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Des opposants burundais disent que seule la campagne pour le « oui » est permise pour le référendum qui prolongerait le pouvoir du président

mardi 6 février 2018 à 19:45
https://www.flickr.com/photos/governmentza/25242837576/

Le président sud-africain Jacob Zuma (gauche) aux côtés du président Nkurunziza (droite) en visite au Burundi, le 25 février 2016. Photo par GovernmentZA. sur Flickr CC BY-ND 2.0

En 2015, le président burundais Pierre Nkurunziza a obtenu un troisième mandat, en dépit du fait que la constitution était largement interprétée comme imposant une limite de deux mandats. Sa victoire controversée a déclenché des manifestations, un coup d’État raté, et des attaques rebelles sporadiques, qui ont poussé des centaines de milliers de personnes à fuir, tout comme de nombreux opposants politiques, militants de la société civile, et journalistes.

Le gouvernement est maintenant en train de préparer un référendum, prévu pour mai, sur des changements constitutionnels qui pourraient permettre au président Nkurunziza de rester au pouvoir jusqu’en 2034. Les prochaines élections sont prévues pour 2020.

Les amendements cherchent à autoriser au président actuel deux mandats supplémentaires, à prolonger la durée des mandats présidentiels de 5 à 7 ans, et à réduire la majorité parlementaire requise pour adopter ces lois. Une possible interdiction des coalitions d’indépendants serait une disposition d'importance, vu qu’en 2015 la coalition d’indépendants Amizero y’Abarundi était l’opposition principale au parlement.

Les opposants voient dans ces changements proposés et les élections de 2020 la consolidation du contrôle des « durs » du parti au pouvoir, y compris Nkurunziza, sur les institutions étatiques. Dans une lettre, plusieurs partis politiques ont demandé une action internationale, et la coalition d’opposition CNARED a appelé au boycott et au retrait du projet.

Pourtant, les officiels ont rejeté ces critiques comme des manipulations, en arguant qu’il s’agit d’un exercice démocratique pour mettre à jour la constitution.

En outre, les opposants ont dénoncé l’intimidation et des arrestations visant à étouffer les tentatives de faire campagne pour le  « non » au référendum.

En 2014, des changements similaires ont été proposés pour la constitution de 2005, qui ont échoué de justesse à être adoptés au parlement. Après quoi, les ministres ont déclaré que le premier mandat de Nkurunziza, de 2005 à 2010, n’avait pas fait partie de cette limite constitutionnelle parce qu’il a été élu indirectement par les députés au lieu de l'être par le vote populaire, et que le mandat de 2015 à 2020 serait son dernier.

La Cour Constitutionnelle, sous des pressions intenses selon des témoins – le vice-président de la cour, Sylvère Nimpagaritse, avait fui le pays – a validé cette position en mai 2015, à l’approche des élections que Nkurunziza a ensuite gagnées avec près de 70% des voix.

Le référendum a été annoncé en octobre dernier, et les ministres disent que les amendements proposés sont les recommandations des citoyens eux-mêmes, les produits du « dialogue national » mené par le gouvernement. Pourtant, l’International Crisis Group, basé en Belgique, avait décrit ce dialogue comme un « simulacre de débat » qui s’est fait l’écho des arguments officiels, vu le « climat de peur » entourant la discussion politique, comme l’a dit Human Rights Watch.

Comme beaucoup d’opposants, le porte-parole du CNARED, Pancrace Cimpaye, a eu des mots durs. Il a affirmé que les changements nuiraient à la constitution et à l’Accord d’Arusha, un document clé dans les efforts pour mettre fin à la guerre civile (1993- 2005), mais qui est regardé avec scepticisme par les dirigeants du parti au pouvoir :

Entre-temps, des questions fondamentales, y compris sur la transparence gouvernementale et l’inclusion économique, ont toujours besoin de solutions.

Une campagne limitée

Le contexte actuel pourrait poser des défis pour la légitimité populaire du référendum, avec les divisions diplomatiques, le dialogue infructueux, et le fait que 400.000 Burundais se trouvent dans des camps de réfugiés. Le gouvernement, cependant, rejette les chiffres avancés par l’agence humanitaire de l’ONU, en l’accusant de manipulation.

De plus, de nombreux rapports ont documenté des assassinats, de la torture, et des attaques rebelles, ainsi que la répression systématique de l’opposition et des médias.

En décembre 2017, le président Nkurunziza a averti que faire campagne ou agir contre le référendum avant la période désignée par le gouvernement franchirait une « ligne rouge », et le vice-président Gaston Sindimwo  a dit que cela sèmerait le « désordre ». La campagne actuelle du gouvernement, pourtant, aurait pour seul but d'« expliquer » les changements.

La période désignée pour faire campagne pour ou contre sera les 14 jours précédant le référendum, et toute campagne antérieure est illégale, selon Prosper Ntahorwamiye, le porte-parole de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). Pourtant, il a aussi expliqué que la CENI est incapable d’interdire aux membres du gouvernement de faire campagne individuellement pour le « oui » avant la période autorisée.

Et des voix officielles ont déjà soutenu le « oui », y compris Thérence Ntahiraja du Ministre de l'Intérieur et le médiateur national Édouard Nduwimana. SOS Médias Burundi, un collectif de journalistes, a rapporté que le gouverneur provincial Gad Niyukuri  avait mis en garde les « détracteurs » et les campagnes pour le « non », en menaçant d'arrestations.

Agathon Rwasa, Vice-Président de l’Assemblée Nationale et figure de l’opposition, a dénoncé le harcèlement intensifié des opposants politiques. Nombre de ses sympathisants ont été arrêtés, accusés de vouloir faire campagne pour le « non ». Dans une lettre, il a dénoncé les étiquettes, comme “anti-souveraineté”, qui sont collées à ceux qui s’opposent aux amendements proposés.

Le 5 janvier, un groupe d’organisations de la société civile – toutes radiées, suspendues, ou non-agréées par le gouvernement, y compris Aprodh, Ligue Iteka, et Focode – a lancé une contre-campagne depuis l’exil nommée « Teshwa ute », traduit par le journal Iwacu comme « arrêtez, n’osez pas ». Le Ministère de l’Intérieur l’a rejetée, la qualifiant de désinformation qui s’inspire d'informations mensongères.

Crowdfunding ou contributions forcées ?

Une autre controverse a entouré l’ordonnance de décembre 2017, qui a annoncé des contributions de la part des citoyens pour le financement des élections – ou « crowdfunding » comme l’a appelé le blogueur de Yaga Alain Amrah Horutanga. Les ministres ont dit qu’elles seraient volontaires, mais les chiffres ont été fixés selon des catégories d’emploi, et les fonctionnaires ont été appelés à écrire une lettre explicative s’ils ne veulent pas contribuer.

L’opposant Léonce Ngendakumana a dit qu’elle avait un « caractère obligatoire », et il y a eu des signalements de contributions « forcées ». Plusieurs syndicats ont signé une lettre pour protester contre les plans du gouvernement de prélever les « contributions » directement sur les salaires.

En 2015, les donateurs étrangers se sont retirés des élections controversées, et depuis le président a dit que l’autofinancement des élections est un signe de indépendance du pays. Pourtant, cette mesure arrive dans un contexte où l’insécurité et les sanctions ont atteint la vie quotidienne, avec l’inflation forte, des pénuries de carburant, et les budgets nationaux d’austérité.

Exercice démocratique de souveraineté ou consolidation d’un pouvoir autoritaire, les amendements constitutionnels proposés et le processus du référendum risquent, dans le contexte actuel, de renforcer les divisions qui sous-tendent l’insécurité continue.

Un enseignant à l'Université de Gambie arrêté à cause d'une interview dans un journal, puis libéré

mardi 6 février 2018 à 12:15

Manifestation contre le président Yahya Jammeh en Gambie en 2017. Capture d'écran de la vidéo YouTube.

Les autorités gambiennes ont arrêté le politologue Ismaila Ceesay et l'ont inculpé d’ “incitation à la violence” le 31 janvier 2018, à la suite d'une interview qu'il a accordée à un journal local. Il a été libéré sans condition le 1er février.

L'arrestation de Ceesay était liée à une interview dans un journal dans laquelle il déclarait que la présence des forces sous-régionales de l'ECOMIG en Gambie n'empêcherait pas les risques de sécurité à long terme.

La Mission de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest en Gambie (ECOMIG) fait partie des efforts visant à faire respecter le résultat de l'élections présidentielle de décembre 2016, qui ont privé du pouvoir Yahya Jammeh, qui dirigeait le pays depuis longtemps.

Malgré le résultat de l'élection, Jammeh a refusé de démissionner [fr] plusieurs jours après la date prévue pour la transition. Le président actuel, Adama Barrow [fr], a donc été contraint de s'exiler au Sénégal voisin, jusqu'à ce que Jammeh cède finalement et quitte ses fonctions.

Dans l'interview en question, Ceesay a déclaré au journal The Voice que la sécurité à long terme ne sera pas rétablie “si le président [Adama Barrow] ne gagne pas la confiance de l'armée [gambienne]”.

Je pensais que l'utilisation de hashtags pour exiger la libération des citoyens dont les droits fondamentaux étaient violés en Gambie était terminée depuis le 20 janvier 2017.
Ceesay détenu jusqu'au 31Jan2018 pour son opinion et nous voici #FreeDrCeesay.
Nous avons voté pour un changement de SYSTÈME
PAS SEULEMENT de président – Aisha Dabo™

Le gouvernement Barrow a été salué pour avoir rétabli le respect des droits humains fondamentaux, une différenciation nette d'avec la dictature brutale de l'ancien président Yahya Jammeh.

Peu de temps après avoir pris ses fonctions, Barrow a libéré des centaines de prisonniers et de mis en garde à vue. Depuis lors, la magistrature a entamé une série d'enquêtes et de poursuites pour violations présumées des droits de l'homme sous le régime passé.

Mais l'a situation sécuritaire fragile à la suite de l'impasse politique reste toujours une pierre d'achoppement majeure pour la pleine jouissance des libertés civiles.

Ceesay libéré avec retrait de toutes les accusations et les excuses de la police.

Le secrétaire général de l'Union de la presse gambienne, Saikou Jammeh (qui n'a aucun lien avec l'ancien président Yahya Jammeh), a condamné les arrestations et mis en garde contre le retour dans un sombre passé.

Nous devons tous prendre la parole en faveur du Dr. Ceesay. Son arrestation et détention indiquent un retour en arrière sur nos acquis démocratiques. C'est une menace contre des droits et libertés que nous avons appris à connaître, à chérir et à apprécier après avoir été réprimés et opprimés pendant plus de 22 ans

Ceesay, maître de conférences de sciences politiques à l'Université de Gambie (UTG), est un commentateur politique régulier pour les médias locaux.

Les défenseurs des droits ont condamné l'arrestation et détention de Ceesay et ont appelé à sa remise en liberté immédiate et inconditionnelle. (source photo : Facebook)

Dans un communiqué publié sur Facebook, l'association du personnel universitaire a décrit l'arrestation et la détention de Ceesay comme « un affront flagrant et une menace pour la liberté académique ainsi que pour la liberté d'expression» et a appelé à sa libération immédiate et inconditionnelle.

Déclaration de l'UTGFSA
Suite à l'arrestation arbitraire du Dr. Ismaila Ceesay, maître de conférences de sciences politiques à l'UTG et président de l'Association des enseignants et du personnel de l'Université de Gambie (UTGFSA), pour un article publié dans un journal local, toute la communauté UTG sous l'égide de l'UTGFSA. considère cette arrestation comme un affront flagrant à son droit civique et une menace pour le droit académique ainsi que la liberté d'expression dans le pays.

Le changement espéré par les Gambiens en décembre 2016 est de devenir une nation où les citoyens peuvent exprimer leur opinion sur des questions nationales telles que le développement, l'éducation, la sécurité et la démocratie sans crainte de harcèlement de qui que ce soit. Le peuple gambien n'a pas sacrifié sa vie pour un changement de visage lors de l'élection présidentielle de décembre 2016, mais pour un changement qui garantisse à tous et à toutes la jouissance de leurs droits et de leur liberté dans leur pays avec dignité. Par conséquent, l'arrestation de notre collègue, le Dr Ismaila Ceesay, constitue une violation de son droit constitutionnel à la liberté d'expression et une tentative de provocation contre la volonté de l'UTGFASA de protéger à tout prix les droits de ses membres. En tant qu'universitaires et citoyens de la Gambie, nous ne resterons pas assis à regarder les forces de sécurité ou quelqu'un d'autre piétiner nos droits en toute impunité. Nous exigeons donc la libération immédiate et inconditionnelle de M. Ceesay.

Si les autorités ne libéraient pas inconditionnellement le Dr. Ceesay, l'exécutif de l'UTGFSA demande à tous ses membres de rester chez eux et de s'abstenir de participer à toutes les activités universitaires y compris les cérémonies d'orientation à partir du jeudi 1er février 2018. Cependant, l'exécutif de l'UTGFSA utilisera tous les moyens disponibles pour obtenir la libération du Dr. Ceesay. L'exécutif informera les membres à travers la plate-forme UTG sur notre prochaine action.

A Senghore
(Asst. Secrétaire Général UTGFSA)

Ceesay a été brièvement accusé en vertu de l'article 59B du Code pénal de la Gambie. S'il avait été reconnu coupable, il aurait encouru trois années d'emprisonnement. Mais suite à la pression intense du personnel et des étudiants de l'Université de Gambie, il a été libéré sans condition.

Dans son film ‘Seder-Masochism’ Nina Paley éclaire la naissance du patriarcat dans le Livre de l'Exode en animant des idoles égyptiennes antiques

mardi 6 février 2018 à 11:53


Arrêt sur image de la séquence chantée “You Gotta Believe” par Nina Paley sur Vimeo.

Global Voices s'est entretenu avec la cinéaste et militante américaine de la culture libre Nina Paley à propos de son nouveau film d'animation, Seder-Masochism. Le film est librement inspiré du Livre de l'Exode de la Torah/Bible pour mettre au jour le patriarcat voilé dans le texte religieux.

Les licences Creative Commons
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Nina Paley est la réalisatrice du long-métrage d'animation de 2008 Sita Sings the Blues (Sita chante le blues) qu'elle a mis dans le domaine public en 2013. Le film est une narration de l'épopée indienne du Ramayana en chansons de jazz des années 1920 d’Annette Hanshaw. Ce film a rendu Nina Paley mondialement célèbre avec son interprétation féministe de l'épopée, et sa longue bataille contre les revendications des droits d'auteur liés aux chansons d'Annette Hanshaw utilisées dans le film. Paley a dû payer une somme négociée d'au moins 50.000 dollars en recourant à un emprunt. Elle a finalement reclassé la licence du film de Creative Commons ‘Attribution-Partage dans les mêmes conditions 3.0 Non adaptée’ (CC-BY-SA 3.0) en Creative Commons CC0 (équivalant au domaine public).

Dans un entretien avec la station de podcast juive Judaism Unbound, Paley a expliqué que Seder-Masochism est son interprétation de l'Exode qu'elle a d'abord apprise pendant les séder de Pessa'h. Le séder de Pessa'h [la Pâque juive] est un rituel juif qui consiste à faire revivre la libération des Israélites de leur esclavage dans l’Égypte antique. Dans l'entretien, elle précise qu'elle “s'identifie comme une “athée newborn (‘régénérée’)” et explique en quoi sa récente étude du Livre de l'Exode l'a laissée mal à l'aise.

Plusieurs chansons et scènes du film Seder-Masochism ont déjà été mises en ligne sur Internet par Nina Paley, y compris la longue séquence chantée “You Gotta Believe” (‘Tu dois croire’) qui transfomait des idoles et déesses de pierre égyptiennes en personnages d'animation flash. On y voit Moïse et des déesses antiques ‘chantantes’ sur le point d'être vaincues par le patriarcat.

Global Voices a rencontré Nina Paley pour en savoir plus sur son dernier film.

Subhashish Panigrahi (SP): Tout d'abord, félicitations pour votre œuvre qui va sortir prochainement. Quels ont été vos rôles dans l'ensemble de la production ? De quoi s'agit-il dans ce film ?

Nina Paley (NP): Once again I'm producing, directing, writing, animating, everything-ing…I'm hoping the sound designer for “Sita Sings the Blues“, Greg Sextro, is able to do more sound design for Seder-Masochism. The music is all “found” and used without permission [at the moment]. Much or all of my use is Fair use, but ultimately that can only be determined in court.

Seder-Masochism is about the Book of Exodus from the Torah/Bible, and indirectly the Quran (Moses is a prophet of Islam). My interpretation of Exodus is that it's the establishment of complete patriarchy, the elimination of any remaining goddess-worship from older times.

Some of clips from the feature-in-progress are here.

Nina Paley (NP): Une fois de plus je produis, réalise, scénarise, anime, et tout et tout… J'espère que le concepteur sonore de “Sita Sings the Blues“, Greg Sextro, pourra aussi créer les sons de Seder-Masochism. La musique est entièrement “trouvée” et utilisée sans autorisation [pour le moment]. Tout ou presque de ce que j'utilise est Fair use, mais au final cela ne peut être fixé qu'en justice.

Seder-Masochism parle du Livre de l'Exode de la Torah/Bible, et indirectement du Coran (Moïse est un prophète de l'islam). Mon interprétation de l'Exode est que c'est l'instauration d'un patriarcat total, l'élimination de tous cultes de déesses demeurant des temps plus anciens.

Certains des clips du film en cours de réalisation sont ici.

SP: Qu'est-ce qui vous a inspirée de commencer ce projet ?

NP: Sita Sings the Blues was denounced by fundamentalists who called my collaborators “self-hating Hindus.” As a Jew, that rhetoric was familiar to me – Jews *invented* that “self-hating” nonsense. Since I'm not a Zionist, I've been called a “self-hating Jew” too. Also, the Hindutvadis called me a “white Christian woman who hates Hindus”, and sent hate emails saying “how would you like it if someone made a film about YOUR religion?!” Of course I love it when someone makes a good film about Abrahamism - Monty Python's Life of Brian is the best I can think of.  I was (am) also frequently accused of “cultural appropriation“, implying that only those of Hindu/Asian descent are qualified to work with Hindu/Asian stories. So it seemed that everyone, right and left, wanted me to make a film about “my” religion, Judaism! I figured if they're offended by Sita Sings the Blues, they'll be REALLY offended by that. I printed up a Jew Card so I could “play” it for this project.

NP: Sita Sings the Blues a été dénoncé par les fondamentalistes qui ont appelé mes collaborateurs des “Hindous qui se détestent”. C'est une rhétorique qui m'était familière en tant que juive : ce sont les juifs qui ont inventé cette ineptie de “haine de soi”. Comme je ne suis pas sioniste, j'ai été traitée moi aussi de juive “qui se déteste”. De même, les Hindutvadis m'ont traitée de “Chrétienne blanche qui déteste les Hindous” et m'ont envoyé des courriels de haine disant “ça vous plairait que quelqu'un fasse un film sur VOTRE religion ?!”. Évidemment que j'adore quand quelqu'un fait un bon film sur la religion abrahamique – Monty Python La vie de Brian est le meilleur que je connaisse. J'ai été (et suis) aussi fréquemment accusée d’ “appropriation culturelle”, qui prétend que seuls ceux d'ascendance hindoue/asiatique sont qualifiés pour travailler sur des récits hindous/asiatiques. Il semblait donc qu’à droite comme à gauche, chacun voulait que je fasse un film sur “ma” religion, le judaïsme ! J'ai supposé que si on a été scandalisé par Sita Sings the Blues, on le serait VRAIMENT par celui-là. Je me suis imprimé une Carte de Juif pour pouvoir la “jouer” pour ce projet.

GIF de Déesse antique par Nina Paley. Source: Nina Paley/Wikimedia Commons

SP: La chanson est désopilante ! Comment avez-vous donné vie à ces idoles millénaires ?

NP: There are already goddesses in the Flash sections of Seder-Masochism I animated a couple of years ago. I needed to put more “goddess” into the film, and was tediously redrawing the Flash goddesses in Moho, the software I'm using now. It occurred to me that instead of redrawing them I could use the source images they're based on, I spent a few days finding the highest resolution images I could, and a few more days manually removing the backgrounds in GIMP. Moho can do things Flash can't, such as this type of animation with raster images. Anyway, they looked cool so I'm using them in the remaining Seder-Masochism scenes.

NP: Il existe dans les sections Flash des déesses que j'avais animées deux ans auparavant. Il fallait que j'introduise plus de “déesses” dans le film, et j'étais en train de dessiner laborieusement les déesses de Flash dans Moho, le logiciel que j'utilise à présent. Je me suis alors aperçue qu'au lieu de les redessiner, je pouvais utiliser les images sources sur lesquelles elles sont basées, j'ai passé quelques jours à trouver les images à la plus haute résolution possible, et quelques jours supplémentaires à enlever les arrières-plans avec GIMP. Moho peut faire des choses que Flash ne peut pas, comme ce type d'animation avec des images pixelisées. Quoi qu'il en soit, elles étaient super, alors je m'en sers dans les scènes restantes de Seder-Masochism.

Les déesses en animation flash peuvent être téléchargées sur Wikimedia Commons.

Pendant que Paley auto-produit seule son film, elle travaille également avec d'autres militants de la culture libre, comme l'organisme sans but lucratif américain QuestionCopyright.org pour lever des fonds, en plus du lancement d'une campagne sur Kickstarter. Elle met en ligne des segments du film publiquement sur Internet au fur et à mesure de sa réalisation.

En Azerbaïdjan, un théâtre innovant offre sa scène à des acteurs handicapés

lundi 5 février 2018 à 14:05

Une performance au ƏSA, le premier théâtre d'Azerbaïjan qui vise à rassembler des acteurs avec et sans handicap. Photographie de Famil Mahmudbeyli.

Cet article de Durna Safarova est une publication de notre partenaire EurasiaNet.org. Il est republié avec leur autorisation.

“N'ayez pas honte de votre corps. Ne soyez pas timide à cause de votre corps, peu importe sa forme”, dit l'homme en enlevant sa chemise devant un public captivé.

L'homme sur scène, un peintre atteint de schizophrénie, est l'un des personnages de DUMB, un drame psychologique joué au ƏSA (“canne” en azéri) le premier théâtre du pays qui s'est donné pour mission de rassembler des comédiens avec et sans handicap.

Comme dans beaucoup de pays, les personnes en situation de handicap en Azerbaïdjan font face à des stéréotypes et des préjugés qui les dépeignent comme des personnes dépendantes, incompétentes et malheureuses. Le fondateur de ƏSA, Nihad Gulamzade, explique qu'il a créé ce théâtre, le premier de son genre dans le Caucase, pour combattre ces idées fausses.

“Ce n'est pas un projet social, ce n'est pas un hobby, nous travaillons de façon professionnelle”, affirme Nihad Gulamzade à EurasiaNet.org.

Nihad Gulamzade, musicien, photographe et acteur accompli, n'a pas de handicap. Il raconte que l'idée du théâtre lui est venue pendant une période de profonde dépression. Il a avoué avoir envisagé le suicide, mais a imaginé ce qu'il se serait passé s'il avait échoué : “J'aurais vécu toute ma vie avec un handicap et je n'aurais plus été capable de jouer”, se souvient-il avoir pensé.

DUMB, qui a commencé en septembre 2016, était la première production de ƏSA. Le théâtre a également mis en scène le Songe d'une nuit d'été de Shakespeare, financé en partie par l'ambassade britannique d'Azerbaïdjan, et qui a vendu plus de billets que les 370 places disponibles du théâtre. “Si nous avions eu un théâtre de 1.000 places, je pense que nous l'aurions rempli”, a confié Nihad Gulamzade.

Le succès du théâtre n'est pas seulement dû à la nouveauté de mettre en scène des acteurs handicapés, mais aussi à une approche plus créative de la scène, Nihad Gulamzade a déclaré : “La scène théâtrale en Azebaïdjan était fade. Nous avons essayé de la rendre vivante et ça a marché.”

A Bakou, où il n'y avait que trois compagnies théâtrales indépendantes avant que ƏSA ne soit créé, l'émergence d'un nouveau groupe a été une nouveauté bienvenue pour la vie culturelle de la ville, a expliqué la critique de théâtre locale, Aliya Dadashova. “La scène théâtrale n'est pas aussi vivante que dans les années 1990 où il y avait plus de petits groupes de théâtre”, raconte-t-elle à EurasiaNet.org. “Les théâtres nationaux n'ont pas d'impact social ni culturel, c'est donc gratifiant de voir de nouvelles initiatives” comme ƏSA.

“Nous rassemblons différents groupes sociaux. Vous pouvez voir des membres du gouvernement et de l'opposition dans notre public. Il y avait des fans de théâtre, et d'autres pour qui ƏSA était leur première expérience théâtrale,” ajoute le comédien Orkhan Adigozel. Orkhan Adigozel est paralysé depuis un accident survenu il y a neuf ans, et ƏSA est sa première expérience au théâtre.

“Sur scène, nous sommes juste des acteurs,” déclare Orkhan Adigozel. “Nous faisons en sorte que le public se concentre sur la pièce et non sur le handicap. Il existe un stéréotype selon lequel les handicapés ne peuvent rien faire. Nous y avons mis fin et nous essayons de montrer que l'art n'a pas de barrières.”

L'équipe est composée de 15 membres, représentant différents handicaps. Certains ont une infirmité motrice cérébrale, un acteur n'a pas de jambes et un autre souffre du syndrome de Down. Un interprète en langue des signes permet aux sourds de suivre la pièce.

La vie des personnes handicapées en Azerbaïdjan a longtemps été pleine d'obstacles, bien que cela soit en train de changer progressivement. En 2015, le gouvernement a fait construire 12 ensembles d'habitations avec 132 appartements pour les personnes malvoyantes. Le gouvernement a également fait voter une législation prévoyant l’accès aux transports, l'hébergement, les soins et la réinsertion des personnes souffrant de handicap. Le gouvernement gère 16 centres de réinsertion mais les défenseurs des personnes handicapées estiment que ce n'est pas suffisant pour pouvoir répondre à la demande du pays.

Pour les acteurs de l'ƏSA, le transport est un problème particulier. Les routes, les bus et les taxis sont rarement équipés pour accueillir des fauteuils roulants. Les seuls taxis adaptés aux personnes en fauteuil roulant sont gérés par la compagnie Bakou Taxi, subventionnée par le gouvernement et connue pour ses taxis violets au style londonien. Cependant, un trajet coûte 20 manats (environ 9 euros). Nihad Gulumzade explique que la moitié du budget de la production du théâtre est consacré au transport en taxi. “Si un acteur en fauteuil roulant paie 20 manats et doit venir à au moins 30 répétitions, imaginez le coût en transport pour une seule personne,” dit-il.

La loi azerbaïdjanaise exige qu'au moins 3 % du personnel des organismes publics soient des personnes handicapées, mais elle est rarement appliquée. En général, seulement 5.6 % des 540.000 personnes en situation de handicap en Azerbaïdjan sont recrutées.

Gulnar Alfidatli, une actrice du ƏSA de 23 ans, souffre d'une paralysie cérébrale. Elle possède une licence en comptabilité et travaillait pour une entreprise privée. Elle explique en avoir été renvoyée après que ses responsables se sont rendus compte de son handicap. “ƏSA est ma première expérience au théâtre,” avoue-t-elle. Elle se souvient de sa première représentation, qui lui a valu une standing ovation. “C'était comme si nous étions dans un rêve magique”, explique-t-elle.

Netizen Report : Le coût croissant des fermetures d'Internet au Cameroun

lundi 5 février 2018 à 12:12
Caricature de nuage de la vidéo Fundacion Karisma.

Caricature de nuage de la vidéo Fundacion Karisma.

Le rapport Advox Netizen offre un aperçu international des défis, des victoires et des tendances émergentes en matière de droits Internet à travers le monde.

Deux ONG de défense des droits numériques poursuivent le gouvernement camerounais pour avoir imposé une fermeture d'Internet aux deux régions anglophones du pays pendant plus de trois mois en 2017, juste avant que les deux régions n'envisagent une déclaration symbolique d'indépendance. En plus d'imposer la fermeture à long terme d'Internet (avec plusieurs fermetures plus courtes de plateformes comme Facebook et WhatsApp), le gouvernement a déployé des forces de sécurité qui ont recours à la violence contre les militants anglophones.

Les deux ONG à l'origine de l'action en justice, Internet Sans Frontières et Access Now, visent non seulement à obtenir des réparations pour la fermeture, mais aussi à contrer la tendance croissante du gouvernement camerounais à utiliser les fermetures d'Internet à des fins politiques.

Peter Micek, avocat d'Access Now, a déclaré : “Les tribunaux camerounais ont la possibilité de créer un précédent mondial en faveur des droits de l'homme et de l'état de droit. En déclarant l'ordre de coupure du gouvernement comme un décret discriminatoire, inutile et disproportionné, délivré dans le cadre de procédures entachées d'irrégularités, le tribunal peut offrir un recours aux Camerounais et ouvrir la voie aux victimes de fermetures ailleurs.”

La Collaboration on International ICT Policy in East and Southern Africa (Collaboration sur la politique internationale des TIC en Afrique orientale et australe, CIPESA) estime que les fermetures d'Internet en 2017 ont coûté 1,67 million de dollars par jour à l'économie camerounaise.

Plus récemment, la Commission nationale des télécommunications des Philippines a approuvé une requête de la police nationale visant à fermer les services mobiles lors du festival de Dinagyang, dans la région de l'île de Visayas, les 27 et 28 janvier 2018.

Rien qu'en janvier 2018, des fermetures similaires de réseaux ont été imposées lors des fêtes du Nazaréen noir, du Sinulog et de l'Ati-atihan, écrit la Fondation pour les médias alternatifs (FMO).

La FMO est opposée aux fermetures de réseaux car elles violent le droit à la liberté d'expression et l'accès à l'information, sans parler de l'accès aux réseaux de communication, vitaux pour la sécurité publique. Le groupe à but non lucratif note également qu'il y a peu de preuves que cette mesure mène à une plus grande sécurité.

Des centaines de personnes arrêtées en Turquie pour avoir critiqué les opérations militaires sur les réseaux sociaux

Le ministère turc de l'Intérieur a annoncé le 29 janvier que les autorités avaient arrêté et détenaient 311 personnes qui avaient fait des commentaires dans les médias sociaux critiquant l'opération de l'armée turque pour pousser une milice kurde hors de la région nord d'Afrin en Syrie. Parmi les détenus, qui, selon les autorités, diffusaient de la «propagande terroriste», se trouvent des journalistes, des activistes et des politiciens de l'opposition.

Une Thaïlandaise fait face à des accusations criminelles pour avoir partagé un article de la BBC sur Facebook

Chanoknan Ruamsap, militante anti-junte et membre du New Democracy Group, a reçu une convocation de la police le 18 janvier, indiquant qu'elle était accusée en vertu de la loi de lèse-majesté notoirement sévère de la Thaïlande, d'insulte royale pour avoir diffusé un article de la BBC sur le roi Vajiralongkorn. Elle avait partagé l'article en décembre 2016. En prenant en compte la peine de prison maximale qu'elle encourait – 15 ans derrière les barreaux – la jeune femme a choisi de fuir le pays. Elle a déclaré à l'agence de presse indépendante Prachatai: “J'avais moins de 30 minutes pour décider si je devais rester ou partir. Ce qui est difficile, c'est le fait que je ne reviendrai pas après ce départ.”

Un citoyen du Myanmar exposé à l'intimidation de la police dans la vie réelle et à des discours de haine sur Facebook

Un individu de Birmanie subit des menaces en ligne après avoir été arrêté arbitrairement par la police et l'avoir posté sur Facebook. La police a répondu par un message sur Facebook dans lequel il est accusé d'avoir inventé l'incident en révélant son nom et sa religion, qui est l'islam. Compte tenu des tensions ethnico-religieuses au Myanmar, il était ainsi exposé au harcèlement en ligne. Bien que le bureau de police ait depuis supprimé le message, les commentaires haineux adressés à l'homme se sont multipliés ces derniers jours. La police de Yangon promet d'ouvrir une enquête.

#MeToo China

Le mouvement #MeToo prend de l'ampleur en Chine, malgré la censure sur les plateformes de médias sociaux d'expressions comme “harcèlement sexuel”. Après le licenciement de Chen Xiaowu, éminent professeur de l'Université Beihang, suite à plusieurs allégations d'inconduite sexuelle, des étudiants et d'anciens étudiants de dizaines d'universités chinoises préconisent l'adoption de chartes officielles contre l'inconduite sexuelle dans les universités (ces politiques sont très rares en Chine), en utilisant le hashtag #EveryoneIn. Bien que des appels similaires aient été lancés dans le passé, aucune politique concrète n'a été introduite jusqu'à présent.

L'État insulaire des Antilles Sainte-Lucie lance un réseau WiFi gratuit national

Le 24 janvier 2018, l'État insulaire de Sainte-Lucie a annoncé la phase d'installation d'un réseau pour l'accès à Internet, un projet de 4 millions de dollars américains visant à établir la couverture de toute l'île des Caraïbes. Le réseau fournira une connexion sans fil gratuite ou à faible coût dans les espaces publics pour les résidents et les visiteurs. Le projet est un partenariat avec le gouvernement de Taïwan, qui contribue pour un montant de 3,28 millions de dollars. Le réseau devrait être installé dans les trois mois.

Espionnage par le WiFi dans le métro de Buenos Aires

Une nouvelle enquête menée par Vice Argentina montre que le réseau WiFi public du métro de Buenos Aires est en effet gratuit, mais qu'il recueille une grande quantité de données personnelles sur l'utilisateur, notamment son nom, son adresse, son numéro de téléphone et le numéro de sa carte identité nationale, les données de géolocalisation et – en fonction des paramètres de leur appareil – potentiellement beaucoup plus, y compris les photographies.

L'application Strava enregistre le fitness – et bien plus encore

Lorsque l'entreprise propriétaire de l'application de suivi de la condition physique Strava a publié une série de cartes montrant où ses utilisateurs étaient le plus actifs, elle a révélé par inadvertance l'emplacement de bases militaires secrètes. La compagnie dit que les données ont été rendues publiques parce que les utilisateurs ont permis à l'application de capter cette information, arguant du fait qu'ils auraient dû “désactiver l'application” pendant qu'ils se trouvaient dans des zones militaires. Le journal The Guardian a également signalé que le site Web de Strava “permet aux utilisateurs d'explorer les pistes suivies pour trouver des données personnelles” ce qui soulève d'autres préoccupations en matière de confidentialité.

Vous voulez plus d'abonnés sur Twitter ? Vous pouvez les acheter chez Devumi.

Une enquête du New York Times sur l'obscure entreprise américaine Devumi examine les bas-fonds de la fraude à l'identité sur les médias sociaux. L'entreprise vend des comptes générés par des robots à quiconque souhaite exercer une influence sur son réseau social et semble avoir utilisé des noms, des images de profil et d'autres données personnelles d'utilisateurs de Twitter pour créer plus de 50.000 comptes frauduleux qu'elle vend ensuite à profit.

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