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L'appétit de l'Asie orientale pour les anguilles menace l'espèce d'extinction

lundi 31 mars 2014 à 12:23

Au Japon, l'été est la saison de l'anguille.

Lors des journées étouffantes du milieu de l'été, entre la mi-juillet et le début du mois d'août, il est de coutume de manger une assiette d’unagi kabayaki dorée au grill, ou anguille grillée. Ce mets populaire est supposé aider les gens à rester en bonne santé pendant la saison chaude.

Mais la tradition est maintenant en danger. L'envolée de la demande de civelles, autrefois considérées comme un mets raffiné, pousse les pêcheurs à épuiser leur population provoquant une flambée des prix. Plusieurs pays d'Asie orientale, dont le Japon, ont proposé des idées sur la manière de préserver l'anguille sauvage, mais il n'y a eu jusqu'à présent, aucune mesure concrète pour inverser la tendance.

Ida Tetsuji, chroniqueur pour Nippon.com, un site japonais d'actualités, a décrit comment la production d'anguilles a été multipliée par quatre au cours des dernières décennies pour répondre à la hausse de la consommation d'anguilles :

La production d'anguilles au Japon s'est maintenue aux environs de 40 000 tonnes par an jusqu'au milieu des années 1980. Sont venues s'y ajouter les importations en provenance de Taïwan, qui oscillaient entre 25 000 et 40 000 tonnes. [...] En 2000, les importations de produits dérivés de l'anguille en provenance de Chine et de Taïwan ont atteint le chiffre record de 130 000 tonnes, et le volume des ventes nationales a augmenté de près de 160 000 tonnes, un autre record. Il s'agissait presque du double du volume des ventes 15 ans plus tôt.

Specially cooked eels in Japan. Photo from ysishikawa.

Plat typique d'anguilles au Japon. Photo de ysishikawa (CC: AT).

On pense à tort que les civelles puissent être élevées pour faire face à l'augmentation de la demande. Or, l'anguille est un poisson catadrome, ce qui signifie qu'elle passe une partie de son cycle de vie en eau douce et l'autre partie en milieu marin. Dans la mesure où il n'y a actuellement aucune méthode pour produire des larves d'anguille, les pêcheurs doivent capturer les civelles sauvages au moment où elles entrent dans la rivière pour remonter le courant, afin de les élever dans des bassins.

Dès lors, sans moyen de reconstituer les stocks d'anguilles pour faire face à cette demande, le nombre de civelles capturées par les pêcheurs ces dernières années, ne cesse de baisser. “Dogfamily”, journaliste indépendant pour le portail taïwanais d'actualités citoyennes, Newsmarket, a dénoncé [chinois, zh] cette réalité le 18 mars 2013 :

過去亞洲一年日本鰻苗捕獲量接近100噸,但近4年產量急遽下滑,2010-2012的產量遽降為41、35、26噸;以台灣為例,過去一年有20噸,但2010-2012僅剩4、4、2噸,今年(2013)約1.5噸。

Le nombre de civelles d'anguilles japonaises a considérablement diminué au cours des quatre dernières années, passant d'une moyenne annuelle de 100 tonnes à 41, 35, puis 26 tonnes sur la période de 2010-2012. Prenez Taïwan par exemple, les pêcheurs taïwanais avaient l'habitude de capturer 20 tonnes de civelles par an (soit 20 pour cent des civelles attrapées parmi les pays le long du courant de Kuroshio), mais le nombre total a respectivement chuté à 4, puis à nouveau à 4 et finalement à 2 tonnes entre 2010-2012. Cette année (2013), le nombre est d'environ 1,5 tonne.
Total eel production. Figure from the TRAFFIC report written by Vicki Crook.

Production total d'anguilles. Chiffres du rapport de TRAFFIC rédigé par Vicki Crook.

Ce qui a eu pour conséquence, la montée en flèche du prix des civelles comme l'a souligné Dogfamily [zh] :

幾年前,鰻苗1尾10元[…]今(2012)年的平均價達到180元/尾。以每公斤6000尾來換算,一公斤的鰻苗要價108萬,接近黃金的市價。即使價格如此驚人,但因為捕撈量嚴重不足,苗戶的收入還是下降。

Il y a plusieurs années, le prix de vente d'une civelle était de 10 dollars taïwanais (0.34 dollar US). [...] Cette année (2012), une civelle est vendue en moyenne pour 108 dollars taïwanais (3,62 dollars US). Depuis, 6000 civelles, soit environ un kilogramme, sont vendues à 1 080 000 dollars taïwanais le kilo (36 249 dollars US). C'est proche du prix de l'or. Néanmoins, malgré ce prix exorbitant, le revenu des pêcheurs diminue car la quantité de civelles capturées est insignifiante.

La pénurie de l'offre a abouti à des activités de contrebande, a expliqué Dogfamily [zh] :

即使台灣經濟部已訂定3月31日前鰻苗禁止出口,但在日方出價高的誘惑力之下,苗商仍透過各種管道以走私的方式將苗輸出至日本。去年12月間,桃園機場就查獲以行李箱攜帶20,000萬尾鰻魚苗走私的案件。根據業者私下透露,1月15日前捕獲的鰻苗,幾乎是100%供應到日本。

Bien que le ministère des Affaires économiques de Taïwan ait mis en place des règlements pour interdire l'exportation de civelles avant le 31 mars, les marchands taïwanais trouvent toujours le moyen d'introduire clandestinement des civelles au Japon, car le prix défini par les négociants japonais est bien trop tentant. En décembre dernier, 20 000 civelles ont ainsi été découvertes dans des valises à l'aéroport international Taïwan Taoyuan. Selon des informations obtenues lors de conversations privées avec les marchands taïwanais, près de 100 pour cent des civelles attrapées avant le 15 janvier ont été vendues au Japon.

Les anguilles européennes ont déjà été inscrites sur la liste de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) en juin 2007. En début d'année, les États-Unis ont envisagé soumettre une proposition à CITES pour un régulation du commerce international sur les prises d'anguilles. Dans le même temps, en février dernier, le ministère japonais de l'Environnement inscrivait également l'anguille japonaise comme une espèce en danger d'extinction sur sa liste rouge des espèces de poissons d'eau douce et d'eau saumâtre en voie de disparition. Cependant, cette mesure n'est juridiquement pas contraignante.

En réaction à la pression pour la préservation de l'anguille, plusieurs pays d'Asie orientale, dont le Japon, la Chine, Taïwan et la Corée, ont organisé des conférences et différentes procédures de préservation ont été proposées, comprenant la réhabilitation de l'environnement naturel de l'anguille, des restrictions sur l'exportation, et un lâcher d'anguilles adultes dans les rivières.

Production of different species of eels. Figure from the TRAFFIC report written by Vicki Crook.

Production des différentes espèces d'anguilles. Chiffres du rapport de TRAFFIC rédigé par Vicki Crook.

Toutefois, avec un marché offrant autant de débouchés, les marchands d'anguilles continueront à trouver de nouveaux moyens pour se remplir les poches. En effet, les marchands japonais se sont déjà tournés vers les anguilles africaines comme alternative,a révélé Dogfamily [zh] :

美國意圖將鰻魚列入貿易保護名單的舉動使得日本相當緊張,開始尋找替代的鰻魚來源,最近觸角伸向馬達加斯加的養殖業者,將購買非洲鰻來因應日本鰻價格節節升高以及美洲鰻前途未明的情況。

L'intention des Américains d'inscrire les anguilles sur la liste de CITES inquiète particulièrement les Japonais, et ils ont commencé à trouver une autre source possible d'approvisionnement. Ils ont récemment pris contact avec les éleveurs d'anguilles à Madagascar et comptent acheter des anguilles africaines afin d'éviter l'embellie des prix et se préparer à l'éventuelle interdiction de pêcher les anguilles américaines.

Au même moment, l'ONG internationale TRAFFIC, le réseau de surveillance du commerce de la faune et de la flore sauvages, s'est aperçue que les Philippines ont commencé à exporter une quantité importante d'anguilles japonaises et d'anguilles de Luzon, une espèce nouvellement découverte, hors de leurs frontières :

En juillet (2012), des enquêtes de TRAFFIC ont découvert près de 50 annonces commerciales aux Philippines offrant des alevins d'anguilles et des civelles en vente en ligne via la plateforme d'échanges B2B (commerce interentreprises), Alibaba.com. Plusieurs vendeurs affirmaient pouvoir fournir à l'exportation des centaines de kilos de civelles de différentes espèces chaque mois.

Amount of caught eels. Figure from the TRAFFIC report written by Vicki Crook.

Quantité d'anguilles capturées. Chiffres du rapport de TRAFFIC rédigé par Vicki Crook.

Pour rompre le cycle de l'offre et de la demande, certains Japonais ont commencé des campagnes d'information des consommateurs pour réduire la consommation d'anguilles. Ida Tetsuji a écrit sur Nippon.com :

Les consommateurs et les distributeurs d'anguilles portent également une part considérable de responsabilité dans cette situation. En raison de l'entrée non viable des quantités importantes des importations, les anguilles, autrefois considérées comme un aliment de luxe, sont devenues un produit bon marché vendu en vrac dans les magasins de proximité et les supermarchés […] « Nous devons saisir cette opportunité pour réformer le commerce d’anguilles en délaissant le modèle de « la quantité avant la qualité » d’une activité intensive à faible rentabilité pour privilégier l’approche de « la qualité sur la quantité. » Autrement, les stocks vont s'appauvrir encore plus sérieusement, et nous sommes susceptibles de sombrer dans une spirale descendante dans laquelle les consommateurs se lassent des anguilles de mauvaise qualité et arrêtent de les acheter, provoquant une nouvelle baisse des profits de l'industrie de l'anguille et fragilisant l'activité dans son ensemble.

Tirrano, un blogueur japonais de Decent Point, pensait[ja] que malgré la gravité du problème, la solution était plutôt simple :

どうしたらよいか、激減した原因の反対のことをすることなら簡単に始められそうです。つまり、不必要の多くのウナギを食べないこと、安いからといってウナギを食べないことです。日本の消費量がとてつもなく多すぎるのです。それを30年前ぐらいに激減させればいい。それには、スーパーなどの特売にある、それほどおいしくはない、ウナギを無理して食べないことです。

Ce que nous devrions faire pour éviter l'effondrement dramatique de la population d'anguilles japonaises est en réalité assez simple. En fait, nous devrions manger des anguilles que si c'est nécessaire, et nous ne devrions pas manger ces anguilles bon marché. La consommation d'anguilles au Japon est trop élevée. Si la quantité d'anguilles consommées peut être réduite à ce qu'elle était il y a 30 ans, les conditions seront meilleures. Autrement dit, nous ne devrions pas manger des anguilles juste parce qu'il y a une super promo au supermarché.

Brésil : Claudia Ferreira da Silva, victime de la police militaire, oubliée des médias

dimanche 30 mars 2014 à 18:19
Imagem do Coletivo ñ, uso livre.

Dessin du Collectif ñ, libre de droits.

Le 16 mars 2014, Claudia Ferreira da Silva a été assassinée par la Police Militaire (PM) de deux balles qui l'ont touchées au cou et  dans le dos,  lors d'une intervention au Morro da Congonha, dans la banlieue nord de Rio de Janeiro. Sans connaissance, cette femme, mère de famille de 38 ans, connue sous le surnom de Cacau, a été jetée dans le coffre d'une voiture de police afin d'être soit-disant emmenée à l'hôpital. 

Avant qu'elle ne parte, des voisins et amis ont tout fait pour éviter que Claudia ne soit embarquée par la PM, qui a quitté les lieux en tirant en l'air pour éloigner la foule, et, le coffre encore grand ouvert, ont finalement réussi à l'emmener.  Un peu plus loin, sur la route Intendente Magalhães, son corps apparemment sans vie est tombé du coffre et, retenu par un pan de vêtement, a été trainée sur le goudron pendant 250 mètres au moins, sans que les policiers présents dans la voiture ne prêtent attention aux cris et aux avertissements des conducteurs et des piétons qui assistaient à la scène. 

Cette scène choquante, du corps de Claudia brinquebalant de gauche à droite sur la chaussée, a été filmée par “un activiste des médias qui a vaincu sa peur et risqué sa peau en apportant sa pierre à la construction de la démocratie”, affirme l'activiste Bruno Cava sur Facebook.

Atenção: este vídeo contém imagens extremamente fortes. Clique para abrir numa nova página.

Attention: cette vidéo, divulguée par le Journal Extra, comporte des images extrêmement dures. Cliquez pour lancer dans une nouvelle fenêtre.

Les Policiers militaires responsables des faits, les sous-lieutenants Adir Serrano Machado et Rodney Miguel Archanjo et le sergent Alex Sandro da Silva Alves, ont été arrêtés le jour suivant, mais relâchés le 20 mars, suite à la requête de la défense, menée par Paulo Roberto Cunha qui a déclaré: “Si elle [Claudia] présentait des signes de vie, il s'agit plutôt d'un délit de blessures corporelles. Mais, si elle était déjà morte [quand elle a été placée dans le coffre de la voiture], alors ils n'ont commis aucun crime”. Les policiers restent en attente de leur jugement en liberté provisoire. 

Ato em homenagem a Claudia e contra a violência policial no dia 17 de março em Madureira, zona norte do Rio de Janeiro. Foto da Organização Anarquista Terra e Liberdade OATL, uso livre

Manifestation en hommage à Claudia et contre la violence policière, le 17 mars à Madureira, banlieue nord de Rio de Janeiro. Photo de l'Organisation Anarchiste Terre et Liberté OATL, Libre de droits

La journaliste Monica Waldvogel a rappelé, sur son compte Twitter, que, rien qu'en ce qui concerne le sous-lieutenant Adir Serrano, il serait impliqué dans au moins 63 morts. Quant à l'autre sous-lieutenant, Rodney Archango, il est impliqué dans 6 morts.

Selon Thais Lima, fille de Claudia, les policiers rigolaient tandis qu'ils jetaient le corps dans la voiture.

Le professeur Eduardo Sterzi a mis en ligne sur sa page Facebook, le témoignage anonyme d'un voisin qui a assisté à l'exécution de Claudia ainsi qu'à celle d'un autre habitant qui vient lui aussi de décéder :

(…) foi executado após já ter sido alvejado e estar caído. Ele tinha uma mochila com drogas, mas três pistolas foram plantadas pra ser dito que houve confronto, além de outras três mochilas que também foram plantadas.

Eles chegaram atirando em tudo e todos, por isso a morte da mulher.

(…) Il a été exécuté après avoir été blessé et s'être écroulé par terre. Il avait un sac plein de drogue, mais trois revolvers y ont été mis pour pouvoir dire qu'il y avait eu échange de tirs, ainsi que trois autres sacs, pour lesquels on a fait de même.

Ils sont arrivés en tirant sur tout ce qui bougeait, d'où la mort de la jeune femme.

Selon le mari de Claudia, Alexandre da Silva, et de son frère, Julio Ferreira, Claudia aurait été abattue par la PM qui aurait ensuite maquillé la scène de crime en y rajoutant 4 armes alors que, selon eux, elle ne portait sur elle qu'un paquet de café et six Réaux pour acheter à manger à ses enfants.

L'activiste Camila Pavanelli en parle sur Facebook:

A mentira é o pressuposto do qual devemos partir ao ouvir qualquer declaração da PM. Mas nem sempre esse pressuposto se confirma. No caso de Claudia e suas quatro armas, não se estava tentando mentir para acobertar o crime (afinal, quem seria capaz de acreditar nesta versão?).

Afirmar que Claudia tinha quatro armas é nada menos que estender a tortura aos seus familiares.

Le mensonge est le postulat de départ dont nous devons être conscients avant toute déclaration de la PM. Mais ce présupposé ne se vérifie pas toujours. Dans le cas de Claudia et de ses quatre armes, ce n'était pas une tentative de dissimulation du crime (au bout du compte, qui aurait pu croire en cette version?)

Affirmer que Claudia avait quatre armes c'est comme étendre la torture aux membres de sa famille.

Foto postada pelo perfil Anonymous Rio, no Facebook. Uso livre.

Photo postée sur la page Anonymous Rio, de Facebook. “Chaque vie est importante”. Libre de droits.

 

Le cas de Claudia a été comparé à celui du petit João Hélio sur les réseaux sociaux, comme le rappelle le député fédéral du PSOL, Chico Alencar, sur son compte Facebook:

Fevereiro de 2007. Três jovens abordam um carro no bairro de Oswaldo Cruz, subúrbio do Rio. Na mão de um deles, uma arma de fogo. Do lado de dentro, o menino João Hélio, sua irmã de treze anos e sua mãe.

Foi um dos crimes mais terríveis e chocantes que o Brasil já testemunhou. O pequeno João Hélio ficou preso ao cinto de segurança, do lado de fora do carro, e foi ARRASTADO pelos assaltantes por cerca de sete quilômetros. Seu corpo ficou completamente desfigurado. Até hoje, para muitos, lembrar e escrever sobre isso é tarefa que arrepia e arranca lágrimas.

Février 2007. Trois jeunes abordent une voiture dans le quartier d'Oswaldo Cruz, banlieue de Rio. Dans la main de l'un d'entre eux, une arme à feu. Dans la voiture, le petit João Hélio, sa soeur de treize ans et sa mère.

Ce fut l'un des crimes les plus terribles et choquants que le Brésil ait jamais connu. Le petit João Hélio était resté coincé dans la ceinture de sécurité et a été TRAINÉ par les agresseurs sur presque sept kilomètres. Son corps en était devenu totalement méconnaissable. Aujourd'hui encore, pour beaucoup d'entre nous, se souvenir et écrire à ce sujet est une tâche qui donne la chair de poule et arrache des larmes.

Le cas a aussi été comparé à celui d'Amarildo, le maçon qui a d'abord été torturé jusqu'à la mort et dont le corps a été “escamoté” par la police militaire dans la favela de la Rocinha, toujours à Rio de Janeiro, en juillet 2013.

Le souvenir de l'affaire João Hélio a d'autant plus révolté les Brésiliens que la presse grand-public, au lieu de donne le nom de Claudia, s'y réfère comme à “la femme trainée“, ainsi que d'autres variations du même acabit.

L'activiste Niara Oliveira se demande sur Twitter “Pourquoi nous rappelons-nous aujourd'hui encore du nom du gamin trainé par une voiture volée par des malfaiteurs ? PARCE QUE LA PRESSE RÉPÉTAIT SON NOM À L'ENVI”, et commente:

Parce que quand une vie est importante elle a un nom, une identité, une histoire. RÉPÉTEZ LE À L'INFINI : Cláudia da Silva Ferreira, travailleuse, mère de 4 enfants.

Coleção de chamadas de notícias veiculadas pela mídia online sobre a morte de Claudia Ferreira coletadas pela ativista Ana Silva que escreveu: "POLÍCIA ASSASSINA, MÍDIA CÍNICA E PERVERSA. Mulher, mulher, mulher, moradora, moradora, moradora, morta, morta, arrastada, arrastada, arrastada, arrastada. Filha de arrastada, enterro de arrastada, viúvo de mulher, mulher arrastada. Assim mesmo: Sem nome, sem identidade, SEM HUMANIDADE. APENAS MAIS UM CADÁVER. APENAS MAIS ESTATÍSTICA."

Collection de titres parus dans la presse en-ligne sur la mort de Claudia Ferreira rassemblés par l'activiste Ana Silva qui écrit: “POLICE ASSASSINE, PRESSE CYNIQUE ET PERVERSE. Femme, femme, femme, Habitante, habitante, habitante, morte, morte, trainée, trainée, trainée, trainée. Fille de trainée, enterrement de trainée, veuf de sa femme, femme trainée. C'est ça: Sans nom, sans identité, SANS HUMANITÉ. JUSTE UN CADAVRE DE PLUS. JUSTE UNE STATISTIQUE.”

 

L'activiste Thiago Paiva conclut en une série de tweets:

Por qual razão a vítima quando é de classe média/alta tem nome e sobrenome? Pensando no que eu disse de manhã. Guri arrastado de carro. Estereótipo completo de ~classe média~ – nome, sobrenome, série de reportagens. Uma moça arrastada de carro, pobre, não tem “potencial” pra ser uma musa que gere uma causa… é só “mulher arrastada”

Pour quelle raison, lorsque la victime est issue de la classe moyenne/haute elle a un nom et un prénom ? En repensant à ce que je disais ce matin. Un gamin trainé par une voiture. Stéréotype total de la classe moyenne – nom, prénom, série de reportages. Une jeune femme trainée par une voiture, pauvre, sans “potentiel” pour devenir une muse qui engendre une cause… c'est juste une “femme trainée” 

L'ambiance était au désespoir parmi certains activistes et utilisateurs de Facebook et Twitter, comme par exemple Rodrigo Cardia, qui affirme que le cas “sera probablement très vite oublié, la victime étant pauvre et noire, comme tant d'autres personnes tuées quotidiennement par la PM à travers tout le Brésil.”

Le professeur Idelber Avelar se demande ce qu'il va advenir des “criminels en uniforme”:

Nada. Não vai acontecer nada. Não serão julgados e, na remotíssima possibilidade de que o sejam, serão absolvidos. E o sistema político brasileiro continua incapaz de apresentar soluções minimamente decentes para a existência de organizações criminosas desse tipo, aparatos de tortura e morte, fardados, que atuam com o beneplácito do Estado e ao arrepio da lei.

Rien. Il ne va rien se passer. Ils ne seront pas jugés et, dans l'improbable éventualité où ils le seraient, ils seront disculpés. Et le système politique brésilien persiste dans son incapacité à proposer des solutions présentant un minimum de décence quant à l'existence de ces organisations criminelles, arsenal de torture et de mort, en uniforme, qui agissent avec l'agrément de l'État et en totale infraction de la loi.

Le journaliste Bruno Torturra a tweeté:

L'impunité de la police a changé ses prérogatives. Elle a abandonné le monopole légal de la violence pour le monopole légal de l'illégalité

Le cas a ramené sur le devant de la scène le débat sur la fin de la Police Militaire et son désarmement, comme le demande le collectif Rio na Rua ou Rio dans la Rue:

A vítima de hoje foi uma mulher negra e pobre, moradora de uma favela situada em um bairro de classe média baixa do Rio de Janeiro. Cláudia, 38 anos, trabalhadora, mãe de quatro filhos, criava quatro sobrinhos. Mais uma vítima da ação bárbara da PMERJ. A voz das ruas diz que “a polícia mata pobre todo dia”. Quantos outros casos como o dela não ganharam voz na grande mídia? E qual voz o caso Cláudia ganhará? Sua morte é mais um exemplo de que a desmilitarização da polícia é uma questão urgente. Não queremos mais exemplos. Queremos o fim da Polícia Militar.

La victime du jour est une femme noire et pauvre, habitante d'une favela située dans un quartier de classe moyenne/basse de Rio de Janeiro. Cláudia, 38 ans, travailleuse, mère de quatre enfants, qui élevait quatre de ses neveux. Une victime de plus du comportement barbare de la PMERJ (Police Militaire de Rio de Janeiro). La voix de la rue dit que “la police tue des pauvres tous les jours”. Combien d'autres cas comme le sien n'ont pas eu cette répercussion dans les médias ? Et de quel écho le cas de Claudia va-t-il bénéficier ? Sa mort est un exemple de plus pour que le désarmement de la police soit traité d'urgence. Nous ne voulons plus de ces exemples. Nous voulons en finir avec la Police Militaire.

"Este ônibus foi queimado pelo povo após o assassinato de mais uma moradora de favela e negra na cidade do Rio. Isso não é vandalismo. Isso é revolta. Isso não é crime. É direito de indignar-se. Esta vida que foi tirada não apaga a dor desta família e de todas que são vítimas do genocídio promovido pelo Estado. PELO FIM DA PM!" Texto e foto do Organização Anarquista Terra e Liberdade OATL, uso livre

“Ce bus a été incendié par la population après l'assassinat d'encore une habitante noire d'une favela de Rio. Il ne s'agit pas de vandalisme. Ce n'est pas un crime. C'est un droit de s'indigner. Cette vie qui a été prise n'éteint pas la douleur de cette famille et de toutes celles qui sont victimes du génocide soutenu par l'État. POUR LA FIN DE LA PM!” Texte et photo de l'Organisation Anarchiste Terre et Liberté OATL. Libre de droits.

De bons posts ont été publiés sur l'assassinat de Claudia Ferreira, parmi ceux-ci on peut citer: “Claudia Silva Ferreira, 38 ans, agent d'entretien, tuée et trainée sur la route par une voiture de la PM” publié par Camila de Magalhães Gomes sur le blog “Blogueiras Feministas” ou Blogueuses Féministes:

Imagem postada pelo coletivo "Se não tiver direitos não vai ter copa" no Facebook. Uso livre.

Photo postée par le collectif “Sans droits pas de coupe du monde” sur Facebook. Libre de droits.

Quem vai gritar por Claudia? Quem vai saber seu nome além dos familiares e das pessoas de sua comunidade? Quem vai se insurgir contra os criminosos fardados, agentes do estado? Quem pedirá a responsabilização desses agentes? Por que o barulho diante dessa brutalidade perpetrada por agentes públicos é tão menor?

Qui va défendre Claudia ? Qui va savoir son nom à part les membres de sa famille et des personnes de sa communauté ? Qui va s'insurger contre les criminels en uniforme, agents de l'État ? Qui va demander que ces agents soient reconnus responsables ? Pourquoi le bruit autour de cette affaire perpétrée par des agents de l'État est-il si minime ?

Ou encore le texte “Claudia Silva Ferreira: blessée par balle, trainée derrière une voiture puis tuée par la PM. Jusqu'à quand ?” publié par Amanda Vieira sur le blog “FemMaterna”:

Para a grande maioria dos jornais, uma mulher faleceu. Para nós, faleceu Claudia Silva Ferreira, uma pessoa que tinha uma identidade, uma história, um nome digno de ser mencionado nas manchetes de jornais. Ela tinha uma vida digna de ser preservada, tanto quanto qualquer outra neste país que, pelo menos oficialmente, não aceita pena de morte.

Pour la grande majorité des journaux, une femme est décédée. Pour nous, Claudia Silva Ferreira est décédée, quelqu'un qui avait une identité, une histoire, un nom digne d'être mentionné dans les titres des journaux. Elle menait une vie digne d'être préservée, comme n'importe quelle autre personne de ce pays qui, au moins officiellement, a aboli la peine de mort.

Et dans le texte “La femme trainée, corps violentables et normalisation de la violence policière” de l'activiste Fabiano Camilo :

A violência policial, que na sociedade brasileira adquiriu a dimensão de um hábito, passando a ser naturalizada e tacitamente justificada, motivo pelo qual não nos surpreende e não nos indigna, dirige-se, antes de tudo, contra os corpos que nossa cultura significa como passíveis de ser violentados: corpos índios, corpos negros, corpos pobres ou miseráveis, corpos femininos cisgêneros, corpos transgêneros, corpos não-heterossexuais. Não obstante, não são esses os únicos corpos que podem ser violentados pela polícia militar.

La violence policière a acquis, dans la société brésilienne, la dimension d'un habitus, au point d'être normalisée et tacitement justifiée, raison pour laquelle elle ne nous surprend plus ni ne nous indigne, car elle est avant tout dirigé, contre des corps que notre culture a assimilé comme passibles d'être violentés: corps indiens, corps noirs, corps pauvres ou misérables, corps féminins bigenres, corps transgenres, corps non-hétérosexuels. Néanmoins, ce ne sont pas ces seuls corps qui peuvent être violentés par la police militaire.

L'agent de la police civile Lucas Ed résume, sur Facebook, le sentiments général:

A Cláudia não merecia, o marido dela não merecia, os filhos, os sobrinhos que ela criava. Os cariocas não mereciam ver aquilo, os brasileiros, os seres humanos.
Que coisa triste.

Cláudia ne méritait pas ça, son mari ne méritait pas ça ni ses enfants, ses neveux qu'elle élevait. Les cariocas ne méritaient pas de voir ça, ni les Brésiliens, ni même les êtres humains.
Quelle tristesse.

“Anonymous International” dévoile les instructions du Kremlin à la télévision russe

dimanche 30 mars 2014 à 13:53
Pulling back the curtain on Putin's propaganda machine. Images mixed by author.

Exposer la machine de propagande de Poutine, photomontage de l'auteur 

Un groupe Internet russe appelé “Anonymous international” a divulgué ce qu'il prétend être un “tyomnik“- une liste de reportages confectionnés sur mesure par le Kremlin pour les journaux de la télévision centrale de la Russie. Le groupe ne dévoile pas la source du document, mais le dénonciateur dit que l'administration de M. Vladimir Poutine en est l'auteur.

Le tyomnik (voir ci-dessous une traduction des deux premières sections) demande aux journalistes de la  télévision de justifier la récente annexion par la Russie de la Crimée, en louant les efforts du Président Poutine pour développer la région, et même de faire de la publicité pour la saison touristique en Crimée, dont dépend désespérément l'économie locale. (Le journaliste russe Ilya Barabanov a plaisanté en ces termes sur les vacances en Crimée : “à proximité, sûre, parmi les notres”, étrangement similaires au slogan pour les Jeux olympiques de Sotchi: “ chaud, cool, à vous .”) Le document ordonne aux stations de télévision de faire une description apocalyptique des événements en Ukraine, où des criminels et des fascistes se seraient déchainés.

La télévision russe a longtemps été célèbre pour être le perroquet du Kremlin sur les questions politiques. Il est encore rare, cependant, que les Russes puissent entrevoir le fonctionnement interne de ce système de propagande. Si la fuite d' Anonymous International est avérée, les Russes auront pu découvrir ce qui se trame derrière l'écran, aujourd'hui.


La première page du “tyomnik” révélé par Anonymous international.

Тема – Крым

Главное:
1. Следует разъяснять, что за 23 года нахождения в составе независимой Украины Крым по вине киевских властей в основном деградировал. Цель российской власти сейчас – обеспечить становление новой жизни на полуострове, привести Крым к общероссийским стандартам в качестве жизни.
Разгрести “авгиевы конюшни”, оставленные украинской властью, в одночасье не получится; но работа в этом направлении ведется, и результаты крымчане будут ощущать ежедневно.
На прошлой неделе по поручению В.В.Путина Крым и Севастополь посетил ряд министров силового блока. На следующей неделе ожидается поездка ряда других членов кабинета.

2. Просьба активно включиться в работу по пропаганде летнего отдыха в Крыму: близко, безопасно, у своих.

Sujet – Crimée

Principaux points 
1. Il convient de préciser que 23 ans au sein de l'Ukraine indépendante ont largement dégradé la Crimée, et ce sont les autorités de Kiev qui sont à blâmer. L'objectif des autorités russes maintenant est de veiller à l'émergence d'un renouveau sur la péninsule, en amenant la Crimée aux normes nationales de qualité de vie de la Russie.

Le nettoyage des écuries d'Augias laissées par les autorités ukrainiennes ne peut être accompli du jour au lendemain, mais le travail est en cours, et la population de la Crimée va le constater tous les jours.

Par ordre de M. Vladimir Poutine, des ministres clés visiteront la Crimée et Sébastopol. La semaine prochaine, plusieurs autres membres du cabinet sont censés faire le voyage.

2. S'il vous plaît, faites un effort actif dans votre travail de promotion de la saison des vacances d'été en Crimée: ‘C'est à proximité, c'est sûr, parmi nos propres gens’ ["у своих"].

Тема – Украина

Основные линии информационной работы:
- атмосфера беззакония, нарастающий хаос: нацисты на ключевых государственных постах, МВД парализовано страхом (все грозные слова после гибели А.Музычко остались только словами), разгул криминала, дуреющего от собственной безнаказанности, рост преступности под видом “майдана”;
- экономика катится в пропасть: денег как не было, так и нет; объявлены уже в самом ближайшем будущем рост тарифов, снижение социальных выплат и секвестр бюджета;
- на этом фоне особенно цинично выглядит нарастающая грызня за власть.

Sujet – Ukraine

L'essentiel pour le travail d'information: 
- Une atmosphère d'anarchie et de chaos croissant en Ukraine : des nazis occupent des postes clés au gouvernement, le ministère de l'Intérieur est paralysé par la peur (tous les beaux discours après la mort d'Aleksandr Muzychko ne sont que des mots), la criminalité est endémique, stupéfaite elle-même de sa propre impunité, et augmente sous couvert d'activisme “Maidan”; 
- L'économie est hors de contrôle: les caisses étaient vides avant [Maidan] et le sont toujours.  Une hausse des impôts dans un avenir très proche a été annoncée, avec réduction des prestations de l'aide sociale et le budget du gouvernement est sous séquestre ; 
- Dans ce contexte, les luttes de pouvoir semblent particulièrement cyniques.

15 trucs gratuits (ou presque) à faire à Bogota en Colombie

dimanche 30 mars 2014 à 11:27

Bogota et son cout de la vie ont tendance à avoir mauvaise réputation. C'est très pertinent si l'on considère que le salaire mensuel moyen dans la ville en 2013 était de tout juste 1 million de pesos (environ 50 dollars US au taux d'échange actuel) et c'est aussi la ville de Colombie qui a les plus grandes inégalités, entre l'Estrato 6 (le niveau économique le plus élevé) où la moyenne est de 4,8 millions de pesos par mois, soit presque 14 fois le revenu moyen des habitants de l'Estrato 1 (le plus pauvre) avec 350 000 pesos. 

Dans son blog A Year Without Peanut Butter (Une année sans beurre de cacahuète), Natalie dresse la liste de “15 de ses activités et lieux préférés gratuits (ou presque) à Bogota”, dont des concerts gratuits dans les parcs, des expositions publiques d'art, des musées gratuits, des performances de rues et la ciclovía (les dimanches et pendant certains jours fériés les rues sont fermées à la circulation et l'accès est réservé aux piétons et aux cyclistes) :

Vous ne connaîtrez pas vraiment la ville tant que vous n'aurez pas flâné dans l'une des rues principales lorsqu'elles sont bondées de cyclistes, de gens en rollers, de punks à skate, d'enfants sur les tricycles, de chiens qui se prélassent dans les paniers ou qui trottinent à côté de leur maître, les vendeurs de jus de fruits, les réparateurs de vélo sur le long de la route et tout le reste. Tout ce dont vous avez besoin pour profiter de la Ciclovía, c'est une paire de chaussure, de l'eau et un certain engouement pour l'observation des gens dans le centre de la Colombie. 

Une porte-parole de l'OTAN rouvre de vieilles plaies pour la Serbie et le Kosovo

dimanche 30 mars 2014 à 10:39
Photo pour l'évaluation des dégâts après un bombardement des installations de stockage militaire à Sremska Mitrovica, Serbie, utilisée par le vice-directeur des plans stratégiques et de politique major-général Charles F. Wald, de l'US Air Force, au cours d'une conférence de presse sur l'opération de l'OTAN Al. Source: Gouvernement américain, domaine public.

Photo pour l'évaluation des dégâts après un bombardement des installations de stockage
militaire à Sremska Mitrovica, Serbie, utilisée par le vice-directeur des plans stratégiques et de politique, le  Major-général Charles F. Wald, de l'US Air Force, au cours d'une conférence de presse sur l'opération de l'OTAN Al. Source: Gouvernement américain, domaine public.

Le 24 mars 2014, quinzième anniversaire du début des bombardements de la Yougoslavie [fr], la porte-parole de l'OTAN et ancien correspondante de la BBC Mme Oana Lungescu a republié un tweet du ministre de l'Intégration européenne du Kosovo, Mme Vlora Citaku .

Le tweet en lui-même était controversé parce qu'il contenait une image floue, mais encore largement reconnaissable du logo de Nike et des photos déformées d'un modèle de la marque Nike, Nike Air, ainsi que le slogan “Just do it”. Le tweet original de Mme Citaku transmettait l'image. C'est ce que les utilisateurs de twitter, de  nationalité serbe et d'autres ont contesté:

Il y a 15 ans l'OTAN intervenait pour arrêter le génocide au Kosovo! Je ne l'oublierai jamais!

Cependant, ce qui a soulevé une vive colère, ainsi que la déception et les commentaires des utilisateurs de Twitter à travers le monde, y compris de nombreux Serbes, a été la republication du tweet original de Mme Lungescu sur le compte Twitter officiel de l'OTAN créé pour les relations avec la presse. La reprise du tweet du ministre avec l'image de la part d'une porte-parole de l'OTAN, beaucoup plus que le commentaire de Mme Lungescu qui l'accompagnait, a été accueillie avec indignation, jugée inappropriée et comme “un geste stupide” par beaucoup.

Le Ministre Citaku a également été critiqué par certains utilisateurs de Twitter, mais d'autres ont défendu sa position sur la question en tweetant plusieurs commentaires relatifs aux bombardements de l'OTAN de 1999, y compris ce tweet concernant un commentaire serbe:

Le bombardement a aidé la Serbie à se libérer de Milosevic! Auto-victimisation pas utile! Réfléchir sur le passé!

Minister Citaku aussi ajouté:

nous n'avons jamais nié les victimes serbes! Mais nous ne devons pas perdre le sens de histoire. Nous savons tous comment / quand / pourquoi ça a commencé et pourquoi l'OTAN a agi

Cela n'a pas apaisé les critiques contre le tweet du Ministre Citaku, qui est devenu viral sur plusieurs réseaux sociaux depuis sa reprise par la représentante de l'OTAN, Mme Oana Lungescu sur les canaux de communication officiels de l'OTAN. Alors que beaucoup d'utilisateurs ont soutenu le point de vue et le tweet de Mme Citaku, d'autres le trouvaient inapproprié.

La majorité des utilisateurs de Twitter qui ont formulé des critiques, ont répondu à la reprise du tweet de Mme Lungescu, pas au tweet original du ministre Mme Citaku. Andrej Fajgelj, un fonctionnaire et membre du parti politique Treca Srbija (Troisième Serbie), a été parmi ceux qui ont répondu au compte Twitter @NATOPress que dirige Mme Lungescu:

Est-ce votre idée d'une pierre tombale pour nos enfants que vous avez tués ? J'aurais souhaité que vous les respectiez plus

Lily Lynch, une journaliste américaine qui a vécu en Serbie plusieurs années, a également répondu, en critiquant l'inclusion de l'image dans le tweet:

OTAN, ça c'est une mauvaise stratégie de RP. Et je suis américaine! Utiliser le logo de Nike pour commémorer un attentat?

Nebojsa Krstic, qui travaille dans les relations publiques en Serbie, s'est aussi demandé comment un responsable des relations publiques de l'OTAN avait pu publier un tel commentaire et une image si discutable sur un compte Twitter officiel.

Dans l'un des nombreux et longs débats sur Twitter au sujet de cette affaire, un directeur de programme d'une ONG et membre du conseil d'administration du Parti libéral-démocrate de Serbie, Darko Runić a également attiré l'attention sur ce que la plupart des intervenants dans le débat ont appelé l'utilisation inappropriée d'une marque bien connue par un membre d'un gouvernement et un représentant de l'OTAN:

 pas besoin de m'enseigner la musique, mon opinion est que l'utilisation du logo de Nike par un fonctionnaire du gouv est absolument inappropriée

Après que les utilisateurs ait signalé cela à Nike sur Twitter, l'entreprise de vêtements de sport a répondu sur son compte officiel @ NikeSupport en publiant cette déclaration:

… Merci de nous contacter pour exprimer votre préoccupation. Ce n'est pas une annonce officielle de Nike et la compagnie n'a pas été impliquée dans la création ou la publication de cette image. Nous prenons au sérieux cette mauvaise utilisation de notre marque et de notre slogan.

La porte-parole de l'OTAN Mme Lungescu est revenue sur sa reprise du tweet et a fait une déclaration plus tard dans la journée pour défendre son action:

La porte-parole de l'OTAN, cependant, maintient que c'était approprié de retweeter l'image le même jour. Lundi soir, Mme Lungescu s'est défendue en disant que le retweet “n'avait en aucun cas pour but de manquer de respect aux victimes du conflit de 1999.”

C'était tout simplement, dit-il, “la reprise d'un tweet remerciant l'OTAN pour avoir sauvé des civils du nettoyage ethnique au Kosovo. L'OTAN a réagi rapidement pour protéger la population du Kosovo en 1999 et notre mission de paix KFOR continue de donner un environnement sûr à tous les habitants du Kosovo, sur la base de la Résolution 1244 du Conseil de sécurité de l'ONU.”