PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Une photo qui vaut mille mots sur l'Afrique du Sud post-apartheid

lundi 22 février 2016 à 20:47
Some of the tweets discussing Alon Skuy's photograph.

Quelques tweets qui parlent de la photo d'Alon Skuy,,par @LanC_02, @gussilber, @BIZKID_WORLD et @LeMondZuid

Une photographie, prise le 26 janvier 2016 à l'extérieur de la Cour Suprême de Johannesburg, a attiré l'attention sur les inégalités de salaires dans l'Afrique du Sud post-apartheid.

La photographie a été réalisée par le photographe Alon Skuy, originaire d'Afrique du Sud, qui travaille pour un journal sud-africain, The Times. Cette dernière montre une personnalité controversée de la radio sud-africaine, Gareth Cliff, accompagné de son avocat Dali Mpofu, avec lequel il passe devant un homme vraisemblablement en train de fouiller parmi les poubelles.

Gareth Cliff a enflammé Twitter récemment après y avoir donné son opinion à propos d’un commentaire raciste de la part de l'agent immobilier Penny Sparrow : ce dernier avait  traité de « singes » les vacanciers sud-africains présents sur les plages. Au commentaire insultant de Sparrow, Cliff avait ajouté que « les gens ne comprennent rien à la liberté d'expression ».

Suite à ce tollé, Cliff a été retiré du jury de l'émission du concours South African Idols. Il a réussi à faire porter l'affaire de son licenciement devant le tribunal, où le juge n'a pas manqué de souligner qu'il s'agissait d'une affaire de contrats et non de racisme ou de liberté d'expression.

Cliff, un sud-africain blanc, était représenté devant le tribunal par Dali Mpofu, qui est lui noir. Dali Mpofu est le président de Economic Freedom Fighters (Les combattants de la liberté économique), un parti socialiste qui milite en faveur de la communauté noire en Afrique du Sud.

Le cliché en question, largement partagé sur les médias, est considéré par les commentateurs sur Twitter comme la meilleure représentation visuelle de l'Afrique du Sud post-apartheid, où les inégalités de revenus empirent depuis la fin du règne de la minorité blanche en 1994. L'Afrique du Sud possède l’un des systèmes de distribution du revenu salarial des plus inégalitaires au monde.

L'inégalité se trouve toujours en toile de fond, et jamais elle n'est mise au premier plan. C'est à nous de changer cela.

Afrique du Sud…

Nous avons énoooooormément de chemin à faire.

Cette photo d'Alon Skuy: un résumé de l'Afrique du Sud post-apartheid.

Sur Twitter, un utilisateur a demandé en faisant référence au parti auquel est affilié l'avocat de Cliff, le Economic Freedom Fighters:

De toute façon, à qui cette liberté économique revient-elle ? La puissante photographie prise par Alon Skuy.

Shabtai Gold a remarqué que le cliché n'était pas un montage.

Une image tout à fait exceptionnelle de l'Afrique du Sud. Pas de montage. Par Alon Skuy.

Pendant ce temps, @fullframeSA faisait l'éloge de la photographie:

La photo de Gareth Cliff et Dali Mpofu, prise par Alon Skuy pour @SometanLIVE, est au summum du photojournalisme.

La photographie a encouragé certains à rechercher d'autres clichés de Skuy:

Actuellement sur Google, en train de chercher d'autres travaux d'Alon Skuy.

Le kirghize maintenant sur Google Translate!

dimanche 21 février 2016 à 13:51
Screenshot of Google Translate in Kyrgyz shared on Tilek Mamutov's Facebook page.

Capture d'écran de Google Translate en kirghiz, partagé sur la page Facebook de Tilek Mamutov.

Google Translate est maintenant disponible en plus de 100 langues différentes, dont le kirghize, langue parlée presque exclusivement au Kirghizistan dans les montagnes d'Asie Centrale.

Les utilisateurs de Facebook et les réseaux sociaux russes ont obtenu gain de cause après plusieurs années de lutte pour que le kirghize soit intégré à Google Translate. Les langues turciques, parlées par plus de 5 millions de personnes dans le monde, ont également bénéficié d'un appui infatigable au sein même du géant technologique.

Tilek Mamutov, Kirghize et Directeur de Programme Technique chez Google, vit dans la baie de San Francisco, et a accueilli l'arrivée du kirghize sur Google Translate par un article publié sur Facebook le 18 février:

Кыргызский язык теперь в Google Translate!!!

Спасибо команде Google Translate, которые уже много лет работают над алгоритмами перевода и за работу, начатую годы назад, над кыргызским языком в частности.

Также хочу отметить носителей языка, которые внесли свой вклад в тренировку алгоритма! Огромный вклад внесла граппа под координацией Чоробека Сааданбекова. И хочу отметить внесших вклад через Айсок Кыргызстан за то, что подняли тему сотрудничества кыргызстанцев с Гуглом очень давно, поставили некоторые первые кирпичи в фундамент и вдохновили Гугл сделать глобальный инструмент принятия отзывов от сообществ. Спасибо всем кто помогал этим группам и тем кто вносил вклад индивидуально.

Приглашаю всех попробовать: http://translate.google.com/ Только помните, пожалуйста, что это только первые шаги, и если вы увидите что какой-то перевод можно улучшить прошу нажать соответствующую кнопку.

Ca y est la langue kirghize est maintenant sur Google Translate !!!!

Mille mercis à l'équipe de Google Translate, dont le travail sur la traduction des algorithmes a débuté il y a des années. Je tiens à remercier aussi les utilisateurs de cette langue qui ont contribué à tester les algorithmes! Le travail du groupe coordonné par Chorobek Saadanbekov a bien fait avancer les choses.

Je mentionnerai aussi ceux qui ont contribué au programme grâce au groupe Aisok du Kirghizistan, qui a longtemps fait remonter les problèmes de coopération entre Google et le Kirghizistan, et a incité Google à créer un outil global qui accepte les retours des utilisateurs des différentes communautés.

Merci à tous ceux qui ont participé à ces groupes et à ceux qui ont contribué individuellement.

Je vous invite à essayer: http://translate.google.com/. Rappelez-vous simplement que ce sont les premiers pas et que si vous constatez que certaines traductions peuvent être améliorée vous avez la possibilité de cliquer sur le bouton correspondant.

Paradoxalement, Mamutov n'a pas écrit son article en kirghize mais en russe, la langue la plus utilisée à Bichkek la capitale de l'ex-république soviétique.

En ligne, la plupart des sites internet .kg du pays renvoient sur des sites en langue russe.

Quand on utilise Google Translate pour traduire des informations en russe sur le Kirghizistan, par exemple, on trouve que la monnaie nationale le som est traduite par ‘poisson-chat’, alors que Bolot, prénom kirghize très répandu, devient ‘marais’.

Google Translate va améliorer son accès à l'internet kirghize encore peu développé, mais Mamutov souligne que des erreurs de traduction vont encore être relevées pendant un certain temps.

Kyrgyz beside a traditional nomadic dwelling in the early 20th century. From the archives of the state registry.

Des kirghizes à côté de leur habitat nomade traditionnel au début du XXème siècle. Archives nationles. .

La langue kirghize est parlée au-delà du Kirghizistan, particulièrement en Russie où vivent et travaillent un million d'immigrés kirghizes, et au Tadjikistan où des communautés kirghizes vivent le long de la chaîne de montagne du Pamir.

En Afghanistan,  plus de 1.000 Kirghizes vivent dans le Corridor du Wakhan, l'une des régions les plus reculées du monde.

Là, les enfants étudient en Dari, mais les antennes satellites qui sont sur les yourtes (habitations nomades) permettent à la communauté de regarder les informations sur le Kirghizistan en kirghize.

A Wakhan Kyrgyz. Screenshot from video uploaded by Jeff Waalkes.

Un kirghize de Wakhan. Capture d'écran d'une vidéo téléchargée par Jeff Waalkes.

La langue kirghize est arrivée sur Google Translate.

Selon la constitution, le kirghize reste la langue du Kirghizistan, et le russe est une langue ‘officielle’ utilisée par commodité dans les documents administratifs de l'état.

L'enseignement public du pays se fait en kirghize, en russe et en ouzbek, même si le gouvernement, sous la pression des nationalistes, a supprimé les examens d'entrée à l'université en ouzbek.

La maîtrise du russe disparaît rapidement en dehors de Bichkek, et beaucoup de jeunes kirghizes choisissent d'apprendre le mandarin et l'anglais, pour profiter des opportunités d'emplois  liées aux investissements de la Chine voisine dans la région.

 Sixty-year-old Ainysa and her grandson. All of her children work in Russia. Chek village, Batken oblast, Kyrgyzstan.

Aunisa une femme de 60 ans et son petit fils. Tous ses enfants travaillent en Russie. Village de Chek, région de Batken. Photo de Eylor Nematov avec son autorisation.

Enfin le Kirghize est sur Google Translate!

 

kyrgyzstan-australia-tp-12

Un jeune kirghize regarde à la jumelle un match de foot sur un stade situé derrière la frontière. Photo de Tamas Paczai, avec son autorisation.

‘Fish’, habitant du plus grand camp de réfugiés du monde

dimanche 21 février 2016 à 13:14
Abdullah Hassan, known as Fish, lived at the Dadaab refugee camp in Kenya for 23 years. Credit: Abdullah Hassan/Courtesy

Abdullah Hassan, surnommé Fish, a vécu 23 ans dans le camp de réfugiés de Dadaab, au Kenya. Crédit photo : Abdullah Hassan/avec permission

Cet article de Rachel Gotbaum pour The World, initialement paru sur PRI.org le 18 février 2016, est reproduit ici dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

Abdullah Hassan, surnommé Fish (Poisson), était âgé de 7 ans seulement lorsque son père fut assassiné par les rebelles en Somalie. Il quitta ensuite la Somalie pour se rendre au Kenya, dans le camp de réfugiés de Dadaab.

Listen to this story on PRI.org »

En cours de route, deux des frères de Hassan ainsi que sa soeur sont morts de malnutrition. Quand sa mère et lui arrivèrent au camp, les conditions de vie n'y étaient guère meilleures.
Le camp fut créé en 1992 afin d'héberger 90 000 Somaliens fuyant la guerre civile.

Encore aujourd'hui, il y a peu d'eau courante et d'égouts, et l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés coupe régulièrement dans les rations de nourriture déjà restreintes. Plusieurs réfugiés sont morts de faim. Des épidémies de choléra sévissent, car les inondations sont fréquentes et les services sanitaires, insuffisants.

La femme de Fish est décédée d'un ulcère, causé par le manque de soins médicaux adéquats.

Fish's work with the Danish Refugee Council is considered volunteerism due to his refugee status. Credit: Abdullah Hassan/Courtesy

Le travail de Fish au Conseil danois pour les Réfugiés est considéré comme du bénévolat du fait de son statut de réfugié. Crédit photo : Abdullah Hassan/avec permission

Les réfugiés n'ont pas le droit de travailler et très peu ont la permission de quitter le camp. Fish travaille au Conseil Danois pour les Réfugiés, mais ce n'est pas un emploi au sens traditionnel du terme : l'agence verse à Fish une allocation et le considère plutôt comme un bénévole.

Le camp de Dadaab accueille maintenant 500 000 personnes et ressemble à une ville délabrée dont la taille s'apparente à celle de La Nouvelle-Orléans.

Récemment, le groupe rebelle Al Shabaab a réussi à infiltrer le camp.

« Nous avons connu de grandes violences, des enlèvements, des fusillades, des assassinats, il y a eu de nombreuses voitures piégées, dit Hassan. Mes collègues dans la communauté ont été tués. »

Fish a également été une cible et a dû partir pour Nairobi, où il vit maintenant sans papiers. Il est fréquemment intercepté par des policiers qu'il doit payer pour éviter d'être arrêté.

Après s'être senti emprisonné dans le camp de Dadaab et au Kenya pendant 23 ans, Fish espère s'installer dans un endroit moins hostile avec ses filles, qui vivent toujours au camp. Il aspire à une nouvelle vie.

« Je suis persuadé que je quitterai un jour le Kenya pour me relocaliser en un lieu sûr,  dit-il. C'est juste une question de temps avant que Dieu ne trouve une solution pour moi. »

L'histoire de Fish est relatée dans City of Thornes, le livre qui vient de paraître de Ben Rawlence.

Un procès historique pour les femmes au Guatemala

samedi 20 février 2016 à 23:56
2292397930_c2dd7609e3_o

Au Guatemala, les blessures qu'a laissé le conflit armé interne entre 1982 et 1983 restent vives et leurs porteurs avides de justice. Photo tirée du compte Flickr de Surizar. Sous licence Creative Commons.

Le 1er février dernier s'est ouverte une procédure judiciaire historique au Guatemala. C'est en effet la première fois qu'un procès se tient pour viol et esclavage sexuel dans des conflits armés dans ce pays. Onze femmes du peuple maya-q'eqchi’ cherchent à travers cette action en justice à faire condamner les militaires responsables des violences sexuelles et des traitements inhumains, cruels et dégradants qui ont été commis contre elles lors du conflit armé intérieur entre 1982 et 1983.

D'après Prensa Comunitaria, le rapport de la Commission pour l'éclaircissement historique des violations des droits humains au Guatemala indique qu'au cours de ladite période :

Las mujeres tuvieron que hacer turnos para lavar uniformes y cocinar a los soldados sin remuneración alguna, además sufriendo violaciones sexuales en repetidas ocasiones. Esta violencia sexual fue usada por el ejército como forma de control de cualquier mujer organizada percibida como “enemiga” o “subversiva”, ya que, según los relatos de estas mujeres, muchos de los esposos, hermanos o familiares suyos estaban organizados y luchando por su derecho a la tierra. Se entiende entonces que a las mujeres se les violó para “castigar a los varones” que reclamaron sus derechos y [para] aterrorizar a la población.”

Les femmes devaient se relayer pour laver les uniformes et cuisiner pour les soldats sans rémunération d'aucune sorte, et elles ont en outre subi des viols à de multiples reprises. Cette violence sexuelle a été utilisée par l'armée comme moyen de contrôle de toute femme organisée perçue comme « ennemie » ou « subversive », car selon les témoignages de ces femmes, beaucoup parmi leurs époux, frères ou proches étaient organisés et luttaient pour leur droit à la terre. On comprend alors que les femmes furent violées pour « punir les hommes » qui revendiquaient leurs droits et [pour] terroriser la population.

L'esclavage sexuel et domestique en question s'est déroulé dans les installations d'un détachement militaire situé dans la communauté Sepur Zarco, à El Estor, dans la zone de la Frange transversale du Nord. Les hommes accusés d'avoir dirigé et toléré les abus sont le colonel Esteelmer Francisco Reyes Girón et l'ancien commissaire militaire Heriberto Valdez Asig [N.d.T:  auxiliaire civil de l'armée chargé notamment d'opérer un contrôle strict de la population dans les communautés rurales], qui sont assignés à comparaître pour les crimes de guerre qui leur sont imputés.

Dans le communiqué publié par Mujeres Transformando el Mundo [MTM, Des femmes qui transforment le monde], l'une des organisations plaignantes, on peut lire ce qui suit :

Gracias a la valentía de estas mujeres y del arduo trabajo que por más de seis años, Mujeres Transformando el Mundo ha llevado a cabo a través de un litigio estratégico, estamos hoy ante un caso emblemático de trascendencia internacional, al ser el primer juicio de esta naturaleza que es presentado ante el sistema de justicia interno. Constituirá también un ejemplo para la aplicación de una justicia con enfoque de género que visibilice las desigualdades históricas y el continuum de la violencia patriarcal contra las mujeres específicamente en un contexto como el conflicto armado interno.”

Grâce au courage de ces femmes et au travail de longue haleine qu'a réalisé Mujeres Transformando el Mundo pendant plus de six ans à travers un litige stratégique, nous sommes aujourd'hui devant un cas emblématique avec des répercussions importantes à l'international, car il est le premier procès de ce type examiné par le système judiciaire national. Il servira également d'exemple pour l'application d'une justice avec une approche genrée qui mette en évidence les inégalités historiques et le continuum de la violence patriarcale contre les femmes, en particulier dans un contexte comme celui du conflit armé interne.

Depuis 2009, Mujeres Transformando el Mundo, en partenariat avec l'Union nationale des femmes guatémaltèques (Unamg pour son acronyme en espagnol) et l'Equipe d'études communautaires et d'action psychosociale (Ecap), a constitué l'Alliance pour rompre le silence et l'impunité pour accompagner les femmes guatémaltèques sur leur route vers la justice.

D'après la page Facebook de Juicio Sepur Zarco, les femmes survivantes de Sepur Zarco « restent déterminées à faire aboutir ce procès et obtenir une condamnation. »

Leurs voix vers la fin de la vidéo suivante illustrent leur force et leur persévérance :

[…] No podía decir lo que tenía decir.

Pero hoy estoy contenta porque ya estamos en otro proceso.

Pero ahora, ya no es un camino de miedo para mí.

Es momento de decir y hablar. Que se deje de sufrir todo lo que sufrimos.

Que mis nietas, que otras mujeres ya no sufran lo que nosotras sufrimos.
Hoy me siento contenta de que el juez haya aceptado la verdad que venimos a contar.

[…] Je ne pouvais pas dire ce que je devais dire.

Mais aujourd'hui je suis contente car nous sommes passées à une autre étape.

Mais, à présent, ce n'est plus un chemin de peur pour moi.

Le moment est venu de dire et de parler. Que l'on cesse d'endurer tout ce que nous avons enduré.

Que mes petits-enfants, que d'autres femmes n'endurent plus ce que nous avons enduré.
Aujourd'hui je suis contente que le juge ait accepté la vérité que nous sommes venues raconter.

Nos levantamos. Caminamos y fuimos a buscar la justicia.

Nous nous sommes levées. Nous avons marché et nous sommes allées réclamer justice.

Il ne fait aucun doute que ce procès témoigne de l'immense courage des femmes q'eqchie's. Comme le souligne la journaliste guatémaltèque et militante des droits humains Iduvina Hernández:

[…] A pesar del estigma social, a pesar del dolor y a pesar de la vergüenza, estas mujeres, verdaderas orquídeas de acero, se levantan sobre sus endurecidos pies y alzan el rostro en unidad y con dignidad. Habrán de enfrentar cara a cara a dos de sus verdugos. Serán vencedoras porque la violencia que les propinaron fue incapaz de aniquilarlas. Han estado en unidad, van todas juntas como una, con un solo corazón, van a compartir la comida de la fiesta de la justicia y al final se sentarán detrás de un solo fuego (chire jun chi xam) y detrás de una sola taza a compartir la bebida de la dignidad.”

[…] Malgré le stigmate social, malgré la douleur et malgré la honte, ces femmes, véritables orchidées d'acier, se dressent sur leurs pieds endurcis et lèvent la tête dans l'unité et avec dignité. Elles devront affronter en face à face deux de leurs bourreaux. Elles en sortiront victorieuses car la violence qu'ils leur ont infligée a été incapable de les anéantir. Elles ont été unies, elles sont toutes ensemble comme une, d'un seul cœur, elles vont partager le repas de la fête de la justice et s’assiéront à la fin devant un seul feu (chire jun chi xam) et devant une seule tasse pour partager la boisson de la dignité.

Suivez le déroulement du procès sur ce lien.

Les mises à jour du procès sont également disponibles sur la page Facebook de Juicio Sepur Zarco/Alliance pour rompre le silence et sur le compte Twitter Caso Sepur Zarco.

25 ans après sa fermeture officielle, la plus grande décharge du Kirghizistan s'étend toujours

samedi 20 février 2016 à 22:29
Photo by Azamat Imanaliev. Used with permission.

La décharge, avec des logements de fortune en arrière plan. Photo de Azamat Imanaliev. Utilisée avec autorisation.

La plus vaste décharge du Kirghizistan est aussi grande que 120 terrains de foot et ses  détritus s'empilent sur une hauteur qui va jusqu'à 10 mètres de haut.

Le territoire, caractérisé par sa forte puanteur, son importante population de rats et les vols d'oiseaux de proie, a atteint sa capacité limite autorisée en 1990.

La décharge est un problème de salubrité publique majeur depuis plus de deux décennies, depuis que l'autorisation officielle de fonctionnement a expiré. A présent, c'est un danger pour l’environnement et la population vivant dans des logements précaires autour de la décharge, dont une partie trient les déchets pour vivre.

Un des problèmes de cette décharge de la capitale du pay, Bichkek, est qu'elle n'a aucune alternative. C'est là qu'ont commencé à s'amasser les déchets, durant l'ère soviétique. C'est l'unique décharge de la ville.

Photo by Azamat Imanaliev. Used with permission.

Photo Azamat Imanaliev. Utilisée avec autorisation.

Sans infrastructures correctes et financements, la décharge est devenue un lieu toxique, polluant l'air, le sol et un lac local. Des vapeurs toxiques s'en dégagent tout au long de l'année. Ses effets sur la santé des humains commencent à se ressentir.

La décharge est une menace

Le volume des déchets a augmenté de pair avec la population de Bishkek :  plus 25%, soit près de 1 000 000 de personnes depuis le début du millénaire. A l'origine, la décharge n'était pas faite pour répondre aux besoins d'une ville de cette taille.

La décharge diffuse du méthane, gaz contribuant le plus à l'effet de serre et qui est, de surcoît, inflammable. Il n'existe aucun moyen de contrôler le niveau de ce gaz dangereux, qui fait de la décharge une véritable bombe à retardement.

A young labourer working at the dump. Face blurred to prevent recognition. Photo by Azamat Imanaliev. Used with permission.

Un jeune ouvrier travaille à la décharge. Son visage est flouté pour rester anonyme. Photo de Azamat Imanaliev. Utilisée avec permission.

Alors que la décharge s'étend, le mécontentement des communes environnantes s'élève contre ses frontières rampantes.

En 2011, les résidents d'une novostroika locale, ou ‘nouvelle colonie’, se sont rassemblés pour demander au gouvernement de tenir une session spéciale pour délocaliser la décharge. Sinon, menaçaient-ils, ils bloqueraient les routes.

Damir Kokozhanov, à la tête des manifestants, déclara alors au journal de langue russe 24.kg :

L'été, les détritus brulés répandent la puanteur et les cendres contiennent des oxydes de métaux lourds. Ils présentent des risques mortels. C'est une menace pour le patrimoine génétique de la nation.

La discussion eut lieu, mais aucune décision de délocaliser la décharge ne fut prise. Aujourd'hui, elle reçoit de plus en plus de déchets.

La décharge, source de travail

D'après Aikokul Arzieva, qui a conduit des travaux de recherche ethnographiques autour de la décharge en 2013, au moins 300 trieurs de déchets dépendent du dépotoir, leur source de revenus.

Elle sert de filet de protection économique pour ces personnes – dont beaucoup sont des migrants ‘de l'intérieur’ – dans un pays où le fort taux de chômage a déclenché un exode vers la Russie. Les opérations de recyclage effectuées par les trieurs augmentent leur risque de développer des maladies respiratoires, voire des pathologies plus sérieuses.

A teddy bear at the dump. In tact items are often washed and resold on Bishkek's markets. Photo by Azamat Imanaliev. Used with permission.

Un ours en peluche dans la décharge. Les biens récupérables sont souvent lavés et revendus sur les marchés de Bishkek. Photo de Azamat Imanaliev. Utilisé avec autorisation.

« Malgré leurs contributions, les trieurs de déchets ont un statut social très bas, ils  font face à la discrimination sociale et gagnent beaucoup moins que d'autres acteurs du commerce informel des ordures » a déclaré Arzieva à l'agence locale News-Asia.

Les tentatives de conversion de la décharge en une forme d'activité légale, tel qu'une usine d'incinération des déchets, s'avérèrent le plus souvent être un échec.

Les investisseurs ont douté du potentiel de recyclage de la décharge, prévoyant qu'elle ne permettrait pas de faire des profits. Il fallut attendre que la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) accepte de devenir un partenaire dans le projet pour que des solutions voient le jour.

Informal housing in the backdrop at Kyrgyzstan's biggest dump. Photo by Azamat Imanaliev. Used with permission.

Des logements précaires en toile de fond de la plus grande décharge du Kyrgyzstan. Photo  Azamat Imanaliev. Utilisée avec autorisation.

La BERD accepta d'aider Bishkek à installer un système de collecte et d'élimination des déchets sur la base mixte d'un prêt et d'un financement. L'investissement total se montait à 22 millions d'euros, dont la moitié était une subvention offerte par la BERD et un donateur étranger anonyme. Le reste était un prêt devant être remboursé par les taxes collectées auprès des habitants les années suivantes.

Le modèle commercial présentait un défaut majeur, cependant. Selon le maire de Bichkek, Kubanychbek Kulmatov, l'administration municipale n'a jamais réussi à collecter des taxes de transport d'ordures auprès des résidents.

Lors de l'évènement Urban Talks organisé par l'association locale Urban.kg, Kulmatov a expliqué que parmi les 1,5 millions de personnes vivant à Bichkek et ses alentours, 560 000 seulement payent la taxe de transport de 15 Som Kirghize (environ 20 centimes de dollars US).

Les perspectives

Malgré ces perspectives économique peu prometteuses, l'investissement de la BERD fut versé. D'ici 2017, une nouvelle usine de tri devrait  être achevée sur le site de la décharge.

Les impacts positifs à en attendre sont évidents : la pollution causée par la dégradation des déchets sera réduite et la décharge deviendra plus durable. L'usine devrait rapporter des bénéfices et contribuer au remboursement de l'emprunt auprès de la BERD.

Mais qu'en est-il des résidents et des trieurs de déchets?

Bottles. Photo by Azamat Imanaliev. Used with permission.

Bouteilles. Photo Azamat Imanaliev. Utilisée avec autorisation.

Étant donné que la nouvelle usine et ses installations adjacentes seront construites près de la décharge actuelle et nécessiteront plus d'espace, jusqu'à 100 logements précaires dans sa proximité immédiate seront détruits. Les résidents locaux, ainsi que les trieurs de déchets, seront contraints de quitter le site pour laisser la place aux employés de l'État.

Même si ses résidents n'appréciaient pas la décharge, elle fournissait une source de revenu et un espace habitable. Si comme promis, l'usine est construite, leur avenir est incertain.

Birds have plenty to pick on at the dump. Photo by Azamat Imanaliev. Used with permission.

Les oiseaux ont beaucoup à faire dans la décharge. Photo Azamat Imanaliev. Utilisée avec autorisation.