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Bataille pour la bonne cause : les défenseurs de l'immigration défient le décret exécutif de Trump

dimanche 19 février 2017 à 19:54

Une manifestante lors d'une démonstration pour l'immigration à Washington DC en 2010. Photographie : Nevele Otseog (CC BY 2.0)

Ali Kermani, un iranien vivant au Danemark est entré aux États-Unis en janvier 2017 avec un visa touristique. Aujourd'hui, son père est atteint d'un cancer avancé et connaissant la procédure à suivre pour les citoyens iraniens, Ali s'y est pris bien à l'avance. Après plusieurs mois, il a reçu son visa. “Puis un décret me l'a refusé” raconte-t-il “car je n'étais plus autorisé à prendre mon vol.”

Le décret en question, bien entendu, est le décret anti-immigration signé le 27 janvier par le président américain Donald Trump, qui lance une vague d'inquiétudes, de peurs et d'indignation autant auprès des fonctionnaires et des immigrants que des activistes aux États-Unis. Désormais, un voyageur comme Ali, qui a étudié et travaillé aux USA pendant six ans et n'est pas retourné en Iran depuis plus de dix ans, sera examiné et ne pourra plus s'y rendre simplement à cause de sa nationalité. “Je ne peux me rendre en Iran à cause de mon opposition au gouvernement” rappelle Ali sur un ton ironique, “Maintenant il m'est aussi interdit d'aller aux États-Unis à cause du gouvernement iranien.”

Depuis la signature du décret, les avocats en droit de l'immigration se battent dans un contexte flou contre une loi sans fondement en essayant de se conseiller entre eux autant que leurs clients. Le résultat relève de l'exploit et est encourageant car il a un impact à différents niveaux par la portée et l'ampleur qui l'emporte.

Suite à ce décret, les avocats spécialistes en immigration se sont engagés à minimiser les conséquences de cette application et à faire le nécessaire pour que leurs clients puissent aller facilement et en toute sécurité aux États-Unis. Les remises en question se posent aussi sur le fait qu'il soit ou non légal et constitutionnel.

Il a entraîné des réactions allant de la panique et l'incrédulité à la colère et à l'indignation. Le décret exécutif a été ratifié sans annonce et avec encore moins d'orientation ni d'explications. En fait, les termes de sa mise en œuvre et à son application étaient extrêmement vagues.

Il n'est donc pas surprenant que les agences gouvernementales aient autant de difficultés à le mettre en place et déterminer à qui il s'applique. Lors des premiers jours de son application, de nombreuses plaintes ont surgit de résidents permanents à qui on refusait l'entrée. Ceux-ci ont obligé la Maison Blanche à s'exprimer pour confirmer que les détenteurs de la carte verte ne sont pas sujets à cette interdiction.

Ceci n'est qu'un des nombreux défauts de ce décret qui trouble non seulement les agences gouvernementales et les conseillers juridiques, mais démontre surtout les défaillances de l'administration pour élaborer et implémenter une politique.

Au cours des deux dernières semaines, les avocats se sont réunis sur des blogs, forums et par téléconférence pour mieux cerner la situation. Suite à l'annonce de USCIS (Services de la citoyenneté et de l'immigration américains), chaque jour apportait quelque chose de nouveau. De nouveaux défis et incertitudes apparaissaient, toutes les demandes étaient bloquées, dont les demandes d'asile des ressortissants des sept pays de l'interdiction, ou bien de hauts fonctionnaires du département d'État et du CBP démissionnaient.

Les avocats appelés dans les aéroports ont partagé les histoires de leurs clients détenus, interrogés ou renvoyés chez eux, tout comme ils ont fait des recommandations relatives aux conditions d'entrée, fourni des conseils sur ce qu'il faudrait ou ne pas faire.

Le choc initial du décret a été amplifié par une vague de résistance spontanée et solidaire aux aéroports du pays. Les décrets d'exclusion et d'isolation de Trump ont fourni une plate-forme de solidarité idéale pour les avocats, activistes et représentants communautaires.

L'esprit de solidarité et d'entraide qui en a découlé a beaucoup inspiré. “Le bon côté a été de me porter volontaire à l'aéroport de Logan” dit Joseph Molina Flynn, un avocat spécialisé en immigration basé à Boston. “Il n'y avait pas seulement d'autres avocats prêts à porter assistance, mais aussi certains collègues de mon barreau qui habituellement ne travaillent pas sur l'immigration s'y sont mêlés pour apporter de l'aide.” Flynn est un des nombreux avocats qui se sont rendus l'aéroport international de Boston Logan. Il avoue que “ces dernières semaines m'ont permis de voir en temps réel que la loi est un outil puissant et que les retombées positives dépendent de son usage.”

Boston jouerait un rôle important dans la lutte contre la légitimité de ce décret. Malgré le décret, dimanche 29 janvier, deux juges fédéraux de la ville ont attribué un visa temporaire ; le premier de ces défis emporté devant les tribunaux. Certains voyageurs, incluant Ali Kermani, ont essayé de réserver des vols pour Boston afin de profiter de cette ordonnance restrictive. “Je sais que c'était un risque” déclare Ali dont la compagnie aérienne a refusé l'embarquement, “mais je pensais que si j'avais une chance de voir mon père, ça vaudrait le coup.”

D'autres avocats volontaires aux aéroports ont aussi été touchés par le lien entre la décision juridique et le contexte d'intervention. “C'était agréable et c'était comme si on gagnait. Tout le monde se dépassait et chacun voulait faire quelque chose” relate Anna N. Yeghiasarian, une avocate en droit de l'immigration d'Arlington, en Virginie. “C'était bien de voir autant de personnes se réunir en si peu de temps à travers tout le pays et même à l'échelle mondiale pour défendre la cause.”

En fait, les intervenants juridiques se sont organisés pour répondre sur à la fois le terrain, dans les aéroports, et en déposant des plaintes contre le décret. Le 3 février, le juge du district de Seattle James Robart a édité une ordonnance restrictive au niveau national bloquant temporairement le décret.

En ce qui me concerne, étant avocat spécialisé en immigration et iranien vivant aux USA, mon défi était de rester actif auprès de ma communauté et impliqué pour conseiller ma clientèle tout en rassurant ma famille. Mon propre oncle et sa famille avaient prévu de venir s'installer aux États-Unis et devaient arriver début février. Je leur ai dit de venir ici aussitôt que possible. Ils sont arrivés juste 30 minutes avant que le décret ne soit adopté à l'aéroport international de San Francisco sans problèmes. Mais aucun d'entre nous n'aurait imaginé avoir autant peur et être si stressé pendant leur voyage aux USA.

En tant que réfugiés, ma propre famille a traversé bien des frontières auparavant afin d'avoir une vie meilleure. Je n'aurais jamais pensé que cette “tradition” continue pendant ma vie professionnelle et encore moins aux États-Unis.

Ce qui me réconforte malgré tout est l'esprit de solidarité et l'espoir qui en ressort malgré la peur et l'anxiété. C'était très instructif pour moi de voir que la loi n'agit pas toujours dans le sens du plus fort. Les quatre prochaines années demanderont encore plus d'efforts à ceux qui se battent pour l'inclusion, la tolérance et la diversité, mais également pour les avocats en droit de l'immigration dont on aura plus besoin que jamais.

Traversée du territoire des francs-tireurs entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie

dimanche 19 février 2017 à 19:37

Capture d'écran de la vidéo produite par Lusine Balyan pour Chai-Khana.org.

Cet article partenaire est d'abord paru sur le site Internet Chai-Khana.org.

La route qui relie les deux villages arméniens de Baghanis et Voskepar est bordée de riches vignobles, de paturages fertiles et de terres arables. Ce segment de bitume au nord du pays fait partie de l'artère qui relie les capitales arménienne et géorgienne, Erevan et Tbilissi.

Il s'approche également de la frontière avec l'Azerbaïdjan et subit de plus en plus régulièrement des tirs isolés et des tirs d'obus azéris. Malgré cela, les villageois et les conducteurs n'ont pas d'autre choix que de continuer comme si de rien n'était.

Cette vidéo a été filmée et produite par Lusine Balyan et comporte des sous-titres en anglais.

Les soldats sont plus nombreux que les résidents du Cabinda riche en pétrole en Angola, déclare l'activiste Marcos Mavungo

dimanche 19 février 2017 à 12:08
La Conférence internationale sur l'Activisme en Afrique organisée par le Centre d'études internationales de l'Institut universitaire de Lisbonne (CEI-IUL), a eu lieu à ISCTE-IUL du 11 au 13 janvier 2017. Photo de Hugo M. Alexandre Cruz . Publié avec permission.

La Conférence internationale sur l'Activisme en Afrique organisée par le Centre d'études internationales de l'Institut universitaire de Lisbonne (CEI-IUL), a eu lieu à ISCTE-IUL du 11 au 13 janvier 2017. Photo de Hugo M. Alexandre Cruz. Publiée avec permission.

“Il n'y a pas d'eau, pas de lumière. Il y a la faim.” C'est ainsi que le militant civique José Marcos Mavungo [fr] a décrit, lors d'une conférence à Lisbonne, en janvier, la dure réalité du quotidien à Cabinda [fr], une enclave angolaise séparée du pays par une étroite bande de territoire appartenant à la République Démocratique Du Congo.

La région de Cabinda a été un protectorat portugais de 1885 à 1956, date à laquelle le pouvoir colonial a décidé de transférer son administration en Angola, une colonie beaucoup plus ancienne située au sud du fleuve Congo. Une rébellion a commencé immédiatement après la chute de  l'empire colonial portugais en 1975 et a continué, alors que l'Angola, en tant que nouvel état indépendant, gardait la souveraineté sur Cabinda.

Créé dans les années 1960, un groupe appelé le Front pour la libération de l'enclave de Cabinda (FLEC) lutte toujours avec les armes pour l'indépendance de la région, bien que ces dernières années il soit éclaté en de multiples factions rivales. La guerre menée entre elles et l'état angolais a fait des ravages au sein de la population de Cabinda.

Au cœur du conflit, cependant, se trouvent l'immense richesse naturelle du territoire: Cabinda détient l'un des plus grands gisements pétroliers offshore du monde et représente environ la moitié des exportations pétrolières angolaises [fr], selon l'agence de presse Reuters, qui à leur tour compte dans leur ensemble plus de 95% des exportations totales du pays, selon des données de la Banque mondiale [fr]. Comme M. Mavungo lui-même l'a dit:

Cabinda é um território escandalosamente rico, um dos raros países onde Deus abriu a mão para tudo, petróleo, diamantes, ouro, madeira, café. [Por esta razão] o regime angolano depositou o seu poder militar na região. Atualmente existem mais militares do que população em Cabinda.

Cabinda est un territoire scandaleusement riche, un des rares pays où Dieu a ouvert sa main avec tout, pétrole, diamants, or, bois, café. [C'est pourquoi] le gouvernement angolais maintient son pouvoir militaire dans la région. Maintenant il y a plus de soldats au Cabinda que de civils.

Dans ce contexte, M. Mavungo a fondé en 2003 Mpalabanda [fr] une association civique du Cabinda dans le but de résister pacifiquement à la guerre, à l'oppression et à la corruption dans la région. Mais la légalité de cette organisation de défense des droits humains du Cabinda a été de courte durée : trois ans plus tard, la Cour provinciale de Cabinda a déclaré l'ONG Mpalabanda illégale.

En 2015, M. Mavungo a été emprisonné par les autorités angolaises, accusé “d'incitation à la rébellion et à la violence”. Il a été condamné à six ans de prison, mais en mai de l'année suivante il a été acquitté [fr] par la Cour suprême angolaise. Il a passé un an en prison.

Le militant s'est récemment rendu au Portugal pour participer au Congresso Ativismos para África [pt] (Congrès activismes pour l'Afrique] organisé par le Centre d'études internationales du ISCTE, l'Institut universitaire de Lisbonne, où il a analysé la situation actuelle au Cabinda, racontant ses conditions de vie en prison et partageant ses réflexions sur l'avenir de l'Angola.

Quand l'Angola a accédé à l'indépendance du Portugal en 1975, le Cabinda a commencé une période de “féodalité despotique résultant d'un processus de décolonisation désastreux”, a-t-il dit :

Após a independência, Angola entrou num conflito que desarticulou as mentes e onde o político acabou por escorregar numa governação criminosa que legítima o crime como os acontecimentos de 27 de Maio (1977), a sexta-feira sangrenta (1993), os assassinatos de Cassule e Kamulingue (2012) e a experiência trágica vivida por Filomeno Vieira Lopes que não cometeu outro crime senão contestar.

[Desde então, cidadãos vivem em] ambiente hostil, onde os detentores do poder se apoderaram de tudo que é recurso nacional em especial o petróleo e os diamantes e depois criaram um gueto económico onde é notório os propósitos de rapina – que vem debicar tudo que é recurso, apanham tudo – é nesse contexto que aparece a governação corrupta onde os governantes em vez de governarem aparecem como comerciantes e as próprias politicas são estruturadas para enviar a riqueza para eles próprios e a tirar do pais. Todo o mundo fala que Angola investiu em Portugal, França e Inglaterra, mas em Angola não [há investimento]. Está na pobreza.

Après l'indépendance, l'Angola s'est précipité dans un long conflit qui a perturbé l'esprit des gens, où la politique s'est transformée en une gouvernance criminelle qui a légitimé le crime comme les événements du 27 mai [fr] (1977), le “ vendredi sanglant” (1993) [fr], ou les massacres de Cassule et Kamulingue [fr] (2012) ou encore l'expérience tragique de Filomeno Vieira Lopes [fr] qui n'avait commis aucun autre crime que la dissidence.

Depuis lors, les citoyens ont vécu dans un environnement hostile où ceux qui détiennent le pouvoir se sont appropriés toutes les ressources nationales, notamment le pétrole et les diamants, puis ont créé un ghetto économique notoire pour le vol – ils viennent prendre toutes les ressources, tout acquérir – et c'est dans ce contexte que la gouvernance corrompue a vu le jour là où les dirigeants, au lieu de gouverner, semblent plus des marchands et leur politique est structurée pour s'accaparer des richesses pour les envoyer hors du pays. Tout le monde dit que l'Angola a investi au Portugal, en France et au Royaume-Uni, mais en Angola il n'y a pas d'investissement. Le pays vit dans la pauvreté.

La Conférence internationale Activisme en Afrique organisée par le Centre d'études internationales de l'Institut universitaire de Lisbonne (CEI-IUL), a eu lieu à ISCTE-IUL les du 11 au 13 janvier 2017. Photo de Hugo Alexandre Cruz. . Publiée avec permission

La Conférence internationale Activisme en Afrique organisée par le Centre d'études internationales de l'Institut universitaire de Lisbonne (CEI-IUL), a eu lieu à ISCTE-IUL du 11 au 13 janvier 2017. Photo de Hugo Alexandre Cruz. Publiée avec permission.

En raison de l'exploitation de l'or noir, le Cabinda est une région extrêmement polluée. “Les eaux sont polluées, les maladies se propagent, surtout chez les enfants”, a expliqué M. Mavungo.

Réfléchissant également sur la production pétrolière, il a ajouté :

Produz-se muito petróleo, mas não investimento de fundo. Há investimento para o mundo ver, bons escritórios e carros de luxo, enquanto a indústria e a agricultura é ignorada. Há uma hipertrofia da classe política dominante que fica com o grosso dos recursos. Estamos perante um feudalismo despótico, uma ditadura dos verdadeiros adoradores do Deus Mamon [riqueza, cobiça], adorado em Angola. É nesse contexto que se desenrola a nossa luta cívica.

Il produit beaucoup de pétrole, mais pas d'investissement dans les domaines-clés. Il y a des investissements en trompe-l'oeil consistant en de beaux bureaux et des voitures de luxe, tandis que l'industrie et l'agriculture sont ignorées. Il y a une croissance excessive de la classe politique dominante qui conserve la majeure partie des ressources. Nous sommes confrontés à une féodalité despotique, une dictature de vrais fidèles du Dieu Mammon [fr] [de la richesse et de la cupidité], adoré en Angola. C'est dans ce contexte que se déroule notre lutte civique.

Le manque d'investissements dans des domaines tels que la santé et l'agriculture a conduit à un taux de mortalité accru, a-t-il dit :

A crise é tão grande, a fome é tanta, a doença é tanta que as pessoas morrem como galinhas. Já não há lugar para tantos mortos. Os cemitérios ocupam tanto espaço como a própria cidade.

La crise est si profonde, la faim est si sérieuse, les maladies si répandues que les gens meurent comme des poulets. Il n'y a déjà plus assez de place pour tant de morts. Les cimetières occupent autant d'espace que la ville actuelle.

Au cours de la présentation, le militant a également rappelé le temps qu'il a passé en prison :

No dia 14 de março de 2015, pensamos em fazer uma manifestação [de protesto contra a falta de recursos para a população] então enviamos uma carta ao governador para informar da ação. Para informar a polícia que íamos fazer uma ação pacífica [de protesto] na rua. Mas, fui preso. A carta foi assinada por cinco de nós, mas apenas eu fui preso. Acusado de posse de explosivos.

Le 14 mars 2015, nous avons pensé et organisé une manifestation [pour protester contre le manque de ressources pour la population], puis nous avons envoyé une lettre au gouverneur pour lui faire part de l'événement afin d’informer la police que nous allions organiser une manifestation pacifique dans la rue. Mais j'ai été arrêté. La lettre a été signée par cinq d'entre nous, mais seulement moi ai été détenu. Accusé de posséder des explosifs.

M. Mavungo risquait 12 ans de prison, à la demande du procureur, mais le juge a réduit la peine à six ans. Le militant dit qu'il est devenu encore plus fort pendant sa détention grâce à la pression et au soutien internationaux. Pendant l'année où il a été emprisonné, M. Mavungo est tombé malade, et a vu son revenu coupé, le rendant incapable de soutenir sa famille. Il a dit que sa femme était menacée par des agents de sécurité et que lui-même était également menacé à l'intérieur de la prison. Cependant, le militant dit qu'il n'avait jamais perdu sa foi en raison de la “force de Dieu”.

Lors de la clôture du congrès, M. Mavungo a déclaré que l'Angola est confronté à un grand défi dans sa démocratisation :

O autoritarismo da classe política dominante é um entrave à participação eficiente do cidadão na gestão pública. Esse feudalismo despótico impede a implementação de instituições estáveis e da erradicação da pobreza.

L'autoritarisme de la classe politique dominante est un obstacle à une participation efficace des citoyens à la gestion politique. Cette féodalité despotique entrave la mise en place d'institutions stables et l'éradication de la pauvreté.

Pour cette raison, M. Mavungo et ses collègues sont très inquiets pour l'avenir de l'Angola, et il croit qu'il aura “une grande explosion” dans le pays. Le militant a terminé en disant :

As pessoas precisam de sentir que o Estado funciona, porque os seus fundamentos estão destruídos. A justiça, liberdade e fraternidade, que se resume à dignidade humana não existe em Angola.

Les gens ont besoin de sentir que l'état fonctionne, parce que maintenant ses fondations sont détruites. La justice, la liberté et la fraternité, qui comprennent la dignité humaine, n'existent pas en Angola.

Deux ex-prisonniers palestiniens ouvrent le premier camion-restaurant à Ramallah

dimanche 19 février 2017 à 12:00
Khaldoun Barghouti, an ex-prisoner-turned-entrepreneur, serves up a chicken sandwich for a young customer in the West Bank city of Ramallah. Credit: Dalia Hatuqa

Khaldoun Barghouti, ex-prisonnier devenu entrepreneur, sert un sandwich au poulet à un jeune client dans la ville de Ramallah en Cisjordanie. Source : Dalia Hatuqa

Cet article écrit par Dalia Hatuqa est paru sur PRI.org. Il est republié par Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

Un soleil ardent s'étend sur le centre-ville de la capitale palestinienne de Ramallah. Bien qu'il fasse au moins trente-deux degrés au marché de fruits et légumes, cela n'empêche pas les clients de faire leurs courses.

“Cinq tomates pour dix shekels !”, crie un marchand— cela fait environ deux euros cinquante.

Durant ce tohu-bohu, un camion peint en violet, rouge et vert s'arrête. Une fenêtre s'ouvre et les deux hommes à l'intérieur se mettent au travail. L'un allume la friteuse alors que l'autre prépare le pain.

Le camion est connu sous le nom Arabe “Qitar Ata’am,”  qui se traduit en “Train alimentaire.”

Le premier camion-restaurant de Ramallah est similaire à ceux roulant sur les rues de la majorité des villes occidentales.

C'est la trouvaille de Khaldun Barghouti et AbdelRahman Bibi, deux hommes qui ont passé presque dix ans dans une prison israélienne due à leur association avec des groupes interdits. Ils ont passé leur temps en prison à chercher une façon de gagner leur vie.

Palestinian women walk past "Qitar Ata'am", which translates into "the Food Train," the first food truck in Ramallah. Credit: Dalia Hatuqa

Des palestiniennes passent devant “Qitar Ata'am”, le premier camion restaurant à Ramallah. Source : Dalia Hatuqa

“Les prisonniers ne veulent pas être un fardeau pour la société,” précise Barghouti. Il a étudié l'informatique, l'histoire et le marketing aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de la prison .“Nous voulions en quelque sorte fonder un business sans murs, car cela nous offre une liberté de mouvement.”

Barghouti avoue que presque tout leur a été inspiré par la période que les hommes ont passé en prison. Ils ont peint le camion avec des couleurs vives afin de mettre en contraste l'humeur sombre de la vie en incarcération. Leur menu contient même une concoction de thon et de maïs similaire à ce qu'ils consommaient en prison, mais qu'ils ont transformée en un plat plus raffiné.

“Nous préparons surtout des chawarmas au poulet, des escalopes de poulet, des hamburgers et des saucisses,” indique Barghouti.

Tous les sandwiches sont garnis avec un tas de frites et de légumes en dés qu'on arrose soit avec une sauce tahini ou une sauce crémeuse à l'ail.

Bien que l'on trouve des petits restaurants de type fast-food partout dans les villes palestiniennes, les cuisines mobiles en forme de camion-restaurant restent inédites. Le ministère de transport a même dû créer un nouveau type de permis pour le business. Les difficultés ne s'arrêtent pas là.

“Le plus difficile était de trouver du courant,” affirme Bibi, âgé de trente-cinq ans. “Le générateur diesel qu'on utilisait pour produire de l'électricité était puant et gênant. On a donc étudié la manière dont les autres camions-restaurants opèrent et nous avons trouvé une solution écologique.”

Ils ont demandé à une société palestinienne de fixer quatre larges panneaux solaires au toit du camion, permettant ainsi de générer le courant nécessaire au fonctionnement du petit congélateur, ventilateurs et frigo de comptoir.

Le camion et sa fameuse carrosserie ont capté l'attention de plusieurs personnes, assurant ainsi un flux constant de clients.

“Je voudrais un sandwich aux saucisses”, demande Rami, un jeune résident de quatorze ans.

“J'aime que ça marche à l'énergie solaire,” indique-t-il. “C'est génial!”

Barghouti et son partenaire misent gros sur le concept du camion-restaurant. Ils ont emprunté trente-cinq mille euros à la banque, payable sur une durée de cinq ans. Celle-ci leur a aussi offert un faible taux d'intérêt à cause de leur statut d'ex-prisonnier.

“Tout le matériel a été personnalisé pour le camion: le réfrigérateur, le congélateur et les friteuses” précise Barghouthi. “Je pense que la seule chose qu'on ait acheté en magasin soit les couteaux.”

Barghouthi et Bibi, l'un ayant six enfants tandis que l'autre vient de se marier, commencent à voir les signes de leur réussite. En effet, plusieurs personnes — notamment d'autres ex-prisonniers — cherchent à savoir comment lancer leurs propres camions restaurants. On raconte même qu'un autre camion a déjà commencé à opérer dans la Bande de Gaza.

“Au début, les gens étaient juste curieux à propos du camion restaurant,” indique Barghouthi alors qu'il garnit un sandwich aux saucisses.

“Les gens voulaient nous aider car on est des ex-prisonniers,” explique-t-il. “Mais maintenant, ils viennent pour la cuisine.”

Un documentaire aborde les vies des mères adolescentes en Bulgarie

samedi 18 février 2017 à 12:02

Image du documentaire “Qui sont ces mères” par Irena Daskalova.

L'Association du planning familial bulgare (BFPA), une organisation non-gouvernementale de santé et d'éducation sexuelle, a publié sur YouTube le documentaire primé “Qui sont ces mères“, sur les vies de cinq femmes qui ont eu un enfant alors qu'elles étaient encore mineures.

C'est un film de 2011 de trente minutes, en bulgare avec des sous-titres en anglais pour permettre de toucher un public plus large. Après tout, les grossesses adolescentes et les mariages d'enfants sont des problèmes mondiaux.

BFPA a annoncé que les réalisateurs leur ont gentiment permis de rendre le documentaire disponible sur YouTube. En voici la description :

G. is 15 years old. She is pregnant in the fourth month… with her second child. She gave birth to her first son when she was only fourteen. She is one of the approximately 5,000 girls every year in Bulgaria who “marry” and bear children between age 13 and 18. Regardless of their reasoning, these are all “children-mothers”, who are raising their own children. Often, they are given no chance of making their life choice themselves and they are left in the closed loop of illiteracy, un-employment, and poverty. And their children and their children’s children will most probably re-enact the same model for they couldn’t know that life would offer other opportunities. Who are those mothers?

G. a environ quinze ans. Elle est au quatrième mois de sa grossesse… ce sera son second bébé. Elle a donné naissance à son premier fils quand elle n'avait que quatorze ans. G. est l'une des quelques cinq mille jeunes filles, qui chaque année en Bulgarie, “se marient” et ont des enfants entre treize et dix-huit ans. Quelles que soient leurs raisons, elles sont toutes des “mères-enfants” qui élèvent leurs propres enfants. Souvent, on ne leur donne aucune occasion de faire leurs propres choix de vie et elles demeurent dans un cercle vicieux d'analphabétisme, de chômage et de pauvreté. Leurs enfants et les enfants de leurs enfants reproduiront probablement le même modèle, faute de savoir que la vie pourrait leur offrir d'autres opportunités. Qui sont ces mères ?

Ce documentaire reçut un prix au cinquième festival de documentaires “Roma Life-Central European Documentary Festival” en mars 2012, et le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) l'a diffusé lors de ses évènements.

La réalisatrice Irena Daskalova a depuis tourné plusieurs films, et le BFPA continue de mener des activités éducatives sur la santé sexuelle et les droits reproductifs.