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Dans un quartier d'Alep en Syrie, le bombardement de roquettes devient une nouvelle normalité

mardi 24 janvier 2017 à 23:58

Ce billet fait partie d'une série spéciale d'articles par la blogueuse et militante Marcell Shehwaro, qui décrit la vie en Syrie pendant la guerre qui se poursuit entre les forces loyales au régime actuel, et ceux qui veulent le renverser.

Blogger and activist Marcell Shehwaro at a protest in Syria. Image courtesy Marcell Shehwaro

Marcell Shehwaro, blogueuse et activiste, lors d'une manifestation en Syrie. Photo de Marcell Shehwaro avec son autorisation.

Cet article eut été différent si je m'en étais tenue à ce que l'on m'a toujours dit quand j'étais enfant “Ne remets jamais à demain ce que tu peux faire aujourd'hui.” Je voulais écrire cet article hier soir quand je me suis rendu compte que mon ordinateur  risquait de tomber en panne de batterie. Nous n'avions plus d'électricité dans le maison depuis deux jours et j'ai décidé de remettre la rédaction de mon article à ce matin.

J'avais l'intention d'écrire un article sur la vie quotidienne d'une fille normale, tout juste un peu différente. On pourrait la qualifier d'activiste, puisque c'est une étiquette attirante pour certains.

Global Voices m'a chargé de vous informer sur les détails de la vie quotidienne en Syrie. C'est sur ce sujet que j'avais prévu d'écrire, si j'avais pu écrire mon article hier soir, et si je n'avais pas été esclave de la technologie. Après tout, j'aurais très bien pu écrire mon article à la main à la lumière d'une lampe à pétrole. On dirait que je ne peux plus écrire sans entendre le bruit de mes doigts qui tapent sur le clavier.

Mais revenons à cet article. Je suis allée me coucher en pensant que je l'écrirais ce matin dès que j'aurais trouvé une alimentation électrique. Mais les Forces de la Défense Aérienne Syrienne avaient d'autres projets. J'ai été réveillée à 8 heures du matin par une explosion toute proche –une roquette des Forces de Défense Aérienne était tombée à 100m de chez nous sur le le quartier libéré de Mashad, à Alep. On s'est mis à compter. Deux… trois… sept. Celle-ci était tombée plus loin. Huit… Les vitres se sont mises à vibrer. J'ai décidé d'ouvrir toutes les portes et toutes les fenêtres. La première chose qui me venait à l'esprit c'était qu'il valait mieux attraper un rhume que d'être blessé par des éclats de verre et d'obus.

J'ai rassemblé toutes les couvertures que je pouvais trouver, je me suis mise dessous et je me suis endormie. La guerre m'avais appris que je pouvais toujours dormir, quelles que soient les horreurs qui se passaient à l'extérieur.

On était vendredi et je devais participer à une manifestation dans le quartier de Bustan Al Qaser. Je me suis habillée et je suis sortie dans la rue, ce qui peut paraître très courageux étant donné le bombardement. Tout à coup le quartier qui m'était si familier m'a paru très étrange. 16 roquettes étaient tombées, selon des amis qui les avaient comptées. Et 16 roquettes suffisent à transformer l'aspect d'un quartier ordinaire comme celui dans lequel je vis. Il y avait des gravats et du verre partout et mes bottes Ugg n'étaient pas franchement adaptées à la situation.

Dans les rues, tout le monde scrutait le ciel. Et je dis bien tout le monde. Nous n'étions que cinq ou six civils à être sortis de chez nous. Un vieil homme pleurait alors qu'un vendeur ambulant interpellait les clients, annonciateur de mort: “ça se rapproche… ça arrive… ça va tomber… c'est tombé…”Cette litanie monotone était plus triste que la vue des gravats.

Les tirs des avions de chasse se rapprochaient. Des gens courraient pour fuir le bruit de l'explosion. L'idée de courir pour échapper à un avion de combat nous a fait rire mon ami et moi. Ces gens pensaient-ils que l'on en était toujours à l'époque des manifestations pacifiques où l'on pouvait courir pour échapper aux balles? Ou était-ce seulement un instinct de survie, spontané et irrationnel? Qui peut échapper à un avion de combat? L'avion continuait à lâcher sa cargaison et mon ami et moi avons décidé qu'il était stupide de poursuivre notre chemin vers la manifestation. Nous sommes entrés dans un immeuble tout proche et nous avons trouvé une foule de civils qui tremblaient. J'envie leur capacité à avoir peur. Cela veut dire soit que leur vie a encore une signification, soit que, contrairement à nous, ils n'ont pas l'habitude de voir la mort en face.

Les haut-parleurs appelaient les gens des étages à descendre.On entendait les sirènes des ambulances qui circulaient. Et tout à coup, on a entendu un tir de balles. Mon ami m'a demandé: “Est-ce que ces balles peuvent toucher l'avion?” Et il a répondu lui-même à sa propre question: “Mais non, mon cher, ce sont les balles de l'oppression.” J'envie le militant qui se sent opprimé.

Et puis tout est redevenu normal. On pouvait continuer notre trajet.

Dans quelques heures, la vie va reprendre son cours normal et les rues se rempliront de vendeurs ambulants et de passants. Aujourd'hui, seuls pleureront ceux qui sont sous les gravats et leurs familles, et ceux qui ont perdu leur maison. Certaines images resteront, ou non, inscrites dans nos mémoires –celle de cette mère désespérée qui regarde brûler sa maison avec son fils à l'intérieur, ou cette fille qui raconte comment sa mère s'est trouvée enterrée dans sa cuisine.

Pour nous, ce n'est qu'une journée ordinaire sous les explosifs. Mon ami me reprend: cette fois ce n'était pas des explosifs mais des roquettes. Excuse moi de cette erreur: ce n'était qu'une journée ordinaire sous les roquettes.

Marcell Shehwaro blogue sur marcellita.com and tweete sur @Marcellita,tous deux en arabe. Ses deux premiers posts de la série sont ici et ici.

 

Le premier court métrage d'animation non-américain primé aux Oscars était l'oeuvre d'un Croate

mardi 24 janvier 2017 à 15:27
A frame from the Academy Award winning short film "The Substitute" by Dušan Vukotić.

Image extraite de “Surogat” de Dušan Vukotić, court métrage primé aux Academy Awards.

Les nominations aux Oscars doivent être annoncées aujourd'hui 24 janvier. Une fois encore, aucun film croate n'est en compétition, même si “De l'Autre côté” a postulé à l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences, basée en Californie, qui supervise les Academy Awards.

En réalité, depuis l'indépendance d'avec la Yougoslavie en 1991, aucun film réalisé en Croatie n'a été sélectionné pour un Academy Award du Meilleur film en langue étrangère. Ce qui ne veut pas dire qu'aucun film croate n'a jamais obtenu d'Oscar.

Peu de gens savent qu'un réalisateur de ce pays, Dušan Vukotić (1927-1998), a reçu l'Oscar du meilleur court-métrage d'animation en 1961 pour “Le Succédané” (“Surogat” dans la langue d'origine, “Ersatz” en allemand, “The Substitute” en anglais). Représentant la Yougoslavie, ce fut le premier dessin animé non américain à obtenir cette récompense. Ce film comique à l'esthétique cubiste est conservé dans le fonds du Academy Preservation Program (le Programme de Conservation de l'académie des Oscars).

Vukotić s'est fait connaître comme l'un des fondateurs de l’Ecole de Zagreb de films d'animation, un studio qui a produit plus de 400 films depuis sa création en 1956 et a instauré les normes de haute qualité de l'animation en Yougoslavie.

Son travail a été porté aux nues durant sa vie, et certains de ses films, outre “Le Succédané”, sont disponibles en ligne, surtout grâce à des fervents devenus YouTubeurs.

En 1963, un autre film de Vukotić, “Le Jeu” a été nominé au même Oscar, sans le remporter.

Les fans adorent aussi “La Vache sur la lune” qui traitait en 1959 de sujets toujours d'actualité en 2017 : le harcèlement et ‘les filles dans la technologie’.

Autre court-métrage devenu un classique de Vukotić, “Le Vengeur” (1958), d'après une nouvelle du nouvelliste et dramaturge russe Anton Tchekhov.

Après les années 1960, Vukotić n'a pratiquement plus participé à de nouveaux projets d'animation, et s'est surtout consacré à la réalisation de longs-métrages et à l'enseignement de la mise en scène de cinéma au Conservatoire d'Art dramatique de Zagreb.

D'une famille originaire du Montenegro, Vukotić était né dans ce qui est aujourd'hui la Bosnie-Herzégovine, et ses racines mixtes comme le fait qu'il demeurait en Croatie cadrent parfaitement avec le credo de “fraternité et unité” de la société yougoslave. Pourtant, après l'éclatement de la Yougoslavie, divers auteurs nationalistes se sont approprié son héritage au profit de leur groupe ethnique particulier. C'est ainsi par exemple qu'un site internet de la diaspora serbe au Canada l'a inclus dans sa liste des “Magnificent Seven lauréats serbes d'un Oscar”. [NdT : Le très célèbre film américain ‘The Magnificent Seven’ a pour titre français ‘Les 7 mercenaires’, une ironie potentielle absente du titre serbe comme anglais]

La junte thaïlandaise installe des dinosaures devant la Maison du Gouvernement. Sans rire

mardi 24 janvier 2017 à 12:55
Dinosaur models in front of Government House in Bangkok, Thailand. Screenshot from the video of Matichon TV uploaded on YouTube

Les modèles réduits de dinosaures devant le siège du gouvernement à Bangkok (Thaïlande). Capture d'écran de la vidéo de Matichon TV mise en ligne sur YouTube

Chaque année, en janvier, la Thaïlande célèbre la Journée de l'enfance en proposant diverses activités éducatives et ludiques aux jeunes du pays.

À cette occasion, les enfants sont souvent invités à visiter les bureaux des services publics afin d'en apprendre davantage sur l'organisation administrative et recevoir des cadeaux de l'État. L'armée, par exemple, a gagné en notoriété en permettant chaque année aux enfants qui visitent les camps militaires de jouer avec de véritables fusils et monter à bord de chars d'assaut.

Cette année, la Maison du gouvernement, où le premier ministre et certains membres du cabinet occupent leurs fonctions, a ouvert ses portes aux enfants et les a invités à s'amuser avec vingt répliques de dinosaures installées dans son enceinte.

La Maison du Gouvernement est ouverte au public samedi pour la Journée des Enfants. Le clou : les dinosaures.

Les dinosaures, installés par le Département des ressources minérales, sont des répliques d'espèces dont les fossiles ont été découverts en Thaïlande, soit le phuwiangosaurus sirindornae, le siamotyrannus isanensis et le kinnareemimus.

Certains observateurs de la vie politique thaïlandaise n'ont pu s'empêcher de commenter le symbolisme des dinosaures placés devant un édifice gouvernemental dont l'occupant actuel représente une institution qui s'est emparée du pouvoir en 2014 et qui, depuis, a échoué à rétablir la démocratie civile dans le pays.

C'est à se demander sur quelle planète vit la Junte s'ils ne voient aucune ironie dans la présence de dinosaures à la maison du gouvernement…

Il y a tellement de dinosaures à la maison du gouvernement… on en voit même quelques-uns à l'extérieur.

L'armée a lancé plus d’une dizaine de tentatives de coup d'État depuis les années 1930. Elle a pris le pouvoir en 2014 et rédigé une nouvelle constitution comprenant des dispositions garantissant un rôle plus important à l'armée et ce même si des élections étaient tenues à l'avenir.

L'utilisateur Facebook Anuthin Wongsunkakon a aussi noté :

Ironiquement, ils ont cette année rempli la pelouse de créatures jurassiques et c'est exactement ce que l'on va tous devenir.

Kong Rithdee, chef de la rubrique Vie du journal Bangkok Post, voit de l'humour noir dans le dévoilement des dinosaures :

Ce ne serait pas de l'humour noir ? Des dinosaures dans la Maison du Gouvernement, n'y en a-t-il pas déjà assez ? Une superposition Jurassique sur le Jurassique, une exposition mettant en scène 20 espèces de reptiles préhistoriques déterrés en Thaïlande est nommée “Une aventure avec les Dinosaures”, ce qui, de toute façon, ressemble à l'aventure que nous vivons chaque jour. Certains dinosaures sont capables de bouger (naturellement). L'ironie paléontologique est intarissable comme l'est d'ailleurs cette analogie involontaire.

Prachatai, un site d'information indépendant et partenaire de Global Voices, voit dans ces dinosaures un symbole de la démocratie thaïlandaise.  En effet, pour beaucoup de gens, l'idée que la démocratie peut s'accomplir à travers une dictature militaire représente un concept politique archaïque.

Entre-temps, nous espérons que les petits Thaïlandais ont apprécié leur interaction avec les dinosaures se trouvant aussi bien à l'intérieur du siège du Gouvernement qu'à l'extérieur.

Projet de revitalisation des langues potón et pisbi au Salvador

lundi 23 janvier 2017 à 14:27

06 Guatajiagua

Cet article est le premier compte-rendu de notre projet bénéficiaire d'une micro-bourse Rising Voices de soutien aux initiatives de militantisme numérique dans les langues indigènes. Les bénéficiaires écriront des articles sur l'avancement de leur projet.

Le Consejo Coordinador Nacional Indígena Salvadoreño (Conseil de Coordination nationale indigène du Salvador, CNIS) a commencé le vendredi 26 février 2016 un processus inédit de revitalisation des langues potón et pisbi au Salvador, avec pour objectif de promouvoir l'identité des peuples Lenca et Kakawira à travers leurs langues. Plusieurs jeunes des peuples indigènes participent à ce projet financé par Rising Voices : ils devront créer des ressources numériques pour la promotion des langues dans leurs communautés traditionnellement marginalisées. Les participants ont reçu les outils technologiques qui leur permettront de numériser le matériel papier d'enseignement des langues. Ils recevront également une formation en stratégie de communication indigène et aux logiciels d'édition, ce qui leur permettra de continuer la sauvegarde, le renforcement et la revitalisation de leurs langues maternelles.

Le CCNIS considère qu'avec la disparition des langues non écrites et non documentées, l'humanité perdrait non seulement une grande richesse culturelle, mais également des connaissances ancestrales renfermées en particulier dans les langues indigènes. Leur sauvegarde permettra d'affronter les nouveaux défis de l'appropriation de technologies. Nous, les peuples indigènes, devons donc mettre en place une stratégie de renforcement et de diffusion de nos pratiques culturelles et de nos processus sociaux et communautaires, tout en prenant en compte le fait que l'accès à la télévision, le développement et la publication de contenus audiovisuels pour les communautés indigènes est difficile, et par conséquent inéquitable.

La reconnaissance des réalités des peuples indigènes et de leurs dynamiques culturelles et territoriales représente un grand potentiel pour le pays. Cette possibilité redéfinirait les contenus auxquels accède toute la société salvadorienne, mais il faut que “l'indigène” n'y soit pas inclus seulement comme icône lucrative mais dans le respect de son droit d'auto-détermination. Ainsi nous, les peuples indigènes, pourrons élaborer nos propres contenus, les produire et les diffuser dans des conditions égalitaires.

L'article 62 de la constitution de la République du Salvador déclare que : “les langues autochtones qui se parlent sur le territoire national font partie du patrimoine culturel et doivent être protégées, diffusées et respectées.” Cependant, les efforts existant au sein des institutions de l'État qui se focalisent sur les besoins de la langue nahuat du peuple indigène Náhua Pipil et relèguent les langues des Lenca (potón) et des Kakawira (pisbi) au second plan.

Betty Pérez, coordinatrice nationale du CCNIS explique :

A pesar de contar con documentación de cada uno de los Idiomas en formato de cartillas de aprendizaje, creemos que transformarlas en formato de audio digital pueda fortalecer la identidad cultural de estos Pueblos, en un contexto de procesos de reivindicación de Derechos propios, más aún, cuando se ha realizado una reforma a la constitución de la república donde se reconoce que en el país existen Pueblos Indígenas en su Artículo 63, hasta el pasado 12 de junio de 2014.

Bien qu'étant en possession de documents de chacune des langues sous forme de livrets d'apprentissage, nous croyons que les transformer au format audio numérique pourrait fortifier l'identité culturelle de ces peuples, tout spécialement dans un contexte de revendication de leurs droits. Qui plus est, l'article 63 de l'amendement de la constitution de la République du 12 juin 2014 reconnaît l'existence dans ce pays des peuples indigènes.

D'après l'Organisation des Nations Unies pour l'Éducation, la Science et la Culture (UNESCO), on estime que la moitié des six mille langues parlées actuellement dans le monde disparaîtront à la fin du siècle. Bien qu'approximativement 17% de la population du Salvador soit indigène, le pays manque de politiques publiques qui fortifieraient l'identité culturelle, les langues et le respect des droits des communautés indigènes au niveau national.

Le CCNIS a été fondé le 15 novembre 1992 comme une instance regroupant au niveau national vingt-trois organisations indigènes des peuples indigènes Lenca et Nahua Pipil. Il travaille à la revendication des droits indigènes et au renforcement du tissu communautaire. C'est également un membre fondateur du Conseil indigène d'Amérique Centrale (Consejo Indígena de Centro América), CICA.

MujeresMundi : des chroniques sur le rôle des femmes dans la société

lundi 23 janvier 2017 à 11:51
Portada de MujeresMundi. Imagen usada con autorización.

Image d'accueil de MujeresMundi. Image utilisée avec l'autorisation du site.

« Sans féminisme, il n'y a pas de changement » nous explique MujeresMundi, site web « d'origine latino-américaine et rédigé maintenant entièrement en espagnol », qui « cherche à se faire l’écho d'initiatives peu connues, solutions proposées par des femmes et des jeunes dans différentes communautés ». Sur le site web, on peut découvrir l'origine des histoires publiées chaque mois :

[…] Reunimos así a cronistas feministas de diversos orígenes y a bloggers activistas invitados.

El cambio está a la vuelta de la esquina, aunque a veces lo sentimos lejano. La única manera de acercar el cambio es proponiéndonos.

[…] Nous avons réuni ainsi des chroniqueuses et chroniqueurs féministes d'origines diverses et des blogueurs et blogueuses activistes invités.

Le changement est tout proche, même si on a parfois l'impression qu'il est encore loin. La seul façon de le faire advenir c'est de nous y atteler.

Xaviera Medina, la responsable et créatrice de MujeresMundi, est spécialiste de communication en matière sociale. Cette Péruvienne établie en Belgique est également une photographe qui a travaillé en Afghanistan pendant trois ans, où elle a récolté des témoignages. Cette expérience, entre autres, a servi de point de départ à cet espace qui donne la parole à différents intervenants qui racontent à la première personne des histoires de femmes qui ont conquis leur autonomie et de voies d'émancipation dans la vie quotidienne partout dans le monde.

Féminisme, libertés et boxe

Dans une des publications les plus récentes de MujeresMundi, Xaviera raconte comment des gants de boxe peuvent incarner la liberté pour un groupe de femmes à Kaboul :

En el estadio olímpico de Kabul “los talibanes lapidaban a las mujeres y en el gimnasio donde ahora nos entrenamos las encarcelaban”, testimonia Sadar en el documental del joven cineasta, Ariel Nasr. Un documental con un título que podría parecer surrealista para muchos: Las Boxeadoras de Kabul. […] Ariel narra la historia de este peculiar equipo, particularmente de Sadaf, Shabnam y Shalah durante las preparatorias internacionales para poder acceder a los Juegos Olímpicos de Londres. Una competencia que resultó mucho más ruda de lo que el equipo hubiera podido imaginar. […] Las boxeadoras de Kabul utilizan los guantes como una lucha interna contra costumbres e ideologías que han enraizado en su país una cultura controlada por varones.

Dans le stade olympique de Kaboul, « les talibans lapidaient les femmes et ils les emprisonnaient dans le gymnase où nous nous entraînons désormais » témoigne Sadar dans le documentaire du jeune cinéaste Ariel Nasr. Un documentaire dont le titre pourrait sembler surréaliste : Les Boxeuses de Kaboul. […] Ariel raconte l'histoire de cette équipe particulière, surtout de Sadaf, de Shabnam et de Shalah lors des phases préparatoires d'accès aux Jeux Olympiques de Londres. Une compétition qui s'est révélée beaucoup plus difficile que ce à quoi l'équipe pouvait s'attendre. […] Les boxeuses de Kaboul se servent de leurs gants pour mener une lutte de l'intérieur contre les coutumes et les idéologies qui ont ancré leur pays dans une culture contrôlée par les hommes.

De son côté, dans un article très personnel, la journaliste péruvienne Suiry Sobrino raconte des histoires familières de violence normalisée dont elle n'a compris le sens qu'une fois adulte :

Recuerdo que dentro de mi familia se contaba una historia que escuché desde pequeña, mi bisabuelo había visto a mi bisabuela, le gustó, la raptó de su casa […], la encerró en su habitación hasta que ella no tuvo más alternativa que casarse con él. […] sin ninguna explicación previa de nadie, entendí que lo que había sufrido mi bisabuela era una violación (probablemente siendo aún menor de edad).

Je me souviens que, dans ma famille, on racontait une histoire que j'ai toujours entendue : mon arrière-grand-père vit mon arrière-grand-mère, elle lui plut, il l'enleva […], l'enferma dans sa chambre jusqu'à ce qu'elle n'ait plus d'autre choix que de se marier avec lui. […] sans que personne ne me l'ait jamais expliqué, j'ai compris que ce qu'avait souffert mon arrière-grand-mère, c'était un viol (alors qu'elle était encore probablement mineure).

Et voici les réflexions que cela lui inspire :

La mayoría hemos crecido en ambientes en donde se justifica la violencia: “tu papá toma porque está estresado”, “me grita porque está borracho”; “tu hermano invade tu privacidad porque te cuida” […]. Todas estas frases ingresan a nuestros subconscientes y definen nuestra forma de actuar cuando ya somos adultas, sabemos que está mal soportar cualquier tipo de violencia, pero no hemos aprendido a hablar. […] Para cambiar el panorama, para detener los feminicidios, primero hay que asumirnos como parte del problema. ¿Qué estamos haciendo para que nuestras niñas sientan que no pueden hablar? […] Todas las violencias son en primera instancia, solo nuestras.

Pour la plupart, nous avons grandi dans des milieux où l'on justifie la violence : « si ton père boit, c'est parce qu'il est stressé », « il crie après moi parce qu'il est ivre » ; « ton frère se mêle de ta vie privée parce qu'il veille sur toi » […]. Toutes ces phrases pénètrent notre subconscient et définissent notre façon d'agir une fois adultes. Nous savons que c'est mal de supporter la violence sous quelque forme qu'elle se présente, mais nous n'avons pas appris à en parler. […] Pour changer la situation, pour mettre un terme aux féminicides, il faut d'abord reconnaître que nous faisons partie du problème. Que faisons-nous pour que nos filles sentent qu'elles peuvent parler ? […] Toutes les violences sont nôtres avant tout.

Divulgation d'informations et défense en ligne des droits de la femme

En plus des histoires racontées, MujeresMundi est présent sur les réseaux sociaux, où il se penche sur les événements et les avancées concernant le bien-être des femmes ou les violences à leur encontre. Sur son compte Twitter, @mujeresmundibxl, l'équipe a par exemple fait écho à l'indignation suscitée récemment par l'assassinat à Bogota, en Colombie, de Yuliana Samboni, une fillette de sept ans, le 4 décembre dernier ; ou encore des reculs au niveau légal, comme cela a été le cas en Turquie :

#INDIGNATION Des cas de fillettes comme #Yuliana qui ne provoquent aucun scandale national https://t.co/0nk22lKbdA via @vicecol #NiUnaMenos

HONTE AU CRIME INSTITUTIONNALISÉ La #Turquie envisage d'amnistier les auteurs de viol sur mineur s'ils se marient avec leur victime https://t.co/KgOhxY1Koh

L'équipe y annonce également des événements de portée internationale, qui célèbrent des victoires mondiales en matière de défense des droits de la femme :

C'est ainsi que cela se passe sur MujeresMundi, avec des chroniques « sur ce qui nous dérange, sur ce qui peut être amélioré et ce qui peut être changé ».