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Espagne : Les “escraches”, des manifestations ciblées contre les saisies immobilières et contre l’avortement

mardi 23 avril 2013 à 10:39

La réforme de la loi sur les prêts immobiliers fait toujours débat au sein du parlement espagnol après la proposition de la Plataforma de Afectados por la Hipoteca [Plateforme des Personnes Touchées par les Prêts Immobiliers, ou PAH], nommée l’Initiative Législative Populaire  (ILP) [es] en défense de ceux dont les maisons ont été saisies.

La PAH s’est fait entendre récemment par des escraches [manifestations publiques ciblées] passives mais envahissantes dans les banques, au siège du Parti Populaire (PP), parti au gouvernement, et devant les résidences privées des membres du PP. Celui-ci dispose actuellement de la majorité absolue au Parlement ce qui en fait, dans un sens, le seul parti à détenir les pouvoirs législatifs en ce moment.

La PAH Madrid explique [es] :

(Se) informará a los Diputados de los partidos que pretenden rebajar sustancialmente el contenido de la ILP sobre la situación de los hipotecados. (…) se irá a informar a los Diputados presencialmente, por ejemplo en actos públicos. Puesto que muchos no conocen de primera mano el sufrimiento de la población, es necesario ir a llevar la realidad de los afectados allá donde estén los Diputados.

Ceci va apprendre aux politiciens qui essayent de réduire substantiellement les dispositions de l’ILP en ce qui concerne les prêts immobiliers. (…) Nous allons personnellement informer nos politiciens, une façon de le faire est par des manifestations publiques. Le problème, c’est que la plupart des politiciens ne connaissent pas directement la souffrance de la population, nous devons donc amener la réalité devant eux.

De telles manifestations ne sont pas bienvenues auprès de leurs cibles, les politiciens qui estiment que leur vie privée n’est pas respectée et que leur intimité est envahie. Maria Dolores de Cospedal, Secrétaire Générale du Parti Populaire, surnomme les 13 derniers jours d’escraches “du pur nazisme”:

[Cospedal] considera que las polémicas protestas domiciliarias (…) reflejan “un espíritu totalitario y sectario” y un intento de “tratar de violentar el voto” y las reglas de la representatividad democrática. Así, en su opinión, “por muy loable y defendible” que sea la causa de las víctimas de desahucios, “pierde todo el sentido” con estos “acosos”.

[Cospedal] pense que les manifestations polémiques à domicile en Espagne (…) reflètent « un esprit totalitaire et sectaire » qui vise à « violer le droit de vote » et les normes de la démocratie représentative. Selon elle, aussi « louable et justifiée » que soit la cause des victimes de saisies, elle « perd sa crédibilité » devant un tel « harcèlement. »

Les membres du PP ont demandé aux forces de l’ordre d’exiger que les manifestants respectent un périmètre de 300 mètres autour de leur réidence, d’identifier les manifestants et dans certains cas de stopper complètement les “escraches”. Cependant, certains juges et policiers refusent d’intervenir.

D’après Joaquim Bosh, membre des Juges pour la Démocratie [es] :

A PAH escrache protest in Zaragoza. Photo from the blog <a href="http://elventano.blogspot.be/">El ventano</a>

Une “escrache” organisée par la PAH a Zaragoza. Photo tirée du blog El ventano

[las medidas] represivas y policiales no son la solución para resolver el conflicto (…) cualquier protesta que tenga un carácter pacífico no tiene por qué constituir delito. (…) mientras no haya un riesgo concreto, debe prevalecer el derecho de la libertad de expresión de los manifestantes.

Les mesures répressives et impliquant les forces de l’ordre ne résoudront pas ce problème (…), une manifestation passive ne constitue pas un crime. (…) tant qu’il n y a pas de véritable risque, nous devons préserver la liberté d’expression des manifestants.

Cependant, lors de récentes “escraches”,  une importante présence des forces de l’ordre s’est fait sentir afin d’assurer que les manifestants se tiennent à distance de leurs cibles désignées. Dans certains cas, cette présence a résulté dans l’arrestation de manifestants. Certains membres du PP, dont Sigfrid Soria, membre du conseil, ont déclarés qu’ils ne pouvaient pas prendre la peine de s’inquiéter des manifestations. Le message suivant, tweeté par Soria récemment, a été dénoncé par ses collègues du PP et a résulté dans le retrait de ses responsabilités d’organisation au sein du parti :

SigfridSoria: Eso sí, como un perroflauta me acose por la calle, me intimide o agreda, la ostia que se lleva ni se la va a creer

Si ces fumeurs de pétards m’accostent dans la rue pour m’intimider ou être agressif envers moi, ils ne vont pas croire la réponse qu’ils vont avoir.

Pendant ce temps, l'adjointe au  Secrétaire Général Du Parti Socialiste des Travailleurs (PSOE), Elena Valenciano, critique la force avec laquelle les membres du PP tentent d’étouffer les « escraches ». Elle remarque que les cliniques qui pratiquent des avortements légaux ont ont été l’objet de ces manifestations depuis des années et que le gouvernement n’a jamais arrêté ou limité la liberté d’expression de ces groupes. Pour appuyer son argument, Elena Valenciano a téléchargé une photo de l’une de ces manifestations sur sa  page Facebook .

A photo of protesters blocking the entrance to an abortion clinic posted on Facebook by Elena Valenciano

Photo de manifestants bloquant l’entrée d'une clinique  qui pratique des avortements postée sur Facebook par Elena Valenciano.

En fait, ce type de manifestations se produit depuis que l’Espagne a adopté sa Loi sur l’avortement en 1985. Des groupes comme Pro-Life [Pro-vie], Right to Live [Droit de Vivre], Youth for a Cause [Jeunesse pour une Cause] et Make You Listen organisent des manifestations devant les cliniques où se pratiquent des avortements le premier vendredi de chaque mois et tous les 28 décembre (Fête des Saints  Innocents). Ces groupes assurent que ces manifestations sont passives, mais le contraire s’est produit a de nombreuses reprises ces dernières années.

En décembre 2007, la Fédération du Planning Familial (FPFE) a commencé à récolter des signatures pour une pétition :

(…) para apoyar a Victoria Virtudes, Vito, trabajadora de la Clínica CB Medical de Madrid por las agresiones físicas, verbales y las amenazas constantes a las que está siendo sometida por parte de grupos de extrema derecha, así como el acoso al que están siendo sometidas las clínicas autorizadas de Interrupción Voluntaria del Embarazo (IVE).

(…) pour soutenir l’employée de la clinique CB Medical Victoria Virtudes. Virtudes a été victime de violence physique et verbale et de menaces constantes par des groups d’extrême droite manifestant contre la pratique d’interruptions volontaires de grossesses (IVG) autorisées par la loi.

En 2009, Santiago Barambio, Président de l’Association de cliniques accréditées pour l’IVG (ACAI), a déclaré :

Todavía no nos han matado, pero un hombre prendió fuego en mi clínica hace 10 años y aún no se le ha juzgado.

Ils n’ont pas encore tué l’un d’entre nous, mais quelqu’un a mis le feu à la clinique il y a dix ans et il n’y a pas encore eu de procès.

Ces dernières années, les cliniques les plus contestées sont les cliniques Isadora et Dátor situées à Madrid. Empar Pineda, féministe et porte-parole de l’ACAI, a commenté sur ce sujet sur le site pensamientocritico.org :

Empar Pineda next to a defaced wall of the clinic where a stone was thrown through the window

Empar Pineda devant un mur défiguré de la clinique dont quelqu'un a lance une pierre a travers la fenêtre.

(…) grupos ultras y nazis, que en un plazo de dos meses destrozaron en dos ocasiones los ventanales a pedradas, no repararon en que podía haber alguien dentro barriendo las consultas, por ejemplo.

(…) no es fácil entrar tranquilamente a trabajar después de haber visto las pintadas que embadurnan las paredes del edificio, tales como “Hitler asesinó menos inocentes que vosotros”. “Aquí se asesina, ¡impidámoslo (…) Ni tampoco reponerse con facilidad del impacto emocional que sienten las recepcionistas cuando por teléfono les dicen “¡Sois asesinas de niños!”, o cuando les preguntan “¿Dónde guardáis la trituradora?”

En deux mois, des groupes d’extrême droite et sympathisant néo-nazis ont lancé des pierres à travers la fenêtre de la façade de la clinique à deux reprises sans penser qu’ils pouvaient gravement blesser quelqu’un a l’intérieur.

(…) il n y a rien de facile ou de serein lorsque l’on se rend sur son lieu de travail pour y lire sur les portes des graffitis comme : « Hitler a assassiné moins d’innocents que vous tous » ou « Meurtres commis ici » (…) Vous ne pouvez pas non-plus imaginer le préjudice émotionnel subi par les réceptionnistes lorsqu’on leur dit par téléphone : « Tueur d’enfants ! » ou encore « Où cachez-vous le hachoir à bébés ? »

Le 28 décembre 2012, Luisa Torres, directrice de la communication pour la clinique Dátor, s’est adressée à des manifestants aux portes de la clinique et a déclaré :

No es tan fácil para las mujeres, que al acudir a sus citas se encuentran con un grupo de personas dispuestas a inmiscuirse en su vida privada. Al ver este despliegue algunas se dan la vuelta, otras llegan a la esquina y llaman por teléfono o anulan sus citas.

Ce n’est pas une chose facile pour une femme, surtout lorsqu’elle se trouve confrontée à un groupe aussi volatile qui n’hésite pas à envahir sa vie privée lorsqu’elle vient à la clinique. Un tel rassemblement pousse quelqu’un à tourner les talons et courir dans l’autre direction. D’autres tournent le coin de la rue et annulent leur rendez-vous.

Bien que le porte-parole du groupe “Right to Life” maintienne que le groupe se tient à distance des “escraches”, il se peut que les lieux qui bénéficieront le plus des efforts du PP pour interdire ou au moins réguler les “escraches” seront les cliniques d’avortements.

Russie : La bière et Twitter ne font pas bon ménage

mardi 23 avril 2013 à 10:30

Le train est un moyen bon marché et fiable de se déplacer en Russie, surtout quand on connaît l'état des routes de pays. La Russie est immense et un voyage entre deux villes peut prendre des heures (voire des jours). Voilà pourquoi il n'est pas rare que les passagers passent le temps en buvant un verre ou deux – et parfois plus. À en croire un rapport de police [russe  ru], c'est exactement ce qui s'est passé dans un train de nuit en Saratov et Moscou le 11 avril 2013, quand des officiers ont arrêté Svetlana Lokotkova, une journaliste du magazine indépendant The New Times, après avoir été alertés “qu'un passager en état d'ébriété avancé troublait le calme du wagon”. Svetlana Lokotkova, une observatrice électorale qui se rendait à Saratov pour témoigner dans le cadre d'une enquête sur l'élection régionale d'octobre 2012, n'a pas tardé à réagir en contactant un correspondant [ru] du journal Ekho Movskvy et en déclarant qu'elle avait elle-même contacté la police pour se plaindre du comportement menaçant d'un passager, mais qu'elle avait été interpellée.

за руки-ноги схватили, в полицейский участок буквально бросили. Когда пыталась пройти, буквально прищемляли руку дверью, у меня все руки в синяках, обзывались, оскорбляли.

Ils m'ont attrapée par les bras et les jambes et m'ont jetée dans le commissariat. Quand j'ai essayé de sortir, ils ont coincé mon bras dans la porte ; il est couvert de bleus. Ils m'ont insultée.

Lakotkova a ensuite posté des photos sur sa page Facebook [ru] et sur Twitter [ru] pour montrer les blessures qu'elle affirme avoir reçues entre les mains de la police.

Certains se sont empressés de la défendre. Sur Twitter, tsarfree a écrit :

#Локоткова стала жертвой провокации. Она должна была свидетельствовать в суде по выборам в Саратовской обл.

#Lokotkova est une nouvelle victime de la provocation politique. Elle devait témoigner au tribunal à propos des élections régionales de Saratov.

Malgré ses affirmations, la crédibilité de Lokotkova a été remise en question par la diffusion sur la chaîne de télévision NTV (pro Poutine) d'une vidéo amateur [ru] de Lokotkova filmée dans le commissariat.

Celle-ci semble ne pas tenir sur ses jambes, elle est agitée et a du mal à articuler. Dans son reportage, NTV montre aussi deux tweets [ru] postés par Lokotkova juste avant l'incident.

Саратовцы нравятся все больше и больше. Опять потрясяющее гостеприимство (предс ТИК Иноземцеву не считаем), опять в поезде угощают #саратов

J'aime de plus en plus les habitants de Saratov. Je profite à nouveau de leur incroyable hospitalité (exception faite de Inozemtzev, le chef de la commission électorale) et des verres qu’[ils] m'offrent. #saratov

лечусь от дичайшей простуды в поезде #саратов-мск, 2й вагон. народными методами. саратовцы супер))))

Je me remets d'un énorme rhume dans le train #saratov-moscou, 2ème wagon. Avec les remèdes habituels. J'adore les habitants de Saratov :)

Le présentateur de NTV n'a pas caché son scepticisme en prononçant durant le bulletin d'information les mots “incroyable hospitalité”, “verres qu’[ils] m'offrent” et “remèdes habituels”, suggérant – ce qui semble assez plausible – que Lokotkova, contrairement a ce qu'elle a affirmé, avait bien bu dans le train. Un utilisateur de LiveJournal, Fish12a, semble du même avis :

Хорошо, что наша полиция научилась снимать своих клиентов на видео.
Дабы вранье неполживых журналистов было видно сразу же.
Уж лучше бы она молчала. Потому что видео появилось на тв в ответ на обвинения журналистки в “провокациях” и “зверстве полиции”.

C'est une bonne chose que la police filme les inculpés pour que certains journalistes malhonnêtes ne puissent plus nous mentir. Elle aurait dû se taire parce que cette vidéo n'a été diffusée que pour répondre à ses accusations de “provocation” et de “violence policière”.

Svetlana Lokotkova a tenté de se faire passer pour une victime de la répression policière et d'une provocation politique, mais semble avoir échoué à cause des outils qui sont en général l'apanage des opposants au régime : les smartphone et Twitter.

Svetlana Lokotkova risquait 15 jours de détention préventive pour “déliquance mineure” , ce qui a compromis sa participation à l'audience de Saratov à temps pour témoigner le 16 avril.

Une voiture explose devant l'ambassade de France en Lybie

mardi 23 avril 2013 à 10:18
Explosion at the French embassy in  Libya via @Eh4b10 on Twitter

Explosion à l'ambassade de France en Lybie via @Eh4b10 sur Twitter

L'utilisateur @Eh4b10 a mis en ligne sur Twitter plusieurs photos de l'explosion d'une voiture qui a eu lieu aujourd'hui vers 6:50 heure locale près de l'ambassade de France en Lybie, à Tripoli.

Brésil : Les “gens du fleuve” quittent une ville fantôme pour revivre

mardi 23 avril 2013 à 09:12

Le reportage Vies en transit, de Ana Aranha, sur l'impact des grands chantiers du Rio Madeira en Amazonie dans l'état de Rondônia au Brésil, fait partie d'une édition spéciale #AmazôniaPública de l'Agence Publique de journalisme, et sera publié sur Global Voices Online sous forme d'une série de cinq articles.

Après presque deux ans de séjour à Nova Mutum, une ville construite par Energia Sustentável do Brasil S.A (Energie durable du Brésil, société crée en 2008 pour gérer la construction du complexe hydroélectrique de Jirau sur le Rio Madeira) pour héberger le personnel chargé de la construction du complexe et les riverains du fleuve déplacés par la montée des eaux, la famille de Batista a décidé de retourner au bord du fleuve. Avec leurs mêmes voisins du vieux Mutum (Velha Mutum) ils ont construit une maison de bois près d'un “igarapé” (ruisseau amazonien) qui porte le nom de Jirau. Mais ils redoutent aujourd'hui que cette zone soit également inondée. Cette information qui circule entre les propriétaires et les employés de l'usine a été étudiée par la Procureure Renata Ribeiro Baptista du ministère public fédéral de Rondônia. Celle-ci a déclaré : “L'entreprise Jirau nie cette éventualité mais nous surveillons l'affaire de près”.

Cette situation illustre bien le dilemme de ces riverains, ancien “habitants du fleuve” qui se précipitent vers leur mode de vie antérieur lié à la proximité de ce fleuve pour s'apercevoir que le complexe hydro-électrique le leur a confisqué.

 

“Je ne me considère plus un citoyen brésilien mais comme un chien en laisse qui ne va plus où il veut”. Voilà ce que déclare Jonas Romani, un ancien pêcheur de 55 ans. Il habitait un quartier de Jaci Paraná, village qui a été inondé par l'usine de Santo Antonio. Comme Batista, il a déménagé pour aller à Jirau et a perdu le sommeil à l'idée d'être obligé de partir de nouveau.

S'ils n'étaient pas sûrs d'inonder jusqu'ici, pourquoi ne pas l'avoir interdit ?  On laisse les gens venir, construire leur cabane, planter leur manioc, et ensuite on inonde tout de nouveau ?

Esmeralda Marinho Gomes habitait le village de Mutum Paraná, qui a été détruit car en zone inondable de la centrale de Jirau. Elle raconte qu'elle n'a jamais été indemnisée. Elle explique que les “habitants du fleuve” ne se sont pas adaptés à cette ville construite par l'entreprise et sont partis habiter dans un autre endroit près du fleuve. Elle se préoccupe pour l'avenir de la communauté quand le chantier et les emplois qui vont avec disparaîtront.

Il y a toujours des injustices dans le fait d'arracher des personnes à la terre où elles ont construit leur vie. Il y en a des petites et il y en a des grandes. L'histoire de Esmeralda Marinho Gomes, 63 ans, fait partie des grandes injustices.

Elle louait depuis 2006 une maison à Velha Mutum, et même si elle n'était que locataire, elle avait le droit de choisir entre une indemnisation de 55 000 Reais ou une petite maison à Nova Mutum. Mais la semaine où les officiels de l'usine sont passés pour établir le cadastre, Esméralda était partie travailler à la mine. Quand elle est revenue a commencé une saga de procédures. Les habitants de Velha Mutum n'étaient pas pour la plupart des propriétaires, les maisons ne figuraient pas dans les documents officiels, il n'y avait pas de bail mais seulement un accord tacite avec le propriétaire

Ils ont commencé par dire que sa situation était “étudiée”, puis ensuite qu'elle n'apportait pas de preuves suffisantes. Elle n'a jamais reçu d'indemnisation.

 

Quand ses voisins sont venus habiter à Nova Mutum, Esméralda a loué une chambre dans la ville. Quand ils sont partis s'installer près de l'igarapé Jirau, elle est partie avec eux.

En raison du départ des ouvriers et des coupes budgétaires, l'avenir des 1 600 maisons de Nova Mutum commence à devenir préoccupant. L'entreprise réduit progressivement le nombre de ses travailleurs. L'ouvrage devrait être livré en 2016. A cette date, le nombre de travailleurs sera infime pour l'ampleur de la structure construite aujourd'hui pour les accueillir. À ce jour, aucune industrie ou activité commerciale indépendante de l'usine n'a été créée sur place.

“Je me suis déjà installé une petite maison à Jaru” dit Sônia, une ex-habitante de Velha Mutum qui possède une boutique de vêtements à Nova Mutum.

Quand on en aura fini avec le chantier, on en aura fini avec l'emploi, on en aura fini avec tout : ceci va devenir une ville fantôme!

Le projet Amazônia Pública a mobilisé trois équipes de reporters de l'Agence publique de reportage et de journalisme d'Investigation qui ont travaillé sur trois régions amazoniennes entre juillet et octobre 2012. Tous ces reportages ont pour but de chercher à comprendre la complexité des grands projets actuellement en cours en Amazonie, des multiples négociations et articulations politiques, d'entendre les différents acteurs (gouvernement, entreprises, société civile) pour analyser le contexte dans lequel ils se développent. La ligne générale de ces reportages s'oriente toujours, comme le travail de l'Agence, vers l’intérêt public. Il s'agit de décrire l'impact des négociations politiques et économiques sur la vie de la population.

Pakistan : Une campagne électorale souillée de sang

mardi 23 avril 2013 à 08:37

Un attentat suicide, une attaque à la grenade et une explosion télécommandée, le tout en une seule journée.

Dix-neuf personnes ont été tuées dans trois attentats distincts ciblant les candidats de trois partis politiques différents. Le 16 avril 2013 a été une journée sanglante pour la campagne électorale en cours au Pakistan.

Samad Khurram ((@SamadK), un utilisateur actif de Twitter au Pakistan, a déclaré :

@SamadK: Ghulam Bilour (ANP), Sanaullah Zehri (PML-N) et Zulfiqar Afghani (PPP) attaqués aujourd'hui. Pouvons-nous avoir des élections dans ce climat ?

Un kamikaze a frappé le meeting électoral du Parti National Awami (ANP) [fr] non religieux et largement pachtoune, au nord-ouest de Peshawar, tuant 15 personnes tandis que 50 autres ont été blessées, dont le leader du parti Ghulam Ahmed Bilour.

Le Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) a revendiqué la responsabilité de l'attentat, qui est la sixième attaque contre les dirigeants et les candidats de ce parti non religieux au cours du dernier mois. Au début du mois d'avril, les talibans avaient mis en garde les électeurs, leur conseillant de rester loin des urnes en menaçant d’intensifier les attaques contre les politiciens de partis non religieux.

South Waziristan: Election office of candidate Abdul Khaliq blown up by militants. Image courtesy Pak Votes (11/4/2013)

La violence dans le Sud-Waziristan : la permanence électorale du candidat indépendant Abdul Khaliq incendiée par les extrémistes. Photo de Pak Votes (04/11/2013), reproduite avec autorisation

L'ANP est l'un des rares partis politiques à avoir ouvertement condamné les talibans au Pakistan. Marvi Sirmed (@MarviSirmed), un militant social de premier plan, a tweeté :

@MarviSirmed: Hommage à l’ #ANP pour avoir toujours défié le groupe terroriste #TTP et tous ses partisans, où qu'ils soient #Media #politicalParties #establishment.

Le frère de Bilour, un autre dirigeant du parti, a été tué dans un attentat-suicide à la fin de l'année dernière.

Hoor F. Khan (@HooviK), militant de 23 ans du parti politique du Pakistan Tehrik-e-Insaf (PTI) a  tweeté :

@HooviK: Quelle douleur les #Bilours vont-ils supporter encore ? voter nai dena, na Dou, Jan tho na lo Zalmo [si vous ne voulez pas voter, ne votez pas, arrêtez de supprimez des vies, vous, individus cruels #ANP #PTI #PPP #PMLN

L'ANP a donné des instructions à ses candidats pour restreindre leur campagne électorale et pour les inviter à éviter l'organisation de marches et de rassemblements publics en plein air.

This is a screenshot from Pakvotesmap.pk highlighting incidents of elections-related violence.

Une capture d'écran de Pakvotesmap.pk montrant les faits de violence liés aux élections. Utilisé avec la permission de Pak Votes

Dans la même ville, une grenade a été lancée sur la maison du candidat Zulfiqar Afghani du Parti des parlementaires du peuple pakistanais (PPPP) ; heureusement personne n'a été blessé. Pak Votes, un site de journalisme citoyen proposant une carte en ligne des violences liées aux élections, sur l'outil de cartographie Ushahidi, a tweeté :

@Pak Votes: attaque à la grenade à Peshawar NA-1 contre le candidat Zulfiqar Afghani du PPP . Aucun blessé #PakVotes

Cette même journée, le convoi du candidat de la Ligue musulmane du Pakistan (N) [fr], Sanaullah Zehri, a été mitraillé par détonateur à distance, tuant quatre personnes dans la ville de Khuzdar au sud-ouest, dans la province du BaloutchistanSanaullah Zehri est sorti indemne de cet attentat, mais son fils, son neveu et son frère sont morts dans l'attaque.

Un groupe séparatiste de l’Armée de libération baloutche (BLA) a revendiqué la responsabilité de l'attentat.

Commentant ces attentats, l’analyste politique Adnan Rasool (@adnanrasool) a écrit :

@adnanrasool:  Il y a eu d‘abord, Sanaullah Zehri qui a perdu sa famille .. ensuite c‘était Ghula Bilour qui a échappé de justesse à une attaque .. nous devons être unis contre le terrorisme.

Ces attentats jettent une lumière plutôt sombre sur des élections qui doivent avoir lieu dans trois semaines. Ils ont également mis la nature de ces élections en question ;  de nombreux citoyens déclarent que dans de telles circonstances, la tenue d'élections libres et équitables semble pratiquement impossible. Le journaliste et chroniqueur pakistanais Huma Yusuf (@HumaYusuf) a tweeté :

@HumaYusuf: Pour ceux qui disent que le militantisme est le problème d'une frange au #Pakistan; s'agit-il encore de frange si les résultats des élections sont modifiés ? #PakVotes #ANP #Peshawar

Les élections législatives au Pakistan [fr], première étape d'une transition démocratique du pouvoir dans l'histoire politique du pays, sont prévues pour le 11 mai 2013.