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À 27 ans, la japonaise Bisen Aoyagi fait sensation grâce à sa maîtrise de la calligraphie

samedi 7 octobre 2017 à 16:27
BISEN AOYAGI

La calligraphe japonaise Bisen Aoyagi à la Japan Expo en Thaïlande en 2016. Arrêt sur image d'une vidéo de la chaîne YouTube officielle de Bisen Aoyagi.

Un récent tweet viral a démontré la valeur que la culture populaire japonaise attache à l'art de l'écriture et a mis en lumière une jeune calligraphe pleine d'avenir, qui a au passage gagné une foule de fans grâce à sa personnalité et la maîtrise de son art.

Mi-septembre, Bisen Aoyagi a posté une vidéo sur son compte Twitter montrant comment écrire ce qui est considéré comme l'un des caractères chinois les plus obscurs et les plus complexes : biang [fr]. Ce caractère n'est utilisé que dans l'expression “nouilles biang biang”, en mandarin.

Pour n'importe qui de familier avec l'écriture des caractères chinois (aussi appelés kanjis en japonais), le caractère pour biang est presque ridiculement compliqué : il comporte 56 traits.

La vidéo de Bisen Aoyagi a été partagée plus de 150.000 fois sur Twitter.

Voici l'un des caractères chinois que l'on dit être le plus compliqué. Il est utilisé en Chine ! ( ´ ▽ ` )ノ Il se lit “biang”, et est utilisé pour écrire le nom du plat de nouilles biangbiang-men (^ ^)

Ce caractère a été écrit avec un pinceau Bisen original et du papier hanshi.

Avec seulement 54 tweets jusqu'à présent, Aoyagi est à 27 ans une nouvelle venue sur Twitter. Son tweet sur le caractère biang a donc été, de façon inattendue, une véritable sensation. Née à Osaka, elle explique dans sa biographie qu'elle a commencé à apprendre la calligraphie japonaise à l'age de quatre ans avec sa grand-mère.

Elle a obtenu son diplôme d'enseignant de calligraphie a 17 ans et a continué à étudier cet art depuis. Aujourd'hui, elle travaille en tant que calligraphe professionnelle. Elle se produit dans des expositions dans le monde entier, représentant le Japon et vendant sa propre ligne de produits calligraphiques.

Voici ma nouvelle photo de profil.

Sur Twitter, Aoyagi publie régulièrement de courtes vidéos de démonstrations de calligraphie :

“Briller” ! #AoyagiBisen

“Ambition”

De temps en temps, elle donne aussi des conseils et des leçons de calligraphie japonaise :

Comment écrire de beaux caractères chinois. #aoyagibisen

Parfois, elle montre des performances de virtuoses qui ressemblent davantage à de l'art abstrait. Dans le tweet suivant, elle se met ainsi au défi d'écrire une forme abstraite de 108 traits composée d'éléments de kanjis différents :

Un kanji de 108 traits.

Pour aider à chasser quelques “plaisirs terrestres”, voici un défi contre la montre. Est-ce que ce ne serait pas génial si je pouvais écrire ceci en une minute ou moins ?

Suivez Bisen Aoyagi sur Twitter et Instagram pour voir son art et ses démonstrations de kanjis. Son site internet présente ses œuvres de calligraphie, dont certaines en vente.

‘Par des sentiers ardus jusqu'aux étoiles’ : Pour ces enfants d'Amérique Latine ils mènent des ordures à la musique

vendredi 6 octobre 2017 à 17:15
La orquesta de instrumentos reciclados de Cateura, Paraguay, durante un concierto en Washington DC. Foto tomada de la cuenta en Flickr de la OEA bajo licencia Creative Commons.

L'orchestre d'instruments recyclés de Cateura, au Paraguay, lors d'un concert à Washington DC. Image sur Flickr de OEA-OAS (CC BY-NC-ND 2.0).

[Billet d'origine publié en espagnol le 26 novembre 2016]

Qu'ont de commun une école de musique mexicaine de la commune de Vicente Guerrero dans l'Etat d’Oaxaca et des enfants de la ville de Cateura au Paraguay ?

C'est que la musique jouée à ces deux endroits n'a pas seulement changé la vie de ces enfants, elle est intimement liée aux… ordures.

Quand la musique côtoie les ordures

La commune de Vicente Guerrero est située au bord d'une vaste décharge à seulement 16 kilomètres au sud d'Oaxaca — une vieille cité coloniale très fréquentée par les touristes — mais à des années-lumière des ruines précolombiennes voisines, et de la célèbre gastronomie régionale. Il y a quelques années déjà que La banda de música (La bande musicale) se produit dans la ville. Le projet a évolué en un orchestre symphonique composé d'enfants et d'adolescents, qui ont trouvé grâce à leurs instruments de musique un chemin hors de la pauvreté qui les entoure :

Une école de musique de 100 élèves est devenue un axe central de la communauté de Vicente Guerrero en Oaxaca.

Le quotidien britannique The Guardian écrivait à propos de ce projet :

Cette commune, dans l'un des États les plus pauvres du Mexique, a une réputation de toxicomanie et de de gangs violents. Mais elle vit une transformation après que la rencontre fortuite avec un pilote français a aidé à créer une entreprise musicale offrant une rare espérance à ses jeunes.

Les jeunes instrumentistes de l'orchestre prennent leur engagement musical très au sérieux, à en croire le média local Noticias Oaxaca NVI :

Ni bien salen de la escuela, llegan casi corriendo a sus casas, ni bien comen y se encaminan por las polvorientas calles para encontrarse con su gran pasión. Siempre llegan sonriendo, con los ojos vivaces y jugueteando, entre un gran bullicio. […] aprenden día a día a tocar con destreza la trompeta, el trombón, el flautín, el clarinete, el oboe, la flauta, la trompa, los timbales, los bongoes y las congas.

Dès la sortie des classes, ils rentrent quasi en courant à la maison ; leur déjeuner avalé, ils vont par les rues poussiéreuses retrouver leur grande passion. Ils arrivent toujours souriants, l’œil vif et en s'amusant, dans un grand brouhaha. […] Ils apprennent jour après jour à jouer avec dextérité de la trompette, du trombone, du piccolo, de la clarinette, du hautbois, de la flûte, du cor, des timbales, des bongos et de la conga.

Des ordures transformées en musique

À plus de 7.000 kilomètres là, les enfants de Cateura — un village pratiquement perché au sommet de la principale décharge d'Asunción, la capitale du Paraguay — joue d’instruments fabriqués à partir de matériaux recyclés :

[Interpretan] obras musicales con instrumentos reciclados, fabricados a partir de residuos sólidos domiciliarios, en el taller de lutería que posee el grupo en Cateura, donde recicladores, asesorados por Favio Chávez […], han comenzado a utilizar restos de “basura” para elaborar instrumentos que emitieran sonidos musicales. Los instrumentos […] imitan a violines, violas, cellos, contrabajos, guitarras, flautas, saxofones, trompetas, trombones e instrumentos de percusión, pero construidos con basura. Entre su repertorio ejecutan música clásica, música folklórica, música paraguaya, música latinoamericana, música de los Beatles, de Frank Sinatra, entre otros.

[Ils interprètent] des oeuvres musicales avec des instruments recyclés, fabriqués à partir de déchets solides dans l'atelier d'instruments de musique que possède le collectif à Cateura, où des recycleurs sous la houlette de Favio Chávez […] ont commencé à utiliser des éléments “d'ordures” pour élaborer des instruments émettant des sonorités musicales. Les instruments […] imitent les violons, altos, violoncelles, contrebasses, guitares, flûtes, saxophones, trompettes, trombones et instruments de percussion, tous fabriqués à partir d'ordures. Leur répertoire comprend de la musique classique, de la musique folklorique, paraguayenne, latino-américaine, des Beatles, Frank Sinatra, et autres.

Dans un article du journal américain Los Angeles Times, Favio Chávez, un écologiste et musicien local qui enseigne aux enfants de Cateura, se souvient de leurs débuts :

Au départ c'était dur parce que nous n'avions pas de lieu pour répéter et qu'il fallait enseigner là où les parents travaillaient dans les ordures […]. Les enfants n'avaient aucune notion de musique et contacter les parents était très compliqué parce que beaucoup ne vivent pas avec leurs enfants.

Tout a changé quand Favio a eu sous les yeux quelque chose qu'il n'avait encore jamais vu : un violon fabriqué à partir de déchets. Aujourd'hui, il y a un orchestre entier d'instruments assemblés, appelé L'Orchestre Recyclé. Un documentaire intitulé “Landfill Harmonic” [mot-à-mot “Décharge harmonique”,un jeu de mot sur “landfill”, décharge, et “Philharmonique”, NdT] a chroniqué l'opération musicale :

La planète génère environ un milliard de tonnes d'ordures chaque année. Ce qui vivent dessus et en vivent sont les pauvres – comme les habitants de Cateura, au Paraguay. Et voilà qu'ils en font de la beauté. Landfill Harmonic suit l'orchestre dans la tournée mondiale de son spectacle enthousiasmant d'ordures transmuées en musique.

L’orchestre a même joué devant le pape François :

L'Orchestre d'Instruments recyclés a été invité à jouer devant le Pape François, et lui a [remis un violon recyclé fabriqué par Nicolas “Cola” Gomez]

Ces deux formations, comme quelques autres [en Amérique latine], montrent que la musique ouvre des possibilités infinies.

Merci à Elise Lecamp qui a signalé cet article.

La population de vaches naumuthe du Népal, race parmi les plus petites du monde, va diminuant

jeudi 5 octobre 2017 à 15:26

Un veau naumuthe nouveau-né. A l'âge adulte, cette race est haute comme neuf poings fermés des sabots à la bosse. Photo : Sanjib Chaudhary.

La vache Achhami ou “naumuthe” appartient à l'une des plus petites races de bovins au monde. Originaire du district d'Achham au Népal, cette gai (“vache” en népalais) est appelée “naumuthe” parce qu'elle ne mesure que neuf muthi (“poing fermé” en népalais) du sabot à la bosse.

D'après le bureau de district des services vétérinaires (DLSO en anglais) d'Achham, la hauteur moyenne d'une vache au garrot est 88 centimètres, et son poids moyen, 150 kilos. Elle donne normalement environ 1 à 2 litres de lait chaque jour.

Une vache naumuthe adulte. Photo : Sanjib Chaudhary

Le taureau, quant à lui, mesure en moyenne 97 centimètres au garrot pour un poids de 160 kilos.

L'animal est certes petit, et malheureusement, sa population aussi. Selon les derniers recensements du DLSO, il reste aujourd'hui seulement 447 individus de cette race dans les villages de Jalpadevi, Baijnath, Ghughurkot, Mastamandu, Babla, Khaptad, Budhakot et Devisthan du district d'Achham.

Selon les recherches de Surendra Wagle, la population des bovins Achhami diminue à cause des croisements, des ventes illégales au Tibet pour l'abattage, et du désintérêt des habitants locaux à cause notamment de la moindre rentabilité de leur élevage. Pourtant cette race a une meilleure résistance à la fièvre aphteuse et survit dans des environnements variés.

Et elle produit un lait “plus nutritif que celui d'une vache ordinaire”, à croire Dev Raj Upadhyay, le proviseur de Baidyanath Ved Vidhyashram, une école de sanscrit d’Achham, qui élève cette race depuis quelque temps déjà.

Un panneau publicitaire des Services vétérinaires de District pour sensibiliser aux avantages de la vache naumuthe. IPhoto : Sanjib Chaudhary

Dans son étude pour la deuxième Conférence sur l'élevage bio en Allemagne, Devendra Prasad Bhandari a recommandé la conservation in-situ de cette race, la mise en œuvre d'une politique de réduction de sa vente illégale au Tibet, et la commercialisation de la race et de ses produits bio sur le marché international et national.

De son côté, Surendra Wagle propose d'organiser des ateliers de sensibilisation avec les paysans et de fournir des incitations à des collectifs d'élevage de la vache naumuthe.

Le temps dira si les autorités et les collectivités concernées sauront s'entendre pour sauver cette race avant qu'elle disparaisse.

Les tisserandes mayas veulent protéger juridiquement leur patrimoine, après des années d'appropriation culturelle

mercredi 4 octobre 2017 à 13:06

“Les Mayas guatémaltèques ont subi durant des années, de la part des entreprises étrangères et stylistes locaux non autochtones, vols et captation de leurs tissus” Photo du collectif Ut'z Bat'z par Julie Houde-Audet. Utilisation autorisée.

En 2011, Alejandra Barrillas, représentante du Guatemala au concours Miss Univers, apparut sur scène somptueusement parée de ce qui aux yeux du reste du monde et aussi peut-être de quelques Guatémaltèque ressemblait à une tenue autochtone guatémaltèque tout à fait convenable. Néanmoins la communauté Maya du Guatémala était scandalisée. Il s'est avéré que, l'habit porté par Barrillas sous la direction du styliste guatémaltèque Giovanni Guzmán était un type de vêtement autochtone de cérémonie exclusivement réservé aux hommes chefs notables.

Les Mayas du Guatemala ont subi durant des années de la part des entreprises étrangères et des stylistes locaux autochtones le vol et la captation de leurs textiles. La communauté a des comptes à régler, en l'occurrence, avec la styliste Alida Boer, fondatrice de Maria’s Bags, qui utilise les créations autochtones mayas sans autorisation et vend ses produits sur internet à des prix pouvant atteindre 600 dollars US (510 euros).

Dans le même temps, le gouvernement guatémaltèque ne fait rien pour protéger les textiles et les créations de sa communauté indigène ; il y a même un vide juridique en matière de droits de la propriété Intellectuelle, qui exclut celle des Maya. Et encore, cela n'a pas empêché l'agence gouvernementale de promotion du tourisme, Inguat, d'utiliser les textiles et produits artisanaux autochtones. Cette attitude s'accommode de la négligence générale des autochtones guatémaltèques, qui comptent pour environ 40 % de la population du pays et en constituent 80 % des pauvres..

“Ils invitent les touristes à visiter notre pays et nous utilisent comme des appâts. Nos habits, notre culture, notre travail, mais aucune partie de l'argent qu'ils gagnent ne revient aux communautés autochtones. C'est cela que nous dénonçons avec le brevet.” Photo prise au sein du collectif Ut'z Bat'z par Julie Houde-Audet. Utilisation autorisée.

La communauté Maya du Guatemala continue aussi de vivre sous l'ombre de la guerre civile qui a sévi entre 1960 et 1996 et fit disparaître 200.000 Mayas indigènes. Approximativement 83 % des personnes tuées durant la guerre étaient des Mayas, et d'innombrables autres furent victimes de violations de droits humains perpétrées principalement par le gouvernement du Guatemala et les militaires. Des membres éminents du gouvernement de cette époque ont depuis été accusés de crimes de guerre, de même que le chef de l’État, Efraín Ríos Montt, qui a été accusé de génocide.

“Ils nous traitent comme des objets et non des êtres humains,” dit Angelina Aspuac, une tisserande et porte-parole de l'Association des Femmes pour le Développement de Sacatepequez (AFEDES), “Ils invitent les touristes à visiter le pays et nous utilisent comme des appâts. Nos habits, notre culture, notre travail, mais rien de l'argent qu'ils gagnent ne revient aux communautés indigènes. C'est cela que nous dénonçons avec le brevet.”

“Les tisserands mayas prétendent qu'en tant qu'artistes, leurs artisanats devraient être reconnus comme propriété intellectuelle.” Photo prise au sein du collectif Ut'z Bat'z par Julie Houde-Audet. Usage autorisé.

Le brevet Aspuac fait référence au message central d'une campagne lancée en mai 2016 par les tisserandes mayas du Guatemala pour reprendre possession de leur patrimoine culturel. Un groupement de 30 organisations de 18 communautés linguistiques du Guatémala menées par l'AFEDES, a porté plainte devant la Cour Constitutionnelle du pays. Les tisserandes Maya disent qu'en tant qu'artistes, leurs artisanats devraient être reconnus comme propriété intellectuelle. La plainte allègue qu'il est inconstitutionnel d'exclure les créations textiles des Mayas des lois sur la propriété intellectuelle du Guatemala.

Le projet de loi présenté au Congrès tiendrait compte de ce que les tisserandes appellent “la propriété intellectuelle collective des peuples autochtones”, en réformant cinq articles de lois gouvernant l'industrie nationale et les droits de propriété industrielle. Il cherche à définir la propriété intellectuelle concernant le droit des peuples autochtones à contrôler leur patrimoine, et la reconnaissance des nations autochtones comme auteurs pour qu'elles puissent automatiquement bénéficier des lois de propriété intellectuelle en vigueur. Dans ces conditions, les organismes qui profitent de l'utilisation ou de la reproduction des produits mayas tissés à la main seraient obligés de payer des redevances et mentionner les artistes originaux.

“Pour l'instant des articles de cette nature protégeant la création de la collectivité n'existent pas, et notre travail n'est pas valorisé,” dit Angelina Aspuac, “Il y a plutôt une appropriation et une marchandisation de la culture et des modèles.”

Angelina Aspuac dit que les redevances reçues grâce au brevet seront partagées au sein de la communauté. La communauté va choisir ses représentants chargés de négocier en son nom avec les entreprises souhaitant utiliser ses modèles, et gérer la distribution des fonds lui revenant. Aspuac et d'autres membres influentes du mouvement veulent voir l'argent investi dans des projets sociaux tels que des écoles de tissage et l'éducation des femmes et des enfants.

Dans le collectif Ut'z Bat'z, photo Julie Houde-Audet. Usage autorisé.

La communauté Maya espère qu'avec le brevetage de ses tissus et modèles, elle aura plus d'autonomie et de contrôle sur son patrimoine et sa culture, aplanissant ainsi deux des grandes difficultés auxquelles elle est confrontée : l'appropriation culturelle et la spoliation. Les redevances reçues du brevet donneraient aussi aux communautés la possibilité de mettre fin à un cycle permanent de pauvreté.

Les tisserands Maya ne sont pas seuls dans leur combat. En 2015, des membres de la communauté Tlahuitoltepec d'Oaxaca au Méxique ont accusé la créatrice française Isabel Marant d'avoir plagié un modèle Tlahuitoltepec de 600 ans. En 2012, la Nation Navajo des États-Unis a intenté un procès contre Urban Outfitters pour avoir utilisé leur nom sur plusieurs de leurs produits , y compris “les culottes collantes Navajo” et “les flacons imprimés Navajo”. La prévalence de ce genre d'appropriation culturelle et de plagiat amena 189 délégués des communautés autochtones d'un peu partout dans le monde à se réunir à Genève en juin 2017, et à mettre sur pied un comité spécial au sein de l'Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI) pour condamner l'appropriation des cultures autochtones dans le monde entier.

Ce qui serait peut-être encore plus important pour la communauté maya, un brevet serait une reconnaissance de la valeur et de la signification de leur travail. Les textiles et habits traditionnels mayas revêtent un sens profond pour les tisserandes, surtout le huipil, un vêtement tissé à la main porté par les femmes.

“Vous ne fabriquez jamais un huipil sans raison,” dit Lucía, une vannière maya de la coopérative des femmes de Chichicastenango Ut’z Bat’z. “Ils ont tous un sens. Par exemple, à Quiche, les modèles ont des serpents, car ils ont des courbes en forme de M signifiant les montagnes sur lesquelles nos ancêtres pouvaient se hisser et surveiller les environs. Le cou représente le soleil, et les angles les quatre points cardinaux.”

Comme le dit Ambrocia Cuma, une tisserande et professeure maya enseignant à l'Université [américaine] de Tulane, “les huipiles sont pour moi une identité. Ce sont des trésors de savoir car ils ils représentent les conversations quotidiennes de la femme avec la nature.”

Réflexe territorial des Russes en riposte aux photos touristiques de la région chinoise de l'Altaï publiées sur Twitter par l'officiel China Daily

mercredi 4 octobre 2017 à 12:37

L'Irtych Noir dans la préfecture de l'Altaï, en Chine / Crédit: Fanghong, CC BY-SA 3.0

Le 2 octobre, le quotidien d’État en anglais China Daily a tweeté quelques superbes photos de l'Altaï, une région reculée du nord-ouest du pays.

Découvrez les paysage automnaux de l'Altaï, un coin isolé et faiblement peuplé de la région autonome ouïghour du Xinjiang, Chine du Nord-Ouest

Le China Daily twitte régulièrement des photos promotionnelles de diverses régions de la Chine, mais s'est attiré cette fois un retour de bâton inattendu des utilisateurs russes de Twitter croyant que la Chine revendiquait comme sien des pans de territoire russe.

C'est en Russie

La plupart des réponses au tweet du China Daily étaient chargées de jurons et d'argot, en russe comme en anglais. Une riposte particulièrement imagée disait :

Vous avez magouillé aux cartes, bande de loups infâmes ? Un trou de bagel, c'est tout ce que vous avez au lieu d'Altaï.

D'autres twitteurs n'ont pas tardé à vouloir redresser les faits. L'Altaï est une chaîne de montagnes de Sibérie méridionale, qui s'étire entre la Russie, le Kazakhstan, la Mongolie et la Chine. Chacun de ces pays contient une région dont le nom incorpore une variante locale du nom Altaï.

En réalité, il y a en Russie deux entités administratives distinctes de niveaux différents : le kraï de l'Altaï à population majoritairement russe, et la république de l'Altaï, aussi connue sous le nom d'Altaï montagneux.

La préfecture de l'Altaï est un district de la préfecture autonome Ili- Kazakhe de la région autonome ouïghour du Xinjiang de la République populaire de Chine.

Mais malgré la clarification, certains utilisateurs ont tenu à proclamer la supériorité à tous les autres de l'Altaï russe :

Belles images des paysages de l'Altaï chinois ! Mais l'Altaï russe est de multiples fois plus beau, aucune comparaison avec les Altaï mongol ou kazakh.

La réaction énergique des twitteurs russes peut s'expliquer par les craintes répandues que la Russie soit en train de céder discrètement certains de ses territoires frontaliers d'Extrême-Orient à la Chine. Ou n'est-ce tout bonnement qu'un autre exemple d'échauffement des médias sociaux sur une futilité. Que ce soit l'un ou l'autre, cela nous aura au moins valu une petite dose de paysages époustouflants.