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La mosquée Al Aqsa prépare le Ramadan

jeudi 7 mai 2015 à 15:27

À la mosquée Al Aqsa à Jérusalem, les préparations pour le mois saint du Ramadan, qui devrait commencer le 17 ou le 18 juin cette année, sont en cours.

Les musulmans jeûnent du matin au soir pendant le Ramadan, qui commence avec la nouvelle lune. La mosquée d'Al Aqsa est le troisième lieu saint de l'Islam, et elle est en préparation pour pouvoir accueillir les fidèles pendant ce mois saint.

La mosquée d'Al Aqsa, aussi connue sous le nom de Bayt al-Muqaddas, se situe dans la vieille ville de Jérusalem.

Khaled Safi partage sur Twitter une photo qui montre l'avancée de la pose d'auvents destinés à protéger les fidèles du soleil pendant les prières du midi. Cette zone, à l'extérieur de la coupole du Rocher, est aussi là où des milliers de musulmans rompent le jeûne quand le soleil se couche:

Les préparations ont commencé pour accueillir le mois du Ramadan dans la sainte mosquée Al Aqsa. Puisse Allah nous bénir lorsque nous prions dedans.

Niswihaidi partage une autre séries de photographies, avec comme commentaire:

Les préparations du mois saint ont commencé à la Mosquée Al-Aqsa, où l'on pose des auvents pour protéger les fidèles du soleil pendant le Ramadan.

A lire aussi: En Photos: Le Ramadan à Jérusalem

Taïwan manifeste depuis 2011 contre le nucléaire

jeudi 7 mai 2015 à 14:12
Protesters wrote down what they are willing to do to save energy.Photo is taken by coolloud.org. CC BY-NC 2.0.

Des manifestants écrivent ce qu'ils sont disposés à faire pour économiser l'énergie . photo de coolloud.org. CC BY-NC 2.0.

Des manifestations ont eu lieu dans les principales villes de Taïwan en faveur de la mise en place de politiques d'énergies renouvelables et pour le démantèlement des centrales nucléaires du pays.

Le 14 mars, près de 45.000 personnes ont manifesté contre le projet de la compagnie nationale Taiwan Power d'envoyer à l'étranger pour recyclage 1200 barres de combustible usagé et hautement radioactif provenant de la première et la seconde centrales nucléaires de cette île. Le retraitement de ces barres de combustible serait susceptible de prolonger la vie des centrales qui devaient cesser leur activité dans les six ans à venir. Les manifestants refusent ce retraitement à cause de son coût, mais aussi parce que les matières radioactives retraitées devront retourner finalement à Taïwan.

Deux jours après la manifestation antinucléaire, les législateurs se sont mis d'accord pour suspendre ce projet de retraitement des barres de combustible à l'étranger.

Depuis qu'un tremblement de terre suivi d'un tsunami  a entraîné la catastrophe nucléaire de Fukushima  en mars 2011 au Japon, les préoccupations concernant les centrales nucléaires de Taïwan ont augmenté. Située, comme le Japon, sur ce que l'on appelle  la ceinture de feu du Pacifique, Taïwan est confrontée à des risques significatifs concernant ses trois centrales nucléaires, lesquelles sont relativement anciennes.

Selon le programme actuel à Taiwan, on devrait démanteler en 2018 la première centrale nucléaire (mise en exploitation en 1978), alors que la seconde fonctionnerait jusqu'en 2021.  Des manifestants venus de tous le pays sont descendus dans les rues le 14 mars pour obtenir que les autorités respectent ce programme ou même pour accélérer l'abandon de l'énergie nucléaire.

Chiung-Li Sun, journaliste de  la plate-forme journalistique indépendante Events in Focus, affirme que la première centrale nucléaire de Taïwan pourrait même être fermée avant 2018.

在去年12月10日大修,依原本計畫退出108到112束燃料束,但是由於燃料池的容量,已經不夠了,所以只退出92束,留了10到16束本來該退出的燃料束在爐裡[…]。打開原能會「核能電廠用過核子燃料貯存表」,赫然跳出的數字是,核一廠一號機,貯存容量3,083束,已儲存量3,074束,剩餘9束,這一個統計的時間是「104(2015)年2月」而「預估滿池時間」,是「104(2015)年1月」。燃料束無法退出,將導致核一廠無法運作。[…]
目前,台電已經在核一廠區內,興建「乾式貯存」裝置,燃料束從冷卻池裡拿出來。該裝置已經完工,進行過第一階段的試運轉,但是由於新北市政府尚未核發水保設施完工證明,無法進行第二階段的「熱測試」(相關資料),何時可以啟用,不知道。[…]
台電打算用110億,送1,200束燃料棒出國再處理。[…]原能會主委蔡春鴻就說,就算「再處理」搞成了,也不過是延長2個週期,也就是36個月,剛好到核一執照到期。核一廠一號機的40年大限,是在2018年12月,依法在3年前,也就是今年底前,要除役的話,得提除役計畫9

On estime que pendant les opérations de maintenance le 10 décembre dernier, on a extrait du réacteur entre 108 et 112 barres de combustible usagé. Comme les piscines de stockage n'avaient pas une capacité suffisante, on n'aurait récupéré que 92 barres, en laissant 10 à 16 dans le réacteur  […]  Si on examine le document concernant le “stockage de barres de combustible usagé extrait des centrales nucléaires, publié en février 2015 par le Conseil de l'Energie Atomique, on est surpris : La capacité de stockage de la première centrale est de 3083 liasses de barres de combustible alors qu'actuellement il y en a déjà 3074, ce qui signifie que l'on ne peut en stocker que 9 de plus…Selon le programme de maintenance de la centrale, cet espace de stockage devait être saturé en 2015. Et si on n'arrive pas à extraire du réacteur les barres de combustible, la centrale nucléaire ne pourra continuer à fonctionner  […]

En réponse à cette situation, la compagnie Taiwan Power a construit un entrepôt de combustible pour stockage à sec sur le site de  la première centrale pour les barres de combustible usagé récupérées dans la piscine. Mais alors que la construction de cet entrepôt touche à sa fin et qu'un première série de contrôles a déjà été faite, il a été impossible de passer à la phase suivante (contrôle thermique) parce que l'administration de la “Ville nouvelle de Taïpei” n'a pas accordé le “certificat de conformité pour le stockage de l'eau”. On ne sait pas quand il pourra être utilisé […].

La compagnie Taiwan Power a prévu un budget de 25 milliards de dollars taiwanais (353 millions de dollars US) pour financer le transport vers d'autres pays des 1200 barres de combustible usagé, dans un but de retraitement . […]   Et pourtant le président du conseil de l'énergie, Chun-Hung Tsai, a bien signalé que ce plan pour retraiter les barres de combustible n'allongerait la vie active de la première centrale nucléaire ainsi que des deux autres sites de plus de36 mois. Le premier réacteur de la centrale cessera son activité après 40 ans de service en décembre 2018. Si le programme de démantèlement est respecté, la compagnie est légalement obligée de le présenter avant la fin de cette année, c'est-à-dire trois ans avant décembre 2018.

Étant donné  que la compagnie Taiwan Power n'a toujours pas trouvé de lieu adéquat pour le stockage final des résidus nucléaires, les habitants de la “nouvelle cité de Taipei” se préoccupent. du fait que leur patrie puisse se transformer en un hangar de stockage de ces résidus si le gouvernement approuvait le dépôt à sec du combustible usagé. Pourtant étant donné les inquiétudes concernant les tremblements de terre et les inondations il est peu probable que le gouvernement approuve la construction d'une zone de stockage à sec dans la première centrale nucléaire. D'un autre côté, la décision du législateur de suspendre le plan de retraitement de la compagnie Taiwan Power rendra probablement caduque la proposition du ministère de l'économie de prolonger la vie de la première centrale nucléaire, ce qui laissera également au point mort le problème des résidus nucléaires du pays.

Depuis l'accident nucléaire de Fukushima en 2011, plusieurs manifestations de masse ont eu lieu à Taïwan. On a vu cesser l'activité d'une quatrième centrale nucléaire après un affrontements entre manifestants anti-nucléaire et police anti-émeute devant la gare centrale de Taipei le 28 avril 2014. Le Conseil de l'énergie atomique a décidé en janvier que la quatrième centrale suspendrait son activité en juillet de cette même année pendant trois ans, au terme duquel l'avenir de cette centrale serait décidé par un référendum .

Étant donné que la quatrième centrale avait été conçue pour remplacer la première et la seconde, le ministère de l'économie, conscient des complications ci-dessus mentionnées au moment de la mise en route de celle-ci, avait approuvé en janvier la proposition de la compagnie Taiwan Power  de faire retraiter à l'étranger les barres de combustible usagé (pour prolonger la vie des deux premières centrales). Finalement le 15 mars après la manifestation antinucléaire, le ministère a nié son intention de prolonger la vie active de la première centrale nucléaire.

Articles en rapport avec le sujet sur Global Voices :
23 mars 2011 Taïwan: Les risques engendrés par les centrales nucléaires du pays sont élevés
25 mars 2011 Taïwan: Pour une remise à plat de la politique énergétique
26 mars 2011 Les garanties données par Taïwan quant à la sécurité nucléaire ne convainquent pas
29 mars 2011 Taïwan: La longue marche solitaire des Anti-nucléaires
01 avril 2011 Taïwan: Le problème des déchets nucléaires de l'île des Orchidées
13 mai 2012  Taïwan: Les aborigènes Tao veulent mettre fin à 30 ans de cauchemar nucléaire  
16 mai 2012  Taïwan: Un futur sans énergie nucléaire ? [en anglais]
09 janvier 2013 Taïwan: Voeux d'abandon du nucléaire pour la nouvelle année
10 mars 2013 Taïwan refuse l'entrée sur son territoire à des étrangers, militants anti-nucléaire présumés, avant une manifestation [en anglais]
05 août 2013 Taïwan: Les anti-nucléaires veulent changer la loi “injuste” sur le référendum [en anglais]
19 août 2013 Taiwan: La quatrième centrale nucléaire soumise à un référendum ?
14 mai 2014 Taiwan: Les enfants peuvent-ils aussi manifester contre le nucléaire ?

Question : combien de djihadistes sont-ils issus de l'armée ?

jeudi 7 mai 2015 à 12:51

Sauf mention contraire, tous les liens mentionnés dans l'article renvoient vers des pages en anglais.

Inspiré par le reportage du Spiegel sur le cerveau ayant organisé la structure de l'Etat Islamique [abrégé en “EI”, NDT], le blogueur palestinien Iyad El-Baghdadi twitte :

A propos de cet article du Spiegel sur le “cerveau” derrière la prise de la Syrie par EI – j'ai remarqué le nombre de djihadistes ayant un passé de militaire ?

Le Spiegel désigne l'Irakien Samir Abd Muhammad al-Khlifawi, tué en janvier 2014 à Tal Rifaat, en Syrie, comme “l'architecte” d'EI, une branche dissidente d'Al Qaida qui est parvenue à prendre le contrôle de larges parts des territoires syrien et irakien. Selon le journal, Al-Khlifawi était un ancien colonel des services de renseignements au sein de la force de défense aérienne de Saddam Hussein.

El-Baghdadi ajoute :

On compte de nombreux ex-officiers baasistes dans le haut commandement de l'EI ; en Libye, d'anciens officiers de Kadhafi fournissent une partie du soutien principal de l'organisation…

Le blogueur explique ensuite :

EI en Egypte (au Sinaï) dispose aussi d'anciens officiers de l'armée égyptienne ; le chef d'Ansar Bayt al Maqdis [nom de l'organisation qui a prêté allégeance à EI en Egypte, NDT] est un ancien commando égyptien.

Que faisons-nous aux cerveaux de nos enfants ?

mercredi 6 mai 2015 à 20:07
Photographie de Tehmina Shekh à la clinique Chingari de Bhopal en Indie — le lieu d'une des pires catastrophes chimiques du monde. Photo par l'utilisateur Flickr « Bhopal Medical Appeal ». CC-BY-NC-SA 2.0

Photographie de Tehmina Shekh à la clinique Chingari de Bhopal en Inde — où a eu lieu une des pires catastrophes chimiques au monde. Photo par l'utilisateur Flickr « Bhopal Medical Appeal ». CC-BY-NC-SA 2.0

Cet article d’Elizabeth Grossman est une publication originale de Ensia.com, un magazine qui met en lumière des solutions environnementales internationales en action. Il est reproduit ici dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

16 février 2015 — Les chiffres sont glaçants. D'après le centre étasunien pour le contrôle et la prévention des maladies (CCPM), aux États-Unis on a diagnostiqué un trouble du développement chez environ 1,8 millions d'enfants de plus entre 2006 et 2008 qu'une décennie plus tôt. Pendant cette période, la prévalence de l'autisme a grimpé de près de 300 pour cent, et celle du trouble de déficit de l'attention a augmenté de 33 pour cent. Les chiffres du CCPM montrent que 10 à 15 pour cent de tous les bébés nés aux États-Unis. présentent un certain type de trouble du développement neurocomportemental. D'autres encore souffrent de troubles neurologiques qui n'atteignent pas le niveau du diagnostic clinique.

Et cela ne concerne pas seulement les États-Unis. De tels handicaps touchent des millions d'enfants à travers le monde. Les chiffres sont si conséquents que Philippe Grandjean de l'université du sud Danemark et de l'école de santé publique T.H. Chan de Harvard ainsi que Philip Landrigan de l'école Icahn de médecine de Mont Sinai à New York — deux médecins et des chercheurs de premier plan dans ce domaine — décrivent la situation comme étant une « pandémie ».

Bien que les diagnostics plus précoces et plus systématiques soient responsables d'une partie de l'augmentation constatée, ils n'expliquent pas tout, dit Irva Hertz-Piccioto, professeur de santé environnementale et de l'activité et directrice de l'institut MIND à l'université Davis en Californie. Grandjean et Landrigan attribuent entre 30 et 40 pour cent des cas à des facteurs génétiques. Mais un corpus de recherche significatif et grandissant suggère que l'exposition à des polluants environnementaux est impliqué dans l'augmentation dérangeante de troubles neurologiques chez les enfants. Que se passe-t-il exactement ? Et qu'y pouvons-nous ?

Produits chimiques et cerveau

Certains produits — le plomb, le mercure et les pesticides organophosphatés, par exemple — sont reconnus depuis longtemps comme étant des substances qui peuvent avoir un effet durable sur la santé neurologique des enfants, dit Bruce Lanphear, professeur de sciences de la santé à l'université Simon Fraser. Bien que la peinture au plomb soit maintenant interdite aux États-Unis, elle est encore présente dans de nombreuses habitations et utilisée ailleurs dans le monde. Les enfants peuvent également être exposés au plomb qui se trouve dans les peintures, les colorants et les métaux utilisés dans les jouets, même si ces utilisations sont interdites par la loi étasunienne (souvenez-vous de Thomas the Tank Engine), et à travers des sols contaminés ou d'autres expositions environnementales ainsi que par les plastiques, dans lesquels on utilise le plomb pour rendre les matières plus molles. Les sources d'exposition au mercure sont, entre autres, certains poissons, la pollution aérienne et les vieux thermostats et thermomètres au mercure. Même si de nombreux efforts ont été faits pour réduire et éliminer ces expositions, certaines inquiétudes demeurent, particulièrement dans la mesure où on reconnaît maintenant que les effets néfastes peuvent advenir à des niveaux extrêmement faibles.

Aux stades précoces du développement — avant la naissance et durant la petite enfance — les cellules du cerveau peuvent être endommagées facilement par les produits chimiques industriels et d'autres neurotoxiques. Photo de Jason Corey, utilisateur de Flickr. CC-BY-NC-SA 2.0

Aux stades précoces du développement — avant la naissance et durant la petite enfance — les cellules du cerveau peuvent être endommagées facilement par les produits chimiques industriels et d'autres neurotoxiques. Photo de Jason Corey, utilisateur de Flickr. CC-BY-NC-SA 2.0

Mais les scientifiques découvrent également aujourd'hui que les produits chimiques qui sont courants dans l'air extérieur — comme certains composants des gaz d'échappements de véhicules à moteur et des particules fines — ainsi que dans l'air intérieur et dans des produits de grande consommation, peuvent affecter négativement le développement du cerveau. Les produits chimiques contenus dans les matières ignifuges, les plastiques, les produits de soins corporels et dans d'autres produits domestiques sont parmi ceux que Lanphear énumère comme étant la cible de soupçons du fait de leurs effets sur le développement neuronal. Les produits chimiques provoquant des changements hormonaux sont de plus en plus souvent soupçonnés d'avoir des effets neurologiques, d'après Linda Birnhaum, directrice de l'institut national de la science de la santé et de l'environnement et du programme toxicologique national. Parmi les produits chimiques qui sont actuellement en cours d'examen du fait de leur impact neurologique dans les premières phases de la vie, on trouve les matières ignifuges appelées PBDEs, qui ont été largement utilisées dans les mousses pour les meubles, l'électronique et d'autres produits ; les phtalates, largement utilisés en tant que plastifiants et dans les parfums de synthèse ; le bisphénol A, ingrédient des plastiques polycarbonatés, communément appelé BPA ; les composants perfluorés, dont les utilisations comprennent la production de revêtements anti-taches, anti-eau, anti-graisse ; et divers pesticides.

Chorégraphie précise

Comme l'expliquent Grandjean et Landrigan, le fœtus n'est pas bien protégé contre les polluants environnementaux qui peuvent facilement traverser le placenta. D'après eux, les études in vitro montrent que les cellules-souches neuronales sont très sensibles aux composants neurotoxiques.

Ces 30 ou 40 dernières années, les scientifiques ont commencé à reconnaître que les enfants et les nourrissons sont bien plus vulnérables à l'exposition aux produits chimiques que les adultes.

Le cerveau d'un nourrisson est également vulnérable à de tels agents de contamination. Aux stades précoces du développement — avant la naissance et durant la petite enfance — les cellules du cerveau peuvent être endommagées facilement par les produits chimiques industriels et d'autres neurotoxiques. De telles interférences peuvent avoir avoir des effets sur le développement structurel et fonctionnel du cerveau — effets qui mènent à des problèmes durables.

D'après Grandjean : « le cerveau est extrêmement sensible aux stimulations extérieures ».

Historiquement, les neurotoxiques chimiques ont été étudiés chez les adultes — souvent à travers l'étude de cas d'exposition très forte liée à l'activité. Ces 30 ou 40 dernières années, les scientifiques ont commencé à reconnaître que les enfants et les nourrissons sont bien plus vulnérables à l'exposition aux produits chimiques que les adultes. La découverte à également été faite que des expositions à de faibles niveaux dans les premières années de la vie peuvent avoir des effets profonds et durables. Une autre découverte importante réside dans le fait d'avoir compris que pour appréhender les effets sur un nourrisson ou un enfant de l'exposition à un produit chimique, il faut en faire bien plus que de simplement calculer les effets potentiels sur une personne physiquement plus petite. Les stades du développement — et le rythme des expositions — doivent aussi être pris en compte. Les premiers stades du développement du cerveau suivent « une chorégraphie très précise », explique Frederica Perera, professeur de sciences de la santé et de l'environnement à l'école de santé publique Mailman de l'université de Columbia. « Tout produit chimique pouvant perturber la chimie du [cerveau] à ce stade peut être très endommageant », dit elle.

Par exemple, explique Deborah Kurrasch, professeur assistante à l'école de médecine Cumming de l'université de Calgary, spécialisée dans la recherche neurologique, pendant les premiers stades du développement du cerveau — lorsque les cellules deviennent des neurones — « le moment détermine la destination ». Les résultats des dernières études de Kurrasch, qui explorent les effets du BPA sur le développement neuronal, illustrent ce qu'elle veut dire. Dans une étude publiée en janvier 2015, Kurrasch et ses collègues ont examiné les effets sur le développement neuronal du BPA et d'un substitut courant du BPA, le bisphénol S. En particulier, ils se sont penchés sur la manière dont l'exposition au BPA et BPS à des niveaux comparables à ceux qui se trouvaient dans l'eau potable locale, pouvait affecter le développement neuronal de poissons zèbres à des stades comparables au second trimestre d'une grossesse humaine, lorsque les neurones se forment et se déplacent vers le bon emplacement dans le cerveau.

Nombre des produits chimiques dont les effets sur le développement du cerveau sont examinés semblent agir en interférant avec les fonctions des hormones qui sont essentielles pour le développement d'un cerveau sain.

« C'est comme s'ils prenaient un bus à destination de l'endroit où ils doivent être » dit Kurrasch. Après l'exposition au BPA et BPS, Kurrash explique que c'était comme si « deux fois plus de neurones prenaient le bus trop tôt, et moitié moins le prenaient trop tard ». Les chercheurs ont découvert que ces expositions semblent altérer le développement des nerfs — la neurogenèse — d'une manière qui rend les poissons hyperactifs. Une telle modification, produite dans ce cas par un « tout petit peu de BPA » peut avoir des effets permanents, dit Kurrash.

Nombre des produits chimiques dont les effets sur le développement du cerveau sont examinés — le BPA, les phtalates, les composés perfluorés, les ignifuges bromés et divers pesticides parmi ceux-là — semblent agir en interférant avec les fonctions des hormones qui sont essentielles pour le développement d'un cerveau sain. Parmi eux on trouve les hormones thyroïdiennes, qui régulent quelle partie du cerveau est impliquée dans une série de fonctions vitales, comme la reproduction, le sommeil, la soif, la faim et la puberté.

Pendant le premier trimestre de la grossesse, le fœtus ne produit pas ses propres hormones thyroïdiennes, dit Thomas Zoeller, directeur du laboratoire d'endocrinologie moléculaire, cellulaire et développemental de l'université de Massachusetts Amherst. Si une exposition environnementale à une substance telle que le biphényl polychloré ou le perchlorate perturbe les hormones thyroïdiennes de la mère pendant cette période — ce qui pourrait advenir à travers une pollution de l'eau, par exemple — cela pourrait alors affecter son enfant à un stade critique du développement du cerveau.

D'après Zoeller, il faut également prendre en considération, dans le contexte des expositions aux perturbateurs endocriniens, qu'une part non négligeable des femmes en âge de procréer aux États-Unis ont une déficience en iode qui pourrait inhiber leurs hormones thyroïdiennes. Même si ces déficiences ne provoquent pas d'effets cliniques indésirables, ils pourraient suffire à perturber le développement neuronal du fœtus. « Des effets peuvent advenir à des niveaux bien inférieurs aux normes de sécurité », dit Zoeller. Et il existe un grand nombre de produits chimiques auxquels ces femmes pourraient être exposées dans l'environnement et qui ont le potentiel d'affecter les hormones thyroïdiennes, parmi-eux on trouve les PBDEs, les PCBs, certain phtalates.

Quelque chose dans l'air

La pollution de l'air est une source particulièrement préoccupante d'exposition aux produits chimiques soupçonnés d'endommager le développement des cerveaux des enfants. Cette pollution est un mélange complexe de divers produits chimiques et de particules solides.

La recherche montre de plus en plus que les contaminants aériens peuvent avoir des effets subtils mais significatifs sur le développement neuronal précoce et sur le comportement.

Perera et ses collègues on exploré dernièrement le lien entre l'exposition aux hydrocarbures aromatiques polycycliques ou HAP (des constituants de la pollution aérienne lié aux combustibles fossiles) et la prévalence des déficits de l'attention chez des enfants de 9 ans. Leur étude conclue que les mères qui avaient été exposées à de fort taux de HAP pendant leur grossesse avaient cinq fois plus de chances d'accoucher d'un enfant ayant un déficit de l'attention et d'avoir des enfants avec des symptômes de déficit de l'attention plus graves que ceux qui n'étaient pas exposées de cette manière. Bien que cette étude soit la première à faire un tel lien, elle rejoint un corpus grandissant d'études pointant les rapports entre les polluants de l'air extérieur, comme les HAP, et les effets néfastes sur la santé et le développement du cerveau des enfants.

Se pencher sur les effets de la pollution aérienne sur la santé du cerveau est relativement nouveau, explique Kimberly Gray, administratrice des sciences de la santé à l'Institut national de la santé. Elle affirme que la recherche montre de plus en plus que les contaminants aériens peuvent avoir des effets subtils mais significatifs sur le développement neuronal précoce et sur le comportement. En plus des liens entre l'exposition prénatale aux HAP et la diminution des fonctions du cerveau, les chercheurs étudient maintenant des liens possibles entre le carbone noir, des composants organiques volatils et les particules fines — parmi d'autres composants de la pollution de l'air — et de troubles tels que l'autisme et un QI diminué.

Dans une étude publiée en décembre 2014, Marc Weisskopf, professeur associé d'épidémiologie environnementale et professionnelle à l'école T.H. Chan de santé publique de Harvard, et ses collègues ont étudié des enfants dont les mères avaient été exposées à de fort taux de particules fines (PF2,5, des particules de 2,5 microns de diamètre et moins), en particulier pendant le troisième trimestre de grossesse. L'étude, qui concernant plus de 1000 participants résidant à travers les États-Unis, conclut que ces enfants semblaient deux fois plus à risque de recevoir un diagnostic d'autisme que les enfants dont les mères n'avaient que de faibles taux d'exposition. L'exposition à des particules plus grandes — entre 2,5 et 10 microns (appelées PF10) — ne semble pas être associée à une augmentation du risque d'autisme.

« C'est très important d'un point de vue épidémiologique », dit Weisskopf, parce que ça « attire l'attention sur l'exposition de la mère ». Ça souligne également l'importance du moment et des effets sur le développement neuronal. Bien que de nombreux autres facteurs pourraient contribuer à l'autisme, Weisskopf explique que cette étude renforce l'idée qu'une exposition environnementale peut jouer une rôle. Il semble donc que ce soient les très petites particules qui sont associées à ce type d'effets, et cela s'ajoute aux conclusions d'autres études : ce qui paraît quantitativement petit peut « être d'une importance certaine » en termes d'effets sur le développement du cerveau, explique Weisskopf.

Des chercheurs de l'université Columbia ont récemment publié une étude supplémentaire qui relie des polluants aériens courants aux troubles cognitifs et comportementaux chez les enfants.

Exposition répandue

Comme le font remarquer Grandjean et Landrigan, l'une des découvertes récentes et troublantes au sujet de l'exposition environnementale aux neurotoxiques du développement est à quel point l'exposition semble répandue et l'ubiquité de tels substances. « Plus de substances neurotoxiques se retrouvent dans les produits » dit Landrigan.

Les phtalates, qui sont utilisés comme plastifiants — y compris dans les plastiques de polychlorure de vinyle — et dans les parfums de synthèse et de nombreux produits de soins corporels, constituent une catégorie de produits chimiques largement utilisés qui semblent avoir des effets néfastes sur le développement du cerveau. Des chercheurs de l'école Mailman de santé publique de l'université Columbia ont découvert récemment que les enfants exposés avant la naissance à des niveaux élevés de certains phtalates avaient des scores de QI en moyenne entre 6 et 8 points plus faibles que les enfants avec des expositions prénatales plus faibles. Les enfants ayant des scores de QI réduits semblent aussi avoir des difficultés de mémoire de travail, de raisonnement perceptif, et de traitement de l'information.

« À peut près tout le monde aux États-Unis est exposé. » — Robin Whyatt

Les phtalates considérés dans cette étude, appelés DnBP et DiBP, sont utilisés dans de nombreux produits domestiques comme les produits d'hygiène corporelle et les cosmétiques, parmi ceux-ci : les shampooings, le vernis à ongles, le rouge à lèvre, les produits de coiffure et les savons, ainsi que les composés du vinyle et les feuilles à sécher. Les niveaux d'exposition qui sont associés à des baisses de QI dans l'étude se trouvent dans les fourchettes que le rapport de la CDC trouve dans son étude nationale d'examen de la santé et de la nutrition, une évaluation nationale des expositions aux produits chimiques par biosurveillance actuellement en cours. « À peut près tout le monde aux États-Unisest exposé », dit Robin Whyatt, professeur de sciences environnementale de la santé au centre médical de l'université de Columbia.

Bien qu'une telle baisse de QI puisse paraître faible, Pam Factor-Litvak, l'auteur principal de l'étude et professeur associé d'épidémiologie à l'école Mailman, note qu'au niveau de la population — ou d'une salle de classe — cela signifie moins d'enfants en haut de l'échelle d'intelligence et plus à l'extrémité la moins favorisée. Elle explique que « toute la courbe est tirée vers le bas ».

« Cinq ou six points de QI en moins ça peut paraître peu, mais ça veut dire plus d'enfants nécessitant des programmes d'éducation spécialisés, et moins de surdoués », dit Maureen Swanson, directrice du projet Enfants en Bonne Santé de l'association américaine des handicaps de l'apprentissage. « L'impact économique potentiel est immense » affirme Birnbaum du NIEHS.

Le facteur de stress

Les causes de troubles neurologiques chez les enfants sont « très complexes », note Frederica Perera. Ce qui complique encore la tâche difficile de démêler les différents facteurs contributifs les uns des autres, est le fait que les personnes soient exposés à plusieurs substances simultanément, alors que la recherche — et la réglementation — concernant ces substances s'y intéresse individuellement. Ajoutant encore à cette complexité, dans le cadre du développement du cerveau, on trouve les stress sociaux qui « agissent sur la même partie de la région du cerveau », explique Deborah Cory-Slechta, professeur de médecine environnementale de l'université de Rochester. Elle et d'autres trouvent de plus en plus de preuves que les facteurs de stress non-chimiques tels que les problèmes maternels, domestiques, et communautaires, peuvent provoquer des effets néfastes sur le développement du cerveau, soit seuls, soit combinés avec des neurotoxiques.

Birnbaum dit que cette apparente interaction entre facteurs de stress chimiques et non chimiques est « très inquiétante et très importante »

Les études épidémiologiques prennent généralement en compte les variables parasites — d'autres conditions qui pourraient influencer celles qu'on mesure — explique Cory-Slechta. Beaucoup d'études, dit elle, « ne modélisent visiblement pas ce qui se passe dans l'environnement humain ». Ce qu'elle et ses collègues espèrent faire est de « reproduire dans des études sur des animaux ce qui se passe dans les communautés humaines », particulièrement chez les communautés qui sont le plus vulnérables aux facteurs de stress sociaux négatifs et qui sont le plus exposées aux polluants chimiques comme le plomb, les pesticides et la pollution de l'air.

Le plomb et le stress touchent les mêmes parties du cerveau, dit elle, et peuvent donc agir en synergie très tôt dans la vie, produisant des changements définitifs dans la structure cérébrale. Ces changements peuvent avoir pour conséquence des QI diminués, des problèmes d'apprentissage et de comportement.

Le laboratoire de Cory-Slechta travaille maintenant à répliquer les conditions de stress et de privation chronique sur des modèles animaux qui devront refléter ceux qui touchent les communautés pauvres. Le but est de mieux comprendre comment ces effets traversent le placenta et deviennent la base de troubles permanents pour le fœtus. Elle et ses collègues sondent non seulement les associations entre l'exposition et le développement neuronal, mais aussi les mécanismes par lesquels ces effets se produisent.

Que faire ?

En partant du principe que nous voulons arrêter d'endommager les cerveaux de nos enfants, comment devons-nous procéder ?

Une étape importante est d'améliorer notre capacité à déterminer quels produits chimiques ont des effets sur le développement neuronal. Un système de dépistage rapide serait idéal, d'après Brinbaum, parce que les gens sont exposés à tant de produits — y compris certains qui ont été inventés récemment. Un tel programme, destiné à tester de nombreux produits chimiques rapidement en recourant à la robotique, a bien été lancé par le NIH, l'EPA et d'autres agences fédérales, mais il y a des dizaines de milliers de ces produits qui pourraient être en utilisation, et ces effets n'ont pas été recherchés chez la plupart d'entre-eux.

Pour ce qui est de la réduction des expositions existantes, certains produits peuvent être évités par de choix des consommateurs. Mais c'est souvent difficile, vu que beaucoup de ces produits sont utilisés — comme le BPA sur les tickets de caisse — dans des produits qui ne portent pas de liste d'ingrédients. D'autres, comme les polluants aériens, sont plus difficiles à éviter du fait de leur ubiquité ou du manque d'alternatives. Et comme le fait remarquer Maureen Swanson, de tels choix ne sont pas forcément réalisables sur un plan économique pour certaines personnes, ce qui pose des questions de justice environnementale.

Grandjean et Landrigan font remarquer que le système de régulation chimique étasunien, qui ne comporte pas d'exigences de tests de toxicité complets avant la mise sur le marché, n'est pas particulièrement efficace dans les domaine de la sécurité chimique proactive. « On ne devrait pas supposer que les produits chimiques non testés sont sans danger pour le développement du cerveau, et les produits actuellement utilisés ainsi que tous les nouveaux doivent en conséquent être testés sur ce plan », ont ils écrit dans un article du Lancet.

Même s'il peut sembler que certaines sources de toxicité neurologique ont été prises en compte correctement, ce n'est pas le cas. Par exemple, des progrès considérables ont été faits pour réduire l'exposition au plomb à travers des choix politiques et l'éducation à la santé publique aux États-Unis et ailleurs. Malgré cela, on comprend actuellement que pratiquement n'importe quel niveau d'exposition au plomb peut provoquer des dégâts, et les expositions néfastes continuent — particulièrement dans les pays où les peintures ou les carburants au plomb sont encore utilisés. Et aux États-Unis, le financement du CDC pour le programme de prévention contre le plomb a été fortement réduit en 2012.

De l'avis de Cory-Slechta, lorsqu'il s'agit de protéger le cerveau en développement — qui est excessivement fragile — les mesures qui sont actuellement utilisées pour évaluer les risques chimiques et déterminer des normes, sont insuffisantes.

Pendant ce temps, les enfants de par le monde — surtout dans les pays défavorisés — continuent à être exposés à de dangereux neurotoxiques qui sont diffusés par des rejets industriels, se trouvent dans les décharges, ou présents lorsque les enfants travaillent. Les exemples sont nombreux et comprennent l'exposition à des produits chimiques lors du recyclage de matériel électronique en divers endroits de l'Asie et de l'Afrique, à du plomb et du mercure provenant des activités minières, aux pesticides agricoles, aux produits contenant des métaux lourds, comme la nourriture et les bonbons.

De l'avis de Cory-Slechta, lorsqu'il s'agit de protéger le cerveau en développement — qui est excessivement fragile — les mesures qui sont actuellement utilisées pour évaluer les risques chimiques et déterminer des normes sont insuffisantes. « On devrait se préoccuper de prévention primaire, mais on ne le fait pas », dit elle.

Nombre de défenseurs de la santé environnementale sont d'avis qu'il manque une réglementation fédérale étasunienne adéquate pour les produits chimiques, et dans cette mesure, beaucoup d'Etats individuels aux États-Unis ont promulgué leurs propres lois afin de protéger les enfants des expositions chimiques nocives. Beaucoup concernent les produits chimiques ayant des effets neurotoxiques, en particulier les métaux lourds comme le cadmium, le plomb et le mercure. Et même si certains Etats commencent à utiliser une terminologie dans leur législation pour protéger les femmes enceintes des dangers chimiques, ce moment de l'exposition est largement laissé sans attention.

Bien que nous en sachions beaucoup plus aujourd'hui sur les neurotoxiques du développement, de telles expositions semblent advenir bien plus qu'auparavant. Et il semblerait qu'il y ait un large consensus chez les chercheurs pour dire que les enfants à travers le monde payent le prix de ces expositions.

« Pour moi, il est très clair que nous devons mettre en place un système différent afin de mieux protéger les cerveaux du futur », dit Grandjean.

Elizabeth Grossman est journaliste indépendante et écrivaine, spécialisée dans les questions environnementales et scientifiques. Elle est l'auteur, entre autres ouvrages , de Chasing Molecules, High Tech Trash et Watershed. Ses écrits sont apparus dans divers publications, parmi lesquelles on trouve : Ensia, Scientific American, Yale e360, le Washington Post, TheAtlantic.com, Salon, The Nation, et Mother Jones. Sur compte tweeter est @lizzieg1.

Pour la première fois, des juges péruviens prononcent un jugement en quechua et en aymara

mercredi 6 mai 2015 à 08:54
CatedralPuno

Cathédrale de Puno. Photo de l'utilisateur Flickr Diego Giannoni (CC BY 2.0).

Le Pérou est un pays multiculturel et son profil linguistique est complexe. Selon diverses estimations, entre 43 et 60 langues indigènes sont parlées à travers le pays. Le quechua est la deuxième langue la plus pratiquée après l'espagnol, et l'aymara arrive en troisième position.

En 1975, la langue quechua a été déclarée langue officielle. D'après certaines estimations, trois millions de personnes parlent le quechua comme langue maternelle au Pérou, et près d'un demi million parle l'aymara (dont 455,000 viennent de Puno). L'article 48 de la Constitution du Pérou stipule que:

Artículo 48: Son idiomas oficiales el castellano y, en las zonas donde predominen, también lo son el quechua, el aimara y las demás lenguas aborígenes, según la ley.

Article 48 : L'espagnol, ainsi que le quechua et l'aymara dans les régions où ces langues sont dominantes, ont un statut de langue officielle selon la loi.

Toutefois, en dépit de cet article, aucune décision de justice n'avait jamais été rendue en quechua ou en aymara auparavant.

Le 13 mars, le tribunal de Ilave, dans la province d’ El Collao de la région de Puno, a prononcé son premier jugement en aymara. Une partie de la décision de justice est accessible sur le site de l'agence de presse SERVINDI:

La primera sentencia en aymara, idioma originario, marca un precedente de interculturalidad del Poder Judicial y de cómo el juez debe acercarse a los involucrados en un juicio, destacó el juez mixto de Ilave de la provincia de El Collao, Julio César Chucuya, quien fue autor de este hecho.
[…]
Asimismo, el juez Chucuya […] indicó que desde el Consejo Nacional de la Magistratura (CNM) se estableció que para zonas de habla quechua o aymara, se cuente con jueces que dominen estos idiomas, para facilitar el acceso.

La toute première décision de justice prononcée en langue indigène aymara représente un précédent important pour une justice multiculturelle. Cela montre aussi aux juges comment se comporter avec des individus impliqués dans un procès, fait remarquer le juge consolidé Julio César Chucuya qui a prononcé la décision de justice à Ilave dans la province d'El Collao.

[…]

Entre temps, le juge Chucuya […] note que le Conseil national de la justice (CNJ) a établi que dans les zones où sont pratiqués le quechua ou l'aymara, il est nécessaire d'avoir recours à des juges parlant couramment ces langues pour garantir un accès à la justice.

Le site d'informations juridiques Parthenon.pe parle aussi de cette question:

En términos jurídicos, la sentencia emitida en Aymara cumple con un derecho formal y material que sigue un principio fundamental: toda persona debe ser escuchada y juzgada en su propio idioma. Si bien este principio se encuentra garantizado en nuestro país en una norma constitucional, poco se ha hecho por su implementación.

En termes légaux, le jugement écrit en langue aymara est conforme à un droit formel et matériel qui fait suite à un principe fondamental stipulant que chaque individu doit être entendu et jugé dans sa langue. Bien que ce principe soit garanti dans notre pays par la Constitution, il a rarement été appliqué.

Près de deux semaines plus tard, le 30 mars, le juge Santos Poma Machaca a prononcé le premier jugement en quechua dans la Première Cour d'enquête préparatoire de la province d’ Azángaro, qui se trouve également à Punto. Le site d'informations LaMula.pe explique que

El abogado del imputado, Román Ramos Revilla de la Defensa Pública, ejerció la defensa en el idioma quechua, así como también el juez Santos Poma Machaca procedió a explicarle al imputado los beneficios de la “Terminación Anticipada” en el mismo idioma.
“Nokga kaskani” respondió Chambi Chaucha, que significa “conforme señor juez”, ante la propuesta que le realizó el Ministerio Público.
“Desde el año 2007, cuando fuimos Juez de Paz Letrado, venimos desarrollando audiencias en el idioma quechua porque los justiciables que tienen como idioma original el quechua nos entienden mejor y se sienten mejor atendidos, pero la redacción solo era en castellano. Recién en esta audiencia hemos emitido el documento de la sentencia en quechua”, refirió el juez Santos Poma Machaca.

L'avocat de l'accusé, le défenseur public Román Ramos Revilla, a mené la défense en langue quechua, et le juge Santos Poma Machaca a ensuite expliqué à l'accusé les avantages d'une “conclusion anticipée” dans la même langue.
“Nokga kaskani,” a répondu [l'accusé] Chambi Chaucha, ce qui signifie “J'accepte, votre Honneur”, à la proposition faite par le représentant du Bureau du procureur.
“Depuis 2007, que je suis juge de paix, nous avons tenu des audiences en quechua car les gens qui le parlent comme langue maternelle nous comprennent mieux et sentent qu'ils reçoivent l'attention qu'ils méritent, mais les documents étaient écrits uniquement en espagnol. Lors de ce procès, nous avons publié les documents de l'accusation en quechua”, dit le juge Santos Poma Machaca.

Le site d'informations légales LaLey a mis en ligne la totalité du chef d'accusation qu'il a qualifié de “sans précédent”:

En una resolución sin precedentes, se dictó – íntegramente en idioma quechua –tres años de pena suspendida al agresor de una mujer. Sucedió en la región Puno, en la sede del Primer Juzgado de Investigación Preparatoria de la provincia de Azángaro, donde las partes y sus abogados condujeron el juicio en la lengua indígena.

Dans le cadre d'une décision sans précédent écrite entièrement en quechua, un agresseur qui a attaqué une femme a été condamné à une peine de trois ans avec sursis. Ceci a eu lieu dans la région de Puno, dans la Première Cour d'enquête préparatoire de la province d'Azángaro, où les parties en question et leurs avocats ont mené le procès dans cette langue indigène.

 

Les deux décisions de justice ont suscité de nombreux commentaires sur Twitter:

Le Pérou prononce un jugement en langue indigène: premier jugement écrit en aymara (langue officielle depuis 40 ans).

Le jugement prononcé en aymara représente une victoire dans l'application de la justice dans un pays multiculturel.

La véritable intégration sociale vient du pouvoir judiciaire avec le premier jugement en aymara.

Une sentence juridique en quechua? Renseignez-vous sur cet évènement qui a eu lieu à Punto.

Un juge au pénal a délivré une sentence en quechua à Azángaro. Les médias sous le choc.

“Nokga kaskani”, phrase utilisée dans une sentence juridique en langue quechua prononcée dans la province d'Azángaro: Puno, 7 avril.