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Le Sommet de Minsk, version 2.0

vendredi 13 février 2015 à 20:29
Images edited by Kevin Rothrock.

Montage d'images par Kevin Rothrock.

Les leaders mondiaux ont passé mercredi une nuit blanche dans la capitale biélorusse pour une session-marathon de diplomatie tendue et à hauts enjeux.

Le président de la Biélorussie Alexandre Loukachenko a accueilli deux des plus puissants dirigeants de l'Union Européenne, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Francois Hollande, en compagnie des présidents unkrainien Petro Porochenko et russe Vladimir Poutine, accompagnés de leurs entourages de conseillers, pour une offensive diplomatique de la dernière chance visant à arrêter l'escalade de la violence dans l'est de l'Ukraine.

Les dirigeants ont fini par refaire surface jeudi matin, après seize heures éprouvantes de négociations, avec pour fruit de leurs efforts un accord de paix.

Les Russes, comme le monde entier, étaient scotchés aux réseaux de médias sociaux pendant le déroulement des pourparlers. Le fait que les informations n'aient guère transpiré pendant la plus grande partie de la nuit, les discussions se déroulant à huis clos, n'a évidemment pas découragé les internautes.

L'image qui a le plus fait le tour des réseaux sociaux a probablement été celle-ci :

Photo de TV-Dojd.ru

De très nombreux utilisateurs des médias sociaux s'en sont servi pour des commentaires et blagues politiques.

On en fera des mèmes pour l'éternité

Une grande part des commentaires et messages les plus partagés combinaient de la sorte humour et sous-entendus politiques acérés. 

Un compte populaire de RuNet spécialisé dans l'humour noir a mis en rapport la fuite accidentelle de la prochaine saison de la populaire série de Netflix House of Cards et la rencontre diplomatique dramatique de Minsk : 

Ils regardent la troisième saison de House of Cards.

Une photo peu flatteuse de Vladimir Poutine arrivant à Minsk, avec un commentaire plein d'esprit a valu au compte du célèbre opposant russe Alexeï Navalny des centaines de retweets.

Ils ont envoyé un sosie à Minsk. Au cas où ça serait un piège.

Autre objet à succès rapide sur les réseaux sociaux, cette vidéo en boucle, qui semble montrer Loukachenko en train de retirer sa chaise à Poutine qui essaie de s'asseoir :

   

Ceux qui ont partagé ce clip désopilant ne se sont pour la plupart pas rendu compte initialement qu'il s'agissait en fait d’images d'actualité projetées à l'envers pour un effet comique.

Tandis que la nuit avançait, de nombreux posts de médias sociaux, surtout de journalistes, se sont peu à peu centrés sur le manque de sommeil.

La presse à Minsk s'est mise en mode stand-by. Bon, moi aussi je vais dormir.  

Pendant que les pourparlers de paix durent depuis près de 12 heures, les journalistes et le personnel local essaient de prendre un peu de repos

TV Dojd a même montré une photo de Porochenko en plein bâillement dans un un tweet sur les négociations au petit matin. 

Les négociations s'étirent jusqu'au plus profond de la nuit

Il s'est aussi trouvé des comptes de médias sociaux pour remplir une fonction plus sérieuse. Par exemple, un conseiller ukrainien du président Porochenko a publié des mises à jour sur son compte Facebook, et les Affaires Etrangères allemandes ont utilisé Twitter pour donner les informations de dernière heure :  

Dernière heure : Accord à Minsk. Sommet de Minsk.

5 mobilisations citoyennes font reculer l'industrie des énergies fossiles

vendredi 13 février 2015 à 16:35
No Fracking Falkirk: Peaceful Protest "The People's Voice" Sunday 7 December 2014. Photo by Flickr user Ric Lander. CC BY-NC-SA 2.0

Non à la fracturation hydraulique à Falkirk : manifestation pacifique “La voix du peuple”, le 7 décembre 2014. Photo de Ric Lander publiée sur Flickr. CC BY-NC-SA 2.0

Cet article écrit par Thelma Young pour 350.org, une organisation à l'initiative d'un mouvement mondial pour lutter contre le changement climatique, est republié sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

En janvier dernier, un peu partout dans le monde, plusieurs mobilisations citoyennes ont remporté une victoire face aux industries du secteur de l'énergie fossile après une lutte acharnée. Voici cinq de ces victoires citoyennes :

1. Carson en Californie (USA)

Pendant des années, des citoyens n'ont cessé de lutter contre un projet de forage de 200 puits de pétrole. En janvier dernier, la compagnie pétrolière, California Resources Corp, s'est vue contrainte de renoncer à son projet. Suivez ce lien pour découvrir toute l'histoire.

“We don’t have to worry about our water that we drink, we don’t have to worry about our air quality that we breathe.… We’re talking about a way of life for us.” –Dianne Thomas, Carson Coalition community group

“On n'a pas à s'inquiéter de l'eau que l'on boit, on n'a pas à s'inquiéter de la qualité de l'air que l'on respire… Nous parlons de notre mode vie”, a déclaré Dianne Thomas, membre de l'association citoyenne, The Carson California.

2. Écosse (GB)

Oui, vous avez bien lu : l’Écosse a annoncé un moratoire sur la fracturation hydraulique. Les Écossais ont bien compris qu'il n'y avait pas de fracturation hydraulique sans risque pour les personnes, la planète ou le climat.

Cependant, la mesure ne s'applique pas à toutes les formes d'extraction, notamment la gazéification souterraine du charbon. Cette méthode consiste à transformer le charbon en gaz par injection d'air et de vapeur à haute température, puis de recueillir le gaz produit à la surface. Mais, ça reste toujours une grande victoire !

“The Government’s decision today is testament to the perseverance of people and communities around the country who have tirelessly fought this industry in recent years.” —Friends of the Earth Scotland

“Cette décision du gouvernement écossais témoigne de la persévérance des personnes et des mobilisations citoyennes à travers tout le pays, qui combattent sans relâche cette industrie depuis ces dernières années.” — Les Amis de la Terre Écosse

3. Dans la région côtière de Maule au Chili

Le projet d'une centrale à charbon de 750 mégawatts a été présenté pour la première fois en 2007, et depuis lors, un mouvement de citoyens, appelé Action des citoyens pour la défense de la région côtière de Maule, n'a eu de cesse de s'y opposer. Le combat s'est poursuivi jusqu'à ce que l'entreprise, AES Gener, perde son permis d'exploitation, annulant par voie de conséquence le projet. Suivez ce lien pour en savoir plus.

“The community was organised, was active and was emphatic in defining their own development path.”–Rodrigo de la O, convener of the Maule Itata Coastkeeper and a member of the Waterkeeper Alliance

“Ce mouvement de citoyens était très organisé, actif et énergique. Les citoyens ont décidé de choisir leur propre voie de développement”, explique Rodrigo de la O, organisateur du Maule Itata Coastkeeper et membre de la Waterkeeper Alliance.

4. São Paulo, Brézil

Un juge a prononcé une injonction pour suspendre le processus d'exploration de gaz à l'ouest de São Paulo, ainsi que l'arrêt des projets de fracturation hydraulique.  La suite du récit est en portugais.

5. Marrickville, Australie

Le 27 janvier 2015, le Conseil de Marrickville, zone d'administration locale au sud-ouest de Sydney en Nouvelle-Galles du Sud, a voté une motion pour se décharger de ses investissements dans les énergies fossiles. Dans un premier temps, le Conseil veillera à ce qu'une première somme (de plus de 15 millions de dollars) ne soit plus placée dans les énergies fossiles, avec pour objectif d'augmenter à terme ce montant. Suivez ce lien pour en savoir plus.

“Le Conseil de Marrickville s'est fortement engagé dans la lutte contre le changement climatique avec la mise en œuvre de programmes visant à la réduction des émissions carbones. En adoptant cette motion, nous souhaiterions que les institutions financières évitent d'investir dans les énergies fossiles, notamment dans les ports de charbon sur la côte de la Grande barrière de corail ou dans des projets de gaz de charbon à Camden”, explique le conseiller Max Phillips, auteur de la motion pour un monde exempt des énergies fossiles.

Le combat n'est pas encore fini. Durant les Journées mondiales du désinvestissement des fossiles (13 et 14 février 2015), se tiendront près de 500 évènements dans 58 pays des six continents. Dans le monde entier, des citoyens vont se rassembler pour dire non à l'industrie fossile, envoyant un message clair qu'il est grand temps de mettre un terme à l'ère des énergies fossiles et de commencer la transition énergétique pour protéger l'humanité et la planète.

La politique linguistique agite à nouveau l'Afghanistan

vendredi 13 février 2015 à 13:33
Afghanistan_provinces_pashto

Le nom des provinces d'Afghanistan est écrit en pachto sur cette carte. Les Tadjiks, ainsi que les autres minorités ethniques dont la langue est le dari, craignent, avec l'arrivée au pouvoir de l'ethnie pachtoune, une préférence linguistique (Image: Wikipedia).

Salahuddin Rabbani, le nouveau ministre afghan des Affaires étrangères et fils de l'ancien président assassiné Burhanuddin Rabbani, fait actuellement l'objet de critiques pour avoir commencé son discours d'investiture devant le Parlement en s'exprimant en pachto. La critique la plus virulente vient des membres de l'ethnie dont ce ministre est issu. Ces derniers parlent le dari, et le fait que Salahuddin Rabbani ait choisi de s'exprimer dans une autre langue que sa langue maternelle est pour eux une trahison. 

Le pachto et le dari sont les deux langues officielles d'Afghanistan, selon la Constitution. Au cours des deux derniers siècles, tous les dirigeants de ce pays, à l'exception de Habibullah Kalakani et Burhanuddin Rabbani,  étaient issus de l'ethnie pachtoune. Le pachto est bien moins utilisé à l'écrit que le dari (appellation locale du persan). Ce dernier est aussi, en Afghanistan, la langue privilégiée par plusieurs groupes ethniques non-pachtounes, dont l'importante minorité tadjike à laquelle appartient Rabbani.*

Peu après le discours du 27 janvier, Abdullatif Pedram, chef du Parti du Congrès national et issu lui-même de la minorité tadjike, a écrit sur Facebook un message lu par un très grand nombre de personnes. Il y critiquait le nouveau gouvernement afghan de coalition, selon lui “illégal” et “anticonstitutionnel”, en ajoutant que Salahuddin Rabbani avait “trahi [sa] langue maternelle et la civilisation perse.”

Abdullatif Pedram. Photo from his Facebook page

Abdullatif Pedram (Photo sur sa page Facebook)

وقتی آقای صلاح الدین نیمه ی اول سخنرانی اش را به زبان پشتو متبرک می سازد،معنایش این است که زبان پشتو زبان اول این سرزمین است. نمایندگان کشورهای خارجی هم بر همین اساس به یقین می رسند. نام این کار خیانت به زبان مادری وفرهنگ غنامند فارسی است در روایات است که امام ابو حنیفه (رح)گفته بود میشود به این زبان نماز خواند.(دکترسروش) نامش تسلیم طلبی و بی همتی است. من به همه ی زبان های وطنم احترام می گذارم و آنهارا دوست میدارم منجمله زبان پشتورا. اما بحث عدالت خواهی چیزدیگری است زبان فارسی اکثریت زبانی است.

When Salahuddin starts the first part of his speech in Pashto, it means that Pashto is the first language in this land. Based on this, representatives of foreign countries will also come to the same conclusion. This is an infidelity to [his] native language and rich Farsi culture… I respect and love all languages in my country, including Pashto. But the issue is one of justice. Farsi is the language of the majority (in Afghanistan).

Lorsque Salahuddin commence la première partie de son discours en pachto, cela signifie que le pachto est la langue principale de ce pays. Sur la base de cette analyse, des représentants de pays étrangers arriveront aussi à la même conclusion. Il s'agit d'une infidélité à [sa] langue maternelle, à la culture perse ainsi qu'à la la richesse qui caractérise cette dernière… J'ai du respect pour toutes les langues de mon pays, y compris le pachto, et je les apprécie énormément. Mais il est question ici de justice. Le persan est la langue parlée par le plus grand nombre d'habitants (d'Afghanistan). 

Beaucoup de personnes sont de son avis et l'ont fait savoir

ﺟﻨﺎﺏ ﺩاﻛﺘﺮ ﺻﺎﺣﺐ ﺩﻗﻴﻖ ﻓﺮﻣﻮﺩﻳﺪ ﺑﭽﻪ ﻫﺎﻱ ﻛﻪ ﻫﻮﻳﺖ ﺧﻮﺩ ﺭا ﻣﻮﺭﺩ ﻣﻌﺎﻣﻠﻪ ﻗﺮاﺭ ﺩﻫﺪ ﭼﻪ ﺗﻮﻗﻊ اﺯ اﻥ ﺩاﺷﺖ.

Dear Dr. You are right. What else you can expect from those who trade their identity?

Monsieur, vous avez raison. Que peut-on attendre d'autre de la part de ceux qui changent d'identité ?

D'autres personnes ont accusé Abdullatif Pedram de nationalisme. Ahmad Wali Hakimi s'est montré sévère:

جناب پدرام حیف تحصیل وعمرگران بهایتان که به این پوچ وبیهوده میگذرانی تو خاین ملی هستی تو شخص مریض هستی خداکند مریضی شما ساری نباشد

M. Pedram, vous avez beaucoup d'éducation et votre vie est inestimable. Il est donc regrettable que vous perdiez votre temps avec des choses (et à discuter de choses) qui ne servent à rien. Vous avez trahi la nation, vous êtes un malade…

Un autre internaute, Fazl Azizi, a souligné la double nationalité du nouveau ministre des Affaires étrangères. Ce facteur a beaucoup contribué à sa nomination:

باید به زبان انگلیسی صحبت میکرد .تابعیت انگلیس داشت.

Il ferait mieux de parler l'anglais puisqu'il est citoyen britannique. 

En réalité, les médias nationaux ont fait savoir que la Chambre basse avait approuvé l'annulation de la citoyenneté britannique de Salahuddin Rabbani le 26 janvier dernier, afin que ce dernier pût, le lendemain, être nommé ministre des Affaires étrangères. Cependant, le parlement afghan doit encore donner son accord au sujet de l'arrivée au pouvoir de la moitié des ministres potentiels du président Ashraf Ghani. Beaucoup de ces derniers sont, eux aussi, citoyens de deux pays.

Ashraf Ghani – qui affirme lui-même être issu de l'ethnie pachtoune – et ses anciens adversaires dans le scrutin pour la présidence ont pris des mesures visant à instaurer des coalitions multiethniques lors de la campagne électorale de ce début d'année. Parmi les membres de l'équipe présidentielle figure, par exemple, Ahmad Zia Massoud, qui est issu de l'ethnie tadjike et est aussi le frère de Ahmad Shah Massoud, commandant de la célèbre Alliance du Nord. De nombreux Tadjiks ont critiqué Ahmad Zia Massoud pour avoir préféré s'associer à Ashraf Ghani qu'à son rival Abdullah Abdullah, issu de ces deux ethnies et ami très proche de Ahmad Shah Massoud avant l'assassinat de ce dernier en 2001. 

Salahuddin Rabbani fut ambassadeur d'Afghanistan en Turquie en 2011. Il a étudié à l'étranger et est considéré comme un technocrate, bien qu'ayant de forts liens tribaux avec l'ethnie tadjike du côté de feu son père. En commençant son discours en pachto, Salahuddin Rabbani cherchait peut-être à combler les fossés ethnique et linguistique existant en Afghanistan. La situation, cependant, semble s'être aggravée à cause de cet épisode.  

* Cliquer ici pour consulter une carte des langues d'Afghanistan. Remarque: sur cette carte ne figurent que des renseignements approximatifs et, par conséquent, contestables. .

Mozambique : la première femme nommée gouverneure face au machisme

vendredi 13 février 2015 à 08:53
Governadora de Gaza tomando posse

Investiture de la gouverneure Stella Pinto

Au Mozambique, un nouveau président est au pouvoir, issu des élections générales du 15 octobre 2014. Ce président a toutes compétences pour former son gouvernement et nommer les nouveaux gouverneurs des 11 provinces du pays. C'est dans ce cadre que Filipe Nyusi, nouveau président du Mozambique, a nommé Stela Pinto, gouverneure de la province de Gaza. Stela Pinto est une jeune universitaire qui jusqu'à sa nomination occupait à l’université Quelimane le poste de directrice pédagogique.

Gaza est une province du sud du Mozambique  peuplée d'environ 1 230 000 habitants.  Cette région n'a jamais eu de toute son histoire politique une femme comme gouverneur. C'est une province typiquement machiste et conservatrice dans ses habitudes. 

Des histoires ont commencé à circuler dans le pays et au sein même du parti Frelimo, celui du nouveau président, sur le mécontentement de la population de la province de Gaza après la nomination d'une femme à ce poste. On a même vu publiées des photos suggestives de cette femme , pour salir son image. 

Pour Muhamad Yassine, député à l'assemblée de la république, il s'agit là, sans aucun doute, d'une question de machisme. Avoir nommé une femme à un poste aussi élevé dérange certaines personnes. 

 Une femme dans une province connue pour son machisme extrême et pour l'usage de la force contre les groupes politiques rivaux parachutés dans ce lieu ! Il ne fallut pas longtemps pour que circulent des images susceptibles d'exciter les hommes, et que la morale religieuse réprouve. Où est la victoire de ces machistes ? S'agit-il d'une conspiration politique ?  Faut-il admettre l'échec d'une tentative de nommer, dans cette province, une femme à un poste que les hommes estiment leur revenir de droit ? Pourquoi se “vautrer” dans la vie des gens pour en jouir ?  Où est la méchanceté sur ces photos?  Où est le sourire à la fin du jour ?

Machismo na província de Gaza

Un article de  Jornal Zambeze dans la province de Gaza ( ‘Les questions culturelles au coeur du cyclone”) 

Antonio Frangoulis, un commentateur politique, s'exprime sur ces questions de machisme et des protestations  provenant de la province de Gaza et du parti Frelimo:

  J'ai lu dans l'hebdomadaire “ZAMBEZE” ce genre d'article : “La population de la province de Gaza et des membres de premier plan du parti Frelimo dans cette région auraient été profondément irrités par la décision du Président de la république de nommer la jeune Stella da Graça Pinto Zeca au poste de gouverneur de la province de Gaza”. On lit encore : “… en manière de protestation contre cette nomination, la population de Gaza, y compris des membres du parti Frelimo,  de l'Organisation de la femme mozambicaine (OMM), de l'Association des combattants de la lutte pour la libération nationale  et de l'organisation de la jeunesse mozambicaine (OJM), ont boudé la cérémonie publique de présentation du nouveau “guide provincial”…

J'imagine que lorsque les deux organes sociaux les plus conservateurs se sont échangés des images répugnantes qui circulaient, supposées représenter la jeune gouverneure, la compassion pour cette pauvre femme a dû être fort insuffisante ! Du genre: “Il n'y a pas de fumée sans feu…'ou  'Jamais deux sans trois’ !
PS: je ne veux pas rentrer dans cette polémique, parce que si l'on en croit ce que j'ai trouvé sur les réseaux sociaux, il n'y a aucune logique dans ces discours, seulement  des réactions affectives et passionnelles qui, comme on le sait, sont sans aucune limites en politique. 

Certains ont néanmoins condamné l'utilisation de photos obscènes comme on l'a vu dans les réseaux sociaux. Gito Gitinho Gitão en parle:

 Ces réseaux sociaux  font de la vie de certaines personnes un enfer. Madame le gouverneur de Gaza est devenue une victime. Je ne confirme pas la  véracité des photos ! J'ai toujours dit que nous devions être prudents dans nos actions, ce que l'on fait aujourd'hui à des implications dans le futur ! Que ces petites jeunes évitent de s'amuser à envoyer des photos intimes,  je le dis plus que jamais !

 Sur le blog Mozambique terre brûlée, on confirme l'hypothèse d'un montage et d'un trucage de photos, et donc celle d'une diffamation de la Gouverneure. On demande l'intervention du Procureur Général de la République. 

 Le trucage de photos peut avoir ses raisons, faire passer des informations correspondant à des faits réels. Il est très facile de faire des montages de photos, les nouveaux outils technologiques permettent de modifier une image. Parfois, cela peut être gracieux, amusant, un canal pour l'imagination et la créativité de celui qui le fait. Cependant le trucage n'a plus de sens quand son but est maléfique, péjoratif, sarcastique, avec l'unique intention d'altérer l'image publique d'un citoyen.  Quand il s'agit de blesser quelqu'un, des spécialistes en la matière ne sachant sans doute rien faire d'autre ne perdent pas de temps et  s'offrent le luxe d'inventer ou de réinventer les artifices qui portent atteinte à la dignité d'un individu (…). Qu'y a t-il derrière ces actes tellement odieux ? Toute spéculation nous pousserait vers la théorie du complot (…). Il est temps Messieurs de prendre au sérieux les délits cybernétiques dans la société mozambicaine  et de mettre leurs auteurs devant leurs responsabilités.  Le Procureur Général de la République (PGR)  doit agir avec rigueur et efficacité en coordination avec les ministères des Sciences et Technologies et de l'Enseignement supérieur et technique professionnel pour sanctionner ces actions indignes.

 

La politique au Vénézuela bâillonnée au nom du Chavisme

vendredi 13 février 2015 à 08:37
“Chávez Vive” (“Chávez Lives”) by Ricardo Patiño, under CC BY SA 2.0

“Chávez Vive” (“Chávez vit ”) par  Ricardo Patiño, sous  CC BY SA 2.0

 Résumé des notes prises durant à la table ronde “Baillonnée au nom de Dieu et du pays”,  l'une des tables rondes du Sommet de Global Voices 2015 à Cebu, aux Philippines.

 Depuis l'accession au pouvoir d'Hugo Chávez en 1999, la construction d'un soi-disant socialisme du XXIe siècle a été intrinsèquement liée au concept dune patrie qu'il faudrait défendre contre un ennemi, intérieur ou extérieur. Les notions de patrie, état, gouvernement et chavisme ont été si profondément liées qu'on ne peut plus les dissocier les unes des autres

 Nous n'étions pas auparavant un pays très patriotique et à mon sens, cette absence d'une identité nationale cohérente et unique a dynamisé ce movement poltique qui remplissait un vide et créait dans la conscience collective ce concept de patrie dont le sens est devenu indissociable du système politique actuel, même pour un dissident. A cause de celà, toute atteinte aux positions politiques du parti est considéré comme une menace pour la patrie elle même, une trahison à punir avec la plus extême fermeté.

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Marianne speaking on the panel in Cebu. Photo by @mussanaf

Marianne s'exprimant pendant la table ronde à Cebu. Photo de  @mussanaf

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'argument massue : “Mais nous avons une Patrie!”, est réellemnent devenu une plaisanterie totalement dépassée que je suis fatiguée d'entendre, venant de ceux qui s'opposent au gouvernement. Est ce que nous n'étions pas supposés être des gens créatifs et originaux ? ça nous mène où tout ça ?

Le chavisme, et la personne de Chavez lui-même, ont été sacralisés, particulièrement après son départ en 2012.  Son image qui était déjà partout sur les murs, les bâtiments, et dans tous les édifices publics, s'est métamorphosée en icônes d'une religion politique, avec ses chapelles et ses sanctuaires. Des milliers de personnes portent des tatouages de sa signature. Et il y a des petites statues de lui partout à travers le pays. “Chávez lives” (Chavez est vivant) est la devise la plus utilisée par le gouvernement 

 Pendant le gouvernement de Chavez, il existait un document appelé : “Un plan pour la Patrie”, présentant les lignes directrices philosophiques et politiques de son “socialisme du XXIe siècle”. Dès l'arrivée au pouvoir de Nicolas Maduro, ce “ Plan pour la Patrie”  est devenu une Loi.

Cette loi donne ,entre autre, priorité à l'établissement d'une “hégémonie des communications” et renforce le rôle des médias pour la transition vers le socialisme. Elle met en place le droit de censurer toute forme d'expression qui menacerait de quelque manière que ce soit l'édifice politique du chavisme, et permet de considérer toute dissidence comme une trahison envers la Patrie.

 Une fois établi qu'une personne s'opposant au gouvernement et à ses actes est un traitre, il devient évidemment inacceptable qu'il puisse travailler dans une administration publique (souvenez-vous que l'État est le gouvernement et que le Gouvernement est la Patrie). Une hotline et une adresse mail  ont été créés pour que les patriotes coopératifs puissent dénoncer les personnes  qui ne soutiendraient pas l'action du gouvernement tout en travaillant dans une administration publique.

 Il y a quelques mois, l'Assemblée nationale a commencé à travailler sur un projet de loi (réforme d'une loi déjà existante) créant le délit de “cyberterrorisme”. Le ‘cyberterrorisme” est ici accusé d'altérer gravement la paix publique de la Nation en utilisant des moyens électroniques. Il serait puni par une à cinq années de prison. Il serait  également permis à n'importe quel citoyen suspectant quelqu'un d'en être coupable de faire obstruction et de le déconnecter pendant jusqu'à 48 heures ! Il n'est pas inutile de signaler qu'avant même la promulgation de cette loi, des usagers des média sociaux ont déjà été emprisonnés pour une blague sur Twitter, car une plaisanterie peut-être considérée comme une atteinte à l'ordre public. 

Comme je l'ai déjà dit dans un post, si vous n'êtes pas cet ennemi là,  Big Brother prend soin de vous,  et vous avez intérêt à suivre ses instructions, c'est un oppresseur, mais vous êtes sain et sauf…

 De l'autre côté,  si vous êtes l'ennemi, vous devrez vous protéger. Vous êtes un traître, vous êtes une personne sans pays, sans patrie, sans état.”