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PHOTOS : Tokyo enneigée, chaos dans la capitale

mercredi 24 janvier 2018 à 23:34
shibuya crossing snow

Légendes : “En direct de la gare de Shibuya”. Chute de neige record. 23 centimètres attendus dans la métropole de Tokyo. Arrêt sur image de la chaîne YouTube ANN.

Au moins 30 cm de neige se sont accumulés dans la région de Tokyo entre le samedi 20 et le lundi 22 janvier 2018, ce qui en fait la plus importante chute de neige dans la capitale depuis 2014 [en]. Bien que ce rare événement ait causé la fermeture des réseaux de transports, il a aussi donné l'occasion aux neuf millions d'habitants du Tokyo historique [fr] de prendre de superbes photographies (cliquez sur les liens pour agrandir les images).

Une quantité de neige battant tous les records est tombée sur Tokyo.

Dans l'est de la capitale, le quartier touristique d'Asakusa, qui abrite le célèbre temple Sensō-ji [fr], a fourni des images particulièrement spectaculaires.

Quand il neige Asakusa se met à ressembler à une peinture. \(^o^)/

De l'autre coté de la ville, une utilisatrice de Twitter a capturé cette scène surréaliste dans Shinjuku :

Même Godzilla s'est montré :

[…] J'adore la neige, elle me fait sourire. Je n'ai pas réussi à faire de bonhomme de neige, alors voila un Godzilla de neige à la place. Ce sera glissant demain, donc faites attention !

Les habitants de Tokyo qui ne sont pas habitués à la neige ont surtout trouvé ce temps pénible : les chutes de neige les plus importantes ont eu lieu le lundi soir pendant l'heure de pointe.

Chute de neige à son maximum en début de soirée dans la zone métropolitaine de Tokyo pendant l'heure de pointe, semant le chaos. La neige affectera-t-elle les trajets demain matin ? Nous donnons des mises à jour en direct depuis différentes locations. Soyez à l'écoute ce soir pour une prévision météorologique détaillée.

Les fortes chutes de neige ont pour ainsi dire gelé le réseau d'autoroutes et de routes à péages dans tout le centre de Tokyo et ont immobilisé la circulation.

La situation dans les tunnels de l'autoroute de Shuto est terrible. Aujourd'hui nous devions aller en excursion à Odaiba par l'autoroute mais je me demande si les bus vont rouler. Les rues de la ville sont probablement pleines elles aussi.

Quand j'ai téléphoné à ma professeure hier soir elle avait encore l'air content d'y aller.

Est-ce que ça va aller ?

Après s’être retrouvés à l’arrêt dans des tunnels pendant plus de cinq heures, la crainte de l'accumulation des gaz d'échappement a conduit automobilistes et passagers à abandonner leurs véhicules et à sortir à pied.

Après avoir été à l’arrêt pendant plus de cinq heures dans le tunnel de Yamate, des tas de gens se sont dirigés vers les sorties de secours à cause de l'accumulation des gaz d'échappement.

Quelques 50 voitures coincées sur le Rainbow Bridge à cause de la forte neige.

Il a fallu rappeler aux habitants de Tokyo, qui n'ont pas l'habitude de la neige, de se préparer correctement avant de sortir.

Suite à l'accumulation de neige sur la plaine de Kanto les chaussées seront glissantes demain matin. Veuillez faire attention en marchant pour éviter de glisser et de tomber ou d'avoir un accident de voiture.

Sur Twitter, certains abonnés s'amusent du choc et de la surprise causés par cette chute de neige hivernale inattendue sur Tokyo :

Caméra en direct de Tokyo à l'instant.

Les habitants d'autres régions du Japon où les fortes neiges sont courantes ont eux-aussi donné leur opinion sur le chaos dans la capitale. Sur Twitter, cet abonné a publié une photographie de la ville montagnarde d'Aizu, dans la préfecture enneigée de Fukushima, au nord-est de Tokyo :

Alors qu'à Tokyo, les trains ont probablement du retard et causent des problèmes, le réseau ferré d'Aizu est pile à l'heure aujourd'hui.

Un autre tokyoïte signale une raison pour laquelle une chute de neige peut être plus problématique à Tokyo qu'ailleurs :

“Lol Tokyo sucks at snow compared to my city X,” where X is a place that (a) regularly sees weather like this, (b) spends a big chunk of its budget on snow-plowing, and (c) has maybe 1/100 of the commuters of this sprawling mess.

A post shared by Peter Durfee (@durf) on

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“Ah ah ah Tokyo est nul avec la neige comparé à ma ville X” où X est un endroit qui (a) a régulièrement un temps comme celui-ci, (b) dépense une bonne partie de son budget en déneigement et (c) compte peut-être 1/100 des banlieusards sur les routes de ce bazar tentaculaire.

Un défenseur des droits de l'homme péruvien voit des similitudes entre le Venezuela de Maduro et le Pérou de Fujimori

mercredi 24 janvier 2018 à 19:24

L'anthropologue et défenseur des droits humains péruvien Javier Torres. Photo Rafael Uzcátegui. Utilisation autorisée.

Cet article est une version adaptée de l'entretien réalisé par Rafael Uzcátegui (assisté de Daniel Klie) avec Javier Torres, et est publié sur Global Voices avec son autorisation.

Javier Torres est directeur de l'ONG Servicios Educativos Rurales (Services Éducatifs Ruraux) ainsi qu'analyste politique pour la revue Poder et le site Lamula.pe . En 2012, lorsqu’a débuté le procès contre Alberto Fujimori, il était Secrétaire Exécutif de la CNDDHH, organisme qui a encouragé une mobilisation citoyenne et mis en place une stratégie juridique afin de traduire l'ancien président péruvien en justice.

RU: Quelles sont les principales similitudes entre les gouvernements de Nicolás Maduro et d'Alberto Fujimori ?

JR: Son muchas. Para que haya democracia en un país tiene que haber separación de poderes, prensa libre, tienes que tener elecciones libres. Hay otros elementos, pero estos son los fundamentales. Tanto en el Perú de Fujimori como en la Venezuela de Maduro no hay separación de poderes. Las leyes de excepción que se van dando, las mismas modificaciones o violaciones que estos gobernantes realizan, configura un escenario dictatorial, allí hay una clara semejanza.

Lo otro tiene que ver con un tema de libertad de expresión, que es un factor que tiene que darse bajo determinadas condiciones. El hecho que haya elecciones no garantiza que exista una democracia si el sistema electoral no cumple con los deberes mínimos que deben tener, por ejemplo los calendarios electorales. Un sistema electoral tiene que ser previsible y no debe estar sometido a los caprichos del rol ejecutivo, que es un poco que pasa en Perú y lo que uno percibe en Venezuela. Me parece que lo que tenemos aquí es una dictadura como la que sufrimos nosotros.

JT: Il y en a beaucoup. Pour qu'il y ait démocratie dans un pays il doit y avoir une séparation des pouvoirs, des médias libres et des élections libres. D'autres facteurs sont à prendre en compte, mais ceux-ci sont fondamentaux. Au Pérou de Fujimori comme au Venezuela de Maduro il n'y a pas de séparation des pouvoirs. Il y a une nette similitude entre les deux pays : les lois d'exception qui sont mises en place, les modifications ou violations similairement perpétrées par ces gouvernements, forment un même scénario dictatorial.
De l’autre côté il y a un problème avec la liberté d'expression, qui est un droit qui doit être donné sous certaines conditions. Le fait qu'il y ait des élections ne garantit pas qu'il existe une démocratie si le système électoral ne respecte pas les devoirs basiques qui lui incombent, comme les calendriers électoraux. Un système électoral doit être prévisible et ne doit pas être soumis aux caprices du pouvoir exécutif, ce qui est un peu ce qui se passe au Pérou et ce que l'on perçoit au Venezuela. Il me semble que nous avons affaire là à une dictature comme celle que nous avons subie.

Dictatures modernes

RU: Ont-ils rencontré une résistance dans les mouvements sociaux, surtout ceux du Cône Sud, pour cataloguer le gouvernement de Fujimori comme une dictature ?

JT: Las dictaduras también aprenden y se sofistican en sus métodos. En el caso peruano, debido a las características de una apuesta privatizadora, no hubo una resistencia a esa concepción. Fujimori había cerrado el Congreso y luego hubo una elección con denuncias de fraude. Al año siguiente ya estaba interviniendo el Tribunal Constitucional.
Incluso en el caso de Perú, para 1990 ó 1991, lo que tenemos es la construcción de un recurso que va a reafirmar ese golpe: el discurso fujimorista era un discurso totalmente antipolítico, absolutamente en contra de la búsqueda del consenso. Era un discurso que se apoyaba en decir que la política no sirve para nada, la democracia no sirve, hay que ser pragmático, se empezaba a justificar la acción de la privatización.

En la sociedad civil peruana no hubo un gran debate en torno a la consolidación de la dictadura, como si puede haberlo en el caso Venezuela, donde creo que tiene que ver sobre cómo es percibido el régimen desde otros espacios. En otros países se le percibe como un gobierno de izquierda que ha generado programas sociales. Por allí viene más el tema, de actividades ideológicas que van generando esa resistencia a denominarla dictadura.

JT: Les dictatures apprennent elles aussi et améliorent leurs méthodes. Dans le cas du Pérou, à cause de la privatisation mise en place par la dictature, il n'y a eu aucune résistance. Fujimori a fermé le Congrès, une élection a ensuite eu lieu pour laquelle il y a eu des allégations de fraude. La Cour constitutionnelle intervenait déjà l'année suivante. Même dans le cas du Pérou, en 1990 ou 1991, le discours de Fujimori était un discours totalement antipolitique, contre la recherche du consensus, il s'agit à ce moment-là d'un recours qui permet de réaffirmer le coup d'Etat. Ce discours s'appuyait sur l'idée que la politique était inutile, que la démocratie ne fonctionnait pas, il faut être réaliste, c’était déjà une justification de la privatisation.
Dans la société civile péruvienne, il n'y a pas eu de grand débat sur la consolidation de la dictature, comme il y a pu en avoir dans le cas du Venezuela, je pense que cela a un rapport avec la façon dont le régime est perçu par l'extérieur. Dans d'autres pays, il est perçu comme un gouvernement de gauche qui a mis en place des programmes sociaux. C'est de là que vient le problème, de ces idéologies qui génèrent cette résistance à dénommer la dictature

A propos des transitions

RU: Au Venezuela, il y a eu un débat sur la manière de résoudre le conflit : on parle de transition par effondrement et de transition par résolution. Dans le cas péruvien, comment s'est déroulée la chute de la coalition dominante ?

JT: En el caso peruano fue una transición al final por colapso. En el año 2000 es cierto que ya estaba instalada una mesa de diálogo desde que se había denunciado el fraude en las elecciones. Pero el Gobierno de Fujimori, para el inicio de su tercer mandato, había logrado neutralizar la movilización popular, sobre todo debido al desgaste.

JT: Dans le cas du Pérou, se fut une transition par effondrement. En 2000 une table ronde était déjà en place suite à la dénonciation de fraude électorale. Mais le gouvernement Fujimori, au début de son troisième mandat, avait réussi à neutraliser la mobilisation populaire, en raison principalement de la lassitude générale.

RU: Le moment clé a été la perte du soutien populaire sur lequel pouvait compter Fujimori dans ses premières années…

JT: Hay un momento en la campaña electoral, por primera vez en toda esa década, en el que en algunas localidades Fujimori empieza a ser rechazado. Nadie se hubiera atrevido antes a realizar una manifestación opositora. Lo clave es que no era premeditado, todo era espontáneo. Empezaba el hartazgo del Fujimorismo, Este tipo de regímenes no aceptan irse por la vía electoral, están tan involucrados en la corrupción que tienen que quedarse.

JT: Pour la première fois dans toute cette décennie, Il y a un moment dans la campagne électorale où dans certaines localités, Fujimori commence à être rejeté. Avant personne n'aurait osé organiser une manifestation de l'opposition. La clé, c'était que rien n'était prémédité, tout était spontané. Le fujimorisme commençait à se fatiguer, ce type de régimes n'acceptent pas de passer par la voie électorale, ils sont tellement impliqués dans la corruption qu'ils doivent à tout prix rester.

Participation, dialogue et consensus

RU: Si l'on est convaincu que ces régimes autoritaires ne passent pas par les élections, est-il sensé de participer à des processus organisés de manière non équitable ?

JT: Es un tema de debate porque estos procesos pueden legitimar a terceros, pueden ser fraudulentos, pero justamente captan la atención de la gente. Pueden no ir a votar, pero están atentos a lo que está pasando. Las elecciones pueden ser una suerte de caja de resonancia, algunos participan para formar parte. Pero si entiendes la lógica de la abstención siempre es muy difícil lograr una abstención total de toda la fuerza política, entonces la no participación de unos le da oportunidad a otros.

Lo otro es que todo espacio vacío se ocupa. Si se deja el espacio vacío a la dictadura, la dictadura va a ocuparlo todo. La gente no necesariamente puede percibirlo así, sólo ven el fraude después, no lo ve antes, sólo cuando ve las pruebas. Es un tema que se ve después de los procesos.

JT: C'est un sujet de débat parce que ces processus peuvent en légitimer d'autres, ils peuvent être frauduleux, mais ils attirent l'attention des gens. Ils peuvent ne pas aller voter, mais ils sont attentifs à ce qui se passe. Les élections peuvent être une sorte de caisse de résonance, certains y participent pour en faire partie. Mais si vous comprenez la logique de l'abstention, il est toujours très difficile d'obtenir une abstention totale de tout parti politique, de sorte que la non-participation de certains donne l'occasion aux autres.

L'autre problème c'est que tout espace vide est immédiatement occupé. Si l'espace vide est laissé à la dictature, la dictature l'occupera alors en totalité. Les gens ne le perçoivent pas nécessairement ainsi, ils voient la fraude seulement après, ils ne la voient pas avant, seulement lorsqu'ils en ont la preuve. C'est une fraude qui se révèle après la fin du processus.

RU: De par la nature du conflit, les mécanismes de dialogue doivent être favorisés. Mais comment le faire dans de telles situations défavorables ?

JT: Llega un momento en que los mismos partidos políticos perciben su falta de legitimidad y aceptan que se siente en la mesa una organización de la sociedad civil u otras que toman la iniciativa para tender puentes, que les muestran que hay un objetivo común: el restablecimiento de la democracia.

JT: Il arrive un moment où mêmes les partis politiques perçoivent leur manque de légitimité et acceptent qu'une organisation de société civile ou autre prenne l'initiative de s'installer à la table des négociations afin de jeter des ponts, et leur montre qu'il y a un objectif commun : la restauration de la démocratie.

Le retour de la démocratie

RU: Quelles sont, selon vous, les actes inachevés du processus de transition vers la démocratie au Pérou ?

JT: Los procesos de transición, sobre todo en el caso peruano, involucró temas claves como la reforma del sistema de justicia. Ahí no se avanzó tan rápido como se debía, a diferencia de lo que sucedió cuando construimos nuestro sistema electoral en un tiempo récord: en cuatro meses pasó de ser una institución controlada por el Servicio de Inteligencia al control ciudadano.

En el caso judicial no hubo un pleno compromiso con la reforma y habían demasiados poderes instalados en el sistema de Justicia. Otro punto fue el tema de la lucha contra la corrupción, se avanzó en sancionar a un conjunto de actores, pero lamentablemente no se mantuvieron los candados para que eso no volviera a pasar.

Les processus de transition, en particulier dans le cas péruvien, ont porté sur des questions clés telles que la réforme du système judiciaire. Le changement n'a pas été aussi rapide que cela aurait dû, contrairement à ce qui s'est passé lorsque nous avons construit notre système électoral en un temps record, quatre mois : il est passé d'une institution contrôlée par le Service de renseignement au contrôle citoyen.

Dans le cas de la justice, il n'y a pas eu d'engagement total à l'égard de la réforme, il y avait trop de pouvoirs corrompus encrés dans le système de justice. Un autre point abordé a été la question de la lutte contre la corruption, des progrès ont été accomplis avec la sanction d'un ensemble d'acteurs, mais malheureusement les cadenas n'ont pas été maintenus pour que cela ne se reproduise plus.

RU: Ces actes inachevés n'ont-ils pas permis de garder la porte ouverte pour un éventuel retour de Fujimori ?

JT Ahí es donde entra la reforma del sistema político. Los partidos se han reconstruido, pero muchos de ellos no son transparentes, no demuestran cuál es su financiamiento. Se hizo una ley de partidos pero se omitió el tema de los financiamientos. Entonces evidentemente eso siempre genera un peligro de volver a soluciones “salvadoras”.

Hay mucho caudillismo en el ADN de la historia política latinoamericana, eso hace que haya una desafección a la Democracia y de alguna manera la gente siente que ella no resuelve sus problemas.

C'est là que la réforme du système politique intervient. Les partis ont été reconstruits, mais beaucoup d'entre eux ne sont pas transparents, ils ne dévoilent pas leur financement. Une loi sur les partis politiques a été adoptée mais la question du financement a été omise. Alors évidemment, il y a toujours le danger de revenir à des solutions “salvatrices”.

Il y a beaucoup de caudillisme dans l'ADN de l'histoire politique latino-américaine, ce qui engendre une désaffection à l'égard de la démocratie et d'une certaine manière les gens pensent que la démocratie ne résout pas leurs problèmes.

Voir ici le forum créé par Javier Torres au Venezuela.

La première ministre de Nouvelle-Zélande Jacinda Ardern est enceinte, et les internautes ne parlent que de ça

mercredi 24 janvier 2018 à 12:59

La Première Ministre de Nouvelle-Zélande Jacinda Ardern. Source: Wikimedia Commons

L’annonce de la grossesse de la Première ministre travailliste néo-zélandaise Jacinda Ardern fait la joie des médias sociaux locaux. Jacinda et son compagnon, le présentateur de l'émission télévisée Fish of the day Clarke Gayford ont informé par Twitter :

Nous pensions que 2017 était une grande année ! Cette année nous rejoindrons les nombreux parents qui ont une double casquette. Je serai premier ministre et maman pendant que Clarke sera “1er homme de la pêche” et papa à la maison. Il y aura plein de questions (je vous garantis que nous avons un plan en ordre de marche !) mais pour l'instant on y va 2018 !

Les gens se sont jetés sur les médias sociaux pour partager leur enthousiasme à cette nouvelle :

Je me réjouis que la première ministre de NZ devienne une femme normale avec un travail et un bébé ! C'est bien pour elle !

J'adore !!! Ça va bousculer les idées de tellement de gens sur ce dont les femmes (enceintes/mères) en position de pouvoir sont capables !

Cette approbation dominante reste pourtant un tantinet sur la défensive :

Jacinda Ardern est enceinte. J'entends déjà les hommes râler.

La Première ministre de NZ annonce qu'elle est enceinte. Le bébé est attendu pour juin. Félicitations. Ravie à l'avance d'entendre le premier commentateur homme blanc d'âge mûr faire part de ses idées sur ce que la Première ministre fait de son corps, et ses conseils pour élever les enfants.

A 37 ans, elle a été la femme dirigeante la plus jeune du monde à devenir Première ministre, en octobre 2017, et seulement la troisième néo-zélandaise dans cette fonction. Apparemment, elle a constaté sa grossesse six jours avant que Winston Peters, du parti politique Nouvelle-Zélande d'abord ne lui propose de former un gouvernement de coalition avec les Travaillistes. Il sera premier ministre par intérim pendant ses six semaines prévues de congé parental.

Jacinda Ardern est politiquement et socialement progressiste, féministe et social-démocrate. Sa déclaration lors de sa prise de fonction que le capitalisme est un “échec flagrant” pour les enfants de Nouvelle-Zélande a fait s'étrangler certains conservateurs.

Une précédente polémique était née quelques heures après qu'elle avait été portée à la tête de l'opposition l'année dernière, quand l'ex-joueur de cricket et personnage médiatique Mark Richardson lui avait demandé si elle aurait besoin d'un congé de maternité si elle tombait enceinte en étant Première ministre.

Ce tweet a fait le lien, sans oublier la vanne puérile :

“Jacinda Ardern qui a un bébé, inspiration pour une génération” MDR c'est la meilleure de l'année ! Au moins elle a deux neurones maintenant qu'elle est enceinte ! Jacinda ! Mark Richardson ! Premier Ministre !

Le journaliste pakistanais Veengas est de ceux qui ont fait remarquer que Mme Ardern n'est pas la première chef d’État enceinte dans le monde :

La Première Ministre de Nouvelle-Zélande Jacinda Ardern n'est pas la première à attendre un bébé pendant qu'elle est en poste.
Une génération auparavant, la Première Ministre du Pakistan Benazir Bhutto était enceinte, et a accouché de sa fille Bakhtawar le 25 janvier 1990.

On trouve sur Twitter une poignée de réactions désapprobatrices :

Ridicule ! Jacinda Ardern, première ministre de NZ est enceinte. Une erreur sur presque tous les plans – le politiquement correct poussé à l'absurde. Autant le monde doit adhérer au travail des femmes, on ne peut tout bonnement pas être en même temps bonne mère et bon premier ministre. Impossible. Irresponsable.

Ainsi donc Jacinda Ardern tombe enceinte et ses fans sont en extase… Moi qui croyais que les femmes tombaient enceintes partout, sans cette adulation idiote que reçoit Mme Dents

Un billet sur la page Facebook de Stuff.co.nz ’s Facebook regorge de commentaires négatifs. Jeannie Wood n'y est pas allée de main morte :

This is a story of immorality, lies and deceit. It is not something to be proud of. Jacinda kept this secret from the public. She should step down, get married and be home with her child at least for the first year.

C'est une histoire d'immoralité, de mensonges et de tromperie. Il n'y a pas de quoi être fière. Jacinda a caché ça au public. Elle devrait démissionner, se marier et rester à la maison avec son enfant pour au moins la première année.

Inévitablement, Donald Trump s'est invité dans le badinage en ligne :

La première ministre de NZ est enceinte : Trump prétend qu'il est plus enceint qu'elle [image “En fait”, a-t-il dit aux journalistes, “j'étais enceint longtemps avant elle. Je suis enceint depuis des mois”]

J'espère tellement qu'il y aura un forum international dans les six prochains mois, où une Jacinda Ardern enceinte pourra rencontrer Donald Trump

Dans la capitale néo-zélandaise, Wellington, Martin Jago interpelle l'Amérique de Trump :

Buzz si charmant à Wellington en ce moment même. Comme un bébé royal et un mariage royal en un. L'Amérique, voilà à quoi ressemble un pays du 21e siècle. Ça c'est de la grandeur.

Le site de média en ligne de ‘centre droit’ Whaleoil contient sous ses articles des quantités de commentaires critiquant Mme Ardern, du négatif au crade. LesleyNZ était l'une des plus retenues en répondant au propos de la Première ministre disant qu'elle n'était pas “la première femme à faire plusieurs choses en même temps” :

All this multitasking superwoman mum talk about Jacinda is marginalizing a segment of mothers – those who believe that staying home to look after their children and forgo a career and not make lots of money is more important and that the job of a mother is the hardest one in the world. They multitask too and don't leave it up to childcare or others to look after their children. Of course Jacinda is fortunate in that she earns a big salary so her partner does not have to go to work and can be a stay at home at dad and not have to put baby into childcare.

Tout ce bavardage de maman superwoman multitâches sur Jacinda marginalise une catégorie de femmes : celles qui croient que rester à la maison pour s'occuper de leurs enfants, et renoncer à une carrière et à gagner des tas d'argent, est plus important, et que le travail maternel est le plus dur du monde. Elles aussi font plusieurs choses à la fois et ne laissent pas le soin à la crèche ou à d'autres de s'occuper de leurs enfants. Évidemment Jacinda a la chance d'avoir un gros salaire de sorte que son compagnon n'a pas besoin d'aller travailler et peut être un papa au foyer, et de ne pas avoir à mettre le bébé à la crèche.

Certains pro-Ardern se souviennent des attaques contre l'ancienne première ministre travailliste Helen Clark, blâmée pour être sans enfants :

Les gens qui déblatèrent contre Jacinda ayant un enfant sont les mêmes que ceux qui déblatéraient sur Helen Clark n'en ayant pas.

Dans un post lesté de gros mots, Emily Writes, rédactrice de la rubrique Parents de Spinoff, a rétorqué à de nombreuses réactions négative reactions :

When it comes down to it, I’m sure Jacinda always knew she was going to get shit. Helen Clark got shit for not having kids. Jacinda got shit for not ruling out having kids in order for people to attack her for not having kids.

Dans le fond, je suis sûre que Jacinda a toujours su qu'on allait la faire chier. On a fait chier Helen Clark parce qu'elle n'a pas d'enfants. On fait chier Jacinda parce qu'elle n'a pas exclu d'avoir des enfants pour que les gens l'attaquent parce qu'elle n'a pas d'enfants.

Jennifer Mattern, la blogueuse de SheKnows (‘Elle sait’) laisse le dernier mot à la Première ministre :

But Ardern's final word on the topic — her response to naysayers doubting her ability to serve as prime minister throughout a pregnancy — is our favorite: “None of them detected I had pretty bad morning sickness for three months of establishing the government,” she said wryly.
Reporters asked how she pulled that off. Ardern shrugged and replied, “It's what ladies do.” Indeed it is.

Mais c'est le dernier mot d'Ardern sur la question – sa riposte aux ronchons doutant de sa capacité à remplir ses fonctions de premier ministre pendant toute une grossesse – qui est notre préféré : “Aucun d'eux n'a détecté que j'avais de très pénibles nausées matinales pendant les trois mois de formation du gouvernement”, a-t-elle dit ironiquement.
Les journalistes lui ont demandé comment elle y était arrivée. Ardern a haussé les épaules et répondu, “C'est ce que font les dames”. Tout à fait ça.

La première compagnie téléphonique créée pour les autochtones mexicains est en danger

mardi 23 janvier 2018 à 14:01

Image du profil public Facebook de Redes, A.C. , une organisation faisant partie de Télécommunications des Communautés Indigènes, A.C. Utilisée avec autorisation.

Télécommunications des Communautés Indigènes, la première et unique association de concessionnaires communautaires et indigènes apportant des services de téléphonie mobile à prix raisonnable ainsi que l'accès internet dans les zones rurales mexicaines, risque de cesser d'exister car le service de régulation nationale des télécommunications mexicaines leur demande de payer un million de pesos  (l'équivalent de 50 000 dollars américains) pour l'utilisation des radiofréquences sur lesquelles ils émettent.

En juillet 2016, comme Global Voices l'avait déjà rapporté, l'Institut Fédéral Mexicain des Télécommunications (IFT) attribua la première licence pour installer un réseau de téléphonie mobile à destination de communautés indigènes mis en place par l'ONG Télécommunications des Communautés Indigènes.

Cette association communautaire a permis à des communautés indigènes économiquement marginalisées, un accès aux réseaux de communications téléphoniques mobiles plus économique et de meilleure qualité que celui proposé par le passé. La gouvernance locale et communautaire du réseau permettait aux utilisateurs un usage selon leurs propres termes plutôt que ceux des grandes compagnies.

L'opération projet fournissait à l'origine un service de téléphonie mobile GSM (2G) avec une licence expérimentale à environ 20 communautés isolées de l’État d'Oaxaca. Avec la décision historique du IFT, Télécommunications des Communautés Indigènes a été autorisée à fournir des services vocaux et de données afin d'opérer 15 ans de plus, et même de s'étendre aux États de Guerrero, Chiapas, Veracruz et Puebla.

De tels accords requièrent du prestataire le paiement du spectre radioélectrique utilisé, mais dans ce cas précis, Télécommunications des Communautés Indigènes avait sollicité par ordonnance d’amparo une dispense de payement. La requête s'appuyait sur leurs activités non-commerciales et non lucratives.

Erick Huerta, conseiller juridique auprès du Réseau communal indigène de téléphonie mobile (et faisant partie de Télécommunications des Communautés Indigènes) raconta au journal  El Financiero  que l'un des principaux problèmes rencontréx par les services téléphoniques gérés par des communautés était que le prix fixé par la loi ne faisait pas la différence entre fournisseur de services communautaires et fournisseurs commerciaux.

Rhizomática—l'organisation  chargée de faciliter la construction et la maintenance de l'infrastructure pour le réseau de Télécommunications des Communautés Indigènes, et bénéficiaire de l'une des subventions accordées par Rising Voices afin d'établir ces réseaux— explique la différence entre téléphonie commerciale et communautaire.

L'une des principales différences est le rôle central de la communauté. La téléphonie commerciale dépend des décisions de l'opérateur et tend au profit. La téléphonie communautaire, quant à elle, dépend des décisions des membres de la communauté. au lieu du profit, son objectif est la communication et le maintien des réseaux au sein des communautés se trouvant souvent isolées géographiquement.

Le tableau ci-dessous détaille les différences :

Source: Rhizomática et Redes AC, “Information pour les nouveaux membres.”

Téléphonie communautaire
La communauté est propriétaire du réseau local.
La communauté définit la façon dont elle souhaite gérer le réseau
La communauté décide des tarifs pour ses usagers
C'est à but non-lucratif.
Les revenus servent à l'amélioration du réseau
La communauté possèdent la concession en partenariat avec d'autres communautés également membres d'une association.
La communauté donne la priorité aux applications servant à l'intérêt du plus grand nombre.

Téléphonie commerciale
L'opérateur commercial possède le réseau.
L'opérateur commercial décide la forme selon laquelle le réseau opérera
L'opérateur commercial fixe le prix payé par les usagers.
L'opérateur commercial cherche le plus grand gain possible.
Les revenus sont utilisés pour la maintenance du réseau et les bénéfices vont aux propriétaires de la compagnie.
L'opérateur est titulaire de la concession ou loue la concession à un autre opérateur.
L'opérateur donne la priorité aux applications rapportant le plus d'argent.

Un réseau pour une communauté indigène n'est pas créé pour gagner de l'argent, et ne pourra donc jamais se permettre de tels tarifs. Le réseau fournit un accès téléphonique, SMS et un service de données à plus de 3000 foyers dans des communautés isolées pour 40 pesos par mois (l'équivalent de 2 € par mois). De ces 40 pesos, 25 vont à la communauté et 15 à l'association Télécommunications des Communautés Indigènes, qui investit l'argent dans la maintenance du réseau.

Quoi qu'il en soit, le 15 novembre 2017, comme rapporté par le journal El Financiero, la Deuxième cour de district en matière administrative pour la compétitivité économique, la radiodiffusion, et les télécommunications a rejeté la demande d'exemption de charges.

Rodrigo Huerta Reyna, coordinateur du département juridique de Télécommunications des Communautés Indigènes a expliqué au site d'information indépendant Sin Embargo:

Nosotros tenemos un título de concesión de uso social indígena para usar ciertas bandas de frecuencia del espectro radioeléctrico. El título lo otorgaron en septiembre de 2016 y nos están cobrando la parte correspondiente a 2016 y 2017, que eso suma como 900 mil pesos, más lo que se siga acumulando en los años. […]

Damos servicio a comunidades que no son viables económicamente, obviamente un cobro de estos es impagable, además de que no tenemos el ánimo de lucro que los operadores comerciales.

Nous avons un titre de concession d'usage social indigène afin d'utiliser certaines fréquences du spectre radioélectrique. Le titre nous a été donné en septembre 2016 et ils nous font payer la part correspondant à 2016 et 2017, ce qui revient à 900.000 pesos, plus ce qui continue à s'accumuler avec les années.  […]

Nous fournissons ces services à des communautés qui ne sont pas viables économiquement, il est impensable de facturer ces services, qui plus est, nous n'avons pas l'esprit de lucre des opérateurs commerciaux.

Un panneau faisant savoir que le service n'est pas disponible a été corrigé. Message original (en lettres oranges) : “Il n'y a pas encore de service longue-distance. Ne vous entêtez pas.” Une fois le réseau communautaire en fonction, des mots ont été barrés et on peut à présent y lire: “MAINTENANT, OUI, il y a un service longue-distance.  Photo prise à  Talea de Castro, la première communauté bénéficiant du réseau de télécommunications fourni par Télécommunications des Communautés Indigènes. Disponible sur le profil Facebook public de Redes, A.C.

La décision adoptée par la Deuxième cour de district en matière administrative pour la compétitivité économique, la radiodiffusion, et les télécommunications fait l'objet d'un appel de Télécommunications des Communautés Indigènes.

Commentant la décision, Huerta Reyna déclare au journal Sin Embargo :

Nosotros consideramos que tenemos los argumentos legales para ganar el amparo y nos permitan la exención del pago. Este es el único servicio de telecomunicaciones que esas comunidades tienen, históricamente no han sido atendidas, no cuentan con servicios, las redes no llegan a ellos, consideramos que debería estar en la ley una exención clara para este tipo de operadores

Nous estimons avoir les arguments légaux pour gagner l'ordonnance d’amparo et être exempté du paiement. C'est le seul service de télécommunications que ces communautés possèdent. elles n'ont jamais été couvertes auparavant, elles n'ont aucun service, les réseaux n'arrivent pas jusqu'à elles, et nous pensons qu'une exemption devrait exister dans la loi pour ce type d'opérateurs.

Ce modèle est le chemin suivi depuis 2013 par ces communautés afin d'exercer leur droit à la télécommunication. Étant donné que les opérateurs commerciaux ne voient aucun bénéfice à établir des réseaux dans ces communautés, celles-ci ont été délaissées. Elles ont dû apprendre par elles-mêmes le fonctionnement de cette technologie ainsi que son administration économique et légale.

La bataille actuelle autour des  frais de radiofréquences démontre l'importance capitale d'établir au sein du pays, un modèle de gestion en accord avec la réalité de ces communautés indigènes.

Des fuites de documents dévoilent que les élites dirigeantes éthiopiennes embauchent des trolls des médias sociaux (et regardent du porno)

mardi 23 janvier 2018 à 13:21
Un rassemblement de l'EPRDF à Addis Abeba en 2010. Photo d'Uduak Amimo / BBC World Service via Flickr (CC BY-NC 2.0)

Un rassemblement de l'EPRDF à Addis Abeba en 2010. Photo d'Uduak Amimo / BBC World Service via Flickr (CC BY-NC 2.0)

Au cours des deux derniers mois, une série de documents concernant les puissantes élites politiques éthiopiennes ont été divulgués en ligne.

Parmi d'autres révélations, ces fuites dévoilent que le gouvernement éthiopien a payé des commentateurs en ligne pour influencer les conversations sur les médias sociaux en faveur du parti au pouvoir. Les documents comprennent des centaines de pages de discussion et de correspondance par courrier électronique de hauts fonctionnaires éthiopiens, de multiples documents de planification du gouvernement et des comptes-rendus de réunions à huis-clos.

Les fuites sont arrivées à un tournant dans la récente crise politique en Éthiopie. Depuis la mi-2015, des milliers de personnes se sont levées en Éthiopie, réclamant plus de libertés politiques et d'égalité sociale ainsi que l'arrêt des saisies de terres par le gouvernement dans la région d'Oromia, l’État qui abrite le plus grand groupe ethnique éthiopien. La riposte du pouvoir a été brutale [fr]: des centaines de personnes ont été tuées, des milliers ont été arrêtées et les voix critiques – à la fois en ligne et hors ligne – ont été systématiquement réduites au silence.

Parmi les récentes fuites, qui ont commencé à circuler sur Facebook en novembre 2017, l'un des documents les plus révélateurs est une liste d'individus qui semblent avoir été rémunérés pour promouvoir la coalition au pouvoir sur les médias sociaux. La liste montre les noms des soi-disant “commentateurs de médias sociaux” avec leurs fonctions et la somme précise d'argent qu'ils auraient reçue pour leurs publications en ligne. La plupart des personnes énumérées sont des fonctionnaires.

La liste corrobore les preuves précédentes selon lesquelles le gouvernement éthiopien a recruté des commentateurs en ligne pour promouvoir sa politique et harceler ses opposants.

Les communautés en ligne en Éthiopie ont appelé ces commentateurs payés des “cocas”, terme familier en amharique (la langue la plus parlée dans le pays) qui peut se traduire par “cadres méprisables”. En amharique, ce terme désigne généralement les personnes qui se vendent pour de l'argent facile. Mais dans ce cas, la plupart des commentateurs répertoriés figurent déjà sur les registres des personnels publics.

Qui est responsable de ces fuites ?

L'origine des fuites a fait l'objet de rumeurs et de contestations à plusieurs niveaux. Les documents ont été initialement envoyés à des militants de la diaspora à partir de deux comptes Facebook au moins, appartenant tous deux à fonctionnaires, en novembre 2017.

La première fuite connue de la liste “coca”, provient du compte Facebook de Gebremichael Melles Gebremariam, un employé du bureau des affaires de communication de l’État de Tigray. Gebremariam a d'abord nié avoir envoyé ces documents, affirmant que son compte avait été piraté. Mais il a ensuite fait marche arrière sur cette affirmation. La rumeur actuelle est qu'il a été congédié.

Peu de temps après la fuite initiale, d'autres documents ont commencé à arriver dans les boîtes de réception des militants de la diaspora, cette fois en provenance du compte Facebook du directeur du bureau fédéral des Communications, Haddush Kassu. Ensuite, Haddush a commencé à dénoncer publiquement les responsables gouvernementaux impliqués dans les fuites. Le 18 janvier, il s'en est pris au vice-Premier ministre Debretsion Gebremichael dans une publication publique sur Facebook.

On ignore si les documents que Haddush a envoyé lui-même ont été piratés.

Les “cocas” promeuvent le discours pro-gouvernemental

Les révélations des responsables politiques et de l’État payant des “cocas” pour promouvoir en ligne l'agenda des détenteurs du pouvoir correspondent à une récente montée de la polarisation et du discours de haine sur les médias sociaux, parallèlement à une persécution accrue des journalistes indépendants.

Selon la liste “coca” révélée, au moins treize commentateurs ont chacun reçu au moins 300 dollars US (une grosse somme en Éthiopie, où le PIB moyen par habitant [fr] était de 660 dollars en 2016) pour des articles de blog ou des messages Facebook qu'ils ont écrits sur ordre de la coalition au pouvoir.

Liste de commentateurs internet rémunérés. Image largement partagée sur Facebook

Parmi les personnes mentionnées sur la liste figurent Daniel Berahane et Dawit Kebede, respectivement rédacteurs de deux sites internet d'information éthiopiens, HornAffairs et Awaramba Times . Les deux journalistes sont depuis longtemps accusés de mener une campagne d'information pro-gouvernementale, notamment en temps de tension politique accrue.

Au cours des dernières années, des journalistes éthiopiens indépendants écrivant sur les affaires gouvernementales, la corruption et les droits de l'homme ont été arrêtés ou forcés à l'exil en masse. Le vide d'information qui en résulte est donc rempli par les militants de l'opposition et les contestataires qui travaillent souvent pour des organes de médias basés dans la diaspora pour attirer l'attention du monde sur la répression militaire brutale contre les protestations qui a fait plus de 1200 morts et a conduit à plusieurs vagues d'arrestations massives depuis mi-2015.

Dans la foulée de la liste, il y a eu une fuite distincte de ce qui semble être une proposition visant à contrer les groupes d'opposition utilisant les plateformes de médias sociaux. Le document en langue amharique du bureau de la coalition gouvernementale éthiopienne qui dirige le pays depuis longtemps, le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF), énumère des solutions et des stratégies pour réduire l'influence des militants en ligne basés dans la diaspora.

Le document décrit également comment les autorités ont ordonné aux commentateurs payés d'attaquer les personnes qui luttent pour la démocratie et de faire l'éloge des idéologies de la coalition au pouvoir. Le document encourage ses membres à publier des commentaires sur Internet en se faisant passer pour des citoyens ordinaires.

D'autres documents montrent que l'agence d'espionnage éthiopienne Information Network Security Agency , connue pour surveiller et censurer les journalistes et les dissidents politiques, a émis un ordre de paiement de 12 000 dollars pour envoyer deux de ses agents en Chine suivre une formation spéciale. Les documents ne spécifient pas le type de formation que les deux agents étaient censés recevoir, mais cette information a commencé à apparaître avec la publication de discussions ultérieures en ligne.

Cinq semaines après la divulgation de la liste, un autre document a fait surface montrant un échange écrit sur Facebook Messenger entre deux fonctionnaires – Haddush Kassu et un agent de haut niveau de l'agence d'espionnage éthiopienne, Zeray Hailemariam – qui étaient furieux des fuites et de la divulgation des commentateurs payés.

L'un a déclaré que les fuites constituaient des menaces à leur sécurité et s'est engagé à demander l'aide de l'Agence de sécurité des réseaux d'information pour enquêter sur la source des fuites. L'autre a accusé un “agent de communication régional mécontent” d'avoir divulgué les noms à des rivaux politiques basés dans la diaspora.

À un moment de l'échange, les agents de l'agence d'espionnage éthiopienne ont suggéré qu'ils devraient encourager un “soldat courageux” comme Daniel Berahane «qui combat tous les extrémistes». En réponse, le responsable des affaires de communication du gouvernement a confirmé son soutien et a répondu: “Nous lui payons 33 000 [birs, environ 1200 dollars] pour deux articles.”

L'échange entre les deux hauts responsables du gouvernement jette également une lumière sur la lutte de pouvoir à la tête du parti éthiopien, où des conflits internes ont conduit des dirigeants à embaucher des personnes comme Daniel et Dawit pour déstabiliser les opposants politiques ou pour gagner la faveur des missions diplomatiques étrangères et des organisations internationales basées à Addis Abeba. Daniel et Dawit ont joué un rôle de premier plan dans la réaction des médias pro-gouvernementaux contre les militants de l'opposition et les médias de la diaspora.

A quoi sert le ministre de la Communication et des Technologies de l'information?

D'autres révélations ont mis en évidence les habitudes en ligne de l'ancien vice-Premier ministre et ministre des technologies de l'information et de la communication de l'Éthiopie, Debretsion Gebremicheal.

Le 16 décembre 2017, un membre du cercle restreint du parti au pouvoir a diffusé de captures d'écran de dix années de la page Facebook de Debretsion Gebremicheal. Au bout de deux jours seulement, les images ont été retirées le 18 décembre 2017 sans aucune explication.

Debretsion n'a pas de respect pour la femme pas plus que pour lui-même. D'accord, vous pouvez y aller et dire que votre compte a été compromis. Quelqu'un va-t-il être piraté dix fois ? Sûrement pas !

Pour Debretsion, cela semble particulièrement malvenu, puisqu'il n'avait même pas nettoyé son historique de navigation ni crypté ses communications en ligne, ce qui signifie qu'il était beaucoup plus facile que d'habitude pour les pirates de voler son historique de navigation. Une erreur d'amateur pour quelqu'un qui se présente comme étant au sommet du “renseignement” du pays.

Abebe Gelaw, un éminent journaliste de la diaspora, a monté un dossier révélateur de quinze pages après avoir examiné plus de deux cents pages de l'historique de navigation embarrassante et salace du Dr Debretsion.

Mais l'un des aspects les plus intéressants de l'histoire elle-même était l'origine des révélations. Les documents sont censés provenir de diverses sources, certains disent que ce sont des initiés mécontents qui les ont divulgués, d'autres, que ce sont des pirates qui sont responsables. Mais à partir d'une circulation incohérente de fuites, la vision commune qui émerge c'est qu'une lutte de pouvoir sans précédent se produit au sein de l'élite dirigeante éthiopienne.