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Lettre d'un détenu politique éthiopien à John Kerry : “Choisissez le bon côté dans le combat des opprimés”:

vendredi 1 mai 2015 à 19:16
Numérisation de la lettre originale de Natnael Feleke

Numérisation de la lettre originale de Natnael Feleke

Le 25 avril 2014, neuf blogueurs et journalistes ont été arrêtés en Ethiopie sur la base d'accusations “d'incitation au désordre public via les médias sociaux” et de “soutien de la part d'un gouvernement étranger.” Les détenus faisaient tous partie de Zone9, un blog collectif [fr] qui traitait de questions sociales et politiques en Ethiopie et de la promotion des droits humains ainsi que de bonne gouvernance. En juillet 2014, les neuf détenus ont été accusés [fr] en vertu du code pénal du pays et de la Proclamation anti – terrorisme de 2009 [fr].

 

La lettre suivante, adressée au Secrétaire d'état américain John Kerry, a été écrite par l'étudiant en économie Natnael Feleke, en décembre 2014. Un membre fondateur du blog collectif Zone9 [fr] et auteur de Global Voices, Natnael est en prison [fr] depuis un an.

Natnael a conversé avec M. Kerry lors d'une manifestation publique organisée à l'Université d'Addis-Abeba en 2013, où il étudiait avant son arrestation. Sa rencontre avec M. Kerry a constitué une partie des preuves de l'accusation contre lui. Dans cette lettre, sortie clandestinement de la prison Kilinto où Feleke est détenu, il demande au gouvernement américain de reconsidérer son soutien au gouvernement éthiopien. Le texte suivant a été modifié seulement pour la grammaire et l'orthographe.

Cher Monsieur,

Permettez-moi tout d'abord d'exprimer ma gratitude et celle de mes amis enfermés ici dans la prison Kilinto pour la préoccupation que vous et votre gouvernement avez exprimée à propos de notre arrestation.

En 2004, au cours de l'élection présidentielle américaine j'ai eu l'occasion de vous connaitre. Bien que je n'avais que quelques notions de la politique des États-Unis (ou la politique en général), j'ai discuté des campagnes et des résultats possibles de l'élection avec mes camarades de promotion. Quelques mois plus tard, en 2005, une élection nationale éthiopienne historique a eu lieu.

Cette élection différait des précédentes par ce que le processus jusqu'au jour du scrutin a été essentiellement démocratique. Ce qui avait porté de nombreux éthiopiens à nourrir l'espoir qu'ils auraient assisté au premier changement démocratique de gouvernement dans l'histoire du pays. Mais, il n'en a pas été ainsi. Après s'être rendu compte qu'ils avaient mal calculé, qu'ils allaient avoir une élection sans problèmes, le vrai visage du régime est réapparu. En effet, le lendemain de cette élection tant espérée, ce fut l'effusion de sang des civils et l'arrestation de milliers de citoyens, y compris des journalistes et des dirigeants de l'opposition. Agé seulement de dix-sept ans à l'époque, l'élection m'a fourni la première véritable expérience de la pratique démocratique dans laquelle je pouvais saisir la signification des événements. Elle a également laissé en moi un désir de suivre et envisager sérieusement la situation politique en cours dans le pays.

On pourrait dire que c'est cet intérêt et l'engagement qui nous ont conduits mes amis et moi à nous retrouver pour former ce que nous avons appelé les blogueurs et le groupe d'activistes pro-démocratie Zone9. Les neuf membres de Zone9 sont jeunes et désireux de contribuer au processus de démocratisation dans le pays.

C'est dans le but de créer une plate-forme pour nos jeunes compatriotes éthiopiens afin de discuter de questions politiques, économiques et sociales du pays, que nous avons créé notre blog avec la devise – “nous bloguons parce que nous sommes concernés.”

Bien que notre arrestation soit intervenue près de deux ans après le lancement du blog, il a été bloqué en Ethiopie dès le début. Réaliser cela n'a pas été si surprenant pour nous, nous avons continué de partager nos points de vue et des campagnes sur différentes questions via les médias sociaux. Bien sûr, à la fin, le régime a pris la mesure radicale d'arrêter six des membres du blog Zone9 et trois journalistes qui n'ont rien à voir avec Zone9. Chaque fois que les éthiopiens demandent à exercer leurs droits constitutionnels ouvertement, le régime recourt à son appareil de sécurité pour les faire taire. C'est ce qui s'est passé dans notre cas. Nous risquons maintenant d'être condamnés à quinze années de prison, à perpétuité ou même à la peine de mort.

Natnael Feleke avec M. John Kerry, 2013.

Natnael Feleke Avec M. John Kerry, 2013.

Après notre rencontre avec vous à l'Université d'Addis-Abeba, l'actuel ministre des Affaires étrangères nous a invités quelques amis et moi à son bureau pour une discussion libre au cours de laquelle j'ai exprimé mon inquiétude au sujet des tactiques délibérées du régime employées pour empêcher les jeunes citoyens à participer à |a vie politique librement en rendant leur engagement périlleux. J'ai essayé de mettre en évidence l'impact négatif que cela inflige à la sphère politique. Je lui ai dit que je risquais beaucoup simplement en exprimant librement mes pensées. A cette époque, mon arrestation n'était qu'une possibilité abstraite.

Le régime absolutiste, utilisant son appareil de sécurité, continue encore aujourd'hui à faire taire toute forme de dissidence en utilisant la loi anticonstitutionnelle sur l'anti-terrorisme [fr] adoptée en 2009. Cela a rendu pratiquement impossible pour les citoyens d'exercer leurs droits constitutionnels sans risquer une peine de prison ou d'être forcés à s'exiler. En raison du régime répressif, la constitution éthiopienne est impuissante à protéger les citoyens contre les abus psychologiques et physiques.

Il est assez commun pour la police fédérale et le service national de renseignement et de sécurité (NISS) d'utiliser la force pour extorquer des aveux des suspects dans leurs griffes. Mes amis et moi avons été victimes de ce type d'abus au service sectoriel d'enquête criminelle de la police fédérale, communément appelé Maekelawi. Les abus qu'ils commettent comprennent des coups de fil électrique (après avoir forcé le suspect à se déshabiller), l'obligation de faire des exercices physiques épuisants, des séances d'interrogatoires avec le minime de repos et garder les suspects en isolement, dans une pièce sombre deux [mètres] sur deux, jusqu'à lui extirper des aveux et l'incrimination de sa part d'autres codétenus. Cela arrive à des suspects quel que soit le crime dont ils sont soupçonnés sans tenir compte de leur âge, de leur sexe ou de leur état de santé. La torture devient plus forte dans les locaux du NISS. J'ai senti beaucoup de douleur quand j'ai appris que trois étudiants de l'université d'Oromo avaient avoué avoir commis un crime particulier, le tout dans le but de sauver leur vie. L'un d'eux se serait suicidé tandis qu'il était en garde dans les locaux du NISS.

Nous avons passé les 85 premiers jours de notre arrestation dans la section d'investigation sur la criminalité de la police fédérale où neuf d'entre nous ont été séparés et jetés dans des cellules fermées toute la journée sans accès à la lumière naturelle. On nous accordait une pause de 20 minutes pour la toilette deux fois par jour. En cas d'urgence, il fallait être assez chanceux pour attirer l'attention d'un officier compréhensif ou utiliser un seau dans la cellule. Les cellules étaient très surchargées, avec des suspects provenant de partout dans le pays. Nous avons dormi, mangé et fait tout ce que nous avions à faire dans le peu d'espace disponible. La suffocation était parfois insupportable. Au cours de la dernière décennie, aucune organisation indépendante humanitaire ou de défense des droits humains n'a obtenu l'autorisation de visiter la prison.

L'enquête globale était ridicule. Par exemple, on m'a demandé à plusieurs reprises le genre de relation que j'entretenais avec vous, comment et pourquoi j'avais été invité dans le programme Hardtalk de la BBC'S Hardtalk et quelle question que je vous avais posée. Même mon entretien avec le ministre des affaires étrangères de l'Allemagne et des représentants d'autres pays et organisations internationales ont également fait partie du dossier de l'enquête. Mes réponses aux questions de la police sont incluses dans ma déclaration à la police. Je ne peux pas comprendre sa pertinence dans une enquête sur un présumé terroriste.

Pour être honnête avec vous, le temps que je passerai en prison n'est pas la question la plus pressante dans mon esprit en ce moment. Au contraire, je suis inquiet au sujet du sacrifice supplémentaire nécessaire pour que la communauté internationale, en particulier votre gouvernement, puisse adopter une attitude pragmatique pour exiger des progrès fondamentaux dans le processus de démocratisation du pays en échange des milliards de dollars déversés en faveur de ce régime.

Je ne veux pas que vous vous me mépreniez. Ce n'est pas que je n'apprécie pas l'importante assistance déployée dans le processus de développement de mon pays. C'est juste que je crois fermement que le suivi efficace de cette aide ne peut se faire que  là où il y a une gouvernance responsable. C’est ironique que le premier bénéficiaire mondial de l'aide au développement soit sans surveillance et contrôle de comptes efficace.

En plus de cela, je suis certain que vous partagez le point de vue que les relations internationales doivent être construites sur des valeurs auxquelles adhèrent les deux côtés, si elle est destinée à être durable.

Dans son livre The Audacity of Hope, le président Obama déclare que le véritable test de ce que nous valons vraiment est là où nous investissons le temps, l'énergie et l'argent que nous avons. Je comprends la difficulté que vous rencontrez à trouver un équilibre entre le maintien de la sécurité et la stabilité ainsi que la promotion de la démocratisation dans votre politique étrangère. Mais une stabilité durable ne peut être atteinte que par un gouvernement démocratiquement élu et des institutions auxquelles le peuple a confiance. Comme les intérêts nationaux américains sont construits sur les valeurs fondamentales de la liberté et de la démocratie, j'ai l'espoir et la confiance que vous allez adopter une nouvelle position qui puisse forger une relation plus claire entre toute forme d'aide et le processus de démocratisation.

Ayant dit tout cela, je tiens à vous assurer que je comprends bien que les questions de la liberté et de la démocratie en Ethiopie doivent être affrontées par les éthiopiens eux-mêmes. Enfin, c'est la “volonté de souffrir et de nous sacrifier [pour notre cause],” selon les mots de Madiba, qui détermineront notre sort. Les preuves continuent de s'accumuler qu'au peuple éthiopien opprimé il n'y a aucune alternative à la violence. Je ne pense pas que ce soit dans le meilleur intérêt de l'humanité de s'asseoir et d'attendre le coup de bâton qui va briser le dos du chameau. Je pense qu'il est temps pour la communauté internationale, dirigée par votre gouvernement, de choisir le bon côté dans la lutte pour les droits des opprimés.

Sincèrement votre,

Natnael Feleke

Télécharger la copie PDF de la lettre originale de Natnael

Au Népal, malgré les destructions la vie reprend ses droits

vendredi 1 mai 2015 à 14:44
Slowly things are coming back to normal after the devastating earthquake of Saturday but still thousands of people taking shelter at open spaces due to the fear of aftershocks. Image by Ajaya Manandhar. Copyright Demotix (27/4/2015)

La vie normale revient lentement après le séisme dévastateur de samedi, mais des milliers de personnes cherchent encore abri en plein air par crainte des répliques. Photo Ajaya Manandhar. Copyright Demotix (27/4/2015)

Les images de bâtiments en ruines, de temples effondrés et de monceaux de briques font le tour du monde depuis des jours. Le monde est témoin des effets du séisme de magnitude 7,9 qui a frappé le Népal samedi 25 avril, et tué des milliers de personnes et continue à tuer. L'aide humanitaire se déverse sur le pays, mais ce qu'on a pu appeler une “avalanche de secours” est impuissante à atteindre les endroits reculés, où elle serait la plus nécessaire.

Toute l'ampleur du tremblement de terre au Népal est apparue dimanche quand les hélicoptères ont trouvé des villages totalement rasés.

Ça sera bien pire si nous ne nous y attelons pas MAINTENANT. Il est déjà tard.

La tragédie du Népal rural en temps de crise : le manque de jeunes gens valides pour participer aux secours, tous partis travailler en Inde, dans le Golfe, en Malaisie.

Une autre conséquence dramatique du séisme se fait jour peu à peu : les autorités népalaises sont totalement dépassées.

Lire aussi : #NepalQuake: Le récit d'une tragédie personnelle et nationale [anglais]

Les journalistes sur les lieux rongent leur frein :

Que font les autorités locales ? Que fait le gouvernement ? Tout le monde pose la même question.

Les hélicoptères indiens sont disponibles, mais sont inutilisés. Qu'est-ce qui bloque, MM. les Ministres du gouvernement népalais, passez à l'action !

Jan Egeland est le Secrétaire général du Norwegian Refugee Council (NRC), une ONG humanitaire indépendante avec une expertise en assistance et protection des déplacés internes en temps de crise. Le NRC était présent en Haïti en 2010, ainsi qu'après le typhon Hayyan aux Philippines. L'organisation a en ce moment deux experts sur place au Népal, et d'autres vont suivre.

M. Egeland pointe l'absence des officiels de haut rang népalais dans les opération de secours en faisant l'éloge de toutes les organisations non-gouvernementales pour leur travail :

La société civile népalaise est de loin la plus réactive dans le séisme au Népal, mais une fois de plus largement ignorée des médias internationaux.

Pour tous ceux qui sont loin de la zone de catastrophe, les yeux fixés sur un écran de téléphone ou d'ordinateur, priant et attendant de savoir si leurs proches sont sains et saufs, l'anxiété n'a pas de répit. Dans une forte tension, l'apparente impuissance des autorités a poussé collectifs et individus à agir indépendamment.

Lire aussi : Les réseaux sociaux sont la bouée de sauvetage pour les victimes du tremblement de terre au Népal

A l'étranger, les gens se sont rassemblés pour prier et manifester leur solidarité.

En Inde, les étudiants népalais ont tenu une veillée sous la bannière #PrayforNepal [Prions pour le Népal] :

Les étudiants népalais en Inde tiennent une veillée de prière pour le Népal : “Nous sommes tous dans la peine”

New York, Prabal Gurung, un illustre créateur de mode d'origine népalaise, a organisé une collecte et réussi à réunir 120.000 dollars.

#PrayForNepal: candle light vigil in New York for the earthquake victims in Nepal by Adhikaar & Hyolmo Youth Club. It was inspiring to see the community come together. Your donation will make a difference. Click on my bio for link. Every dollar counts. -PG. https://www.crowdrise.com/NepalEarthquakeFund/fundraiser/prabalgurung Photo: @arhant99

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#Prions pour le Népal : veillée aux bougies à New York pour les victimes du tremblement de terre au Népal par le club de jeunes Adhikar & Hyolmo. C'était formidable de voir la communauté se rassembler. Votre don fera la différence. Cliquez sur ma bio pour le lien. Chaque dollar compte.

En France, sous l'égide de l'ambassade népalaise, un rassemblement aura lieu à Paris sur la célèbre Place du Trocadéro face à la Tour Eiffel samedi 2 mai, pour lever des fonds qui serviront à couvrir soit les besoins immédiats des secours au Népal, soit les besoins futurs quand les grandes organisations internationales se seront retirées pour d'autres actions. (Plus d'information sur #SolidariteNepal.)

Mais pendant que le Népal peine encore à mesurer les effets du séisme, les gens sur le terrain écrivent une page neuve de “retour à la normale”, en s'efforçant d'élargir la perspective médiatique au-delà des histoires de deuil.

Alors que la poussière retombe, à travers les jumelles du haut des collines sud de la Vallée j'estime 80 % de constructions intactes.

Chacun a besoin de tendresse dans l'épreuve. Une fillette donne de sa nourriture pour chiens à des chiens errants près de Bouddha.

Ratnakar Mahabir. A Patan il semble que la communauté des Newars fait ce qu'elle fait de mieux depuis des générations. Les secours publics peu présents

Yoshadhara Mahabir, Patan – séchage des sukuls traditionnels après la pluie de la nuit dernière – les maisons anciennes écroulées, les neuves encore debout

Le photographe Bhushan Shilpakar, animateur de photo.circle, une plate-forme bien connue de photographie engagée dans la réforme sociale au Népal, s'est aussi mise à raconter les histoires alternatives de ceux qui se lancent dans l'action autonome, et capte la détermination et la volonté de continuité qui motive les nombreux individus faisant actuellement un important travail de terrain au Népal.

Man Kaji Magar has been busy selling meat from early morning today at Gwarko, Lalitpur. "Don't ask me how much is it per kilo, just tell me how many kilos you need. I don't have time to reply back to your question." #nepalearthquake #nepalphotoproject

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Man Kaji Magar vend de la viande depuis tôt ce matin à Gwarko, Lalitpur. “Ne me demandez pas le prix au kilo, dites-moi juste combien de kilos il vous faut. Je n'ai pas le temps de répondre à votre question”.

For Krishna Chaudhary from Tikapur, Kailali, life must go on after the massive quake. He resumed work from today at his factory in Imadol, Lalitpur. #nepalearthhquake #nepalphotoproject

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Pour Krishna Chaudhary de Tikapur, Kailali, il faut que la vie continue après le tremblement de terre. Il a repris le travail aujourd'hui à sa fabrique d'Imadol, Lalitpur.

Laxmi Acharya and her daughter Sharda are migrants from Panauti selling mushroom at Mangal Bazar, Lalitpur. Their only complain, those volunteers didn't come setup tarp for us, saying those are only for locals. #nepalearthquake #nepalphotoproject

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Laxmi Acharya et sa fille Sharda sont des migrantes de Panauti qui vendent des champignons à Mangal Bazar, Lalitpur. Leur seule plainte : les volontaires ne sont pas venus installer des bâches pour nous, disant qu'elles sont réservées aux gens d'ici.

Un commentaire sous cette photo était :

Je pense que c'est une vieille photo je vois des temples.

A quoi Bhushan Shilpakar a répondu :

elle a été prise il y a une heure, tous les temples ne se sont pas écroulés sur la place.

Pour tous ceux qui observent de loin, hors d'atteinte, ceci est un rappel de ne pas oublier que, même dans les temps les plus durs, tous les temples ne se sont pas écroulés. Comme eux, au milieu de cette tourmente physique et émotionnelle, notre esprit humain commun peut, et doit, tenir bon.

Si vous souhaitez que 100 % de vos contributions aillent aux victimes du tremblement de terre, donnez à Relief for Nepal Earthquake Victims, où photo.circle a mobilisé un collectif de bénévoles indépendants profondément dévoués à fins de procurer les objets de première nécessité à Katmandou – avec les bâches en plastique au sommet de la liste – et les distribuer aux différents endroits dans la périphérie de la vallée. Tous les frais administratifs sont couverts, vous pouvez suivre l'utilisation de vos dons, et vous pourrez voir le changement positif auquel vous contribuez, avec les photos.

Un Érythréen raconte sa traversée cauchemardesque de la Méditerranée

vendredi 1 mai 2015 à 13:18
Crowds joined a rally in Rome's Piazza Montecitorio in the aftermath of a shipwreck that caused the deaths of hundreds of migrants, calling for a change in immigration policies and the right to freedom of movement in Europe. Photo by Stefano Montesi. Copyright Demotix

Rassemblement sur la Piazza Montecitorio de Rome au lendemain du naufrage qui a causé la mort de centaines de migrants, pour appeler à un changement des politiques migratoires et en faveur du droit à la liberté de circulation en Europe. Photo de Stefano Montesi. Droits d'auteur: Demotix

Cet article et ce reportage radiophonique effectués par Nina Porzucki pour The World ont d'abord été publiés sur PRI.org le 21 avril 2015 et sont reproduits ici dans le cadre d'un accord de partage de contenu. Sauf mention contraire, les liens sont en anglais.

Plus de 800 migrants sans papiers sont morts le dimanche 19 avril après le chavirement de leur bateau lors d'une tentative de rallier l'Italie depuis la Libye. Ils sont devenus les dernières victimes de la traite d'êtres humains qui explose en Méditerranée et a déjà causé la mort de plus de 500 personnes depuis le début de l'année [N.d.T. Le chiffre avoisine les 2.000 depuis le naufrage du 19 avril, postérieur à l'article de ce lien].

De nombreux migrants sont des Syriens qui fuient la violence de la guerre civile dans leur pays. Mais le Haut Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés indique que les Érythréens représentent le second groupe le plus important de migrants.

Daniel Habtey est parti pour échapper au service militaire obligatoire ; les hommes érythréens l'effectuent pour une durée indéterminée, ce que Habtey qualifie de forme d'esclavage moderne. “Un de mes amis, ça fait bientôt 20 ans qu'il sert le gouvernement. C'est un esclave”, affirme-t-il.

Le jeune homme a fui les baraquements de son camp d'entraînement militaire et a mis trois jours à atteindre le Soudan voisin à pied où il a retrouvé sa femme et son fils de six mois. Ensemble, ils ont traversé le désert du Sahara à bord d'une Toyota Hi-Lux. Ils n'étaient pas seuls dans cette camionnette : plus de 30 personnes s'y entassaient, et cela leur a pris 15 jours pour traverser la Libye.

Le danger était loin d'être écarté. Daniel Habtey a entrepris la traversée de la Méditerranée en compagnie de 80 personnes sur un bateau si petit qu'il assure qu'il pouvait mettre sa main dans l'eau. “Il n'y avait aucun dispositif de sécurité”, se souvient-il. “Pas de lumière, pas de boussole. Le capitaine était un Égyptien et il nous a dit, “J'ignore où je vais et nous commençons à manquer de carburant donc vous devez crier et appeler à l'aide.”

Par deux fois, le petit bateau a croisé la route de grands paquebots : “Ils ressemblaient à une belle ville, avec les lumières et tout”, observe Daniel Habtey. “Je criais, ‘Pourquoi on ne demande pas d'aide?’ Rien à faire. A ce moment-là, tout le monde avait perdu espoir.”

Le jeune homme admet que lui aussi a cru être sur le point de mourir. Puis un événement inattendu lui a redonné espoir : Une femme enceinte a eu les premières contractions en mer. Habtey, qui avait travaillé dans un hôpital en Érythrée, a été appelé dans la salle des machines pour aider à l'accouchement.

“Dieu nous a donné un petit garçon”, explique-t-il, évoquant son message à ses compagnons de voyage: “Réjouissons-nous, soyons [optimistes]. Faites que cela soit un signe.”

Quelques heures plus tard, le bateau a accosté en Italie, sur l'île de Lampedusa.

Daniel Habtey est à présent pasteur dans le nord de l'Angleterre. A la question de savoir s'il serait prêt à tenter de nouveau la traversée, il reste silencieux un long moment.

“Eh bien, quand je considère mon expérience maintenant, c'est non,” admet-il. “C'est non.”

Réveil brutal et spectaculaire d'un volcan chilien inactif depuis quarante ans

vendredi 1 mai 2015 à 13:07

Après la violente éruption [la première d'une série de trois à ce jour], la semaine dernière, du volcan Calbuco au sud du Chili et près de la frontière argentine, le gouvernement chilien a décrété l'état d'urgence suite à la situation dans les villes voisines.

Les habitants de Puerto Montt, Puerto Varas, Frutillar au Chili, et Villa La Angostura, San Martin de los Andes et Bariloche en Argentine ont été surpris par la colonne de cendres vomie par le volcan. Ces villes sont à proximité du volcan de 2.015 mètres d'altitude, inactif depuis 43 ans.

Suite à sa seconde éruption à une heure du matin jeudi, le gouvernement chilien a mis en place une zone d'exclusion d'un rayon de 20 km .

Le Ministre de l'Intérieur et de la Sécurité Publique (ONEMI) du Chili a rapporté jeudi matin que 4.150 personnes avaient été évacuées à cause de l'incident, sans qu'aucun décès ne soit enregistré pour le moment.

Cependant, les images spectaculaires de l'éruption ont suscité l'attention des réseaux sociaux sous les hashtags #Calbuco et #VolcánCalbuco, comme l'illustre cette vidéo de la page Facebook Todo Puerto Montt.

Le Calbuco a la réputation d'avoir été parmi les trois plus dangereux volcans actifs au Chili dans les années 90, selon un reportage de la BBC.

Les blogs sont ils une espèce en danger ?

vendredi 1 mai 2015 à 11:52

Ce texte fait partie de la 46ème semaine de l'opération #LunesDeBlogsGV [espagnol] (#LesBlogsDuLundiSurGlobalVoices), qui a eu lieu le 23 mars 2015.

Avec #LunesDeBlogsGV (#LesBlogsDuLundiSurGlobalVoices), nous nous attachons à protéger les blogs au même titre qu'une “espèce en voie de disparition”, de faire face aux défis qui menacent leur existence dans la jungle digitale d'aujourd'hui. Dans une volonté similaire, le blogueur Iván Lasso compile des histoires sur le futur des blogs et les problèmes que les blogueurs rencontrent aujourd'hui, et notamment le risque que leur contenu soit perdu dans l'abondance et la diversité de l'information sur Internet. Iván Lasso explique que la situation d'un nombre croissant de blogueurs s'apparente à celle de “David contre Goliath”.

Iván Lasso expose les principaux problèmes pour les blogueurs aujourd'hui:

A raíz de la popularización de la web, de unos años para acá hay mucha más audiencia potencial disponible. Pero sospecho que gran parte de esa audiencia nunca podría ser tuya (tuya, mía… de blogs pequeños, vamos). Es audiencia que acude a la red en busca de simple entretenimiento y que si quiere información más “dura”, acude a los medios tradicionales que ahora ya están en la web.

Depuis quelques années, comme le Web devient toujours plus fréquenté, l'audience potentielle elle aussi augmente. Mais je soupçonne que cette audience ne sera jamais “des nôtres”. Ce sont des gens qui viennent chercher du divertissement sur Internet et quand ils veulent de l'information plus sérieuse, ils se tournent vers les médias traditionnels, qui sont eux aussi sur le web.

Iván Lasso offre aussi des solutions pour répondre à ces défis qui s'imposent aux blogueurs:

Hoy día, para que un blog independiente alcance un cierto grado de éxito (reconocimiento, reputación y visitas) debe convertirse en un rayo láser que apunte a aquello en lo que quiere destacar:
¿Quieres dar noticias? Tienes que darlas lo antes posible, más rápido que nadie.
¿Quieres hacer análisis u opinión? Tienes que profundizar más que nadie.
¿Quieres ser didáctico? Tienes que explicar mejor que nadie. Y también con más detalle que nadie.

Aujourd'hui, pour qu'un blog indépendant ait un certain succès (reconnaissance, réputation, et nombreuses visites) vous devez vous concentrer sur ce que veulent les lecteurs:

Vous souhaitez relayer les dernières informations ? Vous devez leur donner le plus vite possible, plus vite que n'importe qui.

Vous voulez vous concentrer sur des analyses et donner des points de vue? Vous devez aller plus au fond des choses que n'importe qui.

Vous voulez plutôt être éducatif? Vous devez expliquer les choses mieux que n'importe qui. Et être plus précis que tout le monde.

Vous pouvez continuer la lecture du post d'Ivan Lasso post ici [espagnol] et vous pouvez aussi le suivre sur Twitter.

Ce texte fait partie de la 46ème semaine de l'opération #LunesDeBlogsGV (#LesBlogsDuLundiSurGlobalVoices) qui a eu lieu le 23 mars 2015.