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Amateurs de l'architecture de Birmanie, régalez-vous avec ces photos de Yangon

jeudi 27 novembre 2014 à 00:17
Yangon’s most famous landmark, Shwedagon Pagoda. Photo by Manuel Oka for Yangon Architectural Guide (DOM Publishers, 2015)

Symbôle de Yangon, la Pagode Swedagon. Photo de Manuel Oka pour le Guide Architectural de Yangon (DOM Publishers, 2015)

Yangon (autrefois connue sous le nom de Rangoon) était la capitale du Myanmar avant que le gouvernement militaire ne transfère le gouvernement à Naypyidaw en 2006. Bien que n'étant plus la capitale, Yangon reste la plus grande ville et le premier centre commercial du pays. Elle est aussi bien connue pour ses monuments historiques et ses monuments religieux.

Le “riche patrimoine architectural” de Yangon est présenté dans un livre à paraître de Manuel Oka, Ben Bansal, et Elliott Fox. En travaillant sur leur livre ils ont créé des pages sur Facebook et Tumblr, où l'on peut trouver des photos de lieux très célèbres comme de monuments beaucoup moins connus de Yangon. Par ailleurs ils ont demandé aux internautes birmans de leur proposer des photos et de leur commenter les monuments présentés sur le site.

Global Voices a récemment interrogé Ben Bansal sur ce projet : 

Mong Palatino (MP) : Qu'est-ce qui vous a donné l'idée de ce projet ?

Ben Bansal (BB): Nous sommes trois auteurs: moi-même, Manuel et Elliott. Chacun de nous a une approche différente. Je suis un spécialiste du développement économique et je suis fasciné par l'histoire des villes et de leur évolution. Manu, notre photographe, est aussi architecte. On lui doit les photos étonnantes du livre, mais aussi ses compétences techniques. Elliott travaille dans le secteur humanitaire et pour les droits humains. Il a été très impressionné par l'aspect politique du Myanmar moderne. Yangon nous parle à tous. Nous espérons que le livre traduira toutes nos approches.

MP : Quelle réponse avez-vous reçu des internautes birmans et des autorités ?

BB: les internautes birmans ont été formidables! Nous avons démarré une page Facebook, en postant une photo et une bande annonce par jour. En quelques mois nous avions plus de 6000 personnes qui nous suivaient, Birmans pour la plupart bien sûr. Pour chaque bâtiment, quelqu'un nous fournissait des informations complémentaires exploitables. En un sens c'est aussi une belle expérience de travail collaboratif ! Nous n'avons pas eu de contact avec les autorités birmanes.

MP : Quelles mesures pensez-vous qu'il soit nécessaire de prendre pour préserver et faire connaître les monuments historiques de Yangon ?

BB: Le Fonds du Patrimoine de Yangon fournit un travail indispensable et impressionnant en créant une feuille de route de la sauvegarde du patrimoine. Ils font aussi un gros travail de lobbying auprès du gouvernement. Nous espérons que le gouvernement va suivre leurs recommandations. Kuala Lumpur ou Singapour, par exemple, ont perdu une partie de leur identité historique. Mais il est aussi important de faire remarquer que bien souvent on s'arrête au patrimoine colonial. Nous espérons que le livre va permettre d'élargir notre histoire : l'architecture d'après 1948 est aussi très intéressante à sa manière. Il y a également un étonnant patrimoine religieux dans la ville : bouddhique, chrétien, hindou, juif, musulman. Si Yangon peut préserver toute cette histoire ce sera un exemple pour le monde.

Ci-dessous quelques uns des bâtiments qui témoignent de l'architecture variée et unique de la ville :

"The Holy Trinity Cathedral is the main Anglican church in Yangon."  Photo by Manuel Oka for Yangon Architectural Guide (DOM Publishers, 2015)

“La cathédrale de la Saine Trinité est la plus importante église anglicane de Yangon.” Photo de Manuel Oka pour le Guide Architectural de Yangon (DOM Publishers, 2015)

The former headquarters of Burmah Oil.  Photo by Manuel Oka for Yangon Architectural Guide (DOM Publishers, 2015)

L'ancien siège social de Burmah Oil. Photo de Manuel Oka pour le Guide Architectural de Yangon (DOM Publishers, 2015)

Surti Sunni Jamah Mosque on Shwebontha Street.  Photo by Manuel Oka for Yangon Architectural Guide (DOM Publishers, 2015)

La mosquée Surti Sunni Jamah, rue Shwebontha. Photo de Manuel Oka pour le Guide Architectural de Yangon (DOM Publishers, 2015)

Built in 1920, the former residence of the Kayah (Karenni) State governor.  Photo by Manuel Oka for Yangon Architectural Guide (DOM Publishers, 2015)

Construite en 1920, l'ancienne résidence du gouverneur de l'état Kayah (Karen). Photo de Manuel Oka pour le Guide Architectural de Yangon (DOM Publishers, 2015)

The folklore palace and restaurant Karaweik Hall.  Photo by Manuel Oka for Yangon Architectural Guide (DOM Publishers, 2015)

Le palais folklorique et restaurant de Karaweik Hall. Photo de Manuel Oka pour le Guide Architectural de Yangon (DOM Publishers, 2015)

Yangon City Hall.  Photo by Manuel Oka for Yangon Architectural Guide (DOM Publishers, 2015)

La Mairie de Yangon. Photo de Manuel Oka pour le Guide Architectural de Yangon (DOM Publishers, 2015)

Independence monument near the former high court.  Photo by Manuel Oka for Yangon Architectural Guide (DOM Publishers, 2015)

Le Monument de l'Indépendance près de l'ancienne cour suprême. Photo de Manuel Oka pour le Guide Architectural de Yangon (DOM Publishers, 2015)

Aerial view of Yangon.  Photo by Manuel Oka for Yangon Architectural Guide (DOM Publishers, 2015)

Vue aérienne de Yangon. Photo de Manuel Oka pour le Guide Architectural de Yangon (DOM Publishers, 2015)

Ngadatgyi Pagoda. Designed with "Buddha’s hand gesture when he achieved enlightenment.  Photo by Manuel Oka for Yangon Architectural Guide (DOM Publishers, 2015)

Pagode Ngadatgyi. Statue de Bouddha avec le geste de la main qui indique qu'il a atteint l'illumination. Photo de Manuel Oka pour le Guide Architectural de Yangon (DOM Publishers, 2015)

Toutes les photos sont de Manuel Oka, utiliséees avec autorisation.

Chaîne humaine de solidarité avec les migrants à Strasbourg

mercredi 26 novembre 2014 à 18:17
Chaîne humaine : Les bulles prêtes à être distribuées (Photo Suzanne Lehn)

Chaîne humaine : Les bulles prêtes à être distribuées (Photo Suzanne Lehn)

“L'Europe est en guerre contre un ennemi qu'elle s'invente” : c'est le message qu'a voulu faire passer le collectif d'une quinzaine d'associations Pour une autre politique migratoire en organisant une chaîne humaine entre les arrêts de tramway “Droits de l'Homme” et Parlement Européen” à Strasbourg le 26 novembre 2014. Pour “remettre les droits humains au coeur de l'Europe” contre la politique symbolisée par Frontex, l'Agence européenne de gestion des frontières extérieures, les participants tenaient des pancartes en forme de bulles géantes racontant les témoignages tragiques de migrants dont ils ont lu au micro les textes les uns après les autres. Ces vingt dernières années, plus de 20.000 personnes sont mortes ou disparues en cherchant à rejoindre l'Europe.

Voici quelques photos :

chaîne humaine migrants

La chaîne humaine de solidarité pour les migrants, à l'arrière-plan le Parlement européen à Strasbourg (photo Suzanne Lehn)

Les participants attendent leur tour de parole avant de se diriger vers le Parlement européen (photo Suzanne Lehn)

Les participants attendent leur tour de parole avant de se diriger vers le Parlement européen (photo Suzanne Lehn)

Dans le fond, la Cour Européenne des Droits de l'Homme (photo Suzanne Lehn)

Dans le fond, la Cour Européenne des Droits de l'Homme (photo Suzanne Lehn)

Révélations sur une culture du viol et du secret dans la plus grande université du Brésil

mercredi 26 novembre 2014 à 18:15
Founded in 1912, the Medicine College of the University of São Paulo is one of Brazil's most traditional schools.

Fondée en 1912, la Faculté de médecine de l'Université de São Paulo est l'un des établissements les plus traditionnels du Brésil. Image issue de USP Imagens. CC BY-NC 3.0 BR

L'université la plus prestigieuse du Brésil est accusée d'avoir négligé d'enquêter sur le viol de l'une de ses étudiantes et l'agression sexuelle d'une autre … et fait pression sur les victimes pour qu'elles restent discrètes au nom de la réputation de l'établissement.

Ce mois-ci, au cours d'une audience publique à l'Assemblée législative de São Paulo, deux étudiantes de la FMUSP, la faculté de médecine de l'Université de la ville, ont dénoncé les sévices sexuels qu'elles ont subis lors de soirées organisées sur le campus.

Une enquête ouverte par le service chargé des droits de l'homme au sein du Bureau du Procureur de São Paulo fait mention de huit affaires de viol qui se sont produites à la faculté depuis 2011. L'audience comme l'enquête s'intéressent aux violences sexuelles, au racisme, à la discrimination et autres violations des droits de l'homme sévissant dans l'établissement. Après le scandale et le battage médiatique qui s'en est suivi, la FMUSP a annulé, jusqu'à nouvel ordre, toutes les soirées sur le campus.

L'une des étudiantes affirme avoir été violée en 2011, pendant la soirée “Carecas no Bosque” (“têtes chauves dans les bois”) alors qu'elle avait perdu connaissance. Les organisateurs de cette fête étaient l'Association universitaire et sportive Oswaldo Cruz, l'AAAOC, l'une des principales organisations étudiantes de la FMUSP, qui existe depuis 1928.

Sur le site web UOL, la jeune femme a raconté que ce soir-là, elle avait trop bu et qu'une amie l'avait alors emmenée dans un endroit appelé “cafofo” – bâtiments fermés et pourvus de matelas, réservés aux gens qui veulent coucher ensemble – où elle a perdu connaissance. Peu après, un homme a été vu en train de la violer ; un fait qu'elle a appris des heures plus tard en se réveillant à l'hôpital.

Pendant la semaine qui suivit, ses camarades de promo et ses professeurs n'ont cessé de la dissuader de dénoncer son viol aux autorités :

Na faculdade, diziam que eu ia destruir a Atlética, que isso [o estupro] não podia vazar. Um ex-presidente da Atlética disse: “a gente precisa abafar: primeiro, para proteger a vítima e, segundo, porque isso vai destruir a festa”. Eu procurava as pessoas para saber se testemunhariam, e eu sentia que elas se mostravam receosas e esquivas. Todo mundo falava que eu tinha que deixar isso para trás, que tinha que tocar a minha vida para a frente. Chegavam a falar que eu não ia conseguir provar.

A la fac, ils affirmaient que j'allais détruire l'AAAOC, qu'il ne fallait pas que l'affaire s'ébruite. Un ex-président de l'association a dit : “Il ne faut pas que ça se sache. Premièrement pour protéger la victime et deuxièmement, parce que ça détruirait la fête.” J'ai demandé à des gens s'ils accepteraient de témoigner et j'ai bien senti qu'ils étaient frileux, hésitants. Tout le monde me disait d'oublier cette histoire, de passer à autre chose. Ils disaient que je n'arriverais pas à prouver quoi que ce soit.

Elle a décidé d'aller à la police quand même. Mais depuis trois ans que dure l'enquête, on n'a inculpé personne bien qu’un suspect ait été mis en cause après l'audience publique. L'étudiante affirme que le conseil d'administration de la FMUSP a pris en considération son affaire mais n'a rien fait pour autant :

“Até hoje, quando o inquérito policial está sendo finalizado, eu descubro coisas sobre meu caso que não sabia, por exemplo, que a diretoria da Atlética não permitiu que a polícia entrasse no local da festa”.

Même aujourd'hui, alors que la police est en train de conclure l'enquête, j'ai découvert au sujet de mon affaire des détails que j'ignorais. Comme, par exemple, le fait que les directeurs de l'association n'ont pas laissé la police entrer à la soirée.

The Academic Athletic Association of the Medicine College of USP, one the main entities of its student body. Image by USP Imagens.

L'association universitaire et sportive (AAAOC) de la faculté de médecine de l'USP, l'une des principales organisations étudiantes. Image issue de USP Imagens. CC BY-NC 3.0 BR

L'autre étudiante ayant accepté de témoigner à l'audience publique déclare avoir été agressée par deux hommes, en novembre 2013, au cours d'une soirée organisée au Centre universitaire par les étudiants de dernière année. Tout a commencé quand ils ont insisté pour qu'elle les accompagne sur le parking :

“Eu falava que não queria, eles insistiam para eu ir. Me puxavam, mas eu não queria ficar com eles. Nesse vai e vem acabamos chegando ao carro deles. Lá eles começaram a me beijar, enfiar a mão dentro da minha roupa, dentro da minha calça. Queriam que eu entrasse no carro, abriram a porta, e eu comecei a gritar, a fazer um escândalo, dizendo que não queria. Tentava sair e eles impediam a minha passagem. Me empurravam, e um deles começou a gritar comigo: ‘para de gritar, para de gritar!’. Eu dizia que não queria os dois e um deles respondia: ‘você quer sim, eu sei que você quer, deixa de ser chata’. E os dois me beijavam, passavam a mão em tudo, não me deixavam sair. Nisso uma menina que estava no estacionamento brigando com o namorado viu o que aconteceu, deu um grito e me chamou. Então consegui sair.”

J'ai dit que je ne voulais pas mais ils ont insisté. Ils n'arrêtaient pas de me tirer, mais je ne voulais pas coucher avec eux. Quand on est arrivés près de la voiture, ils ont essayé de m'embrasser et de me tripoter. Ils voulaient que je monte à l'intérieur, ils ont ouvert la portière et là, je me suis mise à hurler et à me débattre, en disant que je n'en avais pas envie. J'essayais de descendre de la voiture mais ils me retenaient, me poussaient et l'un d'eux m'a dit : “arrête de crier!”. J'ai répété que je ne voulais coucher avec eux et ils ont m'ont répondu : “Mais si, je sais que t'en as envie, arrête de faire ta chieuse”. Une fille, qui se trouvait aussi sur le parking, a vu ce qui se passait et m'a interpelée. C'est à ce moment-là que j'ai réussi à m'enfuir.

Quand l'étudiante a signalé l'incident à son établissement, une commission de quatre professeurs a été créée. Six mois plus tard, cette dernière a rendu ses conclusions : les protagonistes étaient consentants et le problème venait d'un abus d'alcool. La jeune femme affirme avoir été harcelée par d'autres étudiants depuis ; l'un de ses agresseurs l'a même menacée de la poursuivre en justice pour diffamation :

“Após mais de um ano os caras continuam impunes e eu cruzo com eles quase todos os dias. Sou tida como uma vagabunda na faculdade.”

Un an après, ils ne sont toujours pas punis et je les croise presque tous les jours. A la fac, je passe pour une salope.

Une culture de la violence

Bien que ce soit la première fois que la faculté de médecine de l'Université de São Paulo soit confrontée à pareilles accusations, il y a longtemps qu'elle est connue pour ses “trotes” violentes : bizutage organisé par les étudiants de dernière année pour célébrer l'entrée à la fac des premières années. En 1999, une affaire avait fait grand bruit dans tout le pays : Edison Tsung Chi Hsueh, un première année de 22 ans, était décédé pendant une “trote” après avoir été poussé dans une piscine et abandonné là bien qu'il ait clamé ne pas savoir nager. En 2006, après une longue bataille judiciaire, la Cour Suprême du Brésil a acquitté, faute de preuves, les quatre accusés.

En 2013, un groupe d'étudiantes de la FMUSP a fondé Geni, un collectif féministe servant aussi de groupe de soutien pour les victimes de violences sexuelles. Quoi que les affaires de Rosa et Leandra soient les seules signalées à la police, Geni fait état d'au moins huit autres cas d'agressions sexuelles sur le campus.

Une étudiante, qui a choisi de garder l'anonymat, a expliqué au site web Ponte que le problème vient de l'atmosphère extrêmement sexiste qui règne dans les soirées et qui fait croire aux hommes qu'ils peuvent disposer de toutes les filles présentes :

 “Todo o marketing é baseado no fato de que lá haverá muitas mulheres e que vai ter sexo à vontade. A USP inteira sabe que tanto a ‘Carecas’ quanto a ‘Fantasias’ são para isso, para ir lá e transar”

Toute l'accroche marketing de la soirée repose sur l'idée qu'il y aura beaucoup de femmes et que tout le monde pourra avoir des rapports sexuels. Toute l'université sait que le but des “Carecas” comme des “Fantasias” c'est justement ça, de s'envoyer en l'air.

Dans les soirées “Carecas” et “Fantasias”, qui ont lieu successivement tous les semestres, les filles paient leur entrée quasiment moitié prix. L'idée, c'est que, pour chaque sport, les équipes masculines montent leurs tentes afin de vendre des boissons et recueillir des fonds. Mais selon des étudiants, dans certains de ces lieux, on peut trouver des prostituées qui se livrent à des strip-teases et des “body shots” [pratique consistant à consommer un shot d'alcool à même le corps - en général sur les zones érogènes - d'une personne], ou bien voir des films porno; l'une des équipes a baptisé sa tente “l'abattoir”.

D'après Marina Pinkman, une membre de Geni, des représentantes du collectif ont tenté de rencontrer les directeurs de l'AAAOC afin de mettre en place des mesures pour que les étudiantes soient moins vulnérables pendant leurs soirées. L'association a rétorqué qu'elle ne ferait rien avant qu'une décision de justice ne soit prononcée :

As meninas não reclamam muito, fica velado, pois ninguém tem coragem de criticar a Atlética, porque é uma instituição muito forte. Existe um corporativismo muito grande envolvendo a Atlética, ou o Show Medicina. Você vai ser perseguido se reclamar, se der a cara para bater”

Les filles portent rarement plainte; le secret règne car personne n'ose critiquer l'association vu qu'il s'agit d'une institution très puissante. L'association Atlética et Show Medicina [autre entité étudiante] ne songent qu'à leurs propres intérêts. Si vous portez plainte, on va vous harceler.

One of the posters for the "Carecas no Bosque" party. "The whole marketing idea is based on the fact that there will be women available for sex", one student comments.

L'une des affiches de la soirée “Carecas no Bosque”. “Toute l'accroche marketing repose sur l'idée qu'il y aura des femmes disposées à coucher” fait remarquer une étudiante.

Les huit affaires portées à la connaissance de Geni ont atterri sur le bureau  de Paula de Figueiredo Silva, Procureure publique chargée des Droits de l'homme et de l'Intégration sociale, qui a ouvert une enquête civile en août sur les violations des droits de l'homme à la faculté de médecine. Elle a confié au portail d'informations Terra :

“A princípio achei que fosse um caso pontual, mas é um relato amplo, de uma realidade de violações constantes de direitos fundamentais das minorias. Existe (na faculdade) uma realidade de discriminação e exclusão, principalmente contra mulheres e homossexuais”

Au début, je pensais qu'il s'agissait de cas isolés mais en fait, la chose est courante et prend sa source dans une réalité de violation permanente des droits fondamentaux. (Dans l'établissement), la discrimination et l'exclusion sont bien réelles, surtout à l'encontre des femmes et des homosexuels.

La FMUSP a émis un communiqué officiel dans lequel elle dit “s'efforcer d'améliorer son fonctionnement en empêchant pareilles affaires de se produire, en examinant les dénonciations et en protégeant les victimes”. Elle ajoute aussi que “la culture de l'établissement repose sur la tolérance et le respect mutuel, des valeurs qui sont transmises aux étudiants.” La faculté a déclaré, par ailleurs, qu'elle présenterait, la semaine prochaine, un rapport complet sur toutes les affaires d'agressions sexuelles, de viol et de bizutages violents qui ont eu lieu au sein de l'établissement.

Le 25 novembre, à l'Assemblée législative de São Paulo, est prévue une autre audience à laquelle sont conviés les représentants de l'AAAOC. 

D'inquiétants survols de drones au dessus des centrales nucléaires en France

mercredi 26 novembre 2014 à 15:07
La carte de France du nucléaire - via Greenpeace

La carte de France du nucléaire – via Greenpeace

Depuis quelque temps, au moins dix-neuf  engins identifiés comme étant des drones ont survolé seize sites nucléaires différents, en France. Il n'y a eu aucune revendication jusqu'à présent. La direction d'Électricité de France (EDF) affirme que ces survols ne présentent aucun risque pour la sécurité des biens et le fonctionnement des installations, cependant ils soulèvent de nombreuses questions témoignant d'une certaine inquiétude au sein de la population française. 

Avec 58 réacteurs nucléaires répartis sur 19 centrales, la France est le pays utilisant le plus l'énergie nucléaire en Europe et le deuxième au niveau mondial, derrière les États-Unis.

Jérôme G. donne quelques détails dans un billet publié sur le site Géneration NT :

Les drones de loisir permettent de prendre des images saisissantes à basse altitude. C'est un spectacle de nature bien différente lorsque des drones survolent des centrales nucléaires, d'autant qu'il pose la question de la sécurité. Avec la peur ambiante du terrorisme, la crainte que des drones porteurs de charges explosives survolent de tels sites sensibles n'est pas loin.

Depuis le début du mois d'octobre, les équipes de surveillance de EDF ont repéré les survols de sept centrales nucléaires par des engins dits assimilables à des drones. La France compte 58 réacteurs nucléaires répartis sur 19 centrales.

Parfois le même jour, les centrales survolées ont été celles du Blayais (Gironde), Bugey (Ain), Cattenom (Moselle), Chooz (Ardennes), Gravelines (Nord), Nogent-sur-Seine (Aube), ainsi que la centrale en déconstruction de Creys-Malville (Isère).

Ces survols échappent à tout contrôle. D'ailleurs ni les lieux ni le nombre des survols communiqués par l'EDF ne correspondent à ceux révélés par l'organisation non gouvernementale Greenpeace. Pascal Riché co-fondateur de rue89.nouvelobs.com, observe que :

EDF cite sept centrales survolées :

  • Creys-Malville (Isère) ;
  • Gravelines (Nord) ;
  • Cattenom (Moselle) ;
  • Blayais (Gironde) ;
  • Bugey (Ain) ;
  • Chooz (Ardennes) ;
  • Nogent-sur-Seine (Aube).

Selon Greenpeace, trois autres sites sont impliqués :

  • le CEA à Saclay (Essonne) ;
  • la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) ;
  • le site d’Areva de Pierrelatte, dans le complexe de Tricastin (Drôme).
La centrale de Fessenheim CC BY 20

La centrale de Fessenheim CC BY 20

Dans le passé Greenpeace a procédé à des démonstrations, notamment en 2012 en survolant les centrales de La Hague par un drone ou de la centrale du Bugey par un paramoteur, pour démentir les affirmations des autorités et d'EDF selon lesquelles les sites nucléaires étaient sûrs. Mais, cette fois-ci l'ONG a nié toute implication, rappelant dans des communiqués qu'elle agissait à visage découvert et revendiquait ses actes.

Le 24 novembre 2014, elle a soumis un rapport confidentiel préparé par un cabinet britannique sur la vulnérabilité des centrales nucléaires françaises face aux intrusions et attaques de drones. L'ONG fait savoir qu'elle a remis des copies de son rapport aux autorités allemandes, belges et luxembourgeoises.  

Audrey Oeillet, qui se qualifie comme journaliste mais geekette avant tout, a signé une analyse du rapport sur le site clubic.com, qui a soulevé plusieurs réactions de la part des lecteurs. Un d'entre eux, ManuKey félicite l'ONG :

Une fois de plus, bravo à Greenpeace pour avoir soulevé cette question!
Mais Lotre09, un autre lecteur du site,  ne cache pas ses sentiments envers Greenpeace et ironise :  
 

Greenpeace une bande de cons qui grace au nucleaire peuvent se rechauffer et avoir de la lumiere et qui peuvent dire merci aux sociétés petroliere pour mettre de l'essence dans les bateaux et zodiac… me feront toujours rigoler les ecolos par l'hypocrisie qu'ils possedent

À la suite d'un billet publié sur generation-nt.com, plusieurs lecteurs ont publié des commentaires. Le lecteur Karine un lectrice de resistanceauthentique.wordpress.com est surprise malgré sa puissance militaire et technologique, jusqu'à présent ces drones continuent à narguer la France impunément :

Cela étonne qu’avec nos moyens actuels les forces militaires ne puissent détecter ces drones ? Moi pas, les budgets de ces corps de métier sont en baisses et pas qu’un peu, chaque peloton exécute des ordres et même si l’ordre de tirer à été donné cela reste à vérifier.

Pas sûr non plus qu’il y ait beaucoup de détecteurs de drônes. Alors des gendarmes qui patrouillent quotidiennement pour la surveillance de ces sites nucléaires, oui, mais maintenant je ne vois pas trop en quoi cela va permettre de partir à leur chasse que ce soit de ces objets volants ou des propriétaires.

Le 5 novembre Rémi Barroux et Audrey Garric ont co-signé un article intitulé : “ Quelles menaces les drones font-ils peser sur les centrales nucléaires?“ sur le site du quotidien Le Monde.

Parmi les nombreux commentaires, voici ce que pense un des lecteurs :

Je travail dans la sécurité informatique. Un drone peu très bien avoir été envoyé dans l'unique but de déposer au sol une clé usb dans laquelle se trouve un virus. Quiconque trouvera la clé peut la prendre et potentiellement infecter la central.

 Un autre lecteur du quotidien, pierre guillemot, raconte une expérience qu'il a vécue et qui est bien moins amusante : 

Témoignage personnel: je suis entré en voiture dans la centrale de Saint-Laurent-des Eaux près d'Orléans, au mois de juin vers 20h (de jour). J'ai franchi 3 postes de garde déserts, barrière relevée. Arrivé près des réacteurs, j'ai garé ma voiture. Un agent en uniforme m'a demandé de la déplacer car elle était sur un emplacement réservé. Je me suis promené à pied. Comme l'heure s'avançait, je suis ressorti. Personne ne m'a posé de questions. Certes, c'était l'été 2001. Sécurité ?

Dans un communiqué daté du 3 novembre, le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale, un service qui dépend directement du bureau du Premier ministre, informe  que le Gouvernement ne fera aucune communication détaillée sur les dispositifs de vigilance, de détection et de protection mis en œuvre à cause de la nécessaire confidentialité pour la sécurité de ces mesures. Cependant, un membre de l'ONG Greenpeace a réussi à faire la photo d'un radar militaire de type ANGD (Aladin nouvelle génération durci) près de deux centrales. Ce radar serait l'appareil le seul capable de détecter des drones. 

Des trolls d'Internet manient l'Etat Islamique pour parler d'Ukraine orientale

mercredi 26 novembre 2014 à 12:10
Image from the Vkontakte community "Islamic State of Donbass and Lugant."

Source image: communauté Vkontakte “Etat Islamique au Donbass et Lugant”

Une série de vidéos apparue sur VKontakte et YouTube met en scène des milices d'Ukraine orientale à Donetsk et Louhansk, mixées à des images de djihadistes d'EI en Syrie et de combattants du Nord-Caucase en Russie. Le montage comporte une bande sonore et tout le monde y échange au milieu des sourires des takbirs (l'expression arabe “Dieu est grand!”). Dans le coin du cadre, les vidéos sont estampillées du drapeau de la République populaire de Donetsk agrémenté de deux kalachnikovs croisées et de la shahada (la profession de foi musulmane”). 

Ces étranges vidéos ressortissent au phénomène appelé “Etat Islamique du Donbass et Lugant”, une entité virtuelle apparue en juillet de cette année. A première vue, les usagers de YouTube qui contribuent à cette production semblent être des partisans déterminés des séparatistes ukrainiens. Certains de ces individus affirment même leur engagement dans la collecte de fonds pour les rebelles. (Souvent, les autres vidéos qu'ils postent sont sauvagement anti-Kiev.) 

Il existe même un groupe Vkontakte dédié à la création de fan art et de dessin de drapeaux pour l’ “Etat Islamique” du Donbass. La communauté est un nid de trolls, au contenu délibérément grotesque. On peut y trouver des photos transformées de l'ex-commandant rebelle Igor Strelkov, un orthodoxe dévot, barbe fournie, promettant “de nettoyer le Saint Donbass des infidèles”.

Des internautes croient savoir que ces vidéos et images sont l'oeuvre d'activistes pro-Kiev qui essaient de salir les rebelles ukrainiens avec des affiliations à l'EI. D'autres sont convaincus que les sympathisants des rebelles créent ces mystérieux contenus avec l'intention de moquer l'acharnement de Kiev à les traiter de “terroristes” :

Bien sûr qu'il est vrai que les combattants du Donbass ont crié ‘الله أكبر’ (allahu akbar) mi-plaisantant mi-sérieux, puisque certains de nos camarades sont musulmans et combattent l'OTAN pour le même motif que le reste.

Tous les soutiens des rebelles n'apprécient pas la tentative d'humour, comme l'indiquent certains commentaires sur YouTube :

не выкладывайте такое,хохлы же реально поверят и побегут рассказывать о ордах чеченцев на Донбассе

Ne les mettez pas en ligne, les khokhly [mot péjoratif pour "Ukrainiens"] pourraient vraiment y croire et ameuter partout sur les Tchétchènes dans le Donbass

En septembre dernier, Karena Avedissian de RuNet Echo a cherché des preuves de participation de combattants tchétchènes dans le Donbass, et conclu à la forte probabilité que les rumeurs soient fondées.

Un internautes bloguant sur tltpravda.ru a une explication pour l’ “Etat Islamique du Donbass et Lugant” : 

И, наконец, уже позднее лето. Клип от «Исламского Государства Донецка и Луганта». Абсолютнейший, тончайший троллинг ополчения на тему истерик в украинских СМИ о том, что «на Донбассе воюют исламские террористы». Троллинг настолько хорош, что даже в России многие решили: это провокация Украины, направленная на создание иллюзии о присутствии чеченских дивизий под Донецком.

Ces vidéos ont finalement déjà été chargées à la fin de l'été. Un clip de l’ “Etat Islamique de Donetsk et Lugant”. Le trolling le plus absolu et le plus fin de l'hystérie dans les médias ukrainies que “des terroristes islamistes combattent dans le Donbass”. Ce trolling est tellement excellent que même en Russie beaucoup ont décidé que c'était une provocation de l'Ukraine, destinée à créer l'illusion de la présence de divisions tchétchènes devant Donetsk.

Un compte parodique de Joseph Staline a relevé sur Twitter l'incongruité d'une implication des Tchétchènes.

Les Tchétchènes sont venus dans le Donbass pour protéger les Russes des Ukrainians. Même Dieu ignorait que ce fût possible. Quel monde fou à lier !

L’ “Etat Islamique du Donbass et de Lugant” est un bon exemple de comment l'humour noir—surtout chez les trolls d'Internet—fleurit sur les peurs, les stéréotypes et la désinformation. La guerre en Ukraine orientale a les trois ingrédients en abondance.