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‘Je suis Syrien’, la campagne qui présente les multiples contributions à l'humanité de Syriens à travers le monde

lundi 4 avril 2016 à 20:21
https://www.facebook.com/photo.php?fbid=576823295827017&set=a.322529401256409.1073741829.100004980551494&type=3&theater

Le footballeur syrien Kaka participe à la campagne #IamSyrian (‘Je suis Syrien’). Photo : page Facebook de Moustafa Jacob.

De nos jours, croiser un Syrien dans tous les coins de la planète n'a plus rien de surprenant. Il ne s'agit pas seulement des réfugiés de l'actuelle guerre en Syrie, mais aussi des générations de familles d'ascendance syrienne dont les aïeux ont quitté la Syrie il y a des décennies.

Des dizaines de campagnes internationales se sont focalisées sur les souffrances des Syriens au long des cinq dernières années d'une guerre impitoyable qui a coûté la vie à 250.000 personnes et en a laissé des millions sans toit, en marche vers l'Europe, frappant aux portes de l'humanité.

En réaction aux années de médiatisation des angoisses des Syriens, décrits comme mourant de faim et manquant de tout, en quête de pitié, la campagne #IamSyrian (‘Je suis Syrien’) veut donner à voir la véritable force de caractère des Syriens. A la suite de l'affaire des agressions sexuelles du Nouvel An en Allemagne, dans laquelle des réfugiés arabes, parmi lesquels des Syriens, ont été accusés, l'artiste syrien Moustafa Jacob, installé au Texas, a voulu prendre l'initiative et changer le discours. Son objectif : mettre en lumière les Syriens qui ont apporté leur contribution à la culture et à l'humanité dans divers domaines.

Sa campagne #IamSyrian [Je suis Syrien(ne)] a été motivée non seulement par l'impression donnée des réfugiés syriens par les médias, mais aussi par l'islamophobie insufflée par les partis nationaux d'extrême-droite et enfin le cinquième anniversaire de la révolution syrienne contre le président Bachar al Assad, commémoré pacifiquement pendant le cessez-le-feu instauré en février 2016.

Jacob a profité de la cérémonie des Oscars du cinéma pour le coup d'envoi de sa campagne. Il a expliqué sur Facebook :

بمناسبة قدوم الأوسكار, وبعد الهجمة الإعلامية على اللاجئيين السوريين واتهامهم بالهمجية والتخلف, أحببت أن أقوم بتصميم مجموعة من البوسترات عن بعض مشاهير أمريكا ذوي الأصول السورية.
والحملة بعنوان (Je suis Syrien)
‪#‎I_AM_SYRIAN‬
‪#‎IAmSyrian‬
Personnalités célèbres d'ascendance syrienne

A l'occasion de la cérémonie des Oscars, après les attaques des médias contre les réfugiés syriens les accusant de barbarie, j'ai réalisé une série de posters d'Américains célèbres d'origine syrienne.

Famous people with Syrian roots include Steve Jobs, Prison Break star Wentworth Miller, Desperate Housewives star Teri Hatcher, award-winning actor Murray Abraham and Jerry Seinfeld, says Moustafa Jacob

Célébrités ayant des racines syriennes : Steve Jobs, la vedette de “Prison Break” Wentworth Miller, la vedette de “Desperate Housewives” Teri Hatcher, l'acteur primé Murray Abraham et Jerry Seinfeld, écrit Moustafa Jacob.

#IamSyrian a pris une tournure internationale quand des célébrités et artistes du monde entier se sont mis à relayer son slogan. Citons le Programme Alimentaire Mondial et des vedettes comme le footballeur brésilien KaKa, le chanteur anglo-iranien Sami Yusuf, et l'actrice égyptienne Hind Sabri.

Des utilisateurs de Twitter et Instagram ainsi que d'autres plateformes de médias sociaux ont bientôt emboîté le pas pour disséminer le message.

Aujourd'hui, 1 Syrien sur 3 vit en-dessous du seuil de pauvreté. Nous sommes #AvecLaSyrie. #JeSuisSyrien.

Pour enfoncer le clou, Jacob a partagé le nom de personnes d'ascendance syrienne qui ont eu une influence internationale. Parmi les personnalités syriennes citées sur la Page Facebook de Jacob, citons :

Jacob n'est pas le seul à avoir essayé de donner un visage humain aux Syriens. En octobre 2015, la photographe et directrice artistique Isabel Martinez a recruté des top models pour paraître dans un petit film percutant posté sur son compte Instagram @IsabelitaVirtual, dans lequel des mannequins à travers le monde proclament “Je suis Syrienne” :

#IAmSyrian are you? Thanks to @wmag @ola_quetal @soojmooj @Iriska_Kravchenko @lineisymontero @molllsbair @nykhor @hannegabysees @Stellaluciadeopito @ruthnotmay

A video posted by .O⭕. (@isabelitavirtual) on

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Le patriotisme paranoïaque russe a son dessin animé

lundi 4 avril 2016 à 11:53
“Children Versus Wizards.” Image: YouTube.

«Les enfants contre les sorciers». Illustration: YouTube.

[Article d'origine publié le 7 mars 2016] Une organisation caritative russe vient de produire un incroyable dessin animé. Le long métrage d'animation «Les enfants contre les sorciers» est issu de l'imagination d'un ultra-nationaliste russe. Il se passe dans un monde englouti par la magie noire et l'Otan, où la Russie se dresse seule contre la menace du mal occidental. Le film n'est pas encore sorti sur les écrans, mais une bande-annonce est visible sur YouTube. Si ses images sidèrent, c'est aussi parce qu'elles sont d'une laideur invraisemblable.

Le scénario

Les événements que racontent le film se passent il y a quinze ans. Deux étudiants militaires, Ivan Tsarinyne et Piotr Ikhogromov, se rendent en Ecosse pour infiltrer «l'Académie supérieure des sciences occultes». Leur mission consiste à retrouver cinq orphelins qui se sont exilés à l'étranger pour étudier dans une école de magie. Mais au lieu de rentrer chez eux (dans leurs orphelinats), ils se sont mis à développer «des sentiments négatifs envers la Russie». Ivan et Piotr sont chargés de comprendre pourquoi leurs compatriotes se sont retournés contre leur patrie.

По сюжету, в 2004 году, так же как и в 1941 году, над нашим государством вновь возникла угроза вторжения, только более изощрённого врага. Враг захотел с нами реванша за проигрыш во Второй мировой войне.

D'après le scénario, en 2004, comme en 1941, notre gouvernement est de nouveau confronté à la menace d'une invasion, mais cette fois-ci par un ennemi plus subtil. L'ennemi veut sa revanche après avoir perdu la Seconde Guerre mondiale.

Parallèlement, l'école de magie envoie à Moscou sa vedette, «un ancien compatriote», Léonard. En Russie, il rencontre des élèves et réalise de nombreux «miracles» pour les attirer en Ecosse.

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(Certainement pas des Mangemorts.)

А этот [внутренний] враг совсем другой. Главный антагонист — Леонард. Он занялся оккультизмом и поэтому предал родину. Но этого не видно, он не стал открытым врагом во вражеской форме, он внешне остался тем же, поменялась его внутренняя суть. На первый взгляд — он русский, но он ненавидит Россию. Он не нарушает законы, он не нарушает границ, он даже очень законопослушный, но он враг, пострашнее того, что был 75 лет назад. Внешне его не отличишь, но он наполняет ненавистью к России подрастающее поколение, они вырастают врагами нашего отечества, такие дети разговаривают по-русски, даже живут здесь, но душой они в других странах. Скрытый враг намного опаснее явного.

Cette fois, l'ennemi [intérieur] est tout autre. Le principal antagoniste est Léonard. Il a versé dans l'occultisme, ce qui l'a amené à trahir sa patrie. Mais ce n'est pas visible, il n'est pas devenu ouvertement un ennemi répérable à son apparence, qui est restée la même, c'est l'essence de son être qui a changé. A première vue il est russe, mais il hait la Russie. Il n'enfreint aucune loi, il respecte les frontières, il est même particulièrement respectueux des lois, mais c'est un ennemi, plus redoutable encore que ceux d'il y a soixante-quinze ans [les nazis allemands]. Personne ne fait attention à lui, mais il emplit de haine envers la Russie la génération montante, qui grandit en ennemi de notre patrie : ces enfants-là s'expriment en russe, et même vivent chez nous, mais leur âme est ailleurs. Cet ennemi caché est beaucoup plus redoutable qu'un ennemi déclaré.

Just look at how crazy-law-abiding this guy is. He sits in his chair, drives through green traffic lights ... wears pants.

Voyez comme ce type est si respectueux de la loi que c'en est louche. Il s'assoit dans un fauteuil, attend que le feu soit vert pour passer… porte un pantalon…

A l'école, Léonard fait la connaissance d'une fille appelée Nadia Eropkine, qui «possède le don très rare de voir ce que les autres ne voient pas». Grâce à son sixième sens, elle tente de contrecarrer les desseins de Léonard (par la suite elle sera quand même attirée jusqu'à l'université, mais à la fin elle sera sauvée et ramenée en Russie).

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Pendant ce temps, Ivan et Piotr, dans leur école de cadets, se lient au lieutenant-colonel Téléguine, un vétéran des services spéciaux, qui a pris part à plusieurs guerres et «opérations militaires». En hélicoptère, ils prennent la direction des côtes de l'Ecosse, mais à cause de la mauvaise météo, s'écrasent quelque part près du Kosovo. Par chance, dans les montagnes existe un entrepôt secret où la Russie a caché, en 1999, des mini-hélicoptères.

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Dans une séquence de flashback, Téléguine raconte aux garçons l'histoire de ces mini-hélicoptères, comment ils ont servi à la «lutte conte les bandits» et au sauvetage des habitants. Après être tombé sur ces mini-hélicoptères, Téléguine propose aux deux garçons de «faire un petit crochet» par la Grèce, où ils pourront recevoir les conseils de prêtres orthodoxes ainsi que leur bénédiction.

(Every boy's dream.)

(Le rêve de tout petit garçon.)

En Grèce, on découvre qu'Ivan souffre d'un orgueil démesuré. Pour comprendre la nature du combat spirituel, il passe une nuit dans une grotte, à se battre contre divers monstres et horreurs. Il s'en sort et, le lendemain, reçoit la bénédiction et une croix de bois. Le trio se dirige ensuite vers le château de l'université en Ecosse. Alors qu'ils s'en approchent, Téléguine se dissimule dans la forêt, car il est trop vieux pour se faire passer pour un élève.

(Every boy's dream, continued.)

(Le rêve de tout petit garçon. Suite.)

Une fois à l'intérieur de l'école, Ivan et Piotr font tout leur possible pour s'immiscer dans les cours en trompant les professeurs, tout en recherchant leurs compatriotes. Quand ils les trouvent, tous, sauf un, «ne sont plus russes, seulement russophones». Ils «se sont détournés de tout ce que l'être humain recèle d'humanité», et désormais «servent des forces obscures».

Flying on something that isn't a mini-helicopter? Heresy!

(On sait qu'ils sont le mal, parce qu'ils ne volent pas en mini-hélicoptères.)

Heureusement, tandis qu'Ivan et Piotr inspectent le campus, le lieutenant Téléguine pose des mines qu'il fait exploser quand nos héros se sauvent. (Il peut trouver les enfants entre les explosions grâce à la croix de bois que lui ont donnée Ivan et Piotr. Cette croix s'illumine vivement à la lecture de prières).

(Definitely not Dumbledore's Deluminator.)

(Rien à voir avec l'éteignoir de Dumbledore.)

En s'enfuyant du château en flammes, nos héros affrontent les navires de guerre de l'Otan, déployés par le directeur fou de l'école. Pris sous le feu croisé des vaisseaux, les enfants se mettent à prier ensemble. Une minute plus tard, une flotte de sous-marins russes fait surface, et les navires de l'Otan se retirent aussitôt.

Tout ce délire n'est rien comparé à l'original

Le livre «Les enfants contre les sorciers» fait son apparition en 2004. La maison d'édition, bizarrement baptisée en l'honneur du KGB, affirme que l'auteur du livre est l'homme d'affaires grec Nikos Zervas. Cependant, un article assez fouillé du journal «Kommertsant» de 2006 soutient que l'oeuvre est d'origine purement russe.

Le film présente quelques différences avec le livre originel. En particulier, Harry Potter semble avoir été éliminé du scénario. Zervas a sorti ce livre un an seulement après que J.K. Rowling a publié «Harry Potter et l'ordre du Phénix», le cinquième volume de la série. A la même époque, trois «Harry Potter» étaient déjà sortis, faisant plus de 3 milliards de dollars de recettes à l'international.

Dans le livre de Zervas, Harry Potter est un personnage issu du monde réel, et l'intérêt qu'il suscite chez les enfants russes fait le jeu des magiciens dévolus au mal. Harry est décrit comme «l'élève surdoué de Merlin» (mais à la fin du livre, on apprend qu'il n'est autre que la sœur travestie d'Hermione). Le succès public d'Harry affaiblit le «bouclier spirituel» qui entoure la Russie, l'un des derniers remparts du christianisme dans le monde.

Mais tous les méchants du livre ne sont pas des versions déformées des héros positifs de J.K. Rowling. Par exemple, il y a aussi Léo Riabinovski, Kokhan Koch et le «célèbre sorcier américain Moshé Skopidofle» (des stéréotypes de noms juifs).

Qui est derrière le film ?

Le film est l'oeuvre du fonds de bienfaisance Serge-Radonèje, une organisation dont la fonction principale est de venir en aide aux orphelins, aux invalides et aux anciens combattants. Le fonds se dit indifférent à la nationalité, citoyenneté ou religion, mais il entretient pourtant des liens étroits avec des responsables de l'Etat ou de l'Eglise russes. Le site web des réalisateurs du film indique qu'à sa conception ont participé : l'Eglise orthodoxe russe, la maison d'édition orthodoxe Foma, l'institut militaire Souvorov, le ministère de la Culture et le ministère de la Défense. On ne sait pas sous quelle forme exactement ces organismes ont apporté leur soutien.

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Présenté par…

Dans un entretien avec le site web «Planète russe», Elana Assanbekova, la directrice administrative du film, explique que le département des relations publiques de l'Eglise orthodoxe russe a apporté son aide en écrivant une lettre au ministre de la Culture, Vladimir Medinski, pour lui demander son soutien. Les éditions Foma aussi ont adressé une missive du même genre à Medinski. (On ne sait pas si le film a finalement été sponsorisé par le gouvernement russe, mais ses concepteurs remercient le ministère de la Culture et le ministère de la Défense pour leur «soutien».)

Mme Assanbekova ajoute que les prêtres orthodoxes ont accepté de bénir la production du film, et ont même prêté leurs voix aux personnages des prêtres.

Le réalisateur de ce film s’appelle Nikolaï Mazourov, il est directeur général de l'agence de publicité Madmoon. Sur Vimeo, on peut voir trois spots publicitaires signés par cette agence : un pour un magasin de vêtements, le deuxième pour un colloque vétérinaire et le troisième pour Gazprom, le principal producteur de gaz naturel de Russie.

Режиссёр Николай Мазуров.

Le réalisateur Nikolaï Mazourov.

Il y a quelques années de cela, Nikolaï Mazourov était un utilisateur régulier de la plateforme LiveJournal, où il partageait ses critiques de films hollywoodiens (il a aimé le «Sherlock Holmes» de Guy Ritchie) et quelques photos personnelles (avertissement : certaines de ces photos sont assez loin de la chasteté du film «Les enfants contre les sorciers»).

L'archiprêtre Sergueï Chastine, recteur du monastère Kroutiski de Moscou, apparaît à plusieurs reprises dans la bande-annonce visible sur YouTube. Chastine travaille avec la jeunesse de Russie et de Serbie, à favoriser les liens interculturels au moyen de projets tels que «Notre Serbie», «Le Codex serbe» et «l'Ecole de l'amitié». Dans la promo du film, Chastine déclare que la Russie est actuellement en guerre, interprétant dans un sens religieux ce que le discours politique appelle communément la «guerre de l'information».

Война, которая сейчас идёт, она совершается не на полях битвы — она совершается в душах человеческих. И главной задачей сегодняшнего дня является сохранение нравственности наших детей, нашего молодого поколения.

La guerre qui a lieu en ce moment ne se déroule pas sur des champs de bataille, mais dans les âmes humaines. Et le principal problème actuel est de préserver la moralité de nos enfants, de notre jeune génération.

Et les Russes, qu'en disent-ils ?

La promo des «Enfants contre les sorciers» a fait son apparition sur YouTube le 29 décembre 2015. Pendant six semaines, elle n'a suscité aucune marque d'intérêt. Mais soudain mi-février, l'activité explose d'un seul coup. Ce pic a peut-être quelque chose à voir avec la Journée de la défense de la Patrie, que les Russes célèbrent le 23 février. A l'heure où ces lignes ont été écrites, la vidéo a été vue plus de 106 300 fois.

Sur VKontakte [le Facebook russe], la page du film a 340 abonnés. La plupart des commentaires sont extrêmement négatifs, voire carrément insultants. Malgré un public particulièrement captif (dont beaucoup connaissent même le livre), la plupart des internautes trouvent, en résumé, que «Les enfants contre les sorciers» n'est qu'une partie mal animée du tas «d'ordures patriotiques». Certains font des comparaisons (qui ne sont pas à l'avantage du dessin animé russe) avec les films d'animation hollywoodiens des dernières années, comme «Zootopia», «The Lorax» ou «la Légende des Gardiens».

En août 2014, le blogueur et youtubeur PisiMISSED a partagé une analyse de dix minutes du livre original de Zervas qui tourne en ridicule l'intrigue, son racisme, son chauvinisme et l'abominable style de l'auteur. La vidéo a été vue environ 75 000 fois.

Il y a aussi une pétition sur Change.org pour demander au ministre de la Culture d'apporter son soutien à une suite (une initiative amusante, quand on songe que le premier film n'a même pas encore vu le jour). Le projet a réuni plus de 10 600 signatures, selon le site.

Pourquoi ce film?

Dans son interview, Elena Assanbekova explique que l'objectif principal de l'équipe était de concevoir un film éducatif pour les enfants, qui soit doté d'une animation exceptionnelle. Elle ajoute que que le film a été montré en avant-première à quelques enfants. Ceux-ci ont été frappés par «les effets spéciaux et la qualité de l'animation» et ont apprécié le «sens profond» et «l'humour» du film.

Comme le livre, le film n'existerait pas sans le soutien de personnalités de l'Eglise orthodoxe russe. Pourquoi ont-ils misé sur cette histoire de sorciers maléfiques pour tenter de récupérer la «jeunesse perdue» de Russie?

L'archiprêtre Sergueï Chastine ne dit rien de son investissement pour «Les enfants contre les sorciers», mais son nom apparaît dans un colloque de l'Eglise orthodoxe russe en mai 2009, où il est question de l'action de l'Eglise en vue de recruter de nouveaux fidèles. Au cours de la rencontre, des prêtres ont affirmé ceci : «Le but d'un missionnaire est de susciter l'intérêt pour sa foi, l'intérêt pour Dieu.» Et l'un d'eux en arrive à la conclusion que «les missionnaires les plus efficaces étaient les prophètes de l'Antiquité. Ils allaient nus, se nourrissaient d'excréments, épousaient des pécheresses, et tout cela dans le seul but de se rapprocher des gens».

Mais pourquoi donc aller manger de la m… dans le monde d'aujourd'hui, quand on peut la télécharger sur YouTube, où 106 300 personnes le font pour vous?

Le conflit gelé du Nagorno-Karabakh rallumé par des combats entre militaires azéris et arméniens

dimanche 3 avril 2016 à 16:31
Agdam in Nagorno-Karabakh.

Agdam au Nagorno-Karabakh. Photo Wikipédia.

Les deux camps ont admis chacun plus d'une douzaine de victimes tout en prétendant – sans doute mensongèrement – avoir multiplié plusieurs fois ce nombre en morts ennemies.

Quelle que soit la vérité, ce qui est indubitable, c'est que la violence qui a éclaté dans la région du Nagorno-Karabakh que se disputent l'Arménie et l'Azerbaïdjan est la pire de plus de deux décennies de guerre intermittente.

La meilleure estimation basée sur les décomptes officiels respectifs est d'au moins 32 tués dans les combats acharnés qui ont débuté le 2 avril pour le Nagorno-Karabakh.

La paix fragile réalisée en 1994 a été rompue régulièrement au cours des vingt dernières années, mais la violence récente, qui semble avoir coûté la vie à plus qu'un enfant, dépasse les escarmouches frontalières ordinaires.

Le confetti territorial enchâssé entre les deux pays a été revendiqué par les séparatistes arméniens à la suite de six ans d'une guerre commencée alors que les deux républiques faisaient encore partie de l'Union Soviétique.

La majorité des 150.000 habitants actuels sont ethniquement Arméniens, alors qu'avant le début en 1988 des déplacements de populations à cause de la guerre, un quart était ethniquement Azéri.

L'Occident et la Russie, alliée militaire de l'Arménie, ont multiplié les déclarations alarmées, et l'Azerbaïdjan affirme à présent avoir cessé les hostilités.

Mais du côté arménien, des voix disent que les combats se poursuivent :

[L'Azerbaïdjan bombarde les civils de Martakert avec des missiles Grad de 122mm] La déclaration du Ministère de la Défense azerbaïdjanais d'un cessez-le-feu unilatéral est totalement fausse !

La Turquie, à couteaux tirés avec Moscou depuis qu'elle a abattu l'an dernier un avion de combat russe à proximité de sa frontière avec la Syrie, aurait exprimé sa solidarité avec l'Azerbaïdan.

Qui a vraiment besoin de la paix ?

Sans surprise, la bataille sur le terrain s'accompagne d'une guerre de l'information sur tous les fronts, avec le mot-dièse commun aux twittos arméniens et azéris #NKpeace (Paix au Haut-Karabagh) pour faire passer leur vision des événements :

SI CECI N'EST PAS LA GUERRE, QU'EST-CE QUI L'EST ?? Le meurtre d'un enfant innocent à cause de l'offensive militaire azerbaïdjanaise. Honte

L'Arménie continue l'occupation des terres de l'Azerbaïdjan, les actes délibérés d'escalade et le ciblage de civils.

D'autres twittos du Caucase se demandent pendant ce temps si la paix arrivera jamais dans une guerre déclarée officiellement finie en 1994.

Conflit gelé, ça veut dire recharger les fusils si les nouvelles générations sont éduquées dans des ethnocentrismes encore renforcés et le culte victimaire

Ça. [texte de l'image : La guerre est devenue la source unique la plus précieuse et la plus abondante de carburant pour la machine de propagande de chacun des régimes. Chaque soir les médias locaux calculent les scores quotidiens du front, ou rapportent l'acquisition de quelque nouvel armement qui fera basculer le champ de bataille en leur faveur. Le barrage médiatique permanent vise à créer un sentiment de devoir national et de patriotisme, tout en détournant l'attention des sujets qui importent le plus à la vie de tous les jours : le manque d'accès à de bons emplois, les services de base, et la détérioration de l'économie qui va empirer avant de s'améliorer.]

Ingérences extérieures ?

Les deux camps ne sont militairement à égalité que dans la mesure où l'Arménie peut compter sur l'aide de Moscou, car l'Azerbaïdjan a équipé massivement plus qu'elle son armée ces dernières années.

Le Kremlin est théoriquement bien placé pour arbitrer ce conflit post-soviétique, mais en pratique, il a tiré avantage de la confrontation en vendant des armes aux deux pays.

L'Organisation du Traité de Sécurité collective, sous direction de la Russie et dont l'Arménie est membre, n'en a pas moins promptement condamné l'Azerbaïdjan pour avoir rallumé la violence dans la région.

#PaixAuNagornyKarabagh Depuis le cessez-le-feu de 94, l'Azerbaïdjan a gagné des tas de pétrodollars, dépensés largement en armements. L'Arménie est plus pauvre et plus faible, mais alliée de la Russie.

Violence ‘extraordinaire’

Selon le blog Bug Pit d'Eurasianet.org, la toute récente bouffée guerrière avait ceci “d'extraordinaire” qu'elle “s'est produite pendant que les présidents de l'Arménie comme de l'Azerbaïdjan étaient absents de leurs pays, à Washington.”

Le blog tenu par Joshua Kucera poursuit en expliquant que “ce qui s'est probablement passé, c'est qu'une petite provocation a échappé au contrôle à cause de la tension accrue le long de la frontière”.

Pendant que les deux pays bombardent leurs citoyens de rhétorique nationaliste au sujet de l'enclave, c'est le Karabakh qui souffre le plus, avec sa population arménienne majoritaire coupée du monde et privée d'opportunités pour relancer une économie stagnante.

Une de ces opportunités perdues est le tourisme, car, quel que soit le propriétaire du ‘Jardin Noir’ — et là le droit international penche en faveur de l'Azerbaïdjan — ses montagnes sauvages et verdoyantes restent parmi les plus magnifiques de la région du Sud-Caucase.

Le ciel au-dessus d'Artsakh par Suren Manvelyan… puisse-t-il être en paix

Conversation avec Hugues Lawson-Body, photographe des stars, des jeunes franciliens et producteur de la série Barbershop

dimanche 3 avril 2016 à 11:22
Couverture du livre de Hugues Lawson Body 'Jeunes Parisiens'

Couverture du livre de Hugues Lawson Body ‘Jeunes Parisiens’

Nous vivons une époque dans laquelle certains sujets de conversation s'abordent difficilement en société ou dans les diners de famille: l'immigration, le sexisme, les inégalités sociales, le racisme ou le mariage pour tous.

Hugues Lawson Body est de ceux qui ont le don de pouvoir en parler sans que la conversation ne se crispe.

Lawson-Body est né au Togo et mais a grandi à Paris dans le Marais. La mondialisation le cosmopolitisme ne sont pas pour lui des notions théoriques mais des concepts qui sont vécus au quotidien aux travers des portraits qu'il dresse de son univers immédiat.

Lawson-Body aime la diversité dans les portraits qu'ils photographient: il a photographié les plus grands sportifs comme Tony Parker, Jean Galfione, Roger Federer ou Magic Johnson ou les grands cinéastes comme Spike Lee et Michel Gondry. Mais il a aussi photographié les jeunes de l'Ile-de-France comme vu dans son livre les Jeunes Parisiens.
la web-série “Barbershop” que Lawson Body a créée dresse un portrait original de la diaspora africaine a Paris fait un tabac et offre un regard peu connue sur une communauté riche en culture et en entraide.

Paris-75010-00:00

Une vidéo publiée par Lawson-body (@hugueslawsonbody) le

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Conversation avec un artiste moderne et cosmopolite:

Global Voices GV: Vous avez connu un parcours atypique, vous êtes né au Togo et vous avez grandi à Paris où vous avez formé votre ‘regard’. Votre carrière et vos œuvres reflètent une capacité à vous fondre dans différents univers. Comment vous décririez-vous en deux phrases ?

Hugues Lawson-Body HLB: Le mot clé est l’adaptation ! Je pars sans aucun a priori. J’aime les gens, et j’adore discuter avec des inconnus. Mon métier me le rend du coup tellement bien. Il colle à ma personnalité ou l’inverse !

GV: Quelles sont les qualités nécessaires pour réussir une photo ?

HLB: Tout dépend du style de la photo, mais si on ambitionne de faire du portrait il ne faut pas craindre de “rencontrer” les gens ! De les diriger et surtout il faut OSER ! Oser créer des émotions, des accidents, des photos ratés, au début du moins ! Et surtout il faut s’entrainer pour être toujours meilleur la fois suivante.

GV: Vous aviez photographié les plus grands: Spike Lee, Gary Kasparov, Michel Gondry, Roger Federer. Avez-vous une anecdote qui vous a particulièrement frappé auprès d'eux ? Une qualité que vous retrouviez chez la plupart d'entre eux ?

HLB:  J’ai eu la chance d’avoir la confiance des gens qui m’engageait pour réaliser ces portraits et de me trouver souvent au bon endroit !
Les 4 personnalités que vous m’avez cites sont finalement très différentes les unes des autres. Elles sont motivées par des objectifs différents, mais elles n’ont pas peur du boulot ! C’est cela selon moi leur point commun ; Le travail, le travail et pour finir le travail. Même si ces personnalités semblent être de véritables génies et donnent l’impression d’avoir une facilité naturelle à pratiquer leur profession. Le talent ne suffit pas : Ceux sont des grands bosseurs !

GV: L'actualité mondiale est accaparée par la montée des extrêmes : Donald Trump aux USA, Le Pen en France (que vous avez aussi photographié)  et la montée des sentiments anti-immigrants en Europe. Comment expliquez-vous ce phénomène et comment peut-on l’arrêter ?

HLB: L’arrêter je ne sais sincèrement pas mais je crois que les gens souffrent et que la facilité surtout en période de crise est de trouver des boucs émissaires. On a tous peur de perdre nos avantages, notre vie tranquille. Les Le Pen en ont fait leur fond de commerce, de père en fille. Même si je suis persuadé qu’ils croient à 90 % à leur histoire, c’est surtout une affaire de business. Le pouvoir est un sacré fuel également.
Je crois que changer les mentalités prend du temps, de l’éducation et beaucoup de patience. L’homme adore reproduire ses erreurs ou l’histoire bégaye, au choix.

GV: Le Togo vous manque-t-il ? Y retournez-vous souvent ?

Le Togo de mon enfance me manque, cela fait longtemps que je n’ai pas eu l’occasion d’y retourner. J’en garde des souvenirs forts. Je pense que je vais le redécouvrir. Même si je me sens en lien permanent avec ma culture togolaise. C’est d’autant plus important pour moi aujourd’hui car j’ai 2 filles à qui je dois transmettre cette culture qui est aussi leur héritage.

GV:  Un des vos thèmes de prédilection est la jeunesse urbaine. Pourtant elle semble incomprise. Qu'est ce qu'on ne comprend pas et que vous essayez de transmettre par vos portraits ?

Je traite la jeunesse dans sa globalité. Je me vois dans l’obligation de l’illustrer dans toute sa diversité : loin des clichés, juste la réalité. J’essaie de prendre des photos des jeunes tels qu’ils sont. La jeunesse a tout autant de valeur que le monde adulte. Elle souffre d’être négligée et a besoin d’être inspiré. Nous, adultes, devons entendre l’espoir de cette jeunesse et lui répondre en tenant nos promesses et nos engagements. Si nous continuons à prétendre que les jeunes sont transparents, nous allons créer une rupture. Des jeunes gens frustrés en quête de reconnaissance et d’existence qui risquent de s’exprimer dans la violence ! Notre responsabilité d’adulte doit passer par le dialogue, de découvrir cette jeunesse et d’embrasser sa diversité et sa singularité.

GV: Un message que vous souhaitez transmettre aux lecteurs de Global Voices

HLB:  Rien ni personne ne doit entraver notre liberté, ne cédons pas à la peur !

 

Ce site russe combine des images avec des résultats incroyables

samedi 2 avril 2016 à 23:09
A sci-fi UFO landscape, styled after Van Gogh? Why not. Image from ostagram.ru.

Un paysage digne de la science-fiction… dans le style de Van Gogh ? Pourquoi pas ? Image de ostagram.ru.

Avez-vous jamais eu envie d'ajouter un tourbillon à la Van Gogh à vos photos ? Maintenant c'est possible. Un projet russe, Ostagram, permet aux utilisateurs de combiner photos et oeuvres d'art pour créer des images fantastiques et qui ne dépareilleraient ni dans le monde d'Alice au pays des merveilles ni dans un film de science-fiction.

Image from ostagram.ru.

Image de ostagram.ru.

Le project Ostagram [russe], créé par Serguei Morouguine, est un service internet qui utilise un algorithme de réseaux de neurones à convolution pour combiner le contenu d'une image avec le style d'une autre. Cela signifie que si vous choisissez une photo de votre chien comme source du contenu, et un tableau de Monet comme source du style, vous pouvez faire ressembler votre chien à une peinture de Monet.

Des chercheurs de Google, qui ont testé les réseaux de neurones artificiels et la reconnaissance d'images, appellent cette technique combinatoire l’inceptionisme, d'après l'architecture neuronale profonde et le mème du film Inception “We need to go deeper” [“Nous devons aller plus loin”, NdT]. Ce film explore de façon spéculative la relation entre rêves et réalité.

Morouguine a rendu son algorithme public sur GitHub et explique que sa combinaison du traitement par réseau de neurones et de l'algorithme utilisant le style artistique est basé sur le travail programmé par d'autres, dont Leon Gatys, Alexander Ecker et Matthias Bethge.

Regardez ci-dessous quelques unes des fantastiques images inceptionnistes générées par les utilisateurs d'Ostagram, ou mieux encore si vous possédez un compte VKontakte, enregistrez-vous sur le site et créez les vôtres.

Image from ostagram.ru.

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