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États-Unis : Le long chemin vers la paix selon Aung San Suu Kyi

mardi 9 octobre 2012 à 17:00

[Tous les liens de ce billet renvoient à des pages web en anglais, sauf mention contraire.]

Aung San Suu Kyi [fr], figure emblématique de l’opposition birmane et lauréate du prix Nobel de la paix, a reçu le prix Vaclav Havel de la Human Rights Foundation, récompensant une dissidence créative, dans le cadre du Freedom Forum de San Francisco, qui s’est tenu le 28 septembre au Bently Reserve.

Quelques instants avant de recevoir le prix, Aung San Suu Kyi, a encouragé à lier de « véritables amitiés », comme celle qu’elle avait noué avec l’ancien président tchèque dont le prix porte le nom, pour attirer l’attention sur les violations des droits de l’homme. Sa participation au forum entrait dans le programme d’un voyage de près de 15 jours aux États-Unis qui l’a menée dans des villes où vivent des membres de la diaspora birmane, telles que Fort Wayne en Indiana. Aung San Suu Kyi a également donné des conférences dans diverses universités et visité la capitale où elle s’est entretenue avec le président Obama à la Maison-Blancheet a reçu la Médaille d’honneur du Congrès.

Dans son passionnant discours, sur le thème « Le long chemin vers la paix », Aung San Suu Kyi a porté un regard rétrospectif sur sa vie en tant qu’activiste. Elle a expliqué : « Vivre en paix avec ma conscience fut le chemin vers la liberté ». Au sujet de la situation dans son pays, elle s’est engagée à construire une Birmanie « qui vive en paix avec sa propre conscience ». « Il y a des prisonniers d’opinion en Birmanie, mais une société dont la conscience est en paix peut les libérer », a-t-elle dit. La lauréate du prix Nobel a conclu en indiquant que la population birmane était prête pour faire face aux défis qui se présenteront. Elle a souligné que « la lutte pour la liberté doit être sans fin ».

D’autres personnalités étaient présentes. Parmi elles, George Ayittey, professeur d’origine ghanéenne, qui a émis de fortes critiques à l’encontre des dictatures africaines en mentionnant « pour chaque dictateur que nous renversons, un autre apparaît, c’est comme jouer au jeu de la taupe ». Il a ajouté qu’« un bon dictateur est un dictateur mort ». Était également présente Manal Al-Sharif [fr], d’Arabie saoudite, qui a partagé son expérience. Elle avait défié le royaume saoudien en prenant le volant d'une voiture alors que les femmes ne sont pas autorisées à conduire. Elle a conclu sa présentation avec le clip Bad Girls de M.I.A., réalisé en soutien à sa cause selon elle.

La touche latino-américaine est venue d’Ethan Nadelmann, directeur du Drug Policy Alliance qui a applaudi les interventions des présidents mexicain, colombien et guatémaltèque, lors de la dernière Assemblée générale des Nations unies, où les trois dirigeants ont appelé à reconsidérer les politiques de lutte contre la drogue ayant échoué et coûté des milliers de vies durant les quatre dernières décennies.

Les participants à l’événement et les internautes ont partagé leurs impressions sur Twitter via le mot-clic #SFFF, en référence aux initiales du forum :

@matissebh: Le long chemin de la liberté requiert des amitiés : Aung San Suu Kyi, comptez sur moi…

Certains soulignent les paroles de George Ayittey :

@weddady: George Ayittey : “vingt des pays arrivant en fin de classement en matière de développement humain ont été ruinés par des régimes militaires”.

Bint Battuta (@BintBattuta87) s’est fait l’écho des paroles de Manal Al Sharif :

@BintBattuta87: @manal_alsharif rêve d’une Arabie saoudite où les mères n’auront plus besoin de l’autorisation de leurs fils pour voyager. #SFFF Amen.

Voici quelques photos de l’événement prises par l’auteur du billet :

Aung San Suu Kyi s’adressant aux participants du San Francisco Freedom Forum.

Manal Al-Sharif compartió su experiencia al manejar un automóvil en las calles saudíes, lugar donde se prohíbe que las mujeres conduzcan.

Manal Al-Sharif racontant son expérience en tant que femme au volant d’une voiture dans les rues d’Arabie saoudite, pays où les femmes ne sont pas autorisées à conduire.

"El único dictador bueno que existe es el que está muerto", dijo el académico ghanés George Ayittey

« Un bon dictateur est un dictateur mort ». Telles sont les paroles du ghanéen George Ayittey.

Durante su participación en el San Francisco Freedom Forum, Daw Aung San Suu Kyi se vió fuertemente custodiada por el servicio secreto.

Durant le San Francisco Freedom Forum, Aung San Suu Kyi faisait l’objet d’une protection rapprochée des services secrets.

El Bently Reserve, ubicado en el centro de San Francisco, fue el escenario donde se llevó a cabo el San Francisco Freedom Forum

Le Bently Reserve, situé au centre de San Francisco, où s’est tenu le Freedom Forum.

Brésil: Débauche de propagande électorale

mardi 9 octobre 2012 à 16:28
Photo by Diana Chi Yin Fan, Interlagos, São Paulo, Brazil. Shared on Facebook.

Photo de Diana Chi Yin Fan, Interlagos, São Paulo, Brésil. Partagé sur Facebook.

Après les élections municipales qui ont eu lieu le 7 octobre 2012 au Brésil, la page Quem suja agora vai sujar depois (en portugais ; “Qui souille maintenant souillera aussi après”) partage des photos et vidéos montrant les déchets créés par la propagande électorale dans les rues à travers le pays.

La France et la Banque Mondiale proposent une aide à la négociation des contrats miniers en Afrique

mardi 9 octobre 2012 à 14:54

Pour célébrer le 40ème anniversaire des accords de coopération monétaire de la Zone Franc, le président de la Côte d'Ivoire Alassane Ouattara et le ministre français de l'économie et des finances Pierre Moscovici, ont publié un texte commun où ils préconisent l'établissement d'une initiative pour mettre fin à “l’exploitation outrancière des réserves africaines” [fr]. A la suite de ce discours, un communiqué de presse de la banque mondiale affirme que la banque a créé un fond pour aider les pays africains à mieux négocier l'exploitation de leurs ressources naturelles [en anglais]. Cette mesure semble mettre en avant de manière officielle non seulement les échecs des gouvernements africains en matière de rentabilisation de leurs ressources mais aussi les avantages disproportionnés obtenus par les exploitants internationaux.

Un besoin pressant 

Cette mesure visant à promouvoir “ promouvoir des contrats commerciaux justes et équitables” est l'information principale à retenir de cette tribune commune. Mais le communiqué fait aussi référence à un passé souvent controversé entre la France et ses anciennes colonies. A. Ouattara affirme que :

Nous entendons lutter contre le décalage qui demeure, trop souvent, entre une vision datée et pessimiste de l’Afrique et le dynamisme économique actuel du continent. L’Afrique du XXIème est en mouvement, en croissance, riche de ses réserves naturelles et désireuse de démocratie. [..] La relation entre la France et l’Afrique doit pour cela être redéfinie, comme l’a souhaité le Président de la République française.


Vidéo de la rencontre entre Ouattara et Moscovici publiée par AbidjanNetTV.

Au Togo, République Togolaise commente le projet et note que:

Dans leur tribune, Alassane Ouattara et Pierre Moscovici appellent de leurs voeux une relation redéfinie entre la France et l'Afrique, après des décennies de liens ambigus, parfois teintés de corruption, entre Paris et ses anciennes colonies.

Sur Jeune Afrique, STÉPHANE BALLONG, citant Makhtar Diop, vice-président de la Banque Mondiale pour l’Afrique,  note la défaillance des gouvernements africains à ce jour et donne plus de précisions sur le contenu du fond d'aide à la négociation:

“Un ministre des mines ou des finances ne dispose pas forcément des ressources nécessaires pour employer l’expertise la meilleure au monde pour négocier des contrats équilibrés.” Il s’agit donc d’essayer de combler cette défaillance en fournissant  aux pays d’Afrique, l’assistance technique nécessaire (ressources financières et humaines) pour obtenir de meilleures conditions contractuelles [..]

Il ajoute :

Cinq grands domaines devront être couverts  par ce fonds : les conseils juridiques pour améliorer les modalités contractuelles des investissements dans les industries extractives, en amont les diagnostics sur la capacité institutionnelle des États, l’aide technique relative aux risques sociaux, les conseils pour des politiques publiques visant à développer des pôles de croissance en amont et en aval de l’industrie extractive. La France s’est engagée à apporter une contribution de quelque 15 millions d’euros qui seront repartis entre la Banque mondiale et la Banque africaine de développement.

Mines de Kailo en RDC par Julien Harneis sur Flickr (CC-license-2.0)

Une mesure contre l'influence de la Chinafrique ? 

De nombreux observateurs suggèrent que ces mesures sont ciblés pour contrecarrer l‘influence grandissante de la Chine en Afrique. Philippe Hugon, directeur de recherche à l'IRIS (Institut des Relations Internationales et Stratégiques) ne manque pas de noter l'ironie de ces mesures:

Dans le fond, les relations que la Chine entretient avec l'Afrique ressemble avec ce qui se faisait en France il y a une trentaine d'années : des liens forts dans le champs du politique, une non dissociation des liens public/privé et une importante corruption. Le tout sans être très regardant sur les situations environnementale et sociale.

Bacary Goudiaby en RDC note les différentes évolutions entre la Francafrique et la Chinafrique :

La Chine a été un moteur pour la construction d'infrastructures. Elle fait également renaître des projets jugés insuffisamment rentables par les entreprises occidentales. Mais, certaines industries africaines naissantes ont été touchées par la concurrence chinoise, et la population locale ne bénéficie pas toujours de l'effet d'aubaine de ces nouveaux projets, en raison d'un taux insuffisant de “local content”, c'est-à-dire d'embauche et de sous-traitance locale. [..] Malgré des liens forts avec un certain nombre d’États africains, la France a eu tendance, sur le long terme, à se retirer de ce continent. Le poids des investissements, la présence militaire, tous les indicateurs vont dans ce sens.

Pour autant, cette initiative semble indiquer que la France ne compte laisser la Chine élargir son influence sans résistance. Un entretien de M. Moscovici sur Jeune Afrique confirme les velléités de la France. Le ministre français de l'économie affirme ainsi :

L'Afrique subsaharienne ne représente que 3 % des exportations et des importations françaises, avec à peu près 14 milliards d'euros d'importations et 12 milliards d'exportations. C'est trop peu. Je ne veux pas critiquer la Chine, je trouve cela désuet. C'est en réorientant le partenariat entre la France et l'Afrique vers l'investissement que nous trouverons de meilleures réponses. En aidant nos entreprises à mieux appréhender le risque, qu'elles tendent à surévaluer ; à aller de l'avant, en donnant une priorité au secteur de l'énergie où nous avons une grande expertise. Nous n'avons pas à avoir peur des Chinois.

A Madagascar, le rôle de la Chine dans l'exploitation des ressources naturelles du pays et notamment le trafic illégal de bois de rose a été longuement discuté.  Cependant le rôle de la France dans la crise politique malgache de 2009 ont rendu les observateurs locaux méfiants des initiatives françaises pour aider l'Afrique. Ainsi, Lalatiana rapporte les échanges d'observateurs sur les difficultés des pays africains francophones après la colonisation dont cette intervention de Rajo Rajaonarivelo :

Il est indéniable que les français ont voulu implanter des modèles de gouvernance et des gouvernants qui servent leurs intérêts dans les pays anciennement colonisés. Mais, comme on dit, it takes two to tango, il faut bien que nos gouvernants soient d’accord. Etait-ce le cas ? à nous tous d’y répondre. Sur un autre plan, avant la colonisation et même quelques années après, nous avions atteint l’auto-suffisance en riz. Il y a même eu des années où Madagascar en exportait. Aujourd’hui, nous sommes obligés d’importer 200 000 à 300 000 tonnes par an. Je ne pense pas que la France ou le Royaume-uni ait un quelconque intérêt là-dedans.

Il semblerait qu'un consensus existe sur la nécessité pour les pays africains de savoir mieux négocier l'exploitation des ressources naturelles. Si les effets de cette mesure parviennent à des contrats effectivement plus équitables, personne ne se souciera alors que cette initiative ait été faite avec des objectifs géopolitiques bien précis.

Tunisie : Grève générale à Thala

lundi 8 octobre 2012 à 23:37

Sur Twitter, Tounsia Hourra (Tunisienne libre) informe d'une grève générale aujourd'hui 8 octobre à Thala, contre l'augmentation du chômage et le manque d'entretien de la ville.

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Pour la fête nationale du Portugal le Président hisse le drapeau à l'envers

lundi 8 octobre 2012 à 23:11

Ce billet fait partie du dossier de Global Voices sur l'Europe en crise.

La journée du 5 octobre est fête nationale au Portugal et commémore l'instauration de la république en 1910. Les célébrations officielles de cette année ont été marquées par un acte symbolique et quelque peu malheureux du Président Cavaco Silva, qui a par erreur hissé les couleurs du pays à l'envers.

President Cavaco Silva hoisting the flag on October 5, 2012. Photo by Artº 21 shared on Facebook (in public domain)

Le Président Cavaco Silva hisse les couleurs le 5 octobre 2012. Photo Publié par Artº 21 sur Facebook (domaine public)

Selon le code militaire, un drapeau hissé à l'envers signifie qu'un territoire a été envahi par l'ennemi. Selon l'Article 332 du Code Pénal, toute personne qui “bafoue publiquement les symboles nationaux et régionaux”, tels que le drapeau, l'hymne national ou tout autre emblème de la souveraineté nationale portugaise est passible d'une peine de 2 ans de prison ou d'une amende pouvant atteindre jusqu'à 240 jours de salaire.

José António Fundo, artiste et professeur d'arts plastiques, écrit [en portugais] sur son blog Fundo Azul (Fond bleu):

"Portuguese flag version 2.0 Now idiot proof". Image by Johny Jambalaya on Facebook (used with permission)

“Le drapeau portugais en version 2.0 pour les nuls”. Image de Johny Jambalaya sur Facebook

 

Um Presidente hasteia a bandeira do seu país ao contrário. Este acto está carregado de simbolismo. Ainda que tenha sido involuntário. Este Presidente já nos habituou a actos desprovidos de sentido, de intenção e de alma. Uma bandeira invertida é sinal de um país vitima de um golpe de estado, um navio tomado por piratas. É um pedido de auxilio causado por uma tomada violenta e ilegítima do poder, a perca de autonomia e liberdade. Portugal foi tomado por um governo que defende interesses estrangeiros, por uma troika que quer criar um exército de escravos europeus, por falsos políticos que protegem interesses económicos nefastos. Cavaco Silva não se desgasta muito para defender o interesse dos Portugueses. Sem querer realizou o mais simbólico e preocupante acto que acompanha a comemoração da República. A Republica está no fim. A democracia também. A bandeira deveria manter-se invertida. Até lhe agradecia a ironia mas estou farto de aturar as suas tolices.

Un Président hisse les couleurs de son pays à l'envers. C'est un acte chargé de symbole. Même si cela n'était pas intentionnel. Ce Président nous a habitués à des actes dénués de sens, d'intention et de profondeur. Un drapeau à l'envers est le signe d'un pays victime d'un coup d'état, d'un bateau arraisonné par des pirates. C'est une demande d'aide suite à une prise de pouvoir violente et illégitime, à une perte d'autonomie et de liberté. Le Portugal est dirigé par un gouvernement qui défend des intérêts étrangers, par une troika [formée du Fond Monétaire Européen, de la banque Centrale Européenne et de la Commission Européenne] qui veut créer une armée d'esclaves européens, par des faux politiciens qui protègent des intérêts économiques défavorables. Cavaco Silva ne se fatigue pas à défendre les intérêts des Portugais. Malencontreusement, il a commis l'acte symbolique le plus dérangeant pour accompagner la célébration de la république. C'est la fin de la république. Et de la démocratie. Le drapeau devrait rester retourné. J'en viendrais à le remercier pour cette gaffe, mais j'en ai assez de supporter ses bêtises.

 

Il y a un an et demi, Global Voices a publié un billet sur la mise en place du “plan de sauvetage financier international”, et a cité l'activiste Miguel Januário qui suggérait ironiquement de “rajeunir le drapeau portugais, et de rajouter des couplets à l'hymne national (…) pour qu'il soit en phase avec la réalité du pays”

Après la célébration du 5 octobre de cette année, de nouvelles versions du drapeau (voir image ci-dessus) et de l'hymne national (enregistrement audio ci-dessous) circulent sur les médias sociaux.

Un certain nombre de gens ont aussi modifié leurs profils en ligne et leurs avatars en utiisant des images inversées.

"Happy anniversary upside down republic "¡ɔıןqndǝɹ ǝʌıן ƃuoן" Poster by Gui Castro Felga (used with permission)

” Heureux anniversaire à la république à l'envers “¡ɔıןqndǝɹ ǝʌıן ƃuoן”. Affiche de Gui Castro Felga publiée sur le blog du Ministère de la Contre-propagande.

Cette année est la dernière année que le 5 octobre sera férié dans le pays -mesure annoncée plus tôt en 2012 afin d'augmenter les jours de travail. Pour la première fois en 102 ans, les célébrations officielles ne se sont pas déroulées au Square Municipal de Lisbonne pour des raisons de sécurité, comme l'indique le i journal (dont la couverture du 6 octobre est aussi à l'envers), mais ont été déplacées sur une place plus fermée, le Patio da Galé.

Malgré tout, deux manifestantes ont réussi à perturber l'événement : l'une a interrompu la fin du discours du Président par des cris désespérés, et l'autre a récité un chant de résistance de Fernando Lopes-Garça intitulé Fermeté.

Le blog Casa das Aranhas se fait l'écho [en portugais] (avec des photos) des différentes manifestations qui se sont déroulées tout au long de la journée, dont un rassemblement convoqué sur Facebook qui s'est tenu en face de l'Assemblée de la République et s'est soldé par l'arrestation de manifestants.

Ce billet fait partie du dossier de Global Voices sur l'Europe en crise.