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La militante tunisienne de FEMEN face à de nouveaux chefs d'accusation

mercredi 5 juin 2013 à 00:28

Le procès de la FEMEN tunisienne Amina Tyler, arrêtée le 19 mai après avoir tagué le mot FEMEN sur le mur d'un cimetière à Kairouan, à 184 km de Tunis, reprend le 5 juin.

Le 30 mai, un tribunal a infligé à Amina une amende de 300 dinars tunisiens (150 euros) pour “possession sans autorisation d'un objet incendiaire” — un aérosol lacrymogène. Les avocats d'Amina ont argué qu'elle possédait l'aérosol pour pour sa propre défense, après les menaces de mort reçues en mars, quand elle avait publié sur Facebook des photos d'elle-même, seins nus. Si elle a échappé à une peine de six mois de prison pour cette accusation, Amina reste en détention et encourt à présent d'autres inculpations : “atteinte à la moralité publique”, “profanation de cimetière” et “appartenance à une organisation criminelle” [FEMEN]. Des charges qui pourraient valoir un long séjour en prison à la jeune femme, âgée de 19 ans.

Le lendemain, Amnesty International a appelé les autorités tunisiennes à relâcher Amina, disant les accusation “Il semble que ces accusations sont motivées par des considérations politiques et (la) jeune femme prise pour cible en raison de son action en faveur des droits des femmes”.

Silence des soi-disant “démocrates” ?
L'absence de soutien à Amira de l'opposition laïque tunisienne a été mal reçue. De peur de perdre les voix futures de l'électorat conservateur, les hommes politiques de gauche paraissent préférer le silence. Ce n'est pas la première fois que les partis de gauche sont accusés de renoncer à leurs propres valeurs “progressistes”. Ainsi, on leur a aussi reproché de faire profil bas dans l'affaire de Ghazi Beji et Jabeur Mejir [anglais], condamnés à sept ans et demi de prison l'an dernier, pour la publication de contenus en ligne déclarés injurieux pour l'islam.

Dans la pétition sur Avaaz exigeant la relaxe d'Amina, le comité de soutien de la jeune militante de FEMEN a écrit :

Retour à la case prison pour Amina !
Nous avons toutes et tous été leurré(e)s par l’annonce de la relaxe d’Amina pour détention d’explosif. Amina, la prisonnière de l’hypocrisie politique tunisienne, du mutisme de celles et ceux qui veulent s’affirmer démocrates, mais qui n’osent prendre part à la lutte qui se joue actuellement.

L'écrivain tunisien Gilbert Naccache a lui aussi fustigé la position des démocrates proclamés :

La démocratie a vraiment du mal à se frayer un chemin jusqu’à nos cerveaux ! Les mêmes qui se disent prêts à se battre jusqu’au bout pour les libertés (…) hurlent à l’intolérable provocation quand Amina s’exprime(…)

Les justifications de la condamnation d’Amina, même par ceux qui l’accusent de donner un prétexte à détourner l’attention des vrais problèmes, de contribuer à diviser davantage les Tunisiens, ne sont en fin de compte qu’une façon de ne pas assumer son devoir qui est de défendre Amina contre la calomnie et les mensonges (…) et de défendre le droit de tous à s’exprimer à sa façon…

Trois autres militantes de FEMEN, deux Françaises et une Allemande, doivent également comparaître le 5 juin. Elles encourent chacune 6 mois de prison après avoir manifesté le 29 mai seins nus devant un tribunal de Tunis, en solidarité avec Amina.

Qatar : Une nouvelle loi contre le cybercrime pourrait menacer la liberté d'expression en ligne

mardi 4 juin 2013 à 23:02

Le Qatar cherche à consolider sa législation portant sur le cybercrime, y compris une sanction pour avoir accédé aux données officielles sensibles, mais le projet de loi récemment approuvé par le conseil des ministres porte aussi des limites à la liberté d'expression en ligne (liens en anglais).

L'agence d'informations officielle du Qatar a publié une dépêche à ce sujet (http://www.qnaol.net/QNAEn/NewsBulletin/Pages/default.aspx — cliquez sur la date, 29 mai et regardez la mise à jour du “Cabinet”):

“[Le cabinet] a approuvé un projet de loi visant à promulguer une loi de lutte contre les cybercrimes et l'a adressée au Conseil consultatif. La loi punit quiconque parvient, par le biais de l'internet ou tout moyen informatique, sans en avoir le droit, à pénétrer sans y être habilité, sur un site web électronique ou le système d'information de l'un des organes, institutions, autorités de l'Etat ou autre organisme affilié ou compagnies de ce type, et quiconque crée ou gère un site électronique via l'internet ou n'importe quel moyen informatique, ou publie de fausses informations dans le but de mettre en péril la sécurité de l'Etat, son ordre public, sa sécurité intérieure ou extérieure.”

Mais plus important – en ce qui concerne la liberté d'expression – explique QNA :

“La loi punit aussi quiconque enfreint les principes ou valeurs de la société, ou publie autrement des informations, photos, enregistrements audio ou visuels liés au caractère sacré de la vie privée et familiale des personnes, même vraies, ou porte atteinte à autrui par diffamation ou calomnie via l'Internet ou autre moyen informatique.”

Aucune autre information concernant le projet de loi n'a été publiée pour le moment, mais il est sûr que la formulation est suffisamment vague pour avoir de larges conséquences sur ce qui peut et ne peut être dit en ligne au Qatar.

L'an dernier, les Emirats Arabes Unis ont adopté des lois strictes sur le cybercrime, dont les activistes ont dit qu'elles “étouffaient la libre expression” et étaient des “attaques à la liberté d'expression”, et la crainte est que le nouveau projet de loi du Qatar suive le même chemin.

Sans surprise, la réaction au Qatar a été pour le moment négative :

Sur Twitter, l'écrivain Christine GerberRutt qualifie cela d’ “inacceptable” :

@JustKooki1: Inacceptable. Avec la nouvelle loi chaque mot peut m'envoyer en prison pendant 3 ans. http://fb.me/B2pTUWll

Tandis que d'autres expriment leur crainte :

@scampyfries: Ayez peur, très peur ! La nouvelle loi du Qatar contre le cybercrime soulève des inquiétudes pour la liberté d'expression en ligne http://tmblr.co/ZJn_jxmACWo6

@JohnLaprise: C'est problématique. Le nouveau projet de loi du Qatar contre le cybercrime soulève des inquiétudes pour la liberté d'expression en ligne http://dohanews.co/post/51710659718/qatar-new-draft-cybercrime-law-raises-concerns-over#.UacYkrR7UZQ.twitter  via @dohanews

Commentant le projet de loi sur Dohanews.co (le site de l'auteur de ce billet), Joh Laprise, un professeur à l'Université Northwestern au Qatar, développe :

“Etant donné les normes de confidentialité nationales, si je lis cela sans me tromper, tout individu saisissant un contenu qui décrit ou enregistre des individus doit leur demander leur autorisation expresse ou sera passible de sanction.”

Un autre commentateur, du nom de iamthexxx, répond :

Pas surprenant ! La seule surprise est pourquoi ils n'ont pas interdit Facebook et twitter et tous les médias sociaux ?
Une autre loi pour supprimer les critiques ! c'est ce qu'il faut faire !
Les choses s'améliorent de jour en jour !!

Pendant que sur Twitter, le blogueur et concepteur de site Xtian témoigne qu'il ne pourra plus écrire grand chose :

@xtian001: Finies les mauvaises critiques de services, restaurants, hôtels quand la loi du Qatar sur le cybercrime sera passée ? Finies aussi les affreuses photos de parking !

Dans une conversation avec Sultan AlQassemi, le professeur émirati Abdulkhaleq Abdulla ajoute :

@Abdulkhaleq_UAE: @SultanAlQassemi ça devient difficile partout. Profitez-en avant que cela ne devienne trop restrictif.

Alors, ne remettez pas à demain !

Quelles sont les principales préoccupations des Béninois ?

mardi 4 juin 2013 à 22:08

Tite Yokossi commente un sondage réalisé par la Fondation Zinsou qui a posé aux Béninois la question de savoir quelles étaient leurs principales préoccupations à l'heure actuelle [fr]. La première doléance concerne le faible pouvoir d'achat des fonctionnaires. Les autres principales préoccupation tournent autour de questions toutes aussi essentielles, telles que l'accès à l'éducation, l'accès à l'eau potable, l'accès aux soins de santé et à l'électricité, la protection civile et de l'aide pour les agriculteurs.

Il a neigé à La Réunion

mardi 4 juin 2013 à 21:20

Le Piton de la Fournaise, a volcano on Reunion Island covered with snow via @Margoow33/

Il a neigé le 3 juin sur le sommet du Piton de la Fournaise, le volcan de l'île de la Réunion. Un phénomène plutôt rare. Le site d'informations Linfo.re explique que la première chute de neige a été observée sur l'île en 1988 et la dernière en 2007.

L'extrême-droite xénophobe gagne du terrain en Europe

mardi 4 juin 2013 à 21:15

La crise économique provoquée par le krach boursier de 1929 a mis des millions de gens dans la détresse. L'effondrement du tissu économique s'est traduit par des destructions massives d'emplois et en conséquence, la misère pour des millions de familles. Ainsi naquit le cadre idéal pour la montée des fascismes, qui ont accédé au pouvoir en Allemagne et en Italie, et dont les effets sinistres sont connus de tous.

Dans l'Europe du troisième millénaire, victime d'une des pires crises économiques de l'histoire récente, les partis fascistes sont à nouveau en plein essor. Ils fleurissent sur le terreau du mécontentement social dans des Etats-providence dont les habitants sont dépouillés de droits conquis au long de deux générations. Comme l'affirme le Manifeste Antifasciste Européen :

Extreme right protesters in Spain. Photo taken from Xavier Casals' <a href="http://xaviercasals.wordpress.com/2013/03/23/puede-surgir-una-derecha-populista-en-espana-el-teorema-de-patrick-moreau/">blog </a>[es].

Manifestants d'extrême-droite en Espagne. Photo du blog de Xavier Casals.

Profitant de la peur des nantis face aux risques d’explosion sociale, ainsi que de la radicalisation des classes moyennes laminées par la crise et les politiques d’austérité draconienne, et du désespoir des chômeurs marginalisés et paupérisés,  l’extrême droite et les forces néo-nazies et néo-fascistes se développent dans toute l’Europe ; ils  acquièrent une influence de masse dans les couches déshéritées  qu’elles tournent systématiquement contre des boucs émissaires traditionnels et nouveaux (les immigrés, les musulmans, les Juifs, les homosexuels, les handicapés,…) ainsi que contre les mouvements sociaux, les organisations de gauche et les syndicats ouvriers.

Peu à peu ces dernières années, des partis d'extrême droite sont apparus en Europe. Le Vlaams Blok [anglais] de Belgique, créé dans les années 1970 et interdit, a refait surface il y a peu sous le nom de Vlams Belang. Le Front National français, fondé en 1972, s'est révélé la troisième force politique à la dernière élection présidentielle. En Norvège, le Parti du progrès a obtenu plus de 22% des voix aux élections de 2009. Anders Breivik, l'auteur du massacre de l'île d’Utøya, a milité plusieurs années dans ses rangs.

En Suisse, l’Union démocratique du centre a réuni 29% des votes aux élections de 2007. Lorsque le Parti libéral est entré au gouvernement autrichien en 1999, les autres pays de l'Union Européenne ont été amenés à imposer des sanctions contre la république alpine. Et on pourrait continuer l'énumération avec la Suède, la Finlande, le Danemark, les Pays-Bas, l'Italie, la Hongrie, la Bulgarie et la Grèce, tous pays ayant des députés d'extrême-droite dans leurs instances parlementaires.

The perfectage of parliamentary representation held by extreme right groups throughout Europe, 2012 (by percentage of votes). Image from Ignacio Martín Granados' <a href="http://martingranados.es/2012/05/03/que-la-simiocracia-no-nos-acabe-quitando-la-democracia/">blog</a>.

Pourcentage de représentation parlementaire détenu par les mouvements d'extrême droite dans l'Union Européenne en 2012 (en pourcentage des voix). Infographie du blog d'Ignacio Martin Granados

Dans les autres pays, comme l'Espagne, ces partis n'ont pas réussi à entrer dans les chambres basses des parlements, mais ont pénétré d'autres institutions. Aux dernières élections municipales, la Plateforme pour la Catalogne (PxC) s'est assurée 67 sièges dans diverses communes de Catalogne. La vidéo ci-dessous, publiée par alpujarradelasierra sur YouTube, date de la récente campagne électorale du PxC dont elle montre sans équivoque le positionnement politique :

Tous ces partis ont une idéologie commune : un profond euroscepticisme, l'hostilité contre l'immigration et les minorités, le racisme et la xénophobie, un nationalisme radical en sont quelques éléments. Ils se retrouvent tous dans un discours populiste, qui propose des solutions simples -en apparence seulement- souvent en contradiction avec les droits de la personne.

Le visage le plus connu de l'euroscepticisme est peut-être le Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni, l'UKIP, qui, selon le blog Territorio Europa [espagnol], veut :

  • Sortir de l'UE et limiter la liberté de circulation des personnes et des travailleurs.
  • Rétablir toutes les frontières et remettre en vigueur les entrées avec visas (y compris pour les Européens).
  • Abroger la Loi sur les Droits Humains adoptée en 1998 et se désengager de la Convention Européenne des Droits de l'Homme et des Libertés Fondamentales.
  • Empêcher qu'un citoyen britannique puisse recourir à un tribunal européen ou international pour défendre ses droits.

L'arrivée massive de migrants pendant les années de prospérité économique, qui a aggravé les chiffres actuels du chômage, est un levier pour le racisme et la xénophobie que l'extrême-droite dirige notamment contre la communauté musulmane. L’émergence de l'islam radical en Europe, perçue par de nombreux Européens comme une menace contre les valeurs occidentales, est l'occasion pour ces mouvances d'inciter à la haine et de gagner des voix. Le blog Territoires de la Mémoire résume les opinions du Vlaams Belang :

Anti-Islam protest in front of the European Parliament building in Brussels. Photo from the blog <a href="http://yahel.wordpress.com/2012/05/14/el-rapido-ascenso-de-partidos-de-derecha-en-europa-tiene-al-ala-izquierda-temblando/">Nueva Europa – Nueva Eurabia</a> [New Europe - New <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Eurabia">Eurabia</a>]

Manifestation anti-islam devant le Parlement Européen à Bruxelles. Photo du blog Nueva Europa – Nueva Eurabia [Nouvelle Europe - Nouvelle Eurabia]

 […] refuser de reconnaître l’islam comme une religion: «[...] L’islam n’est pas une religion comme le catholicisme, le judaïsme ou l’hindouisme, c’est une religion-droit-culture-civilisation, intrinsèquement ‘intégriste’ [...] ». L’islam est aussi systématiquement infériorisé: c’est «[...] une religion rétrograde [...] », «qui maintien les femmes musulmanes sous un statut de quasi-esclavage », avec des «[...] mentalités aussi primitives que barbares [...]», et des adeptes «[...] fanatiques ignorants et barbares [...] ».

Les minorités subissent aussi les injures de ces groupes d'extrême-droite. Le parti Jobbik en Hongrie qui a établi des listes de Juifs “dangereux” du pays, l'animosité contre les Roms du Front National en France et l’Union Nationale Attaque en Bulgarie [anglais] ne font pas mystère de leur idéologie.

Le parti Aube Dorée en Grèce n'est qu'un autre exemple, dont les militants se sont récemment rendus coupables d'un certain nombre d’agressions de travailleurs étrangers et dont les méthodes ont été clairement exposées quand son porte-parole a agressé deux députées lors d'un débat télévisé, comme le montre cette vidéo de la chaîne RussiaToday sur YouTube :