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Accroches à la Palestinienne

mercredi 6 novembre 2013 à 19:55

[liens en anglais] L'humour, surtout teinté de noir, est un acquis culturel, et encore plus dans un pays en guerre. Le mot-dièse #PalestinianPickUpLines (NdT : Une pick-up line est une phrase d'accroche dont le but est d'entrer en communication avec une personne inconnue dans l'intention de faire connaissance) est tendance depuis peu sur Twitter, et accumule depuis quelques jours les nouveaux messages.

Les propositions, tantôt chaleureuses et amusantes, tantôt rageuses et politisées, reflètent la vie réelle en Palestine et dans la diaspora palestinienne.

Né en Angleterre, Firas Nabil, qui s'identifie “Palestinien de tout son être,” propose plusieurs déclarations romantiques, comme :

Quand tu n'es pas avec moi, mon coeur est divisé comme la Cisjordanie & Gaza.

Ma revendication sur toi est comme celle d'Israël sur Jérusalem, illégitime & non reconnue.

La Jordanienne Sara Amro contribue :

Toi seul n'as pas besoin de traverser un point de contrôle pour parvenir à mon coeur

Mufeed Okal de Naplouse en Palestine plaide passionnément :

Puis-je te tenir comme je tiens la cause, tout près de mon coeur.

Journaliste israélienne et militante pro-Palestinien, Mairav Zonszein ironise :

“Ta beauté est plus indéfinissable que les frontières israéliennes”

La blogueuse Woman Unveiled explique que cette mode humoristique procure un soulagement devant les galères de la vie quotidienne .

Je suis le genre de personne qui croit que la façon d'avancer sur le conflit israélo-palestinien est de se concentrer sur les questions actuelles sans laisser les événements du passé retenir le progrès… Alors que les Palestiniens continuent à subir les épreuves et la violation de leus droits humains les plus élémentaires, une tendance sur Twitter montre comment l'humour peut aider à effacer un peu de cette souffrance… Les “pick-up lines” collectionnent les rires d'une manière qui révèle en même temps les différentes façons dont les actes d'Israël, souvent contraires au droit international, perturbent la vie quotidienne des Palestiniens.

La faiblesse des thèmes sur Twitter est qu'ils ont beau être chargés de sens sur le moment, leur origine et leur développement sont difficiles à retracer. On ne sait donc pas grand chose de cette tendance, qui n'est pas neuve : le même mot-dièse était apparu en mars, et un similaire, #SiegePickUpLines, en juillet 2011.

Le blogueur égyptien Mosa'ab Elshamy, avec son ami appelé sur Twitter WelshInGaza (compte fermé depuis) se déclare l'inventeur de #SiegePickUpLines. Il explique qu'ils ont eu l'idée ensemble après une conversation sur l'humour face à la vie à Gaza.

Les Arabes affrontent d'habitude leurs malheurs avec humour. C'est une question née de la pure curiosité et qui était fascinante quand d'autres (dont beaucoup de Palestiniens) se sont joints au groupe qui tournait en dérision le blocus illégal de Gaza et l'épreuve quotidienne vécue dans la, heu, bande. Avec l'afflux des tweets, les gens ont été de plus en plus nombreux à ne pas limiter leurs blagues au blocus, aux coupures de courant, aux tunnels et, heu, aux fusées, mais [les étendent] à d'autres éléments, comme la flotille, les résolutions de l'ONU, la solution à deux Etats et les hommes politiques américains.

Elshamy cite parmi ses tweets préférés :

“Chérie, tu dois être Palestibelle.”
“Je ne te quitterais jamais (même si je pouvais).”
“Nous n'avons peut-être pas de droits humains, mais, chérie, nous avons des besoins humains…”
“Sortir avec moi c'est comme être Israël, tu n'auras jamais à t'excuser de rien, ma belle.”
“Chérie, tu es un drone ? ‘Parce que tu as bourdonné dans ma tête touute la journée.”
“On dit que les contraires s'attirent. Tu seras le Hamas de mon Fatah ?”
“Chérie, mettons-nous ensemble et faisons une solution à un Etat.”

Yasmeen El Khoudary, qui blogue sur Gaza, Out of the Blue (et écrit aussi sur Global Voices Online ), ajoute :

En tant que Palestinienne de Gaza qui croit au pouvoir de l'humour ironique, j'ai adoré. Ce sont les blagues et affirmations, par leur humanité, qui révèlent vraiment la vérité, mieux qu'un article de presse trompeur et souvent biaisé.

Si vous connaissez des détails sur l'historique de ces deux tendances, écrivez-les en commentaires !

Le recours, dans les temps difficiles, à l'humour pour compatir et entrer en contact les uns avec les autres ne se limite pas à #PalestinianPickUpLines et #SiegePickUpLines. #HumorHeals et #ShutdownPickUpLines, ont accompagné la récente fermeture du gouvernement aux Etats-Unis. D'autres exemples qui vous ont fait rire ou mieux apprécier votre situation actuelle ? Racontez-nous !

Crédit image de vignette :
- Rusty Stewart sur Flickr (Licence Creative Commons)

Remerciement particulier à :
- Jennine Abdul du blog The Lowercase Arab 

“Les femmes doivent être soumises”: les suggestions sexistes des saisies semi-automatiques sur Google

mercredi 6 novembre 2013 à 18:50

[Sauf mention contraire, les liens de cet article renvoient vers des pages en anglais]

Une série de messages publicitaires [anglais] diffusés par l'ONU Femmes fin octobre a exploité les suggestions automatiques de Google pour dévoiler certaines attitudes négatives très répandues vis-à-vis des femmes. Global Voices a suivi les réactions à la campagne de l'ONU Femmes et a mené sa propre expérience dans différentes langues. Les résultats des recherches, menées à la fois dans le cadre de la campagne de l'ONU Femmes et par Global Voices, ont révélé des clichés répandus concernant non seulement le rôle des femmes en milieu social et professionnel, mais aussi leur sexualité, leur apparence et leur rapport aux hommes.

UN Women ad featuring Google autocomplete suggestions for the phrase "women shouldn't"

Publicité d'ONU femmes montrant les suggestions de saisie semi-automatique pour la recherche “les femmes ne doivent pas”

Les personnes à l'origine de la création des publicités de l'ONU Femmes ont utilisé des expressions pour leurs recherches telles que “les femmes ne peuvent pas”, “les femmes ne doivent pas”, “les femmes doivent” ou encore “les femmes ont besoin de”, complétées par de véritables suggestions de Google, afin de mettre en lumière les stéréotypes toujours plus négatifs, et les points de vue sexistes et hautement discriminatoires partagés au sujet des femmes par les sociétés du monde entier. Ces publicités ont rapidement fait l'objet d'un buzz [anglais] et ont provoqué des discussions houleuses sur la toile. La semaine dernière, ses créateurs ont annoncé qu'ils prévoyaient d'étendre la campagne en réponse aux réactions en masse suscitées sur internet. 

La fonction de saisie semi-automatique pour les recherches prédit, selon Google, les requêtes des usagers, en se basant sur l'activité de recherche de tous les usagers du web, ainsi que sur le contenu des pages indexées. Ces prédictions peuvent aussi être influencées par les recherches passées de chaque usager si ce dernier est connecté à son compte Google. 

Global Voices a demandé à ses contributeurs du monde entier d'effectuer des recherches Google en utilisant les mêmes termes ou des termes similaires à ceux utilisés pour la campagne de l'ONU Femmes, dans leurs langues respectives. Les recherches, effectuées entre le 19 et le 25 octobre 2013, ont révélé des positions au sujet des rôles que les femmes sont supposées tenir en société, qui témoignent souvent des mêmes préjugés globaux, mais montrent parfois des contradictions selon les différents pays. Voici ci-dessous des recherches effectuées dans 12 langues au sein de différents pays et continents : 

Espagnol

Chili

"Women should not...". A screen shot by Silvia Viñas, October 21, 2013.

“Les femmes ne doivent pas…”. Capture d'écran de Silvia Viñas. 21 octobre 2013.

Les femmes ne doivent pas…
Les femmes ne doivent pas prêcher
Les femmes ne doivent pas travailler
Les femmes ne doivient pas parler devant une assemblée
Les femmes ne doivent pas conduire

Pérou

"Women cannot..." A screenshot by Juan Arellano. October 21, 2013.

“Les femmes ne peuvent pas…” Capture d'écran de Juan Arellano. 21 octobre 2013.

Les femmes ne peuvent pas…
Les femmes ne peuvent pas prêcher 
Les femmes ne peuvent pas être pasteurs
Les femmes ne peuvent pas donner leur sang
Les femmes ne peuvent pas vivre sans homme.

Porto Rico

"Women should...". A screenshot by Firuzeh Shokooh Valle. October 21, 2013.

“Les femmes doivent…”. Capture d'écran de by Firuzeh Shokooh Valle. 21 octobre 2013.

Les femmes doivent…
Les femmes doivent être soumises
Les femmes doivent porter le voile
Les femmes doivent prêcher
Les femmes doivent travailler

Français

France

"Women should...". A screenshot by Suzanne Lehn. October 21, 2013.

“Les femmes doivent…”. Copie d'écran de Suzanne Lehn. 21 octobre 2013.

"Women don't know...". A screen shot by Rayna St. October 21, 2013.

“Les femmes ne savent pas…”. Capture d'écran par Rayna St.     21 octobre 2013.

Arabe

Egypte (résultats similaires en Jordanie)

"Woman cannot...". A screenshot by Tarek Amr. October 21, 2013.

“Les femmes ne peuvent pas…”. Capture d'écran de Tarek Amr.  21 octobre 2013.

Les femmes ne peuvent pas…
Les femmes ne peuvent pas vivre sans le mariage
Les femmes ne peuvent pas vivre sans homme
Les femmes ne peuvent pas garder un secret
Les femmes ne peuvent pas interpréter les silences des hommes

 

Chinois

"Women cannot...". A screenshot by Gloria Wang. October 21, 2013.

“Les femmes ne peuvent pas…”. Capture d'écran de Gloria Wang. 21 octobre 2013.

Les femmes ne peuvent pas…
Les femmes ne peuvent pas être trop intelligentes
Les femmes ne peuvent pas conduire
Les femmes ne peuvent pas donner le jour
10 sujets dont les femmes ne peuvent pas discuter avec leur mari

 

Roumain

"Women should not...". A screenshot by Diana Lungu. October 21, 2013.

“Les femmes ne doivent pas…”. Capture d'écran de Diana Lungu. 21 octobre 2013.

Les femmes ne doivent pas…
Les femmes doivent être aimées, et non comprises
Les femmes ne doivent pas être comprises
Les femmes ne doivent pas porter de pantalons
Ce que les femmes ne doivent pas faire au lit

 

Italien

Italie

"Women should...". A screenshot by Gaia Resta. October 22, 2013.

“Les femmes doivent…”. Capture d'écran de Gaia Resta. 22 octobre 2013.

Les femmes doivent…
Les femmes doivent rester à la maison
Les femmes doivent se faire désirer
Les femmes doivent rester dans la cuisine
Les femmes doivent être effacées

 

"Women should not...". A screenshot by Gaia Resta. October 22, 2013.

“Les femmes ne doivent pas…”. Capture d'écran de Gaia Resta. 22 octobre 2013.

 

Les femmes ne doivent pas…
Les femmes ne doivent pas être comprises
Les femmes ne doivent pas travailler 
Les femmes ne doivent pas être comprises mais aimées
Les femmes ne doivent pas lire

Allemand

Allemagne

"Woman should not...". A screenshot by Katrin Zinoun. October 21, 2013.

“Une femme ne doit pas…”. Capture d'écran de Katrin Zinoun. 21 octobre 21, 2013.

Une femme ne doit pas…
Une femme ne doit pas enseigner
Ma femme ne doit pas travailler

 

"Woman can...". A screenshot by Katrin Zinoun. October 21, 2013.

“Une femme peut…”. Capture d'écran de Katrin Zinoun. 21 octobre 2013.

Une femme peut….
Une femme ne peut pas venir
Une femme ne peut pas tomber enceinte
Une femme ne sait pas cuisiner
Une femme ne peut pas avoir d'enfant

 

Hébreu

"Women don't...". A screenshot by  Gilad Lotan. October 21, 2013.

“Les femmes ne…”. Capture d'écran de
Gilad Lotan. 21 octobre 2013.

Les femmes ne…
Les femmes ne travaillent pas
Les femmes ne sont pas modestes
Les femmes ne savent pas conduire
Les femmes ne veulent pas avoir d'enfants

 

Hongrois

"A woman should be...". A screenshot by Marietta Le. October 21, 2013.

“Une femme doit être…”. Capture d'écran de Marietta Le.
21 octobre 2013.

Une femme doit être…
Une femme doit être un cordon bleu en cuisine
Une femme doit être jolie et impitoyable

 

Danois

"Women cannot...". A screenshot by Solana Larsen. October 20, 2013.

“Les femmes ne peuvent pas…”. Capture d'écran de Solana Larsen. 20 octobre 2013.

Les femmes ne peuvent pas…
Les femmes ne peuvent pas conduire
Les femmes ne peuvent pas contrôler leur vagin
Les femmes ne peuvent pas être daltoniennes 
Les femmes ne peuvent pas se servir d'un barbecue

 

En danois, les recherches pour “les femmes ne peuvent pas” et “les femmes peuvent” ont donné les mêmes résultats.

Russe
Russie

"Women should not...". A screenshot by Veronica Khokhlova. October 19, 2013.

“Les femmes ne doivent pas…”. Capture d'écran de Veronica Khokhlova. 19 octobre 2013.

Les femmes ne doivent pas…
On ne doit pas croire les femmes 
Les femmes ne doivent pas soulever de choses lourdes
Les femmes ne doivent pas boire 
On ne doit pas faire confiance aux femmes

 

Anglais

Royaume-Uni

"Women should...". A screenshot by Annie Zaman. October 25, 2013.

“Les femmes doivent…”. Capture d'écran d'Annie Zaman. 25 octobre 2013.

Les femmes doivent…
Les femmes doivent être regardées et non écoutées
Les femmes doivent rester à la maison
Les femmes doivent savoir où est leur place

 

Toutes les recherches effectuées par les membres de la communauté de Global Voices n'ont pas donné de résultats de saisie semi-automatique négatifs. Toutefois, les résultats de cette expérience confirment largement la conclusion inquiétante [anglais] de l'ONU Femmes, selon laquelle un travail considérable reste encore à faire dans le monde entier pour faire avancer les droits des femmes et les réhabiliter.

Drôle de billet de banque russe pour les Jeux Olympiques de Sotchi

mercredi 6 novembre 2013 à 18:17
The new 100 Ruble Olympic bank note being presented. YouTube screenshot.

Le nouveau billet de 100 roubles à l'effigie des Jeux Olympiques. Capture d'écran de Youtube.

Alors qu'il reste moins de cent jours avant la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques d'hiver de 2014, les scandales se font de plus en plus nombreux. Le plus récent d'entre eux concerne un nouveau billet de 100 roubles, inspiré des Jeux Olympiques, mis en circulation la semaine dernière par la Banque Centrale russe.

Dans un premier temps, les blogueurs russes étaient enthousiastes. Des pièces commémorant les Jeux Olympiques ont souvent été créées, mais des billets ont rarement été conçus pour cela (la Chine en avait crée un pour les Jeux d'été en 2008). Exceptionnellement, l'image est verticale plutôt qu'horizontale, et représente un snowboardeur. Elle a été dessinée par Pavel Bushuyev, un étudiant de l'Académie des Arts de Saint-Pétersbourg qui a remporté un concours sponsorisé par la Banque Centrale.

Le blogueur Pavel Protasov a félicité Bushuyev pour sa victoire, et a ainsi commenté :

Надеюсь, банкиры таки договорились с автором и даже ему что-нибудь заплатили.

Avec un peu de chance, les banquiers auront finalement trouvé un arrangement avec l'auteur et lui auront peut-être même payé quelque chose.

Il n'aura cependant pas fallu longtemps pour que des blogueurs russes apprennent que cette image, que l'on trouve désormais sur le nouveau billet, provient d'un site de stockage de photos, StockExchange – le résultat s'apparente ostensiblement à du plagiat.

Screenshot of snowboarder photo on StockExchange.

Capture d'écran de la photo d'un snowboardeur sur StockExchange.

Le blogueur Andrey Malgin a établi un parallèle avec un incident similaire qui a éclaté lorsque le Théâtre Bolchoï de Moscou a été rénové il y a quelques années.

Эпик фейл можно сравнить только с известным случаем, когда Юрий Грымов нарисовал для Большого театра роскошный высокобюджетный логотип, а потом люди нашли эту красоту в старом каталоге изображений Aridi, где он продавался всем желающим за 99 долларов.

Cet échec retentissant n'est pas sans rappeler celui de Yuri Grymov, qui dessina un logo extrêmement coûteux et luxueux pour le Théâtre Bolchoï. Quelques temps plus tard, les gens découvrirent que cette jolie image était en réalité issue d'un vieux catalogue Aridi, où elle était vendue à quiconque pour 99 dollars.  

Cependant, le blogueur photo Ilya Varlamov a pris la défense de Bushuyev et de son croquis, déclarant que “l'affaire” n'en était pas une, l'original étant une photo :

Я вообще не понимаю, в чем проблема, что фигура сноубордиста срисована с фотографии? Как по мнению критиков надо было рисовать сноубордиста? Из головы придумывать? С натуры сидеть рисовать?

D'une manière générale, je ne comprends pas quel est le problème. Est-ce le fait que la silhouette du snowboardeur ait été dessinée à partir d'une photo ? Comment, de l'avis des critiques, un snowboardeur doit-il être dessiné ? Grâce à l'imagination ? A partir d'un modèle ?

Il ajouta, critiquant les détracteurs:

Вы вообще понимаете, как дизайнер работает? Ничьи права не нарушены, более того, если совместить 2 фигуры, то видно, что рисунок на банкноте не 100% копия… Совсем что-то граждане с этой олимпиадой тронулись. Такое впечатление, что где-то проходит конкурс, “найди больший позор для России”.

Pouvez-vous seulement comprendre comment un dessinateur travaille ? Aucun droit n'a été violé ; par ailleurs, si vous combinez les deux images, vous remarquerez que le dessin présent sur le billet n'est pas l'exacte copie de la photo… Les gens deviennent complètement fous avec ces Jeux Olympiques. Cela ressemble à une compétition qui consiste à “trouver le plus grand déshonneur de la Russie”.

Alors que les Jeux de Sotchi se rapprochent, et que les scandales continuent de s'accumuler, Varlamov a-t-il raison ? Les blogueurs russes cherchent-ils une excuse pour se plaindre, ou l'organisation des Jeux Olympiques par la Russie est-elle vouée au désastre ?

Les Saoudiens interdits d'expédition vers Mars

mardi 5 novembre 2013 à 23:27
Mars is off-limits to Saudis, says religious scholar Shaikh Ali Al Hekmi. Photo credit: NASA's Marshall Space Flight Center (CC BY-NC-ND 2.0)

Mars est interdit aux Saoudiens, décrète l'érudit religieux Shaikh Ali Al Hekmi. Crédit photo : NASA's Marshall Space Flight Center (CC BY-NC-ND 2.0)

Saviez-vous qu'aller sur Mars est interdit [haram], ou péché ? L'érudit religieux saoudien Shaikh Ali Al Hekmi a déclaré au journal Al Hayat qu'une expédition vers la planète rouge dépasserait les limites [anglais] de l'être humain, dont la vie ne doit pas être gaspillée.

La fatwa (ou décret religieux) a été émise à la suite de l'annonce par le projet Mars One de l'organisation d'un voyage sans retour vers cette planète, dans l'espoir d'y créer la première colonie humaine. D'après le journal Al Hayat, six des 477 Saoudiens candidats au voyage (d'une vie) ont été acceptés pour la mission.

Sur Twitter, les Saoudiens ont cogné contre le ridicule de certaines fatwas produites par la monarchie absolue, sous le mot-dièse arabe #الاشتراك_في_رحلة_المريخ_حرام, qu'on peut traduire par Participer au vol vers Mars est Haram.

@mthaail blague :

Quand ? Où ? pourquoi personne ne m'a rien dit ? Comment je peux m'inscrire ?

Et pousse la plaisanterie :

J'espère qu'ils vont ouvrir un bureau du Comité de promotion de la vertu et de prévention du vice [la police religieuse] sur Mars. Et puisqu'on est sur le sujet, que dit la loi religieuse pour l'accouplement avec les martien[ne]s ?

Ms Doshe soupçonne que la fatwa a été émise pour faire diversion après la récente répression de la campagne pour les femmes au volant. Elle tweete :

N'essayez pas de détourner la conversation. Nous restons sur la question du droit de conduire pour les femmes.

Pour le blogueur Khaled Abdulrahman, conduire dans les rues de la capitale saoudienne Riyad est plus dangereux que d'aller sur Mars :

Les rues de Riyad sont une aventure bien plus dangereuse ! Le membre du Haut-Conseil des érudits saoudiens dit que participer au vol vers Mars est interdit par l'Islam parce que c'est une mission qui se terminera probablement par le trépas de ses participants

Le Dr Mohamed bin Abdulaziz ajoute :

Je vous conseille de quitter la Terre car elle est étouffée par les savants religieux. Mars fait partie de la création divine. J'aurais espéré qu'ils interdisent le détournement d'argent

Areej demande :

Qu'est-ce qui est acceptable pour vous, à part la polygamie et les mauvais traitements aux femmes sous prétexte de les corriger, et de maudire les gens sous prétexte de votre zèle religieux ?

En conclusion, Muteb Al Amari interpelle le savant :

Personne ne vous a demandé votre avis. Merci.

92 pays ont signé la convention de Minamata pour prévenir les empoisonnements au mercure

mardi 5 novembre 2013 à 17:27

Plus d'un demi siècle après que les habitants de Minamata au Japon furent empoisonnés par le mercure pour avoir mangé du poisson local contaminé par les effluents hautement toxiques d'une usine pétrochimique, 92 pays ont signé un traité des Nations Unies [sauf indication contraire, les liens sont en anglais] dans le but d'empêcher la répétition d'une semblable tragédie.

La convention de Minamata sur le mercure, un instrument de contrôle du mercure contraignant au niveau mondial, a été adoptée à Minamata au Japon pendant la conférence du Programme des Nations Unies pour l'Environnement qui a eu lieu du 7 au 11 octobre 2013. 

Le traité a pris le nom de la ville de Minamata dont les habitant ont été victimes d'un empoisonnement au mercure au milieu du siècle dernier. Dans la version numérique du journal Environmental Health Perspectives (Santé et environnement), Rebecca Kessler explique l”histoire des victimes de la “maladie de Minamata” [fr] :

En juillet 1956, dans un village de pêcheurs situé près de la ville japonaise de Shiranui, est née une petite fille nommée Shinobu Sakamoto. Les parents ont rapidement compris que quelque chose n'allait pas. A trois mois la petite Sakamoto n'arrivait pas à soutenir sa petite tête qui commence normalement à être stable à cet âge. Elle a grandi lentement et commencé à ramper très tardivement. A l'âge de trois ans elle bavait beaucoup et ne marchait pas encore. Ses parents l'ont fait prendre en charge par un hôpital local où elle passé quatre ans pour apprendre à marcher, se servir de ses mains, et réaliser des activités basiques. Dès le début plusieurs médecins sont tombés d'accord pour diagnostiquer une paralysie cérébrale. Toutefois il n'y avait pas d'indices permettant de dire que l'état de Sakamoto avait un rapport avec quelque chose de beaucoup plus important du point de vue de la santé publique. Quelques années avant sa naissance on avait commencé à voir s'accumuler sur les galets de la baie de Minimata des poissons et d'autres créatures marines mortes. Des oiseaux marins n'arrivait plus à voler et des chats mourraient l'un après l'autre souvent de convulsions que les gens du coin appelaient “maladie de la danse.” 

Et puis deux mois avant la naissance de Sakamoto, pour la première fois on a commencé à parler de pandémie, d'une maladie neurologique inconnue touchant les familles de pêcheurs de l'endroit. On a diagnostiqué chez la grande sœur de Sakamoto, Mayumi et chez plusieurs voisins de la famille un syndrome mystérieux dont la cause serait l'ingestion de poissons contaminés. Enfin en 1957 les scientifiques donnèrent un nom à ce syndrome : la maladie de Minamata.

Cette petite fille, Shinobu Sakamoto, est aujourd'hui devenu la présidente de l'association des victimes de la maladie de Minamata. A l'occasion de la rencontre diplomatique provoquée par l'accord de Minamata, des O.N.G. internationales et des groupes de citoyens se sont rencontrés et ont échangés des informations.

 Le réseau international pour l'élimination des polluants organiques persistants (IPEN), à organisé en parallèle le 8 octobre 2013 un symposium avec Citoyens contre la pollution chimique [japonais] (CACP) et présenté leur Déclaration de Minamata sur les métaux toxiques avec Shinobu. 

Simposio Internazionale di Minamata

 Shinobu Sakamoto, présidente de l'association des victimes de la maladie de Minamata, présente la déclaration du réseau international pour l'élimination des polluants organiques persistants ( IPEN). 
Photographie de Minori OKUDA

Le consultant scientifique principal d'IPEN, Joe DiGangi, a déclaré :

Le traité sur le mercure est tout spécialement lié à la ville de Minamata, il est l'occasion de lancer un appel aux gouvernements du monde entier pour qu'ils mettent en pratique la leçon que la tragédie de Minamata leur a apprise sur l'empoisonnement au mercure. Et pourtant cette tragédie n'a pas encore trouvé de solution.

Le nom Minamata illustre une responsabilité spéciale, voici l'opportunité de faire en sorte que ce nom ne soit plus seulement associé à une tragédie mais devienne un modèle positif de solution du pire cas au niveau mondial d'empoisonnement collectif massif au mercure.