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Lourdes Sada, auteur et traductrice à Global Voices, pour le plaisir

mardi 22 juillet 2014 à 19:07
Lourdes in her "bunker." Photo used with permission.

Lourdes dans son “bunker.” Photo utilisée avec permission.

La dynamique du bénévolat, selon le domaine où il s'exerce,  peut être très mouvante, les bénévoles tâtent de voies diverses jusqu'à en trouver une ou deux où ils se trouvent bien et où ils resteront… jusqu'à ce qu'ils sentent des envies de changement et tout repart du début.

Lourdes Sada est arrivée à Global Voices en Espagnol il y a déjà plus de deux ans, et depuis elle a produit plus de 400 articles, comme traductrice ou auteur. Mais ce n'est pas sa seule activité, et nous avons voulu nous en entretenir avec elle.

Global Voices (GV) : Bonjour Lourdes, parle-nous de toi. Où habites-tu ? Que fais-tu ?

Lourdes Sada (LS): Soy española, de Aragón. En España he vivido en Valencia y en Euskadi, pero ya hace 22 años que vivo en Bruselas. Trabajo en casa, por eso tengo bastante tiempo para dedicarlo a lo que más me gusta hacer, voluntariado en línea.

Lourdes Sada (LS) : Je suis Espagnole, d'Aragón. En Espagne, j'ai vécu à Valence et au Pays Basque, mais je suis à Bruxelles depuis 22 ans. Je travaille chez moi, ce qui me laisse assez de temps à consacrer à mon activité préférée, le bénévolat en ligne.

GV : Qu'est-ce qui te plaît dans le bénévolat en ligne ? Quelles ont été tes expériences ?

LS: Empecé a hacer voluntario en línea cuando mis hijos comenzaron a ir a la escuela. Después de varios años ocupada con ellos, me encontré con unas horas libres durante el día que quería dedicar a algo que fuera útil para los demás y al mismo tiempo me enriqueciera. Como antes de instalarme en Bruselas había empezado la carrera de informática, aunque no pude acabarla por el traslado, el mundo de los ordenadores y de Internet no me era ajeno, y el voluntariado en línea me pareció ideal en mi situación, ya que podía aprovechar muy bien el tiempo mientras seguía cuidando de mi familia. Buscando por la red di con una web francesa que buscaba traductores voluntarios y ahí empezó todo.

LS : Je me suis mise au bénévolat en ligne quand mes fils ont commencé à aller à l'école. Après plusieurs années à m'occuper d'eux, je me suis retrouvée avec quelques heures libres dans la journée que j'ai voulu consacrer à quelque chose d'utile aux autres en même temps qu'enrichissant pour moi. Avant de m'installer à Bruxelles j'avais commencé des études d'informatique, mais si je n'ai pu les terminer à cause du déménagement, le monde des ordinateurs et de l'Internet ne m'était pas étranger, et le bénavolat en ligne me paraissait idéal dans ma situation, puisque je pouvais profiter de mon temps tout en prenant soin de ma famille. En cherchant sur le net je suis tombée sur un site français qui cherchait des traducteurs bénévoles et c'est comme ça que tout a commencé.

GV : Comment t'es-tu retrouvée sur Global Voices et qu'est-ce qui t'a fait y rester ?

LS: Encontré GV buscando en Internet proyectos que necesitaran traductores. Al principio dudaba si ofrecerme como voluntaria, pensé que era un entorno muy profesional, y yo no lo soy. Pero los editores de GV decidieron darme una oportunidad y espero no haberles decepcionado. La traducción para GV es un trabajo que me gusta mucho, porque tengo la oportunidad de traducir sobre temas muy variados. A menudo son noticias de países que no suelen aparecer en la prensa tradicional, otras veces son cosas cotidianas que tampoco llegan a las primeras planas de los periódicos. Todo eso me da una visión más amplia del mundo.

LS : J'ai trouvé GV en recherchant sur Internet des projets nécessitant des traducteurs. Au départ j'ai hésité à me présenter, je pensais que c'était un environnement très professionnel, ce que je ne suis pas. Mais les éditeurs de GV m'ont donné ma chance et j'espère ne les avoir avoir déçus. Traduire pour GV est un travail qui me plaît beaucoup, parce qu'il me donne la possibilité de le faire sur une grande variété de sujets. Tantôt ce sont des informations sur des pays habituellement absents de la presse traditionnelle, tantôt ce sont des choses de tous les jours qui n'arrivent pas non plus à la une des journaux. Tout cela élargit ma vision du monde.

GV : Tu écris aussi tes propres articles. Est-ce quelque chose de nouveau pour toi ?

LS: Sí, nunca había escrito antes para ningún medio. A raíz de un incidente en el parlamento español que me indignó, como a muchas otras personas, me ofrecí para empezar a colaborar también escribiendo artículos en GV. Las cosas en España están bastante mal, pero el problema no es solo económico, también es muy doloroso ver la injusticia, la corrupción, la impunidad. Escribiendo artículos sobre todo esto intento que mi indignación se canalice de forma positiva, difundiendo estos hechos para que más gente tenga la información necesaria para tomar las decisiones más convenientes.

LS : Oui ! Je n'avais jamais écrit avant pour aucun média. A la suite d'un incident au parlement espagnol qui m'a indignée, comme beaucoup d'autres personnes, je me suis proposée pour contribuer également en écrivant des articles pour GV. Ça va assez mal en Espagne, mais le problème n'est pas qu'économique, c'est aussi très douloureux de voir l'injustice, la corruption, l'impunité. En écrivant des articles sur tout cela mon intention est de canaliser mon indignation de façon positive, en diffusant les faits pour que plus de gens aient l'information nécessaire pour prendre les décisions les plus adéquates.

GV : As-tu reçu des réactions à tes articles ?

LS: Sobre todo de compañeros de GV, de amigos y familiares que los leen. En general, creo que les gusta mi forma de escribir, y sobre todo aprecian el esfuerzo que hago para que los artículos resulten amenos y entretenidos. Cuando escribo intento ponerme en la piel del lector, creo que así el texto tiene más posibilidades de resultar interesante y agradable de leer. Ya que tienen la deferencia de leerme, lo menos que puedo hacer por ellos es no aburrirle

LS : Surtout de mes camarades de GV, des amis et de la famille qui les lisent. En général, je crois qu'ils aiment ma façon d'écrire, et surtout, qu'ils  apprécient mes efforts pour que les articles soient divertissants et prenants. Quand j'écris, je me mets à la place du lecteur, je crois qu'ainsi le texte aura plus de chances de devenir intéressant et agréable à lire. Si déjà on me fait l'honneur de me lire, je dois au moins ne pas être ennuyeuse.

GV : Quelle a été ta plus grande difficulté comme traductrice ? 

LS: Siempre he trabajado como voluntaria, por lo que en general las personas con las que he colaborado han tenido mucha paciencia y me han enseñado muchísimo. Mi primer webmaster me dio un cursillo rápido de html para que pudiera traducir directamente las páginas web, buscando todos los textos entre las etiquetas. Quizá el mayor apuro lo pasé con mi primer encargo, un “tocho” larguísimo que me enviaron con muy poco tiempo, tuve solo cuatro o cinco días para terminarlo y corregirlo. Casi no dormí, pero disfruté muchísimo. El trabajo más grande lo he hecho para Community Empowerment Collective, con los que he colaborado durante muchos años, como traductora, coordinadora y diseñadora web, y aún colaboro cuando me necesitan. No solo traduje más de 400 páginas al español, sino que también diseñé el nuevo formato de la web y convertí más de 4000 páginas en 30 idiomas distintos al nuevo diseño.

LS : J'ai toujours travaillé comme bénévole, et en général les personnes avec qui j'ai collaboré ont eu beaucoup de patience et m'ont énormément appris. Mon premier webmestre m'a donné une formation rapide de html pour me permettre de traduire rapidement les pages web, en cherchant tous les textes entre les balises. Le plus difficile a peut-être été ma première tâche, un énorme “pavé” qu”on m'a envoyé avec très peu de temps, j'avais seulement quatre ou cinq jours pour le finir et le corriger. Je n'ai presque pas dormi, mais j'ai adoré. Mon plus grand travail a été pour Community Empowerment Collective, avec qui j'ai collaboré pendant de nombreuses années comme traductrice coordinatrice et web designer, et je continue à travailler pour eux quand ils ont besoin de moi. Non seulement j'ai traduit plus de 400 pages en espagnol, j'ai aussi conçu le nouveau format du site et converti plus de 4.000 pages dans le nouveau format en 30 langues différentes.

GV : Que penses-tu de la situation actuelle des traducteurs indépendants dans l'Union européenne ?

LS: Tengo entendido que bastante mal. Nunca ha sido bueno, pero con la crisis, la situación va de mal en peor. Por ejemplo, muchos fabricantes recurren a traductores electrónicos para traducir las instrucciones de sus productos a otros idiomas, aunque resulte un batiburrillo ininteligible. Así, poco a poco se va reduciendo el campo en el que se mueven los freelancers. La mayoría de los traductores que conozco trabajan en las instituciones europeas, quizá sea más aburrido, pero elimina riesgos.

LS : Je peux dire qu'elle est plutôt mauvaise. Elle n'a jamais été bonne, mais avec la crise, c'est de mal en pis. Par exemple, beaucoup de fabricants recourent à des traducteurs électroniques pour traduire en d'autres langues le mode d'emploi de leurs produits, même si le résultat est un fouillis incompréhensible. Ainsi peu à peu se rétrécit le terrain des traducteurs freelance. La majorité des traducteurs que je connais travaillent pour les institutions européennes, c'est peut-être plus ennuyeux, mais ça élimine les risques.

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Lourdes avec l'auteur, Juan Arellano, à Bruxelles. Photo utilisée avec permission.

GV : Que conseillerais-tu à ceux qui se lancent dans le monde de la traduction ?

LS: Algo muy simple: que lean sus traducciones. En mi humilde opinión, hay una regla básica para que una traducción cumpla con su cometido: que no se note que es una traducción. Por otro lado, que tengan paciencia, que por mal que estén las cosas tarde o temprano tendrán que ir a mejor. Además, como han hecho otros profesionales, los traductores deberían plantearse luchar contra el intrusismo y empezar a exigir que se proteja su campo profesional de personas no cualificadas y sobre todo, de máquinas. Si lo logran, todos saldremos ganando.

LS : Une chose très simple : lire leurs traductions. A mon humble avis, il y a une règle de base pour qu'une traduction atteigne son but : on ne doit pas remarquer que c'est une traduction. Par ailleurs, être patient, même si cela va mal, tôt ou tard les choses s'amélioreront. Enfin, comme l'ont fait d'autres professionnels, les traducteurs doivent se décider à lutter contre les intrusions et commencer à exiger la protection de leur domaine professionnel contre les personnes non qualifiées, et par-dessus tout, contre les machines. S'ils y réussissent, nous serons tous gagnants.

GV : Si tu le pouvais, que voudrais-tu changer ou développer dans Global Voices ? 

LS: La verdad es que me gusta tal cual está, y aún más con el nuevo diseño. Yo creo que en este caso lo mejor es aplicar la primera ley de la mecánica: si funciona, no lo toques.

LS : La vérité est que cela me plaît comme c'est, et encore plus avec le nouveau design. Je crois que dans ce cas il faut appliquer la première loi de la mécanique : si ça marche, n'y touchons pas.

GV : Parle-nous d'un trait de ta personnalité qui te définit particulièrement.

LS: Si hay algo que creo que se me da muy bien es moverme por la Red, encontrar cosas en Internet, ya sea información, aplicaciones, programas, objetos en venta… no sé si será por paciencia, por intuición o por simple terquedad, pero rara vez no acabo encontrando lo que necesito. Tanto así, que mis amigos me llaman en broma “yopreguntoaLourdes.com”.

En otro orden de cosas, hace unos años, Phil Bartle, autor del CEC, y John Petroff, administrador del PEOI, con quien también colaboré varios años, me nominaron para el premio “Voluntarios del Año” que concede el servicio de voluntarios en línea de Naciones Unidas. Este premio me dio una gran alegría, no solo porque dejó claro cuánto apreciaban ambos mi trabajo, sino por constatar qué buenos amigos he ido haciendo por el camino.

LS : S'il y a quelque chose que je pense savoir très bien faire, c'est naviguer sur le net, trouver des choses sur l'Internet, que ce soit de l'information, des applis, des programmes, des choses à vendre… je ne sais pas si c'est la patience, l'intuition ou le simple entêtement, mais c'est rare que je ne finisse pas par trouver ce que je cherche. Au point que mes amis me taquinent en m'appelant “jedemandeàLourdes.com.”

Dans un autre ordre de choses, il y a quelques années, Phil Bartle, auteur du CEC, et John Petroff, administrateur du PEOI, avec qui j'ai aussi collaboré plusieurs années, m'ont proposée au prix du “Bénévole de l'année” décerné par le service des volontaires en ligne des Nations Unies. Ce prix m'a donné une grande joie, pas seulement parce qu'ils appréciaient manifestement tous deux mon travail, mais aussi par la constatation qu'en chemin je me suis fait d'excellents amis. 

Retrouvez les traductions et articles de Lourdes ici, et suivez-la sur Twitter @LulesSada.

Quatre Kosovars marchent jusqu'à Bruxelles pour demander l'exemption de visas en Europe

mardi 22 juillet 2014 à 14:16

Le 17 juillet dernier, quatre hommes du Kosovo ont achevé une marche de 78 jours, de l'est du Kosovo jusqu'à Bruxelles en Belgique. Le but de leur marche était de demander aux autorités européennes d'accorder au Kosovars de pouvoir se déplacer en Europe sans visas, un privilége dont jouissent d'autres pays de l'ouest des Balkans depuis un certain temps.

Les quatre hommes ont effectué leur périple de façon indépendante, en le finançant eux mêmes, mais disent avoir reçu un soutien, financier et moral, d'autres personnes de cette région alors qu'ils cheminaient vers le siège de l'UE.  Radio Free Europe a écrit sur son site, après l'arrivée des marcheurs à Bruxelles, où ils ont pu rencontrer des officiels :  

Ils se font appeler le groupe des  ”Voyageurs libres ” (“Shtegtarët e lire”), et ont marché sous le slogan “5 millions de pas pour un pas”, dans l'espoir que Bruxelles accordera aux citoyens du Kosovo la possibilité de voyager à travers les pays de l'Union européenne sans visas.

CEAU CINEMA : premier festival de poche à Timisoara

mardi 22 juillet 2014 à 13:05
Anouk Lederle

La cour de Casa Artelor pour le Festival de CEAU -Anouk Lederle

Jeudi 17 juillet s’est ouvert “Ceau Cinema”, un festival de cinéma européen, premier festival de poche à Timisora. Une initiative portée par deux associations dynamiques “Marele ecran” et “Pelicula culturală”. Pendant 4 jours, du 17 au 20 juillet 2014, le public de Timisoara a pu “faire le plein” de cinéma. En effet, la ville souffre littéralement d’une absence d’écran ! Pour une ville de 300 000 habitants, Timisoara ne peut s’offrir que les films  programmés dans le Iulius Mall (centre commercial). C’est bien peu pour une ville qui souhaite proposer sa candidature comme capitale européenne en 2021. Autrefois, il y a avait jusqu’à 30 salles de cinéma à Timisoara. Aujourd’hui, ce ne sont que des carcasses fantômes. Heureusement, Timisoara peut compter sur l’initiative et l’énergie de passionnés pour essayer de faire revivre le cinéma mais pour l’instant seulement avec très peu de moyens. 

Voici une bande annonce de l'initiative :

 Pour ce premier festival, la cour de la Casa Artelor (maison des arts) était bondée jusque dans les coursives avec 200 personnes dans l'audience. Interview avec  Lucian Mircu, co-fondateur de l’association Marele Ecran (Grand écran).

 

Global Voices (GV): Qu’est-ce qui vous a convaincu de proposer un festival de cinéma européen à Timisoara ? Quelles ont été vos motivations ?

Lucian Mircu (LM) :

 À l’origine de l’association, nous sommes deux, moi et mon ami Richard Marius Ilie. Nous avons commencé par écrire des chroniques dans une revue locale “24 FAN” puis nous avons continué avec un blog Marele ecran dédié principalement à des chroniques de film. L’idée de l’association est née en 2008. Nous avions besoin d’un cadre juridique pour ancrer nos projets. Nous avons organisé des avant-premières de courts métrages à l’Université. Depuis 2011, nous participons au festival PLAI. Nous proposons des projections la Casa filmului (la maison du film) dans la dépendance d’une vielle ferme au musée du village. C’est un cinéma “rustique” avec des casques pour éviter les interférences avec les groupes de musique de PLAI. Nous avons la chance d’avoir toujours reçu, dès nos débuts, le soutien de réalisateurs pour la Casa filmului comme Cristian Mungiu.

Anouk Lederle

Audience du festival – Anouk Lederle

“Ceau cinema” est un festival de poche avec de l’argent de poche. C’est une édition pilote, un rendez-vous avec le public de Timisoara. Nous serions très heureux si nous avions nous avions deux soirées bien remplies sur les 4 jours de programmation. Ce serait pour nous un premier succès. Pour l’instant Timisoara souffre d’un déficit de cinéma. Aucune posibilité de voir des films européens et surtout pas au Mall. Il n’y a pas d’espace, pas de moyen pour sensibiliser le public qui ne regarde pas non plus ce type de cinéma à la télévision. L’idée avec “Ceau cinema”, c’est de permettre aux jeunes, au moins jeunes et aux plus âgés, à tous les citoyens de Timisoara d’avoir le droit de regarder un cinéma de qualité. Un festival ouvert, intelligent, pas seulement réservé aux cinéphiles, un festival populaire pour le grand public.

GV : Vous n’êtes pas seuls. Comment travaillez-vous avec l’association Pelicula culturală ? Qui sont-ils? Comment vous répartissez-vous les rôles?
LM: Nous sommes toujours plus forts à plusieurs. Pelicula Culturală https://www.facebook.com/PeliculaCulturala/info est une communauté, née en 2012, animée par des passionés de cinéma. (Vous voyez, il y a de nombreux cinéphiles à Timisoara mais peu d’espace pour voir du cinéma ! )
Nous nous complétons et nous travaillons ensemble depuis 2 ans. “Pelicula Culturală” contribue aussi à promouvoir des bâtiments peu ou pas connus par le grand public (l’observatoire astronomique, une salle de tango…). Chaque projection est l’occasion d’une manifestation spécifique dédiée à une thématique : la danse, l’engagement citoyen et responsable… “Marele ecran” est plus orientée comme une cinémathèque.

Anouk Lederle

Participante au festival – Anouk Lederle

GV: Qui sont vos autres partenaires? Vos soutiens? Vos sponsors ?
LM: Les partenaires culturels de la ville : l’Institut français, le Centre culturel allemand, le Consulat allemand… Nous avons le soutien des partenaires locaux : la direction du département, la direction de la culture (la Casa Artelor qui accueille le festival !), et la contribution de quelques entreprises. Notre festival de poche est fait avec de l’argent de poche cela signifie que nous n’avons pas ou très peu reçu d’argent sonnant et trébuchant. En revanche, nous avons eu des soutiens en nature (boissons), en complémentarité (visibilité)… Seuls les droits d’auteur ont bénéficié d’un apport direct de la part de VITAS RÖMANIA.
Nous avons travaillé avec un budget dérisoire mais avec une belle énergie de la part de tous ceux qui nous ont accompagné : le travail des organisateurs depuis 5 mois, des volontaires tout au long du festival. Un monteur et un graphiste ont mis leur savoir-faire à notre disposition, d’autres sont venus avec des dépliants…Nous avons même eu un contributeur, passionné de cinéma, un homme comme vous et moi, qui a fait une donation car il ne pouvait pas donner de son temps.

GV: Parlez-nous un peu de la programmation : comment avez-vous choisi les films? Y a-t-il un comité de sélection?
Des courts métrages roumains mais pas seulement, des réalisateurs connus C. Mungiu, R.C Porumboiu d’autres moins…

LM: Le comité ? (rires) Il est composé de 2 personnes moi et Félix Petrescu, musicien, et à ses heures : chercheur, observateur, fondu de cinéma. Disons qu’il a eu l’idée des films majeurs comme “Ernest et Célestine”, “Cercuri”, “A fost sau n-a fost?” et moi du reste. Plusieurs films et courts métrages ont été proposés par les réalisateurs eux-mêmes comme Adrian Sitaru, Cristian Mungiu, Igor Cobileanski ou encore Radu Jude (une sélection toute fraîche !) Nous avons commencé la programmation en février, en mai le programme était prêt et nous avons pu l’annoncer en juin. Nous n’avons pas chômé.

Anouk Lederle

Anouk Lederle

GV: “Ceau cinema” ce ne sont pas seulement des projections, c’est aussi un festival avec un éventail de propositions : des ateliers de bande dessinée, des débats avec des réalisateurs, une nuit des dévorateurs de bandes-annonces, des films d’animation, des courts métrages et même une projection dans un village à 50Km de Timisoara Gottlob. Quel public recherchez-vous ?


LM: Nous sommes partis d’un concept orginal avec l’idée que chacun puisse en avoir pour sa poche (sourire). C’est un peu comme si on lançait un défi au public de Timisoara. C’est un festival de poche mais avec toutes les caractéristiques d’un grand festival. Un essai pour voir si le public sera au rendez-vous. Nous ne voulions pas de compromis sur la qualité des projections car le grand public y a droit lui aussi. Notre souhait c’est de proposer un festival, de qualité, pour le grand public et qui ne soit, surtout, pas prétentieux.

GV: Après ce premier festival quelles autres actions envisagez-vous? Si vous aviez 3 voeux à formuler quels seraient-ils ?

LM: Nous souhaitons que ce festival soit l’occasion d’un brassage de la population, qu’il soit l’occasion de rencontres, d’échanges et de partages autour du cinéma et pas seulement. Nous aimerions que ce festival change de formule et entre dans la cour des grands avec un budget décent, une équipe renforcée, un public engagé. Un changement d’échelle qui permette d’offrir une notorité, une visibilité à “Ceau cinema” pour avoir des sponsors et aussi d’autres soutiens de la part des partenaires locaux. Offrir à Timisoara un festival pour étancher sa soif de cinéma et – (propos personnel de l’auteur) permettre à la ville d’avoir une carte supplémentaire pour sa candidature comme capitale culturelle européenne en 2021 !

Mes trois voeux sont :
1/ Équiper Timisoara d’une salle de cinéma digne de ce nom : d’une salle art et essai
2/ Inscrire Timisoara sur la carte des festivals
3/ Convaincre le public de Timisoara d’adhérer à un cinéma de qualité

Nous souhaitons un public nombreux et de multiples éditions à “Ceau cinema”.

 

 

En Inde, un journal local fait par des femmes

lundi 21 juillet 2014 à 20:46
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Newspaper readers. Photo credit: Yashas Chandra

Comment parler des femmes dans les zones rurales de l'Inde ? Faire un journal local très accrocheur est une bonne idée pour commencer. 

Khabar Lahariya est un hebdomadaire rural écrit par des femmes et publié dans les langues Awadhi, Bajjika, Bhojuri, et Bundeli des états indiens de l'Uttar Pradesh et du Bihar. Le journal est distribué à 80 000 exemplaires dans 600 villages. 

Il se décrit comme un “lanceur d'alertes local” et une “arme des faibles” en dénonçant les injustices et la  corruption qui affectent les communautés rurales peu couvertes par les médias en temps normal. Lancé en 2002, Khabar Laharia a une version en ligne depuis février 2013. 

Chaque année, la radio allemande Deutsche Welle organise un concours des meilleurs blogs des douze derniers mois. Cette année, Khabar Laharia a remporté le prix Global Media Forum Award. La blogueuse et membre du jury Rohini Lakshane a décrit le journal comme “une brillante illustration de la nécessité pour une démocratie qui fonctionne de donner accès à l'information à tous.”

Pour mieux connaitre leur histoire, nous nous sommes entretenus avec Poorvi Bhargava, la coordinatrice éditoriale de Khabar Laharia.

Rural Indian reading  holding KL newspaper. Photo Credit Yashas Chandra

Un lectrice de Khabar Laharia  avec un exemplaire du journal dans un village. Crédit photo : Yashas Chandra

Rising Voices (RV): Pourquoi avez-vous choisi le nom de Khabar Lahariya, qui signifie “Vagues de news” en anglais?

Poori Bhargava (PB):  La plus grande partie de ce qu'est Khabar Lahariya, même son nom, vient des femmes reporters. En fait, le nom a été trouvé lors d'un exercice collectif, quand les membres fondateurs se sont assis avec le premier groupe de femmes reporters, en 2002. Ce sont les femmes des villages qui voulaient lui donner un nom qui serait familier aux lecteurs, simple, et qui signifierait quelque chose pour eux.  

RV: L'équipe est composée de bénévoles ?

PB: Non, non. Toutes ces femmes sont des employées à plein temps de Khabar Lahariya. Pour beaucoup, c'est devenu une source de revenus qu'elles peuvent utiliser comme bon leur semble, our un revenu supplémentaire qui leur permet d'améliorer leurs conditions de vie, pour elles-mêmes et leur famille.  

RV: Il y a des hommes dans votre équipe ?

PB: Non, il n'y en a pas.

RV: Combien de personnes gèrent ce projet?

PB: Il a commencé comme un espace que les femmes avaient créé pour elles-mêmes, et cela l'est resté. Tout s'est passé dans un contexte où identifier des espaces et une dynamique pour elles-mêmes était très important pour les femmes. Et, oui, il y a 40 femmes, réparties dans deux états, toutes des femmes de la campagne, et pour la plupart issues de communautés marginalisées.

Khabar Lahariya Team : The 40 ladies. Photo Credit: Poorvi Bhargava

The 40 women of the Khabar Lahariya team. Photo credit: Poorvi Bhargava

RV: Certaines des collaboratrices savaient à peine lire et écrire au début, et elles sont maintenant des journalistes professionnelles. Le processus de formation a été difficile ?

PB: [...] Ces femmes avaient des niveaux d'éducation différents. Certaines possédaient des connaissances de base mais n'avaient eu aucune éducation formelle. D'autres ont été inscrites dans des programmes éducatifs. L'expérience a été intéressante, formatrice pour nous tous également, parce que nous avons beaucoup appris d'elles.  [...]

RV: Avez vous adopté un style particulier pour vos lecteurs, qui vivent eux aussi dans des provinces rurales et sont peut-être peu éduqués ? Comment vous adressez-vous à eux ?

PB: Le style de Khabar Lahariya n'est pas difficile, seulement différent. Chacune des six éditions sort dans la langue parlée dans la zone (certains les appellent ‘dialectes', mais nous préférons garder le mot ‘langues'). Certaines de ces langues ne sont plus utilisées à l'écrit actuellement, donc, (la langue imprimée dans le journal) qui est parlée continuellement par les femmes rédactrices est comprise par les minorités linguistiques de la région. Cela permet de préserver des langues qui autrement se seraient éteintes. Comme le niveau de langage est facile, et que le journal a un format différent des journaux  classiques (des polices de caractère plus grande, des définitions pour enrichir le contexte sur des questions complexes), c'est une lecture agréable pour les populations rurales pauvres, qui n'ont peut-être pas fréquenté l'école très longtemps. 

Distributing the newspaper. Photo Credit Khabar Lahariya

Distributing the newspaper. Photo credit: Khabar Lahariya

RV:  Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre décision de publier une version en ligne l'an dernier ? Comment cela a-t-il été rendu possible ?

PB: En 2012, nous avons obtenu une bourse du United Nations Democratic Fund pour deux ans. C'était la période où Khabar Lahariya est passé de trois éditions en langues différentes à six. Publier les contenus de Khabar Lahariya en ligne faisait partie des activités que l'UNDEF finançait. Nous avions très envie aussi d'affirmer notre présence en ligne à une époque où nous voyions beaucoup de gens (surtout les jeunes) accéder à Internet par leur mobile, même dans les villages où nous travaillons. 

Nous voulions aussi que les rédactrices aient la main sur l'édition en ligne, tout autant qu'elles l'ont sur les éditions papier. Nous avons donc commencé une formation avec un groupe de femmes, pour comprendre Internet au delà des emals et de Google [...] Actuellement, nous essayons d'élargir un lectorat pour le site (dans les zones rurales et plus loin). Pour la première fois, ces langues (Bundeli, Awadhi) ont trouvé une place sur Internet, et les traductions en anglais mettent à portée des internautes les zones où nous travaillons, et lleurs problèmes, tout le monde peut les lire.  

Khabar Lahariya. Photo Credit Yashbas Chandra.

Khabar Lahariya. Photo credit: Yashbas Chandra

RV: En quelques mots, que pouvez-vous dire de la technologie et de l'autonomisation des femmes dans le contexte de Khabar Lahariya?

Reading Khabar Laharia. Photo Credit Khabar Laharia.

Reading Khabar Laharia. Photo credit: Khabar Laharia.

PB La technologie est un autre de ces domaines (comme les espaces publics, à beaucoup d'égards) dont l'accès est limité pour les femmes. Si le journalisme est une profession non stéréotypée à enseigner aux femmes, l'accès à la technologie l'est également. 

La technologie est devenue un instrument important pour avoir accès à l'information, qui, à son tour, a un impact direct sur les connaissances et la conscience de ses droits.  La technologie dans les mains des femmes est pour nous directement reliée à leur autonomie.  Même dans le contexte de Khabar Laharia, nous avons vu comment dans les premières années, c'était un challenge d'amener les femmes dans la sphère publique en tant que journalistes, là où les femmes posaient les questions et exigeaient des réponses.  

L'internet aujourd'hui [...] est une autre de ces sphères publiques qui doit être peuplée de voix de femmes.  

C'est ce qu'essaie de faire Khabar Lahariya : mettre l'information à disposition et aider davantage de femmes à y avoir accès. 

Vous pouvez suivre les dernières informations de Khabar Lahariya' en ligne ou rester informés de leur travail par Facebook et Twitter (@KabarLahariya). Toutes les photos sont publiées avec l'accord de Khabar Laharia.

Netizen Report : La Chine déroute les internautes à coup de censure sporadique

lundi 21 juillet 2014 à 09:16
Google Music, a local Chinese Google product. Photo by keso via Flickr (CC BY 2.0)

Google Music, un produit chinois de Google. Photo partagée via Flickr par keso  (CC BY 2.0)

Renata Avila, Hae-in Lim, Lisa Ferguson, Ellery Roberts Biddle et  Myers West ont contribué à l’élaboration de ce bulletin de veille. 

[Sauf mention contraire, les liens de ce billet redirigent vers des pages en anglais.]

Le Netizen Report de Global Voices Advocacy présente un résumé des défis à relever, des victoires et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde.

L’édition de cette semaine se tourne tout d’abord vers la Chine où les mesures répressives liées au 25e anniversaire du massacre de la place Tiananmen se poursuivent en ligne. Les autorités donnent l’impression de se moquer des internautes en appliquant une approche inhabituellement incohérente de la censure à travers le pays.

Dans la période précédant l’anniversaire, au début du mois de juin, plusieurs services de Google, dont Google.com, Google Translate et Gmail, ont été bloqués en Chine continentale. La semaine dernière, l’accès à ces services a été rétabli quelques heures, avant d’être bloqué à nouveau.

Une nouvelle étude publiée la semaine passée par Citizen Lab indique que les applications de discussions sur mobile KakaoTalk et LINE, ainsi que OneDrive et Flickr, étaient également inaccessibles dans certaines parties du pays. En outre, Instagram a été supprimé de la plateforme chinoise de distribution d’applications d’Android. Pour le moment, il est encore possible de trouver ce service par le biais de l’App Store iOS d’Apple et des navigateurs.

Liberté d’expression : avocats, geeks et bibliothécaires unis contre la censure en Turquie

En Turquie, les ONG signalent que Turk Telekom, principal fournisseur de services de télécommunications du pays, a fait l’acquisition de matériel pour surveiller les réseaux sociaux et bloquer certains sites. Un groupe d’organisations de la société civile, y compris l’Association des bibliothécaires, l’association des avocats d’Ankara et le Parti pirate local, a publié une déclaration commune en turc désignant cela comme une violation des libertés garanties par la Constitution du pays.

Le 12 juillet, la Syrie a connu sa première coupure totale d’Internet depuis mai 2013. Diverses sources ont signalé qu’Internet ne fonctionnait plus dans tout le pays durant près de deux heures. La région d’Alep et le nord de la Syrie sont restés sans connexion jusqu’à lundi matin, selon Renesys, groupe de contrôle du trafic internet. Des experts estiment que la coupure visait à lutter contre l’organisation islamiste ISIS, qui utilise les réseaux sociaux pour diffuser ses messages.

Violences : 8 à 21 ans de prison pour des utilisateurs de Facebook iraniens

L’agence de presse iranienne rapportait dimanche dernier que huit administrateurs de groupes Facebook avaient été poursuivis et condamnés à des peines allant de 8 à 21 ans de prison pour « conspiration et rassemblement contre la sécurité nationale, activités de propagande contre le système, insultes envers des symboles sacrés, le système judiciaire et des individus spécifiques ». Peu d’informations concernant cette affaire sont disponibles.

Alexander Sodiqov, rédacteur pour Global Voices et doctorant à l’Université de Toronto, est emprisonné depuis plus d’un mois au Tadjikistan. Vous pouvez obtenir plus d’informations sur les faits et sur les efforts déployés pour appeler à sa libération ici.

Droits d'auteur : une fin amère pour les utilisateurs de torrents à Singapour ?

À la fin du mois d’août, Singapour bloquera l’accès des sites de partage de fichiers qui permettent d’échanger du contenu protégé par un droit d’auteur. De nouveaux amendements à la loi sur le droit d’auteur offriront la possibilité aux détenteurs des droits des contenus en question d’obtenir des ordonnances judiciaires demandant aux fournisseurs d’accès Internet (FAI) de bloquer des sites tels que The Pirate Bay et Kickass Torrents. Actuellement, ils peuvent demander aux FAI de supprimer l’accès au contenu leur appartenant, cependant la loi n’oblige pas ces derniers à répondre favorablement à ce type de requête. Cette modification de la politique relative au droit d’auteur est un sérieux coup pour les adeptes du partage de fichiers à Singapour, qui est en tête du trafic en matière de BitTorrent.

Industrie : un politicien philippin estime que les FAI doivent augmenter la vitesse de connexion ou passer à la caisse

Arnel Ty, leader des partis minoritaires à la Chambre des représentants des Philippines, cherche à actualiser la règlementation relative aux télécommunications en augmentant l’amende maximum réclamée aux fournisseurs d’accès Internet qui proposent des vitesses de connexion trop basses, la faisant passer de 200 pesos à 50 millions de pesos (près d’un million de dollars). La nouvelle loi considérerait l’accès internet haut débit comme un « service de base », à l’instar des appels et des SMS. Arnel Ty avait déjà réclamé une résolution demandant l’ouverture d’une enquête sur la détérioration des prestations des entreprises de télécommunications aux Philippines. Avec une vitesse de connexion moyenne de 3,6 Mbit/s, les Philippines possèdent l’Internet le plus lent de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est. En effet, la moyenne pour cette région est de 12,4 Mbit/s.

Google prévoit de modifier sa politique et d’autoriser les internautes à utiliser le nom de leur choix pour ses différents services. Introduite en 2011, cette politique avait donné lieu à de vifs débats concernant l’anonymat et le droit à la vie privée en ligne, des notions à la base des questions relatives aux libertés numériques, qui semblent encore plus d’actualité à l’ère post-Snowden. Dans un texte publié sur ZDnet, Violet Blue, revient rapidement sur l’histoire des nymwars (conflits liés à l’identification des internautes) et partage quelques réflexions sur ce que ce changement signifie pour la relation entre Google et les utilisateurs de ses services.

Activisme en ligne : anniversaires et hackathons pour le Web libre

Dans le cadre de la campagne Web 25 Year of Action, le mouvement The Web We Want a annoncé la mise en place de microbourses récompensant l’organisation d’événements anniversaire ou d’actions où les participants sont invités à imaginer le Web dont ils souhaitent disposer. Parmi les propositions reçues figurent un rassemblement consacré à la cryptographie organisé par le hackerspace mexicain Rancho Electronico, un voyage en bus à travers les Pays-Bas mis en place par le Privacy Cafe ainsi qu’une campagne lancée par la section pakistanaise de la Digital Rights Foundation qui vise à entrer en contact avec les femmes des régions rurales du pays et les sensibiliser à l’utilisation intelligente du Web et à la protection de leur vie privée.

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