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Des recrues d'E.I. attisent les haines religieuses à Bahreïn en appelant aux armes sur YouTube

jeudi 9 octobre 2014 à 13:10
Trois des quatre militants bahreïnis de l'ISIS qui ont invité les bahreïnis à prendre les armes. Capture d'écran tirée de la vidéo de YouTube partagée sur les médias sociaux

Trois des quatre militants bahreïnis de l'EI qui ont invité les Bahreïnis à prendre les armes. Capture d'écran tirée de la vidéo YouTube partagée sur les médias sociaux

Quatre Bahreïnis qui ont rejoint le groupe extrémiste E.I. ont invité d'autres Bahreïnis à prendre les armes et rejoindre la lutte contre leurs dirigeants “tyrans”, la famille  royale sunnite Khalifa et la majorité de la population chiite du pays, dans une vidéo YouTube qui est apparue sur les médias sociaux et récemment devenu virale.

L'organisation E.I. dérivée d'Al-Qaïda a réussi à contrôler un tiers de la Syrie et un quart de l'Irak, semant la destruction et l'horreur sur son passage. Elle a attiré des milliers de jeunes du monde entier, qui ont été endoctrinés par son idéologie extrémiste, que même la célèbre Al-Qaïda a trouvé “brutale”.

Un de ceux qui sont apparus dans la vidéo menaçant le régime bahreïni est le lieutenant Mohamed Issa Al-Binali, dont la défection des Forces de défense de Bahreïn a été signalée [fr] sur Global Voices plus tôt cette année. A ses côtés apparaissent trois autres Bahreïnis, connus sous les pseudonmymes Abu-Laden Al-Bahreïn, Abu-Al-Salami Alfida et Qaswara Albahraini.

Mohamed (Abu-Isa) diplômé de l'Académie de police en 2013, était censé être gardien dans les prisons tristement célèbres de Bahreïn, qui pratiquent la torture [fr] systématiquement depuis 2011. Le Ministère de l'intérieur de Bahreïn a publié une déclaration disant qu'il a été licencié de son poste en raison de son absence au début du mois. Selon des articles de presse en langue arabe, il avait rejoint les rangs de L'E.I. depuis plus de quatre mois.

Mohamed vient d'une famille célèbre à Bahreïn, le clan Binali, qui est étroitement lié au régime  Al Khalifa au pouvoir. Son cousin, Turki Al-Binali, alias Abu Sufyan Al-Salami-(Al-Salami se réfère à la tribu de Sulaim en Arabie), est un prédicateur de haut rang dans E.I.. Avant d'occuper ce poste en vue dans l'organisation terroriste, il a été arrêté et relâché à plusieurs reprises à Bahreïn.

Dans la vidéo qui suit, vous pouvez le voir à la tête d'une manifestation devant l'ambassade américaine à Bahreïn ; manifestation n'a pas été réprimée par les autorités alors que les manifestations de l'opposition le sont généralement. On peut également trouver encore ses livres dans les bibliothèques et librairies à Bahreïn, un pays qui interdit des centaines de sites qui s'opposent au gouvernement.

L'association de Binali avec ISIS est de longue date. En mai, Turki avait publié des informations concernant un autre de ses cousins ​mort en combattant au sein de l'E.I..

La mort d'un combattant bahreïni appartenant à l'organisation E.I. provenant de la famille Al-Binali de Busaiteen a été confirmée. Son nom est Ali Yousif

La vidéo devenue virale portait sur quatre points principaux:

Beaucoup de personnes estiment que le gouvernement de Bahreïn a fermé les yeux sur la montée du nombre de sympathisants de l'E.I. dans le pays. Le militant pour les droits humains Nabeel Rajab ne mâche pas ses mots. Son message est clair :

de nombreux hommes de Bahreïn qui ont rejoint le terrorisme et l'EI proviennent des services de sécurité et ces  institutions ont été leur premier incubateur idéologique

La population de Bahreïn est composée d'une majorité de chiites qui se plaignent d'exclusion, depuis des décennies, sous la famille royale sunnite au pouvoir. En réaction à un soulèvement populaire en février 2011, “le régime de Bahreïn a répondu non seulement avec violence, mais aussi en encourageant un sectarisme agressif afin de diviser le mouvement populaire et renforcer le soutien national et régional à la répression”, a écrit Mark Lynch sur le magazine Foreign Policy.

Alors que Bahreïn a rejoint la coalition dans ses raids aériens contre l'E.I. en Irak et en Syrie, l'environnement discriminatoire à l'intérieur est pire que jamais. Comme M. Rajab l'explique:

Les lois anti-terrorisme à Bahreïn et dans le Golfe n'ont pas été utilisées contre les terroristes ou E.I. mais contre les défenseurs des droits humains et les prisonniers d'opinion

Maintenant que cette vidéo a été rendue publique avec son message clair et fort pour des oreilles réceptives dans certains milieux à Bahreïn, reste à voir comment le régime traitera cette nouvelle escalade du terrorisme réel avec des personnes issues de ses rangs.

La menace que constitue E.I. pour Bahreïn coïncide avec des messages similaires aux pays voisins, qui ont eux aussi fermé les yeux sur les activités de ce groupe, lui permettant de suppurer et de grossir ses rangs sur leur propre sol. Le blogueur mauritanien Nasser Weddady a tweeté :

La tête de l'E.I. a donné le “Feu vert pour déplacer la guerre vers les capitales de l'Arabie saoudite, des Emirats Arabes Unis, du Qatar, de la Jordanie et de Bahreïn”

Global Voices a choisi de ne pas publier la vidéo en question afin de ne pas propager davantage la propagande de l'E.I. et son discours haineux.

 

Premier cas d'infection en Europe : une aide-soignante espagnole contaminée par Ebola

jeudi 9 octobre 2014 à 12:42
Llegada del primer misionero repatriado con ébola a Madrid, el de julio de 2014. Foto del blog Paciente Cero, con licencia CC-BY-SA 4.0

Arrivée à Madrid du premier missionnaire infecté par Ebola, en juillet 2014. Photo tirée du blog Paciente Cero, publiée sous licence CC-BY-SA 4.0

[Tous les liens de cet article renvoient vers des pages web en espagnol.]

Le 6 octobre, le premier cas de contamination par Ebola hors d’Afrique a été confirmé. Il s’agit d'une aide-soignante espagnole, employée de l’hôpital Carlos III de Madrid, qui avait soigné Manuel García Viejo, un missionnaire espagnol rapatrié en septembre après avoir été infecté en Sierra Leone, où il travaillait depuis 12 ans comme directeur de l’hôpital San Juan de Dios. Celui-ci est décédé quelques jours après son arrivée en Espagne.

Selon les informations disponibles, l'aide-soignante a été deux fois en contact avec le patient. Après la mort du malade, elle a pris des vacances et s'est même présentée à un concours. Le 30 septembre, souffrant de fièvre, elle se rend à un centre de santé, mais aucune attention particulière n'est accordée à son état. Durant six jours, elle a insisté pour que des examens soient faits, notamment en se rendant aux urgences où elle a été en contact avec plusieurs patients.

Les autorités sanitaires dressent actuellement une liste des personnes qui pourraient avoir été en contact avec la contaminée et à l'hôpital Carlos III plusieurs patients sont en isolement : le mari de l’aide-soignante, qui pour le moment ne semble pas infecté, un patient espagnol en provenance du Nigeria et une infirmière qui a également soigné le missionnaire et présentait des symptômes laissant imaginer une deuxième contamination, bien que les tests soient négatifs.

La décision de rapatrier les missionnaires a été polémique dès le début. Les experts ont accusé le gouvernement de prendre une décision politique et non sanitaire, déconseillant de prendre le risque d'introduire des malades d'Ebola en Espagne et en Europe, où la population est plus fragile face à ces maladies. De plus, les associations et les syndicats du personnel soignant ont dénoncé le manque de préparation et de moyens du système sanitaire espagnol, qui se démantèle peu à peu à cause des coupes budgétaires systématiques. Le président du syndicat des médecins (AMYTS), Daniel Bernabéu, critiquait, en août déjà, l'improvisation face à l'arrivée imminente du premier infecté par le virus Ebola :

Se está improvisando [y eso] entraña muchos riesgos. Hay una queja generalizada (…) y es la escasa preparación (…) en el manejo de los equipos de aislamiento específicos. (…) Se está llevando a cabo un acondicionamiento acelerado, urgente y a toda prisa de las instalaciones de aislamiento.

C’est de l’improvisation [et cela] entraîne beaucoup de risques. Il y a une plainte générale (…) quant au manque de préparation (…) dans l’utilisation de l'équipement spécialisé pour la mise en quarantaine. (…) On procède à un conditionnement expéditif, urgent et précipité des installations d’isolement.

Personal sanitario protesta ante un hospital de Madrid tras conocerse el caso de contagio. Captura de pantalla de un vídeo de eldiario.es, con licencia CC-BY-SA 3.0

Le personnel sanitaire manifestant devant un hôpital de Madrid après avoir pris connaissance du cas de contamination. Capture d’écran d’une vidéo de eldiario.es, publiée sous licence CC-BY-SA 3.0

Le personnel de l’hôpital Carlos III a dénoncé de graves irrégularités dans la gestion du transfert, de l’admission et de l’hospitalisation du malade, comme l'a exprimé un infirmier dans une lettre révélatrice envoyée au site web de l'association madrilène des infirmiers (AME) :

El servicio de Medicina Preventiva del hospital imparte dos charlas informativas (45 minutos) de como son los equipos de protección personal necesarios. En aquellas charlas y por la inexperiencia del mismo personal que las impartía, los trajes se rasgaban, sustituían las calzas por bolsas de plástico, no existían escafandras completas y venían a decir poco más o menos que había que hacer un apaño para cubrirse la cara con cinta de carrocero.

(…) personal [que] no está bien formado por que no se ha dado formación específica y no se le ha informado de los protocolos a seguir, ni cuál es su función cuando acudan a allí, se le obliga a desplazarse con coacciones y amenazas de perder su puesto de trabajo o abrírsele un expediente disciplinario si se niega a ser enviado al Carlos III. (…)

Son las mismas enfermeras/os los que una vez allí en el Carlos III se informan de unos a otros como es el proceder y como hay ponerse las medidas de protección.  (…) esto ocurre allí minutos antes de entrar en la sala del paciente. 

Le service de médecine préventive de l’hôpital donne deux présentations d’information (45 minutes) expliquant comment sont les équipements de protection personnelle nécessaires. Lors de ces présentations, à cause du manque d'expérience du personnel qui en était responsable, les tenues se déchiraient, ils utilisaient des sacs en plastique au lieu des chaussons, il n’y avait pas de scaphandre complet et ils en venaient presque à dire qu’il fallait se débrouiller pour se couvrir le visage avec du scotch de carrossier.

(…) personnel [qui] n’est pas bien formé car il n’a pas reçu de formation spécifique, d'informations concernant les protocoles à suivre et ne sait pas quel est son rôle une fois là-bas, est obligé de se déplacer sous pressions et menaces de licenciement ou de l’ouverture d’une procédure disciplinaire s’il refuse d’être envoyé à l’hôpital Carlos III. (…)

Ce sont les infirmiers et les infirmières eux-mêmes qui, une fois à l’hôpital en question, s’informent entre eux de la manière de procéder et de la façon d’utiliser les mesures de protection. (…) cela se passe quelques minutes à peine avant d’entrer dans la chambre du patient.

Le médecin Juan Antonio Palacios Castaño a écrit sur Zona Crítica :

Los costes de la parafernalia puesta en marcha superan con mucho el de medios que podrían instalarse sobre el terreno, posibilitando el cuidado de un número considerable de pacientes infectados y el acceso preventivo y protector de otros, con resultados costoefectivos. Todo ello, sin necesidad de exponer a la población en nuestro país y Europa en general a un riesgo innecesario (…)

En EEUU existen 10 hospitales con nivel 4 de aislamiento y aquí solo disponemos del Hospital Carlos III (ahora adscrito a La Paz) con un nivel 2 y elementos de nivel 3 para manejo de muestras.

Les coûts de l'attirail dépassent largement celui des moyens qui pourraient être déployés sur le terrain pour rendre possibles les soins d’un nombre considérable de patients infectés et l’admission préventive et protectrice d’autres personnes, avec des résultats intéressants du point de vue coût-efficacité. Tout cela, sans devoir exposer la population de notre pays et d’Europe en général à un risque non nécessaire. (…)

Aux États-Unis, il existe 10 hôpitaux de classe 4 d’isolement. Ici, nous disposons uniquement de l’hôpital Carlos III (aujourd’hui affecté à La Paz) de classe 2 et certains éléments de classe 3 pour le maniement d’échantillons.

Le journal en ligne Estrella Digital publie les commentaires d’un médecin militaire expert en défense nucléaire, biologique et chimique :

Cuando hay un caso, no hay que moverlo. Nos hemos traído a España el Caso 0. Ya tenemos el Caso 1 y está, de momento, sin control. (…) El resto, es ponerse a rezar. Si se disemina estamos ante una pandemia. (…) Traer a dos enfermos, además en la fase de máxima posibilidad de contagio, enfermos que no se pueden curar además, es jugar a la ruleta rusa.

Lorsqu’il y a un cas, il ne faut pas le transporter. Nous avons amené en Espagne le cas 0. Nous avons déjà le cas 1, qui est, pour le moment, non contrôlé. (…) Pour le reste, il va falloir prier. Si le virus se propage, nous ferons face à une pandémie. (…) Amener deux malades, qui plus est lors de la phase de possibilité maximale de contagion, des malades qui ne peuvent pas être soignés, c’est jouer à la roulette russe.

Ana Mato, ministra de Sanidad. Foto de la revista de humor Rokambol news, con licencia CC-BY-NC 2.5

Ana Mato, ministre de la Santé. Photo de la revue humoristique Rokambol News, publiée sous licence CC-BY-NC 2.5

La ministre espagnole de la Santé, Ana Mato, déjà largement critiquée pour être restée en vacances à la plage alors que se mettait en place le protocole pour rapatrier le premier missionnaire, a annoncé, lors d’une conférence de presse, la contamination de l’aide-soignante. Les médias lui reprochent de « ne pas avoir su répondre » et de « n'avoir fait rien d’autre qu’inquiéter encore plus l’opinion publique ». Sur Twitter, le mot-clic #AnaMatoDimisión s’est très rapidement classé parmi les plus discutés :

L’irresponsabilité et l’incapacité de ceux qui détruisent le système sanitaire mettent en danger toute la population.

Attention ! Ce sont les mêmes incapables qui gèrent ce nouveau cas d’Ebola. Ça sent la catastrophe.

…en plus de nous ramener au Moyen-Âge, ce gouvernement se charge de nous amener la nouvelle peste…

Des Chinois du continent soucieux d'un avenir démocratique bravent l'arrestation en soutenant la “révolution des parapluies” de Hong Kong

mercredi 8 octobre 2014 à 23:09
Netizens from mainland China show their support to Hong Kong democratic protests by spreading photo with supportive message in social media. Photo from Facebook page, Mainland Supporters.

Des internautes de Chine continentale affichent leur soutien aux manifestations démocratiques de Hong Kong en publiant leurs photos avec des messages de solidarité sur les médias sociaux. Photo de la page Facebook “Soutiens du Continent.”

Les activistes chinois du continent contournent la censure et risquent l'arrestation pour déclarer publiquement leur soutien aux manifestants pro-démocratie de Hong Kong. 

Au moins 34 personnes ont été arrêtées au 6 octobre, dont sept sont des artistes du centre d'art Songzhuang de Pékin. Les arrestations ont démarré après que des lycéens de Hong Kong ont commencé le 22 septembre un boycott des cours pour exiger des élections authentiquement démocratiques.

Les manifestants pacifiques campent depuis plus d'une semaine en un sit-in géant dans le district financier de Hong Kong, réclamant de la Chine qu'elle renonce à son exigence que les candidats à la prochaine élection du chef de l'exécutif hongkongais soient sélectionnés par un comité de nomination majoritairement dévoué à Pékin. Pour empêcher l'information sur le mouvement pro-démocratie, appelé Occupy Central, de se propager à la Chine continentale, les principales plate-formes de médias sociaux, WeChat (publique) et Sina Weibo, sont lourdement censurées.

Wang Peng a alerté ses amis sur Twitter sur l'arrestation du poète Wang Zhang, en tweetant une photo de ce dernier posant devant le drapeau national de Taïwan et marquant son soutien à la “révolution des parapluies” de Hong Kong :

Votre attention ! Le poète Wang Zhang a été arrêté par les autorités vers 23h le 1er octobre à cause de son activisme et de son récent soutien à Hong Kong. Six ou sept policiers et gardes de la sécurité nationale ont perquisitionné son appartement à 7h le 2 octobre. Il était injoignable depuis plus de 24 heures.

Taïwan est un abcès de fixation pour le Parti Communiste Chinois du continent, qui refuse l'indépendance de l'île démocratique. Même si Hong Kong jouit d'un certain degré d'autonomie, à la différence de Taïiwan c'est une région administrative spéciale de la Chine. Les autorités du continent affirment que le principe “un pays, deux systèmes” adopté pour Hong Kong sera le modèle pour la future réunification de Taïwan avec la Chine. L'échec à mettre en oeuvre un système vraiment démocratique à Hong Kong est un avertissement pour les Taïwanais contre un rapprochement plus étroit avec la Chine.

Pourquoi les Chinois du continent prennent-ils le risque de montrer leur soutien à la lutte démocratique de Hong Kong ? Les administrateurs de “Soutien trans-frontière”, une page Facebook dédiée à la diffusion de l'information sur Occupy Central en Chine continentale et qui transmet les messages de solidarité de Chine à Hong Kong, expliquait :

有人問我,不論如何你都是內地人,你搞這個你不害怕嗎。
我沒有回答,說實話,我害怕,剛剛還夢見還在牆內的父母被抓走。。我怕得要命。。
但是,那又如何?
這不妨碍我會與香港一起堅持,這不妨碍來自天性的正義和來自本能的良知賜給我勇氣。[...]
那貼牆內在大街小巷宣傳和諧社會的文字,在高壓電與防火牆外面的另外一個世界,香港同胞正用無畏的靜默唱得熱鬧,民主和正義,歌聲嘹亮。

On m'a demandé, en tant que Chinois du continent, si j'ai peur. Je n'ai pas répondu ; pour être franc, je suis terrifié. A l'instant j'ai rêvé de mes parents arrêtés derrière le mur [càd en Chine]. Je suis pétrifié. Mais, qu'est-ce que ça peut faire ?
Ce genre de sentiment ne m'empêchera pas d'être avec Hong Kong. Il n'éliminera pas le courage de chercher la justice et d'agir avec ma conscience née avec moi. [...]
D'un côté du mur la propagande sur une société harmonieuse envahit tous les coins de rue, et de l'autre côté du mur et de la clôture électrifiée il y a un autre monde, où les gens de Hong Kong chantent à haute voix pour la démocratie et la justice.

Dans une conversation avec des citoyens de Hong Kong, un des administrateurs de la page a souligné la signification du développement démocratique de Hong Kong pour la Chine :

這不僅僅是香港學生的事了,甚至不僅僅是香港人的事了,而是全國性的,世界性的。這是一場為著民主和自由的革命。[...] 而且不僅僅是我們在香港的內地人,還有在內地的,那些在防火墻裏面信息閉塞的人們,他們也正在使用各種智慧和方法突破重圍,發掘信息,他們無比關切那道窄窄的海矮矮的山對面發生了什麽。他們更加願意,甚至已經,用各種方式在高壓的體制內做著無聲卻持久的抵抗。

Ceci n'est pas seulement une inquiétude des étudiants à Hong Kong. Pas seulement une inquiétude des Hongkongais. C'est un problème de dimension nationale et mondiale. C'est une révolution pour la démocratie et la liberté. [...] Il n'y a pas que nous du continent qui sommes à Hong Kong, ceux qui sont en Chine continentale, où l'information est bloquée par la Grande muraille de feu (Great Firewall), tentent eux aussi diverses stratégies pour trouver une issue, déterrer l'information. Ils se soucient de ce qui se passe au-delà du mince détroit et des petites collines. Ils sont prêts à user, s'ils ne l'ont déjà fait, de stratégies variées pour résister au système répressif, avec calme et persévérance.

Les Chinois continentaux qui sont sur Twitter ont également déclaré leur soutien au mouvement pro-démocratie de Hong Kong. Isaac Mao, un célèbre blogueur de technologies de Chine continentale, a expliqué à un ami pourquoi Hong Kong a besoin de démocratie :

@Andrew_920626 Hong Kong est proche de l'atelier du monde. Si nous pouvons garder efficaces sa liberté économique et son système juridique, Hong Kong peut être un pôle local et un exemple pour les autres villes de Chine continentale. Un processus démocratique est nécessaire pour résoudre les problèmes dans cette société, notamment la disparité entre riches et pauvres dans cette ville. Les jeunes auront alors plus d'opportunités pour entreprendre. Il n'auront pas à se démener à suivre les vieux chemins de cette société. Ils auront plus d'énergie.

@guinaigu souhaite que Hong Kong soit un modèle à suivre pour la démocratie en Chine :

Je suis de Guangdong. J'espère qu'#OccupyCentral aura des réactions positives. Je soutiens le mouvement contestataire des étudiants. Si les protestataires de Hong Kong obtiennent la victoire, nous aurons la démocratie  partout en Chine continentale.

L'idée de Hong Kong modèle pour le futur développement démocratique de la Chine est un très lourd fardeau pour le mouvement pro-démocratie de Hong Kong, a expliqué un des administrateurs de la page Facebook “Soutien trans-frontière”, qui ressent la pression :

在我來說,這一場運動不只影響香港,還有機會影響內地將來的民主發展。香港現階段的言論、新聞及集會相對自由,而且民主步伐亦比內地快一點點。一旦香港真的跟從人大的落閘決定,推行經過不合理篩選的普選,將來人大可能會以香港作模範,把假普選推行到內地各省市。

Pour moi, ce mouvement de protestation n'influe pas que sur Hong Kong, il a aussi l'opportunité d'influer sur le développement démocratique de la Chine continentale. Les HongKongais ont toujours encore les libertés de parole, de presse et de réunion, et leur cadence vers la démocratie est plus rapide que celle des continentaux. Si Hong Kong suit la décision de l'Assemblée Nationale Populaire et adopte le système électoral inéquitable, c'est l'Assemblée Nationale Populaire qui pourra utiliser Hong Kong comme modèle pour mettre en place ce système électoral inéquitable dans chaque ville de Chine continentale.

Brésil : La candidate “alternative”, Marina Silva, ne sera pas au 2ème tour

mercredi 8 octobre 2014 à 22:12
Woman votes at the electronic booth on Sunday, 5th of October. More than 100 million Brazilians took to the polls today. Image by Taisa Sganzerla.

Une électrice  en train de voter à l'urne électronique, dimanche 5 octobre. Plus de cent millions de Brésiliens se sont présentés dans les bureaux de vote. Photo de Taisa Sganzerla.

La course brésilienne à la présidence, l'une des plus disputées depuis 1989, s'approche de son dénouement et la titulaire du poste, Dilma Rousseff, du Parti des Travailleurs, trouvera sur sa route au deuxième tour Aécio Neves, du Parti Social-Démocrate. Les deux candidats s'y présentent avec respectivement, 42 % et 34 % des votes.

Marina Silva, du Parti Socialiste Brésilien, invitée de dernière minute dans la campagne, avait réussi à se maintenir dans le peloton de tête des intentions de votes pendant plusieurs mois. Elle a finalement terminé à 21 %, ce qui la place d'office hors de la course. Les Brésiliens ont aussi choisi les gouverneurs des 27 Etats, un tiers des 81 sénateurs, ainsi que 513 députés de la chambre basse du Congrès, la chambre des députés.  

Candidat à la présidence pour la première fois de sa carrière, l'actuel gouverneur du deuxième Etat le plus peuplé du Brésil, le Minas Gerais, Aécio Neves a gagné des voix dans un secteur significatif de la société brésilienne, celui des déçus du gouvernement travailliste, au pouvoir depuis 2003. Historiquement, le Parti Socialiste Brésilien représente des groupes conservateurs issus des classes moyennes et supérieures, contrairement au Parti des Travailleurs, qui plonge ses racines dans les classes laborieuses. Mais récemment, Dilma Rousseff a été violemment critiquée par des secteurs plus progressistes de l'électorat, qui pensent que ses idéaux ont été “compromis” par les nombreuses alliances qu'elle a dû faire avec les conservateurs depuis 11 ans. 

People line up to justify their absence from the ballots. Unlike most democracies, voting in Brazil is mandatory, so whoever is not able to vote has to justify. Image by Taisa Sganzerla.

Les électeurs n'ayant pas voté font la queue pour justifier leur absence. Contrairement à la plupart des démocraties, au Brésil le vote est obligatoire, ceux qui n'ont pas pu voter doivent en justifier la raison.  Photo de Taisa Sganzerla.

Marina Silva s'est présentée comme une “alternative” à la vieille rivalité qui oppose les deux principaux partis et a su se maintenir à la deuxième place dans les sondages depuis qu'elle s'était imposée, de façon tout à fait  inattendue, comme la candidate du Parti Socialiste Brésilien (suite au décès accidentel de son candidat officiel, Eduardo Campos, dans un accident d'avion en août 2013), atteignant les 34 % des intentions de vote (contre les 35 % de Rousseff) dans un sondage Datafolha en août dernier. Célèbre écologiste, Marina Silva a commencé sa carrière politique aux côtés du leader activiste Chico Mendes, combattant l'exploitation de la région amazonienne, elle a ensuite occupé le fauteuil de ministre de l'écologie du parti de Dilma Rousseff de 2003 à 2008. 

Sa chute dans les sondages est attribuée, entre autres, à son incapacité à gérer toutes les contradictions de sa campagne. Son vice-président, le député Beto Albuquerque, entretenait, par exemple, des liens historiques avec l'agribusiness, ayant pris une part active, en 2004, à l'approbation d'une loi autorisant la plantation de soja génétiquement modifié au Brésil. Cela avait désappointé de nombreux écologistes soutenant Marina Silva. Parmi eux, le Syndicat des travailleurs ruraux de Xapuri, fondé par Chico Mendes, dans l'Etat de l'Acre, a fait paraître une note le 28 août, critiquant ses propositions environnementales. En voici un exemple :

Os trabalhadores rurais da base territorial do Sindicato de Xapuri (Acre) não concordam com a atual política ambiental em curso no Brasil idealizada pela candidata Marina Silva enquanto ministra do Meio Ambiente, refém de um modelo santuarista e de grandes ONGs internacionais. Essa política prejudica a manutenção da cultura tradicional de manejo da floresta e a subsistência e favorece empresários que, devido ao alto grau de burocratização, conseguem legalmente devastar, enquanto os habitantes das florestas cometem crimes ambientais.

Les travailleurs ruraux de Xapuri (Acre) ne sont pas d'accord avec la politique environnementale actuellement en cours au Brésil, idéalisée par la candidate à la présidence Marina Silva lorsqu'elle était ministre de l'écologie, otage d'un modèle préservationniste et des grandes ONG internationales. Cette politique porte atteinte au maintien de la culture traditionnelle d'entretien de la forêt et à la subsistance et elle favorise les chefs d'entreprises qui, profitant d'une bureaucratisation toujours plus importante, parviennent à dévaster légalement les lieux tandis que les habitants de la forêt commettent des crimes écologiques.

De même, après avoir publié sur son site officiel des déclarations d'intentions progressistes, défendant par exemple l'égalité devant le mariage, attirant ainsi un certain nombre d'avocats des droits LGBT, Marina Silva a vite fait machine arrière sous la pression des leaders religieux. Car elle est aussi évangéliste et une partie significative de son électorat est liée à des groupes évangéliques. Sa nouvelle position sur le sujet a poussé l'acteur américain Mark Ruffalo, un activiste connu des droits LGBT, à lui retirer son soutien dans un billet qui s'est très vite propagé aux quatre coins de la toile  il y a quelques semaines. Marina Silva a aussi été lourdement attaquée par la gauche, qui voyait en elle une “conservatrice maquillée en progressiste”. Comme la fameuse blogueuse de gauche Cynara Menezes le faisait remarquer début septembre :

Obviamente, como pessoa de esquerda, me preocupa uma possível guinada neoliberal no governo com sua chegada ao poder assessorada por economistas que seguem esta cartilha. Existe, porém, uma razão mais forte que me impede de votar nela. O projeto de Brasil de Marina não é o meu, mas não voto nela principalmente porque não sinto confiança de que governará, sendo evangélica da Assembleia de Deus, a partir da concepção de um estado laico, como promete.

“En tant que personne de gauche, le probable virage néolibéral pris par le gouvernement à son arrivée au pouvoir, soutenue par des économistes qui suivent cette philosophie, me préoccupe un peu. J'ai, en dehors de ça, une raison encore meilleure de ne pas lui donner ma voix. Le projet du Brésil de Marina n'est pas le mien, mais principalement, je ne vote pas pour elle parce que je n'ai aucune confiance en sa faculté à gouverner, en tant qu'évangélique de l’Assemblée de Dieu, ayant pour base la conception d'un Etat laïque, comme elle le promet.

Av. Paulista, Sao Paulo's main avenue, on a unusual, busy Sunday -- typical of elections day.

Av. Paulista, l'avenue principale de Sao Paulo, par un dimanche inhabituellement agité, — typique d'un jour d'élections. Photo de Taisa Sganzerla.

Luciana Genro et Eduardo Jorge, respectivement issus du parti Socialisme et Liberté et du parti des Verts, ont été les seuls à soutenir ouvertement l'égalité devant le mariage ainsi que d'autres propositions progressistes (légalisation de la marijuana entre autres). Luciana Genro a remporté 1.47 %  des votes et Eduardo Jorge 0,62. 

De même pour Jean Willys, le premier membre du congrès ouvertement gay friendly et avocat des droits LGBT au Brésil, réélu pour un second mandat à la chambre des députés. Utilisateur actif des médias sociaux, ses pages Facebook et Twitter annoncent 1 million d'abonnés, il a donc remercié par ce biais les 145.000 personnes qui avaient voté pour lui :

Ça a marché, mes amours !! Réélu! La nouvelle ère commence maintenant. Merci aux ami(e)s réel(le)s et virtuel(le)s

Mais le média social a aussi réagi avec colère aux résultats de la présidentielle tout comme à celui des députés ayant obtenus les meilleurs scores. À Rio, l'homophobe notoire, Jair Bolsonaro a été réélu avec le plus grand nombre de voix de tous les députés fédéraux. À Sao Paulo, le Colonel Telhada, un chef de police au passé violent, est arrivé en deuxième position de ce classement. Le journaliste indépendant Bruno Torturra a tweeté sarcastiquement:

Essayez de voir ces résultats du bon côté. Et, si vous y arrivez, s'il-vous-plaît, dites-moi lequel c'est ? 

Toujours à Sao Paulo, le candidat du Parti Social-Démocrate, Geraldo Alckimin, a été réélu au premier tour avec quasiment 60 % des voix, en dépit de la crise majeure dans le service de l'eau que la région rencontre actuellement (SABESP, la compagnie responsable du service de l'eau à Sao Paulo est dirigée par l'Etat. La journaliste Mariele Góes a publié un billet sur sa page Facebook, faisant référence à une déclaration de haine devenue fameuse qui avait suivi le résultat des élection de 2010 (NdT: le résultat de cette élection avait maintenu le PT au pouvoir, grâce aux votes des personnes originaires du Nordeste, plus pauvre, et qui avaient à l'occasion été accusées de ne pas savoir voter pour cause d'analphabétisme chronique.) 

Eu espero sinceramente que todo paulista que está falando que nordestino não sabe votar tome banho com suas próprias lágrimas quando a água da Cantareira acabar dia 27.

J'espère sincèrement que tout paulista (habitant de Sao Paulo) qui soutient que les gens du Nordeste ne savent pas voter, prenne une douche avec ses propres larmes le jour où l'eau du Cantareira s'arrêtera (NdT: le réservoir fournisseur d'une grande partie de l'agglomération, actuellement à 5 % de ses capacités. Ce jour-là est attendu le 27 octobre s'il ne pleut pas d'ici là.)  

À qui Marina Silva donnera-t-elle son soutien, entre Dilma Rousseff et Aécio Neves lors du second tour ? En 2010, après avoir perdu la course au premier tour, elle avait choisi de rester neutre. 

La Taxe Tobin sur les transactions financières remise à l'étude en France

mercredi 8 octobre 2014 à 16:33
James Tobin (1918-2002) , économiste - Domaine public

James Tobin (1918-2002) , économiste – Domaine public

« Les législateurs voteraient bien peu de lois, s'ils pouvaient embrasser d’un coup d’œil leurs lointaines conséquences ».

Cette citation de Gustave Lebon pourrait illustrer bien des cas mais trouve un écho particulier lorsqu’on en vient à évoquer la taxe sur la transaction financière TTF ou Taxe Tobin. Dans les tiroirs depuis des années, cette TTF qui consiste à taxer les mouvements financiers à hauteur de 0,1 % pour les actions et 0,01 % pour les obligations, n’a jamais dépassé le stade des discussions.

Loin de susciter une adhésion totale au niveau européen, cet impôt est pourtant de retour dans l’actualité sous l’égide d’un Pierre Moscovici bientôt en charge des affaires économiques de la future Commission Juncker. Et tant pis si cela encourage l’ancien ministre de l’Économie du gouvernement Hollande à changer d’avis à son sujet. Et tant pis si cette taxe est nocive pour notre économie.

La finance dans le viseur

L’être humain est fait de paradoxes et de contradictions. C’est du moins ce que devait se dire Pierre Moscovici lors de sa dernière sortie au sujet de la TTF. « J'ai été le premier avec Wolfgang Schäuble (l’actuel ministre des Finances en Allemagne), à signer une lettre pour que nous soyons capables de mettre en place cette coopération renforcée à onze. Le premier. Et j'ai toujours été dedans, j'ai toujours eu une vision ambitieuse de cela, je continuerai bien sûr », déclarait-il il y a quelques jours. Perte de mémoire ? Opportunisme ? Ce qui est sûr, c’est que ses propos suscitent également le doute chez les Français. L’ancien ministre de l’Économie n’a en effet pas toujours été en phase avec ce projet.

Qualifiée de « proposition excessive » mettant à mal l’économie française en 2013, pour ensuite être présentée comme « un objectif politique majeur »,  cette mesure vaut à Pierre Moscovici le plaisir de nous montrer sa veste sous toutes les coutures et ses capacités d’équilibriste. On ne peut lui en tenir rigueur, le futur commissaire européen aux Affaires économiques, en poste dès le 4 novembre, sera en charge de faire appliquer cette nouvelle mesure. Il n’en faudrait pas plus à quiconque pour se convaincre de son bien-fondé.

L’opportunité de promulguer une taxe sur les transactions financières a définitivement pris de l’épaisseur au moment de la crise financière de 2008-2009. Montré du doigt, le monde de la finance était considéré comme le principal responsable d’une telle débâcle économique. La TTF faisait alors figure de réponse toute trouvée pour « punir » le secteur financier, jonglant à la fois entre morale, répression et répercussions économiques. Une taxe qui correspondrait à « un instrument de lutte contre l’instabilité financière » comme le rappelait le blogueur Frédéric Lordon en 2008 :

j’ai pensé que ses vertus de récoltes fiscales étaient certes agréables mais secondaires, et que l’essentiel résidait dans l’effet de gêne apporté à la spéculation. 

Or, avec un secteur financier qui représentait en 2013 près de 3 % du PIB de la France, il semblerait donc que le bouc émissaire ait, en plus d’une mauvaise image publique, de sérieux arguments économiques. Selon Les Echos, la taxe Tobin rapporterait 700 millions d’euros à l’État en 2015. Le gouvernement voit ainsi dans cette TTF une source de financement bienvenue. Et pourtant.

Des effets positifs non garantis

11 pays européens se sont mis d’accord sur le principe d’une taxation sur les transactions financières. Un accord d’intention qui a pourtant du mal à s’harmoniser tant chaque nation y va de ses petites particularités, la France la première puisqu’elle discute chaque élément et exige même des particularités. Il faudrait donc s’attendre à voir apparaître une taxation aux multiples visages selon les désirs de chacun, histoire de ne pas trop s’éloigner du brouillard originel.

Ce consensus mou devrait mettre la puce à l’oreille des pro-TTF sur les dangers de l’application d’une telle mesure, pourtant les défenseurs de cette taxe continuent de vouloir naviguer sans aucune visibilité. Si l’Allemagne a commandé une étude pour connaître ce que lui rapportera la TTF, rien n’a été entrepris dans ce sens en France et Michel Sapin avoue même n’avoir fait aucune prévision. Sans parler d’avenir pour se faire une opinion, il suffit simplement de se tourner vers le passé et de regarder les conséquences qu’a eu l’instauration d’une taxe similaire en Suède dans les années 1980 : délocalisations massives avec au final plus de 60 % de l’activité financière envolée vers Londres et sa place financière exemptée de TTF, qui reste donc encore aujourd’hui plus attractive que jamais. On relève les mêmes effets désastreux au Japon ou en Suède. En début d’année, le blogueur NewSkandal n’hésitait d’ailleurs pas à mettre en avant les conséquences nocives qu’une telle taxe avait eu :

On observe que les recettes sont inférieures aux prévisions, que les volumes sont orientés à la baisse, et des stratégies de contournement/délocalisation sont mise en place, impactant l’économie dans les proportions similaires ou plus importantes que les recettes générées : avec en Suède, une baisse d’activité oscillant entre 50 et 98 % selon les produits.

Qualifiée de « folie », « aux répercussions désastreuses » par le Premier ministre britannique, la TTF est  à nos portes et est bien partie pour recommencer l’histoire. Un groupe de six grandes fédérations et associations professionnelles (Medef, la Fédération française des banques (FBF) ou encore la Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA)), a en effet prévu que la taxe Tobin allait engendrer des « délocalisations d'activités massives, qui menacent 30 000 emplois à brève échéance » et faire payer une facture de « plus de 70 milliards d’euros à la France ». Des déclarations ignorées en haut lieu, puisque la taxe sur les transactions financières devrait entrer en vigueur dès le 1er janvier 2016. À moins que d’ici là, Pierre Moscovici change encore d’avis.