figure de célébration d'esprit communautaire, avec repas partagé.

#ElkMK est prêt !

La troisième initiative à revenir chaque année est appelée #LesPrixTwitter () et repose sur un vote collectif dans des catégories telles que “meilleur hashtag”, “meilleur” twittos masculin et féminin, “meilleur créateur” et autres récompenses. De par sa nature, elle porte un peu à controverse, car la confiance publique dans la société macédonienne est mise à mal par la violation des mécanismes électoraux par les partis politiques ; beaucoup regardent donc tout type de vote avec suspicion.

Bravo aux organisateurs des #PrixRwitter pour leur persévérance qui a permis à cet événement de survivre malgré tous les commentaires haineux…

Après le vote en ligne, les prix ont été présentés lors d'un événement public avec de la mise en scène et de la fréquentation entre utilisateurs de Twitter qui n'auraient pas eu l'occasion de se connaître avant en personne. Les Prix Twitter rendent aussi hommage aux membres de la communauté disparus depuis la précédente cérémonie.

Hier je suis allé aux #PrixTwitter, @vikoheyeah a fait son possible pour faire plaisir à tous, alors je résume…
– J'étais le plus âgé présent
– Plein de beaux jeunes hommes et femmes
– Les “dieux de Twitter” n'y étaient pas, comme les autres [de l'élite] dans ce pays, ils font preuve de leur arrogance et ne se montrent pas…
– @kamijon007 était superbe !

Même si le calendrier, l'arbre de Noël et la cérémonie des prix ne sont pas propres à la twittosphère macédonienne, il y a de quoi montrer le potentiel qu'a ce réseau social pour créer une communauté et un changement social positif.

Rencontres avec des défenseurs des droits de l'homme dans les banlieues de São Paulo

jeudi 27 décembre 2018 à 19:42

DJ Leo Sheik milite pour le droit au logement | Photo: Andressa Oliveira/Droits de publication et d'utilisation autorisés.

Ce reportage de João Paulo Brito, initialement publié sur le site de Agência Mural, est publié ici en partenariat. 

João Paulo Alencar, “Todyone”, est un artiste plasticien de 35 ans et organise des “mutirões” (rassemblements populaires de proximité) de graffiti à Guaianases, un quartier de São Paulo. Un peu plus loin, à Lajeado, Keli de Oliveira Rodrigues, 38 ans, dirige un centre d'accueil pour des femmes victimes de violences domestiques. Rodrigo Olegário, 41 ans, est leader d'une communauté qui lutte pour de meilleures conditions de vie dans son quartier à Vila Icaraí, district de Brasilândia. Leandro Mendes dos Santos, quant à lui, le DJ Leo Sheik, 26 ans, a gagné le respect des habitants du Morro da Kibon, à Santo André, une ville de banlieue, grâce à son engagement pour fournir des logements à ceux qui n'en ont jamais eu.

Toutes ces personnes ont en commun le fait de vivre dans les banlieues du “grand São Paulo [fr]” et chacune d'entre elles, à sa façon, consacre sa vie à une cause et à la défense des droits – des droits qui existent déjà et devraient être garantis.

La Déclaration des droits de l'homme se compose de 30 articles qui prônent les droits à la culture et aux loisirs, à la santé et au bien-être, au logement et à la vie, pour qu'il n'y ait plus de violence et de torture.

Et, il y a 20 ans, le 9 décembre 1998, l'Assemblée générale des Nations-Unies adoptait en réunion plénière la Déclaration sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales universellement reconnus.

Le racisme est un thème récurrent des graffitis de Todyone (Droits de publication et d'utilisation autorisés par l'auteur)

Militant(e) ou défenseur(e) 

Mais, qu'est-ce qui définit un(e) militant(e) ou un(e) défenseur(e) des droits de l'homme ? Ce concept véhicule des stéréotypes, explique Ana Claudia Cortez, 28 ans, diplômée en relations internationales, en sciences sociales, et titulaire d'une maîtrise en droits de l'homme.

En premier lieu, le militantisme est vu comme une façon d'affronter l'État, une tentative de saper le fonctionnement du gouvernement. Selon la spécialiste, au Brésil, les deux termes sont associés aux mouvements de gauche et au mot “idéologie”, considéré comme étroitement lié aux milieux progressistes.

“On les stigmatise aussi en prétendant que ceux qui défendent les droits de l'homme sont des défenseurs de bandits ou qu'ils sont eux-mêmes liés au crime. Mais ce que les gens ne comprennent pas, c'est que la garantie des droits d'une personne dépend de la garantie des droits de tous”, conclut-elle.

Originaire du Pernambouc, Todyone se considère comme un militant mais pas comme un défenseur des droits de l'homme . L'artiste a développé le concept de “graffiti communautaire” et, depuis 2009, il organise des “mutirões” qui attirent chaque année des dizaines de grapheurs pour peindre les murs de son quartier.

Aux côtés de son partenaire Nômade, avec le projet Grafitti Griot (“Griot” signifie conteur d'histoires en yoruba, une langue nigéro-congolaise), il parvient à faire revivre, grâce à la peinture, le concept d'éducation africaine et à le concilier avec la réalité urbaine.

“Je n'arrive pas à me donner ce nom [de défenseur des droits de l'homme]. C'est surréaliste. Peut-être que pour un play-boy qui n'a jamais vu un enfant obligé de vendre le lait qu'on lui donne à l'école pour faire des courses pour la maison, c'est plus facile de se considérer comme ça, mais pour moi, c'est un nom lourd à porter”, explique-t-il. Il confesse toutefois avoir déjà été menacé à cause de son travail.

Leo Sheik, dont les actions suscitent à la fois admiration et hostilité, s'est retrouvé spontanément à la tête des habitants du Morro do Kibon, dans la ville de Santo André, après avoir occupé un terrain vague il y a des dizaines d'années et l'avoir transformé en zone d'habitations où vivent près de 180 familles.

Aujourd'hui, il se partage entre son art, sa famille (son épouse et son fils) et l'organisation de ses terres occupées. DJ et producteur culturel, il y sert de médiateur dans les conflits comme les disputes conjugales et les bagarres pour le partage des espaces. Leo se souvient de son enfance pauvre dans un autre site occupé quand, à l'âge de 5 ans, il a été confronté à un processus de restitution de terres et s'est retrouvé sans-abri.

“Nous avons tous des droits. Le droit au logement est notre droit, comme le droit à la culture et aux loisirs”, explique-t-il. Mais il ressent une certaine difficulté à accepter le terme de militant : “Je pense que je ne connais pas la signification exacte du terme. Vous pouvez m'expliquer ?”

À Brasilândia, qui figure historiquement sur la liste des districts ayant les pires indices sur la carte des inégalités (Mapa da desigualdade), réalisée par Rede Nossa São Paulo (un groupe chargé de rétablir les valeurs du développement durable, éthique et de la démocratie participative), Olegário a commencé à militer justement en raison de son inquiétude face aux statistiques.

Dans le combat pour changer l'image de son quartier, en 2011, il a créé le “Programa Bairro Limpo: Quem ama cuida” (Programme quartier propre : qui l'aime en prend soin), qui combat les décharges illégales de déchets dans la communauté.

Ses bonnes intentions ne lui ont pas évité, cependant, les injures et les humiliations. Ces désagréments n'ont fait que l'inciter à “enrichir son bagage” en suivant des cours à la mairie, dans des collectifs contre l'extermination de la jeunesse noire, pauvre et banlieusarde, et au Centre d'études criminelles de la PUC (Université pontificale catholique). Aujourd'hui, il donne des conférences à des jeunes et des adultes et il travaille sur la prise de conscience de sujets comme la promotion de la citoyenneté, la lutte contre l'emprisonnement massif et le racisme.

Pour Keli, le travail qu'elle accomplit dans la Casa Viviane, un centre de prévention et de lutte contre les violences domestiques dans le quartier du Lajeado, ne peut pas être considéré comme du militantisme puisqu'elle est rémunérée comme coordinatrice de l'institution.

“La frontière est mince entre être militant ou ne pas l'être. Ce que je fais est un travail engagé avec des activités militantes”, explique-t-elle. Toutefois, étant donné son long parcours de militante, avec des passages à la Pastorale des jeunes, une entité liée à l'Église catholique, et à l'Institut Paulista de la jeunesse, la sociologue féministe se considère comme “totalement” défenseure des droits de l'homme.

Pour avoir défendu des femmes victimes de violences, Keli a subi des menaces anonymes par téléphone. Cela ne l'a cependant pas empêchée de continuer à exercer ses activités au Centre, comme au Chá Lilás, où des femmes du quartier trouvent un lieu sûr pour parler des douleurs d'une vie marquée par le machisme et la misogynie.

“Il faut garder présent à l'esprit que nous vivons dans un pays très réfractaire et opposé aux droits de l'homme. Ce n'est pas pour rien que de très nombreux militants sont tombés par ici et je pense nous allons vivre des moments encore bien plus douloureux”, estime-t-elle.

D'après Ana Claudia Cortez, la confusion entre les termes “militant(e)” et “défenseur(e) des droits de l'homme” est assez courante. Un militant est quelqu'un qui agit pour une cause déterminée, alors qu'un défenseur des droits de l'homme est quelqu'un qui se consacre à militer pour une cause spécifique qui défend un ou plusieurs droits de l'homme.

“Tous les militants ne sont pas des défenseurs des droits de l'homme. Certains militants focalisent leur action sur des questions qui sont contre l'avancée des droits de l'homme. Et leurs actions peuvent engendrer des reculs de droits garantis”, explique-t-elle.

Le Brésil apparaît comme le pays le plus dangereux du monde pour les défenseurs des droits de l'homme et de l'environnement, d'après Global Witness (Rapport de Global Witness)

Qui défend les défenseurs

La criminalisation des défenseurs des droits de l'homme est encore plus fréquente que l'incompréhension des différents concepts qui s'y rapportent. Au-delà des intimidations sur les réseaux sociaux, ils sont victimes de harcèlement, de menaces et  parfois d'exécutions.

Selon l'organisation internationale Global Witness [fr], le Brésil occupe la première place dans le classement des pays qui tuent le plus de défenseurs des droits de l'homme, des droits sociaux et environnementaux dans le monde. Les données les plus récentes, de 2017, indiquent 57 morts [pour le Brésil], devant les Philippines (48) et la Colombie (24).

Des personnages historiques comme Chico Mendes [fr], Dorothy Stang [fr], Nilce de Souza [fr], la Nicinha, et Marielle Franco [fr] et Moa do Katendê [fr] en sont des exemples récents.

Dans le cadre de la Coupe du monde et des Jeux olympiques organisés au Brésil, la présidente de l'époque Dilma Rousseff a entériné une loi supposée “antiterroriste”. Pour de nombreuses organisations de la société civile, le texte représente un sérieux retour en arrière et une menace pour les mouvements sociaux, étant donné que leurs actions y sont devenues condamnables.

Maintenant, outre le fait que le Congrès est en train de débattre une autre loi qui pourrait affecter les mouvements sociaux, pendant les élections, le président élu Jair Bolsonaro a déclaré vouloir “en finir avec tous les militantismes du Brésil”. D'autres voix s'élèvent cependant, qui tentent de faire contrepoids au futur président. Pendant la “diplomação” de Bolsonaro (sorte d'intronisation qui reconnaît le candidat élu comme étant capable d'assumer la présidence du pays), la ministre du Tribunal suprême fédéral, Rosa Weber, a déclaré :

“La démocratie est aussi un exercice constant de dialogue et de tolérance, sans que la volonté d'une majorité, dont la légitimité n'est pas contestée, ne cherche à supprimer ou à étouffer l'opinion des groupes minoritaires, et encore moins faire obstacle ou mettre en danger les droits garantis par la Constitution”.

PHOTOS : Au Vanuatu, un drone livre des vaccins dans une île reculée

mercredi 26 décembre 2018 à 22:25

La communauté se rassemble pour les vaccinations après l'arrivée du drone à Cook’s Bay avec les vaccins. Photo communiquée par Swoop Aero à l'UNICEF, utilisation autorisée.

« Le petit vol de drone d'aujourd'hui représente un grand pas en avant pour la santé mondiale » a déclaré  la Directrice exécutive de l’UNICEF, Henrietta H. Fore, après qu’un drone a réussi à livrer une boîte de vaccins dans une île reculée au Vanuatu le 18 décembre.

Le Vanuatu, un archipel du Pacifique constitué de 83 îles qui s’étendent sur 12 189 kilomètres carrés, est devenu le premier pays au monde à utiliser des drones pour transporter des vaccins vers ses communautés isolées. Outre les contraintes géographiques, environ un tiers des îles habitées seulement possèdent des aérodromes et des routes bitumées.

Au Vanuatu, un enfant sur cinq n’est pas complètement vacciné.

Le drone opéré par l’entreprise australienne Swoop Aero a mis presque une demi-heure pour traverser la distance de 40 kilomètres séparant la baie de Dillon située dans l’ouest de l’île d’Erromango et la côte est de la baie de Cook. Des vols d’essai ont été effectués entre le 5 et le 7 décembre.

Les communautés isolées de Cook's Bay n’ont pas de centre de santé ni d’électricité et sont uniquement accessibles à pied ou à l’aide de petites embarcations.

Vol d'essai de drone le 5 décembre 2018. Photo : UNICEF, utilisation autorisée.

Il monte, monte, et c'est parti ! Swoop Aero démontre comment leur drone va tester cette semaine les livraisons de vaccins au Vanuatu

Étant donné que les vaccins doivent être conservés au froid, ils ont été placés dans des boîtes en polystyrène avec des pains de glace avant d’être installés dans un drone.

Vue aérienne d'un hameau reculé de Cook's Bay, auquel un drone a réussi à livrer des vaccins. Photo : Jason Chute/UNICEF, utilisation autorisée.

L’infirmière Miriam Nampil a reçu les vaccins livrés par drone et les a administrés à 13 enfants et 5 femmes enceintes. Joy Nowai, âgée d’un mois, a été vaccinée contre l’hépatite et la tuberculose, et est devenue le premier enfant au monde à avoir reçu un vaccin livré commercialement par un drone.

Des agents de santé locaux encadrés par l'infirmière Miriam Nampil (à droite) réceptionnent la première livraison de vaccins par le drone de Swoop Aero à Cook's Bay. Photo : Jason Chute/UNICEF, utilisation autorisée.

Mme Nampil s'est réjouie :

As the journey is often long and difficult, I can only go there once a month to vaccinate children. But now, with these drones, we can hope to reach many more children in the remotest areas of the island.

Comme le trajet est souvent long et difficile, je peux me rendre là-bas seulement une fois par mois pour vacciner les enfants. Mais maintenant, grâce à ces drones, nous pouvons espérer atteindre beaucoup plus d’enfants dans les régions les plus reculées de l’île.

Les villageois se raddemblent pour les vaccinations après l'arrivée du drone à Cook’s Bay avec les vaccins. Photo : Jason Chute/UNICEF, utilisation autorisée.

Le Vanuatu et l’UNICEF ont commencé par proposer en 2017 l’utilisation de drones afin d’améliorer la couverture vaccinale dans le pays. Au moins 13 entreprises ont communiqué leur intention de participer aux vols d’essai autofinancés, mais en raison des difficultés logistiques et financières, beaucoup d’entre-elles se sont rétractées. Finalement, le Vanuatu a octroyé trois contrats à deux opérateurs qui ont mené les essais le 5 décembre.

Andrew Parker, directeur d’UNICEF Vanuatu, a dissipé les craintes que le déploiement des drones remplace le personnel de santé :

We are not seeking to replace jobs, we are seeking to complement instead. Think of the nurse at the aid post level, who doesn’t have the medicines and therefore cannot treat a sick child. She or he will be frustrated, knowing what’s needed but can’t do anything about it.

Nous ne cherchons pas à remplacer des emplois, mais plutôt à les compléter. Pensez à l’infirmière au poste de secours, qui n’a pas les médicaments nécessaires et qui ne peut donc pas soigner un enfant malade. Il ou elle sera frustré(e) en sachant ce dont il ou elle a besoin mais ne pouvant rien y faire.

À présent, le gouvernement du Vanuatu étudie la possibilité d’intégrer officiellement l’utilisation de drones au sein de son système de santé.