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Une bouteille de trop pour un premier ministre australien

mercredi 23 avril 2014 à 18:43

Grange 59

Penfold's Grange 1959 – Image: Dan Murphy's

Qui aurait pu croire qu'une bouteille de vin puisse susciter 7 des 10 tendances sur Twitter en Australie ? Une bouteille de Grange Hermitage rouge de 1959 à 3000 dollars australiens (environ 2000 Euros) a causé la chute de Barry O'Farrell, le premier ministre de la Nouvelle-Galles du Sud. La barre des témoins de l'Independent Commission Against Corruption (Commission indépendante de lutte contre la corruption, ICAC) n'était pas le lieu idéal pour souffrir d'un « un gros trou de mémoire ». Une carte de remerciements manuscrite a révélé des failles dans son témoignage et provoqué sa démission.

Ce genre de flash-info est une aubaine sur Twitter, ces tweets étaient inévitables :

Il n'aurait peut-être pas du boire toute la bouteille s'il voulait s'en rappeler.#grangegate 

Typique de la paresse des médias : faut-il ajouter « gate » à un mot à chaque « scandale » politique ? Le #Grangegate n'a rien de spécial.

La carte de remerciements s'est bien sûr répandue sur la toile :

L'ex-premier ministre de la Nouvelle-Galles du Sud Barry O'Farrell peut être sûr que sa carte de remerciement du #GrangeGate va atteindre autant de RT que le selfie d'Ellen Degeneres aux Oscars.

Sur internet, on a beaucoup bavardé pour savoir si cette fameuse bouteille de 1959 millésimé des vins Penfold valait son prix. Ben Cubby, l'éditeur du Sydney Morning Herald, publiait un lien vers un article du critique oenologique du journal :

Voici une critique du mystérieux Grange 1959 par l'œnologue de Fairfax Huon Hooke [en]

On a même pu voir une fausse carte de remerciement de la part d'un faux politicien [le véritable Christopher Pyne est ministre fédéral de l'éducation et membre du même parti politque que Barry O'Farrell] :

Wow, j'espère qu'ils ne trouveront pas les cartes que Barry m'a envoyé.

Rien n'a été épargné au premier ministre :

Avec du recul, O'Farrell aurait mieux fait de nier avoir eu des rapports sexuels avec cette bouteille.

La journée aurait du être chargée pour M. O'Farrell. Il devait donner une conférence de presse avec le Premier Ministre Tony Abbott pour annoncer le financement d'un deuxième aéroport à Sydney avant d'être l'hôte d'une réception officielle donnée à l'opéra pour le Duc et la Duchesse de Cambridge. Il était apparemment absent aux deux.

Barry O'Farrell

Barry O'Farrell, Photo Toby Hudson, Wikimedia CC Attribution 2.5

1959 est l'année de naissance de Barry O'Farrell.

Syrie : “Deux ans après, nous avons tout faux”

mardi 22 avril 2014 à 22:47

Dans un billet sur Facebook [anglais] à lire absolument, la Syrienne Hiba Diewati médite sur la situation dans son pays au troisième anniversaire de la révolution syrienne.

Elle évoque les premiers temps, et les quatre jours qu'elle a elle-même passés en prison pour avoir manifesté contre le régime :

Comme j'aurais aimé partager quelque chose d'insouciant aujourd'hui. Il y a deux ans nous sortions sous le soleil damascène et je me réchauffais dans mon sweat San Francisco ; j'ai alors réalisé comme ces quelques jours à l'ombre avaient été froids.

Il y a deux ans, nous pensions qu'une peine de quatre jours de prison était presqu'une fête. Et cela valait la peine car tout serait bientôt fini, la révolution serait victorieuse, et nous pourrions arrêter cette double vie et tourner la page pour travailler tous ensemble à bâtir et embellir la Syrie de nos rêves : démocratie, égalité, paix au lieu des menaces constantes, et liberté.

Il y a deux ans, j'étais entourée d'amis, qu'on a expulsés en si grand nombre du tribunal en leur enjoignant d'attendre dehors. Dans les embrassades et rires après notre libération, l'un deux m'a dit en plaisantant, “Heureusement, la révolution est presque terminée et je n'ai toujours pas été arrêté ; c'est pas juste !”

Hiba poursuit :

Deux ans après, un des cinq jeunes avec qui j'avais été prise à cause de la manifestation pacifique est à de nouveau manquant. Il est étudiant en médecine, médecin de terrain, et est détenu dans d'affreuses conditions depuis près d'un an.

Les amis qui attendaient devant le tribunal rue Al-Nasr, ou rue “de la Victoire”, sont maintenant dispersés à travers le monde. Certains sont en Amérique, d'autres à Berlin, Istanbul, en Irak, à Beyrouth et Amman, et j'en passe. D'autres sont restés à Damas. Ou encore sont dans les zones “libérées”.

Dans son texte, elle décrit la situation en Syrie aujourd'hui :

Deux ans plus tard, les enfants dans le sud de Damas, assiégés et affamés, mangent les miettes ramassées dans la rue. Alep, ou ce qu'il en reste, tombe en ruines sous les bombardements aux barils de TNT. Le beau village de Kessab est bombardé par Assad, malgré tous les panneaux d'avertissement. Les obus de mortier tombent sur le centre de Damas, probablement [tirés] par des rebelles qui ne savent pas ce qu'ils font. Une douzaine de prisonniers au moins meurent chaque jour sous la torture. Zehran Alloush du maudit “Front Islamique” appelle au nettoyage ethnique de la côte. Les militants de la société civile sont détenus et massacrés par l'EIIL. Les Syriens atteignent des sommets d'expression artistique et de nombre de réfugiés. Les journalistes volent en avions de chasse. Les combattants sont partout et la nourriture nulle part.

Et d'ajouter :

Il y a deux ans, jamais nous n'aurions cru que tout s'effondrerait. Il y a deux ans jamais nous n'aurions imaginé cette épidémie de haine et de mort.

Il y a deux ans, un ami palestinien se tenait devant l'Université de Damas et faisait part de ses prédictions sur les événements. Il respirait l'autorité, avec son keffieh noir et blanc, la veste en cuir, les cigarettes à la chaîne, et la tête pleine de Marx, d'histoire et de politique.

“L'aviation américaine va intervenir et nous bombarder plusieurs fois ici à Damas. Rien à voir avec ce que le régime fait en ce moment avec Homs, mais ça fera mal, après tout nous sommes la capitale. Il y aura des dommages collatéraux, mêmes nous peut-être [serons victimes], mais Assad s'en ira et nous pourrons nous mettre à réparer les dégâts.”

Pour conclure :

Deux ans après, nous avons tout faux.

Faites la connaissance de Mamy et Zo, éditeurs de Global Voices en Malgache

mardi 22 avril 2014 à 19:00
Zo & Mamy. Photo used with permission

Zo et Mamy. Photo utilisée avec leur permission

Global Voices en Malgache, langue officielle de Madagascar, possède l'une des équipes de traduction les plus actives de Global Voices. Créé en 2007, le site a publié plus de 6500 traductions jusqu'à présent. Tous les traducteurs et éditeurs de GV en Malgache habitent à Madagascar.

Dans cette interview réalisée par Thalia Rhame, membre de Global Voices au Liban, les éditeurs de Global Voices en Malgache Mamy et Zo parlent d'eux et de leurs efforts pour apporter les nouvelles mondiales en malgache à l'Île Rouge, dans l'Océan Indien.

Global Voices (GV): Pouvez-vous vous présenter ?

Mamy (MA): Mon vrai nom est Maminirina Radifera Ranaivoson, mais tout le monde me connait en tant que Avylavitra en ligne. Je suis employé d'une grande société à Antananarivo, la capitale de Madagascar. Je suis père de trois filles. Les deux aînées (Candy et Miora) sont déjà membres de l'équipe de GV Lingua en Malgache, tandis que ma plus jeune fille (13 ans) s'exerce en traduisant ce qu'elle peut et en aidant ses sœurs.

Zo (ZO): Mon nom est Andriamifidisoa Zo, mon pseudonyme en ligne est Jentilisa [en anglais, cela signifie "gentil.", en hébreu "Goyim", non juif]. En malgache, il peut aussi signifier “doux”. Comme je l'ai écrit dans ma bio sur Global Voices en Malgache, je suis blogueur depuis début 2006 et j'écris uniquement dans la langue académique malgache (sans aucun mot en français ni en anglais). Je suis né et je vis ici à Madagascar. Dans mon blog personnel (VETO=Vaovao Eto an-TOerana - Nouvelles locales), je m'efforce d'informer tous les malgaches et toute personne qui connait ou qui apprend la langue malgache sur ce qui se passe dans le pays. Mon blog s'est vu décerner le prix BOMB (Best of Malagasy Blogs – Meilleur des Blogs Malgaches) en 2007 dans la catégorie Langue Malgache. Ici, à Global Voices, j'essaie de traduire l'actualité internationale en malgache. Mais je ne suis pas journaliste ! Je le fais pour promouvoir la langue malgache même si je ne partage pas toujours le point de vue exprimé dans certains de ces articles.

GV: Comment avez-vous découvert Global Voices ?

MA: J'aime écrire depuis que j'étais un jeune étudiant. Mais c'est seulement le 30 octobre 2007 à 07:58 que j'ai eu accès à internet à la maison et que j'ai créé mon premier blog sur Skyrock (http://avylavitra.skyrock.com/). A l'époque, c'était juste un blog de photos. Plus tard, j'ai choisi d'écrire et de faire des reportages avec des photos autant que possible, au lieu de simplement écrire des récits. J'ai créé trois autres blogs sur WordPress, mais celui qui est le plus lu est Gazetyavylavitra. Il a reçu le prix Best of Malagasy Blogs (Meilleur des Blogs Malgaches) en 2009. Ce que mes amis ont le plus remarqué, je pense, c'est la qualité de la langue malgache que j'utilise et le contenu de mes écrits, alors ils m'ont demandé de travailler avec GV. Mialy Andriamananjara et Lova Rakotomalala m'ont contacté pour devenir traducteur au début. Jentilisa (Zo) m'a également convaincu de le faire.

ZO: Au début de 2007, l'auteur de Global Voices Mialy Andriamananjara m'a invité à rejoindre GVO en Français, mais j'ai gentiment refusé, arguant que j'accepterais s'il s'agissait de traduire de l'anglais vers le malgache. Avant cela, je ne connaissais rien de Global Voices. Des mois après cette première échange, Mialy m'a à nouveau invité, mais cette fois-ci à rejoindre GV en Malgache et j'ai accepté. J'ai été l'un des premiers à rejoindre GV en Malgache depuis son lancement. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai accepté de me joindre à la communauté de Global Voices.

GV: Pouvez-vous nous parler un peu de GV en Malgache ?

Ma: Ma première traduction pour GV remonte au 10 mars 2008. Actuellement, j'ai traduit 1208 posts et brèves. Je n'ai pas compté le nombre de billets que j'ai également révisé. Durant ces années avec GV en Malgache, j'estime que Jentilisa et moi faisons de notre mieux pour assurer son fonctionnement : traduction de l'anglais vers le malgache pour que les malgaches puissent avoir accès aux nouvelles internationales. Des nouvelles sur la culture, les modes de vie, le développement, la politique, l'économie, etc. On a besoin de faire de nouvelles découvertes pour pouvoir comparer et améliorer. 

GV en Malgache est actuellement l'un des projets les plus actifs de la communauté de traducteurs Lingua. L'explication de la dynamique qui nous anime ici est simple: nous essayons de fournir des traductions de haute qualité alors nous vérifions les moindres détails dans le but de nous assurer que la traduction reste fidèle au billet original. A cause de cette attention aux détails, la fréquence de publication fluctue légèrement pour tout le monde : elle dépend de la longueur du texte, des corrections à apporter et, bien sûr, de la possibilité d'accéder à internet.

ZO: Nous sommes une douzaine de traducteurs dans la communauté et il y a plus de femmes que d'hommes. Comme je l'ai dit plus haut, nous avons commencé le 12 septembre 2007. Nous choisissons toujours des longs billets à traduire et seulement quelques brèves. Nous essayons de terminer nos traductions le plus tôt possible pour suivre le cycle des nouvelles et être le premier à avoir les nouvelles en langue malgache. Il y a des moments où les traducteurs sont très rapides et les éditeurs ne peuvent pas suivre le rythme. Je pense que nous arrivons en troisième position lorsqu'il s'agit du nombre de billets publiés quotidiennement (2,89 billets par jour).

Mais même si nous essayons de suivre le rythme des nouvelles dans la production de textes traduits, nous devons encore nous assurer que le travail est de qualité supérieure (le bon mot à la bonne place). En tant qu'éditeurs, nous savons que les traducteurs ont la capacité de comprendre le sens du texte mais ils ont tendance à traduire littéralement. Cependant, la langue malgache ne devrait pas suivre les règles grammaticales du texte original. Quand nous suivons la manière dont les occidentaux structurent une phrase, la traduction malgache devient très difficile à lire ou à comprendre pour les lecteurs malgaches. Parfois, nous devons reconstruire la phrase pour faciliter la lecture du texte.

GV: Est-ce que GV est bien connu des internautes à Madagascar ? Qui lit GV en Malgache ? 

MA: Nous pouvons dire que GV est relativement bien connu des citoyens et des internautes. Notre page Facebook nous aide à promouvoir le site. Nous avons aussi un compte Twitter. GV en Malgache participe également à diverses activités, comme la formation au blogging pour les journalistes au Centre de Presse Malgache / WWF Antsakaviro, où j'ai travaillé avec Candy, Lalah Ariniaina et l'ambassade américaine. J'ai aussi été invité à titre de conférencier, le mois dernier, à une rencontre sur les réseaux sociaux. C'est un événement organisé par le “co-working hub” HabakaMG toutes les deux semaines. En ce qui concerne les lecteurs, ils viennent principalement des villes où il y a un accès à internet, et la majorité vit à Antananarivo. Mais nous avons aussi de nombreux lecteurs en Europe, et quelques uns au Canada et aux États-Unis.

Meet GV Malgasy Team

Les membres de l'équipe de GV en Malgache. Utilisée avec leur permission

GV: Comment les internautes malgaches interagissent-ils avec ce qui se passe dans le monde entier? Par exemple, le printemps arabe ou les manifestations au Brésil ?

MA: Nous avons remarqué que les internautes commencent à parler des nouvelles internationales et à les comparer à ce qui se passe ici à Madagascar, en particulier quand il s'agit de questions politiques. Cependant, ils choisissent toujours soigneusement leurs mots lorsqu'ils s'expriment publiquement, la plupart d'entre eux préférant s'exprimer à travers les réseaux sociaux. En fait, la plupart des gens ont peur de la censure du gouvernement, ils craignent d'être menacés ou arrêtés si on ose dénoncer des choses sur ceux qui sont actuellement au pouvoir.

ZO: Vous savez, Madagascar se remet encore d'une crise politique et sociale majeure. En général, les internautes malgaches ne discutent pas ou ne mettent pas directement leurs commentaires mais ils prennent ces nouvelles comme des exemples de ce que les citoyens malgaches devraient faire ou pas lorsqu'ils discutent entre eux et lorsqu'il y a une similitude avec l'histoire contemporaine de Madagascar.

GV: Quelles sont les difficultés que vous rencontrez en traduisant des articles très précis vers le malgache ? Quel est l'article qui a été le plus lu ? 

MA: Les difficultés les plus fréquentes sont la traduction de termes techniques, économiques, scientifiques et juridiques. Bon, les termes que nous n'utilisons pas tous les jours. Comme nous le savons, Madagascar a été une colonie française dans le passé, et le lecteur se réfère toujours au mot français quand il y a un mot malgache difficile qu'il ne peut pas comprendre. 

Parmi les articles qui ont été les plus lus, ceux qui portaient sur des questions politiques, et je pense que celui-ci est l'un d'eux : Madagasikara: Hisy ve ny fanapahan-kevitra hialàna amin'ny olana? (Madagascar: vers une solution à la crise politique?)

GV: Pourriez-vous citer les cinq internautes (blogueurs, utilisateurs de Twitter ou autres) malgaches que vous recommanderiez aux lecteurs de GV ? 

MA: Sur Twitter: @Malgachie@wakeupmada@Njivatahiry@MdgMediaCenter@rrvaly

Meilleurs blogs:

@jentilisa: http://jentilisa.blaogy.com/

alain rajaonarivony: http://alainrajaonarivony.over-blog.com/

@dadandry: http://andrydago.wordpress.com/ & http://dadandry.blogspot.com/

@saveoursmile: http://madafan.com/ & http://saveoursmile.wordpress.com/

@ariniaina: http://ariniaina.wordpress.com/  & http://ariniaina.mondoblog.org/

ZO: Permettez-moi de citer six blogueurs malgaches qui ne sont pas des contributeurs de GV pour qu'ils puissent être mieux connus. La plupart d'entre eux sont nouveaux dans la blogosphère et je pense qu'ils méritent d'être promus.

 - Anosibe [fr] (le titre du blog est le nom d'un quartier dangereux dans la capitale Madagascar.)

tonnsligagasurun [fr]

Lay Andriamialy [fr]

En campagne profonde [fr]

Life Audit [fr-mg]

Mandimby Maharo [mg-en-fr]

Vkontakte : Au revoir, Monsieur Durov, et encore merci

mardi 22 avril 2014 à 16:23
Pavel Durov, ousted from Vkontakte, for good. Images mixed by author.

Pavel Durov, évincé de Vkontakte, pour de bon cette fois. Photomontage de l'auteur.

 

[Tous les liens sont en russe]

Après plus d’une année de rumeurs, les actionnaires de Vkontakte, le plus grand réseau social russe, se sont finalement décidés à licencier leur fondateur et PDG, Pavel Durov. Dans sa tradition de décisions internes plutôt curieuses, la compagnie s’est séparée de son créateur en invoquant un détail technique, affirmant que Durov n’a jamais annulé sa démission du 21 mars 2014. Durov a pourtant annoncé, publiquement au moins, qu’il n’avait pas l’intention de quitter Vkontakte, expliquant qu’il s’agissait à moitié d’un poisson d’avril et à moitié d’une tactique pour pousser ses adversaires à agir.

Vkontakte avance maintenant que Durov n’est jamais revenu sur sa démission de manière formelle. Le directeur par intérim Dmitri Sergeev (qui en mars défendait Durov contre l’accusation d’utilisation indue des ressources de la compagnie) a aujourd’hui déclaré à la presse que comme cela fait un mois que le conseil d’administration a été informé de l'intention de Durov, sa démission prend effet maintenant.

 On a pu croire plusieurs fois l’année dernière à l’éviction de Durov de Vkontakte. A chaque fois, cet électron libre de 29 ans trouvait une pirouette pour garder son job. Il semble qu’on puisse annoncer, avec une certaine prudence quand même, que cette fois c’est la fin de la course pour lui. La semaine dernière, en prévision peut-être de la nouvelle d’aujourd’hui, il révélait les pressions sur Vkontakte du gouvernement russe afin d’obtenir des données personnelles des communautés Euromaidan [mouvement de protestation populaire ukrainien] et pour faire fermer le groupe en ligne anticorruption d’Alexey Navalny. Les deux fois, Durov affirme avoir envoyé promener les autorités fédérales. Aujourd’hui, peut-être, nous assistons au retour de bâton.

Sur sa page Vkontakte d’aujourd’hui, Durov a fait savoir sa décision « d’accepter sa démission », déclarant que la compagnie est désormais sous le contrôle d’Alisher Usmanov, co-propriétaire de Mail.ru (moteur de recherche populaire en Russie et actionnaire majoritaire de VK) et d’Igor Sechin, qui selon diverses rumeurs est lié à United Capital Partner (actionnaire minoritaire de VK). Curieusement, Durov ne mentionne pas Ilya Sherbovitch, la présidente d’UCP, et évoque directement Sechin, qui a la réputation d’être le parrain, du genre ex-KGB, de la compagnie.

 Voici la traduction complète du communiqué du 21 avril 2014 de l’ex-PDG.

Судя по новостям, в результате моего публичного отказа на прошлой неделе, сегодня меня уволили с должности генерального директора ВКонтакте. Интересно, что у акционеров не хватило смелости сделать это прямо, и о своем загадочном увольнении я узнаю из прессы.

Как сообщается, совет директоров ВКонтакте сегодня *внезапно* обнаружил, что отзыв моего заявления об уходе с поста генерального директора 3 апреля (который они до этого публично приняли), оказался оформлен “не по всем правилам”, поэтому я автоматически освобождаюсь от должности. Насколько я понимаю, эта непрозрачная позиция является общей для всех акционеров.

Таким образом, сегодня ВКонтакте переходит под полный контроль Игоря Сечина и Алишера Усманова. Наверное, в российских условиях нечто подобное было неизбежно, но я рад, что мы продержались 7 с половиной лет. Мы многое успели. И часть того, что было сделано, уже не обратить вспять.

À en croire les médias, en réaction à mon refus [de coopérer avec le Kremlin] de la semaine dernière, je viens d’être viré de mon poste de président-directeur général de Vkontakte. Il est intéressant de noter que les actionnaires n’ont pas eu le courage de me l’annoncer directement, j’ai donc appris ma propre démission par la presse.

Apparemment, le conseil d’administration de Vkontakte a *soudainement* considéré que le retrait de ma lettre de démission (qu’ils acceptaient publiquement jusque là) n’a pas été « totalement fait dans les règles », et par conséquent je suis automatiquement démis de mes fonctions. D’après ce que je comprends, tous les actionnaires partagent cette position troublante.

Vkontakte passe donc sous le contrôle total d’Igor Sechin et d’Alisher Usmanov. Vu le contexte russe, c’était sans doute couru d’avance, mais je suis content que nous ayons tenu sept ans et demi. Nous avons beaucoup fait. Et certaines des choses que nous avons faites sont impossibles à défaire.

Les opposants Algériens sous la menace de la répression policière

mardi 22 avril 2014 à 12:02

Il est devenu de plus en plus dangereux d’être un opposant en Algérie. Menaces de mort, campagne de dénigrement médiatique, intimidations, répressions policières, violation de la vie privée et pressions politiques, le régime Algérien multiplie depuis l’élection présidentielle du 17 avril dernier les chantages à l’égard de ces opposants qui se sont engagés contre le 4e mandat du président Algérien, Abdelaziz Bouteflika, âgé de 77 ans et dont l’état de santé s’est gravement détérioré.

Tout a commencé le 23 mars dernier, à savoir dés le début de la campagne électorale pour le scrutin présidentiel. Diffamation et répression policière ont durement été déployées à l’encontre de plusieurs mouvements contestataires et des cyber-activistes engagés en faveur d'élections démocratiques. Ces pratiques totalitaires ont perduré au-delà du 17 avril, la date de la tenue de l’élection présidentielle en Algérie, une élection qui a été caractérisée par une fraude massive pour accorder à Abdelaziz Bouteflika un 4e mandat successif après 15 ans de règne sans partages à la tête de l’Etat algérien.

Le Mouvement «Barakat !» (ça suffit), l’un des principaux mouvements de contestation pacifique, a été parmi les premières victimes de ces pratiques dictatoriales. Ces rassemblements réprimés, ses membres violemment bastonnés et interpellés à maintes reprises, le régime Algérien et ses relais médiatiques sont allés jusqu’à s’en prendre à toutes les figures symboliques de ce collectif citoyen en souillant leur vie privée. Et comme la répression policière et les arrestations arbitraires ne suffisent pas, toute une campagne de dénigrement médiatique a été orchestrée sur deux chaînes de télévisions acquises à la cause du régime algérien. Ennahar TV et Numidia News, deux chaînes de télévision récemment créées en Algérie et dont les capitaux sont détenus par des personnalités proches des décideurs politiques et militaires algériens, se sont lancés durant des jours entiers dans une propagande indigne. Tous les moyens ont été  utilisés pour humilier des jeunes opposants à travers des reportages mensongers diffusés en boucle sur ces deux télévisions.

Le mouvement Barakat manifestent  pendant les élections via Algerie focus - CC-license-NC-2.0

Le mouvement Barakat manifestent pendant les élections via Algerie focus – CC-license-NC-2.0

Dans ce reportage diffusé par la chaîne de télévision Numidia News, un média appartenant à un homme d'affaires proche d'Abdelaziz Bouteflika, le Président algérien, les membres du mouvement contestataire pacifique “Barakat!” sont accusés de trahison et traités d'ennemis de l'Algérie. Ils sont mêmes présentés comme des “terroristes” dangereux. 

Accusés de terrorisme, d’être des agents des services de renseignements occidentaux, «la main étrangère» comme aime le répéter l’Etat algérien, de dévergondages sexuels, de déviances et d’immoralité, les pires insultes et humiliations ont été diffusées dans ces reportages pour que les Algériens se désolidarisent avec ces opposants et les haïssent.

Et pour donner davantage de poids à cette propagande médiatique, les réseaux sociaux ont été investis par les structures des renseignements généraux et des services secrets algériens. Des dizaines et dizaines pages et groupes Facebook ont été créés et financés pour diffuser des informations personnelles, photos et coordonnées privées des ces opposants qui ont clamé leur désaccord avec le statut-quo et exprimé fortement leur rejet du 4e mandat d’Abdelaziz Bouteflika. Intellectuels, journalistes, blogueurs, artistes, cyber-activistes, avocats, etc., toute personne qui a osé militer contre le diktat politique du régime algérien a été diffamée ou directement menacée de mort. Des pages comme Barakat Escroquerie, La Résistance Virtuelle Algérienne, La ligue nationale de défense de l’Algérie et d’autres encore publient à longueur de journée des publications où la vie privée de plusieurs opposants algériens est révélée dans les moindre détails. Les commentaires sont pour la plupart virulents, insultants et menaçants. Des appels au meurtre sont diffusés et partagés le plus normalement possible. Cela nous rappelle tristement les années 90 où une guerre civile a ravagé l’Algérie pendant une décennie. Une guerre durant laquelle les intellectuels et opposants ont été assassinés après la diffusion de leurs informations personnelles sur la place publique.

Face à ces menaces successives, de nombreux partisans du changement en Algérie commencent à paniquer et font part de leur indignation. Si certains recourent à la justice sans se faire des illusions, la justice algérienne n’est nullement indépendante et protège davantage les puissants que les faibles, d’autres décident disparaître de la scène politique pour mettre à l’abri leurs familles. D’autres encore demeurent mobilisés et poursuivent leur travail en ripostant fermement à ces menaces de mort. C’est dire enfin que les opposants Algériens sont certainement en danger de mort, mais ils n’abandonnent pas pour autant leur combat pour une Algérie démocratique, juste et libre.