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La collaboration interdite et inédite de deux musiciens tibétains via Internet

dimanche 19 octobre 2014 à 20:41

Techung Woeser Lam La Che.jpg

[Sauf mention contraire, tout les liens de cet articles mènent vers des sites en anglais]

Après cinq années de gestation et uniquement par communication en ligne, une collaboration musicale entre un musicien tibétain en exil et une poètesse tibétaine dans le pays est sortie à l'international en juillet 2013.

Première collaboration de ce genre, la chanson Lam La Che est un exemple de la façon dont Internet permet aux Tibétains en exil et à ceux dans le pays de dépasser les frontières pour non seulement communiquer mais aussi collaborer.

Les musiciens faisant de l'art pro-tibétain à l'intérieur du pays risquent censure et emprisonnement pour leur travail. Les musiciens de la diaspora peuvent créer librement mais savent que leur travail peut ne pas atteindre les Tibétains vivant sous le contrôle chinois.

En communiquant par Internet, le musicien tibétain en exil Techung et la blogueuse de l'intérieur Woeser ont pu créer une chanson qui dépasse les frontières tout en attirant l'attention sur eux. Cet article étudie en profondeur la chanson Lam La Che, et l'histoire de Techung et Woeser.

Inspiration pour la collaboration

Quand l'auteure, poétesse et blogueuse tibétaine Tsering Woeser (aussi connue sous le nom Woeser [chinois] ) a vu les photos et séquences vidéos en ligne du musicien de la diaspora tibétaine Techung (Tashi Sharzur), jouant au Tibet Freedom Concert (le concert pour la liberté du Tibet) à Taipei en décembre 2008, elle a été profondément touchée. 2008 a été une année troublée pour le Tibet – une révolte de grande envergure a débuté le 10 mars contre l'autorité chinoise et s'est répandue dans tout le pays. Les mesures de répressions militaires qui ont suivi ont mis le Tibet sous strict contrôle pour le restant de l'année, et Woeser, vivant à Pékin, a utilisé son blog pour documenter ce qui se tramait. Le concert a poussé Woeser à entrer en contact avec Techung et lui proposer une collaboration entre ce qu'elle appelle le Tibet « interne » et « externe ».

Le concert coïncidait avec le 60ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et la voix de Techung s'est présentée comme véhicule d'espoir et de paix. Dans un post de 2008, Woeser écrivait : « les Tibétains, qu'ils se trouvent à l'intérieur ou à l'extérieur du pays, pouvaient entendre des voix venues du cœur – les Tibétains vivent ensemble dans le bonheur et et la peine. »     

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Une collaboration entre un Tibétain « interne » et un « externe » avait le potentiel de franchir symboliquement des frontières séparant les Tibétains de leur famille éloignée.

« J'ai écrit plusieurs chansons, l'une étant “On The Road,” que j'ai écrit il y a plusieurs année à Lhasa, et qui exprime l'attente de sa Saintenté le Dalaï-Lama. » avait écrit Woeser lors d'une interview par e-mail. « J'ai pensé que si Techung pouvait y ajouter de la musique et les interpréter, cela serait le meilleur hommage. »

Censure créative et restriction de voyage

Techung et Woeser ne pouvaient pas se voir en personne, ce qui a apporté quelques complications à leur projet. Les Tibétains politiquement actifs en exil comme Techung voient souvent leur demande de visa chinois être refusé pour visiter le Tibet. Parce qu'elle est blogueuse activiste, le gouvernement chinois a souvent refusé de lui fournir un passeport. En mars 2013, Woeser a été gratifiée d'une récompense du département d'Etat américain lors de la journée internationale de la femme, mais, selon un article d'AP, elle « n'a pas pu s'y rendre parce que sa demande de passeport de l'année dernière lui a été refusée par la police – et on lui a expliqué qu'elle était perçue comme une menace à la sécurité de l'Etat, probablement à cause de son activisme. »

Les artistes, musiciens et bloguers qui soutiennent le nationalisme tibétain font face à de grands risques. La musique peut être retirée de la distribution, et les musiciens se retrouver en prison pour plusieurs années. Les chanteurs tibétains Lolo, Tenzin et Gebey ont été emprisonnés pour avoir célébré le Tibet en musique. La musique d'artistes en exil comme Techung est fréquemment censurée quand elle arrive au Tibet.

Après avoir sorti un premier album ouvertement politique qui a été banni au Tibet, Techung a essayé de changer son langage, en imitant l'auto-censure que s'imposent les artistes tibétains de l'intérieur pour augmenter leur chance de faire entendre leur musique au Tibet. Par exemple, au lieu d'utiliser le terme politiquement connoté « Bod » pour Tibet, les chanteurs chantent « Kangjong » (Le Pays des Neiges).

Woeser de son côté a été censurée plusieurs fois. Son écriture lui a coûté son travail, et ses blogs ont été fermés tant de fois qu'aujourd'hui elle ne peut tenir le sien qu'à partir de serveurs étrangers.

« Ça n'était jamais arrivé de collaborer avec un Tibétain du Tibet ou de Chine » explique Techung.

« Dans un sens, Techung est un symbole du Tibet en exil… » écrit Woeser. « Comme je l'ai écrit par le passé, la musique est comme les ailes d'un oiseau qui vole au dessus des frontières humaines. Je voulais travailler avec Techung pour briser des obstacles historiques et pratiques. »

Travailler ensemble en ligne

« C'était une surprise et un grand honneur quand Woeser nous a contacté » a dit Techung lors d'une interview via Skype depuis les USA. On trouvera ci-dessous des captures d'écran de leurs conversations :

Techung Woeser Chat 2.png

Cher Techung-la, j'aime votre musique, j'aime toutes vos chansons. J'ai écrit les paroles. Si un jour vous voulez chanter ma chanson, cela serait un grand honneur pour moi ! J'espère que l'on gardera le contact. Merci pour vos souhaits. Woeser.

Techung Woeser Chat 3.png

Chère Woeser-la, bonjour depuis l'aéroport de Taipei. J'apprécie d'avoir de vos nouvelles. Merci d'avoir écouté ma musique. Je ne pense pas que mes chansons soient si bonnes mais je suis flatté que vous les aimiez. Ce serait un honneur de chanter vos chansons. Je vous souhaite le meilleur. Techung.

Techung Woeser Chat 4.png

Cher Techunn-la, Très heureuse ! Merci ! L'artiste Losang Gyatso-la a dit : « J'espère que les artistes, écrivains, réalisateurs et penseurs tibétains de tous horizons collaboreront dans le futur et créeront une synergie entre différents médiums et pensées. Je pense que cela sera très valorisant et productif. » Je me réjouis [que] les paroles de mes chansons [soient] avec vous, [de] les montrer aux Tibétains de l'intérieur et de l'extérieur.
Vous savez que mes paroles sont écrites en chinois. Toutefois, j'ai demandé à un ami de traduire, il est un très bon tibétain !
Mon anglais est traduit par google, s'il manque quelque chose, veuillez m'excuser.
Tashi Delek ! Woeser.

Née et élevée au Tibet et en Chine, Woeser n'écrit qu'en chinois. Techung, né et élevé en Inde et vivant aux USA, se sent plus à l'aise avec l'anglais. Tout d'eux ont entendu parler de l'autre mais ils ne s'était jamais contacté jusqu'à ce que Woeser écrive à Techung sur Facebook, en utilisant Google Translate pour traduire ses messages du chinois vers l'anglais.

« Il y avait une grande barrière de langue, » expliquait Woeser. « Il n'y avait pas tant de contact que ça entre nous. »

Techung Woeser Chat 5.png

Chère Woeser-la, J'ai essayé Google traduction sur votre texte ci-dessus. J'ai pu en saisir la majorité. Merci. Quand vous lirez le poème, si vous pouvez essayez d'écouter la musique que nous avons envoyé et ressentez-la. Mais dans l'enregistrement nous avons uniquement besoin de votre voix. Nous n'utiliseraons peut-être pas tout le poème mais des parties.

« La collaboration est quelque chose de nouveau pour tous les artistes et musiciens tibétains, qu'ils soient à l'intérieur ou en exil » explique Techung. « Nous ne savons pas encore trop comment ces choses fonctionnent. Woeser a écrit les paroles en chinois et quelqu'un d'autre les a traduit en tibétain. Elle m'a envoyé deux ou trois de ses poèmes à arranger en musique et nous avons finalement choisi “Lam La Che.” Je lui ai envoyé quelques modifications des paroles en tibétain… Nous avons correspondu plusieurs fois avec diverses suggestions… Nous ne nous sommes jamais parlé en personne – tout s'est fait en ligne. »

Les paroles de Woeser :

Sur la route
Ah, sur la route
Mes yeux se remplissent de larmes
J'empoigne une fleur qui n'est pas de ce monde
Me dépêchant avant qu'elle ne meure, cherchant dans toutes les directions
Pour la présenter à un vieil homme en robe rouge sombre
Il est notre Yeshe Norbu
Il est notre Kundun
Notre Gongsachog
Notre Gyalwa Rinpoche
Sur la route
Ah, sur la route
Mes yeux se remplissent de larmes
J'empoigne un bouquet des plus belles fleurs
Pour lui offrir, pour lui offrir
Un semblant de sourire
Celles-ci lient étroitement les générations

« La chanson elle-même était si poétique qu'écrire la musique s'est fait très facilement et spontanément, comme si cela ne pouvait être autrement » a ajouté Techung.

Bien que Techung ait été le premier Tibétain exilé avec qui Woeser a collaboré d'une façon aussi directe, elle avait déjà travaillé avec des Tibétains en exil auparavant. High Peaks Pure Earth [un site de nouvelles et de traduction de posts de blog sur le Tibet et la Chine] avait traduit ses posts en anglais, et Tsering Shakya, un intellectuel tibétain en exil, avait écrit la préface d'un des livres de Woeser. Woeser a écrit un jour un essai [chinois] inspiré par la séries de tableaux Signs From Tibet (Signes du Tibet) du peintre en exil Losang Gyatso, que le peintre lui-même avait récité lors du vernissage de son exposition.

Tant que l'accès à internet n'est pas censuré, Woeser exprime sa volonté de continuer à collaborer.

D'autre Tibétains utilisent aussi internet pour franchir le fossé géographique

Avec les progrès de la technologie, les Tibétains à l'intérieur et à l'extérieur du Tibet trouvent de nouvelles façons de communiquer et de collaborer. Le projet d'enregistrement et de film du projet Shining Spirit du Tara Café, lancé en 2006, est une des premières collaborations musicales entre membres d'une famille séparée, les uns vivant dans l'Amdo au Tibet et d'autres, en exil au Canada. Le court-métrage montre, à travers des enregistrements et internet, comment la famille a pu enregistrer sa propre version de la chanson tibétaine traditionnelle « Aku Pema. »

De nos jours, les Tibétains à l'intérieur et à l'extérieur du pays s'écrivent même mutuellement des chansons. Le jeune rappeur tibétain « Shapaley » (Karma Norbu) en Suisse a sorti un clip en 2011 appelé « Made in Tibet » ayant pour paroles, « Frères et sœurs, nous ne savons pas si vous nous entendez, mais nous espérons que vous recevrez ce message, ne vous inquiétez pas, nous allons tous bien, [...] Bien que nous soyons très loin de vous, nos pensées vont vers vous. »

Bantsang Lobsang, un musicien vivant à l'intérieur du Tibet, a ajouté un message pour tous les Tibétains dans son plus récent album. Il s'est adressé directement à la caméra pour dire « Je souhaite aux Tibétains du Pays de la Neige, à la maison ou à l'étranger, d'être réunis. »

Garder le contact avec les Tibétains dans le monde

Malgré la séparation géographique et politique, les Tibétains en exil gardent le contact grâce aux œuvres de Tibétains à l'intérieur du pays, et vice versa.

Des fans ont approché Techung à plusieurs reprises pour lui dire que des musiciens à l'intérieur du pays suivaient la scène musicale de la diaspora et étaient inspirés par la musique faite par les exilés.

De son côté, Techung admire la ténacité des Tibétains de l'intérieur, « les musiciens tibétains dans le pays sont bien en avance sur ceux d'entre nous en exil ! J'apprécie leur poésie. Ils utilisent la forme artistique pour transmettre des messages et garder la culture vivante – le peuple les admire. D'un autre côté, ils prennent tellement de risques qu'ils doivent être prudents. »

Techung est un admirateur des musiciens tibétains « intérieurs » Tsewang Lhamo et Yadong. « Par eux, un grand sens de notre culture et identité est véhiculé ; c'est tellement important. Mon message adressé à eux est juste de continuer ce travail qu'ils font et nous allons faire ce que nous pouvons de notre côté. Un jour avec de la chance nous n'aurons plus à nous inquiéter des problèmes politiques et des risques, et les musiciens et artistes tibétains, dont Woeser, profiteront de la liberté de voyager et nous pourrons nous rencontrer en personne et collaborer en musique. »

Les chanteurs exilés préférés de Woeser sont Techung, Shapaley, Phurbu T Namgyal et Kelsang Chukie Tethong. Son message aux musiciens exilés fait écho à celui de Techung quand elle écrit « j'aime beaucoup la musique des musiciens en exil et j'ai écrit des articles sur eux. J'espère qu'un jour les Tibétains à l'intérieur et à l'extérieur du pays seront capables de travailler ensemble et d'exprimer notre intérêt pour le futur du Tibet. »

Vous pouvez soutenir le nouvel album de Techung ici, s'y trouve incluse une reprise d'une chanson par le jeune chanteur Lolo, qui a été emprisonné pour sa musique.

Cet article est une commande de Freemuse, le leader de la défense des musiciens à travers le monde, et par Global Voices pour Artsfreedom.org. Cet article peut être republié par des médias non-commerciaux, en créditant son auteure Dechen Pemba, Freemuse et Global Voices et en ajoutant un lien vers l'article original.

Journal d’un prisonnier éthiopien : témoignage de Befeqadu Hailu

samedi 18 octobre 2014 à 22:11

[Les liens de cet article renvoient vers des pages web en anglais.]

Ce témoignage a été écrit par Befeqadu Hailu, blogueur et défenseur des droits de l’homme, fin août 2014. Membre fondateur du collectif de blogueurs Zone9 et collaborateur de Global Voices, il a été arrêté et emprisonné le 25 avril 2014 avec cinq autres membres du collectif et trois journalistes. Le 17 juillet, ces neuf personnes ont été inculpées selon le Code pénal éthiopien et la loi sur le terrorisme de 2009. Dans son texte, Befeqadu Hailu mentionne le nom de plusieurs autres détenus, y compris Abel, Mahlet et Natnael, tous sont membres du collectif Zone9.

Voici la première partie d’une version abrégée du témoignage de Befeqadu Hailu, traduit de l’amharique à l’anglais par Endalk Chala, édité pour plus de clarté et mis en contexte par Ellery Roberts Biddle. Le témoignage complet est disponible au format PDF

« Alors, quel crime pensez-vous avoir commis ? »

Mon interrogateur m’a posé cette question après m’avoir forcé à parler de mon travail en tant qu’activiste et blogueur progressiste. Peu après l’interrogatoire, quand les gardiens m’ont ramené vers mes amis blogueurs, nous nous sommes rendu compte qu’on nous avait posé la même question :

« Alors, quel crime pensez-vous avoir commis ? »

La question est intrigante. Elle illustre notre innocence, notre refus à reconnaître tout crime qu’on nous suspecte d’avoir commis. Ils nous ont interrogés longuement, mais à chaque fois, ils terminaient par la même question. L’enquête ne visait pas à prouver notre culpabilité ou à nous innocenter d’un quelconque délit, mais bien à nous amener à plaider coupables.

Befeqadu Hailu. Photo used with permission.

Befeqadu Hailu. Photo publiée avec autorisation.

Après deux ans à écrire et à œuvrer pour encourager les citoyens à participer au débat politique, nous avons été arrêtés et fait l’objet d’une enquête. On nous reproche d’avoir commis des actes criminels, d’être prétendument membres de Ginbot7/15Mai et de l’OLF [partis politiques de l’opposition] et d’avoir « accepté des missions » de ces groupes. [1]

La prochaine étape est une « procédure en bonne et due forme », mais je pense qu’il y a encore des questions restées sans réponse. Comment en est-on arrivé là ? Comment se sont passés nos interrogatoires ? Sommes-nous vraiment membres de Ginbot7/15Mai ? Si ce n’est pas le cas, pourquoi nous ont-ils arrêtés ? Serons-nous bientôt libérés ?

Peu importe, il existe des limites dans ce pays. Ceux qui décrivent la réalité politique de l’Éthiopie risqueront d’être incarcérés, tant qu’ils vivent ici.

Nous considérons que tous ceux qui se confrontent à cette réalité, qui s’exposent à des conséquences en exprimant leur opinion, vivent aux marges d’une prison : la nation elle-même. Voilà pourquoi notre blog s’appelle Zone9. [2]

Zone9 était en ligne depuis à peine deux semaines lorsque le gouvernement en a bloqué l’accès en Éthiopie en 2012. Nous avons continué à écrire, malgré cela, tout en sachant que le destin de notre blog pourrait être le nôtre. Nous savions que nous pouvions être arrêtés.

Au cours des semaines et de jours précédant notre incarcération en avril 2014, des agents de la sécurité gouvernementale nous avaient menacés d’une arrestation immédiate, mais nous sommes toujours secoués par ce qui nous est arrivé. Les six membres du collectif de blogueurs et nos trois amis journalistes ont été arrêtés et emprisonnés. À l’exception d’un des journalistes (Asmamaw Hailegiorgis du journal Addis Guday), nous avons été arrêtés le vendredi 25 avril, vers 11 h. Asmamaw Hailegiorgis a été embarqué le lendemain matin. Lorsque nous avons été emmenés au centre de détention, le délai du « mandat » de perquisition autorisant l’arrestation selon la législation éthiopienne était largement dépassé. Ce n’était que le début d’une longue série de violations de nos droits.

L’idée d’être envoyé au centre de détention de Maekelawi, qui a une terrible réputation, fait frissonner toute personne qui en connaît l’histoire. Toutefois, mon optimisme et la confiance que les traitements violents et inhumains appartenaient au passé m’ont empêché de trembler lorsqu’on m’y a escorté. Il en allait de même pour mes amis, je suppose. De plus, nous n’avions aucune raison d’avoir peur, car nous ne sommes ni des agents infiltrés ni membres de forces armées. Nous ne sommes que des blogueurs.

Mais dès mon arrivée à Maekelawi, les détenus m’ont informé que j’avais été placé dans une section tristement célèbre du centre de détention, surnommée «  Sibérie ». En moins d’une semaine, j’ai eu l’impression de vivre dans un chapitre du rapport 2013 de Human Rights Watch, intitulé They Want a Confession [Ils veulent une confession] [3].

Lire la 2e partie : Journal d’un prisonnier éthiopien : la cérémonie de Maekelawi

Pour en savoir plus sur l’affaire des blogueurs de Zone9 consultez le Trial Tracker Blog.

Six of the detained bloggers in Addis Ababa. Photo used with permission.

Six des blogueurs emprisonnés, photo publiée avec autorisation.

 [1] Ginbot7 et le Front de libération Oromo (OLF) sont des partis politiques d’opposition basés aux États-Unis. Ils ont été accusés de terrorisme par le gouvernement éthiopien.
[2] « La prison Kality d’Addis-Abeba est divisée en huit zones, la dernière, la Zone 8, regroupe les défenseurs des droits de l’homme et les dissidents. Lorsque nous nous sommes rassemblés, nous avons décidé de créer un blog pour la prison proverbiale dans laquelle vivent tous les Éthiopiens : il s’agit de Zone9. » Six membres d’un collectif de blogueurs arrêtés en Éthiopie, par Endalk Chala.
[3] They Want a Confession rapporte de graves violations des droits de l’homme, des techniques illégales d’interrogation et les mauvaises conditions de détention du centre Maekelawi à Addis-Abeba, des informations tirées d’entretiens avec d’anciens détenus du centre et des membres de leur famille. Le centre de Maekelawi compte des vingtaines de politiciens de l’opposition, de journalistes, d’organisateurs de manifestations et de prétendus partisans d’insurrections ethniques. Le rapport complet est disponible ici.

Les Mexicains demandent le “retour vivants des étudiants disparus vivants” d'Ayotzinapa

samedi 18 octobre 2014 à 19:33
15,000 march against disappearance of Ayotzinapa students, October 8, 2014, by Enrique Perez Huerta, Mexico City, Demotix.

15 000 personnes ont marché pour dénoncer la disparition des étudiants d'Ayotzinapa, 8 octobre 2014, par Enrique Perez Huerta, Mexico, Demotix.

Note : Cet article a été initialement rédigé, en espagnol, le 8 octobre.

Des milliers de personnes ont protesté à Mexico mercredi 8 octobre contre la disparition d'une quarantaine d'étudiants d'Azotzinapa dans l'Etat de Guerrero.

Les familles des victimes étaient toujours dans l'angoisse la semaine dernière, suite à la découverte par les autorités de 28 corps (non encore identifiés*) dans des fosses clandestines dissimulées dans le sud-est du Guerrero. Malheureusement, ce genre de nouvelles n'est pas inhabituel au Mexique, particulièrement après les deux massacres de San Fernando. [*Note : Il s'est finalement avéré que les corps retrouvés n'étaient pas ceux des étudiants d'Ayotzinapa]

Les manifestants demandent que les étudiants encore en vie soient reendus à leurs familles. “Et ceux qui n'ont pas survécu doivent être retrouvés” a ajouté l'un d'entre eux. Pendant que le peuple était dans les rues à travers tout le pays, les internautes du Mexique commentaient l'opération sur Twitter.

Tania a posté l'image suivante depuis le point de départ de la manifestation :

Sous El Ángel, on peut sentir la fraternité et l'indignation. [Note : El Ángel de la Independencia est un monument très connu de Mexico. Il est devenu le point de rassemblement pour les célébrations et les manifestations.]

TuiteraMx, un utilisateur avec plus de 13 600 abonnés, a déclaré :

La douleur que nous ressentons pour les normaliens disparus est insoutenable.

Pau a partagé cet ensemble d'images montrant les manifestations dans différentes villes :

Manifestations en Allemagne, Norvège, Argentine et Bolivie en faveur des étudiants d'Ayotzinapa. Justice pour Ayotzinapa. Nous sommes tous Ayotzinapa.

Mauricio Torres décrit la scène pendant la manifestation :

Les parents ouvrent la marche en portant une bannière avec les visages des 43 jeunes étudiants disparus.

Jordy M.Y. a été particulièrement impressionné par la taille du rassemblement :

La manifestation en faveur des étudiants d'Ayotzinapa est vraiment énorme et impressionnante. D'autres groupes nous rejoignent depuis la Reforma [Note : une des principales artères de Mexico].

Des habitants de Buenos Aires, en Argentine, ont montré leur soutient aux manifestants :

Ayotzinapa: Solidaires à l'ambassade du Mexique de Buenos Aires, Argentine.

Dr. John M. Ackerman a décrit le mouvement populaire qui a émergé suite à la disparition des étudiants comme ci-dessous :

Thousands of people have taken to the streets to demand justice for the dead as well as an increased role for society in politics and education.

Des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour réclamer justice pour les morts et un rôle plus important du social dans la politique et l'éducation.

Pour plus de détails sur les manifestations du 8 octobre, et pour les derniers développements de cette affaire, vous pouvez suivre les hashtags suivants : #Ayotzinapa, #AyotzinapaSomosTodos#JusticiaParaAyotzinapa, et #JusticeForAyotzinapa.

A Hong Kong, auto-censure, intimidation et brutalités policières entravent l'information sur la “révolution des parapluies”

samedi 18 octobre 2014 à 13:49
Staffs from Apple Daily News showed their determination to keep the news room operating after the mob attack on October 13. Photo from Chan Pui Man's Facebook.

Le personnel d'Apple Daily News montre sa détermination à garder la rédaction opérationnelle après l'agression collective du 13 octobre. Photo de la page Facebook de Chan Pui Man.

Les journalistes qui travaillent à Hong Kong sont mis ces dernières semaines à rude épreuve quand ils traitent de la “révolution des parapluies”, le mouvement de protestation pro-démocratie qui réclame des élections libres et équitables. Non seulement ils se sont exposés eux-mêmes aux violences en couvrant les affrontements entre policiers et manifestants, mais quand ils délaissent le terrain pour leur bureau, certains doivent encore subir la pression de leur rédaction pour qu'ils s'auto-censurent, ou le harcèlement des malfrats pro-Pékin.

Depuis que la police a commencé à démanteler les barricades montées par les protestataires sur les sites du campement géant surnommé Occupy Central, les confrontations entre contestataires et policiers sont pratiquement quotidiennes. Placés entre policiers et manifestants, les photo-journalistes sont devenus eux-mêmes exposés aux blessures. Il n'est pas rare de voir un caméraman de télévision aspergé de spray au poivre ou bousculé par des policiers pendant son reportage. Il arrive que les policiers ne fassent pas le détail entre manifestants et reporters et chargent ces derniers quand ils prennent des photos de la ligne de front.

Quatre sites indépendants d'information :  inmediahk.net, SocREC, USP et Local Press, ont publié une déclaration conjointe dénonçant l'attaque intentionnelle par la police de journalistes le 15 octobre lors de la dispersion des manifestants sur Lung Wo Road devant le siège du gouvernement :

凌晨三點,SocREC一名攝影記者則在添馬公園採訪清場,被持防暴裝備的警察強行拉入警員堆之中,拳打腳踢接近30秒,記者的眼鏡、頭盔以及眼罩被打至飛脫。一輪暴打後,兩名警員把該名記者拖行近30秒,送上警察押送犯人的旅遊巴上。拖行期間,受傷記者不停向警察展示記者證,但警察依然没有停止毆打,更用粗口辱罵記者。記者在旅遊巴上,有負責應付傳媒的警員確認SocREC記者身份後,著令他下車。記者事後已去瑪麗醫院驗傷,證實面部、額頭、鼻、嘴角、頸部以及左手手臂都有明顯傷痕。

同一時間,獨媒其一中名攝影記者在龍和道隧道內採訪期間,一名警察突然上前用胡椒噴霧指嚇他,記者遵從警員指示後退,但警察仍然在毫無警示下多次正面對準記者面部發射胡椒噴霧;後來,該記者雖然多次重申記者身份,警察仍然把他雙手扭轉並押走。其後警察更對記者吆喝:「記者又點,記者大哂?」、「記者又點,記者唔可以行前影相架嘛!」,警察確認記者身份之後放行。而另一名獨媒記者在後退時,亦遭警員用圓盾撞傷頭部。

A 3 heures du matin, alors qu'il couvrait le dégagement de Tamar Park, un reporter de SocREC a été tiré du côté des lignes de la police anti-émeute et frappé pendant une trentaine de secondes. Par la suite, deux policiers l'ont traîné le long de la rue pendant 30 secondes et jeté dans un fourgon cellulaire. Le reporter blessé a montré à plusieurs reprises son badge de presse pendant son calvaire, sans que cela arrête les policiers. Ils se sont mis alors à l'insulter. C'est seulement lorsqu'un officier de presse de la police a vérifié son identité qu'il a été autorisé à repartir. Le reporter est allé se faire soigner au Queen Mary Hospital et le rapport médical a détaillé des blessures visibles sur le visage, le front, le nez, la bouche, le cou et le bras gauche.

De même, un reporter d'inmediahk.net travaillant dans un tunnel de Lung Wo Road a été soudain menacé de spray au poivre par un policier. Il a obtempéré à l'agent et a reculé, mais a été aspergé au visage sans sommation ; il a eu beau montrer son badge de presse à plusieurs reprises, il a été arrêté et menottté. Ce faisant, le policier a hurlé : “Reporter ? Et alors ?” “Même les reporters ne peuvent pas prendre de photos du front.” Il a été relâché après vérification d'identité. Un autre reporter d'inmediahk.net a été frappé à la tête d'un coup de bouclier par un policier alors qu'il reculait.

Les reporters qui ont couvert les événements sur la ligne de front au péril de leur intégrité physique ne verront pas forcément leurs articles publiés, en raison de l'auto-censure pratiquée dans les rédactions. Beaucoup d'organes de médias de Hong Kong, qui est une région administrative spéciale de la China, craignaient déjà de perdre leurs revenus publicitaires provenant de leurs relations d'affaires sur le continent, ou de déplaire au gouvernement de Pékin. Une tendance qui n'a fait que s'amplifier avec les récentes manifestations réclamant un système ouvert de désignation des candidats au poste de chef de l'exécutif de la cité, qui va à l'encontre du désir du continent d'un comité majoritairement pro-Pékin. 

Le 15 octobre, le directeur de l'information de TVB, la station de télévision la plus populaire de la cité, a ordonné à l'équipe éditoriale de modifier le commentaire en voix-off d'un reportage vidéo sur des violences policières alléguées. Les images ne laissaient pas de doute sur les coups de poing et de pied dont plusieurs policiers ont bourré pendant quatre minutes un manifestant dans un coin sombre.

Le lendemain, 28 membres du personnel de la rédaction publiaient une déclaration collective regrettant la décision de la direction. A ce jour une centaine d'employés du service informations de la station y ont apposé leur signature.

Ancien reporter à TVB, Au Ka Lun a expliqué le fonctionnement la rédaction de TVB après qu'il a lu la déclaration collective :

這份行文平淡的聲明,一字一句,都是血與淚;我讀到了,我記起了,我們這一代記者,無止境的屈辱與掙扎,理想與現實的差距,去與留之間的徘徊。[...]
很多時,前綫記者,就只負責採訪,他們是「車衣女工」,只是新聞製作過程的一環。很多時,採訪完畢,片段送回公司,稿不是他們寫的,內容的編輯與選材,也不是前綫記者全權決定的,新聞部裡,有很多編輯,有很多採主,編輯採主之上,還有一個人;一個人之上,有強橫的勢力。記者最自由自主的時間,就是那一個人睡覺的時間,而他睡很少。

Chaque mot de cette simple déclaration est écrit dans la sueur et le sang. Je l'ai lue et me suis rappelé l'humiliation et la lutte sans fin affrontées par notre génération de journalistes. Le fossé béant entre idéal et réalité, et savoir s'il faut rester ou partir, est toujours une lutte. […]
La plupart du temps, les reporters sur le front ne sont responsables que des interviews et de l'enregistrement des faits sur le terrain. Ils sont comme des ouvriers à l'usine, chargés d'une fraction de la production de l'infomation. Leur travail fait, les images sont envoyées à la rédaction. Ils ne seront pas responsables du texte. Le contenu et le sens ne peuvent être décidés par les reporters. A la rédaction, il y a de nombreux rédacteurs d'informations et de missions, eux-mêmes chapeautés par un individu supplémentaire. Au-dessus de cette personne, il y a des forces plus grandes encore. Les reporters n'ont ni liberté ni autonomie ; ils n'ont de liberté que lorsque cet individu est endormi, mais il dort très peu.

Les “forces plus grandes” mentionnées par M. Au sont les différentes formes de pression politique venant de Pékin, telles que calomnies voire menaces violentes. La plupart des organes de médias de Hong Kong font des compromis en incorporant l'auto-censure à la gestion de leur rédaction, à l'instar de TVB. Pour ceux qui ne s'y plient pas, les menaces se font plus explicites.

Depuis le 12 octobre, des voyous pro-Pékin ont été mobilisés pour encercler le siège du quotidien pro-démocrate Apple Daily et empêcher la distribution de ses éditions. Ils ont bloqué l'entrée de l'Apple Daily le 13 octobre et empêché le chargement des journaux sur les camions. Comme si cela ne suffisait pas, le site internet d'Apple Daily a subi des cyber-attaques qui l'ont réduit au silence, et les lignes téléphoniques de ses bureaux ont été saturées d'appels abusifs.

Malgré la prompte obtention par le journal d'une ordonnance de justice, les bandes de voyous ont continué à battre le pavé devant l'entrée. Comme la police de Hong Kong n'intervenait pas pour les disperser, le personnel d'Apple Daily a pris les choses en mains et les a affrontés dans la rue.

Staffs from Apple Daily confronted with the mobs outside the media outlet's headquarter by holding up the newspapers. Photo from Chan Pui Man's Facebook.

Le personnel d'Apple Daily affronte les voyous devant le siège de la publication, journaux à la main. Photo : page Facebook de Chan Pui Man.

Depuis que Pékin a martelé qu'éliminer les candidatures “indésirables” de la première élection directe par Hong Kong de son chef suprême était une question de sécurité nationale, ses représentants à Hong Kong recourent à des mesures extrêmes pour faire taire les voix dissidentes. Des mesures qui non seulement font obstacle au développement de la démocratie mais sapent aussi la liberté de la presse, au fondement de la cité financière.

EDF et Areva ne sont pas des boulets, mais des moteurs de la transition énergétique

samedi 18 octobre 2014 à 08:30

Le 1er octobre, des manifestants France nature environnement dénonçaient le poids des lobbies sur les parlementaires. Ils accusent Areva et EDF d’être les « boulets de la transition énergétique », faisant l’impasse sur leurs considérables investissements dans le domaine. Les énergies renouvelables n’étant pas encore matures, elles sont pour le moment encouragées à l’aide de tarifs garantis jusqu’à ce que, viable économiquement, elle soit prise en charge par des acteurs privés. Mais ils ne se bousculent pas au portillon. En attendant, la France a toujours besoin de ces grands groupes pour réaliser les investissements nécessaires à la recherche et au développement de ces énergies.

Jusqu’ici, les projets industriels d’énergie étaient source de nombreux risques. À commencer par les coûts des technologies utilisées. De très lourds investissements sont nécessaires notamment pour répondre aux coûts fixes. Dans le cas des  du secteur éolien par exemple, 75 % du coût de l’énergie éolienne provient des coûts fixes de l’installation. D’autant que ces technologies, non encore parvenues à maturité pour certaines, présente des risques de défaillances techniques plus élevés, ce qui menace directement la rentabilité de l’investissement.

À cela s’ajoute toute l’incertitude juridique qui a plané sur le secteur éolien jusqu’en juillet 2014 et qui empêchait les investisseurs et les banquiers d’avoir une véritable visibilité. Même aujourd’hui, alors qu’un nouvel arrêté tarifaire a finalement été publié au journal officiel, le lancement d’un projet industriel dans le secteur reste une aventure périlleuse dans laquelle il n’est pas facile de s’engager.

Les difficultés sont immenses. Le développement d’un projet dans le secteur des énergies renouvelables peut prendre 4 ou 5 ans et nécessiter 25 autorisations administratives préalables. C’est consciente de ce parcours du combattant que la société à capital risque « Oser », dédiée à la production d’énergie verte en Rhône-Alpes, s’est appuyée sur un financement public-privé en 2013. Soit 8 souscripteurs pour réussir à lever 9,5 millions d’euros. Mais il fallait bien ça pour avoir la capacité de faire émerger et structurer ces opérations, extrêmement complexes.

« Il est temps de simplifier la procédure administrative, de fixer rapidement une société sur la possibilité de développer ou non un projet, et ce, de manière sécurisée », affirme d’ailleurs à ce propos Arnaud Gossement, avocat spécialisé dans le domaine de l’énergie, à propos de l’éolien.

Si d’autres régions y pensent, de telles initiatives ne sont pas pléthores. En attendant, toutes les plus belles idées restent lettre morte et le secteur ne progresse pas. Dans ce contexte, le rôle des grands groupes, forts d’une trésorerie qui leur aménage une certaine zone financière de confort, est crucial dans le développement des énergies renouvelables.

Si les accusations des militants France nature environnement (FNE) qui manifestaient mercredi 1er octobre devant le Palais Bourbon à l’encontre de Total sont justifiées, il est inexact d’accuser EDF et Areva de « boulets de la transition énergétique ». Car sans eux, il serait bien difficile d’atteindre les objectifs ambitieux fixés par le Gouvernement dans le cadre de la loi sur la transition énergétique qui prévoit notamment d’augmenter à 32 % à l’horizon 2030 la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique.

D’autant que la question du financement fait des sceptiques parmi les ONG, qui doutent que les crédits d’impôt, prêts et autres d’incitations fiscales suffisent à récolter les 10 milliards d’euros estimés par Ségolène Royal. Ils doutent même que 10 milliards suffisent tout court. À leurs yeux, ce sont 20 milliards qui sont nécessaires pour couvrir les besoins de la transition énergétique.

« Cela dit, nous sommes très conscients du fait que la transition énergétique ne peut être financée qu’avec une mobilisation massive des investissements privés », faisait valoir le député Vert Denis Baupin dans un entretien accordé à Novethic.

Alors quand, en février 2014, le groupe d’électricité français EDF profitait de résultats en forte hausse pour faire part de ses intentions d’investissements (14 milliards d’euros prévus en 2015), et quand l’on sait que l’un de ses axes prioritaires réside dans le développement des énergies renouvelables, prioritairement dans l’hydraulique, l’éolien et le solaire, difficile d’accréditer l’idée selon laquelle l’électricien serait un « boulet de la transition énergétique ».

« La bonne performance opérationnelle est marquée par une croissance soutenue des énergies renouvelables, de près de 23 % en France, qui se traduit par une augmentation de la production générale du groupe », avait également commenté Henri Proglio à cette occasion, le PDG ayant a cœur ce dossier depuis le début de son mandat.

Concrètement, nous pourrions citer les 1,4 GW d’éolien et de photovoltaïque que l’entreprise exploite en France, ainsi que les 3 parcs éoliens qu’il s’apprête à bâtir offshore, Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), Courseulles-sur-Mer (Calvados) et Fécamp (Seine-Maritime). Nous pourrions également mentionner le fait qu’Areva soit le seul fabricant français d’éoliennes offshore en France. Nous pourrions rappeler que des milliers d’emplois leur sont attachés.

Ces grands groupes restent partie prenante de la transition énergétique. Sans eux, de telles ambitions ne seraient tout simplement pas envisageables. Nous avons besoin des acteurs privés pour une politique énergétique véritablement efficace.