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Trinité-et-Tobago : des soldats comme policiers ?

vendredi 15 mars 2013 à 17:00

Un soldat aura tous les pouvoirs d'un policier… le problème étant qu'un soldat ne dépend pas de l'autorité du Directeur de la Police.

The Eternal Pantomime estime que “le recours à des soldats… est lié à une question plus profonde et beaucoup plus inquiétante. Celle du contrôle de l'État”[en anglais].

La Belle et la Bête ? La victoire d'une Miss “ethnique” met en furie les nationalistes russes

vendredi 15 mars 2013 à 00:56

(Billet d'origine publié le 8 mars 2013)

Elmira Abdrazakova, 18 ans, ne pensait pas gagner le concours de Miss Russie le 2 mars dernier. Sinon, elle se serait assurée auparavant que son profil sur le réseau social russe VKontakte reste privé. Elle a été contrainte de le supprimer complètement quelques jours plus tard. Ayant grandi dans la petite ville sibérienne de Mejdouretchensk (située dans l'Oblast de Kemerovo, une région minière proche de Novosibirsk),  Elmira Abdrazakova n'était pas préparée au vitriol provoqué par sa victoire à un concours de Miss. Des blogueurs nationalistes russes ont inondé sa page web de propos racistes.

Bien que son compte ait été supprimé, de nombreux messages virulents sont toujours en circulation sur le web. Quand le célèbre blogueur russe Rustem Adagamov a annoncé [en russe]  la victoire de Elmira Abdrazakova sur son blog, avec quelques photos, la nouvelle a provoqué des commentaires comme [en russe] : “Existe-t-il toujours des filles russes dans la Fédération de Russie ?”, sous-entendant non seulement que des femmes comme Elmira Abdrazakova ne sont pas vraiment russes mais que les “étrangers” sont en quelque sorte en train de prendre le dessus (la société russe n'a certainement pas échappé aux tensions inter-ethniques. En effet, il existe une campagne en ligne [en russe] dont le but est de lutter contre de tels “immigrants”). Un idéologue nationaliste, membre du Conseil de coordination de l'opposition, Konstantin Krylov, se plaint du “changement de visage” de la Russie. Il a publié une photo d'une vieille dame asiatique pour représenter ce “visage” et continue dans un style faussement ironique :

Нам её таперича любить положено. Ну так и дочу её, значит, положено любить. И весь прочий выводок. Всех народцев-золоторотцев, в земле россиянской просиявших.

De nos jours, nous devons l'aimer. Et sa fille, aussi, nous devons l'aimer. Et le reste de la famille. Tous les “gueux resplendissants de la campagne russe” [en russe].

Le nom Abdrazakova et ses cheveux sombres sont typiquement tatars, mais en réalité, c'est une Chore (personnes d'origine turque natives de Sibérie). Les Tatars, la plus importante minorité ethnique de Russie, de l'éponyme République de Tatarstan, et les Chors, beaucoup moins nombreux, font partie de “l'expérience” russe d'une cohabitation pacifique depuis des centaines d'années. Néanmoins,  pour la nouvelle génération de nationalistes russes, ils suscitent des soupçons et de l'animosité. Selon ces nationalistes, ils ont l'air “différent” même si un étranger aurait du mal à distinguer un Tatar d'un groupe de Russes, et leur religion musulmane est un rappel des problèmes dans le Caucase du Nord. Enfin, les Tatars sont les derniers rappels du “joug tatar”, l'occupation historique de la Russie médiévale par les Mongols qui a pris fin il y a environ 700 ans.

An artist's depiction of how Russian nationalists may view Elmira Abdrazakova. Image remixed using Vereschagin's "A Bukharian Soldier", CC 2.0 Wikimedia Commons.

Voilà comment les nationalistes imaginent Elmira Abdrazakova. Photomontage de l'auteur en utilisant l'oeuvre de Verechaguine, “Un soldat boukharien” sous licence  CC 2.0 Wikimedia Commons.

Ces opinions sont évidentes dans la façon dont la publication ouvertement nationaliste Spoutnik & Pogrom a réagi à la victoire de Abdrazakova. Egor Prosvirnin, un idéologue de S&P, a poussé les choses encore plus loin, en exploitant la rumeur selon laquelle la jeune femme aurait eu recours à la chirurgie esthétique pour ses lèvres (une rumeur depuis démentie [en russe] par les proches d'Elmira et les photos de son enfance), l'appelant “une noiraude explosée de botox” [en russe] et “une Tatarva (terme péjoratif) de province aux lèvres gonflées” [en russe]. Cependant, l’argument principal était celui d'un complot beaucoup plus sinistre :

[...] нам начали прививать толерантность через эталонный образ женской красоты [...] меняя наше представление о том, как должна выглядеть “мисс Россия”

[...] ils ont commencé à nous inculquer la tolérance à travers un modèle étalon de la beauté féminine [...] en changeant notre conception de l'apparence que “Miss Russie” doit avoir

La supposée foi musulmane de Abdrazakova a aussi montré le bout de son nez. Les lecteurs de S&P ont laissé des commentaires du genre Miss Pakistan et Azerbaïdjan 2013” [en russe] et “Pourquoi ne portait-elle pas la burqa ou au moins le hidjab?” [en russe]

En fait, les Chors sont en grande partie des russes othodoxes (comme Abdrazakova qui enfant, allait au catéchisme), et n'ont que des liens ténus avec les Tatars. Cependant ceux qui s'empressent de défendre Abdrazakova au nom de la “véritable ethnicité” tendent à nuire à leur propre cause : les afffirmations selon lesquelles ” elle peut bien gagner parce que ce n'est pas vraiment une Tartare” ne font pas une bonne défense. Ceci est particulièrement dangereux en Russie, où les gens écrivent [en russe] sans ironie des choses comme “parmi les 3 finalistes, Abdrazakova est celle qui est le plus proche du type ethnique européen”, et sont surpris que leurs propos entraînent un débat raciste sur les ethnicités russes les plus proches dy type européen, avec de nombreuses mentions sur les Ariens et la génétique. Le blogueur Alexander Nemirovsky, historien, explique [russe] pourquoi pour certains les Chors peuvent être une alternative attrayante des Tatars :

Шорцы – православные + сибирские аборигены. А татары – этнические мусульмане и не “хорошие индейцы отдаленной земли Сибирской”. Кроме того, шорцы не ассоциируются с властью, бизнесом и т.д., и их вообще мало кто видел, а татары – ассоциируются, и их как “чужих” себе представляют много лучше [...]

Les Chors sont orthodoxes et des autochtones sibériens. Les Tatars en revanche sont des Musulmans et pas des “bons Indiens de la lointaine Sibérie.” De plus les Chors ne sont pas associés au pouvoir, à l'argent etc… et ils sont généralement peu connus, alors que les Tatares sont associés à ça, et sont beaucoup plus faciles à “rendre autre” [...]

D'une façon générale,  cette affaire est un rappel du débordement d'hostilités nationalistes de l'été dernier [en russe], lorsque des lutteurs originaires du Caucase du Nord ont gagné des médailles d'or pour La Russie. Rien ne peut énerver plus les nationalistes que le fait que des minorités “indignes” profitent de quelque succès.

Pendant ce temps, une blogueuse a écrit une défense solide pour Abdrazakova. Anastasiya Karimova, journaliste de Kommersant et célèbre pour avoir apporté des oranges [en russe] au quartier-général du FSB à la Loubianka en 2005, parle ouvertement du racisme ordinaire dont elle a été victime à cause de ses origines tatares, finissant sur une note passionnée [en russe] :

Я очень хорошо вижу разницу между национализмом и нацизмом. У меня не вызывают ужаса националисты, я даже разделяла в своё время многие предложение ДПНИ по изменению миграционной политики. Мерзкое цепляние к фамилиям и к чертам лица – это переход через черту, разделяющую два разных понятия. На Эльмиру Абдразакову вылились и продолжают выливаться потоки ксенофобского дерьма, но она может утешаться хотя бы тем, что её победа в очередной раз вскрыла старый гнойник [...] Держись, Эльмира!

Je vois très bien la différence entre le nationalisme et le nazisme. J'ai très peur des nationalistes, à une époque j'ai même soutenu les propositions de nombreux membres du DPNI (” Mouvement contre l’immigration illégale”) pour changer la politique d'immigration. La fascination écoeurante pour les noms et les traits du visage se trouve à la frontière de deux notions complètement différentes. Des fleuves de saleté xénophobe ont été déversés sur Elmira Abdrazakova mais elle peut se consoler en sachant que sa victoire a encore une fois crevé un vieil abcès [...]. Sois forte Elmira!

La paille et la poutre ? Un écrivain défie le Kremlin

vendredi 15 mars 2013 à 00:19

A part les vidéos de chatons, rien de tel pour allécher l'internaute russe ordinaire qu'une polémique pimentée, sur la politique ou la littérature, ou mieux, combinant les deux. Et c'est précisément ce qui a surgi la semaine dernière, lorsque Mikhaïl Chichkine (aucun rapport avec le peintre), l'écrivain russe primé et installé en Suisse, a ranimé la riche tradition littéraire russe de cingler depuis l'étranger le pouvoir. Chichkine a publiquement refusé [en russe] de prendre part à la délégation officielle russe à la BookEpo (Foire du Livre) de New York, au motif qu'il ne voulait pas représenter un régime “corrompu et criminel”. Beaucoup ont applaudi la décision, mais certains blogueurs et auteurs russes se sont attachés à traquer ses arrières-pensées.

Mikhail Shishkin. © EFrolkina. Wikimedia Commons. CC 3.0

Mikhaïl Chichkine. © EFrolkina. Wikimedia Commons. CC 3.0

De Tolstoï à Soljénitsine, les écrivains russes ont toujours eu un rôle dans la sphère publique, et par extension, la politque. D'habitude, cet engagement était philosophique, idéologique, de l'ordre du commentaire et de la critique. Plus récemment, des écrivains comme Dmitri Bykov, Boris Akounine et Lioudmila Oulitskaïa ont pris un rôle plus direct en participant activement [GV] au mouvement d'opposition avec leur candidature au Conseil de Coordination de l'Opposition. (Sans parler d'Edouard Limonov, dont la carrière littéraire a cédé la priorité à son engagement radical, ou de son ancien poulain nazbol Zakhar Prilépine, qui a été activiste avant de devenir écrivain.)

Chichkine, par ailleurs, s'est installé en Suisse il y a plus de dix ans, et n'avait jamais critiqué la Russie ni Poutine avant la semaine dernière. De fait, outre collectionner de nombreux prix littéraires (dont certains également à financement public), il  s'avère avoir assisté [en russe] à BookExpo l'an dernier sans scrupules particuliers. Certains [en russe] disent que le pays de résidence de Chichkine et le fait qu'il ne “risque pas de laisser des plumes” rendent hypocrite [en russe] sa critique de la Russie :

Я не вижу особой разницы между депутатом Желязняком, проповедующим лапотный патриотизм сразу после отправки детей в Швейцарию, и Шишкиным, пишущим обличительные письма из той же Швейцарии, где он живет уже больше 15-ти лет.

Je ne vois pas la moindre différence entre le député Jeliazniak, qui prêche un patriotisme théâtral juste après avoir expédié ses enfants en Suisse, et Chichkine, qui écrit des lettres dénonciatrices depuis la même Suisse, où il vit depuis plus de 15 ans.

Là où certains blogueurs voient de l'hypocrise, d'autres subodorent une astucieuse manoeuvre de communication (une interprétation corroborée par le fait que Chichkine va apparemment participer à une conférence à Edimbourg ce mois-ci [en russe] financée par le Ministère de la Presse, que Chichkine a appelé le “ministère de la propagande” dans sa déclaration). Dans un billet sur Facebook le poète Igor Karaulov a imaginé [en russe] la conversation de Chichkine avec son éditeur :

Я представляю себе, как Михаил Павлович входит в кабинет [...]: «Вот, Реджинальд, хотел с вами посоветоваться: как, с точки зрения динамики продаж, было бы лучше назвать режим: воровским, преступным или кровавым?» А издатель пробегает глазами строчки, пыхтит губами, поправляет очки на своей оксфордской переносице и изрекает: «Для начала мы обойдемся «воровским».»

J'imagine Mikhaïl Pavlovitch entrer dans le bureau [...] : “Voilà, Reginald, je voulais votre avis : qu'est-ce qui est mieux pour stimuler les ventes : traiter le régime de voleur, criminel, ou sanglant ?” L'éditeur parcourt le document des yeux, souffle entre les lèvres, rajuste ses lunettes sur la racine de son nez oxfordien et profère : “Pour commencer on va s'en tenir à “voleur”.”

Un autre écrivain, Evgeny Popov, est allé plus loin et a directement attribué [en russe] les propos de Chichkine au fait qu'il a pu récemment se trouver des éditeurs britiannique et américain.

Boris Akounine, prolifique auteur de romans policiers et critique sans fard du pouvoir, a défendu [en russe] Chichkine de telles accusations :

Зная Мишу Шишкина и его нелюбовь ко всякой публичности, очень хорошо понимаю, как тяжело ему было совершить этот поступок.

Connaissant Micha Chichkine et sa détestation de toute publicité, je comprends très bien combien il lui a été difficile d'accomplir cet acte.

Quelles que soient les motivations supposées de Chichkine, son style littéraire l'exposait à une autre attaque. Bien qu'acclamé par la critique, Chichkine n'échappe pas à la polémique : il a déjà été accusé de plagiat, une affaire qui n'a pas tardé à refaire surface. La première accusation est apparue en 2006, lorsqu'un confrère écrivain releva des similitudes [en russe] entre le livre primé de Chichkine Le cheveu de Vénus et les mémoires de l'écrivaine Vera Panova. Une petite enquête littéraire fit apparaître clairement que Chichkine avait réécrit des passages du livre de Panova pour substituer le journal d'un de ses personnages.

 Shishkin in a Pine Forest: A Postmodern Interpretation. Fragment. Based on Morning in a Pine Forest, by painter Ivan Shishkin (no relation to Mikhail). Wikimedia Commons. Public domain. and Mikhail Shishkin. © EFrolkina. Wikimedia Commons. CC 3.0. Remix by author. [Note: although most know Morning as a classic Shishkin painting, ironically he did not actually paint the bears himself.]


Chichkine dans un bois de pins : une interprétation postmoderne. Fragment. Basé sur on Matin dans un bois de pins, du peintre Ivan Chichkine (aucune parenté avec Mikhaïl), Wikimedia Commons, domaine public, et Mikhaïl Chichkine, © EFrolkina, Wikimedia Commons, CC 3.0. Remix de l'auteur. [Note : si Matin est largement connu comme un célèbre tableau de Chichkine, paradoxalement il n'a pas peint lui-même les oursons.]

Bien que Chichkine ne cite personne dans ses livres, il reconnaît bien [en russe] faire un large usage des “citations sans guillemets” dans Le cheveu de Vénus et ses autres textes — une technique post-moderne qui, prétend-il, lui permet de faire du neuf avec des oeuvres antérieures. Dans une lettre explicative il a écrit [en russe] :

из старых слов получится принципиально новая книга, совсем о другом, потому что это мой выбор, моя картина моего мира

avec de vieux mots on obtient un livre essentiellement neuf, sur tout à fait autre chose, parce que c'est mon choix, ma vision de mon univers

Et Chichkine de poursuivre :

Я делаю литературу следующего измерения.

Je fais la littérature de la prochaine dimension.

Que l'on approuve les choix artistiques de Chichkine ou que l'on juge qu'il pousse trop loin le post-modernisme (il arrive qu'un lecteur insuffisamment cultivé, à qui échappent les “citations” de Chichkine, croie qu'il est l'auteur de ses livres dans leur intégralité), sa technique l'expose à des critiques comme celle-ci [en russe], du blogueur nationaliste radical Iouri Belyaev :

литературный ВОР отказывается представлять Россию, называя ее “воровским государством”.

un VOLEUR littéraire refuse de représenter la Russie, et l'appelle “Etat voleur”.

Une remarque similaire [en russe] a été celle du journaliste Oleg Lurie. Même un peu spécieux, l'argument a une certaine logique. Après tout, Poutine et consorts peuvent justifier au moins quelques-unes de leurs décisions contestées, sans être pour autant susceptibles de citer James Joyce à cet effet.

La sortie de Chichkine était-elle sincère, ou un coup de pub réussi ? Est-il un plagiaire ou un écrivain très subtil ? Il n'y a pas de réponse définitive, mais ces contradictions semblent refléter le discours russe contemporain en général, et sa composante politique en particulier. On ne peut que se perdre en conjectures, comme le critique littéraire Lev Pirogov [en russe] :

А меня звали. Я, дурак, отказался и никому не сказал. [...] И даже, блин, не выступил с заявлением.

On m'a aussi invité [à BookExpo]. Et moi, pauvre idiot, j'ai refusé et n'ai rien dit à personne. [...] Et purée, je n'ai même pas sorti de déclaration.

Panama : la loi sur la stérilisation condamnée par l'Église catholique

jeudi 14 mars 2013 à 18:57

[Sauf mention contraire, les liens de ce billet renvoient vers des pages en espagnol.]

L'Assemblée nationale du Panama a approuvé le 28 février dernier une loi qui permet aux femmes de plus de 23 ans ayant deux enfants ou plus de choisir de se faire stériliser gratuitement.

La chaîne d'informations panaméenne TVN noticias explique sur son site internet :

En tanto el proyecto de ley 196 dispone que la esterilización femenina se hará ante una petición voluntaria de la mujer al médico tratante, por recomendación médica, en estado de emancipación, que tenga uno o más hijos, prueba de no embarazo certificada por una institución pública o por solicitud médica, de tutor o de la persona legalmente responsable de la mujer que tenga una enfermedad mental debidamente acreditada.

Le projet de loi 196 dispose que la stérilisation féminine se fera sur demande de la femme majeure et capable ayant déjà eu un ou plusieurs enfants à son médecin traitant, sur recommandation médicale. Elle devra présenter une preuve qu'elle n'est pas enceinte certifiée par un établissement public. La stérilisation pourra également se faire sur demande du médecin, du tuteur ou de la personne légalement responsable de la femme atteinte d'une maladie mentale reconnue.

L'Église catholique a réagi à cette loi en la personne de l'archevêque métropolitain José Domingo Ulloa qui a qualifié la mesure de “néfaste”. L'archevêque a également déclaré que cette loi menace le Panama d'un vieillissement de sa population, à l'image de beaucoup de nations européennes ayant pris des mesures similaires.

Les réactions de l'opinion publique panaméenne sont variées. Il y a d'un côté ceux qui pensent que la stérilisation est une décision individuelle de la femme et que l'Église n'a pas son mot à dire sur ce type de lois, tandis que d'autres expriment leur indignation face à cette loi “anti-vie”.

Ernesto Alvarado trouve que 23 ans c'est bien jeune, et ces femmes pourraient par la suite se repentir de leur décision. Dans Hora Cero, il écrit :

El Peligro que percibo es lo referente a la edad de la persona. En España 1 de cada 100 personas que se ha practicado la esterilización con fines anticonceptivos, busca su des esterilización, por las siguientes razones: cambio de pareja, muerte de los hijos, mejora situación médica o social o razones psicológicas.

Pour moi, le danger provient de l'âge de la personne. En Espagne, une personne sur mille ayant subi une stérilisation cherche à revenir sur l'opération pour des raisons diverses : nouveau partenaire, mort des enfants, meilleure situation sociale ou de santé ou encore raisons psychologiques.

 Catedral Metropolitana de la Ciudad de Panamá


Cathédrale Métropolitaine de la ville de Panama, photo Javier Volcan sur Flickr sous licence Creative Commons (CC BY-NC-SA 2.0)

Pour Yohel Amat (@te_interesa), l'Église catholique ferait mieux de résoudre ses problèmes internes avant de donner son opinion sur la stérilisation :

@te_interesa: ¿Q hacen voceros católicos hablando en contra d la esterilización femenina voluntaria, cuando tienen “el rancho ardiendo”? #WTF #Panama

Pourquoi donc les porte-paroles catholiques viennent s'opposer à la stérilisation féminine volontaire alors que chez eux c'est le bazar ? #WTF #Panama

Pour Alfonso Grimaldo (@AlfonsoAGP) chacun est responsable des décisions qu'il considère correctes concernant son corps :

@AlfonsoAGP: Your body, your choice. Always. (Tu cuerpo, tu elección, siempre.) Ninguno de nosotros aceptaría que nos dijeran como vivir nuestras vidas.

Ton corps, ton choix. Toujours. Aucun d'entre nous n'accepterait que l'on nous dise comment vivre notre vie.

Xavier (@tortugaconqueso) demande à l'Église de ne pas imposer ses vues :

@tortugaconqueso: Mantengan sus visiones retrógradas de lo que debería ser la sociedad dentro de sus templos y lejos de la asamblea, por favor.

Gardez votre vision rétrograde de ce que devrait être la société à l'intérieur de vos églises et loin de l'assemblée, SVP.

Les avis sont partagés et il y aussi des chrétiens en faveur de la nouvelle loi, ce qui rend la réaction officielle de l'Église catholique plus confuse, comme le souligne Ana Loarraine J. (@analorrainej) :

@analorrainej: Yo no se uds pero yo veo hasta religiosos a favor de la ley, no entiendo la posición de Ulloa.

Je ne sais pas vous mais moi j'ai même vu des religieux en faveur de la loi. Je ne comprends pas la position de Ulloa.

La loi n'a pas encore reçu la signature présidentielle mais il semble que la voix de l'Église catholique sera écoutée : le Président de l'Assemblée nationale a promis de discuter de certains changements avec le Président Ricardo Martinelli, selon le journal La Critica :

Gálvez indicó que conversaría con el presidente Ricardo Martinelli para ver de qué manera se modificaban algunos temas que son de la objeción de la Iglesia católica.

Gálvez a déclaré qu'il parlerait au Président Ricardo Martinelli pour voir comment peuvent être changés quelques-uns des thèmes contre lesquels l'Église Catholique a émis des objections.

Bradley Manning a fourni des documents à Wikileaks pour susciter un débat sur la guerre

jeudi 14 mars 2013 à 15:49

[Les liens de ce billet renvoient vers des pages web en anglais.]

La semaine dernière, Bradley Manning, soldat de l'armée étasunienne dont il a dénoncé les opérations, était appelé à la barre dans un procès militaire, pour expliquer, avec ses propres mots, pourquoi il a transmis des milliers de documents sensibles de l'armée américaine à Wikileaks. La journaliste Alexa O'Brien a rédigé un transcript, non officiel, du témoignage. Bradley Manning a expliqué qu’il avait agi ainsi car les activités militaires des États-Unis en Irak et en Afghanistan l’inquiétaient.

Bradley Manning mural. Photo by mulch.thief. (CC BY-NC-SA 2.0)

Graffiti de Bradley Manning. Photo de mulch.thief. (CC BY-NC-SA 2.0)

Lors de l’audition, les avocats de Bradley Manning ont plaidé coupable pour dix des accusations retenues contre lui, y compris plusieurs charges mineures relatives à l’accès à l’information. Pour ces dix accusations, Bradley Manning risque 20 ans de prison.

Malgré le plaidoyer de défense et le témoignage du soldat, le gouvernement des États-Unis maintient les 22 accusations originales. La plus sérieuse étant d’avoir « aidé l’ennemi », une accusation qui pourrait lui valoir la prison à vie voire la peine maximale, même si le procureur a déclaré ne pas vouloir demander la peine de mort.

Lors de son témoignage devant la cour, Bradley Manning a avoué avoir divulgué des documents à Wikileaks et expliqué pourquoi. Il a décrit son dégoût et sa préoccupation face aux opérations militaires de son pays, qu’il a pu observer depuis son poste d’analyste dans l’armée. Se référant à une vidéo, désormais connue sous le nom de Collateral Murder, où nous pouvons voir des soldats admettant des tirs sur deux journalistes de l'agence Reuters et un certain nombre de civils non armés, il a expliqué à la cour :

Le côté le plus alarmant de la vidéo, à mon avis, est l’apparente soif de sang [des soldats américains]. Ils déshumanisent les individus contre lesquels ils se battent, ne valorisent pas les vies humaines car ils désignent des personnes par les termes « bâtards morts » et se félicitent de leur capacité à en tuer en grand nombre. À un moment, il y a une personne au sol, qui essaye de ramper pour se mettre à l’abri. Elle est grièvement blessée. Au lieu d’appeler des secours médicaux, un membre d’une équipe aérienne demande à la personne de prendre une arme pour avoir une raison de faire feu. On dirait des enfants torturant des fourmis avec une loupe.

Bradley Manning décrit aussi ce qu’il espérait accomplir en fournissant des documents concernant les guerres en Irak et en Afghanistan, connus comme les Iraq War Logs et les Afghan War Diary sur Wikileaks :

Je pensais que si le grand public, et notamment les citoyens des États-Unis, avait accès à ces informations… cela pouvait lancer un débat national sur le rôle de l’armée et sur notre politique étrangère en général, ainsi que sur les guerres en Irak et en Afghanistan. Je croyais aussi que l’analyse détaillée des données sur le long terme réalisée par différents secteur de la société pouvait permettre à celle-ci de réévaluer le besoin, voire l’envie, de s’engager dans des opérations de lutte contre le terrorisme ou contre l’insurrection en ignorant les dynamiques complexes de la population vivant au quotidien dans les régions concernées.

Il déclare avoir ressenti un soulagement après avoir transmis ces informations à Wikileaks :

Avant que les informations ne soient publiées par WLO, je me suis senti soulagé qu’elles soient en leur possession. J’avais le sentiment d’avoir accompli quelque chose qui me permettait d‘avoir la conscience tranquille, en fonction de ce que j’avais vu et lu et que je savais qui se produisait quotidiennement en Irak et en Afghanistan.

Nominé trois fois pour le prix Nobel de la paix, Bradley Manning a passé presque trois ans en prison dans l’attente du début de son procès. Il est apparu devant le tribunal militaire à plusieurs reprises pour des audiences préliminaires visant à déterminer les éléments clés de l’affaire et la forme de son procès. Ces audiences ont spécifié ce sur quoi les personnes appelées à la barre pouvaient témoigner, quelles preuves pouvaient être présentées et les arguments qui seraient considérés par la cour.

Un élément crucial dans son dossier est de déterminer si la sécurité nationale des États-Unis a été menacée par la publication des documents fournis par l’accusé à Wikileaks. Après une bataille juridique de plusieurs mois, la défense du soldat Manning a pu obtenir des rapports de recherches menées par le gouvernement sur cette question. Toutefois, le juge chargé de l’affaire a ensuite décidé que les menaces potentielles à la sécurité nationale ne seraient pas considérées comme un facteur déterminant pour établir la culpabilité de Bradley Manning.

Malheureusement, les autorités ont largement restreint l’accès du public à ces audiences. Les autorités militaires refusent de fournir des transcriptions officielles des audiences et la couverture directe de celles-ci (via Twitter ou blog, par exemple) est interdite. Cela est particulièrement gênant car ces procédures, à l’instar des procès militaires en général, sont supposées être accessibles au public.

Aussi bien le contenu de cette affaire que sa nature, où certaines procédures judiciaires se sont déroulées à huis clos, soulèvent d’importantes questions concernant l’accès à l’information ainsi que la transparence et l’obligation de rendre des comptes du gouvernement des États-Unis. Ces questions et le rôle émergent des entités en lignes, telles que WikiLeaks, qui offrent un accès libre à des documents gouvernementaux sont des thèmes auxquels la communauté de Global Voices Advocacy accorde une importance particulière.

Le procès de Bradley Manning devrait débuter le 3 juin 2013. Des organisations du monde entier prévoient d’organiser des événements de soutien le 1 juin 2013. Pour en savoir plus, consultez le site web www.bradleymanning.org.