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Technologie et expats au Kenya

mercredi 12 mars 2014 à 09:52

Le blog White African s’intéresse aux acteurs du secteur technologique et aux expatriés vivant au Kenya : [lien en anglais]

Imaginons que vous soyez un designer web installé à Seattle. Vous pensez que le fait que vous soyez originaire du Kenya intéresse quelqu’un ? Non, les gens se préoccupent juste de savoir si vous êtes compétent.

Si vous êtes programmeur, de nationalité américaine et que vous vivez à Nairobi, est-ce que les gens s’intéressent au fait que vous veniez des États-Unis ? Oui, pour une raison que j’ignore, ça compte. Vous êtes jugé sur l’endroit d’où vous venez et sur vos qualifications.

CLC 2014 : Coder pour les langues sous représentées sur Internet

mercredi 12 mars 2014 à 09:07

[Tous les liens renvoient vers des pages en anglais.]

Cet article est reproduit avec l'autorisation du blog Global Native Networks.

Il y a 26 ans déjà, Gayatri Chakravorty Spivak questionnait la politique de représentativité dans son essai post-colonialiste emblématique, Can the Subaltern Speak?["Les subalternes peuvent-is parler ?"] . J'ai relu l'essai lorsque j'ai appris qu'un atelier allait avoir lieu pour offrir aux locuteurs de langues sous-représentées des outils permettant que leurs langues soient reconnues par les technologies numériques. Au moment où l'université d'été 2014 “Coder pour les communautés linguistiques” représente une chance importante de créer un espace numérique plus inclusif, peut-il éviter les paradigmes d'expression et d'égocentrisme occidentaux datés qui gouvernent l'Internet ? Paraphrasant Spivak, je demande : les subalternes peuvent-ils coder ? 

Ce n'est pas un secret qu'une poignée de langues dominent l'espace en ligne. Un billet publié en octobre dernier par András Kornai dans le journal PLOSOne (judicieusement intitulé “Digital Language Death” [la mort numérique de la langue]) relevait que moins de cinq pour cent des langues mondiales actuelles sont utilisées en ligne.

Hors ligne, environ 7 776 langues sont usitées quotidiennement. Afin d'établir combien étaient présente en ligne, Kornai a développé un programme pour délimiter les domaines principaux du web et lister le nombre de mots dans chaque langue. Les résultats reflètent, d'après Kornai, “la preuve d'une extinction massive, causée par la fracture numérique.”

Confronté aux chiffres, il est difficile de ne pas conclure que les nouveaux outils numériques perpétuent l'altération structurelle des peuples indigènes. Alors que les nouvelles technologies apportent souvent d'immenses bénéfices aux communautés locales pour leur quotidien, santé et préservation de leur culture, leurs interfaces sont définies dans d'autres langues, lois de propriété intellectuelle, normes culturelles de partage et de communication. Ainsi, l'Internet — et ceux qui le développent — perpétue cette violence épidémique, qui accélère la destruction des manières non occidentales de voir le monde.

Assistez à l'université d'été 2014 CIDLeS : Coder pour les communautés linguistiques, une conférence qui vise à donner à chacun la capacité de s'impliquer dans les espaces numériques dans sa propre langue. D'après le site du CIDLes, la conférence réunira trois groupes de participants :

L'université d'été, qui aura lieu du 11 au 15 aout au sein du “Parque Natural das Serras de Aire e Candeeiros” [PT] près de Minde, au Portugal, rassemble certains grands noms du domaine émergent de la diversité linguistique en ligne. Ces experts feront office de mentors pour les participants à l'université d'été.

Par exemple, Kevin Scannell, mieux connu pour son projet Indigenous Tweets, aidera les étudiants à “transformer un corpus de données en correcteurs orthographiques.” Les étudiants vont apprendre comment trouver, clarifier et coder les données à partir du web, ensuite créer des listes de fréquence, ajouter la morphologie, afin de produire des extensions Firefox/OpenOffice.

Bruce Birch, un linguiste travaillant sur les langues de la famille linguistique Iwaidjan parlée en terre d'Arnhem [Territoire du Nord, en Australie], travaillera sur une application mobile pour la collecte et la publication collaboratives des données. Parmi ses idées figurent des applications pour données lexicales, recueils d'expressions, histoires et autres données issues des langues menacées d'extinction. Vous apprendrez comment développer une base de données pour le contenu et comment permettre aux utilisateurs de publier et partager leur contenu.

Un collègue ingénieur informatique à San Francisco m'a dit un jour “coder nous rendra libres.” Spivak — qui arrivait à la conclusion que les subalternes ne pouvaient pas prendre la parole — ne serait probablement pas d'accord. Elle avançait l'argument que même les tentatives les plus bienveillantes des intellectuels pour “donner une voix aux sans-voix” s'inscrivaient nécessairement dans le cadre d'un projet colonial élargi. Spivak pourrait faire des critiques similaires au sujet d'interventions même bien intentionnées des génies de la technologie pour concevoir des espaces de représentation en ligne pour les personnes marginalisées. En utilisant les méthodes proposées par le CLC 2014, pouvons-nous instiller dans la Silicon Valley des contre-discours qui s'opposent aux discours dominants sur le numérique ?

Nombre de pratiques populaires sur Internet (email, Facebook, Twitter, etc) demeurent des pratiques essentiellement textuelles ; cependant, quelques langues indigènes et minoritaires trouvent leur expression principalement à travers le mot prononcé (voir un article récent sur l'Inuktitut et Twitter). Comment peut-on concevoir un espace numérique plus inclusif laissant place autant aux langues parlées qu'écrites ? 

Enfin, CLC 2014 m'apparaît être une première étape pratique dans la création d'un embryon de locuteurs de langues minoritaires équipés pour élaborer des outils numériques qui s'adaptent à ces langues. Face à cette imminente “disparition linguistique de masse,” mieux vaudrait mettre Spivak de côté pour l'instant et agir pour étudier quelques codes sources.

Alors, les subalternes peuvent-ils coder ? Je vous encourage à vous inscrire au CLC 2014 et à en tirer vos conclusions.

Cliquez ici pour en savoir davantage sur l'université d'été “Coder pour les communautés linguistiques” ou remplissez le formulaire de participation maintenant. Pour plus d'informations, veuillez contacter clc2014@cidles.eu.

L'Union Européenne publie une étude détaillée sur la violence contre les femmes

mercredi 12 mars 2014 à 08:10
Convocatoria de la presentación del Informe sobre «Violencia contra las mujeres en la UE». Foto de la página de la Agencia de Derechos Fundamentales de la UE en Facebook, utilizada con autorización.

L'Agence des Droits Fondamentaux (FRA) dévoile son rapport sur la violence envers les femmes en Europe. Photo de la page Facebook de l'Agence des Droits Fondamentaux, avec son autorisation.

[Sauf indication contraire les liens dirigent vers des pages en anglais]

Le 5 mars dernier, l'Agence des Droits Fondamentaux de l'Union Européenne a publié les résultats d'une étude sur la violence contre les femmes [pdf], la plus complète jamais entreprise à ce jour. Réalisée en même temps dans toute l'Europe, c'est la première fois que l'on dispose de données comparatives par pays sur les types de violences subies par les femmes au sein de la famille, au travail, en public et sur internet ainsi que sur les effets induits sur leurs vies et sur les moyens par lesquels les victimes réagissent à l'agression. 

Le rapport se base sur 42 000 entretiens directs avec des femmes vivant en Union Européenne âgées de 18 à 74 ans, et fait apparaître quelques chiffres surprenants. Selon une vidéo qui accompagne le rapport, “les résultats démontrent que l'échelle des violences contre les femmes européennes est importante, et ne peut tout simplement pas être ignorée.” Pour citer Mortem Kjaerum, le directeur de l'Agence des Droits Fondamentaux:

La enormidad del problema prueba que la violencia contra las mujeres no afecta solo a unas pocas: tiene impacto en la sociedad todos los días. Por tanto, políticos, sociedad civil y trabajadores de primera línea tienen que evaluar medidas que traten cualquier forma de violencia contra la mujer, donde sea que se produzca.

L'énormité du problème est la preuve que la violence faite aux femmes ne touche pas qu'un petit nombre d'entre elles- elle touche la société au quotidien. C'est pourquoi, les politiciens, la société civile et les intervenants de première ligne doivent revoir les mesures employées pour s'attaquer aux violences à l'égard des femmes d'où qu'elles proviennent [sic]

Morten Kjaerum, director de la FRA, se dirige a los asistentes a la presentación del informe. Foto de la web de la FRA, utilizada con autorización.

Morten Kjaerum, Directeur de l'Agence des Droits Fondamentaux, s'adresse au public qui assistait à la présentation du rapport. Photo tirée du site de l'Agence des Droits Fondamentaux, avec son autorisation. 

Quelques chiffres résument l'étude:

Aussi surprenant que cela puisse paraître, les pays qui enregistrent le plus fort pourcentage de violence contre les femmes sont les pays du nord de l'Europe: Danemark (52%), Finlande (47%) et Suède (46%), alors que la Hongrie (22%), l'Autriche (20%) et la Pologne (19%) montrent des taux beaucoup plus faibles. L'Espagne avec 22% se situe bien en dessous de la moyenne:

Porcentaje de mujeres, por países miembros de la UE,  que afirman haber sufrido «violencia física o sexual por parte de su pareja u otra persona desde los 15 años». Imagen de la Agencia de Derechos Fundamentales de la UE, utilizada con autorización.

Pourcentage de femmes, par pays membre de l'Union Européenne, qui disent avoir supporté “la violence physique ou sexuelle de la part de leur partenaire ou d'une autre personne après l'âge de 15 ans.” Illustration reproduite avec l'aimable autorisation de l'Agence des Droits Fondamentaux.

Il semble paradoxal que les pays scandinaves, qui ont le plus fort taux d'égalité entre les sexes, aient également le plus fort taux de violence faite aux femmes. Blanca Tapia, porte-parole de l'Agence des Droits Fondamentaux, explique dans le journal El diario [es] cette apparente contradiction:

En países como Finlandia, Dinamarca, Suecia o Francia es más aceptable culturalmente hablar de violencia de género y, por lo tanto, las mujeres la declaran más. Las mujeres de los países nórdicos tienen mucha conciencia de género, saben que son iguales en derechos a los hombres y tienen claro que no tienen que aguantar ciertas cosas. No pasan ni una.

Dans des pays comme la Finlande, le Danemark, la Suède ou la France, il est culturellement admis de parler de la violence faite aux femmes, et les femmes vont plus facilement la dénoncer. Les femmes des pays du nord sont plus conscientes de l'égalité des sexes; elles savent qu'elles ont les mêmes droits que les hommes et il est clair pour elles qu'il y a des choses qu'elles ne doivent pas accepter. Elles ne laissent pas passer les choses.

Le rapport a provoqué des réactions chez les européens. Certains mettent en doute la véracité des chiffres et posent la question de savoir ce qui est considéré comme une agression. L'abonné DENUNCIAR a laissé le commentaire suivant sur le site internet du journal 20 minutes [es]:

ya sabemos como hacen las encuestas estas feministas, si se pelean por el mando de la tele se considera violencia machista

nada nuevo bajo el sol

otra noticia para manipular nuestras mentes en el siglo dorado del feminazismo

On sait bien comment ces études féministes sont faites, une dispute pour la télécommande de la télévision est considérée comme une violence machiste

rien de nouveau sous le soleil

un nouveau gros titre pour manipuler les esprits à l'âge d'or des féminazies

Dans le journal  Público, chochialimmoomuelte fait le commentaire suivant [es]:

¿¿Una de cada cinco mujeres no sabe que si la violan tiene que ir a la policía??

¿¿Decir “no te quiero” a alguien es violencia machista??

¿¿Los abrazos son acoso??

¿¿ La “violencia contra las mujeres” se da “todos los días en todas partes”??

Desde luego, cada vez os cuesta más justificar las subvenciones al chiringuito feminazi.

Las mujeres inteligentes deberían indignarse ante esta basura que se publica en las que se las trata como si fueran imbéciles

Une femme sur cinq ne sait pas qu'elle doit porter plainte à la police si elle est violée??

Dire “Je ne t'aime pas” est une violence machiste??

Les caresses sont du harcèlement??

“La violence contre les femmes est quotidienne et se passe partout”??

Bien sûr il devient de plus en plus difficile de justifier les subventions de vos tribunes féminazies.

Les femmes intelligentes devraient être outrées de ces conneries publiées qui les prennent pour des imbéciles.

Madame X répond ainsi [es] aux sceptiques, sur la même page web:

Por supuesto que un piropo grosero es una agresión. Es humillante que te digan una grosería y la humillación es una forma de maltrato. Cualquier tío se ofendería si otro le dice una grosería a su novia, a su madre o a su hermana, ¿o me lo vais a negar? Entonces si eso os ofende o molesta cuando va dirigido a una mujer de vuestro entorno afectivo, ¿cómo algunos tenéis la cara dura de cuestionar que eso sea una agresión a la afectada?

Evidemment qu'un commentaire grossier est une forme d'agression. C'est humiliant de se faire dire quelque chose de grossier, et l'humiliation est une forme de maltraitance. N'importe quel mec serait outré que quelqu'un traite grossièrement sa petite amie, sa mère ou sa soeur – vous ne pouvez pas dire le contraire? Alors si cela vous dérange quand il s'agit d'une femme qui vous est chère, comment certains d'entre vous peuvent-ils avoir le culot de se demander si la femme se sent harcelée?

Sur Twitter, Lau publie un graphique qui explique en détails les différentes sortes de violences commises contre les femmes:

Et je ne parle pas seulement de celles qui reçoivent des claques ou qui sont violées. La violence machiste est structurée.

[La pyramide décrit une progression qui va des formes subtiles comme la publicité sexiste ou le fait d'ignorer les femmes à des formes plus explicites comme les insultes, le viol et même le meurtre.]

Don Mitxel Erregea s'interroge sur le rôle des religions:

Je me demande si la violence machiste a quelque chose à voir avec les religions qui associent la femme au Diable.

En Espagne, les restrictions de budget faites par le gouvernement actuel ont des conséquences sur les programmes publics de protection des femmes [es]:

[La Ley de Tasas] elimina la falta por “vejaciones injustas” que suele ser el primer paso en los casos de maltrato, se sugiere la mediación en los casos de violencia de género. Esto pondría en riesgo a la víctima y se solicita que la condena del agresor sea una multa

[La loi sur les frais de justice] élimine le délit pour “traitement injuste” qui est généralement le premier pas dans les cas de maltraitance, et suggère une médiation dans les cas de violence contre les femmes. Ceci placerait les victimes dans une position risquée et l'agresseur ne serait condamné qu'à une amende.

En Espagne, 48 victimes des violences contre les femmes sont mortes en 2013. A ce jour, en 2014, 14 femmes ont été tuées par leurs partenaires.

Répression en Russie à la veille du référendum de Crimée

mercredi 12 mars 2014 à 00:02
Vladimir Zhirinovsky, bemoaning the lack of "calm" on Russia's streets, images mixed by Kevin Rothrock.

Vladimir Jirinovski déplorant le manque de “tranquillité” des rues de Russie, montage photographique de Kevin Rothrock.

Des mois après le début des manifestations de Maïdan à Kiev, le politicien russe Vladimir Jirinovski a prononcé un discours [russe] à la Douma, pour fustiger les blogueurs et opposants russes qui perturbent la “tranquillité” de la nation. Jirinovski, le trublion à la tête du mal nommé parti Libéral-Démocrate de Russie, a distingué la militante écologiste Evguenia Tchirikova, l'homme politique Boris Nemtsov, et le blogueur anti-corruption Alexeï Navalny, affirmant que ces deux derniers devraient être mis aux arrêts domiciliaires en vue de faire revenir le calme en Russie. (Jirinovski a cité comme précédent les arrêts domiciliaires de l'opposant Sergueï Oudaltsov pour débarrasser les rues des Russes politiquement gênants.)

Au moment du discours de Jirinovski, Boris Nemtsov purgeait une peine de dix jours de prison après son arrestation à une manifestation non autorisée à Moscou. Un tribunal n'a pas attendu pour condamner Navalny, co-détenu avec Nemtsov, aux arrêts domiciliaires sur des charges douteuses d'avoir enfreint les restrictions à son mouvement à l'intérieur de Moscou. Le blogueur le plus éminent de Russie se voit désormais interdire d'utiliser Internet ou de parler à d'autres que sa famille.

Des mesures qui ont coïncidé avec la montée des hostilités en Crimée, où le Kremlin aurait déployé des milliers de soldats en violation de ses accords de stationnement avec le gouvernement ukrainien. Le nouveau parti politique de Navalny a, accessoirement, déclaré avec fermeté son opposition [russe] à l'intervention russe en Ukraine.

Dans une note [russe] sur Facebook la semaine dernière, M. Nemtsov a lui aussi exprimé son opposition à une guerre avec l'Ukraine :

Пока я под арестом, Совет Ярославской Думы (!!!!)поддержал решение Совета федерации о вводе войск на территорию Украины. Единогласно. Так вот, господа депутаты. Я категорически против ввода российских войск. Я категорически против братоубийственной войны с Украиной.

Pendant que je suis aux arrêts, le Conseil de la Douma de Iaroslavl (!!!!) a soutenu la décision du Conseil de la fédération sur l'entrée des troupes sur le territoire de l'Ukraine. A l'unanimité. Alors, messieurs les députés, je suis catégoriquement contre l'entrée des troupes russes. Je suis catégoriquement contre la guerre fratricide avec l'Ukraine.

Au début de ce mois, l'organisation de “défense écologique” basée à Moscou d'Evguenia Tchirikova a rejoint une déclaration anti-guerre [russe] de plusieurs ONG ukrainiennes.

“15 mars 2014, Moscou, Marche de la Paix,” bannière de l'événement Facebook.

Pendant que la répression met hors circuit les leaders de la société civile de Russie, les regards se tournent maintenant vers le 15 mars, jour où les Moscovites manifesteront contre l'intervention russe en Ukraine, à la veille du vote des électeurs de Crimée sur la sécession ou une autonomie élargie. Au moment d'écrire cet article, environ 2.600 utilisateurs de Facebook ont répondu à l'invitation pour le rassemblement de Moscou. 22.000 autres ont été invités.

Netizen Report : Des journalistes ukrainiens plongent à la recherche des documents de Ianoukovytch

mardi 11 mars 2014 à 20:47

Yanukovych documents float in reservoir. Photo by @aronets via Twitter.

Ellery Roberts Biddle, Mohamed ElGohary, Lisa Ferguson, Solana Larsen, Hae-in Lim, Sarah Myers, Bojan Perkov et Sonia Roubini ont participé à l’élaboration de ce rapport.

[Les liens de cet article renvoient vers des pages en anglais.]
Le Netizen Report de Global Voices Advocacy présente un résumé des défis à relever, des victoires et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde. Cette édition s’intéresse tout d’abord à l’Ukraine où un groupe de journalistes a déployé de nombreux efforts après que Viktor Ianoukovytch a quitté sa propriété en dehors de Kiev, afin de documenter la situation et de préserver les preuves de corruption de son gouvernement. Le groupe a mis en sûreté des dizaines de milliers de documents découverts sur place (dont beaucoup avaient été jetés dans un réservoir proche) qu’il publie désormais en ligne. Parmi ces documents se trouvent des reçus pour de millions de dollars en liquide, une liste noire d’employés des médias locaux et des plans concernant une répression militaire contre les manifestants.

Liberté d’expression : Google débouté dans l’affaire de la vidéo « L’innocence des musulmans »

Une cour d’appel fédérale des États-Unis a ordonné à Google de retirer de YouTube « L’innocence des musulmans », un film islamophobe ayant déclenché une polémique. Une des actrices avait déposé plainte contre Google et demandé le retrait de la vidéo au titre de son droit d’auteur. Selon l’Electronic Frontier Foundation, la décision est problématique car elle fait primer le droit d’auteur sur la liberté d’expression. Cette décision de justice a également eu des conséquences positives : elle a donné un souffle nouveau aux efforts déployés par l’ONG pakistanaise de défense des libertés numériques Bytes for All qui fait pression sur les autorités pakistanaises pour qu’elles mettent fin à l’interdiction de YouTube dans le pays. En effet, cette vidéo aurait donné lieu à la décision de bloquer l’intégralité du site.

Des activistes mexicains ont confirmé que les autorités, en collaboration avec l’ambassade des États-Unis à Mexico et avec la rapide assistance du fournisseur de noms de domaine GoDaddy.com, avaient censuré 1DMX.org, une plateforme d’information où les internautes peuvent laisser des commentaires et engager des discussions, utilisée notamment lors des troubles sociaux début décembre 2013.

L’agence chargée de surveiller Internet en Russie a fermé 13 pages web du site VKontakte qui présentaient un lien avec les manifestations en Ukraine en avançant que ces pages concernaient des « activités terroristes » et la « participation à des actions de masses non autorisées »

Des journalistes et des groupes de défense des droits de l’homme critiquent une proposition de loi au Timor oriental qui violerait la liberté d’expression. Cette proposition, introduite au Parlement il y a deux semaines, supposerait la création d’un conseil de la presse qui superviserait le travail des reporters et limiterait la définition de « journaliste » à ceux travaillant pour les médias institutionnels.

En Espagne, un avant-projet de loi modifiant la réglementation relative à la propriété intellectuelle souhaite introduire une « taxe Google » pour les agrégateurs qui restreindrait l’utilisation de « fragments insignifiants » de contenu en ligne sans l’autorisation des ayants droits. La nouvelle loi conférerait aux auteurs un droit « inaliénable » à des compensations même pour des travaux publiés sous licence Creative Commons.

Violences : un bracelet électronique pour le blogueur russe le plus controversé

Un juge russe a assigné à résidence Alexey Navalny, figure de l’opposition et blogueur, en lui interdisant d’utiliser Internet ou le téléphone pour deux mois. Alexey Navalny, qui a utilisé les réseaux sociaux pour coordonner des manifestations contre le Kremlin, était accusé d’avoir enfreint les termes d’une interdiction de voyage après avoir participé à une manifestation pacifiste contre le premier ministre Vladimir Poutine.

Au Vietnam, le blogueur Truong Duy Nhat a été condamné à une peine de prison pour avoir publié en ligne des critiques contre le gouvernement dirigé par le parti communiste.

Surveillance : procès relatif au travail de Cisco avec le gouvernement chinois classé

Une cour fédérale de district des États-Unis a classé l’affaire présentée par Du Daobin, un écrivain et défenseur des droits de l’homme de nationalité chinoise, contre le fabricant d’équipement de réseau Cisco pour avoir délibérément aidé le gouvernement chinois à déployer le Grand pare-feu de Chine, un système de surveillance et de censure en ligne. La cour a décrété que la participation de Cisco à ce système était une « question politique » qui n’était pas de sa juridiction. En outre, la cour a prononcé qu’il ne lui appartenait pas de juger si le gouvernement chinois était coupable de violations des droits de l’homme.

Selon The Guardian, des employés de l’agence de surveillance britannique GCHQ, aidés par la NSA, ont intercepté des chats par webcam de plus de 1,8 million d’utilisateurs de Yahoo du monde entier dans le cadre d’un programme appelé Optic Nerve. Entre 2008 et 2010, le programme était utilisé pour collecter en masse des images capturées par des webcams, stockées ensuite dans les bases de données du GCHQ. Un rapport du New York Times indique qu’un document interne de l’agence démontre qu’Optic Nerve était toujours actif en 2012.

Activisme et internautes

#KholoBC, une vidéo de rap dénonçant la censure d’Internet au Pakistan, est devenue virale sur les réseaux sociaux pakistanais. La vidéo fait explicitement référence au blocage de YouTube qui dure depuis déjà longtemps.

Le 25 février, aux Philippines, des citoyens ont manifesté contre la nouvelle loi sur la cybercriminalité.

Lors de l’audience du 19 février, la Cour suprême des Philippines a confirmé la constitutionnalité de la loi qui définit la diffamation en ligne et la sanctionne.

Les développeurs open source et les défenseurs des libertés numériques au Venezuela ont lancé une pétition insistant sur l’importance de la neutralité d’Internet et de la liberté d’expression en ligne dans leur pays. Visitez le site et signez la pétition.
Publications et études

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