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En Tunisie, le traitement médiatique biaisé des manifestations pour du travail

jeudi 28 janvier 2016 à 22:07
A Tunisian protester holding up a sign which reads: Five years after the revolution!!! Tunisia??? Photo credit: Nawaat

Une manifestante tunisienne tient une feuille sur laquelle est écrit : 5 ans après la révolution !!! Tunisie ??? Crédit photo : Nawaat

La couverture par les médias locaux des récentes manifestations pour l'emploi en Tunisie est contestée.

Les manifestations réclamant des emplois et le développement pour les régions défavorisées avaient débuté le 17 janvier à Kasserine, dans le centre-ouest du pays, avant de s'étendre à plusieurs autres. Lundi, des manifestations se poursuivaient dans plusieurs régions de l'intérieur, y compris à Kasserine et Sidi Bouzid, dont le soulèvement, fin 2010, avait mis fin au règne du dictateur Zine el Abidine Ben Ali.

Si le mouvement de protestation s'est essentiellement déroulé dans le calme, il y a eu des actes de pillage et de vandalisme, qui ont conduit le gouvernement à imposer un couvre-feu nocturne à partir du 22 janvier. Les protestataires ont eu beau prendre leurs distances d'avec ces agissements, c'est sur ceux-ci exclusivement que se sont concentrés les médias, au lieu d'informer suffisamment sur les revendications des manifestants, disent les critiques.

La journaliste Wajd Bouabdallah, qui tweete sous le nom de Tounsia Hourra (Tunisienne Libre), note pour ses 113.000 abonnés sur Twitter :

Les médias traditionnels tunisiens ne parlent plus des revendications des manifestants, mais seulement des quantités d'individus qui violent le couvre-feu, des casseurs et des pillards. Exactement ce que certains veulent.

Elle détaille, avec un lien vers un article sur sa page Facebook disant :

[Il y a deux jours, les médias tunisiens ont cessé de couvrir les revendications des manifestants et se sont mis à couvrir les informations sur le nombre d'individus qui rompent le couvre-feu, ainsi que les actes de vandalisme et de pillages, exactement ce que veulent certains.]

C'est époustouflant comme les masses tombent dans le panneau.

Oui, il y a du pillage et du vandalisme, mais les mouvements sociaux sont sans rapport avec les bandes qui sont bien connues du Ministère de l'Intérieur. Il y a eu pillages la nuit où Ben Ali s'est enfui : nous avons tous vu les différents échantillons de Tunisiens : l'honnête et le révolutionnaire, et le malin et le voleur, qui se sont hâtés après la disparition de la police de piller centres commerciaux et magasins. Nous avons même vu des ménagères le faire. Nous avons vu la lie des Tunisiens. Les chômeurs cherchent un gagne-pain honnête, et pas un tournevis pour sortir de ses gonds une porte de magasin.

Il y a des gens sans-emploi et qui ont faim en Tunisie, pas seulement dans les régions de l'intérieur, aussi dans la capitale. MM. les rédacteurs en chef des journaux : les informations sur les individus déviants ont leur place sur les pages de l'actualité judiciaire. Celles sur les sans-emploi et leur mouvement de protestation doivent se trouver en premières pages.

Tandis que Raja ajoute :

A nos frères arabes : Ne croyez pas l'exagération des média. Oui, il y a un couvre-feu en Tunisie mais notre situation n'est pas aussi dangereuse que vous l'imaginez

Moez Benja, un militant de Redeyef, une bourgade pauvre en dépit de sa richesse en ressources minières, tweetait le 22 janvier :

Dans un autre tweet, il partage un dessin du caricaturiste et illustrateur italien Marco Marilungo, où l'on voit les équipes des médias agglutinées devant un unique casseur ignorer une foule de manifestants pacifiques.

Le journal télévisé quotidien de 20 heures de la télévision de service public a aussi été critiqué. Le journaliste français basé en Tunisie Benoit Delmas relève :

Ecrivant pour Nawaat.org, le journaliste Thameur Mekki a analysé le traitement des manifestations à Kasserine au journal télévisé de la chaîne publique du 19 janvier. Sa conclusion :

Durant les 13 minutes consacrées aux contestations à Kasserine, les pouvoirs législatif et exécutif se sont exprimés alors que les principaux acteurs, les diplômés chômeurs, sont restés en sourdine. De quoi rappeler que les médias du service public, la Watania 1 en l’occurrence, ne se sont toujours pas débarrassés des séquelles de la mainmise du pouvoir politique sur les rédactions tout au long des décennies de la dictature. Du moins, ils n’ont toujours pas coupé le cordon ombilical qui les lie au Palais de la Kasbah [le siège du gouvernement] et à la bâtisse grise de l’avenue Bourguiba [le Ministère de l'Intérieur].

Cette contestation de la couverture médiatique intervient au moment où le Président Beji Caid Essebsi a accusé les médias tunisiens et internationaux de “jeter de l'huile sur le feu” en donnant voix au chapitre à ceux qui “empirent les choses”. Sans être plus explicite, il faisait allusion à l'apparition de son opposant politique et ex-Président par intérim Moncef Marzouki à France 24, la télévision internationale de Paris. Dans son interview, M. Marzouki appelait à des élections législatives anticipées et à la formation d'un gouvernement d'unité nationale.

Rana Jawad écrit :

Le discours télévisé du président ce soir : il dit que les média et certains partis politiques ‘jettent de l'huile sur le feu’ et a appelé au respect de la situation

Il s'est trouvé des médias tunisiens pour répondre à l'appel de M. Essebsi. L'édition du 24 janvier du quotidien La Presse a publié un article sur le parti Nidaa Tounes au pouvoir, et une réunion des partis de la coalition gouvernementale en appui au gouvernement, et appelle les médias à “préserver la stabilité du pays”.

(Le mauve est la couleur du drapeau du parti de Ben Ali et l'adjectif est souvent utilisé pour parler des médias pro-gouvernement).

Les Ougandais ironisent avec leurs photos de 1986 sur la nouvelle candidature du président Museveni

mercredi 27 janvier 2016 à 19:34
Le président ougandais Yoweri Museveni. Photo publiée sous licence Creative Commons par Russell Watkins / Département pour le développement international du Royaume-Uni).

Le président ougandais Yoweri Museveni. Photo publiée sous licence Creative Commons par Russell Watkins / Département pour le développement international du Royaume-Uni).

Le 26 janvier 2016, il y a eu 30 ans que le président Yoweri Museveni et son Mouvement de résistance nationale ont pris le pouvoir en Ouganda, après une guérilla de 5 ans qui a renversé le président d'alors, Milton Obote. Ce dernier avait été évincé du pouvoir une première fois par Idi Amin Dada (1971-1979), mais il l'avait retrouvé après le renversement de son tombeur.

Lorsque le Président Museveni est arrivé au pouvoir, plus de 75% de la population actuelle de l'Ouganda n'était pas encore née. Ceux qui étaient de ce monde utilisent le hashtag #1986pictures pour partager leurs souvenirs de cette époque.

Mais pourquoi maintenant? Le président Museveni sollicite actuellement un sixième mandat présidentiel. Les élections auront lieu le 18 février 2016 et pendant qu'il clamera probablement la victoire dans les urnes, il semble y avoir un grand niveau de désillusion à propos du processus électoral.

Il y a déjà eu beaucoup de controverse – la santé économique du pays est plutôt précaire, il y a des informations selon lesquelles M. Museveni aurait dépensé plus de 7 millions de dollars pour sa campagne électorale pendant ses deux premiers mois, et l'un de ses adversaires politiques, Amama Mbabazi, l'a accusé de lancer une “offensive” pour “intimider et subjuguer “supporters” et adversaires.

Les internautes – qui pourraient ne pas aller aux urnes le jour de l'élection – ont décidé de faire entendre leur voix en ligne :

J'avais deux ans quand Kaguta Museveni a pris le pouvoir. J'en ai maintenant 31.

C'est moi quand # M7 promettait qu'après cinq années il partirait s'occuper de ses vaches.

Le site This Is Ouganda rappelle comment M. Museveni a été accueilli par l'Occident :

L'ancien Président des États Unis Ronald Reagan serrant la main au Président Kaguta Museveni

D'autres internautes ont rappelé la façon dont leurs familles ont été forcées de fuir en Occident :

 Ma sœur Barnta et moi, à Kingston, Ontario, au Canada. Mes parents étaient en exil :))))

album familial perdu en exil

Plusieurs participants ont fait la comparaison entre “alors” et “maintenant” :

comparer M7 d'aujourd'hui et celui de '86

Avec ça, on pouvait acheter une voiture! Maintenant, seulement un oeuf !

Kalundi Serumaga se souvient du temps passé au sein du Front de libération national de l'Ouganda :

 Je n'ai pas de photos, mais j'étais un cadre du FLNO (AD), en lutte contre le NRM, après avoir combattu les autres dictatures avant lui.

L'utilisateur de Twitter Charles Onyango Obbo a publié des photos de la détérioration du lac Victoria et a fait un parallèle politique :

En1986, un lac Victoria sain • en 2016 suffoqué à mort presque par la jacinthe d'eau (bien  symbolique !)

De nombreux utilisateurs de Twitter pensent que 30 ans de pouvoir c'était tout à fait suffisant:

Le bon vieux temps … :-) 30 ans c'est trop, trop!

Je n'ai encore jamais rencontré d'Ougandais qui ait eu le même emploi depuis 30 ans et qui ne soit pas Kaguta Museveni

Il y a un hic. [2016 : Dieu nous aide]

Un tweet, cependant, a témoigné d'une façon poignante la frustration que de nombreux jeunes Ougandais pourraient ressentir.

En 1986, Ma maman et mon papa ne s'étaient pas encore rencontrés ; je n'existais donc pas encore, mais je me sens plus fatigué que ceux qui existaient déjà

Comment des internautes contrent la ‘machine de propagande’ sur les médias sociaux de l'E.I.

mercredi 27 janvier 2016 à 19:01
http://nicholsoncartoons.com.au/is-isil-iraq-sunni-extremist-caliphate-social-media-public-relations-atrocities-media-cartoon-2014-09-15.html

(Service de Communication de l'E.I. “Les USA et la GB viennent de nous retirer de leurs amis” “Wouah ! Le pouvoir des médias sociaux !” Dessin de Nicholson pour le journal “The Australian” : www.nicholsoncartoons.com.au

Les actions technologiques pour contenir ou éliminer sa présence sur les médias sociaux n'ont pas empêché l'EI de monter en puissance sur Internet.

Il est malaisé de quantifier les effets précis des actions que mène l'EI pour promouvoir sa mission et enrôler de nouvelles recrues. Mais des chiffres suggèrent que l'impact est indéniable. Selon une étude de 2015 du Centre international d'étude de la radicalisation et de la violence politique du King’s College de Londres, “le nombre d'étrangers continuant à rejoindre les organisations extrémistes sunnites dans la zone de guerre Syrie/Irak n'a cessé de s'accroître”. D'après les dernières estimations du Centre, “le nombre total dépasse maintenant les 20.000, dont près d'un cinquième sont des résidents ou des nationaux de pays d'Europe occidentale”.

Les plateformes de médias sociaux sont aussi montrées par les médias comme un boulevard où l'EI diffuse son message et recrute de nouveaux membres. Ecrivant pour Reuters, l'expert en sécurité et renseignement Rita Katz décrivait [dès septembre 2014] l'usage singulier que fait l'EI des médias sociaux dans la galaxie des activités des organisations extrémistes violentes :

Avant l'émergence de l'Etat islamique, l'activité et les échanges extrémistes en ligne avaient habituellement lieu à l'intérieur de forums djihadistes confidentiels protégés par des mots de passe. L'Etat islamique a, lui, sorti le djihadisme en ligne de l'ombre et l'a porté sur la place publique, en utilisant les médias sociaux, et notamment Twitter, pour émettre des informations rapides sur ses succès vers une audience théoriquement illimitée.

Facebook et Twitter ont cherché à empêcher l'EI de faire la publicité de masse de ses images d'atrocités et de son discours de haine, mais trouver un compromis avec leurs engagements pour la liberté d'expression n'est pas une mince affaire. Julia Greenberg écrit sur Wired :

…le défi pour des sites comme Facebook et Twitter va plus loin que la détection de contenus faisant la promotion du terrorisme. Il requiert aussi de définir la “promotion du terrorisme”. En un sens, les deux plateformes sont des communautés mondiales, engagées chacune dans un processus permanent de détermination de valeurs de la communauté pendant que l'usage des plateformes évolue.

Il y a pourtant une autre facette de l'histoire, qui a beaucoup moins attiré l'attention que l'action des grosses compagnies et des Etats : les nombreux collectifs et individus indépendants qui agissent pour combattre les activités en ligne de l'EI.

Le compte Twitter @reportterrorist [“dénoncer un terroriste”] affirme avoir 50.000 comptes Twitter de l'EI à abattre :

Les utilisateurs de médias sociaux sur Twittter peuvent avoir des résultats sur Twitter ! [Sur l'image : Twitter ferme les comptes EI/EIIL mais ne les recherche pas. C'est à vous de le faire et de les signaler. Les étapes :
1- Utiliser la liste des cibles @reportterrorist, sélectionner un lien et cliquer
2- Cliquer sur la roue dentée à côté du bouton Suivre sur la page de profil
3- Choisir Signaler
4- Cocher Est inapproprié ou dangereux
5- Cocher Incite au harcèlement ou à la violence
6- Cocher Quelqu'un d'autre
7- Cocher Il menace de faire usage de violence
8- Cocher Bloquer]

Les Anonymous ont publié une série de guides à l'intention de ceux qui veulent rejoindre leur “guerre contre l'EI” en débusquant et identifiant les sites web du mouvement. Leur compte Twitter @TeamDestroyISIS “[EquipeDétruireEI] est consacré à retweeter, ridiculiser et traquer les comptes d'EI avec le hashtag .

Mon Photoshoppage est nul. MAIS ÇA DIT BIEN CE QUE ÇA VEUT DIRE NON !? :'D

Plusieurs internautes arabes individuels ont rejoint la coalition internationale contre l'EI en ligne. Parmi ces contributions figure le compte Twitter @KSAssa ou Armée électronique saoudienne, avec 20.700 abonnés, qui dirige les opérations pour stopper et “détruire” les comptes en rapport avec EI et “tout ennemi” qui menacerait l'unité du pays, sous le hashtag arabe  (Campagne anti-comptes spam d'EI) :

Votre coopération et action sont essentielles pour détruire les comptes des criminels et vandales, ennemis de la religion et de notre patrie.

Il y a aussi @BlockDaesh, mené par @Mujtahid_i (30,400 abonnés), qui vise à faire supprimer les comptes Twitter de spam d'EI.

579 comptes de Daech bloqués par @BlockDaesh (les militants arabes ont démarré cette campagne pour bloquer les comptes de Daaech).

Le compte @faaars444 (25.000 abonnés), créé à l'origine pour interdire les comptes pro-EI ciblant les jeunes Saoudiens pour les recruter, vient de changer sa mission. Après la rupture diplomatique entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, à la suite de l’exécution par l'Arabie Saoudite de l'éminent clerc chiite Nimr Al Nimr, le compte s'est reconverti dans le combat contre lesSafavides”, la plus importante des dynasties ayant régné sur la Perse, aujourd'hui l'Iran, en d'autres mots, contre les chiites :

[…] J'ai décidé de changer l'activité, [pour passer] du combat contre l'EI, surtout actuellement, à celui contre les Safavides ; et je reviendra à EI, si Dieu le veut

La question dépasse pourtant les frappes aériennes et les opérations militaires sur le terrain :

Les médias occidentaux vont-ils en parler ? Des militants arabes lancent une campagne de médias sociaux contre EI sur Twitter

Mais fermer les sites web d'EI, c'est facile comme bonjour, écrit le blog Fight ISIS :

Il y a toute une flopée de cibles en ce moment même sur Twitter, Facebook, YouTube, et Sendvid tous sont inondés d'utilisateurs et de propagande d'EI. Vous pouvez aider, et pas besoin d'être un hacker pour fermer les sites web d'EI !!

[Pour] la plupart des sites web, il suffit de signaler l'utilisateur à l'hébergeur (comme twitter, facebook, etc.) qui suspendra ou fermera le compte de l'utilisateur / EI.

La Revue de Technologie du MIT préconise une approche plus humaine, avec l'argument que ce qui manque, c'est le contact direct avec la jeune génération (musulmane et non-musulmane) ciblée par EI, afin de réfuter la propagande djihadiste :

La riposte technologique pour contenir le recrutement n'a évidemment guère d'effet. Les compagnies Internet ferment les comptes et suppriment les vidéos sanglantes. Elles transmettent des informations aux forces de l'ordre. Les services publics tweetent des contre-messages et financent les actions de communication générale vers les communautés musulmanes. Diverses associations forment les leaders religieux et communautaires aux manières de réfuter le message d'EI, et créent des sites internet d'interprétation pacifique du Coran. Mais ce qui manque, c'est une action généralisée pour établir un contact en ligne de personne à personne avec ceux qui s'imprègnent des contenus d'EI et d'autres groupes extrémistes et se radicalisent.

Heureux comme un chameau dans la neige en Arabie Saoudite

mercredi 27 janvier 2016 à 16:13
Saudi camels enjoying the snow in Tabouk, Saudi Arabia, tweets Aysha bint Abdulaziz (@ayosh70)

Les chameaux saoudiens profitent de la neige à Tabouk, en Arabie Saoudite, tweet de Aysha bint Abdulaziz (@ayosh70)

Des chutes de neige ont eu lieu sur certaines parties du désert d'Arabie saoudite et les internautes saoudiens se sont précipités pour mettre des photos et vidéos en ligne. De Twitter à Facebook, d'Instagram à Snapchat, ils ont écrit le minute-par-minute d'une expérience très nouvelle pour les Saoudiens : la neige.

La neige, même si elle est rare en Arabie Saoudite, peut tomber à Tabouk, dans le nord-ouest du pays, à proximité de la frontière jordanienne. On y recense des chutes de neige pour les trois ou quatre ans.

Le Centre des tempêtes a partagé cette bribe d'information :

Arabie saoudite : chute de neige sur la chaine du Dhahr à Tabouk. Photo de  Turki Alhuwaiti

Musleh Elharbi tweete :

Il neige en ce moment sur l'Aldhahr et le sol est devenu blanc. Regardez ma vidéo sur mon compte Snapchat.

Aysha bint Abdulaziz partage des photos prises plus tôt dans la journée, de moutons et de chameaux dans la neige:

Chameaux dans le désert, dans la neige, et encore plus beau, ce troupeau de moutons .

Fahad Aldhorfari partage une vidéo de la neige tombant sur un pare-brise de voiture (ce n'est pas une plaisanterie). La photo avait été retweetée presque 70 fois à l'heure de publication de ce post:

Un aperçu de la vie dans le “Beau Japon”

mercredi 27 janvier 2016 à 07:18
The Asakusa Park Tokyo.

Le parc Asakusa à Tokyo (1922). Source : Digital Public Library of America, domaine public.

Début janvier, la bibliothèque publique de New York Public (New York Public Library, NYPL) a placé plus de 180 000 documents numériques dans le domaine public. Ces images peuvent être utilisées par tous et incluent des photographies de presque partout sur terre au cours du dernier siècle.

Pour les amoureux du Japon, la collection publique de la NYPL est une mine de milliers d'images.

Parfois, la collection reproduit des livres entiers. Par exemple, elle contient le livre de photographie “Sights and Scenes in Fair Japan” [“Vues et scènes du beau Japon”, ndt]. Réalisé vers 1910 pour les Chemins de fer du gouvernement impérial japonais, l'ouvrage montre des photographies colorées à la main par le pionnier de la photographie japonaise Ogawa Kazumasa.

Il est probable que l'objectif de ce livre ait été de présenter le pays, qui avait récemment ouvert ses frontières, aux divers voyageurs étrangers qui passaient ou bien travaillaient au Japon à cette époque.

General map of the Government Railways in Japan

Carte générale des chemins de fer nationaux japonais. Source: Digital Public Library of America, domaine public.

Les photographies d'Ogawa adoptent le ton exotique typiquement utilisé pour représenter la vie japonaise à la fin des ères victorienne et edwardienne [1900-1910, ndt].

Enjoying the Cool of a Summer Evening on the Kamogawa in Kyôto.

Profiter de la fraîcheur d'une soirée estivale sur le Kamogawa à Kyôto. Source: Digital Public Library of America, domaine public.

Malgré tout, de nombreuses photographies publiées dans “Sights and Scenes in Fair Japan” donnent un aperçu objectif et fascinant sur la vie japonaise au début du XXe siècle.

Interior of a Modern Departnent Store in Tokyo.

Dans un grand magasin moderne de Tokyo. Source: Digital Public Library of America, domaine public.

D'une certaine façon, le Japon de 1910 est encore préservé plus de cent ans plus tard. Par exemple, la station balnéaire d'Enoshima, située au sud de Tokyo et de Yokohama, est toujours reconnaissable en 2016.

Enoshima, a Popular Island Excursion Resort near Tokyo.

Enoshima, station balnéaire populaire près de Tokyo. Source: Digital Public Library of America, domaine public.

Voici la même scène, orientée sud-ouest vers le Mont Fuji :

七里ガ浜から見た江ノ島と富士山

“七里ガ浜から見た江ノ島と富士山” (le Mont Fuji et vue d'Enoshima depuis Shirigahama). Source: Kazuhiro Tsugita sur Flickr, CC BY-SA 2.

Les archives numériques du domaine public de la NYPL présentent également des images historiques du Japon d'autres sources : ci-dessous, une carte postale colorée d'un photographe inconnu (au moins jusqu'à présent) du quartier de Nihonbashi à Tokyo, prise vers 1922.

Nihonbashi dori Tokyo. Image source: Digital Public Library of America, public domain.

Nihonbashi dori Tokyo. Source: Digital Public Library of America, domaine public.

Un an plus tard, ce quartier, ainsi que presque toutes les zones urbaines de Tokyo et Yokohama, seront entièrement détruits dans le Séisme de Kanto de 1923.

Pourtant, le pont de pierre au centre de la carte postale est toujours en usage, bien qu'il soit quasiment caché par une autoroute aérienne.

Nihonbashi Bridge, with the Shuto Expressway pictured overhead, 2007. Image from Wikipedia, public domain.

Le pont de Nihonbashi, avec au-dessus l'autoroute de Shuto, en 2007. Photographie de Wikipedia, domaine public.

Le photographe Ogawa Kazumasa a traversé tout le Japon pour ses séries pour les Chemins de fer du gouvernement impérial japonais : voici un panorama de la ville d'Onomichi, située sur les rives de la mer mer intérieure du Japon, à côté de Hiroshima.

A Peep of the Inland Sea, near Onomichi.

Une vue sur la mer intérieure, près d'Onomichi. Source: Digital Public Library of America, domaine public.

Et voici une vue similaire de la ville en 2015 :

尾道 おのみち (Onomichi, Hiroshima). Image source: Flickr user Toomore Chiang.

尾道 おのみち (Onomichi, Hiroshima). Source: Toomore Chiang sur Flickr. Image sous licence CC BY 2.0.

Un autre photographe a voyagé de Nagasaki jusqu'à l'extrême ouest du Japon pour photographier le coeur de la révolution industrielle de l'ère Meiji.

Par exemple, voici une image du chantier naval Mitsubishi à Nagasaki au début du XXe siècle :

Mitsubishi shipyard, Nagasaki Harbor. Source: Digital Public Library of America, public domain.

Chantier naval Mitsubishi, port de Nagasaki. Source: Digital Public Library of America, domaine public.

La grue emblématique en forme de marteau est toujours debout, bien qu'elle ait été déplacée.

Mitsubishi Nagasaki Hammerhead Crane

Grue en forme de marteau du chantier naval Mitsubishi de Nagasaki. Source: Utilisateur de Wikipedia Marine-Blue.

Aussi captivantes qu'elle soient, ces images ne font qu'effleurer la surface des archives numériques de la NYPL. Si vous faites d'autres découvertes, laissez-nous un mot dans les commentaires de cet article !

Japan, population, showing the relative amount of population from light, lowest, to dark, highest.

“Japon, montre les variations régionales de population vers 1880 du moins peuplé (clair) au plus peuplé (foncé). Source: Digital Public Library of America, domaine public.