PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Escalade dans la guerre de la Russie contre les minorités religieuses

lundi 3 avril 2017 à 00:31

Photo: Pixabay

La première fois que la police a accusé Evguéni de propagande fasciste, il vivait en province, dans la république de Mordovie, à plus de 500 km au sud-est de Moscou.

Cet homme de petite taille, chemise et cravate élégantes, raconte en riant comment la police a tenté par deux fois en deux ans de l'envoyer en prison.

Il a distribué des tracts dans le quartier, c'est vrai, reconnaît-il. Mais ils ne contenaient aucune propagande nazie. Evguéni est Témoin de Jéhovah, une branche du christianisme qui met au centre de sa pratique la propagation de la parole de Dieu.

«J'ai expliqué au policier en face de moi que les nazis persécutaient les Témoins de Jéhovah, me raconte Evguéni. Le policier ne pouvait pas le croire. Il a examiné mon dossier et a fini par reconnaître qu'il ne contenait que des mensonges. J'ai échappé à la la prison non pas une fois, mais deux. C'est là que j'ai su que Dieu était avec moi.»

Evguéni se disait missionnaire, organisant des groupes d'étude de la Bible et de diffusion de la parole divine. Mais aujourd'hui, il fait attention à ne plus employer ce terme. Selon la nouvelle loi fédérale de lutte contre le terrorisme que le président russe Vladimir Poutine a signée en juin dernier, participer à une activité missionnaire peut donner à la police de quoi expédier Evguéni derrière les barreaux.

Conçue initialement pour contrer les enseignements des prédicateurs islamistes radicaux, la nouvelle législation antiterroriste a des applications potentielles assez larges. Toute participation (si elle est régulière) à une activité missionnaire doit désormais s'inscrire obligatoirement dans le cadre d'une religion ou d'un groupe enregistrés. L'activité elle-même est limitée à des zones dédiées, telles que les lieux de culte enregistrés.

S'adapter à cette nouvelle réalité n'a pas été facile pour Evguéni qui, bien qu'il soutienne la Russie dans sa lutte contre le terrorisme, estime que cette loi marque l'entrée dans une ère de terreur.

«Nous allons vers les gens, parce que c'est ce qui est dit dans la Bible, explique Evguéni. Nous n'allons pas rester à les attendre dans des églises vides. Mais je n'ai pas peur de la loi, parce que je ne fais rien de mal.»

Evguéni et ses semblables ont beau rester confiants, cette nouvelle loi controversée a déjà un impact sur la sphère spirituelle du pays.

Sa première cible a été un baptiste indépendant originaire des Etats-Unis, Don Ossewaarde, qui dirigeait un groupe d'étude de la Bible dans la région d'Orel, une ville située à environ 360 kilomètres au sud-ouest de Moscou. Le fait qu'il s'agisse d'un petit groupe n'a nullement empêché la police de lancer un raid contre sa maison lors d'une réunion du samedi.

Conscient de ce qui l'attendait, Don a demandé à la police de laisser la réunion se terminer. Après quoi il a été emmené au commissariat, puis jugé et reconnu coupable d'activité missionnaire non autorisée. Il a été finalement sanctionné par une amende de 40.000 roubles (env. 667 euros).

«J'ai été étonné de ces poursuites, raconte-t-il. Je n'ai jamais causé de dérangement à personne. Je n'ai pas critiqué le gouvernement, ni les pouvoirs locaux. Nous ne sommes pas en conflit avec l’Église orthodoxe russe. Mais je sais bien que les relations entre nos deux pays sont devenues compliquées. Il y a un intérêt politique à rendre quelqu'un d'autre responsable de ses propres problèmes, surtout s'il s'agit d'un étranger.»

Un intérêt politique qui vaut bien que la police se permette de petites ruses. Don pense par exemple que la police locale lui a tendu un piège, en punaisant sur un panneau d'information public un tract qu'il avait déposé dans la boîte aux lettres d'un particulier. La position des autorités est devenue claire comme de l'eau de roche quand l'avocat commis d'office l'a averti qu'il risquait le camp de redressement même dans le cas où toutes les accusations contre lui tomberaient.

Don a déjà fait appel du jugement auprès de la Cour suprême russe, et a reçu le 20 janvier une décision négative. Dans le même temps, son appel auprès de la Cour constitutionnelle attend une réponse, mais Don déclare que quel que soit le résultat, il envisage de quitter la Russie. Il a déjà mis en vente son appartement et la maison qui accueillait ses réunions bibliques, et a cessé toute activité religieuse sur le territoire russe.

«C'est tellement malhonnête et cruel que le gouvernement prive ces gens d'un lieu où ils peuvent servir Dieu et d'une activité qui leur apportait tant de joie, confie Don. Durant les quelques années que j'ai passées ici, une poignée de personnes aura découvert un monde avec Dieu. Mais c'est comme ça. Je ne regrette rien.»

Une menace bien commode

La loi adoptée l'été dernier n'est pas la première à faire pression sur les minorités religieuses, dont beaucoup de représentants ont eu l'occasion dans leur existence d'éprouver l'hostilité du pouvoir.

Roman Lounkine, un scientifique qui travaille pour le Centre d'étude des problèmes religieux et l'Institut de l'Europe, fait remarquer que les persécutions de certains groupes religieux en Russie durent depuis une bonne décennie.

Selon ses termes, la loi «anti-terroriste» ressemble à l'ancienne législation en ce qu'elle nourrit l'idée que les minorités religieuses seraient en réalité de dangereuses «sectes», ce qui en fait une cible facile pour les autorités.

«S'ils tentent de justifier d'une quelconque façon leurs raisons d'établir un pseudo-contrôle sur ces mouvements, leur combat aura l'air aussi ridicule et tragique qu'un bataillon des forces spéciales qui débarquerait dans une crèche», dit-il.

Malgré cela, de nombreux experts s'attendent dans les prochains mois à ce que les autorités durcissent les mesures prises pour garantir le respect de la nouvelle loi contre les missionnaires non autorisés.

Konstantin Alexéiev est avocat et membre du Comité de la Douma pour les associations publiques et les organisations religieuses. Il travaille également avec le Centre slave pour le droit et la justice sur les allégations de Don Ossewaarde. M. Alexéiev déclare que, vu la façon dont est interprétée la nouvelle loi antiterroriste, il croit possible une détérioration de la situation des minorités religieuses en Russie.

«La loi en question n'interdit pas l'activité missionnaire ; elle la régule. Pour autant, les lois en Russie sont souvent interprétées dans un contexte de xénophobie et de préjugés, et non d'une façon juridique», affirme-t-il.

M. Alexéiev pense que, dans la mesure où le gouvernement tente d'accroître son influence et son pouvoir sur la société russe, les tribunaux vont se sentir obligés de limiter la liberté religieuse. L’État veut tout contrôler. Les organisations religieuses tendent, elles, vers un maximum d'autonomie et d'indépendance, explique Konstantin Alexéiev. L'équilibre de ces deux facteurs s'exprime dans une législation spécifique. Pour le moment, la balance penche vers un renforcement du gouvernement, et nous assisterons bientôt à un durcissement de la législation en matière de religion.»

Aide humanitaire

Malgré une incertitude croissante et un environnement hostile, de nombreuses églises ont fait part de leur volonté de poursuivre leur activité sur le territoire russe.

L'Eglise mormone, qui a sept missions en Russie, est une de ces organisations qui devront se plier à de nouvelles exigences. Les Mormons se sont engagés à continuer leur œuvre en Russie, mais les jeunes qui ont une activité missionnaire ont reçu l'ordre d'adopter la dénomination de «volontaires».

«L'Eglise respectera et appliquera cette loi [sur l'activité missionnaire], et elle s'y soumettra, dit le communiqué officiel de l’Église mormone à la presse. Les missionnaires resteront en Russie et travailleront dans le cadre des exigences imposées par ces changements. L’Église étudiera et analysera la loi et son impact dès qu'elle entrera en vigueur.»

Beaucoup gardent un petit espoir que les minorités religieuses pourront poursuivre leur activité en mettant l'accent sur l'aide humanitaire. Un ancien missionnaire des Mormons, Ryan Garder, qui travaillait dans la ville de l'extrême-orient russe de Nakhodka, assure que son Église continuera son œuvre pour ceux qui souffrent et les démunis.

«L'Eglise des Mormons cherche toujours à servir ceux qui en ont besoin, ajoute Ryan. Nous comprenons que nos croyances n'intéressent pas tout le monde, et que tous ne vont pas essayer d'en savoir davantage sur celles-ci. Cela étant, la plupart d'entre nous ont besoin d'aide de temps à autre. Nous sommes heureux de jouer ce rôle.»

D'autres, tels Evguéni, sont d'humeur encore plus combative. «Nous l'avons fait sous Hitler. Nous l'avons fait sous Staline, déclare-t-il. On nous empêche maintenant d'avoir accès à notre littérature et à notre Bible, sous prétexte de problèmes de douane. Mais si nous disposons de Bibles, nous pourrons continuer.»

70 ans après, l'histoire se rappelle de l'une des pires guerres coloniales françaises à Madagascar

dimanche 2 avril 2017 à 19:58

Dessin humouristique de Nino sur l'evolution du patriotisme de 1947 à 2017 a Madagascar par Nino (via blog de madagascar)

Le fait qu'un ministre français en la personne de Mme Ericka Bareigts présente des excuses à la population de la Guyane est appréciable. D'autres peuples auraient eux aussi mérité les excuses de la France pour des faits beaucoup plus graves.

Pendant la deuxième guerre mondiale, les peuples colonisés ont participé activement dans les files des combattants contre le nazisme et le fascisme pour la libération de la France. Dans le cas de Madagascar, le site Chemins de Mémoire du ministère de la défense rappelle:

Entre les deux guerres, l'exploitation des ressources de Madagascar se poursuit, ainsi que la modernisation de l'île, mais les revendications malgaches, à l'instar de celles d'autres colonies, ne sont cependant pas satisfaites. Malgré tout, dès 1939, les Malgaches répondent à l'appel de la France et 10 500 d'entre eux participent à la campagne de France en 1940, dont le tiers tombe au combat. Les 3ème, 11ème régiments d'artillerie coloniaux et le 42ème bataillon de tirailleurs malgaches s'illustrent particulièrement, tandis que des tirailleurs combattent bravement dans le cadre d'unités africaines.

Cette participation de nombreux soldats malgaches ainsi que la maturité politique croissante des jeunes intellectuels ont renforcé leur soif de liberté.  C'est tout naturellement qu'après la victoire sur le nazisme et le fascisme qu'à l'instar d'autres colonies,les malgaches aussi réclament une plus grande autonomie au sein de l'Union française. Le site ldh-toulon.net raconte:

En mars 1946, deux jeunes députés malgaches, membres du Mouvement démocratique de la rénovation malgache (MDRM), Joseph Raseta et Joseph Ravoahangy, déposent sur le bureau de l’Assemblée Nationale à Paris, un projet de loi demandant l’indépendance de l’île dans le cadre de l’Union française. Vincent Auriol, alors président de l’Assemblée, refuse de faire imprimer ce texte car « c’était un acte d’accusation contre la France et, en somme, un appel à la révolte ». Le projet de loi est repoussé.

Aux élections législatives suivantes de novembre 1946, les trois sièges du second collège (réservés aux « indigènes »), sont remportés par les dirigeants du MDRM, Joseph Ravoahangy, Joseph Raseta et Jacques Rabemananjara.

C'est alors que dans la nuit du 29 au 30 mars 1947 deux sociétés secrètes déclenchent une vague de violences dans de nombreux endroits de l'île. Mais au lieu de la négociation, c'est la répression que choisit le gouvernement français. Le site matierevolution.fr rappelle:

Le gouvernement envoie à Madagascar des renforts, essentiellement des troupes coloniales (tirailleurs sénégalais) : au total 18.000 hommes début 1948. La répression donne lieu à de nombreux débordements et crimes de guerre : tortures, exécutions sommaires, regroupements forcés, mises à feu de villages,…

Parmi les crimes les plus graves figure celui du 6 mai 1947, quand le commandant du camp de Moramanga, dans la crainte d’une attaque, fait mitrailler plus d’une centaine de militants du MDRM emprisonnés dans des wagons.

L’armée française expérimente aussi une nouvelle technique de guerre psychologique : des suspects sont jetés vivants d’un avion pour terroriser les villageois de leur région.

Se posant la question “Quel a été le nombre des victimes de la répression?”, le site gauchemip.org répond:

Les chiffres cités à l’époque devant l’Assemblée nationale parlaient de 80 000 morts, une estimation qui sera reprise par les spécialistes comme Jacques Tronchon. Encore récemment, l’écrivain Claude Simon évoquait “Madagascar, dont on a longtemps caché qu’on y a tué, en 1947, 100 000 indigènes en trois jours”.

Le problème est que ces chiffres seraient faux, selon les dernières estimations de certains historiens. Maître de conférences à Paris-I- Sorbonne, Jean Fremigacci affirme, comme d’autres historiens, que le nombre de personnes tuées lors de l’insurrection n’a pas dépassé les 10 000 (dont 140 Blancs), auquel il convient d’ajouter le nombre de Malgaches morts de malnutrition ou de maladie dans les zones tenues par les insurgés.

“Cette surmortalité reste encore très difficile à évaluer, l’hypothèse la plus vraisemblable tournant autour de 20 000 à 30 000 morts” , écrit M. Fremigacci. Il n’y a pas eu de “génocide oublié” à Madagascar, conclut l’historien, mais une faute des dirigeants politiques qui, à Paris, se sont révélés incapables d’éviter un drame annoncé.

Erick Rabemananoro, ancien journaliste pour Madagascar Tribune rend hommage à ces soldats morts pour la France. L'un d'eux fut son grand père paternel. Erick raconte:

J'ai l'honneur de vous présenter mon grand-père paternel, Rabemananoro. Il fut placé par la France devant un peloton d'exécution en 1942, dans le tourbillon des luttes entre France vichyste et pro-Anglais en vue du contrôle de Diégo-Suarez et Majunga, où il travaillait.
Après cette première exécution, la France récidivera en 1947 en faisant également fusiller son fils et sa fille aînés, militants du MDRM. Nul n'est besoin de souligner l'impact de ces drames sur la vie de la famille, et les difficultés de ma grand-mère pour subvenir aux besoins des sept orphelins qui restaient.
Alors, en ce jour du 29 mars où tout le monde s'excite à tort ou à raison, je voudrais juste avoir une pensée pour toutes les familles qui savent ce que c'est que d'avoir payé le prix du sang versé pour la patrie dans le combat contre la puissance coloniale. Loin des grandes théories, des discours grandiloquents et autres activités folkloriques sous couvert de patriotisme et d'anticolonialisme

Il faut remonter à 1885 pour trouver les causes de cette répression sanglante. La France n'avait pas défini son occupation de l'ile ni de protectorat ni de colonie dans un traité signé avec la reine Ranavalona III (Ranavalo-Manjaka III).

un traité fut signé le 17 décembre 1885, dans lequel Madagascar se voyait imposer — bien que le mot ne fût pas utilisé — un statut de protectorat (impliquant la prise en charge par la France des relations extérieures de Madagascar), assorti du paiement d’une indemnité de dix millions de francs.

En contrepartie, les territoires Sakalava repassèrent sous l’autorité du gouvernement malgache et la reine se vit reconnaître le droit de « présider à l’administration de toute l’île ». En 1888, la reine fut même faite Grand-Croix de la Légion d’Honneur.

Alors que la reine pensait avoir signé un traité le 1er octobre 1895 avec pour la France le Général Jacques Charles René Achille Duchesne,  lui garantissant la conservation sa couronne et du régime monarchique malgache, vieux de plusieurs siècles, pour la puissance coloniale qui voulait agrandir son empire, il ne s'agit que d'une ruse. Dans un article paru dans la Revue des Deux Mondes, 4e période, tome 132, en Paul Leroy-Beaulieu sur La Colonisation française à propos de Madagascar ne s'embarrasse pas et écrit avec cynisme:

La prise de possession de Madagascar par la France, quelque prix qu’elle nous ait coûté, quelles que soient les fautes ou les erreurs qu’on ait pu constater dans la préparation de l’expédition, a été une grande et belle œuvre. Une question se pose, toutefois, à l’heure actuelle, qu’il importe de trancher dans le bon sens, alors qu’il en est encore temps. Serons-nous vraiment les maîtres de la grande île australe ? Le traité intervenu entre la France et la reine Ranavalo nous donne-t-il un titre précis, incontesté, complet, non seulement pour l’administration intérieure, mais aussi à l’égard des étrangers, Anglais, Américains, Allemands ? Ne nous procure-t-il pas, au contraire, un domaine grevé de nombre de servitudes plus ou moins perpétuelles, et dont nous supporterons tous les frais sans jouir d’aucun avantage quant aux profits ?

À l'occasion de la Conférence des chefs d'état de l'organisation internationale de la Francophonie qui s'est tenue à Antanatarivo en novembre 2016, le Président François Hollande avait reconnu dans son discours au mémorial du lac Anosy que des atrocités avaient été commises par les troupes coloniales pendant cette guerre, comme le rappelle madagate.org:

«C’est bien parce qu’il y avait eu cet engagement des Malgaches pour la France mais aussi pour la liberté, que beaucoup, après la Seconde guerre mondiale, ont commencé à songer à l’indépendance, à cette aspiration qui montait du peuple. Ce mouvement a soulevé l’île tout entière en 1947 et elle fut brutalement réprimée par la France. Je rends hommage à toutes les victimes de ces événements, aux milliers de morts et à tous les militants de l’indépendance qui ont alors été arrêtés et condamnés pour leurs idées».

Pour les dirigeants français, reconnaitre ses crimes de guerre est une chose, demander pardon en est une autre, à plus forte raison payer des compensations. La France a réclamé des dettes à l'Allemagne, mais oublie de faire face aux conséquences des guerres qu'elles provoquées.

Les Géorgiens peuvent désormais se rendre dans l'UE sans visa, et c'est la fête

dimanche 2 avril 2017 à 19:35

Le drapeau géorgien. Image de l'auteur d'après ‘File:Brdzanebuleba 31.pdf’ par le contributeur SKopp. Enregistré Creative commons.

La Géorgie post-soviétique a fêté pendant deux jours, les 28 et 29 mars, l'heureuse conclusion de sa tentative au long cours d'obtention pour ses ressortissants de l'entrée sans visa dans les pays de l'Union Européenne.

Les voyages sans visa dans l'UE sont effectifs ! Félicitations, la Géorgie est l'Europe !!!

#GéorgieUESansVisa : L'aéroport international de Tbilissi au 1er jour de l'exemption de visa pour les citoyens géorgiens.

Comme l'a rapporté le site web centré sur la Géorgie Democracy and Freedom Watch (DFW, Observatoire de la Démocratie et de la Liberté) :

La capitale Tbilissi a fait la fête lundi car les nationaux géorgiens ont la possibilité à compter du 28 mars de voyager sans visa dans le vaste espace Schengen sans frontières de l'Europe.

Le Premier Ministre Giorgi Kvirikashvili était parmi les officiels gouvernementaux présent au concert de gala de deux heures sur la Place de l'Europe  qui a marqué la fin de deux jours de festivités. Le concert incluait des prestations de groupes, d'un orchestre et du chœur de l'opéra, et s'est terminé par un feu d'artifice et l'hymne national géorgien.

A partir de mardi, les nationaux géorgiens pourront se rendre dans le vaste espace Schengen sans frontières de l'Europe pour jusqu'à 90 jours par période de 180 jours. Les détenteurs de passeports géorgiens vivant dans les régions séparatistes d'Abkhasie et d'Ossétie du Sud bénéficient également de l'exemption de visa.
Les agents des douanes ont reçu des instructions spéciales pour renseigner sur les procédures et vérifier les papiers des gens, a indiqué le ministre de l'Intérieur lors d'une récente réunion d'information.

Bien que le début des négociations remonte à 2013 avec un “plan d'action de libéralisation des visas”, il aura fallu attendre mars de cette année pour que la Géorgie signe finalement l'accord. Le texte a été publié au journal officiel de l'UE le 8 mars et entre en vigueur mardi.

L'accord a mis beaucoup de temps à advenir, car plusieurs pays de l'UE souffrant de “fatigue des migrants” ont traîné les pieds, explique DFW. Mais le résultat final est salué avec allégresse dans une société plus attirée que jamais par l'Ouest au milieu de tensions politiques avec la Russie, qui ont culminé pendant le conflit militaire autour des régions séparatistes en 2008.

Le journaliste basé à Tbilissi Onnik Krikorian, ancien rédacteur en chef de Global Voices pour la région du Caucase, a tweeté une image largement partagée sur les médias sociaux, et représentant des khinkhali (les classiques raviolis à la viande géorgiens) sur une assiette bleue, une référence au drapeau européen.

Tout à fait excellent. L'image du moment… :)

Pendant ce temps, le Premier Ministre géorgien Giorgi Kvirikashvili a tenu à présenter le nouveau statut comme représentatif d'un “retour” en Europe, plutôt qu'un premier accueil.

La Géorgie fait son retour dans la famille européenne #SansVisa

Poisson d'avril dans les ambassades de Russie

samedi 1 avril 2017 à 19:04

Capture d'écran, source : YouTube.

Aujourd'hui c'est le 1er avril—en russe, ça s'appelle le « Jour du Rire »—et le ministère russe des Affaires étrangères a saisi l'occasion pour se livrer à une petite plaisanterie géopolitique à partir de l'attention que vaut à la Russie son interférence dans l'élection présidentielle américaine.

Le Ministère a publié ce matin sur sa page Facebook une vidéo d'un enregistrement humoristique de messagerie vocale avec la légende, « Le Ministère russe des Affaires étrangères a élaboré un enregistrement complet de messagerie vocale pour toutes les missions diplomatiques russes à l'étranger. »

Добрый день! Вы позвонили в посольстве России. Если Вы хотите заказать звонок российского дипломата Вашем политическим конкурентам, нажмите 1. Чтобы воспользоваться услугами русских хакеров, нажмите 2. По вопросам вмешательства в выборы, нажмите 3 и ждите начала избирательной кампании. В целях повышения качества услуг все разговоры записываются.

« Bonjour ! Vous avez appelé l'ambassade de Russie. Si vous souhaitez obtenir un appel téléphonique d'un diplomate russe avec votre rival politique, tapez 1. Pour utiliser les services de hackers russes, tapez 2. Pour demander une ingérence dans les élections, tapez 3 et attendez la prochaine campagne électorale. Veuillez noter que dans le but d'améliorer la qualité du service toutes les conversations sont enregistrées. »

Ecoutez ici (la version anglaise de la messagerie commence à 0:29) :

Un cadre supérieur de la police d'Ouganda est le troisième haut-fonctionnaire assassiné en trois ans

samedi 1 avril 2017 à 18:31

Encore un haut-fonctionnaire assassiné en Ouganda. Il était unanimement respecté

Capture d'écran montrant Andrew Felix Kaweesi lors d'une récente conférence de presse.

Andrew Felix Kaweesi, inspecteur général adjoint de la police ougandaise, qui était aussi son porte-parole et chef du département pour le développement des ressources humaines, a été assassiné par quatre hommes armés en moto (généralement appelée boda boda), le 17 mars, 2017. Il n'avait que 48 ans. La fusillade a eu lieu alors qu'il quittait sa maison à Kulambiro, dans la banlieue de Kampala, la capitale, pour se rendre au travail. Les hommes armés ont également mis fin à la vie de son chauffeur, Godfrey Mambewa, et de son garde du corps, le caporal Kenneth Erau.

Kaweesi est le troisième haut-fonctionnaire tué de cette manière au cours des trois dernières années. Avant lui, il y a eu la procureure principale de l'État, Joan Kagezi, qui travaillait sur plusieurs dossiers de grande envergure. L'un d'entre eux concernait le double attentat à la bombe de juillet 2010, qui a eu lieu lors de la retransmission à la télévision de la finale de la Coupe du Monde, tuant 74 personnes et blessant 70 autres. Le groupe militant Al-Shabaab a revendiqué la responsabilité de cette attaque. Mme Kagezi allait interroger un témoin sur la façon dont les explosifs ont été rassemblés et amenés à Kampala, mais elle a été tuée le 30 mars 2015 sur son chemin de retour à la maison lorsqu'elle s'est arrêtée devant un marchand de fruits. Elle était en compagnie de trois de ses enfants, qui n'ont pas été physiquement blessés.

Le deuxième fut Mohammed Kiggundu, ancien commandant des Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe rebelle actif en Ouganda et en République Démocratique du Congo. M. Kiggundu intégré l'armée régulière ougandaise il y a une dizaine d'années. En novembre 2016, des hommes armés ont monté une embuscade contre sa voiture et lui ont tiré plus de 40 balles. M. Kiggundu et son garde du corps sont tous deux morts sur le coup.

Les tireurs ont utilisé des motos dans les trois assassinats. Bien que des suspects aient été arrêtés à la suite des deux premiers meurtres, rien de plus n'est arrivé dans le processus judiciaire. Le fait que les cas restent non résolus n'a pas été tout à fait oublié par les utilisateurs des médias sociaux :

nous sommes une nation à la mémoire courte Joan Kagezi, Robinah Kiyingi, des religieux musulmans, tués en toute impunité. Pas d'arrestations/condamnations convaincantes

Plusieurs religieux musulmans ont été abattus en Ouganda au cours des dix dernières années ; la police soutient qu'il y a un lien avec les ADF. Le chef du groupe rebelle a été arrêté il y a plus de deux ans et reste en garde à vue. Beaucoup d'internautes semblent d'accord, cependant, que lorsqu'on tire près de 80 balles contre une voiture en plein jour il ne s'agit pas seulement d'assaillants ordinaires :

Le moment du meurtre est inquiétant. On serait aveugle de penser que ce sont des voyous en boda boda qui agissent de manière aléatoire.

Dans les images prises après ce dernier meurtre, des personnes en deuil font entendre leurs voix en arrière-plan, demandant pourquoi quelqu'un a-t-il pu tuer M. Kaweesi, un père de famille et un policier paisible. M. Kaweesi avait trois enfants et attendait un quatrième.

Environ 17 suspects ont été arrêtés pour interrogatoire.

Le président ougandais Yoweri Museveni, a publié sur sa page Facebook une déclaration sur le meurtre :

En conséquence de ces meurtres répétés dans la capitale et dans d'autres villes, j'ai ordonné l'installation immédiate de caméras dans toutes les grandes agglomérations urbaines ougandaises et le long des routes. Depuis quelques temps, nous envisagions de réaliser ce projet, mais nous le reportions en raison d'autres priorités comme les routes et l'électricité […]

Au cours d'une veillée funéraire pour M. Kaweesi, le président a déclaré que la police avait été infiltrée par des voyous et a demandé à l'Inspecteur général de la police (IGP) de nettoyer le service, en particulier le Département d'enquêtes criminelles (CID).

Les députés et autres dirigeants politiques ont également parlé de la mort de M. Kaweesi :

Le chef de l'opposition, le colonel à la retraite Kizza Besigye, a déclaré que les Ougandais vivaient dans un État mafieux où le crime organisé prospère :


Une utilisatrice des médias sociaux a exprimé sa préoccupation :

L'insécurité dans ce pays est vraiment effrayante. Andrew Félix Kaweesi est parti en un clin d'œil.

Bien que sur le côté opposé de la fracture politique (la police a souvent empêché les manifestations de l'opposition), un autre utilisateur de Twitter, exprimant son empathie avec la famille pour la perte de M. Kaweesi a écrit :

Malgré tout, je n'aurais pas souhaité la mort d'Andrew Félix Kaweesi. C'est un père avec une famille à nourrir.

Urban Television a cité les paroles d'un évêque à son enterrement :

Mgr Kaggwa : #Kaweesi nous a laissé un défi, relevons-le pour transformer nos communautés

L'utilisateur de Twitter Bernard Sabiti a noté :

Un autre indicateur de la fibre morale de # Kaweesi: Aucune autre ‘veuve’ à part Mme Annet Kaweesi ne s'est montrée. Insolite pour un ‘homme africain’

En Afrique, il est assez courant pour les maîtresses du défunt de faire connaître leur présence aux funérailles.

Sabiti a également partagé une photo qui illustrait l'humilité de M. Kaweesi :

Des images de #kaweesi en train de calmer un jeune partisan du FDC ivre, erratique, à l'approche des élections de 2016 illustrent son humanité.

Sur Facebook, le journal Daily Monitor a publié le message suivant, soulignant l'intégrité de M. Kweesi :

Une fois, j'ai été appelé par un collègue pour lui demander d'intervenir en sa faveur pour le libérer d'une infraction routière, mais quand j'ai appelé M. Afande Kaweesi, il m'a ouvertement dit qu'il ne pouvait pas enfreindre la loi pour aider le journaliste. Il a ordonné au journaliste de payer une amende.

Andrew Felix Kaweesi a été enterré le 21 mars 2017, dans sa ville natale dans le district de Lwengo, en Ouganda. Au moment de la publication de ce billet, il n'y a pas eu d'autres développements dans l'affaire.