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Art et éducation au Suriname

mercredi 1 octobre 2014 à 12:22

En se référant au livre Education Through Art [L'éducation à travers l'art] du critique d'art anglais Sir Herbert Read, Carmen Dragman, via le Blog Srananart, souligne l'importance de l'art dans l'éducation, suggérant que le modèle actuel aux Caraïbes nuirait aux élèves en ne reconnaissant pas la force de cette matière comme exutoire créatif et outil d'apprentissage :

Teachers and policy makers often actually know that art education is important for each individual, but don’t actually realize as yet how important the subject is. These lessons are mostly seen as ‘means of relaxation’ but not as means of support. Surely not before tests and examinations…

Les enseignants et les responsables politiques veulent bien admettre que l'éducation artistique soit importante pour chaque individu, mais ils ne réalisent pas réellement à quel point cette matière est essentielle. Les leçons sont la plupart du temps considérées comme un “moyen de relaxation” et non pas comme un moyen de soutien. Mais surtout pas avant les contrôles et les examens…

Dragman croit en l'apprentissage par la pratique – le mouvement, les jeux, les activités manuelles, le jeu de rôle – et elle donne plusieurs exemples issus de son expérience de l'enseignement, qui témoignent du succès de cette approche. Elle considère que :

If expressive education is given correctly, the cognitive, socio-emotional, sensitive, motoric, affective and creative development of the child will be stimulated. It is therefore very important that this subject be not only presented as an isolated subject, but be also integrated in the other school subjects.

Si l'enseignement artistique est donné correctement, le développement cognitif, socio-affectif, moteur, affectif et créatif de l'enfant sera stimulé. Il est cependant très important que cette matière ne soit pas présentée en tant que matière isolée, mais intégrée aux autres disciplines scolaires.

Les Taïwanais voient dans les manifestations pro-démocratie de Hong Kong un avant-goût de leur avenir en Chine

mardi 30 septembre 2014 à 20:33
The supporters from the Black Island Youth.' Photo by the Black Island Youth. CC BY-NC 2.0.

Partisans de la ‘Jeunesse de l'Ile Noire'. Photo Black Island Youth. CC BY-NC 2.0.

[Liens en chinois et anglais] S'il n'en tenait qu'à Pékin, l'île démocratique de Taïwan serait réunifiée avec la Chine continentale sous ce même système politique appelé “un pays, deux systèmes” qui donne à Hong Kong un certain degré d'autonomie par rapport au gouvernement central (au moins en théorie). 

Mais tandis que des milliers de manifestants continuent à réclamer dans les rues de Hong Kong des élections authentiquement démocratiques, au milieu des gaz lacrymogènes et des sprays au poivre, des Taïwanais pensent que l'idée “un pays, deux systèmes” est un échec et que l'autonomie dont “jouit” Hong Kong, une imposture. 

Les militants étudiants taïwanais ont exprimé leur solidarité avec la grève des étudiants hongkongais le 22 septembre 2014 dans l'espoir de sensibiliser Taïwan à la manipulation par Pékin de la réforme électorale de Hong Kong.

En réaction aux violents affrontements entre manifestants étudiants et policiers de Hong Kong le 27 septembre et au début du sit-in géant surnommé Occupy Central le lendemain, plus d'un millier de personnes se sont rassemblées Place de la Liberté à Taipei pour exprimer leur solidarité avec les protestataires de Hong Kong.

Pékin autorisera l'ancienne colonie britannique à élire son prochain chef de l'exécutif au suffrage direct, mais requiert des candidats d'obtenir l'investiture majoritaire d'un comité de nomination largement pro-Pékin pour voir leur nom imprimé sur les bulletins de vote. Les contestataires arguent que ce cadre électoral, présenté par le Comité permanent du Congrès National du Peuple, va à l'encontre de la promesse de suffrage universel faite à Hong Kong.  

Black Island Youth [Jeunesse de l'Ile Noire], un groupe militant actif dans le Mouvement des Tournesols à Taïwan a motivé son soutien à la protestation de Hong Kong sur sa page Facebook :

黑色島國青年陣線過去一年來,在臺灣反對同樣罔顧人民聲音的中國國民黨,並抵抗其背後日益鮮明的「中國因素」。我們對於香港青年在香港抵抗中國共產黨的勇氣與努力非常敬佩。

La Jeunesse de l'Ile Noire a protesté contre le [parti au pouvoir favorable à l'unification] Kuomintang, qui persiste à ignorer la voix des citoyens taïwanais, et a résisté au ‘facteur Chine’, qui pèse de plus en plus sur le Kuomintang. Par conséquent, nous respectons hautement le courage et l'engagement de la jeunesse de Hong Kong montrés dans leur protestation contre le Parti communiste chinois (PCC).

Pékin refuse l'indépendance de Taïwan et considère l'île comme un territoire dissident.

Le blogueur taïwanais shophist4ever a souligné que le cadre électoral imposé à Hong Kong par Pékin reflétait l'échec du “un pays, deux systèmes” :

其實中國政府可以不用作的這麼難看,畢竟一國兩制有示範給台灣看的目的存在。結果現在中國端出來的所謂「政改框架」,根本就是由北京來欽定特首的設計,真正看過民主國家普選制度的人,一定是無法接受的。

Le gouvernement chinois ne devrait pas faire tourner les choses aussi mal. Le ‘un pays, deux systèmes’ à Hong Kong a aussi valeur d'exemple pour Taïwan. Quoi qu'il en soit, le soit-disant ‘cadre de réforme électorale’ proposé par la Chine est bâti en réalité autour d'un chef de l'exécutif [hongkongais] choisi par Pékin. Pour quelqu'un qui a connu une vraie élection dans un pays démocratique, ils n'accepteront pas cette proposition.

Kuo-Chang Huang, un des meneurs du Mouvement des Tournesols, qui a occupé trois semaines le Parlement de Taïwan pour protester contre un accord commercial négocié dans le secret avec la Chine, a relevé que l'infiltration du Parti communiste chinois à Hong Kong a érodé l'état de droit dans la Région Administrative Spéciale, et avertit Taïwan de ne pas mettre ses pas dans ceux de Hong Kong :

如果你要看中共滲透一個社會的方式,你去看香港。他們已經到讓人難以理解的程度,本來香港不該容許這種事,以前英國殖民時,香港沒有民主,但有法治;但現在香港法治的實際實踐,會讓你覺得香港沒有民主,連法制也逐漸在流失當中。

Si vous voulez observer comment le PCC infiltre une société, voyez Hong Kong. Les choses ont changé à un degré difficile à comprendre. Il ne faut pas tolérer cela à Hong Kong. Sous le gouvernement britannique, il n'y avait pas de démocratie à Hong Kong, mais il y avait un système de lois. A présent d'après la pratique des institutions juridiques de Hong Kong, on ressent l'absence de démocratie, et la dégradation du système de lois.

香港之前一國兩制、選特首、五十年不變的承諾,中國可以說翻臉就翻臉,他當然知道這樣翻臉有政治代價,你就是說話不算話的政權,自己作的承諾都可以公然毀棄,但他為何敢做?因為香港已經是中國的囊中物了,我已經把你放在口袋裡了--香港人,你們放棄反抗,我已經把你緊緊握在手上,你奈我何?

Le PCC a promis à Hong Kong ‘un pays, deux systèmes‘, le droit d'élire le chef de l'exécutif, et pas de changement avant 50 ans. Malgré cela, le PCC a changé d'avis du jour au lendemain. Le PCC n'ignore sans doute pas le coût politique de sa trahison—il devient un parti fourbe qui brise publiquement sa promesse. Pourquoi le PCC ose-t-il ? Parce que Hong Kong est dans la poche de la Chine—Hong Kongais, vous êtes dans ma poche. Renoncez à votre résistance. Vous êtes entre mes mains, que pouvez-vous faire ?

從中國角度來看是這樣的,對台灣也一樣,中共希望台灣在經濟上不斷依存中國市場,這樣他就可以慢慢把台灣收入口袋中,之後在政治上,他有太多籌碼,讓台灣人認知現實,「你已經逃不出我的手掌心,你還要跟我談什麼?」這是兩岸關係的最後結果,是把台灣慢慢配合中共統戰策略、放到中共口袋中

Du point de vue de la Chine, Taïwan est dans la même position que Hong Kong. Le PCC veut rendre Taïwan économiquement dépendant du marché chinois de façon à pouvoir mettre lentement Taïwan dans sa poche. Après cela, le PCC aura beaucoup d'atouts dans la négociation politique. Le PCC mettra les Taïwanais devant la réalité. ‘Vous ne pouvez pas vous échapper de ma main, que vous voulez-vous donc négocier avec moi ?’ L'objectif final de la relation entre les deux rives du détroit est de réunifier Taïwan [avec le continent] et de mettre Taïwan dans la poche du PCC.

The supporters in the Freedom Square.' Photo by the United Social Press. CC BY-NC 2.0.

Rassemblement de solidarité Place de la Liberté. Photo The United Social Press. CC BY-NC 2.0.

Les manifestations de Hong Kong ont en tous cas inspiré les militants taïwanais. Le professeur retraité Chin-Hsing Liu a raconté ce qu'il a vu lors de sa visite à Hong Kong en juin dernier, quand s'est déroulé un référendum non officiel sur les droits de vote, qui a récolté des centaines de milliers de signatures :

這次香港行,給我很大的震撼,過去我以為香港既已回歸,土地相連,人民都自認是中國人,怎麼可能脫離「祖國」的魔掌?[…]我錯了。已經孵化的小雞,不可能再塞回蛋殼去。曾經擁有自由的人,也不會放棄自由的。香港的民主運動起步雖遲,卻方向堅定,力道十足。

Ce voyage à Hong Kong a été un bouleversement pour moi. Avant, je pensais que, puisque la souveraineté de Hong Kong a été transférée à la Chine, que Hong Kong est géologiquement relié à la Chine, et que les Hong Kongais se considéraient comme Chinois, comment peuvent-ils échapper à la main de la Chine ? […] Je me trompais. On ne peut pas faire rentrer le poussin de force dans l'oeuf. Quelqu'un qui a connu la liberté ne renoncera pas à la liberté. Même si le mouvement démocratique de Hong Kong a commencé tardivement, sa direction est ferme et sa puissance, totale.

“Moi, ex-bénéficiaire des quotas” : le témoignage d'une Brésilienne pauvre, noire et courageuse qui a lutté

mardi 30 septembre 2014 à 13:57
Programa afroatiude, autor Alexsandro de Brito Almeida

Couverture du rapport sur la première année du programme Afroatiude, par Alexsandro de Brito Almeida. Reproduction autorisée.

A 27 ans, Gabriela Moura est une jeune Brésilienne qui peut déjà dire qu'elle a réussi dans la vie. Venue de la banlieue et de l'école publique du nord du Parana, elle a entretenu un rêve qu'elle appelle une “très grande audace” : entrer à l'Ecole des Relations Publiques de l'Université de Londrina. Ce n'est pas un rêve facile au Brésil, pays où les enfants de couturières, de domestiques et de baby-sitters, comme elle, n'étaient pas habitués à “avoir des rêves à part celui d'arriver à la fin de l'enseignement secondaire.

Dans un article intime et émouvant, elle raconte le parcours qu'elle a effectué pour passer le baccalauréat, à 17 ans, et comment elle a affronté les préjugés et le racisme en tant qu'étudiante acceptée à l'université grâce au système de quotas raciaux en place dans les institutions de l'enseignement supérieur. Gabriela parle aussi du premier contact avec la culture noire, qui changea sa vie pour toujours – et, depuis alors, change la vie de tous les jeunes noirs qui passent sur son chemin.

Gabriela Moura

Gabriela Moura, le 7 mars 2014. Publiée avec autorisation.

Voici quelques extraits du témoignage de la blogueuse, qui attire l'attention de la blogosphère brésilienne. En commençant  avec sa préparation en autodidacte du baccalauréat.

A 16 ans, j'ai décidé de changer d'emploi du temps à l'école, passant du matin au soir, pour avoir ainsi du temps pour travailler et payer un cours de préparation au baccalauréat. Et ceci était déjà d'une grande audace : souhaiter entrer à l'Université de Londrina. Ma mère ne m'a pas laissé suivre mes plans, en disant que ce serait trop difficile de concilier le travail et l'école, et qu'il me resterait peu ou presque pas de temps libre pour me divertir et faire des choses d'adolescents. C'est pour cela que j'ai commencé à étudier à la maison, juste avec les livres scolaire – internet était un luxe inimaginable. En vérité, je n'avais même pas d'ordinateur, et je n'avais pas la moindre idée de quand j'en aurai un. Ma mère travaillait comme couturière indépendante.

Sur la réussite au baccalauréat et les préjugés à l'université : 

Pour écourter cette partie de l'histoire : en février 2005 je suis allée à une fête organisée par la radio locale, qui annonçait les résultats du baccalauréat en direct, et quand ils ont diffusé le bulletin des résultats (commandé par le plus grand collège privé de la ville, rires), mon nom était là, et, naturellement, ma mère a pleuré quand elle a eu la nouvelle au téléphone, avec un portable que j'ai emprunté à un ami.

Tout aurait bien été s'il n'y avait pas un petit bémol : j'étais une bénéficiaire des quotas. C'est comme si je portais un panneau lumineux disant que je n'appartenais pas à ce lieu. Depuis le début, j'ai entendu des remarques hostiles de personnes qui disaient ouvertement que je ne devrais pas être là, d'après elles, pour les motifs suivants:
– Elles avaient beaucoup étudié, avaient payé 2, 3, 4 années des cours les plus chers de la ville, justement pour avoir plus de chances.
– De mauvais résultats de ma part retarderaient toute la classe.
– C'est du racisme inversé contre les blancs.
– Ca crée des paresseux.

Sur la réalité d'une étudiante pauvre et bénéficiaire des quotas :

Pour le racisme inversé, on fait semblant de ne pas avoir entendu, pour le bien de notre santé mentale. Et s'ils insistent, une leçon expliquant le massacre des populations noires devrait être suffisant. Sinon, c'est parce que l'auditeur a vraiment mauvais caractère. Et cela faisait aussi surgir un doute : une personne qui étudie 4 ans dans une école privée et qui accuse une bénéficiaire des quotas d'avoir volé sa place ? Ce n'est pas logique. Mais l'argent était encore important.

Maintenant, arrive la nouvelle partie de mon roman.
Sur le  supposé “vagabondage” des bénéficiaire des quotas : probablement l'accusation la plus bizarre dans cette mer de fumier raciste. Le cours de Relations Publiques n'est pas le plus cher. Les livres coûtent environ 40 Reais. L'exception sont les livres d'économie et de marketing qui dépassent les 100 Reais. Mais tout le volume de photocopies à faire commença à ruiner le compte bancaire que je n'avais plus. Et, certains jours, je devais choisir entre payer 3 reais de ticket de bus ou utiliser ces mêmes 3 reais pour acheter de la nourriture. Dans l'environnement académique, toutefois, la performance était équivalente. Je ne me sentais pas moins capable que mes collègues venus d'écoles privées.

Sur l’Afro-attitude, projet qui a uni des élèves bénéficiaires des quotas de 10 universités publiques :

Avec ce projet je suis entrée en contact avec la culture noire, qui m'était inconnue, j'ai utilisé l'argent de la bourse pour acheter le premier ordinateur de ma vie, j'ai étudié la vulnérabilité de la population noire et cela a servi de déclencheur pour tout ce que je suis aujourd'hui. Soutenus par le Secrétariat des Droits Humains du Gouvernement Fédéral, nous avons eu la chance d'étudier l'influence et les carences des populations noires des régions dans lesquelles nous vivions, et nous avons pu finalement saisir tout le travail qu'il restait à faire. Je ne sais pas si j'arrive à être objective sur ce point et à bien expliquer l'importance de ce projet dans ma vie. Disons que mon intellect a gagné à la loterie. Une débauche d'informations. Parallèlement à cela, je voulais comprendre pourquoi quelques camarades insistaient sur le fait que moi et mes autres amis bénéficiaires des quotas étions inutiles, et pourquoi nous devrions ne pas être là.

La remise des diplômes et les résultats :

J'ai terminé mes études en 2008, sans avoir ma photo exposée sur l'affiche de la fête. comme mes camarades, car je n'ai pas pu payer l'entrée à la fête. J'y suis allée invitée par une amie. J'ai étudié en détestant les fêtes de remise des diplômes et en me sentant disloquée.

Mais ce qu'il faut dire, c'est que oui, les quotas fonctionnent. Et ils dérangent aussi. Ils dérangent parce qu'ils prouvent que le baccalauréat ne sert plus à rien, et parce que ça modifie un environnement qui, jusqu'à il y a 10 ans, était homogène. Blanc. Les quotas prouvent que ‘l'élite intellectuelle’ est un terme inventé pour déprimer et effrayer ceux qui ne possèdent pas de grandes quantités d'argent à dépenser dans des écoles qui vendent plus une image que de la connaissance. Ou pour maintenir ces personnes loin du besoin de l'école publique, parce que, finalement, pourquoi se préoccuper de l'école de la fille d'une domestique si la tienne peut étudier dans le palace du centre ville ?

Et après la remise des diplômes :

Embauchée comme attachée aux Relations Publiques, je suis à 24 ans, gérante de l'entreprise où je travaillais. C'est pas mal.

J'ai repris mes études en 2010, cette fois j'ai choisi d'apprendre à lire, écrire et parler l'arabe moderne et l'arabe classique. J'ai étudié le cinéma, la littérature, la philosophie et l'histoire arabe.  

Sur le système des quotas :

Le système des quotas pour les noirs est simple à comprendre, il est fait pour l'insertion des personnes noires à l'université. Il n'a pas remplacé la nécessité de repenser l'éducation de base, mais empêche que la disparité raciale du pays augmente. Le système des quotas n'est pas autre chose qu'un système inclusif. Aussi, c'est un peu léger de l’appeler “aumône gouvernementale”, parce qu'une des obligations du gouvernement c'est justement de veiller au bien-être de ses citoyens, et les bénéficiaires des quotas utilisent un droit, qui est celui d'étudier. L'erreur c'est penser que, parce que ces personnes n'ont pas eu 1500 reais par mois pendant 15 ans, elles ne méritent pas d'entrer par la grande porte de l'enseignement supérieur. Le système des quotas dérange car il montre que l'argent peut acheter des choses, des personnes même, mais ne peut acheter l'humanité.

Ne manquez pas le récit complet sur le blog Gabinóica etc.

Le système de quotas raciaux réserve des places dans les institutions publiques ou privées pour des groupes ethniques spécifiques, comme les noirs et les autochtones, comme une forme d'action affirmative pour inverser le racisme historique au Brésil envers quelques groupes ethno-raciaux. Au Brésil, l'adoption des systèmes de quotas à l'université a commencé en 2000, le système a été validé par le Tribunal fédéral suprême en 2012.

Aquarela de Gabriela Moura

Aquarelle de Gabriela Moura, publiée avec autorisation.

Abidjan : le premier Festival africain du numérique

mardi 30 septembre 2014 à 10:36

Logo Africa web festivalLe premier festival africain du numérique, qui se déroulera du 24 au 26 novembre prochain à Abidjan, propose aux  créateurs travaillant autour de ou en Afrique de participer à un concours (inscriptions jusqu'au 12 octobre).

Vous êtes journalistes, développeurs, producteurs de web tv, de web radio ; vous êtes créateurs et innovateurs et avez une idée ou un projet en tête? Inscrivez-vous au premier Africa Web Festival dans l’une des six catégories de compétition : documentaire, tourisme, fiction, animation, éducation, publicité et tourisme.
 
L’Africa Web Festival est également une plateforme d’échanges entre experts, passionnés et novices du monde entier, qui fera l’état des avancées actuelles dans le domaine du numérique et animera le débat sur la planète numérique : ses espoirs, ses enjeux et les défis auxquels l’Afrique est exposée, afin que le continent prenne sa place dans la nouvelle planète numérique.

 

En Malaisie, critiquer le gouvernement peut toujours vous conduire derrière les barreaux

mardi 30 septembre 2014 à 10:28
Launching of people's movement calling for the repeal of the Sedition Act of 1948. Photo from Suaram.net

Lancement du mouvement populaire demandant l'abrogation de la Loi sur la sédition de 1948. Photo de Suaram.net

Le Premier ministre malaisien, Najib Abdul Razak, a promis en 2012 [en vue des élections législatives l'année suivante] que son gouvernement abrogerait la Loi sur la sédition de 1948, une loi de l'époque coloniale utilisée pour museler les opposants au gouvernement. Deux ans plus tard, la loi est toujours en vigueur et les autorités continuent d'y recourir contre l'opposition politique.

Au cours de ces dernières semaines, plusieurs dizaines de personnes ont été accusées d'enfreindre la Loi sur la sédition. Depuis le 19 août dernier, dix arrestations ont été faites dans un intervalle de 26 jours. Parmi ceux incriminés pour avoir exprimé une opinion critique, on compte des avocats, des journalistes, des prédicateurs et même des académiciens.

En juillet de cette même année, Ding Jo-Ann avait expliqué dans The Nut Graph que par le passé, les dispositions générales et vagues de la Loi sur la sédition avaient fait l'objet d'un usage abusif pour faire pression sur les militants et les détracteurs du parti au pouvoir :

It is a crime to excite disaffection against the government, or the administration of justice, or even just to raise “discontent or disaffection” amongst the inhabitants of Malaysia. It contains broad offences such as promoting “feelings of ill will and hostility between different races or classes”.

The repeal of this Act is certainly desirable given its antiquated nature and perceived abuse in the selective prosecution of government critics.

Attiser le mécontentement envers le gouvernement ou à l'égard de l'administration de la justice, ou même juste provoquer ” le mécontentement ou la désaffection” parmi les habitants de la Malaisie, est un crime, qui comporte de vastes infractions comme la promotion ” des sentiments d'animosité et d'hostilité entre les différentes ethnies ou classes sociales”.

L'abrogation de cette loi est plus que souhaitable compte tenu de sa nature archaïque et de son usage perçu comme abusif dans les poursuites sélectives contre les critiques du gouvernement.

Inquiètes de cette augmentation soudaine des arrestations pour sédition, près de 128 organisations de la société civile se sont unies pour demander l'abolition immédiate de cette loi “archaïque”. Elles ont publié une déclaration et une pétition en ligne exigeant le retrait des accusations de sédition portées contre les individus qui exprimaient seulement leur opinion sur les politiques du gouvernement :

No one should be criminalized for expressing his or her opinion, no matter how his or her opinions may differ from the government's, as long as he or she is not advocating violence or religious or racial hatred.

Personne ne devrait être incriminé pour avoir exprimé son opinion, qu'elle soit ou non en accord avec celle du gouvernement, tant que cette personne ne se fait pas l'avocat de la violence ou de la haine raciale ou religieuse.

Quelque 300 universitaires ont signé la déclaration en soutien à un confrère spécialiste en droit accusé de sédition pour avoir commenté la crise politique qui a eu lieu en 2009. Le présumé commentaire ” subversif ” de l'universitaire avait été cité dans un article. ” N'est-il pas contraire à l'objet même de son travail et, de fait, de celui de milliers d'universitaires d'un système éducatif national, s'il doit être condamné sommairement pour ce qui relève clairement de sa responsabilité en tant que spécialiste ? “, peut-on lire dans la déclaration.

Les militants ont mis en place sur Twitter le hashtag  #MansuhAktaHasutan (Abolir la Loi sur la sédition) pour adjoindre le peuple à chanter, danser et s'impliquer pour abroger la loi.

Bravo ! RT @KPUM79 Voici notre infographie sur les causes qui peuvent probablement vous faire inculper en vertu de la Loi sur la sédition. #MansuhAktaHasutan pic.twitter.com/PZJFQGPDIz

— Gayathry V (@gayathry) 13 septembre, 2014

Ramon Navaratnam, le président du Centre d'Études politiques publiques de l'Institut asiatique de stratégie et de leadership [ASLI en anglais], a rappelé au gouvernement que la Loi sur la sédition  n'aide pas la Malaisie :

We have been urged to think out of the box, innovate and give feedback to the government and to help transform the economy and indeed our beloved country.

But how will this structural change be possible if honest dialogue is apparently stifled by the heavy handed use of the powerful Sedition Act?

On nous a exhortés à penser différemment, à innover, à donner notre avis au gouvernement et à contribuer à transformer l'économie ainsi que notre bien-aimé pays.

Mais comment ce changement structurel peut-il être possible si un dialogue honnête est apparemment étouffé par un recours abusif à la puissante Loi sur la sédition ?

C'est la “saison de la sédition”, a écrit K Kabilan en relevant les nombreuses arrestations faites par la police depuis août :

This is the season where one wrong word can land you in trouble, never mind if you had uttered your allegedly seditious words three years ago, or had only been putting your educated thoughts in writing. As long as it offends someone in power, you look certain to be in trouble.

C'est la saison où un mot politiquement incorrect peut vous causer bien des problèmes, qu'importe si vous avez prononcé ces prétendus mots séditieux il y a trois ans ou que vous les ayez mis par écrit. Si cela offense quelqu'un au pouvoir, vous pouvez être sûr de rencontrer des ennuis.

La section jeunesse du parti socialiste de Malaisie a accusé le Premier ministre Najib d'être un “roi de la sédition”. Le groupe l'a également prévenu que la répression légale incitera le peuple à résister :

These people (who have been arrested or charged under the Sedition Act) are not thieves, robbers, nor murderers, they merely spoke up.

The government has forgotten that this is an old tactic to frighten the people, especially the youth and the students, (but) the more oppressive they get, the more people would come forward to speak up.

Ces personnes (qui ont été arrêtées ou inculpées en vertu de la Loi sur la sédition) ne sont ni des voleurs, ni des assassins. Ils ont simplement fait entendre leur voix.

Le gouvernement a oublié que c'est une ancienne tactique pour assujettir le peuple, en particulier les jeunes et les étudiants, (mais) plus on use de l'oppression, plus le peuple a tendance à vouloir se faire entendre

Mais qu'est-ce qui a poussé les autorités à cette vague d'arrestations durant ces dernières semaines ? Nathaniel Tan pense que c'est lié au prochain congrès du parti au pouvoir : ” Je doute sincèrement que les niveaux de commentaires “séditieux” aient été plus importants depuis ces dernières semaines ou ces derniers mois. Mais plutôt que l'Assemblée Générale de l'Organisation nationale des Malais Unis [UMNO en anglais] se rapproche.”

L'UMNO, le plus grand parti politique du pays, n'a jamais perdu une élection en Malaisie. Certains partisans de la ligne dure du parti ont émis de vives critiques envers la gouvernance du Premier ministre et ils ont exprimé des réserves quant à la décision du gouvernement d'abolir la Loi sur la sédition.

En alternative à la Loi sur la sédition, certains experts gouvernementaux ont proposé la promulgation d'un projet de loi sur l'Harmonie nationale, un sur l'Unité nationale et un autre projet de loi sur la Commission de l'Unité nationale et de l'Intégration. Le gouvernement a promis davantage de consultations à propos de ces propositions, mais les groupes des droits de l'homme craignent que certaines de ces mesures ravivent surtout les dispositions “draconiennes” de la Loi sur la sédition.

Les Malaisiens célèbrent cette semaine leur fête nationale [le 16 septembre dernier] et le gouvernement profitera peut-être de cette occasion pour renouveler son engagement à promouvoir la démocratie et les droits de l'homme. Le Premier ministre Najib pourrait faire une déclaration forte en tenant sa promesse d'abolir la Loi sur la sédition.