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Le Mozambique remporte sa première médaille et c'est aux Jeux Paralympiques

lundi 19 septembre 2016 à 21:57
Final dos 400m feminino - T12. Foto: Edmilsa Governo (usada com permissão)

Finale du 400m féminin – T12. Photo: Edmilsa Governo (utilisée avec permission)

[Tous les liens sont en portugais, sauf mention contraire]

Edmilsa Governo, athlète d’à peine 18 ans, a réalisé un véritable exploit en montant sur la troisième marche du podium du 400m – T12 le 17 septembre dernier, lors des Jeux Paralympiques de Rio de Janeiro.

Edmilsa Governo est double championne d’Afrique et de la Communauté des pays de langue portugaise. L’athlète a déjà remporté plus de 46 médailles, dont 25 en or.

La Mozambicaine a remporté le bronze, tandis que l’or est revenu à la Cubaine Durand Omara, qui a battu le record du monde. L’Ukrainienne Oksana Boturchuk s’est, quant à elle, emparée de l’argent.

Boturchuk, Oksana,Durand, Omara - Atletismo - Ucrânia, Cuba - 400m rasos feminino - T12 - 400m feminino - T12, final - Estádio Olímpico (Engenhão) 2016 Getty Images - Matthew Stockman

Boturchuk, Oksana (Ukraine) et Durand, Omara (Cuba, droite.) lors de la finale du 400m féminin – T12. Stade Olympique (Engenhão). Photo: Rio2016 – Jogos Paralímpicos La jeune athlète est devenue la première médaillée mozambicaine de l'histoire des Jeux Paralympiques, vingt ans après le bronze remporté par Maria de Lurdes Mutola, aux Jeux Olympiques d'Atlanta, aux Etats-Unis.

La jeune sportive est devenue la première Mozambicaine médaillée de l’Histoire des Jeux Paralympiques, vingt ans après la médaille de bronze conquise par Maria de Lurdes Mutola [français], aux JO d’Atlanta, aux Etats-Unis.

Quatre ans plus tard, aux JO de Sydney, Mutola deviendra championne olympique du 800m.

Les réseaux sociaux ont jubilé avec ce moment historique. David Nhassego, journaliste sportif, déclare :

Edmilsa Governo é medalha de Bronze no Rio-2016

A atleta moçambicana venceu a medalha de bronze nos Jogos Paralímpicos que decorrem no Rio de Janeiro, Brasil, na corrida dos 400 metros, categoria de T-12. Fixou, ainda, um novo recorde africano nesta prova com o tempo de 53.89 segundos, superando o que ela havia fixado quando garantiu um lugar nesta final, de 54.99 segundos.

O País está de volta às medalhas nas olimpíadas e foi por via da atleta Paralímpica Edmilsa Governo. Aliás, esta é a primeira conquista de Moçambique nos Jogos Paralímpicos. Que se coloque isto nos anais da história.

Edmilsa Governo est médaillée de bronze à Rio 2016

L’athlète mozambicaine a gagné la médaille de bronze des Jeux Paralympiques de Rio de Janeiro, au Brésil, dans la course du 400m, catégorie T-12. Elle a établi, par la même occasion, un nouveau record d’Afrique, avec un temps de 53,89 secondes, battant celui qu’elle avait porté à 54,99 secondes en demi-finales.

Le journal O País est revenu sur les médailles olympiques obtenues par Edmilsa Governo, les premières remportées par le Mozambique aux Jeux Paralympiques. Ce qui a permis à la sportive de rentrer dans les annales de l’Histoire.

Edmilsa Governo com o seu guia Filipe João Chaimite medalha de Bronze dos Jogos Paralímpicos do Rio de Janeiro 2016- Foto: Cedida por Edmilsa Governo

Edmilsa Governo avec son guide Filipe João Chaimite, médaillée de Bronze aux Jeux Paralympiques de Rio de Janeiro 2016- Photo: Cédée par Edmilsa Governo

Dino Foi parle d’un fait historique pour les personnes handicapées, qui reçoivent un minimum d’attention, à l’instar de l’athlète mozambicaine, déficiente visuelle :

Ontem uma mãe de uma graduada paraplégica conseguiu me arrancar umas lágrimas na cerimónia de graduação da filha, ao dar todo um cenário do quão foi difícil pôr a filha numa universidade, não pela incapacidade intelectual da filha mas sim por falta de condições para pessoas com deficiência física.

Num país em que quase ou nada existe em termos de condições de acesso para os deficientes, é exactamente uma deficiente que traz uma medalha do Rio 2016!
Dá que pensar!

Hier, la mère d’une diplômée paraplégique a réussi à m’arracher des larmes lors de la remise de diplôme de sa fille. Son parcours à l’université a été difficile, non pas en raison d’une incapacité intellectuelle mais à cause d’un manque d’installations pour les personnes avec des déficiences physiques.

Dans un pays où  rien ou presque n'existe en termes de normes de conditions d’accès pour les handicapés, c’est précisément grâce à un handicap que nous avons obtenu une médaille de Rio 2016 ! Il y a de quoi se poser des questions !

Zenaida Machado, chercheuse pour Human Rights Watch au Mozambique et en Angola, écrit :

Edmilsa Governo levou bronze nos 400metros T12. Primeira medalha de Moçambique nos jogos Paraolímpicos. Well done young lady!

Edmilsa Governo a remporté le bronze sur 400m T-12. Première médaille du Mozambique aux Jeux Paralympiques. Bravo mademoiselle !

Hernâni da Silva, l’un des plus célèbres rappeurs mozambicains, célèbre également sa victoire sur son compte Twitter :

Félicitations à Edmilsa Governo & à son équipe pour la médaille de bronze aux Paralympiques Rio 2016.

Basílio Muhate, éminent membre du parti au pouvoir au Mozambique, n’a pas laissé passer inaperçu ce moment :

Des plaisantins ont également utilisé le nom de l'athlète pour parler politique :

Le seul gouvernement qui apporte du bonheur au peuple mozambicain est Edmilsa.

Les champions paralympiques et olympiques doivent-ils recevoir les mêmes primes ? Le débat fait rage à Singapour

lundi 19 septembre 2016 à 11:22
Paralympic swimmer Yip Pin Xiu won two gold medals in Rio. Photo from Yip Pin Xiu's Facebook page

La nageuse paralympique Yip Pin Xiu a remporté deux médailles d'or à Rio. Photo de la page Facebook de Yip Pin Xiu

[Tous les liens sont en anglais]

La nageuse singapourienne Yip Pin Xiu, née avec une dystrophie musculaire, a remporté deux médailles d’or lors des Jeux Paralympiques. Elle est ainsi assurée de gagner 200 000 dollars de Singapour (130 700 euros) pour chaque breloque obtenue à Rio de Janeiro.

Mais ses supporters demandent au gouvernement de lui en attribuer au moins 1 000 000, soit la prime reçue par le nageur Joseph Schooling après avoir remporté une médaille d’or lors des derniers JO. Outre le fait d’avoir battu la légende de la natation Michael Phelps, il a également apporté à son pays le premier titre olympique de son histoire.

Des internautes exigent en effet le même traitement pour les athlètes olympiques et paralympiques. Ils rappellent ainsi aux autorités que Yip Pin Xiu avait déjà apporté à Singapour la première médaille d’or de son histoire lors des Jeux Paralympiques de Pékin, en 2008.

Au même moment, le Secrétaire Parlementaire Teo Ser Luck expliquait pour quelles raisons la prime accordée aux Paralympiens est moins importante que celle allouée aux champions olympiques :

One of the things that we have to look at is that the Olympics competition level is actually quite different. The Olympics competition is a free world competition. Paralympians can join Olympics. Olympians cannot join Paralympics. That is one thing you look at – the level of competition.

The base of competition within the Olympics is a lot broader and the base of competition for Paralympics is smaller and is segmentised because Paralympics is based on the disabilities which are classified differently. So that is a different scale of competition.

L’une des choses prises en compte est le niveau de la compétition olympique, qui est assez différent. Il s’agit d’une épreuve à laquelle tout le monde peut prendre part. Les Paralympiens peuvent participer aux Jeux Olympiques. Les Olympiens ne peuvent concourir aux Jeux Paralympiques. Voilà une chose qu’il faut examiner de près – le niveau de la compétition.

Le plateau présent aux JO est plus important que celui présent aux Jeux Paralympiques. En outre, les athlètes sont classés en fonction de leurs handicaps. Là encore, le niveau de la compétition est différent.

L’ancienne journaliste Claire Leow a exprimé son désaccord avec ce raisonnement sur sa page Facebook, alors qu’elle plaide pour une meilleure base de rémunération pour les Paralympiens comme Yip Pin Xiu :

I am glad it was a smaller field — I am glad because each of those six competitors had a disability no one wishes on them. But it is also a bigger field – the six only represented the many others with more severe disabilities that could not possibly have gotten them into competition.

In the end, we cannot measure (or reward) human endeavour by money alone but withholding it sends a wrong message to society too. After all, as a taxpayer, I pledge my share of it to all society and to that end, in principle, I want Yip Pin Xiu and other disabled athletes to get the same rewards.

Je suis heureuse car il s’agissait d’une concurrence moindre – heureuse car chacun des six compétiteurs a un handicap que personne ne leur souhaite. Mais il s’agissait également d’une concurrence plus vaste – les six athlètes représentaient tous les autres aux handicaps plus sévères qui les maintenaient à l’écart de la compétition.

En fin de compte, nous ne pouvons mesurer (ou récompenser) l’effort humain avec de l’argent, ce qui, en outre, envoie un mauvais message à la société. En tant que contribuable, je promets ma part à toute la société et, pour ce faire, je souhaite que Yip Pin Xiu et les autres athlètes handicapés obtiennent les mêmes primes.

Le Parti des Travailleurs, membre de l’opposition, soutient également la revendication pour augmenter la rémunération des champions paralympiques :

The smaller pool of competitors at the Games should not be reason to deny our Paralympians the recognition and compensation that is due to them. It is only right that they should receive equal treatment as any Singaporean athlete who competes at the highest international levels.

Le pool plus réduit de compétiteurs aux Jeux n’est pas une raison pour refuser à nos Paralympiens la reconnaissance et la rémunération qui leur sont dus. Ils doivent recevoir le même traitement que n’importe quel athlète singapourien participant à des épreuves au plus haut niveau international.

Pour sa part, Yip Pin Xiu n’est pas gênée par la faible prime reçue, mais rejette l’argument qui affirme que les athlètes comme elle sont moins performants que ceux qui concourent aux Jeux Olympiques. Dans un entretien publié par le journal Today, Yip Pin Xiu déclare :

There are also people being negative and saying that (my Paralympic gold medal) cannot be compared (to Schooling’s Olympic gold) because they don’t think para—sports is the same as able—bodied sports.

My answer to [critics] is that we put in the same amount of effort to get to where we are and it’s not easier being in para—sports.

So, people who are comparing are missing the point here. Because sports has the ability to unite people. Joseph’s gold medal brought Singaporeans together. Hopefully, with this Paralympics gold medal, it would also be able to do the same. That’s the magic of sports.

Certaines personnes négatives affirment que mes médailles d’or ne peuvent être comparées à celle de Schooling car ils pensent que les sports paralympiques ne sont pas équivalents aux sports valides.

Ma réponse aux critiques est que nous fournissons la même quantité d’efforts pour être là où nous en sommes. Ce n’est pas si facile de participer à des sports paralympiques.

Ceux qui nous comparent oublient une chose. Le sport a la faculté de réunir les gens. La médaille d’or de Joseph a uni les Singapouriens. Heureusement, avec les titres paralympiques, on devrait assister à la même chose. C’est la magie du sport.

Sur Twitter, nombreux sont ceux à réclamer davantage de reconnaissance pour l’incroyable performance de Yip Pin Xiu :

Incroyable que #YipPinXiu ne recevoive pas la gloire qu'elle est supposée avoir, malgré l'obtention de deux médailles d'or aux Jeux Paralympiques.

Yip Pin Xiu mérite davantage de reconnaissance que Joseph Schooling, franchement. Elle a battu son propre record du monde. Pourquoi personne ne parle d'elle.

Pourquoi ne retransmet-on pas les Jeux Paralympiques en direct à la tv ? POURQUOI ? Pourquoi ne montrent-ils pas des rediffusions de la performance et de la médaille d'or de Yip Pin Xiu ?

La pression publique pourrait convaincre le gouvernement. Après avoir remporté une médaille d’or en 2008, Yip Pin Xiu était censée recevoir 100 000 dollars. Sa prime est passée à 200 000, après que le gouvernement a cédé à l’opinion populaire.

La Russie bannit le porno sur Internet (à nouveau)

samedi 17 septembre 2016 à 19:11
Photo: Pixabay.

Photo: Pixabay.

Ces deux géants de la pornographie sur Internet que sont PornHub et YouPorn ont été interdits en Russie cette semaine.

Ce n'est pas la première fois que les autorités russes s'en prennent aux services de porno en streaming : l'an dernier, les censeurs publics ont ajouté la version localisée en Russie, ru.pornhub.com, à leur liste noire, avant que d'autres fonctionnaires la rétablissent.

A l'époque, si la décision de bloquer un des sites internet les plus courus avait déclenché un torrent de sarcasmes sur les médias sociaux, les inquiétudes authentiques ont paru inexistantes, puisque la version en langue anglaise du site n'avait jamais disparu de l'internet en Russie, et que la pulsion vers les contenus pour adultes était une motivation suffisante pour surmonter la barrière linguistique.

Mais cette fois, Pornhub a été bloqué pour de vrai. Les fournisseurs d'accès russes ont reçu l'ordre de se conformer dans les 24 heures à la liste noire officielle.

Du côté juridique, les décisions de bloquer PornHub et YouPorn ont été prises respectivement à Voronej et Vladivostok. Les deux tribunaux ont jugé que PornHub et YouPorn “contiennent des informations qu'il est interdit de propager” en Russie.

Les informations en question incluent apparemment la pornographie infantile ou tout ce qui peut “justifier les mauvais traitements aux enfants”.

La définition russe de la pornographie infantile a toujours été très sévère. Les vidéos dans lesquelle les actrices font seulemnt semblant d'être mineures, sont vêtues d'uniformes scolaires… sont concernées, et des juges sont allés jusqu'à dire que certaines formes de porno illustré et animé, comme le hentai, relèvent de la pornographie infantile.

En cherchant “hentai” sur PornHub, les autorités russes ont identifié plus de 16.000 éléments de contenu qui ont justifié le blocage du site web entier.

Le site d'information Meduza a questionné Vladimir Panassenko, le juge de Voronej, qui dit ne pas se rappeler les détails de l'affaire dans laquelle il a interdit PornHub. Dans l'entretien, il dit qu'il a supposé que cela “avait quelque chose à voir avec les enfants, peut-être. Il n'y avait pas de limites d'âge [sur le site]”.

Sur les réseaux sociaux, les Russes ont discuté avec ferveur des conséquences d'une vie d'où seraient absents les deux plus grands fonds de pornographie de l'Internet.

Certains ont admis sans se faire prier leur conviction que le mariage et la procréation sont les alternatives convenables à la masturbation chez soi devant un film porno—une vision qui amène certainement un sourire satisfait sur les lèvres de personnalités publiques conservatrices comme Elena Mizoulina, Vitali Milonov et Anna Kouznetsova, dont la passion pour les “valeurs traditionnelles” est quasi viscérale.

Un trait répandu parmi les plaisanteries sur la décision de censure toute neuve brode sur le concept de “substitution aux importations” et de protectionnisme.

Dmitri Medvedev a ordonné la création d'un équivalent national au site étranger PornHub.

En bloquant PornHub et YouPorn, le pouvoir soutient la production nationale.

Le journaliste Sergueï Erjenkov a partagé une digression personnelle :

Моя репортерская мечта – отыскать актеров из первого советского порно под названием “Ребята из Чертаново” (1990 г.). Работая на НТВ, я приложил много усилий к тому, чтобы их найти. Но единственное, что мне удалось узнать, – ребята вовсе не чертановские, как следует из названия, а выхинские. И сейчас им, по моим прикидкам, чуть за 50. То есть импортозамещать еще могут.

Mon rêve de reporter est de mettre la main sur les acteurs du premier porno soviétique “Les gars de Tchertanovo” (1990). Quand je travaillais pour NTV, j'ai déployé beaucoup d'efforts pour les trouver. Mais la seule chose que j'ai réussi à apprendre, c'est que les gars étaient de Vykhino et et non de Tchertanovo comme le titre l'indiquait à tort. Et aujourd'hui, d'après mon estimation, ils doivent friser les 50 ans. Ils peuvent donc encore faire de la substitution d'importations.

De nombreux internautes ont souligné que la Russie a déjà un concurrent florissant aux grands sites porno comme PornHub : c'est le réseau social Vkontakte, l'équivalent russe de Facebook, qui héberge d'énormes quantités de pornographie mise en ligne par les particuliers. Certains disent que l'essentiel de ce qui existe sur PornHub et YouPorn se trouve aussi sur Vkontakte.

Les âmes cherchant frénétiquement “orgie lesbienne” ou “flic coquin” sur Vkontakte seront déçues : on ne trouve pas ces vidéos à l'aide du moteur de recherche du site. Tout le contenu pour adultes est mis en sécurité et chargé sur des groupes fermés.

Il ne manque pas de théories complotistes à succès pour offrir à la ronde des explications sur la vraie raison de l'interdiction du porno sur internet.

En réalité, PornHub a été fermé en Russie parce que les statistiques du site montrent que le genre de porno le plus populaire en Russie, c'est l'anal.

D'autres sur Twitter ont introduit une pincée d'humour électoral, en rapport avec les élections parlementaires russes de ce dimanche 18 septembre.

On dit que PornHub sera disponible seulement dans les bureaux de vote.

A présent que PornHub est bloqué, beaucoup de gens trouveront le temps d'aller voter.

La fine équipe de PornHub, connue pour sa réactivité sur les réseaux sociaux, aura tout fait pour sauver la situation. D'abord en contactant les censeurs russes. (Qui ont réagi par une insinuation maladroitement pince-sans-rire que la masturbation menace la démographie de la Russie).

[@roscomnadzor si on vous donne un compte Pornhub Premium, vous allez réautoriser Pornhub en Russie ?]
@Pornhub désolés, nous ne sommes pas sur le marché et la démographie n'est pas une marchandise.

Avant de s'adresser en désespoir de cause à Barack Obama en personne :

La Maison Blanche n'a pas encore réagi.

Les Roms de Skopje abandonnés par les autorités après la destruction de leurs logements

samedi 17 septembre 2016 à 12:16
Des enfants roms sans-abri après que les autorités de Skopje ont détruit leur logement au bulldozer. Photo de Vančo Džambaski, CC BY-NC-SA.

Des enfants roms sans-abri après que les autorités de Skopje ont détruit leur logement au bulldozer. Photographie de Vančo Džambaski, CC BY-NC-SA.

Les autorités de Skopje, la capitale de la Macédoine, ont expulsé cet été trente et une familles roms d'un camp situé sous la forteresse historique de Kale. Non contentes de raser ce qui a été leur habitation depuis neuf ans, elles ont aussi, d'après certaines sources, abandonné les familles sans leur fournir aucun soutien.

Le photographe et activiste Vančo Džambaski a publié un album sur Flickr pour essayer d'attirer l'attention sur la souffrance de ces familles. Il y décrit leur situation :

Без никаква помош од државните институции тие сега престојуваат во импровизираното живеалиште покрај Вардар. Без струја и вода, со голем ризик од заразни болести поради поплавите и немањето ни минимални услови за хигиена, со страв ја чекаат зимата.

Sans aucune aide de la part de l'Etat, elles vivent maintenant dans des habitations improvisées au bord de la rivière Vardar. Sans électricité, ni eau, ni tout-à-l'égout, et avec un risque élevé de maladies infectieuses à cause des inondations et de l'absence de conditions minimales d'hygiène, elles appréhendent l'arrivée de l'hiver.

En 2011, l'État a vendu le terrain à une entreprise privée, l'Amadeus Group, pour cent dollars le mètre carré. Cet emplacement immobilier de premier choix est situé à quelques minutes de marche du centre de Skopje, et les nouveaux propriétaires ont prévu d'y construire un hôtel.

Jusqu'à présent, les autorités ne semblent pas avoir été particulièrement émues par les manifestations des familles expulsées. Elles ont proposé de déplacer le groupe de sans-abri dans le camp vétuste de Čičino Selo, situé à l'extérieur de la ville, ce que les familles ont refusé parce qu’il est trop petit pour toutes les accueillir et que les conditions de vie sont pires que s'il fallait vivre sans toit. La plupart d'entre eux gagnent leur vie en ramassant des bouteilles en plastique et de la nourriture dans les poubelles, qu'ils transportent ensuite à vélo. Un relogement éloigné à l'extérieur de la ville entraverait grandement leur capacité à récolter assez de bouteilles et à les vendre aux entreprises de recyclage pour survivre.

Un travail dur et honnête. Principale source de revenu des Roms sans-abri, le recyclage des bouteilles en plastique jetées à la poubelle. C'est aussi un travail dangereux, les déchets contenant des éclats de verre, des morceaux de métal, des câbles et des déchets toxiques divers. Photo de Vančo Džambaski, CC BY-NC-SA.

Un travail dur et honnête. Principale source de revenu des Roms sans-abri, le recyclage des bouteilles en plastique jetées à la poubelle. C'est aussi un travail dangereux, les déchets contenant des éclats de verre, des morceaux de métal, des câbles et des déchets toxiques divers. Photographie  de Vančo Džambaski, CC BY-NC-SA.

Certains militants ont dénoncé l'indifférence du gouvernement et des médias, qui, selon eux, témoigne de la discrimination continue dont sont victimes les Roms dans la société macédonienne. Ljatife Sikovska, du Centre d'Education Rom Ambrela, décrit à Global Voices la gravité de la situation dans laquelle se trouve le groupe de sans-abri :

Град Скопје со багери ги сруши импровизираните живеалишта на 1 август, само неколку денови пред поплавите, без претходно да ги згрижи луѓето во друга локација. Се работи за 121 лице од кои 64 се деца, а најмалото има само 2 месеца. Бездомните лица невремето го преживеаја под отворено небо и за жал сè уште се под отворено небо…

L'administration locale de la ville de Skopje a détruit les cabanes le 1er août, quelques jours avant les fortes précipitations qui ont causé des inondations meurtrières. Les autorités n'ont pris aucune disposition pour reloger temporairement les cent vingt et une personnes (dont soixante quatre enfants) concernées. Le plus jeune enfant était un bébé de deux mois. Les sans-abri ont survécu en plein air à ce qui fut la pire tempête qu'ils aient jamais connue, et malheureusement ils n'ont toujours pas de toit au-dessus de leur tête.

Entre-temps, ces Roms ont reçu de l'aide de la part d'ONG. La Fondation Open Society – Macédoine (FOSM) a fait un don de vivres de l'ordre de 4 500 dollars.

Оваа ургентна мерка вклучува донација на храна и вода за пиење, хигиенски средства, детски пелени и основни намирници за живот на триесетина ромски семејства (околу 130 лица) останати без домови. Меѓу нив има лица без документација, бремени жени, болни лица и деца. Целта на оваа акција која ФООМ ја реализира со помош на Здружението за здравствена, социјална и образовна поддршка „Иницијатива за развој и инклузија на заедниците“ (ИРИЗ) е да одговори на моменталните потреби на овие граѓани во очекување надележните институции да пронајдат трајно решение на нивниот проблем.

Cette mesure urgente inclut le don de nourriture et d'eau potable, de produits d'hygiène, de couches pour bébé et d'autres produits de base pour environ trente familles roms sans-abri (près de cent trente personnes). Parmi elles, il y a des personnes sans papiers d'identité, des femmes enceintes, des malades et des enfants. L'objectif de cette action, mise en place par la FOSM en coopération avec l'Association pour la santé, le soutien social et éducatif “Initiative pour le développement et l'inclusion des communautés” (IDIC), est de répondre aux besoins actuels de ces citoyens en attendant que les institutions trouvent une solution pérenne à leur problème.

Les organisations de la société civile continuent à exiger des autorités, en particulier du Ministère du travail et des politiques sociales de la ville de Skopje, qu'elles fournissent un logement aux sans-abri avant que l'hiver ne rende plus difficiles leurs conditions de vie déjà précaires. Dans le camp délabré, la vie ressemble à un décor post-apocalyptique tel qu'on en trouve après une catastrophe naturelle, comme après un tremblement de terre dévastateur.

Un homme devant sa tente, située à 3 km de la place principale de Skopje. Photo de Vančo Džambaski, CC BY-NC-SA.

Un homme devant sa tente, située à 3 km de la place principale de Skopje. Photographie de Vančo Džambaski, CC BY-NC-SA.

En Grèce, des parents d'élèves refusent l'intégration d'enfants réfugiés dans leur école

vendredi 16 septembre 2016 à 14:25
University of Macedonia. Photo by Nikos Pappas, Yannis Voutsalas.

Dans l'Université de Macédoine, à Thessalonique (Grèce du Nord)!. Photo : Flickr / Nikos Pappas, Yannis Voutsalas / CC 2.0

Septembre est d'ordinaire une période calme en Grèce, consacrée à la rentrée des écoles, mais cet automne fait exception avec les dispositions sans précédent prises par une association de parents d'élèves.

Après la décision du gouvernement d'intégrer plus de15.000 enfants de familles réfugiées et migrantes dans le système scolaire national, l'Association des parents et tuteurs d'élèves de l'école primaire N° 5 d’Oraiokastro (région de Thessalonique) ont fait savoir qu'ils ne laisseraient pas leurs enfants venir en classe. Les membres de l'association ont même menacé de manifester contre le plan gouvernmental en occupant les bâtiments scolaires si les enfants réfugiés étaient autorisés à pénétrer dans les salles de classe grecques.

Les détracteurs de l'association la disent raciste.

Oraiokastro a été donné aux réfugiés du Pont [l'Asie Mineure] en 1922. Nos grands-parents étaient des réfugiés, et nous, nous sommes des racistes…

Les parents de l'association disent que leur principale inquiétude est le risque de santé posé par les enfants non vaccinés des familles de réfugiés, qui vont introduire des maladies dans le système scolaire grec. Une position soutenue par le Dr Astérios Gavotsis, maire d'Oraiokastro, qui met en jeu sa réputation médicale avec des affirmations que les enfants réfugiés sont porteurs de “maladies dangereuses et contagieuses comme l'hépatite et la malaria“.

Les parents mettent aussi en garde que les différences linguistiques, sociales et culturelles supposées infranchissables conduiraient à de graves difficultés de communication. L'association est formelle et exclut totalement toute coexistence avec les enfants du cru sous un même toit d'école.

Les attitudes des internautes face à la polémique sont naturellement mêlées, et le débat est enflammé. Ceux qui prennent le parti du collectif de parents d'élèves invoquent les droits exclusifs des nationaux, la nécessité d'empêcher les réfugiés de s'enraciner en Grèce, et les risques de “dégradation”.

Ceux qui veulent que les enfants de djihadistes aillent à l'école, qu'ils les enseignent eux-mêmes

L'utilisateur egrammes précise que l'éducation gratuite n'est obligatoire que pour les citoyens grecs :

La gratuité de l'enseignement est une obligation de l'Etat accordée uniquement aux citoyens grecs (Constitution Article 16, par.4)

Tandis que l'utilisateur FainaretiRom soutient fermement l'action et les décisions de l'association de parents d'Oraiokastro :

Si seulement on avait 10 Oraiokastro ! Notre pays ne connaîtrait pas une telle dégradation !

Mais d'autres ont condamné le racisme selon eux inhérent à l'idée que les enfants de réfugiés devraient être tenus à l'écart des écoles grecques, en soulignant que la plupart de ceux qui veulent maintenant fermer la porte au nez de ces gens sont eux-mêmes des descendants de migrants et réfugiés.

Comme l'écrit un site web local :

[…] C'est dans cette région, entre le Paleokastro d'aujourd'hui, précédément appelé Daout-Bali, et les abords d'Asprovrysi, Ak Bournar, à l'extrémité résidentielle nord de la municipalité actuelle, qu'a été décidée l'installation des réfugiés pontiques. Des rréfugiés en provenance des villages de la province d'Argyroupolis, Mouzaïna Tsimera, Xats, Agios Fokas, Kromni, Sourmena, Sistan, Lauria et les villages de Matsoukas. Le processus d'installation a débuté en 1922 et s'est terminé en 1930, avec l'arrivée d'autres réfugiés d'Asie Mineure et du Caucase. 183 familles au total furent les premières habitantes de la région, qui gardèrent enfouies en elles leur amertume et leur nostalgie de leur inoubliable pays natal, et commencèrent à lutter pour leur survie et intégration dans le tronc commun national de leur nouvelle patrie. Leurs coutumes et les symboles de l'identité collective d'origine les accompagnaient. Leur zone d'installation, sur le site de Krioneri, fut appelée Oraiokastro (qui veut dire “beau château”) d'après le Beau Château entre les villages de Xats et Agios Fokas […]

nikrtrah rappelle aux habitants d'Oreokastro qu'eux aussi ont été jadis des réfugiés :

Habitants de #oraiokastro, isolez ces quelques xénophobes extrêmes.
Vous aussi avez été un jour des réfugiés.

Tandis que ChrisSs_T_ et epan_e_kinisi les fustigent :

Nous vivons dans le pays où les petits-enfants des réfugiés de l'Asie Mineure grecque menacent d'exclusion sociale [d'autres] réfugiés.

C'est une honte qu'une association de parents nouveaux riches fascisants d'Oraiokastro, jadis habité par des réfugiés grecs, menace à présent notre démocratie.

D'autres internautes écrivent que la réaction violente contre le supposé risque sanitaire que font courir les réfugiés aux écoles est ironique, au vu des études montrant que les parents grecs sont largement sceptiques quant à la nécessité et même aux bénéfices de la vaccination.

25 % des Grecs ne font pas vacciner leurs enfants et s'inquiètent pourtant qu'ils puissent être infectés par les enfants réfugiés.

Un communiqué officiel du Ministère de la Santé a fourni une clarification nécessaire sur la question de la vaccination, déclarant que les enfants réfugiés sont “généralement en bonne santé et exempts de maladies infectieuses”. Le ministère indique également qu'il met en oeuvre actuellement un programme de vaccination pour enfants dans les hébergements de réfugiés. Les agents publics mettent en garde contre les “peurs infondées” comme celles professées par l'association des Parents et Tuteurs.

Selon des articles récents, des procureurs locaux ont même entamé des procédures et ouvert une enquête préliminaire contre le maire d'Oraiokastro et l'Association de parents d'élèves pour établir d'éventuelles infractions à la loi sur la violence raciste.

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Dessin de Panos Zacharis. Largement diffusé sur divers médias sociaux.

N'aie pas peur ! Tu as échappé aux missiles dans ton pays. Et ils t'effraient vraiment ? On y va !