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Y aura-t-il une lune de miel pour les Etats-Unis et l’Iran ?

lundi 7 octobre 2013 à 13:07
President Hassan Rouhani and President Barack Obama. Via Iran-emrooz.net

Les Présidents de l'Iran et des États-Unis: Hassan Rouhani et Barack Obama. Via Iran-emrooz.net

Juste une semaine après un appel téléphonique historique entre le nouveau président de l'Iran, Hassan Rouhani, et Barack Obama, des iraniens ont encore scandé [anglais] le slogan traditionnel “A bas l’Amérique” et ont brûlé des drapeaux américains et israéliens après les prières du vendredi à Téhéran le 4 octobre 2013.

Cependant, certains Iraniens espèrent que l’appel était un pas vers le dégel des relations qui pourrait un jour conduire à la levée des sanctions des États-Unis. D’autres désapprouvent tout dialogue avec “Le Grand Satan,” comme les États-Unis sont très souvent appelés dans les discours officiels en Iran.

Afin d'indiquer que le Président Rouhani a également le sujet en tête, il aurait demandé [farsi] à deux organismes de sondage de “s'informer” sur ce que les Iraniens pensent des relations entre les États-Unis et l’Iran. Entre temps, les internautes partagent leurs propres idées sur la saga continue [anglais] entre les deux pays.

Un citoyen iranien a mis en ligne une vidéo [farsi] sur YouTube dans laquelle il suggère ironiquement à Rouhani d’ajouter trois questions à son sondage :

- “Combien de personnes veulent du régime de la République Islamique ?”
- “Que pensent-ils de la liberté sociale et politique ?”
- “Vous [Président Rouhani] avez déclaré qu’il n’y avait eu aucune fraude lors de l’élection présidentielle controversée de 2009, demandons aux Iraniens ce qu’ils en pensent”

Zarebin écrit [farsi] sur son blog que le sondage sera conçu comme le Chef Suprême [anglais] le souhaite. S’il souhaite améliorer les relations avec les États-Unis, alors le sondage reflétera cela. Et si non, le sondage en tiendra compte. “Dans quelle piège sommes-nous coincés ? Tout est l’opinion du Chef, avec un sondage pour camoufler l’affaire.”

Parler ou non

Firoozeh a tweeté:

Dans toute relation, qu’elle soit diplomatique ou non, il ne faut pas précipiter les choses.

Se rangeant du côté du régime islamique, le blogueur Khabrnegar1351 écrit [farsi] que l’Iran est devenu si puissant que les États-Unis “considèrent l’Iran comme une superpuissance ” et “veulent améliorer les relations avec Téhéran par peur.”

َUn autre blogueur, Ahestan, nous rappelle les enseignements antiaméricains de l’Ayatollah Khomeini [anglais], le fondateur de la République Islamique et dit [farsi], “Le véritable gagnant de la conversation téléphonique entre Obama et Rouhani est Obama.” Ce blogueur explique que  le but principal de l’appel téléphonique était de montrer aux millions de musulmans qui suivent l’enseignement de l’imam [Khomeini] que l’Iran est prêt à négocier avec “Le Grand Satan.”

L'Espagne est morose, dit une récente étude

dimanche 6 octobre 2013 à 23:08

[liens en espagnol] Il semble que l'Espagne ne se sente pas très heureuse. Selon une étude de l'université Carlos III de Madrid (uc3m) les Espagnols seraient au 49° rang des 112 pays du monde les plus heureux.

kdmskdfnwkjdCet index de bonheur (pdf) n'est pas basé sur des réponses subjectives mais sur des “préférences révélées” prenant en compte ce que les gens font et non pas ce qu'ils disent. D'après Juan de Dios Tena, un professeur du département  statistiques de l'université Carlos III : “les flux migratoires sont très liés aux aspects que la psychologie associe à la notion de bonheur”, cela veut dire que les gens ont tendance à quitter un pays s'ils n'y trouvent par les conditions nécessaires et suffisantes pour être heureux. Ils vont partir là où ils pensent pouvoir l'être. 

On a pris en compte des éléments aussi bien économiques que non économiques du bonheur, qui sont très similaires à ce que l'on peut considérer comme déterminant dans la migration : le revenu brut, le revenu relatif, les caractéristiques démographiques et sociales, le développement social, la relation avec les autres, les caractéristiques du lieu de vie, ou d'autres variables comme la distance, une frontière et une langue communes. 

En prenant en compte tous ces facteurs et en commençant par Hong Kong, Singapour et la Nouvelle-Zélande , l'Espagne occuperait le 49e  rang sur 112 pays de la liste, suivi du Mexique, et de l'Iran et du Costa-Rica. En fin de liste on trouve des pays comme l'Afghanistan, l'Afrique du sud, et la Chine. 

Tena affirme également que les courants migratoires ne dépendent pas seulement de la possibilité de trouver un emploi, comment on a tendance à le croire, mais également de facteurs comme le terrorisme, les inégalités sociales. 

Finalement cette étude conclut que le bien-être ne se mesure pas seulement au revenu individuel, et montre qu'une bonne politique peut accroître le désir de la population de vivre dans son pays alors qu'une mauvaise va le réduire.

Voici quelques tweets en réaction à ce qui précède:

L'Espagne s'éloigne des premières places de la liste du bonheur de la UC3M.. on ne rit plus.., évidemment que nous ne sommes plus la référence pour cela !

On a besoin de plus de football, c'est urgent ! Une nouvelle liste du “bonheur intérieur brut” élimine l'Espagne des premières places.

Quoi d'étonnant ??! A ce rythme on sera dans peu de mois à la 112e place…

Pourquoi l'Indonésie ne devrait pas augmenter le salaire minimum

dimanche 6 octobre 2013 à 22:40

Rocky Intan explique pourquoi une hausse du salaire minimum [en anglais] en Indonésie affecterait l'économie du pays :

Les dirigeants nationaux et locaux devraient résister à la pression de certains dirigeants syndicaux pour une augmentation du salaire minimum. Contrairement à ce que prétendent les manifestants, l'augmentation n'e correspond pas à l'inflation. En outre, l'augmentation se traduira par des licenciements et  impactera notre compétitivité régionale dans les industries de main-d'œuvre.

Les habitants de Gaza demandent la fin de l'enfermement

dimanche 6 octobre 2013 à 22:36
"A Gaza, tous nos rêves s'arrêtent à la frontière de Rafah.." Image produite par Mohammed Abdulrahman. Partagée sur Twitter à @AlaaAlShokri

“A Gaza, tous nos rêves s'arrêtent à la frontière de Rafah.” Image produite par Mohammed Abdulrahman. Partagée sur Twitter à @AlaaAlShokri

[Billet d'origine publié le 30 septembre 2013. Lien en anglais]

Des rêves sont nés puis se sont évanouis au poste-frontière de Rafah, entre l'Egypte et Gaza (Palestine). La frontière a été verrouillée par les autorités égyptiennes à la suite de la destitution de l'ancien président égyptien Mohammed Morsi. En conséquence de la fermeture, les étudiants palestiniens ne peuvent pas rejoindre leurs universités à l'extérieur de Gaza, et demeurent bloqués au poste-frontière de Rafah, qui est le passage principal pour 1,7 millions de Palestiniens de la Bande de Gaza du fait du blocus israélien.

Le poste de Rafah a été ouvert les 18 et 19 septembre 2013 pendant une courte durée. Le 18, 333 personnes ont traversé, tandis que 557 autres sont entrées en Egypte le 19. En tout, durant ces deux jours, d'après la page d'informations officielle du passage de Rafah, 1200 voyageurs ont attendu la permission de passer, dont des centaines d'étudiants palestiniens.

Le 18 septembre, un groupe d'étudiants palestiniens a organisé un sit-in pour demander l'ouverture de la frontière afin de pouvoir aller assister à leurs cours et passer leurs examens. Beaucoup sont encore bloqués à la frontière.

Parmi eux, il y a Shahd Abu Salamah qui raconte leur calvaire sur son blog. Abu Salamah, qui fait ses études en Turquie, tweete :

Cher #postefrontièredeRafah, tu m'as laissée sans énergie pour faire quoi que ce soit, sans espoir, toujours à cran, incapable de dormir. Libère moi ! Laisse moi sortir.
— ShahdAbusalama (@ShahdAbusalama) 29 septembre 2013

Sur son blog, elle explique :

Cela fait plusieurs fois que j'essaye d'écrire ce que je vis au poste-frontière de Rafah, à la frontière fermée avec l'Egypte, qui laisse des milliers de personnes bloquées à Gaza. A chaque fois que je commence, un grand soupir me submerge. Très vite, je me sens paralysée et finis par déchirer mon brouillon. Je n'ai jamais trouvé cela si difficile de raconter une expérience personnelle. Aucun mot ne peut capturer toute la souffrance et la peine que notre peuple vit collectivement à Gaza sous le siège inhumain et étouffant des autorités israélo-égyptiennes.

A l'heure où j'écris, je devrais me trouver quelque part dans le ciel, au milieu des nuages, volant vers Istanbul pour commencer un master. Mais je n'ai pas pu avoir mon vol car je suis encore coincée dans la Bande de Gaza assiégée, assise dans le noir car le courant est coupé à cause de la crise du pétrole, essayant de rassembler mes pensées et utilisant ce qu'il me reste de ma batterie d'ordinateur.

Elle finit son article en disant :

Cette expérience m'a portée à croire que la dignité humaine est devenue une plaisanterie. Le droit international est vide, composé de mots impuissants inscrits dans des livres. On nous prive de notre droit de circuler librement, de notre droit de suivre des études, de notre droit d'être bien soignés, et de notre droit d'être libres et de vivre dans la paix et la sécurité. Mais aucune personne de pouvoir n'essaie d'agir.

[...]

La tragédie de notre peuple à cause de la fermeture ininterrompue de la frontière de Rafah continue, et la crise s'aggrave. Vivre à Gaza dans ces circonstances est comme être condamné à une mort lente. Agissez et libérez nous. Il est temps de mettre fin à ces injustices que nous vivons au quotidien.

Malaka Mohammed a une licence de littérature anglaise de l'université islamique de Gaza. Elle est maintenant en master de politique et droit internationaux à l'université de Sheffield au Royaume-Uni. Elle partage son histoire sur le site Electronic Intifada en disant :

Après dix heures d'attente et de protestation, les 1800 voyageurs réunis dans une salle se sont tus, l'annonce faite par l'un des officiers de police faisant l'effet d'une douche froide : “Vous devez partir, nous avons fini le travail pour aujourd'hui. Revenez demain et peut-être que vous pourrez passer.”

Obaida Aainaldain, un autre étudiant de Gaza, voulait voyager pour aller étudier en Turquie, mais il n'a pas pu. Il écrit son histoire [en arabe] sur son blog :

ظللنا ننتظر الساعة تلو الاخرى، بلا فائدة، حتى إنتهى دوام الموظفين دون فائدة تذكر للطلاب سوى تسجيل أسمائهم بطريقة فوضوية مزعجة.
في سياق اخر وجدنا كثيرًا من الحالات الإنسانية العالقة، شخص كبير يبكي بكاءًا حارًا لأن مديره في العمل هدده بالطرد إن لم يصل خلال اسبوع، والآخر طالب طب يندب حظه لأنه تأخر عن إمتحانه المؤجل وعليه أن يعيد السنة كاملة

Nous avons attendu pour rien pendant des heures, jusqu'à ce que les employés aient fini leur journée de travail, sans aucun service pour les étudiants, à part nous faire noter nos noms de manière désorganisée.
Par ailleurs, nous avons trouvé beaucoup de personnes désespérées comme ce vieil homme pleurant parce que son chef l'avait menacé de renvoi s'il ne venait pas au travail pendant une semaine, ou comme cet étudiant en médecine qui se lamentait car il ne pourrait pas rattraper son examen et aurait maintenant à refaire son année entière.

Des militants on lancé une pétition sur Avaaz pour demander l'ouverture de la frontière. La pétition avait rassemblé environ 6000 signatures dans les trois premiers jours.

Depuis la destitution de Mohammed Morsi, le passage a été fermé plus de trois fois. Et tandis que le passage de Rafah entre l'Egypte et Gaza est partiellement ouvert pour quelques heures, le passage de Taba entre l'Egypte et Israël est toujours ouvert. Ainsi, Gaza reste sous le double siège d'Israël et de l'Egypte, et les habitants de Gaza restent piégés dedans comme dehors. Les étudiants sont toujours enfermés !

Equateur: Les injures sur les réseaux sociaux pourraient être sanctionnées

dimanche 6 octobre 2013 à 22:01

[liens en espagnol et anglais] Les utilisateurs des réseaux sociaux en Equateur pourraient être poursuivis pour injures publiques et calomnie, selon une proposition de réforme du code pénal qui sera présentée à l'assemblée nationale prochainement. Selon Alexis Mera, conseiller juridique à la présidence de la république et principal initiateur de la proposition, ce délit pourrait être sanctionné par deux années de prison. 

“J'ai proposé une régulation de tous les faits de  calomnie sur les réseaux sociaux parce que ceux ci ne doivent pas demeurer des espaces d'impunité. J'ai demandé au service de la Justice d'envisager une procédure spéciale pour les injures sur Twitter ou Facebook parce qu'aujourd'hui une injure contre une personne qui est suivie par 10 000 autres peut produire des effets très rapides et désastreux” a déclaré M. Mera fin août.

Internet cafe. Photo by Pixelthing via Flickr (CC BY-SA 2.0)

Café Internet. Photo de Pixelthing via Flickr (CC BY-SA 2.0)

Plus récemment, un parlementaire, Mauro Andino a déclaré que l'on était en train de chercher la façon de mettre en pratique cette mesure, car il est “très compliqué” d'identifier les personnes physiques derrière différents comptes Internet. Une des options à l'étude est l'installation obligatoire de caméras de surveillance dans les cybercafés. Ceci, non pas pour attenter à la vie privée de chacun, ou contrôler les réseaux sociaux, mais pour pouvoir identifier les délinquants.

Cette mesure va pourtant à l'encontre des recommandations des organismes internationaux de défense des droits de l'homme et constitue une menace pour la liberté d'expression des Equatoriens. Plusieurs organisations de la société civile équatorienne ou internationale ont rejeté cette proposition en insistant sur le fait que les droits de la personne en dehors d'Internet sont les mêmes que lorsqu'elle est en ligne, et que l'expression sur les réseaux sociaux ne doit pas être abordée de façon différente. 

Frank La Rue, rapporteur spécial de l'ONU pour la promotion et la protection des droits à la liberté d'opinion et d'expression, a indiqué à plusieurs reprises que compte tenu du caractère particulier d'Internet, une série de règlements ou restrictions pouvant être considérés comme légitimes et adaptés au cas particulier des moyens de communication traditionnels, ne le sont plus du tout ici. Il a rappelé également plusieurs fois que “la diffamation devait être dépénalisée”. Les promoteurs de cette réforme  font exactement le contraire

Les moyens qui seraient utilisés pour sa mise en place (en particulier imposer une surveillance vidéo dans les cybercafés), ont un impact élevé sur la liberté d'expression et le respect de la vie privée des citoyens et citoyennes. D'une part, ils vont contre le principe de nécessité et proportionnalité consacré par le droit international pour la restriction de la liberté d'expression, d'autre part ils accordent des pouvoirs de contrôle à des entreprises privées comme les cybercafés (et bien que cela ne soit pas mentionné, probablement aux fournisseurs de services Internet), faisant fi des garanties légales auquelles a droit chaque citoyen en dehors d'Internet. 

Ce qu'on se prépare à mettre en place en Equateur va décourager le débat public et se traduira en pratique par une autocensure, phénomène hautement nocif pour la démocratie.