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Ebola : L'Afrique de l'Ouest ne doit pas baisser la garde

vendredi 3 avril 2015 à 12:59
Le correspondant de la BBC Tulip Mazumdar mènant une interview en Guinée en décembre 2014. "Ils m'ont dit qu'ils ne croyaient pas qu'Ebola existait," dit-elle, mais les choses ont changé au cours des mois qui ont suivi. Crédit: Tulip Mazumdar. Publié avec l'autorisation du PRI.

La correspondante de la BBC Tulip Mazumdar mène une interview en Guinée en décembre 2014. “Ils m'ont dit qu'ils ne croyaient pas à l'existence d'Ebola existait,” dit-elle, mais les choses ont changé au cours des mois qui ont suivi. Crédit: Tulip Mazumdar. Publié avec l'autorisation du PRI.

Cet article et le reportage radio qui l'accompagne réalisés par David Leveille pour The World (Le monde) dans le cadre du projet Human Needs (Besoins humains) d'abord diffusé sur PRI.org le 24 mars 2015 est reproduit dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

Il peut y avoir quelques bonnes nouvelles en provenance des pays frappés par le virus Ebola en Afrique de l'Ouest – le nombre de nouveaux cas est en baisse et certaines écoles ont même rouvert – mais la crise est loin d'être terminée.

Le Dr. Oliver Johnson, qui dirige l'hôpital du Kings Sierra Leone partenership à Freetown – un projet en collaboration avec le gouvernement britannique – dit que le virus Ebola est toujours actif et continue à faire de nouvelles victimes tout le temps. ”Nous ne sommes pas sortis de l'ornière” dit-il. Nous avons encore quatre ou cinq cas diagnostiqués par jour – parfois à Freetown – donc nous sommes très conscients que nous devons maintenir la pression.”

Le Dr. Johnson a vu l'impact de l'effort international dans son propre hôpital à Freetown, un important centre de traitement de la fièvre au virus Ebola. ”Nous avions des files d'attente à l'extérieur de l'hôpital et chaque lit était occupé” se souvient-il. ”Nous recevions sept ou huit nouveaux patients par jour. Maintenant, ce sont deux ou trois patients par semaine. … Mais cette tendance [à l'amélioration] n'est pas irréversible. Et jusqu'à ce que nous atteignions zéro cas, nous n'en serons pas au bout.”

La journaliste Tulip Mazumdar de la BBC a voyagé à travers les pays d'Afrique de l'Ouest touchés par le virus Ebola pour voir comment les autorités locales géraient la situation. Crédit: Tulip Mazumdar. Publiée avec l'autorisation de PRI.

La journaliste Tulip Mazumdar de la BBC a voyagé à travers les pays d'Afrique de l'Ouest touchés par le virus Ebola pour voir comment les autorités locales géraient la situation. Crédit: Tulip Mazumdar. Publiée avec l'autorisation de PRI.

L'attitude du public sur la maladie a également changé, selon Tulip Mazumdar, correspondante de la santé au niveau mondial pour la BBC, qui a voyagé en Afrique de l'Ouest à plusieurs reprises au cours de la dernière année pour couvrir la crise Ebola. Elle se souvient qu'arrivée dans un village en Guinée l'été dernier les résidents étaient hostiles aux travailleurs de la santé – alors même que l'épidémie était en plein essor.

“Certains agents de santé avaient effectivement été attaqués”, dit Mme Mazumdar. “Je me souviens être arrivée là-bas et avoir trouvé que les gens étaient, naturellement, complètement terrifiés. Ils ne comprenaient pas cette chose. Il y avait plusieurs membres de leur communauté qui mouraient de manière très poignante. Ils ne savaient pas ce qui se passait.”

Mais le temps a passé, dit-elle, la compréhension de l'épidémie a changé. “Je suis allée à Freetown quelques mois plus tard. Les seaux de chlore étaient à l'extérieur de tous les bâtiments publics ; on nous contrôlait la température cinq ou six fois par jour ; il y avait des affiches partout disant à la population d'éviter le contact du corps parce que c'est la façon dont Ebola se répandait”, dit Mme Mazumdar.

Et tandis que le nombre de cas peut bien être en diminution, Mme Mazumdar, comme le docteur Johnson, avertit que Ebola exigera une vigilance constante de la part des travailleurs de la santé ainsi que des journalistes. “C'est loin d'être terminé”, dit-elle, “et comme l'épidémie continue en Sierra Leone [et] en Guinée, le reste des pays ouest-africains et, en fait, le monde reste en danger.”

L’opposition met en exergue le non-respect de la constitution en Guinée

vendredi 3 avril 2015 à 10:00
via Guinee360 avec leur permission

Les leaders de l'opposition se sont retrouvé à Paris – via Guinee360 avec leur permission

Les leaders de l’opposition républicaine, notamment Cellou Dalein, Sidya et Kouyaté, se sont réunis les 22 et 23 mars 2015 à Paris. Lors de cette rencontre, ils ont fait une déclaration dans laquelle ils ont pris des décisions pour étouffer ‘’la dictature’’ qui ‘’émerge’’ en Guinée.

Ces trois leaders, accompagnés de Bah Oury, de Hadja Tété Nabé et de Baidy Aribot, ont passé en revue les quatre ans de gestion du pouvoir par Alpha Condé. Ce bilan, au-delà de plusieurs aspects jugés négatifs par l’opposition, est caractérisé par ‘’la violation répété’’ de la Constitution:

La gouvernance d’Alpha CONDE s’est illustrée depuis son installation comme Chef de l’État guinéen par un mépris total de l’Autorité de la loi et une violation systématique des dispositifs de la Constitution fondant les principes de l’État de droit. 

peut-on lire dans cette déclaration de Paris datée du 23 mars 2015.

L’opposition reproche au président Alpha Condé d’être le président de son parti et son ‘’refus’’ de mettre en place certaines institutions constitutionnelles nationales: 

La déclaration de ses biens et patrimoines (cf article 36 ), la démission officielle de son poste de Président du RPG (article 38), la délivrance du message annuel de l’Etat de la nation (article 50), l’installation de la Haute Cour de Justice (articles 117 à 120) et les mises en place de la Cour Constitutionnelle et de la Cour des Comptes (article 160) ne sont pas effectives tout au long du mandat présidentiel. 

A cela ils ajoutent le cas de l’Institution nationale indépendante des droits humains (INIDH), les différents assassinats enregistrés pour la plupart lors des manifestations politiques.

Aux yeux de l’opposition guinéenne, les lois nationales ne sont pas les seules à avoir été violées par le gouvernement d’Alpha Condé. C’est le cas notamment du contrôle par le pouvoir central de la décentralisation. Les opposants d’Alpha Condé rappellent que l’installation des délégations spéciales, est illégale au tant que leur maintien après la période de six mois: 

Ces attitudes politiciennes méconnaissent également l’article 2 point 2 du protocole de la CEDEAO sur la Démocratie et la Bonne gouvernance, signée et ratifiée par la Guinée, qui stipule ‘’les élections à tous les niveaux doivent avoir lieu aux dates et périodes fixées par la constitution et les lois électorales’’. L’État guinéen est à ce jour en butte à plusieurs contentieux juridiques devant des juridictions internationales du fait des violations de l’article 13 relatif au code foncier et domanial notamment en ce qui concerne la protection du droit de la propriété foncière et la procédure d’expropriation pour cause d’utilité publique.

Selon l’opposition, c’est la violation de cet article 13 du code foncier et domanial qui aurait découragé les investisseurs guinéens et étrangers de poursuivre leurs activités dans le pays. Suite à ces différents constats, ces leaders de l’opposition confirment leurs décisions prises lors de leur déclaration du 6 mars 2015. A cela, s’ajoutent de nouvelles décisions de taille : «Au vu de toutes ces dérives: M. Alpha CONDE perd toute légitimité pour présider encore aux destinées de la Guinée. Son maintien au pouvoir constituerait une grave menace pour la paix et l’unité de la Guinée et la stabilité de la sous-région. Au regard de tout ce qui précède, les leaders ont décidé:

De renforcer l’unité et la cohésion de l’opposition qui va s’atteler dès maintenant à l’élaboration d’un programme commun de gouvernement ;

De rentrer immédiatement en Guinée pour mener avec les autres partis politiques et toutes les forces vives du pays la lutte pour le respect de la Constitution, des lois de la République et des accords.

Il reste à savoir si l’opposition va appliquer à la lettre ces décisions qu’elle vient de prendre. Car, bon nombre de citoyens l’accuse d’être trop ‘’flexible’’ face à un pouvoir ne compte que préserver ses avantages.

Le 31 mars, journée noire pour la Turquie

jeudi 2 avril 2015 à 23:18

31 March, the Courthouse, Istanbul. Photo taken from Demotix, ID: 7257268

Le 31 mars fera date en Turquie. Tandis qu'une coupure de courant monstre a laissé une grande partie du pays dans l'obscurité pendant des heures, un commando armé a pris en otage le procureur d'une affaire concernant un adolescent tué pendant les manifestations de Gezi en 2013 et menaçait de le tuer si leurs demandes de justice n'étaient pas satisfaites. L'otage et deux terroristes ont perdu la vie dans l'intervention des forces spéciales turques. 

Turquie aujourd'hui : #BuradaElektrikYok ; un commando armé enlève, menace de tuer un procureur ; le gouvernement demande à la justice d'acquitter tous les accusés de Sledgehammer (NdT : l'affaire “Balyoz” ou “Masse de forgeron”)

Panne d'électricité : la faute aux chats

Quand il s'est agi d'expliquer la coupure d'électricité à l'échelon national, qui a été tête de tendance sur Twitter, les Turcs ont bel et bien été laissés dans le noir.

Taksim metro station, closed due to power cut on March 31. Picture taken from Demotix. ID number: 7252045

La station de métro Taksim, fermée à cause de la coupure de courant du 31 mars. Photo Demotix. ID: 7252045

Selon la Compagnie turque de distribution électrique (TEİAŞ), une coupure d'ampleur nationale a commencé vers 10h36 à cause de problèmes sur une ligne de transport électrique dans l'interconnexion entre Europe et Turquie. 

Le Ministre de l'Energie Taner Yıldız a défendu que la panne a pu être provoquée par une coupure chez une compagnie privée dans la grande cité d'Izmir, qui a créé un effet domino. Le ministre a ensuite expliqué que ce n'était qu'une possibilité parmi plusieurs et que les faits restaient à confirmer.

La Chambre des Ingénieurs en électricité a déclaré que des compagnies privées d'énergie ne voulaient pas vendre d'électricité à cause des prix bas imposés par les autorités, et que les coupures de courant pourraient être la conséquence de cette impasse.

Pendant ce temps, la premier ministre Davutoglu a refusé d'exclure que le terrorisme soit à l'origine de la panne. Les autorités ont été incapables jusqu'à présent dexpliquer de façon cohérente pourquoi le pays est resté aussi longtemps dans le noir. 

La panne a affecté la circulation dans les grandes villes, les feux ont cessé de fonctionner aux carrefours et à Istanbul les célèbres tramways ainsi que le métro se sont arrêtés. Ecoles, hôpitaux et usines se sont immobilisés.*

Imaginez un pays où l'électricité est coupée dans toutes les villes. #BuradaElektrikYok

Sur Twitter, beaucoup de gens ont commenté la coupure de courant sous le mot-dièse #Buradaelektrikyok (Il n'y a pas d'électricité ici). A côté de tweets critiques, d'autres ont supposé un sabotage par les chats omniprésents d'Istanbul.

Le mème des chats se référait à l’explication par Taner Yıldız de la coupure de courant de l'an dernier par des chats qui auraient pénétré dans un poste de distribution.

Les chats qui étaient entrés dans le poste de distribution n'ont pas reçu leurs salaires. Je pense que c'est le motif de leur sabotage. #BuradaElektrikYok

La Turquie est envahie par les chats et leur premier acte a été une coupure de courant d'ampleur nationale. #BuradaElektrikYok (Sur l'image : ‘Cible N° 1 : les postes de distribution')

D'autres songeaient que la disparition de l'électricité avait aboli les inégalités entre villes riches et pauvres en Turquie :

Pour la première fois dans l'histoire, tout le pays est logé à la même enseigne. #BuradaElektrikYok

Enlèvement et meurtre d'un magistrat

Mais pendant que le pays subissait la gêne des coupures d'électricité, c'est une information plus grave qui est survenue.

Vers 12h30, deux hommes du Parti Révolutionnaire du Peuple-Front (DHKP-C) — un groupuscule interdit considéré comme terroriste par la Turquie, l'Union Européenne et les Etats-Unis — a pris en otage le procureur Mehmet Selim Kiraz sur son lieu de travail dans un tribunal d'Istanbul.

M. Kiraz dirigeait l'enquête dans l'affaire Berkin Elvan. Elvan était un garçon de 15 ans atteint par une grenade lacrymogène de la police pendant les manifestations anti-gouvernementales de Gezi en 2013, et mort après un long coma. Elvan était sorti acheter du pain quand il a été touché, mais est devenu un symbole de la violente répression par le gouvernement des manifestations, et plus encore quand le Premier Ministre d'alors Recep Erdogan avait insinué que l'adolescent était lié à un groupe terroriste.

March 31, Turkish riot police taking position as Turkish special forces in Istanbul arrive at the courthouse where a Turkish prosecutor probing the politically sensitive death of an anti-government protester was taken hostage. -- Leftist militants have been killed after taking a prosecutor Mehmet Selim Kiraz hostage at an Istanbul Court. Photo taken from Demotix, ID: 7257298

Le 31 mars, la police anti-émeutes prend  position lors de l'arrivée des forces spéciales d'Istanbul au tribunal. Photo Demotix, ID: 7257298

Après la publication d'une photo-choc où un membre du DHKP-C posait, le canon de son pistolet sur la tempe du procureur, le groupuscule a fait connaître ses revendications en ligne assorties d'un ultimatum de trois heures.

Sur la liste des exigences figurait la désignation publique des meurtriers d'Elvan. Après huit heures de vaines négociations, aux environs de 20h30, des coups de feu et des exxplosions se sont fait entendre à l'intérieur du tribunal.

Le gouvernement a confirmé par la suite que les deux membres du DHKP-C ainsi que le procureur sont morts pendant l'intervention des forces spéciales. 

Pendant et après l'assaut de la police contre le tribunal, les médias ont reçu interdiction d'évoquer la prise d'otage, ce qui a conduit à la propagation d'informations inexactes et prêtant à confusion via les médias sociaux.

Le contributeur à Global Voices Erkan Saka a essayé de démêler le vrai du faux sur son blog :

J'étais de ceux, nombreux, qui n'ont pas apprécié une telle action contre le procureur… Il y a des déclarations contradictoires — comme toujours — et pas beaucoup de transparence mais je crois que le procureur a probablement été tué pendant l'assaut de son bureau par les forces spéciales. Je ne serais pas trop étonné que les balles ayant tué le procureur appartiennent aux forces de sécurité. Pendant la soirée, j'étais sûr qu'il y aurait une opération. Les régimes autoritaires aiment se mettre en valeur. C'est du bon matériel pour les élections. Mais pour nous qui sommes en-dehors, d'un autre côté, quelle tristesse de voir de nouveaux concitoyens tués aujourd'hui. …

L'incident a été commenté sur Twitter, ainsi que sa gestion, sous les mots-dièses #BerkininKatilleriAcıklansın (Nommer les meurtriers de Berkin) et #SavcıMehmetSelimKiraz (Procureur Mehmet Selim Kiraz). Les deux tweets ci-après disent bien les tensions à l'intérieur de la société et les différences de perceptions de l'incident :

Les meurtriers de #SavcıMehmetSelimKiraz sont les policiers de ce pays. Tout comme les individus qui ont brûlé Serap Eseri [la victime âgée de 18 ans d'un attentat à la bombe incendiaire contre un bus d'Istanbul il y a six ans] faisaient partie du MIT [les services de renseignement]. 

Je suis très triste que les gens n'aient pas défendu #SavcıMehmetSelimKiraz autant qu'ils ont défendu le groupe terroriste. NOUS SOMMES DEVENUS UNE SOCIÉTÉ TELLEMENT MÉCHANTE. Je ne sais pas quoi écrire.

Dans ce climat tendu, les parents de Berkin Elvan ont constamment essayé de calmer la situation. Le père d'Elvan a expliqué que la famille avait fait tout son possible pour empêcher que du mal soit fait au procureur, et s'est dit affligé par tout ce qui s'est passé.

L'armée innocentée

Ce même 31 mars, le pays a appris l'effondrement de l'interminable procès impliquant 236 militaires accusés de tentative de renversement en 2012 du gouvernement islamo-conservateur, remis en liberté en 2014 dans l'attente d'être rejugés. L'affaire dite “Masse de forgeron” a occupé la une de la presse turque pendant des années.

Le présent article de Global Voices (en sa version d'origine) a lui aussi été une victime intermittente des coupures d'électricité turques.

Tadjikistan: L'énergie solaire pour vivre mieux dans les villages des montagnes

jeudi 2 avril 2015 à 12:33
Roshorv, a village in Tajikistan's Bartang Valley. Photo by taken from  zamkosmopolit's Live Journal with permission.

Roshorv, un village dans la vallée de Bartang au Tadjikistan. Photo du compte LiveJournal zamkosmopolit avec permission.

Les énergies renouvelables sont actuellement le principal espoir pour le monde d'éviter les conséquences catastrophiques du changement climatique. Outre ces promesses majeures, les technologie du renouvelable peuvent également répondre aux problèmes sociaux et écologiques pressants de petites communautés locales, sans nécessairement nécessiter des investissements majeurs et des infrastructures compliquées.

À la fin du mois de décembre 2014, le village de Roshorv (situé à plus de 3000 mètres d'altitude) dans la vallée du Bartang, région autonome du Gorno-Badakhshan (GBAO), s'est vu offrir un réchaud solaire. Sadarbek Tohirbekov, qui enseigne la langue russe à l'école locale et qui a huit enfants, a installé cet équipement offert par l'organisation écologique Little Earth. Après l'installation du réchaud dans une cour, un membre de l'O.N.G Oyandasoz, partenaire de Little Earth dans la région, a testé l'efficacité de l'appareil pour ensuite lancer une discussion sur le potentiel de développement de son usage dans toute cette zone.

Le Tadjikistan, le plus pauvre des Etats issus de l'éclatement de l'Union soviétique, affronte chaque hiver des coupures énergétiques dues à une infrastructure en déclin, dans ce pays pourtant a fort potentiel en énergie renouvelable avec plus de 200 jours de soleil en moyenne annuelle et des ressources électrique significatives. En plus des fours solaires à usage domestique, Roshorv a sa propre petite centrale au fil de l'eau qui fournit de l'énergie au village et à ses environs pendant les soirées.

Solar cookers can save mountainous countries from deforestation and mudslides. (Photo by Little Earth)

Tohirbekov et la cuisinière solaire. Photo  Little Earth.

Des tests avec la parabole qui produit l'énergie pour le réchaud solaire ont été menés pendant quelques jours. Des mesures ont été faites à 10h00, 14h00 et 16h00 heures dans la cour de Tohirbekov. Pendant l'hiver, il a été possible de porter à ébullition une bouilloire en aluminium contenant 3 litres d'eau en 20 à 25 minutes, ou bien de cuire une soupe faite avec du riz et des pommes de terre en 20 minutes environ. “Pour préparer un repas sans réchaud solaire, on a besoin d'environ de 500 g de petit bois et ensuite d'un kg de bois de chauffage et trois kg de fumier desséché ou de charbon. Ainsi faire bouillir sept litres d'eau demande de trois à cinq kgs de bois. Une cuisinière solaire peut réduire grandement la consommation de bois de chauffage ou d'autres carburants même s'il n'est utilisé qu'une fois par jour.” Le défrichage et l'exploitation du bois par la population locale est devenu un gros problème dans les régions montagneuses du Tajikistan, où le bois est souvent la seule source d'énergie disponible. Les collines dépouillées de leurs buissons ou de leur couverture forestière sont devenues sujettes à de désastreux glissements de terrains. Pour Rozik Yaftaliev, président de Oyandasoz, un réchaud solaire, comme celui que l'on trouve dans la cour de la maison de Tohirbekov, peut-être utilisé partout où on a un ciel dégagé et du soleil, pour cuire les aliments ou faire bouillir de l'eau. “Cet instrument facile à utiliser permet d'économiser du temps et du bois….et ne fait pas de fumée en cuisant ! Depuis octobre dernier, ma famille au village de Nisour en utilise un. Les jours où nous nous en servons, la consommation de bois diminue de 70 à 80 %” dit-il. 

The hunt for kindling to heat homes is threatening the sustainability of lives at altitude in Tajikistan.

Le ramassage de betit bois pour le chauffage menace la durabilité de la vie en  altitude au Tadjikistan. Photo du compte LiveJournal de zamkosmopolit avec permission.

La demande actuelle d'aides de la part des habitants de cette région pour se procurer ces dispositifs solaires monte en flèche. Rien de surprenant car ils sont bon marché, faciles à utiliser et ne comportent aucun mécanisme qu'il faudrait réparer en cas de panne, plus important encore, le carburant est gratuit et inépuisable. Ce dispositif solaire reste élémentaire, il ne peut recevoir un poids supérieur à 8 kg et la taille unique des anneaux de la grille fait que tous les récipients pour la cuisson ne sont pas forcément utilisables. Un jour de ciel nuageux peut évidemment le rendre inefficient. Pourtant l'usage de cet instrument réduirait de manière significative la pression sur l'environnement  tout en améliorant les conditions de vie des habitants de ces montagnes. 

Villagers in the Bartang Valley region of Tajikistan get around 200 days of sunshine a year. Why not put it to use?

Les habitants des villages de la vallée du Bartang au Tadjikistant  bénéficient d'environ 200 jours de soleil par an. Pourquoi ne pas en profiter ?  Photo extraite du compte  LiveJournal de zamkosmopolit  avec autorisation. 

“Les réchauds solaires peuvent être très utiles aux habitants des villages isolés dans les montagnes avec accès difficile à des sources d'énergie modernes qui leur sont nécessaires pour les besoins de base. En ce qui nous concerne, nous ferons tout notre possible pour poursuivre la dissémination dans les communautées montagnardes du Tadjikistan, de ces dispositifs qui protègent les ressources naturellles et sont efficaces énergétiquement.” C'est ce que déclare Musavvara Shukurova, président de Little Earth pendant la première moitié de cette année 2015, Little Earth souhaite distribuer une “dizaine de réchauds solaires” aux familles les plus vulnérables des villages les plus isolés de la vallée du Bartang. “Si on estime que chaque cuisinière évite l'utilisation 15-20 kilos de bois par jour, même avec seulement 100 jours de soleil par an, cela fait environ deux tonnes de carburant économisées, 20 tonnes pour 10 réchauds… c'est une opportunité excellente de de réduction de l'abattage des arbres et de prévention d'émission de CO2″ : Déclaration de Anton Tymoshenko, coordonnateur du programme d'économie d'énergie de Little Earth.

Article écrit par Timur Idrisov, conseiller spécial pour l'environnement de l'ONG Little Earth. Little Earth a adhéré au projet  ”Climate Workshop” (Atelier climatique) soutenu par 350 ONG pour promouvoir les décisions concernant l'utilisation des énergies renouvelables et ainsi réduire l'impact du développement de l'humanté sur le climat de la Terre. Vous pouvez contacter cette ONG via little.earth.tajikistan@gmail.com ou visiter son site: leworld.org.

Leur monde vu par des Syriens : les nombreuses strates au-delà de la guerre et la mort

mercredi 1 avril 2015 à 20:25
“After more than thirty years, I feel myself as a mother all over again. My grandchildren remind me of my children that I took care of. I would like to celebrate all mothers for Mother’s Day, and hopefully next year will be more beautiful for us and for all the world.” - Mouna Abdelahad. Photo by Syrian Eyes of the World

“Après plus de trente ans, je me sens comme une mère à nouveau. Mes petits-enfants me rappellent les enfants desquels je me suis occupés. Je voudrais célébrer toutes les mères pour la Fête des Mères, et j’espère que l’année prochaine sera plus belle pour nous ainsi que pour tout le monde.” – Mouna Abdelahad.
Photo prise par Antoine Entabi/Syrian Eyes of the World

“Depuis le début de la crise syrienne en 2011, ce qu’on voit par rapport à la Syrie n’est pas toujours reluisant. C’est une triste réalité, mais dans un effort de ne pas oublier les humains derrière le conflit, nous avons décidé de présenter au monde d’autres réalités.” Tels sont les premiers mots choisis pour décrire l'idée qui motive ‘Syrian Eyes of the World‘, un projet international de photographie créé par Youssef Shoufan et hébergé par ‘La Maison de la Syrie‘.

Le collectif de photographie s'est donné pour mission l’ “archivage de ce moment de l’Histoire dont nous faisons partie, l’histoire d’une nation mosaïque qui a vécu en harmonie pendant des millénaires, mais qui vit maintenant des moments difficiles.” Ils n'ont pas d'affiliations “sauf celles esthétiques, de respect et de qualité.”

Interrogé par Global Voices Online, Youssef Shoufan raconte le chemin qui l'a mené au projet Syrian Eyes :

Je suis un créateur multimédias indépendant né à Damas et vivant grosso modo à Montréal. Ma passion des voyages, des gens, des mots et de la photographie s'unissent dans ce premier projet collaboratif que j'ai créé et qui est Syrian Eyes of the World. La curiosité m'a conduit à des études de journalisme, et ce passé universitaire, combiné à ma passion pour l'art, sont les deux éléments présents dans ce projet photographique : de l'information présentée de manière esthétique, dans notre cas avec un but social.

“I feel like we have become numb, our emotions barely stirred by what goes on around us. But when I see a beautiful line or a powerful jump and when I know the effort and pain that went into that single move, I get chills; I ‘feel’ again. It’s very hard to make a significant difference in the world, but I think that if I can make at least one person ‘feel’ again, then I can be one step closer to making that difference. So I dance.” -Yara Awad. Photo taken by Syrian Eyes of the World

“Je me sens comme si nous sommes devenus engourdis, nos émotions à peine agitées par ce qui se passe autour de nous. Mais quand je vois une belle ligne ou un saut puissant et quand je sais l’effort et la douleur qui étaient nécessaires pour ce seul coup, j’en ai des frissons. Je “sens” à nouveau.
Il est très difficile de faire une différence significative dans le monde, mais je pense que si je peux réussir à faire au moins une personne “sentir” à nouveau, alors je serais un pas plus proche à faire cette différence.
Donc je danse..” -Yara Awad.
Photo prise par Nour Nouralla/Syrian Eyes of the World

Lors d'une discussion avec une ami photographe, Youssef Shoufan a pris conscience de ses propres préjugés contre le monde arabe :

En octobre 2013, en discutant avec mon amie photographe Tamara Abdul Hadi, elle m'a fait réaliser quelque chose dont je n'avais pas vraiment conscience : que j'avais moi-même un tas de préjugés contre le monde arabe. Alors j'ai acheté des billets d'avion et me suis retrouvé au Liban deux mois plus tard, avec pour but de changer la vision que j'avais à l'époque. Je savais que ces deux semaines allaient changer ma vie, sans savoir encore comment. Mon premier jour à Beyrouth, j'ai rencontré Antoine Entabi et nous avons noué de suite. Avec les autres photographes syriens, Madonna Adib et Zaki et Ziad Alasmar, nous avons tous su qu'il y avait une chose à faire. De retour à Montréal, j'ai rassembIé toutes les idées et décidé de créer Syrian Eyes of the World. Aussitôt je me suis mis en quête de photographes syriens de grand talent comme Khaled AlWarea qui a rejoint notre équipe pour le lancement. Et aussi tous ces gens formidables qui ont accepté de participer à notre projet, et m'ont permis de beaucoup apprendre et de voir les choses autrement. On peut dire que mon inspiration vient surtout des gens.

“The human being is an idea, which he lives and dies for.” – Musaab Balchi. Photo taken by Nour Nouralla/Syrian Eyes of the World

“L’être humain est une idée, pour laquelle il vit et meurt.” – Musaab Balchi.
Photo prise par Nour Nouralla/Syrian Eyes of the World

Qui sont les sujets ? Quelle est leur histoire ?

La plupart des gens que nous avons photographiés la première année étaient des connaissances, mais il y a aussi des Syriens que nous avons rencontrés par le projet, ou d'autres qui sont de simples anonymes. Certains sont en Syrie, d'autres sont dans différentes parties du monde, sont partis récemment ou depuis longtemps. Malgré ce qui se passe en Syrie, leurs histoires sont la plupart du temps pleines de de mots de sagesse et d'espoir, des choses que nous n'entendons pas d'ordinaire puisque l'accent est généralement mis sur la violence, la mort, la religion et la politique. Nous montrons la paix, la vie, et les nombreuses autres strates des Syriens. Chacun a une histoire et des choses intéressantes à dire. Ce qui me fascine, c'est comment, avec seulement une photo et quelque mots, des émotions profondes sont transmises et ressenties.

What inspires you? “I am inspired by the idea that my lines might bring a bit of comfort to someone’s sadness, that there might be an optimism in my art that could spread and be helpful in these sad times.” -Kevork Mourad Photo Taken by Nour Nouralla/Syrian Eyes of the World

Qu’est-ce qui vous inspire ?
“Je suis inspiré par l’idée que mes lignes pourraient apporter un peu de confort à la peine de quelqu’un, qu’il pourrait y avoir de l’optimisme dans mon art qui se répandrait et qui aiderait en ces temps difficiles.”-Kevork Mourad
Photo prise par Nour Nouralla/Syrian Eyes of the World

Je Iui ai demandé un exemple de personne qui l'a touché :

Un exemple est Oum Ibrahim dont j'ai fait la connaissance en 2013 quand elle travaillait pour l'ONG Basmeh & Zeitooneh à Chatila, au Liban. Je savais qu'elle était une femme modeste et travailleuse, mais lorsque mon collègue Antoine Entabi a pris son portrait, j'ai eu encore plus de respect pour elle. “Je me soucie d’une seule chose: comment je vais permettre à mes enfants d’atteindre les plus hauts rangs, d’étudier et de réussir, même au détriment de mon travail. Je n’ai rien vu de ma vie, toute ma vie est du travail, et j’essaie d’être le père et la mère de mes enfants.”

“I care for one thing only: how I’ll let my children reach the highest ranks, study and succeed, even at the expense of my labor. I haven’t seen a thing of my life, all my life is about work, and I try to be the father and the mother of my children.” – Um Ibrahim. Photo by Antoine Entabi

“Je me soucie d’une seule chose: comment je vais permettre à mes enfants d’atteindre les plus hauts rangs, d’étudier et de réussir, même au détriment de mon travail. Je n’ai rien vu de ma vie, toute ma vie est du travail, et j’essaie d’être le père et la mère de mes enfants.” – Um Ibrahim.
Photo prise par Antoine Entabi/Syrian Eyes of the World

Pour en savoir plus sur Syrian Eyes of the World, visitez leur site web, leur page Facebook et leur compte Twitter.