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Une start-up nigériane crée un nouveau monde de super-héros africains

samedi 19 mars 2016 à 15:31
Comic Republic. Credit: Photo courtesy of Comic Republic.

Comic Republic. Crédit: photo reproduite avec l'aimable permission de Comic Republic.

Cet article de Kenny Sokan est initialement paru sur PRI.org le 26 février 2016 et est reproduit ici dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

Dans le monde des super-héros, les personnages de couleur sont rares. Pire encore, leur culture ethnique n'occupe quand elle est identifiée qu'une place marginale.

Mais Comic Republic, une start-up nigériane basée à Lagos, est en train de créer un monde d'authentiques et uniques super-héros africains.

Lancé en 2013, le personnage phare de Comic Republic est Guardian Prime, protecteur du genre humain.

Selon le PDG Jide Martin, « il est vraiment bâti sur l'estime de soi. L'estime de soi. En gros, nous essayons de dire, regardez, si vous croyez que vous pouvez faire quelque chose, alors c'est possible. La seule limite existante est celle que vous vous mettez… ce qui est à l'origine de son pouvoir. Il est comme le cinquième élément. Nous l'appelons la main de Dieu. Et il est tout simplement aussi fort, rapide et invulnérable que ce qu'il pense être. »

L'ensemble des personnages de Jide Martin sont profondément moraux, un choix fait par Comic Republic avec le souhait de revenir aux fondamentaux de l'héroïsme.

He is the Guardian born to the human race as is customary every 2000 years. Credit: Photo courtesy of Comic Republic

Il est le Gardien né de la race humaine comme le veut la coutume tous les 2000 ans. Crédit: Photo reproduite avec l'aimable permission de Comic Republic.

« Nous sommes en train d'oublier ce que cela signifie d'être humain, nous ne valorisons pas le fait d'être bon, d'être juste… Et c'est parce que notre orientation a changé » observe Martin. « Même les comics actuels, ceux des principaux éditeurs, commencent à perdre cet esprit. »

« En général, nous tentons de nous assurer que, pour tous nos héros, [l'histoire] ait une fin morale qui dise : “fais le bien, sois bon et la vie te le rendra”. »

Contrairement à la Tornade de Marvel de la série X-Men et à la Panthère noire, qui sont tous deux originaires du pays imaginaire de Wakanda en Afrique, les personnages de Jide Martin sont d'authentiques Africains nés et élevés sur le continent.

Bound by oath to haunt the night as a force of retribution, the people of this city have called him many names, but one echoes the loudest. ERU, fear itself, walks among us. Credit: Photo courtesy of Comic Republic

Ayant prêté serment de peupler la nuit pour exercer son châtiment, il a été appelé par les habitants de la ville de bien des façons, mais l'une a une résonance particulière. ERU, la peur elle-même, est parmi nous. Crédit: Photo reproduite avec l'aimable permission de Comic Republic.

Eric Kukoyi est maître de conférence à l'université de Lagos et travaille aussi à temps partiel comme psychiatre et parapsychologue. Il combat le crime la nuit, devenant Eru, abréviation de « iberu » qui signifie « peur » en yoruba.

Selon Jide Martin, « [c'est] l'essence de la peur concentrée dans un homme.»

Ireti, qui signifie « espoir » en yoruba, est le fruit d'un pacte entre un roi yoruba et une déesse. Elle devient en grandissant une immense guerrière dotée de super-pouvoirs qui dirige des armées, conquiert des royaumes ennemis et fait office de protectrice de sa tribu.

Ireti: Her tale is one not told without the heart to stomach it, her legend is one not carried by cowards and her might is one no evil dares question. Credit: Photo courtesy of Comic Republic

Ireti: Son histoire n'est pas de celles que l'on raconte sans avoir les tripes pour le faire, sa légende n'est pas de celles qui sont portées par des lâches et sa puissance est de celles que nul être malfaisant ne saurait remettre en cause. Crédit: photo reproduite avec l'aimable permission de Comic Republic.

Dans l'optique de faire augmenter la lecture de bandes dessinées au Nigeria, Comic Republic propose ses comics en téléchargement gratuit sur son site web [en anglais].

La société a commencé avec 100 téléchargements pour sa première planche et est montée à 300 à l'issue du premier mois. Une récente analyse donnait 38000 téléchargements pour la dernière publication. Mais Martin pense que le nombre de personnes ayant lu des comics pourrait être plus élevé car les gens peuvent les partager.

« Au cours de l'année passée, l'ensemble de nos fans a peu à peu progressé. … Nous avons cette année fait irruption dans les médias et le monde nous adore. C'est étonnant, à vrai dire », déclare le PDG.

Les lecteurs proviennent pour environ 40% d'entre eux des Etats-Unis, pour 30% du Nigeria, 20% d'Europe et le reste du monde se partage les 10% restants.

Pour se financer, Comic Republic met en œuvre des projets parallèles avec diverses organisations. En 2015, elle a travaillé avec les organisateurs des Future Africa Awards [N.d.T initiative de la filiale d'une importante entreprise de communication nigériane qui récompense de jeunes Africains et Africaines dans dix catégories pour une œuvre ou un projet réalisé au cours de l'année écoulée], en dessinant les 55 nominés sous les traits de super-héros. Elle a un projet en cours avec une ONG qui fait de la prévention sur la malaria, en créant une bande dessinée spéciale de super-héros qui vont de ville en ville, combattent la malaria et enseignent aux gens ce qu'il faut faire. La start-up a effectué le même type de travail pour une pharmacie et un site marchand.

Les fans de la série de personnages de Comic Republic les ont surnommés « les justiciers africains » et Jide Martin espère qu'un jour ils seront aussi importants que l'équipe de Marvel.

«J'espère que nous deviendrons un nom de référence comme les deux grands. Je veux dire, j'espère que, quand les gens voudront parler de comics, ils citeront “Comic Republic, DC et Marvel” », avance le PDG. « J'espère que les enfants pourront dire “Que ferait Guardian Prime ?” »

Y a-t-il une solution à la tragédie de l'huile de palme ?

samedi 19 mars 2016 à 09:58
Noix de palme à Jambi, en Indonésie. Photo d'Iddy Farmer pour le Center for International Forestry Research (CIFOR). CC-BY-NC-SA 2.0

Noix de palme à Jambi, en Indonésie. Photo d'Iddy Farmer pour le Center for International Forestry Research (CIFOR). CC-BY-NC-SA 2.0

Cet article de Michael Kodas a été publié à l'origine en anglais sur Ensia.com, une revue en ligne qui met en exergue des solutions à l'oeuvre pour la préservation de l'environnement. Il est republié ici dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

En août dernier, du hublot d'un avion survolant l'île indonésienne de Sumatra, j'ai compté près d'une douzaine de panaches de fumée qui s'élevaient des vastes étendues de jungle et de plantation en contrebas, certains larges de presque un kilomètre. On aurait dit des colonnes soutenant le ciel. Cette semaine-là, l'agence indonésienne de prévention des catastrophes (la BNPB) a détecté 143 nouveaux feux de forêt dans la province de Riau, la zone que je survolais. Tous ces feux étaient très certainement liés à la déforestation pour le bois d'œuvre et l'agriculture, essentiellement la production d'huile de palme.

L'huile de palme, qui est présente dans une quantité impressionnante d'aliments et de produits de beauté et constitue également une matière première pour les biocarburants, pose de nombreux problèmes environnementaux. En Indonésie, c'est la cause principale de la déforestation, à l'origine de la destruction de l'habitat de nombreuses espèces et qui contribue au changement climatique. De plus, les eaux usées des raffineries d'huile de palme rejettent d'immenses quantités de méthane, un gaz à effet de serre 34 fois plus puissant que le dioxyde de carbone.

Lutter contre les problèmes environnementaux causés par la production d'huile de palme n'est pas une tâche facile, en raison de l'omniprésence de l'huile de palme mais également parce que les solutions de substitution sont loin de présenter toutes les qualités de cette huile polyvalente. Mais elles ont le mérite d'exister.

La terre en feu

Quelques jours après mon arrivée à Riau sur l'île de Sumatra, alors que je me rendais dans la jungle pour observer un de ces incendies, j'ai pu voir de la fumée s'élevant de mes traces de pas, qui s'enfonçaient d'environ 30 cm dans la tourbière.

C'est ici, dans la tourbière qui brûle sous les forêts, que l'impact climatique de la production d'huile de palme se voit le plus. Lorsqu'on déforeste pour libérer des terres pour la culture du palmier, la terre est généralement brûlée et la plupart des grands incendies de Riau se produisent sur ces tourbières, des zones marécageuses de végétation en partie décomposée qui s'enfoncent jusqu'à 18 mètres de profondeur sous la plupart des forêts de la province.

Les feux liés à la déforestation pour les plantations de palme dans la province indonésienne de Riau relâchent d'importantes quantités de carbone dans l'atmosphère et répandent une brume dangereuse pour la santé sur le paysage. Photo d'Aulia Erlangga pour le Center for International Forestry Research.

Les feux liés à la déforestation pour les plantations de palme dans la province indonésienne de Riau relâchent d'importantes quantités de carbone dans l'atmosphère et répandent une brume dangereuse pour la santé sur le paysage. Photo d'Aulia Erlangga pour le Center for International Forestry Research.

Les tourbières peuvent contenir jusqu'à vingt-huit fois plus de carbone que les forêts tropicales aux sols latéritiques. La tourbe est tellement riche en carbone qu'enterrée suffisamment longtemps, environ un million d'années, la pression, le temps et la chaleur la transformeront en charbon. Un seul hectare de tourbière tropicale peut relâcher 6 000 tonnes de dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre, lorsqu'elle est transformée en plantation. En 2012, des chercheurs estimaient que près de 70 % du carbone libéré dans l'atmosphère lors de la transformation des forêts tropicales de Sumatra en plantations d'huile de palme provient des tourbières, soit 75 % de plus par rapport à leur part dans les émissions dans les années 1990 et le signe que la culture s'étend de plus en plus sur les tourbières.

Mais le CO2 n'est pas le seul problème : en 2013, Susilo Bambang Yudhoyono, alors président de l'Indonésie, s'est excusé auprès de Singapour et de la Malaisie pour le nuage sombre formé par les incendies à Sumatra à l'origine d'une pollution de l'air record dans les pays voisins qui a rempli les hôpitaux de dizaines de milliers de patients intoxiqués par la fumée et obligé les autorités à fermer les écoles. Des avions indonésiens ont créé des nuages artificiels au-dessus des incendies avec 100 tonnes de sel dans l'espoir d'éteindre la tourbe qui se consume lentement.

Lorsque les forêts se sont à nouveau embrasées six mois plus tard, le bureau du président a reçu plus de 9 000 tweets. Lors d'un déplacement en urgence à Riau, il a déclaré que ces incendies lui faisaient honte. Près de 50 000 Sumatranais ont requis des soins à cause de l'effet de la fumée sur leurs poumons, leurs yeux et leur peau. Les avions sont repartis créer des nuages artificiels.

Les incendies chassent des milliers d'Indonésiens de chez eux et détruisent l'habitat d'espèces en danger comme les éléphants, les rhinocéros, les tigres et les orangs-outans. Un rapport des Nations Unis signale qu'il est probable qu'il n'y ait plus d'orangs-outans à l'état sauvage en dehors des zones protégées à l'horizon 2020. Et au rythme actuel de destruction de son habitat, l'Union internationale pour la conservation de la nature estime que l'éléphant de Sumatra pourrait s'éteindre d'ici trente ans.

En 2013, un rapport de l'UICN tirait la sonnette d'alarme : « Il est nécessaire de mener au plus vite des actions concrètes sur le terrain pour empêcher l'extinction des éléphants de Sumatra, en particulier à Riau. »

Une position de fermeté récente

Jusqu'à présent, l'Indonésie, tout comme le reste du monde, demandait de façon bien tiède à l'industrie de l'huile de palme de mettre un terme à la destruction des forêts indonésiennes et au réchauffement climatique en résultant mais elle semble avoir récemment adopté une position de fermeté.

Victimes de la destruction de leur milieu naturel, en partie imputable à la production d'huile de palme, les éléphants de Sumatra sont désormais considérés comme en danger critique d'extinction par l'Union internationale pour la conservation de la nature. Photo de Vincent Poulissen (Flickr/Creative Commons).

Victimes de la destruction de leur milieu naturel, en partie imputable à la production d'huile de palme, les éléphants de Sumatra sont désormais considérés comme en danger critique d'extinction par l'Union internationale pour la conservation de la nature. Photo de Vincent Poulissen (Flickr/Creative Commons).

En 2010, la Norvège a offert un milliard de dollars à l'Indonésie pour la préservation de ses forêts et l'année suivante, M. Yudhoyono s'est engagé à ce que le pays, avec l'aide de la communauté internationale, réduise ses émissions de gaz à effet de serre de 41 % par rapport à leur courbe actuelle à l'horizon 2020.  En août 2014, Singapour a commencé à infliger des amendes pouvant aller jusqu'à deux millions de dollars aux entreprises locales et étrangères qui jouent un rôle dans l'émission des fumées dues aux incendies. Le mois suivant, après des années de blocage, l'Indonésie est devenue le dixième et dernier membre de l'Association des nations du Sud-Est asiatique à ratifier un traité ayant pour objectif la réduction des fumées, à l'origine de tensions permanentes avec ses voisins de l'Asie du Sud-Est. Peu après, lors du sommet sur le climat de l'ONU à New York, 150 entreprises, dont McDonald's, Nestlé et Procter and Gamble, se sont engagées en faveur d'une diminution de moitié de la déforestation dans le monde pour 2020 et de son élimination totale pour 2030.

En 2013, la consommation mondiale d'huile de palme a atteint les 55 millions de tonnes, près de quatre fois la quantité utilisée vingt ans plus tôt.

Ensuite, quelques jours après son arrivée au pouvoir, le nouveau président de l'Indonésie, Joko Widodo, a proposé de fusionner le ministère de l'environnement et celui des forêts. Cette réforme pourrait permettre au pays d'atteindre ses objectifs ambitieux en matière de protection des forêts et de réduction de ses émissions si le ministère de l'environnement, qui se charge des négociations avec l'ONU et détermine le plan d'action du pays pour la réalisation de ses objectifs, gagne un certain pouvoir sur les forêts et les tourbières nationales. Mais d'un autre côté, le ministère des forêts, fort de sa puissance et de son ancrage territorial, pourrait usurper en partie l'autorité du ministère de l'environnement.

Pour le responsable de Greenpeace en Indonésie,  Longgena Ginting, interrogé par le Jakarta Post, « Associer au sein d'une même entité les autorités chargées de l'exploitation et de la conservation ne garantit aucunement une prise de décision équilibrée. »

Le boom de l'huile de palme

Mais au bout du compte, les lois, les traités, les agences gouvernementales et les incitations n'auront qu'un impact mineur si l'on ne revoit pas en profondeur notre façon de produire et de consommer de l'huile de palme. Et, malheureusement, il n'existe guère d'alternative viable à ce produit.

« L'huile de palme présente des avantages que l'on ne peut pas ignorer, m'a expliqué Alan Townsend, doyen de la Nicholas School of the Environment à l'Université de Duke, avant mon voyage en Indonésie. Le palmier est l'une des cultures qui produisent le plus au monde, capable de pousser dans dune remarquable diversité d'environnements. Si on y ajoute l'importance des marges bénéficiaires, la diversité incroyable d'utilisation de son huile et l'absence de substituts compétitifs sur le plan économique, on comprend vite pourquoi ce secteur s'est développé si rapidement. »

En 2013, le monde a consommé 55 millions de tonnes d'huile de palme, près de quatre fois plus que ce que l'on consommait vingt ans plus tôt. L'Indonésie et la Malaisie satisfont 85 % de la demande de cette huile qui est la plus populaire au monde pour l'alimentation. En 1985, les palmeraies représentaient moins de 6 500 kilomètres carrés en Indonésie. Vingt ans plus tard, elles couvrent environ 56 000 kilomètres carrés et, selon les projections du gouvernement indonésien, elles en occuperont au moins 260 000 en 2025.

Un mois avant mon arrivée à Riau, un article scientifique de la revue Nature Climate Change signalait qu'en 2012, la déforestation était deux fois plus importante en Indonésie qu'au Brésil, qui, jusqu'à récemment, détruisait ses forêts plus rapidement que n'importe quel autre pays au monde.

La croissance exponentielle des palmeraies est en grande partie une conséquence imprévue des politiques économiques, alimentaires et énergétiques du reste du monde.

« Il n'existe actuellement aucune solution de rechange convaincante à l'huile de palme. » — Rhett Butler

En 2006, sous l'impulsion de la Food and Drug Administration, les étiquettes alimentaires américaines ont commencé à mentionner les « gras trans » car ils augmentent le risque de maladie cardiovasculaire. Suite à cette mesure, l'utilisation d'huiles tropicales, qui ne contiennent pas d'acides gras trans, et notamment d'huile de palme, a rapidement augmenté. Dr. Oz, médecin qui a son propre programme aux États-Unis, a vanté les bienfaits de l'huile de palme pour le cœur et le cerveau, favorisant ainsi une multiplication par six de sa consommation dans le pays depuis 2000.

En Europe, les efforts pour éviter les aliments génétiquement modifiés ont favorisé l'huile de palme, qui est tellement riche qu'elle n'intéresse pour l'instant guère les apprentis-sorciers de la génétique. En Chine et en Inde, la recherche par une classe moyenne en pleine expansion d'huiles alimentaires de qualité dépend actuellement entièrement de l'huile de palme pour être satisfaite.

Cet essor est également dû à nos modes de transport. Avec l'intérêt croissant pour les biocarburants, la dévastation que la production d'huile de palme inflige aux forêts tropicales et au climat remplace les dégâts environnementaux liés au pétrole brut.

Certaines conséquences de la production d'huile de palme, comme la déforestation et la destruction d'habitats naturels, ont suscité un boycott de la part des consommateurs. Mais ce type d'actions augmente la demande pour des cultures d'huile encore plus destructrices pour les forêts et le climat.

« À l'heure actuelle, il n'existe pas d'alternative vraiment intéressante à l'huile de palme, nous explique par e-mail Rhett Butler, fondateur de Mongabay, un site de rapport et de recherche sur la forêt tropical. Si nous voulons répondre à la demande mondiale d'huile alimentaire, c'est l'huile de palme qui offre le volume d'huile le plus important pour une surface donnée. Si l'on privilégiait plutôt la noix de coco ou le colza, nous aurions besoin de plus de terres pour produire la même quantité d'huile. »

Une autre voie prometteuse

Mais la demande d'autres options se faisant de plus en plus pressante, la situation pourrait bien changer. Il existe même une alternative à l'huile de palme qui ne nécessite pas un hectare de terre.

Grâce à leur polyvalence, les microalgues offrent une concurrence intéressante à l'huile de palme.

La société californienne Solazyme utilise les microalgues pour produire des huiles de biodiesel, qui ont déjà alimenté des avions de United Airlines et des navires de la marine américaine. Elle se diversifie avec des huiles pour les savons, les produits de beauté et l'alimentation qui offrent des marges bénéficiaires plus élevée que les carburants. L'an dernier, le géant des biens de consommation Unilever a annoncé projeter l'utilisation de plus de 11 millions de litres d'huile d'algue produite par Solazyme au lieu d'huile de palme afin de diminuer son empreinte sur l'environnement.

Des microalgues cultivées par l'entreprise californienne Solazyme sont une source de substitut d'huile de palme prometteuse. Crédit photo : Solazyme

Des microalgues cultivées par l'entreprise californienne Solazyme sont une source de substitut d'huile de palme prometteuse. Crédit photo : Solazyme.

« Imaginez de la bière, explique Jill Kauffman Johnson, directrice des services de durabilité de la société pour décrire les cuves dans lesquelles Solazyme cultive ses algues. En Illinois, une de nos usines est en réalité une ancienne brasserie de Pabst Blue Ribbon. »

« Nous pouvons fabriquer une huile riche en acide oléique, bonne pour le cœur. Le lendemain, on travaille avec une autre souche et on obtient une alternative durable à l'huile de palme. Elle a moins d'acides gras polyinsaturés que n'importe quelle autre huile sur le marché, pas de gras trans et [sa culture] se compte en jours, pas en mois dans un champ. »

Grâce à leur polyvalence, ces microalgues offrent une concurrence intéressante à l'huile de palme comme source d'huile.

« Nous cherchons à réduire la pression exercée sur les zones tropicales et équatoriales » explique Jill Kauffman Johnson. Étant donné que ses algues peuvent être cultivées partout où l'entreprise implante ses cuves, Solazyme peut établir ses usines là où elles desservent le mieux leurs clients, partenaires tout en étant à proximité des matières premières, ce qui permet de raccourcir la chaîne d'approvisionnement. L'alimentation en cellulose, notamment avec du panic raide, réduit également les impacts sur l'environnement. La société vient par ailleurs d'ouvrir au Brésil une usine de 100 000 tonnes qui utilise de la canne à sucre.

Pour Jill Kauffman Johnson, cette technologie est capable d'une croissance très rapide.

Malgré tout, le goût des consommateurs et l'économie de l'agriculture mettent du temps à adopter les huiles à base d'algues et il faudra certainement plusieurs années pour qu'elles remplacent plus que quelques gouttes dans le raz-de-marée de l'huile de palme.

Améliorer le processus de fabrication de l'huile de palme

Pour Rhett Butler, une solution plus immédiate consisterait à rendre l'industrie de l'huile de palme plus propre.

« Les entreprises pourraient soutenir l'établissement de règlements et de bonnes pratiques contre la reconversion des forêts. Ces derniers mois, les acheteurs et producteurs ont été très nombreux à s'engager en faveur d'une déforestation nulle. »

Selon Philip Taylor, post-doctorant à l'Institute of Arctic and Alpine Research de l'université du Colorado, qui travaille avec M. Townsend et a réalisé des recherches approfondies dans les tropiques, la plupart des palmeraies ne produisent pas les rendements dont elles sont capables.

Inciter au transfert de connaissances qui améliorent la productivité entre les producteurs de palme pourrait optimiser la productivité de chaque hectare de plantation.

« L'écart est important entre ce qui est réalisé et les possibilités existantes. Actuellement, le rendement moyen en Malaisie et en Indonésie est de 18,5 tonnes de régimes de fruits frais par hectare. Dans les plantations les mieux gérées, on atteint déjà les 30 tonnes par hectare. »

Le rendement de la noix de palme n a pas progressé depuis 1975 alors que, dans le même temps, la productivité du soja a augmenté de presque 100 %.

« Il s'agit en partie d'une question de savoirs. Les bonnes semences au bon endroit, le bon engrais au bon moment. »

Inciter au transfert de connaissances qui améliorent la productivité entre les producteurs de palme pourrait optimiser la productivité de chaque hectare de plantation. Mais, dans son rapport Recipes for Success, l'Union of Concerned Scientists note que les profits accrus qui vont de paire avec de meilleurs rendements pourraient favoriser une expansion encore plus poussée des plantations. De plus, des chercheurs du Royaume-Uni et de Singapour ont signalé dans un essai récent publié dans la revue Science que de meilleurs rendements et des variétés de palmiers plus adaptés à la culture dans des conditions difficiles pourraient signifier que plus de terres soient consacrées à cette plante en Afrique et an Amérique latine, alors que ces régions n'ont pas encore subi le raz-de-marée de plantations qu'a connu l'Asie du Sud-Est. C'est pour cette raison que l'amélioration des rendements doit s'accompagner d'une protection plus stricte des forêts. L'Indonésie a interdit la déforestation depuis 2011 mais sa législation est truffées de lacunes. La Table ronde pour une huile de palme durable (Roundtable on Sustainable Palm Oil) certifie l'huile de palme qui respecte certaines normes environnementales depuis plus de dix ans mais ses membres sont encore nombreux à abattre les forêts. Les promesses de l'été dernier de mettre fin à la destruction des forêts par le gouvernement, les producteurs d'huile de palme et les entreprises qui utilisent cette huile montrent que ces efforts gagnent du poids.

Pour Philip Taylor, « un moratoire sur la déforestation est nécessaire » mais il souligne que les engagements récents d'entreprises telles que Wilmar et Golden Agri pour mettre fin à la déforestation marquent une progression significative sur la bonne voie. « Ces géants représentent une part énorme de l'industrie de l'huile de palme. »

Si les plus de 1 000 raffineries d'huile de palme existant dans le monde transformaient leur méthane en électricité, cela réduirait par trente-quatre l'impact climatique de l'activité.

De l'autre côté de la chaîne de production, Philip Taylor indique des objectifs plus faciles à atteindre pour réduire le coût de l'huile de palme sur l'environnement. Ses propres recherches et celles d'Alan Townsend montrent que le méthane émis par les raffineries d'huile de palme représente plus d'un tiers de l'impact de l'industrie de l'huile de palme sur le climat et un seul bassin d'eaux usées d'une raffinerie d'huile de palme rejette chaque année l'équivalent de 22 000 voitures en gaz à effet de serre. Ce méthane pourrait servir à fabriquer de l'électricité simplement en couvrant le bassin et en installant un générateur de biogaz. Si toutes les raffineries au monde (plus de 1 000) transformaient leur méthane en électricité, cela réduirait par trente-quatre l'impact de leur activité. Mais seules 5 % des installations sont équipées.

En Indonésie, les usines et raffineries d'huiles de palme génèrent déjà leur propre électricité grâce à la combustion des déchets solides du fruit. Elles se trouvent en général éloignées du réseau électrique et ne disposent ni des infrastructures, ni des politiques nécessaires pour alimenter ce réseau en électricité. Mais elles pourraient envoyer l'énergie aux villages voisins.

« C'est ce que font New Britain Palm and Musim Mas », explique Philip Taylor.

L'initiative en faveur d'une huile de palme durable de l'Indonésie exige des producteurs d'huile de palme qu'ils commencent à développer la capture de biogaz, ce qui devrait accélérer l'adoption de cette technologie par plus d'entreprises.

Et les centaines de véhicules impliqués dans la chaîne d'approvisionnement de l'huile de palme à l'échelle nationale pourraient rouler au gaz liquide, un carburant qui connaît un développement accéléré ailleurs en Asie. Dans la province de Riau, je n'ai jamais emprunté une route ni passé une heure sans voir de nombreux camions jaune vif remplis de régimes écarlates de noix de palme. Tous ces véhicules pourraient utiliser un carburant bon marché et facilement disponible qui offrirait un revenu complémentaire aux raffineries d'huile de palme tout en réduisant leur impact climatique.

Selon Philip Taylor, « c'est quelque chose qui va se développer dans les années à venir. »

Mais ces années seront également porteuses d'un appétit insatiable d'huile de palme. L'un des producteurs, Asian Plantations, estime que la demande mondiale d'huiles comestibles devrait plus que quadrupler d'ici 2050. L'huile de palme devrait en fournir plus de 60 %.

C'est pourquoi, dans la recherche de solutions de remplacement de l'huile de palme, ce qui compte avant tout, c'est sans doute le sentiment d'urgence.

Michael Kodas est directeur associé du Center for Environmental Journalism de l'Université du Colorado à Boulder. Il est également un photojournaliste primé, écrivain et iconographe. Retrouvez-le sur Twitter @MichaelKodas ou sur son site web MichaelKodas.com

La longue marche d'un éléphant vue comme un signe de stabilisation de la Somalie

samedi 19 mars 2016 à 09:11
An African Bush Elephant. Photo released under GNU Free Documentation License by Wikipedia user Muhammad Mahdi Karim.

Un éléphant africain. Photo sous licence GNU Free Documentation sur Wikipedia, crédit Muhammad Mahdi Karim.

Un éléphant mâle solitaire appelé Morgan a surpris les environnementalistes en effectuant une marche de  220 kilomètres, du Kenya à la Somalie.  Les éléphants n'ont pas été vus, où très rarement, en Somalie au cours des dernières vingt années, en raison de la guerre civile.

Morgan, qui a environ 30 ans, portait une balise sur collier, ce qui a permis de visualiser sa marche de trois semaines vers le nord. Des articles de presse affirment qu'il s'agit du premier éléphant vu en Somalie depuis le début de la guerre civile, dans les années 1980.  Al Jazeera avait cité des autorités locales somaliennes en septembre  2015 : elles assuraient que des lions, des léopards, des girafes, des buffles et des autruches avaient traversé la frontière vers la Somalie.

“De tous les traçages que nous avons effectués en Afrique, ces transhumances (et les circonstances qui les entourent) sont exceptionelles” confirme Iain Douglas-Hamilton de l'association Save the Elephants. “La traversée par ce mâle solitaire de tout le district de Lamu, depuis la rivière Tana jusqu'à la frontière somalienne n'a jamais été vue par personne avant.”

Morgan a quitté le delta de la rivière Tana au Kenya à la mi-février et est arrivé en Somalie au début de mois de mars. L'éléphant a passé moins de 24 heures en Somalie avant…de rebrousser chemin.

Pourquoi les éléphants ont-ils quitté la Somalie il y a 20 ans ? 

 La guerre civile en Somalie qui perdure depuis les années 80 n'a pas uniquement obligé des milliers d'humains à fuir, mais également beaucoup d'animaux sauvages. Quand les populations ont fui vers les camps de réfugiés au Kenya, en Ethiopie, et ailleurs, beaucoup d'animaux, et surtout les Big Five (le lion africain, l'éléphant africain, le buffle du Cap, le léopard africain, le rhinocéros blanc ou noir) ont migré vers les grandes réserves naturelles du Kenya. Effet collatéral du conflit, les éléphants étaient la cible du braconnage, source de revenus pour les combattants.

Le sud de la Somalie était un sanctuaire pour les cinq ‘big five’ avant l'effondrement du pouvoir central en 1991. La région est arable, comparée au reste de la Somalie, aride ou semi-aride, et les deux plus grandes rivières de Somalie, Jubba et Shabelle, la traversent.

Mais c'est aussi une région tourmentée, sous le contrôle de Al Shabaab avant que l'armée du pouvoir central, épaulée par le Kenya, ne le repousse. Le bref retour de Morgan pourrait être le signe d'un retour à la stabilité.

Beaucoup d'internautes ont accueillis la nouvelle avec joie et anticipation. Sur Twitter, la Wildlife Conservation Society écrit :

La marche épique de l'éléphant, de Lamu à la Somalie, prouve l'importance de la préservation de l'habitat et des corridors pour les éléphants https://t.co/VAUf398zDL pic.twitter.com/cPAqjRQFZ7

‘S'il vous plait, fermez-la’

L'histoire de Morgan a été publiée sur la page Facebook de Save the Elephants, et certains ont trouvé qu'elle aurait du rester secrète même si selon les relevés de géolocalisation, l'éléphant ne s'est aventuré que sur 3km en Somalie. Les braconniers lisent aussi Facebook.

Adrienne Hesford écrit :

the very best thing for Morgan, would have been to keep silent about his existence and whereabouts. I now fear for the safety of him and any other elephants in his area.

La meilleure chose à faire pour Morgan serait d'avoir gardé le silence sur son existence et le lieu où il se trouve. Je crains maintenant pour sa sécurité et celle de tout autre éléphant dans les parages.

Julie Goodison donne ce conseil :

the BEST thing you can do for Morgan is to please SHUT UP about his whereabouts for heavens sake!!!! and dye his tusks of course

La MEILLEURE chose que vous puissiez faire pour Morgan, c'est de, s'il vous plait, LA FERMER et ne pas révéler où il se trouve, pour l'amour du ciel !!!! Et teindre ses défenses, bien sûr.

Christie Haskins s'interroge sur la logique de la publicité qui entoure la longue marche de Morgan.

This post and publicity is bad because it places this magnificent elephant at unnecessary risk. I'm very worried about him.

Ce post et cette publicité sont néfastes, parce qu'elles mettent ce magnifique éléphant en danger, sans nécessité. Je suis très inquiète pour lui.

Les éléphants africains sont considérés comme vulnérables, sur la liste rouge des espèces en danger de l'IUCN, exposé au braconnage et à la destruction de leur habitat naturel.

‘Les miracles arrivent’

Barbara Thomson remarque:

Miracles happen, now we must keep an eye on this elephant, and the Somalis should be encouraged toward conservation and not killing.

Les miracles arrivent, maintenant, nous devons garder un oeil sur cet éléphant, et les Somaliens devraient être encouragés à les protéger, pas à les tuer.

Julius Mbuyi pense que le Kenya est le meilleur endroit où Morgan puisse vivre :

That elephant need to be returned to Kenya at the earnest time possible!

Cet éléphant doit être rendu au Kenya aussi rapidement que possible !

Nilmini Lekamge suggère que l'éléphant soit surveillé :

Can they put a guard for him? He is tagged after all. If there is only one, it shouldn't be hard. I hope!!

Ne pourrait-on pas lui affecter un garde ? Il porte une balise de toute façon. S'il n'y en a qu'un, ce ne devrait pas être trop difficile. J'espère !!

Un Somalien sur Facebook, Young Ak,demande au  Kenya de rendre les éléphants somaliens :

Sweet home sweet welcome back home civil war is over! Kenya should return the remaining Somali Elephants or share 10% of Tourist revenues for 200 years with Somalia.

Sweet home, bienvenue à la maison, la guerre civile est finie ! Le Kenya devrait rendre le reste des éléphants somaliens ou partager 10 % des revenus tirés du tourisme pendant 200 ans avec la Somalie.

En Jamaïque, les femmes dominent le monde de l'édition

vendredi 18 mars 2016 à 21:18
Publisher Tanya Batson-Savage visits the Trench Town Reading Centre in Jamaica. Photo by the author, used with permission.

L'éditrice Tanya Batson-Savage visite le centre de lecture de Trench Town en Jamaïque. Photo de l'auteure, utilisée avec sa permission.

Le 8 mars a eu lieu la Journée internationale pour les droits des femmes, et nous avons décidé dans l'optique du thème de l'année 2016, la parité femmes/hommes, de nous intéresser aux Caraïbes.

Avec le Festival du livre de Kingston  en Jamaïque, l'engagement croissant des femmes dans tous les aspects de l'édition devient visible. Qu'il s'agisse d'écrire, de publier ou de promouvoir les livres, elles instaurent une dynamique dans le marché du livre en Jamaïque grâce à leur esprit d'initiative et à leur créativité, mais aussi simplement grâce à de bonnes histoires.

Ce festival est présidé par l'auteure de livres pour la jeunesse Kellie Magnus, éditrice de Jack Mandora Books (« des histoires pour enfants pour les enfants du monde entier »). Kellie Magnus est diplômée de Harvard et de l'université Columbia ; la ville de New York a décidé d'intégrer son livre pour enfants « Petit lion va à l'école » au cursus scolaire. Particulièrement intéressée par l'éducation et les besoins spéciaux de la petite enfance, Kellie Magnus a également produit une série pour les enfants autistes.

Dans un entretien avec Anansesem, un webzine spécialisé dans la littérature pour enfants, Kellie Magnus a souligné la rareté des bons livres pour enfants dans la zone Caraïbe, en dépit de l'augmentation de la demande de livres destinés aux enfants caribéens et sur eux, dans la région et dans la diaspora. C'était il y a deux ans, mais l'immense majorité du marché du livre est toujours constituée de livres scolaires. Kellie Magnus pensait sincèrement qu'il devait y avoir de nombreux livres que les enfants aimeraient vraiment lire. Elle concluait:

I think when it comes to children’s books we need to try a little harder. Caribbean children deserve it.

Je pense que, sur la question des livres pour enfants, nous devons faire un peu plus d'efforts. Les enfants caribéens le méritent.

Manuels pédagogiques et tradition narrative bien vivante

Pour le Festival du livre de Kingston, Kellie Magnus s'est associée à l'éditrice Latoya West-Blackwood, qui a pris récemment la tête de l’Association jamaïcaine de l'industrie du livre (BIAJ pour son acronyme en anglais) vieille de 27 ans. Fondatrice et PDG de Publish Consultancy et iMagiNation Books, West-Blackwood est la plus jeune dirigeante de l'organisation à ce jour.

La vision de cette dernière est d'encourager l'alphabétisation et l'amour de la lecture comme des outils pour le développement du pays, la croissance économique et l'excellence éducative. Comme elle l'a observé le 7 mars 2016 lors du lancement du concours national de lecture du Service des bibliothèques de Jamaïque [N.d.T réseau de bibliothèques publiques réparties sur l'ensemble de l'île et accessibles gratuitement à la population] , les livres offrent « une voie vers la sauvegarde culturelle ».

Latoya West-Blackwood with 2015 winners of the Jamaica Library Service National Reading Competition. Photo by the author, used with permission.

Latoya West-Blackwood avec les lauréats 2015 du concours national de lecture du Service des bibliothèques de Jamaïque. Photo de l'auteure, utilisée avec sa permission.

Tanya Batson-Savage, autre femme jamaïcaine dans l'édition, est tout aussi entreprenante. Elle a lancé Blue Moon Publishing il y a six ans dont l'objectif initial était de contribuer à combler les manques dans le domaine des livres pour la jeunesse. Sa maison d'édition, Blouse and Skirts Books, propose davantage de titres pour adultes et comprend le roman « All over again » de l'écrivaine nigériano-jamaïcaine A-dZiko Simba Gegele, lauréate du premier Burt Award for Caribbean Literature, pour les jeunes adultes.

Carlong Publishers, établie par l'éditrice pionnière Shirley Carby il y a 20 ans, n'est pas  présente uniquement aux Caraïbes et présente une grande variété de publications pédagogiques. La passion de Shirley Carby pour les livres s'est transmise aux nouvelles générations : sa fille, Candice, a rejoint la direction de la BIAJ (que sa mère a cofondée) où elle est en charge du marketing et de la communication.

Olive Senior, qui vit à Toronto, est venue sur son île natale pour le Festival du livre de Kingston. L'an dernier, elle était venue promotion son document sur les travailleurs du Canal de Panama, « Dying to Better Themselves » qui a obtenu l'OCM Bocas Literary Prize for Non-Fiction en 2015. Le lancement de son dernier recueil de nouvelles, « The pain tree », a eu lieu le 10 mars sur le campus Mona de l'université des Indes occidentales (UWI) à Kingston ; il figure maintenant dans la présélection de l'OCM Bocas Prize for Caribbean Literature tout comme le livre d'une autre écrivaine jamaïcaine, Jacqueline Bishop.

Des auteurs locaux

Si Olive Senior et Jacqueline Bishop vivent à l'étranger, certaines auteures jamaïcaines entretiennent la flamme littéraire sur place. La militante écologiste Diana McCaulay est une écrivaine prolifique qui trouve le temps de défendre des causes environnementales en tant que PDG et fondatrice du Fonds jamaïcain pour l'environnement. On trouve parmi ses œuvres les romans fascinants « Dog-Heart » (2010) et « Huracan » (2012). Sa nouvelle « The Dolphin Catchers» a remporté le Prix de la nouvelle du Commonwealth en 2012.

Son troisième roman, le premier destiné à de jeunes adultes (une catégorie qui suscite de plus en plus d'intérêt de la part des écrivains de la région), « Gone to Drift », a été publié en février 2016 par Papillote Press, une petite imprimerie située à la Dominique. Basée sur « The Dolphin Catchers », cette histoire de mer et de pêcheurs a gagné le deuxième prix du Burt Award for Caribbean Literature en 2015. Diana McCaulay travaille actuellement à ses mémoires.

Gwyneth Harold Davidson and Jean Forbes in conversation with Latoya West-Blackwood. Photo by the author; used with permission.

Gwyneth Harold Davidson and Jean Forbes discutent avec Latoya West-Blackwood. Photo de l'auteure; utilisée avec sa permission.

Les auteures jeunesse Diane Browne et Helen «Billy» Elm Williams tiennent toutes deux un blog ; et Gwyneth Harold Davidson, Jean Forbes et d'autres continuent d'écrire et d'apporter leur contribution dans le domaine de l'éducation de bien des manières.

Un lieu de poésie  et de militantisme

La poésie a également sa place. Les poètes jamaïcaines possèdent un héritage précieux à travers l’œuvre de Louise Bennett-Coverly, qui a fièrement fait découvrir au monde le patois jamaïcain (une langue créole basée sur l'anglais parlée en Jamaïque). La nouvelle génération de femmes poètes dans le pays se développe – le premier recueil de poésie d'Ann-Margaret Lim saisit de façon poignante des expériences de vie en Jamaïque et les poèmes de Tanya Shirley, qui enseigne au Département de littérature anglaise sur le campus Mona de l'université des Indes occidentales, ont été largement publiés et ont valu à leur auteure de recevoir de nombreux éloges pour son travail.

Il est important de souligner que les écrivaines et éditrices jamaïcaines n'écrivent pas simplement pour leur propre plaisir, pour gagner des prix ou faire des bénéfices. Elles ont en elles une forte fibre militante. Elles croient avec ferveur au pouvoir de la lecture et à son importance pour le développement du pays, et se rendent fréquemment dans les écoles et les communautés pour « répandre la bonne parole » avec un zèle de missionnaire.

Jean Forbes (juge pour le concours de lecture du Service des bibliothèque de Jamaïque) a attiré l'attention lors du lancement du concours sur le fait que de faibles taux d'alphabétisation ont un impact négatif sur la pensée critique et les compétences en matière de résolution de problèmes en Jamaïque, ce qui entraîne une incapacité à communiquer de manière efficace et une tendance à résoudre les conflits dans la violence. De fait, la lecture et l'alphabétisation ont un rôle crucial à jouer dans la société, et les femmes jamaïcaines en sont les porte-drapeaux.

Au Népal, des artistes de rue peignent des triangles équilatéraux sur les bâtiments détruits par le tremblement de terre

vendredi 18 mars 2016 à 18:14
Triangolism in Kathmandu. Italian street artist Riccardo Ten Colombo painted equilateral triangles on buildings brought down by the earthquake. Image by Sunil Sharma. Used with permission.

Triangulisme à Katmandou. Riccardo Ten Colombo, artiste urbain italien, a peint des triangles équilatéraux sur des bâtiments effondrés par le tremblement de terre. Photo de Sunil Sharma. Avec son autorisation.

Les rues de Katmandou servent de toile à une nouvelle forme d'art -des triangles équilatéraux peints sur les murs délabrés des bâtiments qui se sont écroulés suite au tremblement de terre d'avril 2015.

L'artiste urbain italien Riccardo Ten Colombo en collaboration avec le collectif des arts et médias de Sattya — centre de ressources pour les artistes plasticiens, les cinéastes, les photographes, les activistes et autres créatifs népalais — et l'artiste local Rupak Raj Sunuwar, connu sous le nom de Thugucheaa, ont recouvert de triangles équilatéraux les bâtiments des quartiers de Thamel, Freak Street et Basantapur à Katmandou.

Selon Ricardo, le triangle équilatéral symbolise la stabilité et la force pour une reconstruction solide de ces quartiers.

Près de 9.000 personnes ont été tuées lors de ce tremblement de terre de magnitude 7-8, et d'innombrables bâtiments ont été démolis. Riccardo avoue avoir été très impressionné par la résilience des népalais après la tragédie. Sur Instagram, il se souvient:

Là où les habitants ont perdu leurs familles, leurs amis, leurs maisons et tous leurs biens, la reconstruction a maintenant débuté tout doucement. Alors que je regarde autour de moi, stupéfait, incapable de réaliser ce qu'a pu être le tremblement de terre. Un homme s'approche de moi en souriant, il me montre un tas de briques et me dit en pleurant “bienvenue chez moi”. C'est là, sur ces décombres, que j'ai peint le premier triangle.

Welcome to my home “Triangolism in Kathmandu” for @kolorkathmandu Equilateral triangle, a symbol of stability and strength, a wish to the future reconstruction of these neighborhoods. I decided to paint in this area, in the center of Kathmandu, brought to its knees by the 2015 earthquake. Here, where the inhabitants have lost relatives, friends, their homes and all their belongins, preliminary rebuildings are now taking place. As I looked around, stunned, unable to understand what might have really been the shakes, a man approaches me smiling, and pointing to some heaps of bricks he cries "welcome to my home." Thats when I painted the rubble of the first triangle. Tnx to @thugucheaa @sattyamedia @kolorkathmandu #nepal #eartquake #triangolismo #kathmandu #italianstyle #triangolism #streetart #urbanart #ten

A photo posted by Riccardo Ten Colombo (@riccardo_ten_colombo) on

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C'est une grande chance d'avoir pu travailler avec Ricardo, dit Thugucheaa.

Screenshot from Instagram - See more images with hashtag #trianolismo

Capture d'écran d'Instagram. D'autres photos avec le hashtag #triangolismo

 

Le collectif des arts et médias de Sattya travaille actuellement sur un projet intitulé Kolor Kathmandu qui a pour objet de transformer Katmandou en une “galerie d'art ouverte”. Alors surveillez l'art urbain qui va envahir le Népal.