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La campagne #ViernesTradicional met en valeur la richesse vestimentaire du Mexique

lundi 18 mars 2019 à 10:27

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My trajinera, Princesa, is aptly named so. The floating gardens of Xochimilco in Mexico City is always an amazing day. Yesterday, I had the pleasure of planning the @atravesarte fiesta for #artweekmexico . My tunic and bag hand woven in San Juan Cancun, Chiapas by Señora Juana for @xhico_a_mano Hat by @stetsonusa #fashion #mensfashion #style #cowboyhat #handmade #xhico #xochimilco #boat #cdmx #mexicocity #mexico #ciudaddemexico #mexicomagico #mexico_maravilloso #visitmexico #cdmx_oficial #mexicodesconocido #captura_mexico #igersmexico #ig_mexico #mexicosoprendente #travel #traveldeeper #viernestradicional 📸 @saniegosanches

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Tous les vendredis sur les réseaux sociaux, des photos colorées de tissus et de vêtements traditionnels de toutes les régions du Mexique mettent en valeur la riche diversité culturelle du pays. La campagne “Viernes Tradicional” (vendredi traditionnel) s'inscrit dans l'esprit de la tendance de certaines entreprises à encourager leurs salarié.e.s à porter des tenues décontractées dans le cadre du “casual Friday” (vendredi décontracté). Les photos sont publiées sur Instagram, Twitter, et Facebook.

Les autochtones et non-autochtones sont invités à poster une photo d'eux-mêmes vêtus de leur tenue traditionnelle préférée suivie du mot-clic #ViernesTradicional, d'une description de la technique utilisée pour sa création, son origine, et si possible, le nom de l'artisan l'ayant créée.

Cette initiative donne chaque semaine un aperçu des créations et de leurs histoires, et offre également une visibilité aux populations autochtones du Mexique.

La mise en ligne libre et publique de ces photos, ouvre cependant la porte à d'éventuels plagiats qui engendrent une exploitation commerciale, un défi permanent pour les artisans originaires du Mexique et d'Amérique du Sud [fr], dont les revenus dépendent de leurs créations originales. La campagne offre donc un espace pour signaler un plagiat éventuel et souligne l'importance d'une meilleure compréhension de l'origine de ces tenues et la nécessité de soutenir les artisans locaux.

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Ná ko’o ín yàtsi ntixi vichi kùi kií nu yatvi nu ñuu xnuviko #xnuviko #mixtepec #pulque #oaxaca #mixteco #viernestradicional

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#Repost @anny13arzola 😍 Huipil en telar de cintura de San Juan Bautista, Oaxaca. Con representación del pavorreal y en el pecho tiene el ombligo del mundo la visión cósmica de los pueblos, que emana desde el centro del universo rodeada de los 4 puntos cardinales #Tlacoatzintepec #Oaxaca #Huipil #amorxlostextiles #viernestradicional #viernestradicionalvalora #ElOrigenSíCuenta #patrimonioTextil #ConsumoÉtico #hechoenmexico #hechoporartesanos

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Huipil en telar de cintura de San Juan Bautista, Oaxaca. Con representación del pavorreal y en el pecho tiene el ombligo del mundo la visión cósmica de los pueblos, que emana desde el centro del universo rodeada de los 4 puntos cardinales

Huipil (sorte de tunique) réalisée au métier à tisser originaire de San Juan Bautista, Oaxaca. Elle représente un paon, et au niveau de la poitrine, le Nombril du monde, la vision cosmique des populations autochtones qui émane du centre de l'Univers entouré par les 4 points cardinaux.

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Los textiles mexicanos, tan coloridos, tan únicos, tan especiales… siempre reflejan amor, paciencia e historia 💜 Hupil Chenalhó de Chiapas .- @estiloisabeles #toscanoxméxico #mexicanbloggers #shotiniphone #iphonex #elorigensicuenta #huipil #chiapas #estiloisabeles #consumelocal #consumelohechoenmexico #mexicomagico #mexicovive #mexicangirl #viernestradicional #coloresmexicanos #mexico_tour #prefierovestirmx

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Los textiles mexicanos, tan coloridos, tan únicos, tan especiales… siempre reflejan amor, paciencia e historia 💜 Hupil Chenalhó de Chiapas – @estiloisabeles

Les tissus mexicains sont si colorés, si uniques et spéciaux… Ils reflètent toujours l'amour, la patience et l'histoire. Hupil de Chenalhó de Chiapas créé par @estiloisabeles

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#ViernesTradicional con la clásica camisa de algodón con bordado color petróleo de Jalapa de Díaz desde luego de @region_impulso 🇲🇽❤🇲🇽❤🇲🇽 @viernestradicional #Tatto #tattoos #Oaxaca #mexico #igersoaxaca #igersmexico #sustainablefashion #ig_oaxaca #ig_mexico #instagram #vsco #instapic #capturaoaxaca #instapicture #ConsumeLocal #HechoEnMexico #ViernesTradicionalActúa #ViernesTradicionalValora

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#ViernesTradicional con la clásica camisa de algodón con bordado color petróleo de Jalapa de Díaz.

#ViernesTradicional avec la chemise en coton cassique dotée d'une broderie couleur pétrole originaire Jalapa de Díaz (Oaxaca).

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#mexico #oaxaca #amooaxaca #santodomingooaxaca #istmo #istmodetehuantepec #viernestradicional

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L'activisme des marques pour promouvoir l'harmonie inter-communautaire est risqué dans l'Inde en période préélectorale

dimanche 17 mars 2019 à 13:23
Surf Excel ad screenshot

Arrêt sur image du spot publicitaire de Surf Excel. (Fair Use, Copyright détenu par les auteurs originels)

Une vidéo de la marque indienne de détergents Surf Excel montrant une fillette hindoue et un garçonnet musulman s'amusant pendant la fête hindoue de Holi divise téléspectateurs et internautes. Une partie approuve l'harmonie inter-communautaire que la marque, propriété de Hindustan Unilever veut promouvoir par la chanson intitulée “Rang Laaye Sang” (“les couleurs nous rapprochent” en hindi), l'autre partie accuse le spot publicitaire d'abaisser l'hindouisme. La publicité avait atteint 10 millions de vues au moment de l'écriture du présent article, ce qui a donné à la marque Surf Excel une notoriété record.

Les détracteurs du spot publicitaire ont accusé la marque de promouvoir le Love Jihad (djihad de l'amour), une soi-disant campagne par laquelle des garçons musulmans simulent l'amour pour arriver à convertir à l'islam des filles non musulmanes. Les médias sociaux ont commencé à se gonfler de messages contenant le mot-clic #boycottSurfexcel.

HUL (Hindustan Unilever) n'a pas le droit de prêcher aux Hindous comment fêter Holi et n'a certainement pas besoin qu'on lui apprenne la laïcité. Paul Polman [patron d'Unilever], votre pub pour Surf Excel blesse les sentiments des Hindous tout comme la pub pour Kumbh [le pèlerinage de Kumbh Mela] auparavant. #Boycott de Furf Excel et #Boycott des produits Unilever

Cette pub a tellement fâché que de nombreux utilisateurs d'Android ont signalé l'appli Microsoft Excel sur le Google Play Store. Ce qui a valu à celle-ci la notation d'une seule étoile, la plus basse, parce que les utilisateurs l'ont confondue avec Surf Excel, allant jusqu'à l'appeler “le logiciel anti-hindou”. Le phénomène n'est pas nouveau en Inde.

[Texte sur l'image : Furieux contre Surf Excel,des “patriotes” indiens donnent la note 1 étoile à Microsoft Excel sur Google Play. Ce n'est pas la première fois que des Indiens en colère ciblent la mauvaise appli sur la boutique Google Play]  (Traduction : Éduquez votre enfant, sauvez le pays)

L'acteur et humoriste Vir Das a suggéré dans un tweet que cette publicité négative a augmenté les ventes de Surf Excel.

Aux Bhakts. Vous ne vous rendez pas compte combien votre indignation a aidé les ventes de Surf… félicitations. Vous êtes en pratique les nouveaux ambassadeurs de la marque.

(Note de la rédaction : Bhakt est la translittération d'un mot du hindi signifiant ‘dévot’. Les partisans, adeptes et admirateurs du Premier ministre indien Narendra Modi sont appelés les ‘Modi Bhakt” et ‘Bhakt’ figure sur les réseaux sociaux pour parler des partisans et admirateurs de M. PM Modi.)

Le chercheur français Elliot Alderson a twitté le 12 mars qu'il y a eu 105.929 tweets avec les trois mots-clics  , et .

Fil : Sur 2 jours, j'ai enregistré 105929 tweets avec les hashtags #SurfExcel, #BoycottSurfExcel et #BoycottHindustanUnilever. Suivez ce fil pour une analyse

Depuis, le débat lié au spot publicitaire ne s'arrête plus au grand public : il a diffusé dans le discours politique, puisque l'Inde s'apprête pour ses élections générales de 2019 qui s'étaleront entre le 11 avril et le 19 mai. Dans un tweet de Sanjay Jha, porte-parole du parti actuellement dans l'opposition, c'est le Bharatiya Janata Party (BJP) au pouvoir qui est à blâmer pour la malveillance propagée contre les enfants distribués dans le clip.

Mon article à paraître : le vitriol contre les jeunes enfants qui jouent dans la publicité de Surf Excel est une raison suffisante pour rejeter totalement le BJP cuel et fanatique. L'Inde doit les larguer sans faire le détail. Nous avons régressé à l'âge des ténèbres sous Modi.

Hindustan Unilever avait déjà connu un retour de bâton récemment avec un autre spot publicitaire pour sa marque de thé, qui mettait en lumière le délaissement des plus âgés pendant la Kumbh Mela, un pèlerinage hindou qui est le plus grand rassemblement religieux mondial.

Le moment choisi pour cette pub est surprenant, puisqu'elle arrive alors que l'Inde se remet d'un enchaînement d'événements tragiques au Cachemire : un attentat-suicide contre un convoi à Pulwama suivi par des frappes aériennes défensives à la fois de l'Inde et du Pakistan. Les relations inter-communautaires en Inde entre la majorité hindoue et la minorité musulmane, plus nombreuse que la population totale du Pakistan, traverse une période critique sous l'effet des récents événements. Cette publicité a de quoi jeter de l'huile sur le feu des empoignades verbales actuelles.

Comment une marche des femmes pour le 8 mars a failli être interdite au Kirghizistan

samedi 16 mars 2019 à 19:43

Groupes de femmes, associations LGBT+ et quelques hommes ont résisté ensemble au patriarcat.

Marche à Bichkek pour la Journée internationale des femmes. Photo Aïcha Djabbarova. Photo prise à Bichkek devant la statue de Kurmandjan datka [kirg, en], cheffe de tribu kirghize née au XIXe siècle.

Les autorités de Bichkek, la capitale du Kirghizistan, ont annulé à la hâte une interdiction du rassemblement pour la Journée internationale des femmes. L'événement a eu lieu malgré les provocations des défenseurs du patriarcat.

Le 6 mars, les fonctionnaires de Bichkek ont brièvement interdit le rassemblement qu'organise chaque année depuis 2016 le collectif Bichkek Feminist Initiatives (BFI) à l'occasion de la Journée internationale des femmes, jour férié dans la plupart des républiques soviétiques du temps de l'URSS.

La municipalité de la capitale kirghize avait motivé cette interdiction par «la sécurité des citoyens» sans donner de précisions supplémentaires.

Mais quelques heures plus tard, cette décision a été brusquement annulée après plusieurs articles dans les médias locaux [ru] et des critiques virulentes sur les réseaux sociaux, notamment Facebook.

Finalement, environ 150 personnes ont défilé dans le centre-ville pour appeler à faire cesser les violences envers les femmes et à instaurer l'égalité des droits entre les sexes. Les manifestants scandaient des slogans tels que «stop à la corruption», «sécurité et diversité», «ville propre», «une école sans sexisme», «sécurité pour les femmes dans l'espace public».

Manifestation pour la Journée internationale des femmes à Bichkek. Photo Aïcha Djabbarova. Sur la grande banderole: «Je suis fière d'être transgenre»

La manifestation réunissait toutes sortes de gens, à l'image de la population très mélangée de Bichkek. Un mélange que combattent depuis quelques années des groupes nationalistes — souvent avec le soutien effectif du pouvoir.

Nazik Abylgazieva, une activiste de l'organisation LGBT+ locale Labrys, a dit qu'il était «important de venir à la manifestation malgré la pression et la tentative de l'interdire».

«Je me suis jointe au rassemblement pour montrer que je ne me tairai pas, même si en tant que membre de la communauté LGBT je me heurte à des tentatives d'exclusion à tous les niveaux», a-t-elle déclaré.

Manifestation pour la Journée internationale des femmes à Bichkek. Photo Aïcha Djabbarova. Sur la banderole centrale: «Une femme sur quatre est victime de violence. Combien en faudra-t-il encore?»

Une fête menacée

La Journée internationale des femmes est restée l'une des dates les plus importantes du calendrier dans des pays comme le Kirghizistan, qui faisait partie de l'URSS avant son indépendance. Mais de nombreuses féministes se plaignent que cette journée soit devenue une cérémonie de remise de bouquets, encourageant la vision patriarcale de la femme au foyer, et laissant de côté les origines émancipatrices de cette date.

Je voudrais vous rappeler d'où vient le 8 mars. C'est le jour des droits des femmes et des filles, des droits humains. Ce n'est pas seulement le jour où nous allons faire plus attention aux femmes, c'est le jour où nous devons nous battre pour l'égalité.

Témoin de cette tendance, le voisin du Sud du Kirghizistan, le Tadjikistan, a depuis 2009 rebaptisé [en] cette journée en Fête des mères. Au Kazakhstan, le voisin du Nord, il est interdit aux femmes depuis déjà plusieurs années de manifester le 8 mars. Noursoultan Nazarbaïev, à la tête du Kazakhstan depuis de longues années, célèbre régulièrement cette date avec une pluie de blagues sexistes.

Manifestation pour la Journée internationale des femmes à Bichkek. Photo Aïcha Djabbarova.

C'est pourquoi il y a un sous-texte politique dans le rassemblement annuel du 8 mars mené par le BFI dans la moins autoritaire des cinq «baraques du camp» de l'Asie centrale.

Cette année, selon Bektour Iskender [ru], fondateur du site d'informations Kloop, qui a participé au meeting, c'était une manifestation «pour les droits humains, les droits de tous ceux qui manifestent».

Mme Abylgazieva, de l'association Labrys, rapporte les mêmes sentiments dans une interview qu'elle a donnée à Global Voices :

Among my acquaintances are sex workers, HIV positive women, women who have history of drug abuse, doctors, teachers, actresses, musicians, artists, women of all backgrounds. However, we are all united by one thing – by the fact that we are being beaten, raped, and our rights are being limited. By attending the rally I am challenging myself as well as the system.

J'ai parmi mes relations des prostituées, des femmes séropositives, d'autres qui ont un passé de toxicomanie, des médecins, des enseignantes, des actrices, des musiciennes, des artistes, des femmes avec toutes sortes d'histoires de vie. Pourtant, nous avons toutes un point commun : nous sommes battues, violées, nos droits sont limités. En venant manifester, je me suis lancé un défi – à moi-même et au système.

Guliaim Aiylchy, la présidente de BFI, a dit à Global Voices que le simple fait que cette marche se tienne était important :

If we don't rally today, five years later, the right to (rally) will be taken away from us.

Si nous ne venons pas aujourd'hui, dans cinq ans nous n'aurons plus le droit de manifester.

Les provocations promises n'ont pas eu lieu

Bien que le Kirghizistan soit le pays le plus démocratique de la région, il y règne des tendances inquiétantes à la discrimination et à la violence envers des groupes traditionnellement marginaux, comme la communauté LGBT [en].

Les droits des femmes restent un autre champ de bataille dans un pays où les enlèvements de jeunes filles [en] et les violences envers les femmes sont répandus et souvent impunis.

Ces dernières années, les opinions conservatrices reprennent du poil de la bête avec de tristes conséquences. Ainsi, le mouvement patriotique Kyrk Choro avait promis [ru] à la veille du 8 mars de venir disperser le rassemblement.

Kyrk Choro s'est fait une réputation douteuse en 2014 avec des vidéos de raids [kirg] dans les discothèques et les bars à karaoké, où le groupe tentait d'humilier des prostituées locales parce qu'elles parlaient avec des clients étrangers.

Les membres du groupe ont fait savoir qu'ils avaient averti la municipalité de leur intention de disperser le rassemblement, ce qui aurait pu contraindre les autorités à interdire la manifestation.

Manifestation pour la Journée internationale des femmes à Bichkek. Photo Aïcha Djabbarova. Banderole centrale: «Le plus beau cadeau que vous puissiez me faire, ce sont mes droits».

Le 8 mars, des membres du groupe sont descendus dans la rue séparément et en petit nombre [ru], soi-disant dans l'unique but d'offrir des fleurs aux femmes. Les forces de l'ordre étaient présentes en nombre assez important sur les lieux du rassemblement.

Mais l'existence dans la société de ces courants dits «patriotiques» fait que les groupes vulnérables se sentent encore plus menacés.

La veille de la marche, une femme transgenre appelée Lola a dit à Global Voices qu'il était important d'aller au rassemblement «pour se montrer, se faire entendre», mais elle-même doutait de s'y joindre.

I don’t know whether it is safe for me or not. It is difficult for us [transgender people] to go out. We don’t trust anyone any more. We are attacked frequently. Often times there is a risk for us. Some people don’t consider me a human being.

Je ne sais pas si c'est sans danger pour moi. Pour nous [les personnes transgenres], c'est compliqué de sortir. Nous ne faisons plus confiance à personne. Nous nous faisons souvent agresser. C'est souvent risqué. Il y a des gens qui ne me considèrent même pas comme un être humain.

Le message des Afghanes au gouvernement et aux talibans : nous voulons avoir notre place

samedi 16 mars 2019 à 15:21

Ces assemblées entièrement féminines ont lieu à un moment crcial

Les jirgas (assemblées) de femmes ont lieu dans toutes les provinces d'Afghanistan. Photos par Afghan Women for Peace, utilisées avec autorisation.

Dans les mois qui viennent, l'Afghanistan va organiser sa première assemblée totalement féminine de niveau national, où des milliers de femmes vont se réunir pour rappeler au gouvernement comme aux talibans que la paix longuement attendue est impossible sans leur voix.

Au long des décennies passées de guerre, les femmes d'Afghanistan ont connu une oppression insupportable qui a approfondi leur isolement social et leur a imposé la prudence politique.

Les politiques étatiques contre les femmes ont culminé sous les talibans, qui prirent le pouvoir au milieu des années 1990 avant d'en être chassés par l'invasion conduite par les USA.

Les jirgas (assemblées) de femmes ont lieu dans toutes les provinces d'Afghanistan. Photos par Afghan Women for Peace, utilisées avec autorisation.

Cette invasion a apporté des progrès dans l'universalité de l'enseignement, mais les femmes restent affectées par l'insécurité et les menaces de violences.

Les quotas de représentation des femmes au parlement n'ont pas fondamentalement changé une culture politique afghane marquée par la domination masculine.

A présent, la réapparition des talibans aux tables des négociations à Moscou et Doha met ces progrès reconnus encore plus en danger.

Ce mouvement reste inébranlable dans son refus de reconnaissance du rôle des femmes tant dans l'espace public que dans le gouvernement afghan, avec qui il n'a toujours pas de discussions directes.

Les talibans préfèrent actuellement parler avec Washington, Moscou et des groupes choisis de politiciens afghans. Le mouvement a affirmé que sa position sur les droits des femmes est alignée sur celle de la religion principale de l'Afghanistan, l'islam, et reste hostile au militantisme pour l'égalité de genre.

Les jirgas (assemblées) de femmes ont lieu dans toutes les provinces d'Afghanistan. Photos par Afghan Women for Peace, utilisées avec autorisation.

Être entendues

Pendant ce temps, des femmes et activistes des droits des femmes afghanes de tous horizons se sont assemblées et ont créé Afghan Women for Peace (Femmes afghanes pour la paix), un mouvement de plus de 15.000 adhérentes venues de toutes les 34 provinces du pays.

Le mouvement est né il y a six mois sous forme d'une initiative commune du Afghan Women’s Network (Réseau des femmes afghanes), du Ministère des Femmes, du High Peace Council (Haut Conseil de la paix), et des services de la Première dame d'Afghanistan.

15.000 femmes de tout le pays se sont assemblées en 34 réunions, une par province, pour élever leurs voix et débattre du sens de la paix dans leur collectivité, de leurs attentes et des coûts de la paix.

Dans chaque province, Femmes afghanes pour la paix a fait se côtoyer étudiantes et femmes fonctionnaires tout comme les femmes désireuses de contribuer, sachant ou non lire et écrire.

Ensemble elles ont échangé sur leurs revendications et leurs idées de la paix.

The woman's jirga councils are taking place in provinces across Afghanistan. Photos used with permission from Afghan Women for Peace.

Les organisatrices ont parlé du rôle des femmes dans le gouvernement et la société, et ont communiqué sur les façons pour elles d'agir positivement sur la société et faire entendre leurs voix par les autorités locales et nationales.

Le premier objectif est de créer un consensus national sur le fait que les femmes afghanes ne doivent pas être oubliées. Il faut que les femmes participent aux négociations de paix et fassent connaître leurs exigences et leurs attentes pour l'avenir du pays.

Les jirgas (assemblées) de femmes ont lieu dans toutes les provinces d'Afghanistan. Photos par Afghan Women for Peace, utilisées avec autorisation.

Des conférences se sont déjà tenues dans un certain nombre de provinces : Panjshir, Khost, Parwan, Baghlan, Ghazni et Logar. Les conférences se poursuivront dans les 28 autres provinces au long des prochaines semaines.

Voici les points marquants de la conférence de la province de Khost :

A la conclusion de chaque conférence, les participantes approuvent une telle résolution sur les priorités et les difficultés que connaissent les femmes locales.

Si aucune date n'a encore été fixée pour la jirga (conseil tribal) de niveau national, l'événement promet de réunir les travaux de toutes les assemblées au niveau provincial.

Le travail au niveau provincial est important. S'il y a des femmes députées au parlement de Kaboul, les gouverneurs femmes sont extrêmement rares, de même que la représentation féminine dans d'autres instances importantes. Pour beaucoup de femmes des provinces frontalières, ces jirgas ont été une occasion historique de participer au processus politique et de faire entendre leurs voix.

Les femmes de Ghazni ont déclaré :

Peace does not mean just an end to the war, and no country can be successful in its national programs without the participation of women; therefore women must have a role in the social and political peace process.

La paix ne veut pas juste dire la fin de la guerre, et aucun pays ne peut réussir dans ses programmes nationaux sans la participation des femmes ; c'est pourquoi les femmes doivent avoir un rôle dans le processus social et de paix politique.

Ce que les couches m’ont appris sur l’Europe

vendredi 15 mars 2019 à 13:22

Image de bébé par Clker-Free-Vector-Images sur Pixabay. Image du drapeau de l'UE: domaine public. Images remixées par Georgia Popplewell (CC BY 3.0).

Lorsque je suis arrivée en Allemagne en tant qu’étudiante il y a deux ans, j'ai été surprise de voir des mères utiliser des couches lavables, comme le faisaient les gens il y a des dizaines d’années dans mon pays d’origine, le Turkménistan. Même si le Turkménistan traverse actuellement une crise économique, les parents aspirent à utiliser des couches jetables importées et délaissent une tradition de couches en tissu vieille de plusieurs siècles, qui est à présent perçue comme dépassée. Pourquoi les habitants d’Europe de l'Ouest, qui sont financièrement plus aisés que le Turkmène moyen, choisissaient-ils du tissu, de surcroît alors qu'ils avaient à leur disposition pléthore de marques de couches jetables modernes ?

De la même façon, j’ai trouvé la jeunesse d’Europe de l’Ouest bizarre et excentrique. Les jeunes semblaient éprouver un ennui rampant envers les marques célèbres, utilisaient des fourre-tout en coton plutôt que des sacs griffés et arboraient fièrement des vêtements d'occasion qui les faisaient paraître tout sauf nantis. En ma qualité d’étudiante étrangère turkmène, je n’ai pas pu m’empêcher de me demander si, quelque part, une forme de pauvreté idéalisée n’était pas un mode de vie normal dans la riche Europe de l’Ouest, une partie du monde où de nombreux Turkmènes rêvent de vivre.

Échangeant autour d’un repas au réfectoire, alors que je grignotais mon schnitzel, j’ai également appris que nombre de mes camarades de classe et de mes professeurs allemands suivaient un régime dit « de pleine conscience », ce qui implique d’éviter certains types d’aliments afin de réduire son impact environnemental sur la planète. Je n’ai pas pu m’empêcher de me demander si moi, ainsi que tous les Turkmènes en fait, qui mange principalement de la viande, n’étais pas « pleinement consciente » ?

Je ne me suis pas sentie à mon aise en Allemagne dans un premier temps car je ne comprenais pas la culture allemande et que j’avais du mal à m’y intégrer. Afin de me sentir moins isolée et de me fondre dans ma nouvelle communauté, je me suis mise à apprendre en autodidacte quelles étaient les façons d'être et de faire en Europe de l’Ouest. J’ai découvert un monde en évolution entièrement « nouveau » qui était largement méconnu en dehors du Turkménistan. J’ai pris connaissance du changement climatique, des objectifs de développement durable, de l’économie circulaire [fr], de l’écologie, du minimalisme et du mode de vie écologique. Avoir accès de manière illimitée à Internet et à l’information a éveillé ma conscience critique, et j’ai commencé à repenser des visions binaires telles que « développé » et « attardé » et à analyser à nouveau la politique à la fois en Turkménistan et en Occident.

J’ai pris conscience qu’alors que de nombreux citoyens allemands aisés et dotés d’une meilleure éducation avaient adopté un mode de pensée « postmatérialiste » et concentraient maintenant leurs efforts sur la qualité de vie et un mode de vie respectueux de l’environnement, nous au Turkménistan devenions de plus en plus matérialistes. Faute d’une éducation de qualité et d’un accès facile à Internet, se soucier de l’environnement est un objectif qui n’est ni réaliste ni atteignable pour bon nombre de Turkmènes.

L’accès à l’information est également nécessaire pour assurer la transparence de la vie publique. Ce n’est donc pas étonnant de voir en Allemagne et dans les autres pays d’Europe de l’Ouest des adolescents sécher les cours et descendre dans la rue pour exiger que les adultes leur garantissent un futur libre de toute catastrophe climatique. Dans le même temps, de nombreux Turkmènes ignorent totalement que l’Asie centrale subit aussi les effets du changement climatique qui, en réduisant l’accès à l’eau douce, pourrait entraîner des conflits frontaliers.

La divulgation d’informations sur l’environnement de la part des gouvernements, l’éducation au climat dans les écoles et l’accès à l’information sont la pierre angulaire pour que soient préservés le droit des personnes au savoir et la capacité du public à participer ou à mener la lutte pour la protection de l’environnement. Il faut aussi, pour se préoccuper de l’environnement, avoir l’assurance que l’information soit mise à la portée de tous les citoyens, ce qui n’est pas le cas au Turkménistan.

Ayant eu la chance de vivre en Allemagne et d’être confrontée à de nouvelles idées, j’en suis arrivée à comprendre que l’utilisation de couches lavables n’était pas dépassée et que le fait de porter des vêtements d’occasion n’était pas un signe de pauvreté mais de conscience environnementale. J’ai bien peur que beaucoup de mes compatriotes turkmènes ne mettent bien plus de temps à en venir à ce constat. Certains pourraient même ne jamais apprendre à apprécier notre ancien mode de vie frugal (le fait de raccommoder ses vêtements, de passer ceux devenus trop petits à ses frères et sœurs) comme étant progressiste et respectueux de l’environnement. Je crains également qu’en raison d’un accès limité à l’information et à un manque d’initiatives destinées à éveiller les consciences, nous ne continuions de sous-estimer nos traditions respectueuses de l’environnement et un mode de vie auquel de nombreux Occidentaux aspirent.

D’un autre côté, je ne pense pas que les habitants d’Europe de l’Ouest aient suffisamment conscience du fait que mener un mode de vie respectueux de l’environnement et parvenir à atteindre les objectifs de développement durable est une marque de privilège. Mes congénères allemands n’ont sans doute jamais fait la queue des heures durant pour du pain, du sucre et de l’huile. Lorsque l’on n’a pas à se soucier de pourvoir à ses besoins essentiels tels que manger, avoir accès à une éducation et à une information de qualité, et que l’on vit dans un pays démocratique, il est plus facile de donner la priorité aux questions environnementales.