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L'augmentation des loyers à Seattle aggrave la précarité des réfugiés

mercredi 17 mai 2017 à 23:33
Floribert Mubalama est venu aux États-Unis il y a trois ans, après avoir vécu pendant huit ans dans un camp de réfugiés. Il vit maintenant à Sea Tac, à Washington avec sa famille - ensemble avec deux autres réfugiés qu'il héberge. Crédit: Isabel Vázquez / NextGenRadio

Floribert Mubalama est arrivé aux États-Unis il y a trois ans, après avoir passé huit ans dans un camp de réfugiés. Il vit maintenant à Sea Tac, Etat de Washington, avec sa famille  et cohabite avec deux autres réfugiés qu'il héberge. Crédit: Isabel Vázquez / NextGenRadio

Ce billet d’Isabel Vázquez a été publié à l’ origine sur PRI.org le 8 mai 2017. Il est repris ici dans le cadre d'un partenariat entre PRI et Global Voices.

Il y a une lettre sur la table à manger de Yulina Bilombele qu'elle ne peut pas lire.

“Le défendeur n'a pas payé le loyer et n'a pas encore restitué les clés ni rendu les locaux”.

Yulina Bilombele est une réfugiée originaire de la République Démocratique du Congo. Elle a 80 ans. Elle ne parle pas anglais. Elle est trop fragile pour travailler et elle n'a pas l'argent pour payer un loyer.

Alors, elle se tourne vers l'homme auquel s'adressent de nombreux réfugiés congolais à Seattle : Floribert Mubalama.

“Ils veulent que nous les aidions”, dit-il. “Ils doivent aller à un rendez-vous. Ils ont besoin qu'on les accompagne. Ils doivent se présenter à leur premier emploi.” Ou, dans ce cas, ils doivent lire un avis d'expulsion.

Mubalama, âgé de 36 ans, s'est donné pour mission d'aider ses compatriotes congolais réfugiés à s'intégrer, en particulier en les mettant en contact avec des propriétaires demandant des loyers modérés pour des logements basiques et abordables, l'un des plus grands obstacles à un nouveau départ dans la ville américaine de Seattle.

Les Congolais ont été le plus grand groupe de réfugiés à arriver aux États-Unis l'année dernière, selon les données du Département d’État compilées par le Refugee Processing Centre (Centre pour la gestion des réfugiés) soit environ 16 000 au cours de l'exercice écoulé. Les près de 300 Congolais arrivés dans la région de Seattle au cours des cinq dernières années se sont retrouvés abandonnés au milieu d'une crise régionale du logement.

Mubalama garde toujours dans son salon le livret vert qu'il a reçu pendant son orientation de réfugié. Il recherche la page avec la chronologie de sa réinstallation aux États-Unis.

“La période prévue, selon ce livret, est de deux à cinq ans”, dit-il. C'est apparemment le temps qu'il faudrait à un réfugié pour s'intégrer pleinement dans sa nouvelle vie, avec un emploi stable et un logement.

Mais ce n'est pas la réalité.

Les réfugiés arrivant aux États-Unis reçoivent de la part des agences de réinstallation une allocation qui couvre leur loyer pendant 90 jours. Après cela, ils doivent assumer leurs frais de logement, mais selon Mubalama ce temps n'est pas suffisant pour que les réfugiés congolais de sa communauté deviennent autonomes.

Mubalama est venu aux États-Unis en 2014 après avoir vécu huit ans dans un camp de réfugiés au Malawi. Il a rencontré sa femme là-bas, ils se sont mariés et ont fondé leur famille.

Au début, il a été placé avec sa femme enceinte, ses deux enfants et son frère dans un appartement à une seule chambre à Tukwila, à environ 15 kilomètres au sud du centre-ville de Seattle. Avec l'aide d'un travailleur social, Mubalama et sa femme ont réussi à rompre leur bail d'une année et ont déménagé dans un appartement à trois chambres à proximité de SeaTac, où ils vivent maintenant. Ce processus, dit-il, n'est pas facile pour les réfugiés congolais.

“Les propriétaires sont très hésitants à louer aux réfugiés”, dit Mubalama. “Ils ne savent pas d'où vous venez.”

D'autres difficultés comme la langue, le manque d'antécédents de crédit et les traumatismes vécus rendent difficile pour les réfugiés de trouver et de garder un logement de manière stable.

Ainsi, Mubalama a lancé le Réseau pour l'intégration des Congolais, une organisation qui assiste les réfugiés originaires de la République Démocratique du Congo à accéder aux ressources et aux personnes qui peuvent les aider à se réinstaller. C'est un projet qui le passionne.

“Je ne le prends pas comme un travail”, dit-il. “C'est rembourser. Tout le temps que j'ai été dans le camp de réfugiés, je vivais de la compassion des autres.”

À seulement 10 minutes de voiture de la résidence de Mubalama se trouve un grand complexe d'appartements où de nombreux réfugiés congolais ont trouvé un endroit où vivre : les appartements Buena Casa à Kent.

Mubalama dit que ces appartements étaient des logements généralement à la portée des nouveaux réfugiés, une option moins chère que beaucoup d'autres dans la région de Seattle. Cependant, le 1er juin, le loyer augmentera de 25 $ à 200 $ en fonction de la taille de l'appartement. C'est une augmentation que beaucoup de ceux qui peinent déjà à payer les loyers mensuels précédents ne seront pas capables d'affronter.

Gurmeet Singh est copropriétaire de Buena Casa Apartments. Il dit que l'augmentation du loyer est le moyen de faire face à des taxes plus élevées, qui ont augmenté à 390 000 $ cette année. Quand il a acheté la propriété en 2009, il dit que les taxes étaient d'environ 200 000 $. Le loyer dans le complexe d'appartements sera maintenant de 850 $ pour un studio et de 1 300 $ pour un deux pièces.

“Mes parents ont immigré aux États-Unis en 1981, alors je comprends les difficultés qu'ils rencontrent”, dit Singh. “Si nos coûts n'avaient pas augmenté, nous n'aurions pas augmenté les loyers”.

Les appartements de Kent ne sont pas un cas unique.

Dans l'agglomération, les loyers augmentent de 6,7 % par an, selon un récent article de Zillow. En comparaison, les loyers dans d'autres régions à forte hausse comme Los Angeles et Sacramento affichent des augmentations annuelles de 4,7 % tout au plus. Les locataires de Seattle auront besoin d'une augmentation plus importante de leurs revenus que les locataires se trouvant dans une autre région urbaine des États-Unis jpour maintenir seulement le même niveau de vie.

Pour les réfugiés, cela pose un défi supplémentaire dans le recommencement d'une nouvelle vie – que le Département des services sociaux et de santé de l'État de Washington abordera ce mois-ci à la réunion au sommet du King County Refugee Housing le 24 mai. Le réseau pour l'intégration des Congolais fait partie de plusieurs organisations de réfugiés qui participeront aux discussions.

Mais pour l'instant, Floribert Mubalama s'inquiète de l'avis d'expulsion de Yulina Bilombele.

Mme Yulina Bilombele, 80 ans, rassemble son avis d'éviction et ses reçus du loyer pour M. Floribert Mubalama pour qu'il les lui traduise parce qu'elle ne parle pas anglais. Les deux sont des réfugiés de la République démocratique du Congo vivant dans la zone métropolitaine de Seattle. Crédit: Isabel Vázquez / NextGenRadio

Yulina Bilombele, 80 ans, rassemble son avis d'éviction et ses reçus du loyer pour Floribert Mubalama qui les lui traduira car elle ne parle pas anglais. Tous deux sont des réfugiés de la République Démocratique du Congo vivant dans la zone métropolitaine de Seattle. Crédit: Isabel Vázquez / NextGenRadio

Mme Bilombele n'a pas pu trouver un logement permanent quand elle est arrivée aux États-Unis il y a deux ans. Elle est restée avec Mubalama pendant quelques jours ensuite elle s'est retrouvée dans un refuge pour personnes sans abris. Finalement, elle a emménagé aux Buena Casa Apartments avec une famille partie au début de ce mois. Restée maintenant seule dans le petit logement, Bilombele doit payer à nouveau le loyer entier ou redevenir nomade.

“Ma peur est que je n'ai pas assez de force à cause de mon âge”, traduit Mubalama pour Bilombele. “L'argent qu'ils demandent, je ne l'ai pas.”

Mubalama dit que la lutte pour trouver et garder un abri élémentaire aux États-Unis décourage les nouveaux réfugiés qui avaient de grands espoirs pour leur nouvelle vie en Amérique.

“Lorsque nous sommes réinstallés, la première chose que nous attendons, c'est un logement où vivrre”, dit-il. “C'est ce que nous n'avons pas eu. Notre première et plus grande attente non satisfaite, c'était un logement “.

Cette fois-ci, il ne pourrait ne plus y avoir de place pour Mme Bilombele chez les Mubalama. La famille accueille déjà deux autres réfugiés sans abri et il ne rete plus d'espace.

Isabel Vázquez a écrit cet article en tant que stagiaire auprès de NextGenRadio à Seattle. Lire d'autres articles dur ce thème plus de billets sur le programme.

Trente ans et six films plus tard, la traduction créative du titre du film “Alien” survit dans les Balkans

mercredi 17 mai 2017 à 14:57

Banderole du prochain film de la saga “Alien” en Macédonien, “Le Huitième Passager: Covenant. Dans les salles de cinéma le 18 Mai. Places à la vente.”

L'annonce de la prochaine sortie au cinéma d'un nouvel épisode de la saga “Alien” a ressuscité un vieux débat linguistique parmi les cinéphiles et fans de science fiction dans les Balkans.

Quand le premier film de la série est sorti en 1979, les distributeurs de Yougoslavie, Hongrie et Pologne ont préféré traduire le titre en “le Huitième passager” (considérant l'alien comme un passager clandestin dans le vaisseau spacial et son équipage de sept membres) plutôt que d'utiliser un mot qui signifierait “étranger” ou “extraterrestre” dans la langue locale.

Le poster de la version originale yougoslave du film de 1979, avec la traduction serbo-croate, le titre original en anglais et le commentaire “film de l'année”. Auteur anonyme.

C'est ainsi qu’ “Alien” est devenu “Osmi putnik” en serbe, croate et bosniaque, “Osmi potnik” en slovène, et “Osmiot patnik” en macédonien.

Cela n'a toutefois pas été le cas dans toute la région. Les transcriptions ou variations locales du mot “alien” furent utilisées en albanais, bulgare, tchèque, slovaque et dans les autres pays de l'URSS.

Le titre polonais, “Obcy – ósmy pasażer Nostromo”, lui, est un mélange des deux approches, ajoutant à la fin du titre le nom de la navette, ce qui donne un titre plutôt long : “Alien – le huitième passager de Nostromo.” Le titre hongrois, “A nyolcadik utas: a Halál,” est aussi une sorte de spoiler, qui veut dire “le Huitième passager : la mort.”

Dans l'ancienne Yougoslavie, le titre “le Huitième passager” est resté et a continué à être utilisé dans tous les épisodes de la saga pendant les trente années suivantes, dont le prochain “Alien: Covenant.”

Dans les Balkans, les cinéphiles se rappellent régulièrement de la controverse qu'a engendrée cette traduction, la considérant soit comme une interprétation très créative soit comme un titre impropre ou obsolète.

Cela se reflète également dans la définition trouvé dans Vukajlija, un dictionnaire d'argot serbe online. Le résultat pour “Osmi putnik” est aussi bien une éloge ou une question pleine d'ironie “Pourquoi n'ont-il pas aussi compté le chat?” (en plus du septième membre de l'équipage, il y avait aussi un chat à bord de la navette, qui n'a apparemment pas été inclus dans le compte puisque seul l'alien était considéré comme “le huitième passager.”)

Parmi les nombreuses mauvaises traductions et interprétations des titres de films étrangers en langue serbe, le Huitième passager est l'un des rares cas de bon titre de film. #Alien

Une nouvelle fois je suis énervé lorsqu'ils disent qu’ #Alien est le “huitième passager”- Eh ! Il y avait six humains, un androïde, le chat, et puis l'alien.

Ensuite il y a Alien ou Osmi putnik qui ont littéralement été traduits en “le Huitième passager”. Comment a t-on traduit la suite ? D'autres passagers ?

Des fans de Macédoine ont exprimé leurs sentiments partagés sur la traduction du titre :

J'ai beaucoup grimacé quand j'ai vu le Huitième passager, à la place de Alien, écrit sur mon ticket de cinéma. Beaucoup !

Je m'en fous de ce que les gens pensent, le Huitième passager est un titre de génie pour le film, cinquante fois meilleur que l'original.

Le film a eu de l'influence sur la culture pop yougoslave bien au-delà de la sphère de la science-fiction. “Osmi putnik” était le nom de l'un des groupes de heavy metal les plus célèbres de la fédération, fondé en 1985 à Split, en Croatie. La popularité de ce groupe a pu jouer un rôle dans la survie et la reconnaissance de la traduction. L'une de leurs chansons phares est “Glasno, glasnije” [Fort ! Plus fort !].

Même les débats politiques font référence au film. Un utilisateur de Twitter en Macédoine a cité le professeur de droit et ancien politicien Ljubomir Frčkoski qui a utilisé “le Huitième passager” de manière péjorative lors d'une discussion sur le rôle destructif d'un parti au pouvoir dans le pays juste après les élections de décembre 2016:

“Inclure le VMRO dans le gouvernement serait comme avoir le Huitième passager dans votre bateau, comme avoir un alien dans votre bateau” – Frchko.

La Chine compte la moitié des ordinateurs infectés par le rançongiciel WannaCry. Pourquoi ?

mercredi 17 mai 2017 à 12:21

Le réseau informatique de la police chinoise infecté par le rançongiciel Wanna Cry. Photo sur Weibo via Letscorp

La Chine est l'un des pays les plus durement touchés par le logiciel de racket dénommé “WannaCry” lancé le 12 mai, et qui a infecté plus de 230.000 ordinateurs dans 99 pays en moins d'une une journée.

Le Centre national chinois d'intervention d'urgence sur le réseau informatique a confirmé que le 14 mai, la moitié des adresses IP infectées étaient localisées en Chine. La cyberattaque a affecté 30.000 institutions, parmi lesquelles des universités, postes de la police des frontières et stations d'essence.

Le rançongiciel, qui exploiterait la faille de sécurité “Eternal Blue” développée par la NSA (National Security Agency) américaine, attaque les ordinateurs fonctionnant sous les systèmes d'exploitation Windows de Microsoft, et rend inaccessibles les fichiers des utilisateurs en les chiffrant. Il exige un paiement de 300 dollars en bitcoins en échange de leur dé-cryptage. Connecté à Internet par le port 445 (un port de protocole de partage de fichiers), tout ordinateur fonctionnant sous un système d'exploitation Windows subira l'attaque s'il n'a pas téléchargé les mises à jour de sécurité émises en mars 2017.

Le rançongiciel a été rapidement contenu avec la découverte d'un “disjoncteur” par un informaticien britannique, mais une nouvelle version est sortie le 14 mai.

Les utilisateurs chinois d'ordinateurs sont probablement plus vulnérables à la cyberattaque du fait que beaucoup utilisent communément des versions sans licence (autrement dit, piratées) ou obsolètes de Windows et ne reçoivent donc pas les mises à jour de sécurité.

Pour aggraver les choses, beaucoup d'utilisateurs d'ordinateurs ignoraient l'arrivée de l'attaque car seuls de rares organes de médias ont informé sur le danger.

Si une majorité de fournisseurs d'accès internet ont bloqué le port 445, principalement utilisé pour le partage de fichiers dans les systèmes d'exploitation Windows, en vue de prévenir une cyberattaque massive ciblant Microsoft Windows, de nombreux services publics, universités, bureaux de police et stations d'essence n'avaient pas bloqué ce port.

Les campus universitaires ont été parmi les plus gravement touchés. Des universités de tout le pays, comme Qinghua, Beida, Shanghaï Jiaotong et Shandong University, ont été infectées. Thèses d'étudiants et projets de recherches ont été (et restent) encodés par le rançongiciel. Les médias chinois rapportent que :

截至到5月13日20点,国内有29372家机构组织的数十万台机器感染,其中有教育科研机构4341家中招…

Le 13 mai à 20 heures, des centaines de milliers d'ordinateurs de 29.372 institutions ont été attaqués par le rançongiciel. 4.341 institutions d'enseignement ont des cas d'infection…

L'article de l'agence officielle d'information Xinhua a cité le communiqué du Centre national chinois d'intervention d'urgence sur le réseau informatique :

截至14日10时30分,国家互联网应急中心已监测到约242.3万个IP地址遭受“永恒之蓝”漏洞攻击;被该勒索软件感染的IP地址数量近3.5万个,其中中国境内IP约1.8万个。

Le 14 mai à 10h30, le Centre national chinois d'intervention d'urgence sur le réseau informatique avait détecté 2.423.000 adresses IP attaquées avec Eternal Blue Exploit ; le nombre d'IP infectées par le rançongiciel dépasse 35.000 [dans le monde] et à l'intérieur de la Chine, environ 18.000 IP ont été infectées.

Outre le secteur de l'enseignement, de nombreux postes de contrôles des passeports ont été paralysés parce que le réseau de la police était contaminé.

Sur les médias sociaux, les responsables de la sécurité publique de la ville de Xiangshui, dans la province du Jiangsu, ont indiqué que le système informatique de l'immigration était attaqué et qu'ils avaient dû fermer les postes de contrôle des entrées. Les internautes ont signalé que les bureaux d'immigration [des aéroports] de Shanghaï et Pékin-Chaoyang étaient également paralysés par la cyberattaque.

Le 13 mai à minuit, un grand nombre des pompes à essence de PetroChina étaient hors service et le système informatique n'est pas revenu à la normale avant le 14 mai à midi.

Devant la nouvelle version du rançongiciel “WannaCry2.0”, qui ne peut plus être stoppée par le “disjoncteur”, les autorités chinoises ont lancé un avertissement sur les principaux portails internet, organes de médias et réseaux d'universités, pour tenter de contenir la propagation du rançongiciel.

On a encore peu évalué pourquoi la Chine a été aussi vulnérable à cette offensive de racket. Les médias officiels avancent que sa propagation a été causée par les étudiants qui utilisent le réseau des établissements pour pratiquer les jeux en ligne. Ce qui n'explique en rien pourquoi les réseaux de la police et de la distribution de carburant ont également été atteints.

Les Premières nations du Canada transfèrent leur culture orale vers des supports numériques

mardi 16 mai 2017 à 13:45

Atelier de numérisation de cassettes. Photographie fournie par la bibliothèque de l'UBC Library et reproduite avec l'autorisation de Indigitization.

Bien que pas encore tout à fait obsolètes, les cassettes audio perdent leur attrait en tant que moyen de stockage d'information sonore. De nombreuses communautés des Premières nations de Colombie britannique, au Canada, possèdent des centaines de cassettes contenant des heures d'enregistrements audio d'histoires de leurs anciens, de chansons traditionnelles et d'autres éléments clés de leurs cultures. Ils s'inquiètent de ce que l'abandon des technologies analogiques leur fasse perdre ce savoir s'ils ne parviennent pas à mettre au point une stratégie de transfert des contenus vers un format numérique.

Intervient le projet Indigitization : il fournit des financements et des formations à ces communautés pour qu'elles numérisent leurs enregistrements et les préservent pour les générations futures. Il est le fruit d'une collaboration entre le Irving K. Barber Learning Centre, le First Nations Technology Council, [Conseil technologique des Premières nations] et trois communautés (Heiltsuk, Ktunaxa, et ‘Namgis). Indigitization a créé une boîte à outils virtuelle munie d'instructions pas-à-pas pour les groupes intéressés par le processus de numérisation.

Les sections de cette boîte à outils virtuelle incluent les standards et les bonnes pratiques de la numérisation, des instructions sur l'ajout de méta-données ainsi que des conseils supplémentaires sur la numérisation de photographies et de cartes.

Logo du projet Indigitization logo créé par l'artiste tlingit Alison O. Bremner. Reproduit avec autorisation de Indigitization.

Ce programme accorde des fonds aux communautés métis, inuits et des Premières nations pour acheter l'équipement, payer le personnel technique et effectuer des voyages de formations. Cinq campagnes ont déja été effectuées et le sixième appel à candidatures fut cloturé en mars 2017. Parmi les projets financés, le programme a permis :

Si la numérisation permettra à ces communautés de préserver leur histoire, elle ne signifie pas pour autant que les contenus seront accessibles librement sur Internet. En effet, une autre composante de la boîte à outils fournit des informations sur le copyright, la propriété intellectuelle et les différents types de licences. Indigitization précise en outre que “la décision concernent le caractère public ou privé de l'accès aux informations numérisées appartient entièrement à chaque Première nation.”

En juin 2016, Indigitization organisa également une conférence intitulée “Futures Forum” [le Forum des futurs], qui “rassembla un réseau émergent de professionnels de l'information basés dans les communautés, de chercheurs universitaires et de spécialistes qui travaillent à soutenir des pratiques d'informations contextualisées au sein des communautés indigènes.” La section Stories from the Forum donne un résumé des panels et des intervenants.

Le « Premier perroquet » du Tadjikistan a-t-il fui sa cage dorée ?

mardi 16 mai 2017 à 12:24

Un perroquet jaco domestique sur un perchoir en bois dans un jardin. Photo de Keith Allison. Creative commons.

Le perroquet chéri d'une princesse a quitté sa cage et s'est envolé vers sa liberté. Les gens de la princesse désemparée ont fouillé la ville à la recherche du perroquet en fuite et promis une récompense à celui qui le trouverait. Aucune trace de la créature ailée n'est apparue.

Est-ce un conte de fées qui se déroule au Moyen Âge, ou juste un jour habituel au Tadjikistan ? Le matin où cette histoire fut publiée – via les partages sur les médias sociaux au lieu du crieur public – beaucoup de Tadjiks ont eu l'impression de se réveiller dans un pays étranger.

Sur les médias sociaux, Dilovar Valizoda, a résumé la confusion :

: Аз сахар хезам, хама сухан оиди тути. Кадом тути?

Je me suis réveillé et j'ai vu que tout le monde parlait d'un perroquet. Quel perroquet ?

Quel perroquet en effet ? Ce n'est que Roma, le perroquet gris et rouge d'origine africaine (Psittacus erithacus) qui appartient à la fille de l'homme officiellement appelé le Fondateur de la paix et de l'unité nationale, Chef de la nation du Tadjikistan, Emomali Rahmon !

Ozoda Rahmon n'est pas seulement la fille du président tadjik mais aussi son chef d'administration, considéré comme l'un des principaux décideurs politiques du pays. Bien qu'elle exerce un pouvoir dont Ivanka Trump pourrait seulement rêver, Ozoda et son personnel n'ont apparement pas été en mesure de retenir d'un perroquet qui voulait s'échapper, offrant une métaphore intéressante pour un pays autoritaire dépendant des transferts d'espèces des migrants travaillant à l'étranger.

Orazshoh Poyandashoyev a écrit :

 Эта сладкая слова СВОБОДА…

Ce mot chéri : LIBERTÉ.

Jusqu'à la moitié des hommes en âge de travailler au Tadjikistan abandonnent ce pays appauvri pour chercher du travail en Russie et ailleurs.

La saga de Roma le perroquet, qui n'a été signalée par aucun organe de presse interne, a donné aux internautes tadjiks une autre raison de souligner le nombre croissant de citoyens cherchant refuge en Europe.

Pour Fayziniso Vohidova :

Тути давно дар Аврупо ва панохандагии сиеси пурсидааст!))))

Le perroquet est déjà en Europe et est en train de demander le statut de réfugié !

Pendant ce temps, d'autres ont laissé entendre que des mesures répressives sont parfois prises par le gouvernement envers les familles des réfugiés politiques :

Тутиро тамоми хешу авлодашонро заложникий гирифтанд

Toute la famille du perroquet a été prise en otage.

La rumeur d'une récompense de mille somonis (environ cent sept euros) à quiconque retrouverait le perroquet a généré encore plus de sarcasme :

Шояд тутии суханчин бошад?) Хеле сирру накшахоро донад

Peut-être c'était un perroquet qui parle et qui connaissait beaucoup de secrets et de plans ?

Бубинед дустони гироми! Арзиши як паранда аз шаҳрванди Тоҷикистон чигуна баланд аст. Барои ҷустуҷуи як тути омода ҳастанд маблағ ҷудо кунанд ва тамоми вазоратҳову корхонаҳо думболи ин кор шаванд. Аммо шаҳрванди Тоҷик дар дохилу хориҷ мемирад касе аз ӯ суроғ намекунад..

Regardez, mes amis ! Un oiseau est plus précieux qu'un citoyen. On est prêt à offrir une récompense pour un perroquet et à mobiliser toutes les forces pour le chercher. Mais les citoyens tadjiks meurent dans le pays et dehors et personne ne s'en soucie.

Le seul site internet ayant rapporté la disparition supposée du perroquet à la fin du mois d'avril était le site indépendant Akhbor.com, basé à Prague, axé sur le Tadjikistan, et généralement considéré sûr et fiable. Les deux articles d'Akhbor sur la question ont ensuite été supprimés.

Néanmoins, il y a rarement de fumée sans feu, et même si l'histoire du perroquet était fictive de quelque manière que ce soit, elle semble vouée à devenir légende en raison de son symbolisme puissant.

Alim Sherzamonov, l'un des chefs d'un parti d'opposition non parlementaire, les Social-démocrates, a raillé :

Sherzamonov Alim Фирори тутии аввали Точикистон водор ба як андешаам кард. Хар кадар кафас тиллои хам бошад, он кафас аст ва хастанд паррандахое ба мисли мурги хонаги, ки бе кафас хам то дар дег чушиданашон шукронаи сохибашонро мекунанд ва хастанд паррандахое мисли хамин тути, ки озодии кутохмудатро,ки мунчар ба халокаташон мешавад, авлотар аз зиндаги дар хонаи нармтарину гармтарин медонанд.

La fuite du Premier perroquet m'a amené à penser que même si une cage est dorée, c'est toujours une cage. Il y a des oiseaux, comme les oiseaux domestiques, qui même sans une cage sont toujours reconnaissants à leurs propriétaires jusqu'à ce qu'ils se retrouvent dans une casserole. Et il y a des oiseaux qui préfèrent la liberté à une cage dorée, même si elle est courte et mène forcément à leur mort.