PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Indonésie : Une affaire de diffamation par Twitter jette l'ombre sur le paysage médiatique

mardi 11 février 2014 à 22:44
Screenshot of @benhan Twitter page

La page Twitter de @benhan – Capture d'écran

Le célèbre utilisateur de Twitter indonésien Benny Handoko, @benhan [bahasa indonésien] sur Twitter, a été condamné à un an de prison avec sursis la semaine dernière, après avoir été reconnu coupable de diffamation envers un ancien politicien.

Benny a tweeté le 7 décembre 2012 que l'ancien membre du Parti de la justice et de la prospérité fr, Mukhamad Misbakhun (@ misbakhun) [bahasa] était un escroc qui avait volé à la Banque Century, l'institution financière qui fut au centre d'un scandale en 2008 [en anglais, comme dans tout le reste du texte à moins que ce soit autrement indiqué] dans lequel les législateurs ont considéré que certaines banques avaient bénéficié de fonds de sauvetage excessifs  dans le cadre d'un plan plus vaste de profits illégaux. Benny s'est signalé sur Twitter par ses commentaires sarcastiques sur le scandale.

En 2010, Misbakhun a été condamné à deux ans de prison pour falsification de documents en vue d'obtenir un prêt de la banque. Il a peu après démissionné de son parti et a finalement perdu son siège au Congrès. Mais en juillet 2012, la Cour suprême a annulé la condamnation de 2010.

Misbakhun a menacé que si Benny ne s'excusait pas pour ses tweets le traitant d'escroc, il le poursuivrait en justice pour diffamation. Mais la célébrité de Twitter a refusé de s'excuser, arguant qu'il a fondé ses observations sur des informations publiées dans les médias.

Misbakhun a plus tard déposé une plainte à la police contre Benny, ce qui a finalement abouti à l'ouverture d'une affaire judiciaire contre ce dernier. Dans l'évaluation des charges, le procureur a cité la loi controversée n ° 11/2008 sur l'information et les transactions électroniques (ITE).

De nombreux Indonésiens, surtout les accros des médias sociaux, expriment leur soutien à Benny. Ses supporters considèrent son cas comme le signe d'une régulation de l'Internet et de la censure en croissance dans le pays.

Les défenseurs de la liberté des médias depuis longtemps font pression pour le réexamen voire l'abrogation de la loi ITE, souvent utilisée par les politiciens pour faire taire les critiques. Ils soulignent en particulier l'article 27, paragraphe 3 de la loi qui donne à toute personne ou autorité le droit de porter plainte pour diffamation contre une personne ou entité si elle se sent insultée ou humiliée par une publication, en particulier sous le contrôle de cette entité.

Après l'annonce du verdict concernant Benny, les Indonésiens intéressés ont immédiatement exprimé leur crainte que cela aurait un impact négatif sur la liberté d'expression dans le pays. Ils ont ajouté que cela pourrait décourager les lanceurs d'alerte de s'exprimer pour dénoncer les pratiques de corruption au sein du gouvernement et de la société.

Pour sa part, Misbakhun a conseillé aux internautes retenir la leçon de l'affaire Benny pour être plus prudents et responsables avant de poster des messages en ligne. Il a rappelé qu'on ne doit pas abuser de la liberté d'expression en lançant des accusations injustes et malveillantes à l'encontre d'autres personnes.

Benny n'a pas encore décidé s'il allait faire appel.

Au-delà du contentieux juridique entre Benny et Misbakhun, l'affaire pourrait marquer un tournant dans l'avenir de la liberté des médias en Indonésie. Tant que la loi draconienne de l'ITE existera, elle restera une menace pernicieuse à la démocratie indonésienne. Il est temps pour l'Indonésie d'envisager sérieusement d'abandonner cette loi pour adopter une législation sur Internet qui respecte la doctrine internationale des droits de l'homme.

Le jour de notre riposte, version française

mardi 11 février 2014 à 00:14
banner-2b-fr

Le Jour de notre riposte. Graphisme d'Alec Perkins via Wikimedia Commons, (CC BY-4.0)

Depuis 2004, le 11 février est la “Journée mondiale pour un Internet plus sûr”, consacrée principalement à une navigation sur la toile sans danger pour les enfants et les jeunes. En France, un site web a été créé pour la circonstance. Mais pour les cyber-activistes du monde entier, il ne s'agit pas que de cela. Ce 11 février, les militants du numérique de la planète commémoreront la vie d’Aaron Swartz et s'uniront dans une campagne contre la surveillance de masse. Ce 11 février est “Le jour de notre riposte“.

La France est fait partie des pays plus étroitement et ouvertement concernés par la surveillance de masse de l'Internet. Quand les révélations d'Edward Snowden devinrent publiques, les pratiques françaises [anglais] de surveillance d'Internet ne tardèrent pas à paraître au grand jour. Et en décembre 2013, le vote de la Loi de Programmation Militaire a pris l'allure d'une NSA à la française, description exhaustive ici, ce qui a sonné l’alarme chez les militants de France et du monde. Le magazine en ligne sur le numérique Numerama.com explique :

Depuis que la surveillance globale mise en œuvre par la NSA a été révélée par Edward Snowden, de multiples initiatives ont vu le jour pour s'y opposer. Cependant, aucune d'entre elles n'a eu pour l'instant un impact décisif. Certes, la bronca mondiale contre l'espionnage des communications a poussé Washington à initier une timide réforme de leurs pratiques, mais celles-ci n'ont pas été fondamentalement remises en cause.

Qu'à cela ne tienne. Puisque les précédentes approches n'ont pas abouti à un encadrement plus strict des activités des agences de renseignement, autant en essayer de nouvelles. C'est ainsi qu'est né le mouvement “The Day We Fight Back” (“le jour où nous contre-attaquons”), dont Presse-Citron vient de s'en faire l'écho. Il s'agit en fait de reproduire la même stratégie que celle qui a permis de faire reculer PIPA et SOPA.

La Quadrature du Net (@laquadrature sur Twitter), figure de proue du combat pour les libertés en ligne en France, mène la campagne. Le 31 janvier 2014, l'organisation a lancé une campagne de financement participatif ”pour la réalisation d'un film d'animation sur la vie privée, la surveillance de masse et l'importance de repenser notre relation à la technologie.” Le film, intitulé “Reclaim our privacy!” (“Reprenons le contrôle de notre vie privée”) fait appel aux dons par la plate-forme de financement participatif Ulule. La Quadrature du Net a aussi créé une page NSA observer [en anglais], qui recense les 71 programmes, 35 “vecteurs d'attaque” et 6 départements de la tentaculaire et opaque agence.

Change your profile photo, Share a photo on Facebook. Source: Presse-Citron

Changez votre photo de profil – Partagez une image sur Facebook. Source : Presse-Citron

Framablog détaille les actions prévues pour le 11 février :

Le jour J, le collectif et les activistes qu’ils représentent téléphoneront et enverront des mails aux députés. Les propriétaires de sites web mettront en place des bannières pour encourager leurs visiteurs à combattre la surveillance et les employés d’entreprises technologiques demanderont que leur organisation fasse de même. Il sera demandé aux usagers d’Internet de créer des ”mèmes’’ et de changer leurs avatars sur les médias sociaux pour refléter leur demande.

Un appel relayé par l’activiste Mohamed Sangare sur son blog de Mediapart.

Toute personne préoccupée par la surveillance étatique de masse est également invitée à signer les Treize Principes de la surveillance des communications, une série de principes internationaux pour un monde numérique respectueux de la vie privée, élaborés par une coalition de militants et d'experts de la société civile en matière de législation de droits humains. Une traduction en français de ces principesse trouve ici.

Variété de la cuisine de rue à Madagascar

lundi 10 février 2014 à 20:00
Koba, a snack from Madagascar, made from peanuts, brown sugar and rice flour - Public Domain

Koba, un en-cas de Madagascar, à base d'arachides, de sucre brun et de farine de riz – Domaine Public

La cuisine malgache est la résultante des influences nombreuses et diverses des migrants asiatiques, africains et européens qui se sont installés dans l'île. Ce qui donne une riche expérience gustative, à voir la multitude des en-cas et nourritures de rue. Hanta Ramanatsoa en présente des exemples sur sa page facebook, la cuisine de Madagascar. Voici un échantillon des photos de nourritures de rue et en-cas partagées sur sa page [malgache] :

 

<script type="text/javascript">// < ![CDATA[ // < ![CDATA[ // < ![CDATA[ // < ![CDATA[ (function(d, s, id) { var js, fjs = d.getElementsByTagName(s)[0]; if (d.getElementById(id)) return; js = d.createElement(s); js.id = id; js.src = "//connect.facebook.net/en_US/all.js#xfbml=1"; fjs.parentNode.insertBefore(js, fjs); }(document, 'script', 'facebook-jssdk')); // ]]>

L'ère de l'information signe la fin du statu quo pour les média au Maroc

lundi 10 février 2014 à 19:47

Hicham Lasri est un cinéaste de Casablanca, au Maroc. Dans son second film, “C'est eux les chiens“, il évoque l’évolution des média au Maroc avec l'expansion de la technologie de l'information :

Moi j'ai grandi dans un pays où les informations à la télévision expliquent que tout se passe bien, qu'on est géniaux [..]Forcément c'est une information qui ne dérange pas, qui ne crée pas de troubles, qui permet d'anesthésier la nation. Le film raconte deux événements : les émeutes de 1981 et trente plus tard, en 2011, c'est le printemps arabe. La première révolte en 1981 n'a pas marché parce que l'information ne circulait pas. En 2011, il y a une chaîne de solidarité qui s'est créée. Les gens sont interconnectés. Quand on tape sur quelqu'un tout le monde est au courant et l'indignation va gagner en ampleur. C'est la fin du statu quo.

Lasri parle de son film dans cette interview :

Ukraine : Pourquoi le rôle de l'extrême-droite dans #Euromaïdan est gonflé par les médias

lundi 10 février 2014 à 19:40
Euromaidan protesters sing songs as they warm by the fire barrels near the barricades on Hrushevskoho Street in Kiev, Ukraine on 2 February, 2014. Copyright Demotix

Des manifestants chantent en se réchauffant autour de braseros près des barricades de la rue Hrushevskoho à Kiev, Ukraine 2 février 2014. Copyright Demotix

Ce billet fait partie du dossier spécial de Global Voices sur le mouvement de contestation #Euromaïdan en Ukraine.

[Liens en anglais sauf mention contraire] Un ensemble de chercheurs ukrainiens et internationaux spécialistes du nationalisme ukrainien ont mis en garde contre la déformation par un nombre croissant d'articles des médias du rôle de l'extrême-droite à l'intérieur du mouvement de contestation anti-gouvernementale Euromaïdan. 

Il y a deux mois maintenant que l'Ukraine est secouée par les manifestations de masse, alors que des milliers d'Ukrainiens venus de tout le pays maintiennent un campement dans la capitale Kiev, rejoints par de nombreux autres la nuit et le week-end. Le mouvement était pacifique à ses débuts, avant que l'adoption d'éphémères lois limitant le droit de manifester ne génère de violents affrontements [fr] entre manifestants et policiers.

Le mouvement est d'une grande diversité [fr], avec des manifestants d'Euromaïdan de tous âges, revenus, éducation et compétences [fr]. 

La mise au point des chercheurs faisait partie d'une déclaration collective publiée sur change.org sous le titre “Du rôle des mouvements d'extrême-droite dans le mouvement contestataire en Ukraine, et une mise en garde contre les effets servant l'impérialisme russe de certains articles de médias soi-disant anti-fascistes de Kiev”. Pour contrer ces idées fausses sur les affiliations politiques des contestataires, ils ont déclaré :

Les résistances violente comme non-violente à Kiev incluent toutes deux des représentants de tous les camps politiques ainsi que des individus sans idéologie qui peuvent peiner à se situer eux-mêmes politiquement. Ce ne sont pas seulement les manifestants pacifiques, mais aussi ceux qui utilisent bâtons, pierres et même cocktails Molotov dans leur confrontation physique avec les unités spéciales de police et les voyous à la solde des autorités, qui constituent un large mouvement non centralisé. La plupart des manifestants ne sont devenus violents qu'en réaction à la férocité croissante de la police et à la radicalisation du régime Ianoukovitch. Parmi les manifestants, il y a des libéraux et des conservateurs, des socialistes et des libertaires, des nationalistes et des cosmopolites, des chrétiens, des non-chrétiens et des athées.

Anton Shekhovtsov, blogueur et spécialiste des mouvements d'extrême-droite en Europe, a publié une enquête extensive sur ce qu'il affirme être une action coordonnée pour déconsidérer le mouvement ukrainien Euromaïdan en Occident. Il écrit :

Il n'y a pas une mobilisation politique de masse en Ukraine qui n'ait été accompagnée de tentatives de compromettre les soulèvements populaires en les associant à l'extrême-droite. Et pas seulement des soulèvements ou manifestations : les grands événements aussi. Par exemple, quelques semaines avant le début du championnat de football Euro-2012, les médias britanniques ont hystériquement accusé les Ukrainiens de racisme et de xénophobie, et averti que tout non-Blanc qui viendrait assister à des matchs de football en Ukraine serait sans exception et immédiatement mis à mort. Après la fin du championnat, aucun organe de presse britannique ne s'est excusé auprès des Ukrainiens quand il s'est avéré que pas un seul incident raciste impliquant des supporters ukrainiens n'a été rapporté pendant le tournoi.

L'actuelle campagne de calomnies contre le mouvement Euromaïdan est l'attaque la plus puissante jusqu'à présent contre la société civile et la politique démocratique de l'Ukraine. Des attaques semblables ont aussi eu lieu dans le passé [russe], mais leur intensité n'avait jamais atteint les niveaux d'aujourd'hui. Pendant la “révolution Orange [fr]“, le régime semi-autoritaire du Président Leonid Kouchma essayait également de salir le candidat démocrate Viktor Iouchtchenko en l'associant avec l'extrême-droite.

Selon cet auteur, l'actuelle opération de calomnies implique un certain nombre d'individus et de collectifs formant un vaste réseau destiné à promouvoir les idées anti-occidentales, pro-russes et pro-eurasiennes dans l'U.E., au Canada et aux Etats-Unis. Il relève que plusieurs individus participant à l'opération sont des commentateurs réguliers de Russia Today et Voix de la Russie, financées par le Kremlin.

Shekhovtsov conclut en démontrant comment la tonalité de l'opération de calomnie contre Euromaïdan est en résonance avec le discours officiel du gouvernment russe :

Le vaste réseau constitué d'auteurs et institutions russes est un terreau de la droite dure/extrême pour toutes sortes de théories du complot, d'euroscepticisme, de racisme et de théories anti-démocratiques. Aujourd'hui, c'est aussi une des sources principales des articles, éditoriaux et déclarations qui essaient d'une manière ou d'une autre de discréditer les manifestations d'Euromaïdan en les associant soit au néo-nazisme soit au supposé expansionisme américain. La rhétorique de ces auteurs se conforme pleinement aux propos du ministre russe des Affaires Etrangères Sergueï Lavrov qui a récemment fustigé le soutien de l'Occident à  Euromaïdan et déclaré : “Qu'est-ce que l'instigation de manifestations de rue de plus en plus violentes a à voir avec la promotion de la démocratie ? Pourquoi n'entend-on pas condamner ceux qui s'emparent de bâtiments publics et les occupent, incendient, mettent le feu aux [véhicules des] policiers, usent de slogans racistes, anti-sémites et nazis ?”.

Le pouvoir ukrainien ne cesse lui non plus d'appeler les contestataires “extrémistes” et “radicaux” [russe]. Mais de nombreux internautes ne croient pas ces affirmations et les assaisonnent d'humour dans des messages comme celui-ci [russe] :

A la Maison de l'Ukraine [un centre d'exposition occupé par les protestataires] les extrémistes ont attaqué le sol – avec des serpillères. Le Ministère de l'Intérieur est inquiet. #euromaidan #євромайдан

Ce billet fait partie du dossier spécial de Global Voices sur le mouvement de contestation #Euromaïdan en Ukraine.