PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Le Cadre Civil brésilien de gouvernance d'internet, transposable au reste du monde ?

samedi 12 octobre 2013 à 21:16
Projecções do colectivo Marco Civil Já no vão do MASP em São Paulo.

Projections du collectif Marco Civil Já sur le mur du Museu de Arte de São Paulo (MASP) à São Paulo, en faveur d'un #InternetLivre (libre) et du #MarcoCivil (partagé sur Facebook, Octobre 2013).

[Liens en portugais sauf mention contraire] La dernière intervention de la Présidente [fr] Dilma Roussef aux Nations Unies, qui a durement critiqué le programme d'espionnage américain, a proposé l'élaboration d'une politique numérique de pointe. Son intervention a été très applaudie par les organisations internationales qui luttent pour les droits numériques des citoyens. Mais au milieu de cette euphorie, il y a aussi les sceptiques et les critiques.

Dans son  discours (anglais, pdf), prononcé lors de la 68e Assemblée Générale de l'ONU le 24 septembre 2013, Dilma Roussef a proposé “la mise en oeuvre d'un cadre civil multilatéral pour la gouvernance et l'usage d'internet et de moyens qui garantissent la protection effective des données”, selon cinq principes essentiels : 

Liberdade de expressão, privacidade do individuo e respeito aos direitos humanos; Governança democrática, multilateral e aberta; Universalidade que assegura o desenvolvimento social e humano e a construção de sociedades inclusivas e não discriminatórias; Diversidade cultural, sem imposição de crenças, costumes e valores; e neutralidade da rede, ao respeitar apenas critérios técnicos e éticos, tornando inadmissível restrição por motivos políticos, comerciais e religiosos.

Liberté d'expression, protection de la vie privée et respect des droits de l'homme ; gouvernance démocratique, multilatérale et ouverte ; universalité qui garantit le développement social et humain et la construction de sociétés inclusives et non discriminantes ; diversité culturelle, sans imposition de croyances, de coutumes ou de valeurs ; et neutralité des réseaux, en respectant uniquement des critères techniques et éthiques, qui rendent inadmissibles les restrictions d'accès pour motifs politiques, commerciaux ou religieux.

Plus de 170 personnes et organisations de la société civile ont déjà signé une lettre ouverte [anglais] dans laquelle ils remercient “profondément l'engagement solennel de [Dilma Roussef] pour la justice et le développement social, dont un Internet libre, stable et digne de confiance est un pilier fondamental”.

La lettre met en avant le “courage” du discours et l'importance de l'adoption de la charte des droits des utilisateurs d'internet en débat au Brésil, le Marco civil [Cadre Civil] et souligne :

[reforçamos o] apoio para a extensão a esferas mais amplas de governança da Internet da experiência do modelo multiparticipativo brasileiro de governança, liderado pelo CGI.br [Comitê Gestor da Internet no Brasil].

[nous renforçons] notre soutien à une extension à de sphères plus larges de la gouvernance d'Internet de l'expérience du modèle participatif brésilien de gouvernance, coordonné par CGI.fr [Comité de Gestion d'Internet au Brésil]

Brève chronologie du #MarcoCivil

Le projet de loi qui a été initié il y a exactement quatre ans “vise à consolider les droits, les devoirs et les principes pour l'utilisation et le développement d'internet au Brésil” (Cgi.br, pdf). Le Cadre Civil est en attente depuis le 11 septembre 2013 en procédure d'urgence de la Chambre des Députés, et devrait être soumis au vote fin octobre.

En août 2012, Global Voices Advocacy a publié un article [anglais] qui remet les enjeux du projet de loi dans leur contexte et explique le processus d'élaboration. L'initiative, introduite dans le cadre du droit civil, n'a cessé de diviser l'opinion [anglais] au Brésil, mais est considérée comme  pionnière pour son approche et pour le processus participatif qu'elle a déclenché, “un exemple admiré dans le monde entier de construction d'une Charte des Principes”.

Pour se faire une idée de la façon largement collaborative, démocratique et transparente de la façon dont le pré-projet de Cadre Civil a été élaboré, il est important de souligner qu'il a fait l'objet d'une consultation publique entre fin 2009 et mi-2010. Durant cette période, lors de laquelle il a été ouvert au débat public avec la possibilité pour tout utilisateur d'internet d'y participer, le texte a reçu plus de deux mille contributions directes, venant de divers secteurs de la société (ONG, gouvernement, universités, entre autres). Grâce à ce grand débat avec la société civile, le texte du Cadre Civil est arrivé au Congrès comme un texte mûr, en plus d'être techniquement solide, d'après le spécialiste Ronaldo Lemos dans un entretien au site A Rede.  

Mutilé ou amélioré ?

34 propositions d'amendement ont été annexées au texte actuellement en instance d'examen en séance plénière. Une personnalité importante de la démocratisation des moyens de communication au Brésil, Carlos “C.A.” Afonso, considère les amendements comme une ”mutilation” au texte collaboratif de 2012.

Selon Bruno Marinoni, qui écrit pour l'Observatoire du Droit à la Communication :

Imagem de intervenção urbana por Marco Civil Já denunciando ligações entre o Ministro de Telecomunicações Paulo Bernardo e as grandes empresas que fornecem serviços de internet.

Image de l'intervention urbaine de Marco Civil Já denonçant les liens entre le Ministre des Télécommunications Paulo Bernardo et les grandes entreprises fournisseurs de services internet.

As polêmicas se concentram [agora] nas questões referentes à manutenção do princípio da “neutralidade de rede”, ao armazenamento dos registros de acesso pelos provedores e à forma de lidar com os direitos autorais.

Les polémiques se concentrent [maintenant] sur les questions relatives au maintien du principe de “neutralité des réseaux”, au stockage des registres d'accès par les fournisseurs et à la façon de gérer les droits d'auteur.

Sur le premier point, tandis que certains soutiennent qu'il est nécessaire de distinguer la transmission de paquets de données des propositions d'amendement qui assouplissent la neutralité du réseau, d'autre dénoncent les actions du gouvernement “en faveur des intérêts des grands conglomérats de télécommunications” comme le rapportent Renato Rovai et Sérgio Amadeu dans Revista Fórum.

L'activiste João Carlos Caribe, une personnalité du domaine des politiques numériques au Brésil, a tweeté: 

Une chose est sûre: en 2014 je ne vote pas pour un politicien dont la campagne est financée par Teles! Fais de même en réponse à ces connivences— João Carlos Caribé (@caribe) September 22, 2013

Neutralité des réseaux: la garantie de la libre circulation des transferts sur internet, sans interférence ou altération de la part des fournisseurs de services d'internet. Projet documentaire collaboratif de la campagne freenetfilm.org (@freenetfilm), dirigé par Naor Elimelech et Gabriel Ranzani et coordonné par Joana Varón.

La Toile a-t-elle un territoire ?

L'intention de stocker- de façon obligatoire ou permissive – les registres d'accès des utilisateurs par les fournisseurs de service internet préoccupent également ceux qui suivent le #MarcoCivil.

Et cette crainte s'est amplifiée avec une proposition d'amendement, soutenue par Dilma Roussef, qui définit que le stockage des données sur les Brésiliens au sein des entreprises comme Google et Facebook soit fait physiquement sur le territoire national [anglais]. La proposition vient “dans la chaleur du scandale d'espionnage général conduit par l'Agence Nationale de Sécurité des Etats-Unis (NSA)” avec la promesse de Dilma Roussef que le Brésil “redouble d'efforts pour se doter de législation, technologies et mécanismes qui nous protègent de l'interception illégale des communications et des données”.

Mega Sim, un mouvement qui dit vouloir “définir un agenda positif de la politique culturelle du Brésil” a réagi :

Ecoutez: stocker les données dans le pays est le rêve d'internet en Chine, en Iran et autres totalitarismes, mais c'est IMPOSSIBLE #MarcoCivil— Mega Sim (@mega_sim) July 20, 2013

 Emma Llansó, du Centre pour la Technologie et la Démocratie, a écrit :

These kinds of data localization requirements can function as barriers to the free flow of information online, and would not necessarily keep Brazilians’ data out of the NSA’s hands.

Ces types de demandes de localisation des données peuvent fonctionner comme barrière à la liberté de flux de l'information en ligne, et ne maintiendraient pas forcément les données des Brésiliens loin des mains de la NSA (Agence Nationale de Sécurité)

En préparation

Une action contre la censure sur internet a été organisée à travers la page Facebook de Marco Civil Já pour le 16 octobre, devant le siège de l'opérateur Vivo-Telefónica à São Paulo. Ce même groupe, responsable du site marcocivil.org.br, a lancé un manifeste de défense des trois principes fondamentaux prévus dans les versions antérieures du document : neutralité des réseaux, respect de la vie privée et liberté d'expression.

Tout porte à croire que le vote sur le Cadre Civil aura lieu dans quelques semaines, pendant qu'un “Cadre Civil International” est en préparation. La présidente a annoncé sur Twitter qu'après l'approbation du Congrès, elle présentera le texte à l'ONU, selon Murilo Roncolato  dans le blog Estadão :

Pelo Twitter, a presidente Dilma Rousseff afirmou ter enviado um “novo” Marco Civil ao Congresso, sem detalhar se a novidade se refere a um novo texto ou emendas à proposta que corre no Congresso em caráter de urgência. Dilma anunciou ainda que o projeto será votado nas “próximas semanas” e garantiu que enviará o documento à ONU, tornando as diretrizes uma lista de princípios oficial do órgão internacional.

Sur Twitter, la présidente Dilma Rousseff a affirmé avoir envoyé un “nouveau” Cadre Civil au Congrès, sans détailler si la nouveauté se réfère à un nouveau texte ou aux amendements à la proposition déposée au Congrès en urgence. Dilma a annoncé que le projet sera voté dans les “prochaines semaines” et a garanti qu'elle enverrait le document à l'ONU, faisant des grandes lignes directrices une liste officielle de principes de l'organisme international.

Nathalie Gazzaneo a contribué à cet article.

Le projet Castor fait trembler les côtes espagnoles

samedi 12 octobre 2013 à 16:56
View of the Castor platform from the Vinaroz coast (Castellón province). Image from lanoticia.cat, used under the CC 3.0 license

La plateforme Castor vue depuis la côte de Vinaroz (province de Castellón). Photo de lanoticia.cat, utilisée sous licence CC 3.0

[liens en espagnol sauf mention contraire] L'Espagne n'est pas un pays à forte activité sismique. A l'exception de quelques rares cas, comme le tremblement de terre de Lorca en 2011 [fr], l'activité sismique dans le pays est très faible, et les secousses ne causent habituellement pas de dégâts.

Aussi, lorsque de fréquents mouvements sismiques ont été enregistrés il y a quelques semaines–plus de 350 secousses le mois dernier– dans le golfe de Valence, face à la côte de la province de Castellón, les alarmes ont sonné, en particulier avec, au petit matin du 1er octobre, un séisme atteignant 4,2 sur l'échelle de Richter.

Cette activité sismique inusitée a pu être provoquée par l'injection de gaz naturel dans la zone entourant un ancien puits de pétrole, aujourd'hui vide, situé à 1750 mètres de profondeur et 22 kilomètres de la zone de Vinaroz dans les limites du projet Castor [anglais], qui espère convertir ce réservoir en stockage de gaz :

de acuerdo a la regulación europea, los comercializadores (…) tienen la obligación de mantener unas reservas equivalentes a 20 días de ventas en firme del ejercicio anterior.

Selon la réglementation européenne, les fournisseurs (…) ont l'obligation de maintenir des réserves équivalentes à 20 jours de ventes moyennes de l'exercice antérieur.

Même s'il existe en Espagne d'autres dépôts de ce type qui n'ont jusqu'à présent pas posé de problèmes, le projet Castor semble situé dans une zone particulièrement instable. L'activité sismique a pu être causée par l'injection de ce qu'on appelle le “gaz coussin,” qui, explique le blog Science, Information et Urgences, consiste en :

600 millones de m3 [de gas] (…) cuyas funciones básicas son rellenar espacios “muertos” de difícil drenaje del yacimiento, servir como aislamiento entre el Gas de Trabajo y el acuífero subyacente (para evitar la posible producción de agua libre) y, en menor medida, contribuir al mantenimiento de la presión del yacimiento.

600 millions de m3 [de gaz] (…) dont les fonctions de base sont de remplir les espaces “morts” à drainage difficile, servir d'isolation entre le Gaz de Trabajo et l'aquifère sous-jacent (pour éviter la possible production d'eau libre), et, dans une moindre mesure, contribuer au maintien de la pression du dépôt.

Structure of the Castor project of gas storage. Image from meteoweb.eu

Structure du projet Castor de stockage de gaz. Image de meteoweb.eu

En outre, le projet Castor est situé au-dessus de la faille d'Amposta, qui longe sur 51 kilomètres la côte orientale et forme la bordure du réservoir. José Luis Simón, professeur de géologie à l'Université de Saragosse et spécialiste de l'étude tectonique de la zone, a expliqué au quotidien Levante :

se inyecta gas a una presión bastante alta en un subsuelo submarino del que se conocen pocas cosas, pero una de las que se conocen es que justamente bajo el emplazamiento del pozo pasa una falla que se considera activa. (…) Las tensiones hubieran tardado cientos o miles de años [en producir un terremoto], pero al inyectar gas hacemos que se produzca ahora.

On injecte du gaz sous assez forte pression dans un sous-sol sous-marin dont on connaît peu de choses, mais une de celles qu'on connaît, c'est que précisément sous l'emplacement du réservoir passe une faille considérée comme active. (…) Les tensions auraient mis des centaines ou des milliers d'années [à produire un tremblement de terre], mais en injectant du gaz nous faisons qu'il se produise maintenant.

Le ministre de l'industrie a ordonné la suspension des travaux sur la plateforme le 26 septembre dernier et les spécialistes du ministère envisagent la cessation totale du projet si une corrélation est montrée entre le projet et les secousses. Les gouvernements autonomes de Catalogne et de Valence ont activé leurs plans de risques sismiques.

Les inquiétudes des populations se sont exprimées sur les réseaux sociaux, qui ont aussi servi à monter des manifestations et protestations dans les villes affectées. Il ne faut pas oublier que dans un rayon de 100 kilomètre de la plateforme Castor, se trouvent des zones touristiques comme Salou et des lieux historiques comme Peniscola et les ruines de Tarraco, mais aussi les installations de l’industrie pétrochimique de Tarragone et les centrales nucléaires de Ascó I et II et Vandellós.

Economiquement, le projet–dont beaucoup soulignent l'inutilité–a explosé son budget. Fin 2011, 1195,5 milliards d'euros étaient déjà investis, 89,54% de plus que le coût initialement prévu. Selon le Confidencial, ce budget, à présent

se ha disparado hasta los 1.700 millones. Todo un ejemplo emblemático de los modificados que han hecho de oro a las constructoras al calor de las vacas gordas.

(…) Un dinero que será sufragado por los usuarios del gas a través de la tarifa. (…) [Castor recibirá] En total, 250 millones de euros por ejercicio. Unos fondos que, como costes del sistema, se incluyen en el recibo [al consumidor].

[Solo podría] evitarse el impacto de esa instalación en los recibos del gas si puede demostrarse que ha existido una negligencia grave en el proceso de puesta en marcha.

a filé jusqu'à 1.700 millions. Tout un exemple emblématique des modifications dont les entreprises ont fait leurs vaches grasses.

(…) Un coût qui sera financé par les usagers du gaz à travers les tarifs. (…) [Castor recevra] Au total, 250 millions d'euros par an. Des sommes qui, en tant que coûts du système, sont inclues dans la facture [du consommateur].

[Le seul moyen d']éviter l'impact de cet équipement sur les factures de gaz serait de démontrer l'existence d'une grave négligence dans le processus de mise en marche.

Sur Twitter, le sujet a été abondamment commenté. Habitante de Tarragone, Andrea Lahoz dit son inquiétude sur les effets des secousses dans sa ville :

Je vis dans une ville entourée d'usines et de pétrochimie. A présent grâce à #castor je vis dans la trouille en attendant le prochain tremblement de terre…

Location of the Castor project and the Vandellós nuclear centers and Ascó I and II. Image from Google Maps.

Localisation du projet Castor et des centrales nucléaires de Vandellós et Ascó I et II. Image Google Maps.

Le chantier de Castor est financé par la compagnie ACS, dont le président est Florentino Pérez, également président du club de football Real Madrid. Trapichaire souligne le deux poids, deux mesures, appliqué par Pérez pour engager certaines dépenses :

#sismicat Castor (Florentino Pérez) n'a pas réalisé d'étude sismique pour économiser, mais a acheté Bale x 100 kilazos. #terremoto #RealMadrid

Blanca Civit a paraphrasé le discours du maire de Madrid [anglais] devant le Comité olympique international pour défendre la candidature de la ville aux J.O., qui a déclenché sur Internet un torrent de sarcasmes corrosifs :

Rien de tel qu'un reposant tremblement de terre dans le golfe de Valence. #castor n'est pas une plaisanterie.

El buen progre le prend aussi avec humour :

Ne vous en faites pas autant pour le scandale en Castellón. Si on remplit le sol de gaz c'est normal qu'il se mette à péter. #Castor

Selon un article d’El Periódico, “Le bureau du procureur de la province de Castellón a accepté de lancer une procédure d'enquête criminelle” pour élucider l'origine des secousses. Vendredi 4 octobre,

Sobre las dos de la tarde, miembros del servicio aéreo de la Guardia Civil, junto a varios agentes del cuerpo en Castellón, llegaron a la planta, situada a unos 23 kilómetros de la costa de Vinaròs. Según las fuentes, los agentes se trasladaron para “comprobar cómo se encuentra la plataforma y su funcionamiento”.

Vers 2 heures de l'après-midi, des membres du service aérien de la Garde Civile, accompagnés de plusieurs agents du corps de Castellón, sont arrivés à l'usine, située à 23 kilomètres de la côte de Vinaròs. D'après les sources, les agents se sont transportés pour “vérifier l'état de la plateforme et son fonctionnement.”

Les agents se sont assurés de l'arrêt de l'usine. Reste à attendre le rapport des experts pour connaître le sort définitif du projet Castor. 

Global Voices lance un nouveau site : “The Bridge”

vendredi 11 octobre 2013 à 16:51
Some of the people whose work you'll be reading on "The Bridge", starting October 10.

Quelques un de ceux que vous pourrez lire sur “The Bridge”, à partir du 10 octobre

En juillet dernier, au Sommet de Global Voices à Nairobi, Aparna Ray et Nwachukwu Egbunike se tenaient dans la longue et étroite salle que nous avions baptisée “La maison de la Girafe” et nous interpellaient avec cette proposition:” Et si GV ouvrait ses colonnes à des contenus personnels ?”

A la mode Global Voices, Aparna et Nwach, en une sorte de pré-sommet virtuel depuis leurs domiciles respectifs de Calcutta en Inde et Ibadan au Nigeria, avaient déjà planché avec un groupe de travail sur la possibilité d'aller au delà de l'habituelle neutralité de nos articles. Cette proposition lancée à la face de collaborateurs de GV venant de 60 pays a eu le caractère d'une provocation ! 

Depuis bientôt neuf ans que Global Voices existe, nous sommes fiers d'avoir accompagné les média citoyens du monde, en prenant soin de rapporter aussi fidèlement que possible ce que d'autres ont mis en ligne. Notre engagement de neutralité nous a gagné le respect des journalistes et des chercheurs ainsi qu'une réputation de “source digne de confiance”. Cela doit évidemment être protégé.

“La neutralité, c'est quoi?” ont ironisé certains, plus désabusés. D'autres sentaient bien qu'introduire des éléments personnels dans nos histoires pourrait enrichir nos reportages. Lors de leur intervention, Nwach et Aparna ont soulevé la difficulté de raconter des histoires sur les citoyens ou des rumeurs circulant dans les médias sociaux quand les événements évoluent à un rythme vertigineux. Un nouveau style d'écriture pourrait nous permettre d'être plus rapidement réactifs. D'autres s'inquiétèrent pour les blogueurs du monde car une telle évolution pourrait les abandonner à eux-mêmes. 

Après un long débat, les contours d'une option possible ont commencé à apparaître. Il ont été  précisés dans les semaines suivantes par une enquête circulant dans toute la communauté de GV. Nous allions créer un nouveau type d'article de Global Voices, clairement étiquetés, séparés du contenu habituel, rangés dans une rubrique propre. Le 10 octobre nous avons enfin dévoilé cette nouvelle section qui s'appellera ”The Bridge“. 

Pourquoi ce nom “The Bridge” (Le pont) ? Pour tous ceux qui ont créé quelque chose, un nouveau gadget, une start-up…, trouver le nom bien adapté est parfois difficile, bien qu'il soit  souvent sous votre nez. Quand le nom “the Bridge” est apparu au milieu d'un monceau de propositions pendant le “brainstorm” de notre communauté, ceux d'entre nous qui avaient intégré Global Voices depuis assez longtemps se sont frappé la tête en se disant : Mais bien sûr…!

Les ponts relient évidemment des lieux, permettant la communication et le passage des gens et des idées, mais ce mot a également une résonance profonde dans l'histoire de Global Voices. Lors de la toute première rencontre de Global Voices à Cambridge, Massachusetts en 2004, le blogueur iranien Hossein “Hoder” Derakhshan a utilisé l'expression “bridge blogger” pour décrire une personnalité émergente au sein d'une blogosphère internationale naissante. Le bridge blogger écrit pour le monde, pour aider ses lecteurs à se situer dans cette affolante complexité.

Il ne manque pas de travaux personnels, d'opinions et de commentaires variés sur le Web, et nous ne voudrions pas en rajouter encore si nous n'avions pas la conviction de pouvoir offrir quelque chose de précieux. Un de traits spécifiques de Global Voices est l'étonnant éventail de pays représentés dans notre communauté — des pays où la plupart de nos contributeurs sont nés et continuent à vivre et travailler. Nous croyons qu'il y a un besoin plus grand que jamais d'histoires bien racontées concernant des lieux ou des communautés humaines non suffisamment et fidèlement représentées par les grands médias. A travers ce “pont”: “the Bridge” nous souhaitons rendre accessibles des paroles et des idées de personnes qui portent un véritable enjeu au travers des histoires qu'elles racontent. Des récits qui, nous l'espérons, sauront vous surprendre, vous enchanter. 

Soyez les bienvenus à Global Voices “The Bridge.” 

300 micro-secousses sismiques au large de la Catalogne font des vagues sur le Web

vendredi 11 octobre 2013 à 15:40

Image promotionnelle du projet Castor, tirée du site Web de l’initiative.

Plus de 300 micro tremblements de terre ont frappé le nord de la région de Valence et le sud de la Catalogne la semaine dernière. Il est possible qu’ils soient en lien avec l’injection sous-terraine de gaz à des fins de stockage qui a débuté au large de ces terres dans le cadre du projet Castor [en].

Le gouvernement a interrompu [es] l’injection qui se faisait depuis quelques semaines, dans l’attente de rapports techniques permettant de faire la lumière sur la situation. L’entreprise en charge du projet réfute la possibilité que l’injection puisse être à l’origine des séismes, mais les secteurs écologiques et politiques considèrent qu’il existe un lien direct et les associations de voisins ainsi que les internautes ont commencé à se mobiliser en ligne contre le projet en utilisant le mot-clic #projectecastor sur Twitter.

Le projet Castor profite d’un puits de pétrole épuisé, situé à 1750 m de profondeur, pour emmagasiner une quantité de gaz permettant de satisfaire un tiers de la demande espagnole. Ce projet, d’un coût de 1300 millions d’euros, a été attribué par concession à la Unión Temporal de Empresas, qui l’a réparti entre l’entreprise canadienne CLP (30 %) et l’espagnole ACS (70 %), une société de construction dirigée par Florentino Pérez, qui préside le club de foot du Real Madrid.

Si le mécontentement contre le projet se fait fortement sentir après les séismes auxquels il pourrait être lié, certains mouvements écologistes et politiques dénoncent depuis longtemps les risques de cette entreprise. Sur son blog, l’europarlementaire écologiste Raúl Romeva rappelle que les préoccupations relatives au projet ne datent pas de hier :

Potser hi ha qui s’ha sorprès amb les recents notícies relacionades amb els moviments sísmics que han tingut lloc a la costa, davant de Vinaròs, relacionats amb la planta d'emmagatzematge de gas, més coneguda com a Projecte Castor. No obstant, cal recordar que fa molt de temps que molta gent ens ve advertint dels riscos vinculats a aquesta mena d’explotacions, i que han fet arribar a les diferents institucions les seves preocupacions.

Il est possible que certains aient été surpris par les actualités récentes concernant les secousses sismiques au large de la côte, près de Vinaròs, liés à la centrale de stockage de gaz, plus connue sous le nom de projet Castor. Toutefois, il convient de rappeler que beaucoup soulignent depuis longtemps les risques de cette activité et avaient déjà fait part de leurs préoccupations aux différentes institutions.

Sur Twitter, Juan López de Uralde, membre du mouvement politique et social EQUO, met en garde contre ce type de projet et critique la politique énergétique espagnole :

@juralde
Atentos a #Castor en la costa mediterránea. Pone de manifiesto la absurda política energética española: apoyo al gas y castigo a renovables.

@juralde
Attention au projet #Castor sur la côte méditerranéenne. Il incarne l’absurdité de la politique énergétique espagnole : soutien au gaz et pénalisations pour les énergies renouvelables.

La situation dans les villages touchés par les tremblements de terre a poussé certains maires à prendre position contre le projet, comme l’annonce la Plataforma pel Sénia :

@plataformasenia

Marcelino Domingo, alcalde del PP de Benicarló, anuncia al seu perfil de FB q demanarà la paralització i desmantellament del #ProjecteCastor

@plataformasenia

Marcelino Domingo, maire de Benicarló appartenant au parti populaire, a annoncé sur Facebook qu’il allait réclamer l’interruption et l’abandon du projet. #ProjecteCastor

Dans une interview [ca] accordée au portail Vilaweb, Lluc Ulldemolins, membre de la plateforme de défense des terres de Sènia, partage ses craintes face à l’incertitude sur l’origine des séismes, qui se poursuivaient bien que le gouvernement espagnol ait assuré que l’injection de gaz avait été interrompue :

—Sí, l'empresa diu que ja no injecta gas, però els terratrèmols han agafat més intensitat. I això encara és més preocupant. Si sabéssim que hi ha terratrèmols perquè s'injecta gas, tindríem la causa controlada. Però si és cert que l'empresa ho ha aturat, i amb tot i això els terratrèmols continuen, és que la situació és més complicada que no ens podíem imaginar. A qui ens hem de creure? Realment preferiríem que fos l'empresa que mentís, no per donar-li la culpa, sinó perquè almenys sabríem la raó dels moviments sísmics.

Oui, l’entreprise indique avoir arrêté d’injecter du gaz, mais les tremblements de terre sont plus forts. C’est encore plus préoccupant. Si nous pouvions être sûrs que l’injection de gaz soit à l’origine des séismes, la cause serait sous contrôle. Mais s’il est vrai que l’entreprise a arrêté ses activités et que les tremblements de terre continuent, cela signifie que la situation est plus compliquée que nous l’imaginions. Qui devons-nous croire ? Nous préférerions que ce soit l’entreprise qui mente, non pas pour la rendre responsable, mais parce que nous serions au moins fixés sur la cause des mouvements sismiques.

Alors que l’indignation et la peur grandissent parmi la population, il semblerait, selon des informations [es] parues dans la presse, que l’entreprise ait déjà pris de mesures visant à se défaire de la concession et à encaisser une indemnisation. En effet, elle a le droit de restituer la concession à l’État et de recevoir la valeur nette sous forme d’indemnisation car le projet a été promu par le ministère de l’Industrie.

Affamés à Haiti

vendredi 11 octobre 2013 à 11:13

Pourquoi – alors que le pays a reçu au moins l'équivalent d'un milliard de dollars U.S. [740 milliaons d'euros] en aide alimentaire entre 1995 et le tremblement de terre de 2010 – la faim est-elle en augmentation ?

Haiti Grassroots Watch examine [en anglais] les “plaintes et rumeurs concernant la mauvaise utilisation, l'abus ou les effets négatifs de l'aide alimentaire.”