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Voyage : Le Mozambique, destination recommandée pour 2016

samedi 2 avril 2016 à 19:25
Nampula, Moçambique. Foto: Stig Nygaard/Filckr (CC BY 2.0)

Nampula, Mozambique. Photo : Stig Nygaard/Filckr (CC BY 2.0)

Le Mozambique fait partie d'une liste de 52 destinations recommandées aux touristes par le New York Times pour l'année 2016. Le pays figure en septième place (la ville de Mexico est première), il est présenté comme un pays en développement certain, regorgeant de sites naturels de grande beauté, et “cerise sur le gâteau”, un des pays les plus tolérants d'Afrique en matière de droits des minorités sexuelles avec une référence à LAMBDA – une association de citoyens du Mozambique qui oeuvre pour la reconnaissance des droits des personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuelles) et pour la décriminalisation de l'homosexualité et de l'avortement en 2015.

Il est bordé par une côte maritime remarquable. Ci-dessous, la plage de Barra, à Inhambane :

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La plage de Barra à Inhambane, Mozambique. Photo: Andrew Moir /Filckr (CC BY 2.0)

Le Mozambique est en concurrence dans ce classement avec de villes comme Washington DC (Etats-Unis d'Amérique), Abou Dhabi (Emirats Arabes Unis) et Sydney (Australie).

Vous trouverez ici la liste complète.

Un journaliste thaïlandais empêché de se rendre en Finlande pour la Journée mondiale de la liberté de la presse

samedi 2 avril 2016 à 19:12
Pravit Rojanaphruk holding a copy of the draft constitution which some critics believe will reinforce military rule in Thailand. Pravit is seen flashing the three-finger sign which is also a symbol of protest used by pro-democracy forces in Thailand. Source: Facebook

Pravit Rojanaphruk tient entre ses mains une copie du projet de constitution, accusée par certains de renforcer le régime militaire en Thaïlande. Le journaliste utilise ici le salut à trois doigts des films « Hunger Games », signe de ralliement des activistes pro-démocratie en Thaïlande. Photo : page Facebook de Pravit Rojanaphruk.

Les autorités militaires thaïlandaises ont rejeté la demande du célèbre journaliste Pravit Rojanaphruk de pouvoir se rendre à une conférence en Finlande le 3 mai 2016, pour la Journée mondiale de la liberté de la presse.

Pravit Rojanaphruk, correspondant du site d'information Khaosod English et critique notoire de la junte militaire, a posté sur les réseaux sociaux un compte-rendu de ses échanges infructueux avec le gouvernement, qui a refusé de lui accorder la permission de quitter le pays. Il devait se rendre à Helsinki afin de participer avec d'autres journalistes étrangers à un événement organisé par l'UNESCO.

Depuis le coup d'Etat du 22 mai 2014, Pravit n'a eu de cesse de critiquer la dictature militaire qui s'est établie en Thaïlande. Convoqué et détenu à deux reprises par l'armée afin de se prêter durant plusieurs jours à des sessions d’ « ajustement du comportement » au sein d'un camp militaire, il a néanmoins continué à couvrir de manière critique les activités de l'Etat thaïlandais. Bien qu'aucune charge n'ait été retenue contre lui, les autorités lui ont « conseillé » de cesser de diffuser des informations « déroutantes » sur le gouvernement. Pravit est également  sous le coup d'une interdiction de sortie du territoire sauf autorisation expresse de l'Etat.

Après s'être emparé du pouvoir en 2014, l'armée a ébauché une constitution provisoire et promis de restaurer un régime civil une fois des réformes menées dans le pays. Deux ans plus tard, l'armée tient toujours les rênes du pouvoir, les médias sont strictement contrôlés et les manifestations publiques interdites. Pravit est l'une des seules voix publiques osant encore critiquer le caractère dictatorial du gouvernement soutenu par les militaires.

Sur Twitter, Pravit revient sur le refus des autorités de le laisser voyager à l'étranger :

Lettre d'invitation à la conférence organisée par l'UNESCO à Helsinki pour la Journée mondiale de la liberté de la presse et rejetée par la junte

Un porte-parole de la junte vient de m'annoncer au téléphone qu'ils ne m'autorisaient pas à me rendre en Finlande pour célébrer la Journée de la liberté de la presse en mai, malgré l'invitation du gouvernement finlandais.

Lorsque le porte-parole m'a annoncé la mauvaise nouvelle, il a dit que mon voyage à Helsinki « devait être reporté ». J'ai demandé si cela signifiait que je n'irai pas.

La BBC Thaï a demandé à la junte les raisons de mon interdiction de voyager en Finlande pour la Journée mondiale de la liberté de la presse. Le porte-parole a répondu qu'il ne pouvait pas donner plus de détails.

Si la junte pense que m'interdire de voyager à l'étranger me fera taire, ils se trompent. Je continuerai à les surveiller et les critiquer.

Kirsti Westphalen, l'ambassadrice de Finlande en Thaïlande, a déclaré « regretter » la décision du gouvernement thaïlandais :

L'ambassade de Finlande regrette la décision du gouvernement thaïlandais d'interdire à Pravit Rojanaphruk de se rendre à Helsinki pour les célébrations de la Journée mondiale de la liberté de la presse.

Malgré le poids de la tradition, les Egyptiens continuent à danser la salsa

vendredi 1 avril 2016 à 16:25
Aasim Rady and Rasha Sadek. Social Salsa Dancing in Egypt, January 2015. Image: YouTube

Aasim Rady et Rasha Sadek. Danse de la salsa en Egypte, Janvier 2015. Image: YouTube

Croyez-le ou non, mais l’Amérique latine et l’Égypte ont un peu plus en commun que l'ancienneté de leur civilisation et la construction de pyramides. Après avoir repris la nourriture et la musique de l’Amérique du sud, la scène culturelle du Caire bouge désormais au rythme enfiévré de la salsa. Et cette fièvre semble bien partie pour y rester.

Alors que l’Opéra du Caire envisage d’intégrer une nuit de l’Amérique latine mensuelle à son programme, suite au très bon accueil fait au Jazz and Latin American Flair, l'aspiration à danser la salsa et le tango devient peu à peu réalité, grâce à des écoles de danse professionnelles comme la Latin Love Dance School [l'école de danse en couple latine] et l’enthousiasme de groupes comme la Latino Dance Community – Egypt [la communauté de danse latino d’Égypte] sur Facebook.

La salsa se développe au Caire depuis des années. D’après un reportage de 2010, qui a récemment gagné en popularité sur Youtube, les jeunes gens de la capitale égyptienne sont particulièrement attirés par cette danse. Il y a 5 ans, les journalistes se demandaient combien de temps la « fièvre de la salsa » allait durer. Aujourd'hui l'engouement pour la salsa semble plus prégnant que jamais, que ce soit en ville ou en ligne.

Cependant, la salsa ne s'est pas développée en Egypte sans difficultés. Dans son court documentaire radio “Salsa Egyptian Revolution: Culture Resist and Salsa Persist» [La révolution de la salsa en Égypte: la culture résiste et la salsa persiste], Sara Reda s’attache à mettre en valeur la joie que procure la salsa aux jeunes Egyptiens, tant hommes que femmes, mais révèle aussi certains de ses côtés un peu moins radieux.

Nour, une danseuse de salsa de 24 ans, témoigne dans ce documentaire des contradictions et des interprétations qui peuvent être faites quand quelqu'un, et particulièrement une femme, danse la salsa.

In Egypt, many men would claim to be open minded and not conservative. I don’t think this way, but you know how men are. They judge you. [But] It’s not just about men. It’s about everyone. Some women actually would judge you for dancing and being veiled. […] I think the problem is with the entire culture. Some men would dance with you and respect you for doing what you do and following your passion in life, no matter what your conditions are, being veiled or not, but others would disrespect you.

En Égypte, beaucoup d’hommes revendiquent leur ouverture d'esprit, et disent ne pas être conservateurs. Mais vous savez bien comment sont les hommes. Ils vous jugent. [Mais] ils ne sont pas les seuls à le faire. Tout le monde le fait. Même certaines femmes vous jugent aussi si vous dansez alors que vous êtes voilée. […] Je pense que le problème vient de la culture dans son entier. Certains hommes dansent avec vous et vous respectent parce que vous suivez votre passion dans la vie, et peu importe d’où vous venez ou si vous êtes voilée ou non, alors que d’autres ne vous respectent pas. 

Nour met aussi en évidence des limites sociales imposées aux femmes et les préjugés qu'elles peuvent subir si elles dansent la salsa tout en portant le voile.

People automatically assume that veiled girls are religious and culturally reserved. So, they expect them to act very conservatively. They label them. Thus, when a veiled woman does anything that they believe to be “indecent” she is directly labeled as loose and, you know, forsaking religion. They have no idea that not all veiled women are religious. Veiled women became more of traditional trend. It’s not related to religion anymore. At least not as it used to be before. Egyptians have a problem of not accepting diversity in personalities and beliefs. They tend more to label people. They need to have a price tag on you.

Les gens supposent toujours que les filles voilées sont religieuses et réservées. Donc, ils s'attendent à ce qu’elles agissent de manière très conservatrice. Ils leur mettent des étiquettes. Ainsi, quand une femme voilée fait quelque chose qu’ils estiment « indécent », elle est tout de suite cataloguée comme débauchée et ayant abandonné sa religion. Ça ne leur vient pas à l'idée que toutes les femmes voilées ne sont pas nécessairement religieuses. Le voile devient de plus en plus un accessoire traditionnel. Aujourd'hui, il n’est plus lié à la religion. Ou du moins, pas comme il a pu l’être autrefois. Les Égyptiens ont du mal à accepter la diversité des personnalités et des croyances. Ils préfèrent mettre des gens dans des cases. Ils ont besoin de vous mettre un code barre.

Poster of the 2nd Edition of the International Salsa Congress in Egypt.

Affiche de la deuxième édition du Congrès International de la Salsa en Egypte. Image: International Salsa Congress / Facebook

Mais ces restrictions sociales ne touchent pas seulement les femmes. Le documentaire de Sara Reda montre combien intégrer la communauté de la salsa est difficile pour les hommes. Mohamed, l’un des danseurs interviewés, dit que beaucoup d’hommes, et tout particulièrement ceux qui viennent des couches sociales les plus populaires, n’accèdent pas facilement à la piste de danse. Ils explique combien les conventions sociales liées à la danse peuvent rendre les choses très compliquées :

Salsa nights in Egypt are totally different than anywhere else. They are mainly for young people. For young men of course. That’s because in religion, dancing is a taboo and in the Egyptian culture dancing is inappropriate and unrespectable. For example, old people are expected not to dance because they have to respect their age […] for [younger] men, dancing is considered girly and for women, dancing is unrespectable. This makes dancing problematic for all social strata.

Les soirées de salsa en Égypte sont bien différentes de celles qui se déroulent dans d'autres pays. Elles sont surtout pour les jeunes. Les jeunes hommes, évidemment. C’est parce que dans la religion, la danse est un tabou, et dans la culture égyptienne, elle n’est ni convenable no respectable. Par exemple, les personnes âgées ne doivent pas danser, par respect pour le statut que leur confère leur âge. […] Pour les hommes plus jeunes, danser est considéré comme efféminé et pour les femmes, ce n’est pas respectable. Ça rend le fait de danser problématique pour tout le monde.

Pour Mohammed, la clé de ce problème est la conception restreinte de la liberté qu’ont les hommes égyptiens :

Poor Egyptian men are in a big problem. They were taught that dancing is sissy. Thus, they grow up having no connection with their bodies, no sense of freedom at all. What is even worse, is that not only are men socially prohibited from dancing, women also are but definitely for different reasons and not to mention that dancing is attached with a low public image.

Les hommes égyptiens des milieux les plus populaires ont un vrai problème. On leur a appris que danser était efféminé. Ils grandissent donc sans connexion à leur corps, sans aucun sens de la liberté. Pire encore, non seulement la société interdit aux hommes de danser, mais aux femmes aussi, pour des raisons bien différentes. La danse a une image sociale très négative.

Mais en dépit des traditions et des conventions, les Égyptiens continuent de danser. D’autres villes ont suivi le mouvement en créant des groupes et classes de danse. C’est toujours un peu un défi, mais le plaisir de danser restera, et la danse sera de moins en moins une étrangère en Egypte. Sasha l'explique dans le documentaire :

Yeah, I think salsa is spreading in a fast pace everywhere in Egypt now. It started in Cairo, moved to [Alexandria] and Hurghada and everywhere else. […] although it still faces challenges and limitations and some misconceptions due to the restraints and the cultural aspect of things, uhh but otherwise it’s still spreading.

Oui, je pense que la salsa se développe à un rythme effréné partout en Égypte. Ça a commencé au Caire, ça continue à Alexandrie et Hurghada et partout ailleurs. […] Bien qu’il y ait toujours des problèmes et des limitations et des idées faussées qui circulent à cause de la culture égyptienne, la danse continue de se développer.

Si vous ne pouvez pas assister en personne à des soirées consacrées à la danse de la salsa en Égypte, le mieux est de regarder les vidéos partagées sur Youtube, filmées dans des soirées salsa ou dans des cours de danse. Des clips fabuleux peuvent être trouvés sur la chaine Youtube Egyptiansasero’s channel:

Consultez également la chaine de Aasim Rady, où vous trouverez un joli montage d’une soirée salsa au Bian Cafe, au Caire.

Des journalistes russes fondent un syndicat indépendant

vendredi 1 avril 2016 à 11:48
Les membres fondateurs du nouveau syndicat russe indépendant des journalistes. Photo par Pyotr Verzilov sur Twitter.

Les membres fondateurs du nouveau syndicat russe indépendant des journalistes. Photo par Pyotr Verzilov sur Twitter.

Des journalistes russes ont fondé une nouvelle organisation syndicale pour stimuler la solidarité professionnelle et apporter un plus grand soutien aux journalistes qui travaillent dans le pays. Le syndicat a été créé en réponse au nombre croissant des défis à la sécurité des journalistes et aux restrictions concernant l’accès à l'information.

Parmi les créateurs du nouveau syndicat figurent des journalistes de Slon Magazine, Mediazona, Znak.com, RBC et Novaya Gazeta, entre autres. Mediazona servira comme la base de l’organisation.

Les journalistes viennent de voter en faveur de la création d’un syndicat dans une assemblée constitutive à Moscou

Un moment historique : les participants de l’assemblée constitutive du Syndicat des Journalistes votent en faveur de sa création. À l’unanimité !

L’idée de créer un syndicat indépendant était dans l'air depuis longtemps, mais elle a gagné du terrain depuis l’attaque contre un groupe de journalistes et défenseurs des droits humains à la frontière entre la Tchétchénie et l’Ingouchétie en Russie le 9 mars. Le camion utilisé par le groupe a été attaqué par un groupe d’hommes tchétchénophones qui, pendant l’agression, ont frappé les reporters et cassé une partie du matériel, puis incendié les véhicules. Les officiels du Kremlin ont décrit l’attaque comme un acte de « vandalisme absolu » et la police a ouvert une enquête sur ces violences.

27 personnes au total (des reporters salariés, des rédacteurs et des journalistes indépendants) ont assisté à l’assemblée constitutive du syndicat le 20 mars, pendant laquelle ils ont aussi adopté les statuts de l’organisation, selon un reporter de Yod News, présent à l’événement.

Slon Magazine affirme que le nouveau syndicat a l’intention de travailler dans plusieurs domaines, avec différents membres gérant les tâches dans chaque domaine, tels que presse et publicité, relations avec les organisations internationales et les syndicats, relations avec les pouvoirs publics, relations internes entre les membres, droits du travail, droits humains, collecte de fonds. La première assemblée générale du syndicat aura lieu dans trois mois.

Ton visage après la création d'un syndicat de journalistes

La Russie a sa première église du Monstre de spaghetti volant

vendredi 1 avril 2016 à 11:33
Image edited by Kevin Rothrock.

Montage d'images par Kevin Rothrock.

La cathédrale du Sauveur Miséricordieux de Nijni-Novgorod rend grâces depuis plus d'un siècle pour la survie miraculeuse du tsar Alexandre III au déraillement du train impérial à Borski en 1888. Le tsar, dit le compte-rendu officiel, soutint sur ses épaules le toit effondré de la voiture où il se trouvait, pendant que sa famille s'en échappait saine et sauve. La propagande impériale exploita le fait, considéré comme miraculeux, que la famille régnante soit sortie indemne de l'accident.

Depuis la semaine dernière, l'édifice cohabite avec un nouveau voisin : la première église russe du Monstre de spaghetti volant. Les “Pastafariens” de Nijni-Novgorod (nom que se donnent les adeptes) ont annoncé lors d'une conférence de presse le 25 mars l'ouverture de leur église, qui accueillera des réunions publiques tous les vendredis. (De multiples photos de l'événement sont visibles ici.)

“Nous pouvons affirmer en toute certitude que ceci est la première église du Monstre de spaghetti volant de Russie. Peut-être la première au monde, mais cela nous ne pouvons le confirmer. D'ordinaire, les Pastafariens se retrouvent sur les réseaux sociaux, n'ayant pas de lieu [physique] dédié,” a expliqué Dmitri Znamenski, un des membres dirigeants de l'Eglise.

“Religious” artwork decorating Nizhny Novgorod's newest church. Image: Petr Kuznetsov / YouTube

Art “religieux” décorant la dernière en date des églises de Nijni-Novgorod. Image : Petr Kuznetsov / YouTube

Le fondateur de l'église à Nijni-Novgorod, Mikhaïl Iosilevitch, a certifié aux journalistes que les Pastafariens n'ont pas l'intention de “troller” les religions traditionnelles de la Russie, et a souligné que son église ne cherche que l'égalité de traitement et un peu d'espace à soi. Le jour de l'ouverture, son collectif était aussi prêt à défendre son territoire, avec un service d'ordre embauché pour la cérémonie. Les organisateurs ont indiqué ne pas s'attendre à des réactions violentes de la part des obédiences religieuses plus traditionnelles de la ville (avec mention spéciale pour les chrétiens orthodoxes), mais ils ont exprimé des inquiétudes à propos de l'arrivée du printemps “déclencheur” chez les gens de “diverses maladies mentales”.

Deux semaines avant l'inauguration de l'église, Iosilevitch et une partie de ses ouailles ont tenu une réception dans ses locaux, à laquelle ils avaient invité un club féminin local, ainsi que le “club des Dégustateurs libéraux” de Nijni-Novgorod, dont la devise est “Liberté Egalité Ebriété” Une vingtaine de personnes y ont participé, se prélassant sur des canapés IKEA à boire de la bière et du kvass, manger des blinis (“Le Monstre de spaghetti volant est offensé”, a blagué une femme cuisinant un plat chaud), et lire de la poésie.

L'église pastafarienne du Monstre de spaghetti volant, le Club des Femmes de Nijni-Novgorod et le Club des Dégustateurs libéraux donnent une réception conjointe en l'honneur de l'achèvement des plans principaux des locaux.

Au milieu de la soirée, Iosilevitch s'est levé et a décrit le sens pour lui du Pastafarianisme. (Il semble s”être si bien approprié le Monstre de spaghetti volant qu'il a failli oublier le nom de l'Américain inventeur du mouvement.) Une bière à la main, tout sourire pour son auditoire attentif et rigolard, Iosilevitch a expliqué que les monstres en nouilles, la passoire pour couvre-chef et une bonne dose de satire lui donnent, en tant qu'agnostique, des moyens pour faire reculer la criminalisation du blasphème en Russie :

“Il y a différentes religions, et elles sont toutes égales entre elles [selon la loi russe]. Chacun a le droit de croire ce qu'il veut. Par-dessus, il y a une loi qui protège les sentiments des ‘croyants’. Des lois de ce genre existent dans de nombreux pays, dont la Russie. […] Aucun pays au monde, autant qu'on sache, n'a de loi protégeant les sentiments des incroyants. Chacun sait que les incroyants n'ont pas de sentiments, et donc les offenser est impossible. Il y a donc des exemples à travers le monde de croyants protégés par la loi, avec les incroyants toujours en tort. […] Si les incroyants sont laissés sans défense, il devient nécessaire [pour eux] d'inventer leur propre religion, pour égaliser les chances”.

La loi russe interdisant les insultes publiques aux sentiments des croyants a été introduite le 1er juillet 2013. Elle prévoit des peines d'emprisonnement allant jusqu'à un an. Les députés ont développé cette législation dans le sillage du procès des Pussy Riot. A ce jour, les tribunaux n'ont condamné qu'un seul accusé sous l'empire de cette loi : un jeune homme d'Ijevsk, qui avait posté en ligne une image offensante pour des musulmans. (Il a écopé de 200 heures de travaux d'intérêt général.)

Au début de l'année, un habitant de Stavropol dénommé Viktor Krasnov est passé en justice pour offense aux chrétiens après avoir écrit “Dieu n'existe pas” sur un forum internet. Avant l'ouverture de son procès, un juge l'a contraint à passer un mois entier enfermé dans une clinique psychiatrique pour une évaluation médicale de sa santé mentale. Krasnov, qui a aussi tenu plusieurs propos antisémites en ligne, refuse de présenter des excuses pour sa négation de l'existence de Dieu. Il risque un an de prison s'il est déclaré coupable.

En janvier 2016, Andréï Filine est devenu le premier pastafarien de Russie dont la photo de permis de conduire le montre avec une passoire sur la tête. Le couvre-chef, considéré comme un attribut obligatoire par la communauté pastafarienne, était en laine, tricoté par sa femme.