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La pop coréenne au top, malgré la censure

vendredi 7 mars 2014 à 17:27
K-pop girl group SNSD

Le groupe féminin de K-pop SNSD. Photo d'Alexander William Varley (via K-pop Decoder)

[Tous les liens sont en anglais, sauf indication contraire]

La K-pop (pop musique coréenne) déferle sur le marché musical asiatique depuis plusieurs années, faisant de la Corée du Sud la terre promise pour tout jeune artiste rêvant de produire un succès planétaire.

Gouvernée par une dictature pendant les années 70 et 80, la Corée du Sud  a souvent connu l'interdiction de sa musique, qualifiée de subversive si elle était perçue comme une remise en question de l'autorité. Avec la démocratie est également arrivée la levée des interdictions d'importations et celles de la diffusion de  musique étrangère, menant à une explosion de la créativité et à l'exportation massive de la K-pop.

En dépit de la relative liberté dont jouissent les artistes aujourd'hui, même ceux qui sont représentés par de grandes maisons de disques doivent faire face à de nombreuses contraintes, émanant des nombreuses branches du système de censure sud-coréen.

Commençons par les chaînes de télévision. Elles doivent suivre de strictes directives à l'encontre des artistes se produisant de manière trop sexuelle ou “controversée”.

Deuxièmement, la ministre de l'Egalité Homme-Femme et de la Famille sélectionne au hasard des chansons et les étiquette comme “dangereuses pour les jeunes oreilles influençables”. Même les paroles les plus inoffensives sont parfois pointées du doigt. 

Enfin, une chanson peut soudainement être qualifiée de trop “sexiste”, “politique”, “anti-gouvernementale” ou “pro-Nord-Coréenne” par n'importe quel ministère, suivant sa propre logique. Des chansons interprétées depuis des décennies se retrouvent parfois aux prises avec la censure des autorités.

Grâce au flou entourant les réglementations visant à protéger les enfants et la morale publique, le gouvernement peut ainsi censurer toute musique qu'il ne souhaite tout simplement pas entendre.

En avril 2013, la Corée du Sud a fait les gros titres mondiaux lorsque un nouveau clip de Psy, l'artiste derrière le phénomène international Gangnam Style [français], a été interdite par une grande chaîne de TV car “non-diffusable” – elle aurait nui à l'ordre public.

Lors d'un talk-show, l'idole des adolescents coréens, Lee Joon, s'est moqué des directives données par les producteurs de TV avant une danse avec le célèbre boys-band MBLAQ.

“Un nip’ slip, pas de problème, mais deux d'un coup c'est trop. Ce n'est pas très clair”, a-t-il déclaré.

Les directives télévisées sont toujours une source d'amusement lors des talk-shows. Cette forme de censure affecte surtout les artistes, mais c'est heureusement une chose facilement gérable.

Lors d'une interview par email, Lee Youn-hyuk, un artiste indépendant et manager à l'Association Coréenne des Maisons de Disques (L.I.A.K) ne comprend toujours pas les réglementations télévisuelles, mais respecte le droit des émetteurs de choisir ce qu'ils veulent diffuser à l'antenne.

“Leurs jugements sont basés sur leur identité télévisuelle et leur ligne éditoriale”, dit-il, ajoutant qu'il critique davantage la censure exercée par les autorités gouvernementales.

La ministre de l'Egalité entre les sexes et de la Famille a pris la relève de la censure en 1996, un an après l'abolition du système de censure pré-diffusion sur la musique et les contenus culturels.

Les décisions de la Ministre sont connues pour avoir accusé des milliers de chansons d'être “dangereuses” à chaque fois qu'elles font référence à l'alcool, aux cigarettes ou au sexe. Une chanson a même été qualifiée comme “inappropriée pour les moins de 19 ans”, ne pouvant être diffusée qu'après 22h, tandis que les enfants ne peuvent l'acheter ni même l'écouter sur Internet. De nombreux jeunes contournent néanmoins cette loi grâce à l'utilisation des identifiants de leurs parents pour se connecter sur les portails des sites Internet coréens ou sur Youtube. 

Les professionnels de l'industrie musicale, comme Lee, sont troublés de constater que la censure ne s'applique qu'à certains albums choisis au hasard après avoir inondé le marché, et pas de façon systématique. Pour de nombreux Coréens, il s'agit d'une nouvelle réalité, dans laquelle le gouvernement Sud-Coréen resserre le contrôle sur les citoyens et la liberté d'expression.

Récemment, plusieurs décisions impopulaires de censurer de chansons par différents organismes gouvernementaux ont été tournées en ridicule. Une partie de ce ridicule provient de la façon dont les cibles semblent être choisies au hasard.

Le mois dernier, une célèbre chanson pour les enfants vieille de dix ans a été qualifiée de “dangereuse” car trop sexiste [coréen] par le ministère de la Culture et du Tourisme.

En décembre, l'armée sud-Coréenne, connue pour son interdiction des livres [français], films et chansons jugés “controversés”, a retiré des machines à karaoké fournies aux bases de l'armée coréenne la chanson la plus traditionnelle du pays, “Arirang” [français]. Le ministère de la Défense a expliqué [coréen] que cette version particulière de la chanson a été reprise par des artistes nord-coréens, ce qui pourrait entamer le moral de l'armée sud-coréenne.

L'écrivain et critique culturel Park Ji-Jong a déclaré par email qu’ “A l'époque [pendant la dictature] la censure n'était justifiée que par des motivations politiques ; depuis, elle a évolué et ils mettent en place des critères tels que trop “explicite” ou “immoral”, basés sur des décisions arbitraires.”

Si le monde de la K-pop est surtout une histoire d'argent et de glamour, il a aussi une longue histoire de censure et de réglementations, qui pèse toujours sur la scène musicale actuelle.

Voir la vidéo-entretien avec l'auteur de cet article, Yoo Eun Lee: GV Face: Beyond Gangnam Style – Censorship and Korean Pop Music

Cet article a été écrit par Freemuse, le principal défenseur des musiciens du monde entier, et a été publiée sur Global Voices, Artsfreedom.org et Freemuse.org.


music freedom dayMusic Freedom Day (3 mars 2014) est un événement annuel visant à mettre en lumière et à créer une sensibilisation à l'égard de la persécution, de l'interdiction, de l'emprisonnement et de l'assassinat de musiciens, dont les chansons ou les prestations sur scène ont abordé des questions sensibles ou controversées. Hashtag: #musicfreedomday

Quito, mon amour

vendredi 7 mars 2014 à 07:43
Sunset in Quito, Ecuador.

Coucher de soleil à Quito, Equateur. Photo de Juan Arellano

On dit que si vous allez à un second rendez-vous avec une fille, c'est parce que vous l'aimez bien. Si vous en faites plus de deux, c'est qu'il y a quelque chose.

La première fois que j'ai visité Quito, c'était par accident. Je ne l'avais pas prévu mais une longue attente entre deux bus m'a donné la chance de me promener dans la capitale équatorienne. Et regardez, c'est maintenant la quatrième fois que je m'y rend pour la visiter. C'est vrai, je ne peux pas le nier. Je suis amoureux.

Je suis toujours lucide face à l'objet de mon amour. Je ne laisse pas sa beauté embrouiller mon jugement ou m'empêcher de voir ses défauts. Mais en tant que gentleman, j'essaye de garder mes critiques pour moi-même.

Je suis toujours entré dans Quito de la même façon, par en-dessous, c'est à dire par le sud en passant par Quitumbe. Ça me permet d'utiliser le tramway pour atteindre le centre ville. Et je dois dire que 0.25$ est un prix cassé pour se promener. De cette façon je peux profiter des divers aspects de la rive sud, une partie de la ville très intéressante.  

Square and Church of Santo Domingo, Quito, Ecuador.

La place et l'église de Santo Domingo, Quito, Equateur. Photo de Juan Arellano

Je descends à la place Santo Domingo et marche rapidement quelques blocs vers mon hôtel, j'y laisse mes affaires, attrape mon appareil photo et part explorer mon amour avec le cœur battant. Littéralement. A Quito, vous n'aurez pas le mal des montagnes mais vous êtes à 2800m. 

Retrouver celle qu'on aime après une séparation est un sentiment merveilleux. Ce qui est déjà connu est redécouvert avec impatience et bien que l'esprit ne puisse s'empêcher de comparer et vérifier les changements, l'excitation des retrouvailles surpasse tout.

Il est temps pour moi de vous dire que si certaines personnes préfèrent les femmes blondes ou voluptueuses, j'aime les villes avec une histoire, une histoire qu'on peut sentir alors qu'on l'admire avec grand plaisir. Les grands bâtiments ou les centres commerciaux modernes ne m'impressionnent pas. Montrez moi quelques ruines ou une vieille église, et alors là, ma chère, je suis tout à vous.  

Sucre and Benalcázar street corner, Quito, Ecuador.

Carrefour des rues Sucre et Benalcázar, Quito, Equateur. Photo de Juan Arellano

Une des choses que j'aime à Quito, c'est que son histoire fait partie de la mienne. Beaucoup des évènements qui ont eu lieu ici sont liés à l'histoire du Pérou. Quito faisait partie de l'empire Inca Tahuantinsuyo. A l'époque coloniale, l'Audience Royale de Quito faisait partie de la vice-royauté du Pérou. C'est pourquoi, beaucoup des noms de l'histoire du Pérou sont également présents ici : Atahualpa, Pizarro, Sucre, Bolivar. C'est comme entendre une nouvelle version d'un vieux conte. J'ai parlé des églises et je ne suis pas vraiment un fervent catholique mais les vieilles églises que les puissances coloniales ont laissé derrière eux doivent être admirées. Quito en a beaucoup. Santo Domingo, la magnifique (bien qu'un tantinet dégradée), San Francisco, le couvent, toutes sont pleines d’œuvres d'art et de peintures de l'école de Quito. La basilique Voto, moderne mais gothique, est peut-être la seule église où la visite guidée ressemble à une course de sport extrême (allez grimper dans les tours et vous comprendrez). 

Basilica of the National Vow, Quito, Ecuador.

Basilique du voeu national, Quito, Equateur. Photo de Juan Arellano

Vous souhaitez visiter des musées à Quito ? Ils me laissent sans voix. Il y en a pratiquement un à chaque coin de rue dans le centre historique, il faut en plus ajouter ceux dans presque chacune des églises.  Si vous passez un dimanche matin à marcher en ville, vous pourrez profiter sans fin des artistes de rues [es]. Une fois j'ai vu une femme péruvienne enseigner comment danser le huayno, imaginez ça !

Je dois admettre que la nourriture est vraiment bonne, à l'exception d'un ou deux trucs pour lesquels les péruviens sont vraiment hérétiques. Le reste est vraiment bon. Ne vous limitez pas seulement aux restaurants. Essayez les stands dans la rue (J'adore les sandwiches aux figues et au fromage) et allez dans une picantería (ce sont des restaurants spécialisés dans les plats épicés), où les plats sont à la fois délicieux et bon marché. Si, comme moi, vous avez la chance d'y aller avec une fille du coin qui peut vous guider, c'est encore mieux. 

Parque del Arbolito, Quito, Ecuador.

Parc du petit arbre, Quito, Equateur. Photo de Juan Arellano

J'ai dit que je ne voulais rien dire de mal sur Quito, mais il y a une chose que je ne peux ignorer, ce sont les chauffeurs de taxi. Désolée ma chère, mais il faut que j'en parle. La pire chose au sujet des chauffeurs de taxi c'est leur nombre insuffisant, ça vient de quelqu'un qui est habitué à la capitale péruvienne où il suffit de lever la main pour héler un taxi. A Lima, vous pouvez compter sur le prochain chauffeur pour vous proposer un bon prix si le premier ne le fait pas. La pénurie de taxis à Quito me surprend toujours. Lorsqu'il pleut vous ne trouverez jamais un taxi libre. Ne prenez pas le risque d'être arnaqué à l'arrivée. 

Comme dans tous les couples qui s'aime sincèrement, les désaccords sont rapidement surmontés et les sentiments chauds reviennent. S'il y a une chose qui symbolise mon amour pour Quito, c'est la sculpture de la Vierge de Panecillo, inspiré par la Vierge de Quito. Contempler la beauté de cette vierge gracile, figée comme si elle dansait, me fascine et me transporte

Virgen del Panecillo, Quito, Ecuador.

Vierge du Panecillo, Quito, Equateur. Photo de Juan Arellano

Quito a tout ce que vous pouvez espérer : des centres commerciaux, une vie nocturne, de magnifiques parcs, des alentours magnifiques et des centaines de choses à découvrir qui la rendent intéressante à explorer. Gardezl'esprit d'aventure et votre patience parce que la circulation peut être horrible. Comme vous le savez, personne n'est parfait. 

Dans ses rues parfois sinueuses vous trouverez de tout, des gens qui dansent spontanément, que ce soit la nuit ou pendant la journée, des mariages célébrés avec joie sur les places publiques. Et si vous vous promener autour de la Grande Place le lundi, vous pourrez même voir la Revolucion Ciudadana en pleine action, où le Président de la république en personne salue la foule pendant la relève de la garde. 

Street in the Old Town, Quito, Ecuador.

Rue de la vieille ville, Quito, Equateur. Photo de Juan Arellano

A part tout ce que la ville a à offrir – et je dois reconnaître que je suis peut-être subjectif là – je dois reconnaître que ce qui me plaît particulièrement à Quito, c'est que je ne m'y sens pas comme un étranger. C'est en partie du à ses habitants, en partie du à son centre historique, également du à ce que la culture propose (on y trouve même des hackers [es]). Son climat principalement doux ou peut-être le mélange de tout ça, qui donne son propre “je ne sais quoi”. Ou pour parler plus vulgairement : tu sais comment me faire du bien ma chérie. 

P.S. Si vous cherchez à visiter Quito avec les personnes qui y vivent, je vous recommande quelques pages sur facebook : Quito escondido (Quito caché), de mon ami Galo Pérez, que j'ai interviewé dans cette brève [es], et Quito, de aldea a ciudad (Quito, du village à la ville), qui rassemble de vieilles photos de Quito.

Corner of San Francisco Square, Quito, Ecuador.

Coin de la place San Francisco, Quito, Equateur. Photo de Juan Arellano

Juan Arellano est éditeur pour Global Voices en espagnol depuis 2007 et vit à Lima au Perou. C'est un ancien programmateur et a travaillé pendant 12 ans comme analyste/développeur à Minero Perú SA, puis encore 5 années en tant que Operation Manager chez IPSS/ESSALUD. Après une période consacrée à des affaires privées, il est revenu dans l'administration publique comme Chef des collections à la municipalité de Maynas, Iquitos. Il a également travaillé à l'ONPE, l'Office National des Processus Electoraux, en tant que responsable de la coordination régionale. En 2004, il a co-fondé le premier répertoire de blog du Pérou “BlogsPerú”. Il collabore aussi au projet “Información Cívica” de OSI, et travaille, entre autres, avec les sites web “Periodismo Ciudadano” et Future Challenges. Ce post a été publié initialement sur le blog Globalizado de Juan Arellano. 

Les activistes ukrainiens démontent la propagande russe sur la Crimée

jeudi 6 mars 2014 à 15:13
A composite image created by activists showing the same event in Crimea, Ukraine from two vantage points, to stress how different frames can be applied to show the scale of welcome for Russia in Crimea. Courtesy of Euromaidan PR on Twitter.

Deux présentations de mêmes choses ! Comment les médias russes créent leurs “infos”. “La Russie envahit l'Ukraine. Ne croyez jamais les médias de Russie” Avec la permission de Euromaidan PR sur Twitter.

Tandis que la tension monte en Ukraine, qui accuse la Russie d'avoir envahi sa région autonome méridionale de Crimée, les activistes ukrainien s'emploient à redresser la désinformation des médias russes en séparant les faits de la propagande en ligne. 

Les utilisateurs des réseaux sociaux des deux bords donnent leurs avis sur le conflit, et s'affairent [anglais] à commenter, poster des vidéos de manifestations et s'exprimer par des mèmes [anglais]. En réaction, des sites de médias sociaux comme le réseau russe VK (VKontakte), le réseau social le plus actif d'Europe, bloquent certains groupes ukrainiens liés à la contestation [anglais], les rendant inaccessibles aux aux adresses IP russes.

Les médias classiques de Russie, quant à eux, sont particulièrement fervents pour se disputer l'audience et défendre les actes du gouvernement russe, en s'efforçant de présenter un tableau très orienté des événements en Ukraine. A leur tour, les internautes et journalistes ukrainiens essaient de combattre le flot de désinformation en lançant des initiatives de vérification des faits.

Les médias contrôlés par l'Etat en Russie, qui avaient déjà tenté de minimiser l'ampleur de la contestation ukrainienne [anglais] au temps d'Euromaïdan, sont passés “en mode fabrication à plein régime” écrit un récent article du Daily Beast [anglais].

Une fausse vidéo de guérilla

Cela comporte, par exemple, l'orchestration d'accrochages entre des “guérilléros masqués” et des militaires russes, apparaissant dans une vidéo intitulée “Le Secteur de Droite d'Ukraine occidentale attaque des citoyens russes pacifiques et tue des soldats en Crimée.” Cette vidéo a été prestement démystifiée [russe] par le blogueur de Live Journal Raymond Saint, qui a pointé de multiples indices de mise en scène, comme les armes russes portées par les “guérilleros” et les plaques d'immatriculation de Crimée des bus prétendument “d'Ukraine occidentale”.

Des affrontements de Kiev indiqués comme étant de Crimée

Une des télévisions publiques, Russia 24 news, aurait utilisé des images des violents heurts à Kiev précédant la destitution de Ianoukovitch pour illustrer de soi-disant affrontements de rue entre policiers et manifestants à Simferopol (la capitale de la Crimée) la veille de l'arrivée des premières troupes russes, afin à l'évidence de justifier l'invasion. Vesti.ru, un site web d'information, a également utilisé des images en provenance de Kiev et a été démasqué par les activistes du Secteur Civique d'Euromaïdan [ukrainien] :

Screen Shot 2014-03-03 at 6.57.58 PM

Vesti.ru Menteurs ! Vesti.ru : “Manifestations à Simferopol (Crimée), Ukraine” – Réalité : c'est la rue Kreschatyk à Kiev, près de la place de l'Europe.

L'utilisatrice de Twitter ВьОля Ласивна a également posté une capture d'écran de l'image et sa vérification dans la légende :

PROPAGANDE RUSSE  La télévision russe utilise des vidéos de Kiev de début février et écrit que c'est la Crimée

Frontière polonaise ou russe ?

Dimanche, la télévision d'Etat Russe Pervyi Kanal indiquait que 140.000 Ukrainiens avaient traversé la frontière ces deux dernières semaines pour fuir la prétendue crise dans le Sud-Est de l'Ukraine. Mais des internautes, dont Laura Mills, la correspondante à Moscou d'Associated Press, a vite compris que les images du reportage montraient en réalité un poste-frontière très fréquenté entre la Pologne et l'Ukraine.

La télé russe montre une file de voitures “qui fuient l'Ukraine orientale vers la Russie”, EN FAIT c'est un jour ordinaire dans la ville frontalière polonaise de Chegini 

Oups, c'est moi qui ai tweeté ça ?

Il y a des essais de manipulation du côté russe qui ont beaucoup amusé, comme cette capture d'écran du compte Twitter du Ministère russe des Affaires Etrangères, qui a posté par erreur une correspondance interne avec une demande ”d'approuver l'analyse compétente” du magazine allemand d'actualité Spiegel. La blogueuse Alisa Ruban a capturé la bourde sur Facebook :

Screen Shot 2014-03-03 at 7.06.29 PM

Le titre du “Spiegel” : Conflit avec la Russie : Les erreurs fatales du gouvernement de Kiev… Commentaire d'A. Ruban : [...] La machine de propagande russe tourne vraiment à plein régime à l'intérieur et à l'extérieur du pays !”

Démystifier à l'aide de StopFake

Eperonnés par le volume même de la désinformation et de la tromperie dans les médias de masse russes, les journalistes et activistes ukrainiens ont aussi œuvré de manière plus organisée à contrer les fausses nouvelles et aidé Ukrainiens et Russes à vérifier leurs informations. Liga.Net, un site de presse ukrainien de premier plan, a collationné une liste développée des cinq principaux mythes diffusés par les médias russes sur la situation en Ukraine [en russe].

Un groupe de journalistes et d'anciens élèves de l'Ecole Mohyla de Journalisme [anglais] de Kiev se sont réunis pour créer un site web “guichet-unique”, StopFake [StopFaux], pour collecter, démystifier et traduire les falsifications et désinformations les plus flagrantes des médias russes. Un des comptes de la contestation, Euromaidan, a fourni un lien vers un des articles de StopFake, qui exposait la distortion par l'agence russe ITAR-TASS des propos du Secrétaire d'Etat américain John Kerry :

ITAR-TASS pris à mentir sur Kerry. (comme toujours) http://t.co/NfIM7TdUGX

Le succès du site a été tel qu'il est fréquemment tombé suite aux connexions massives et, ces derniers jours, selon le directeur de MSJ Yevhen Fedchenko, il a subi de multiples attaques DDoS :

Crimée : ces dernières 24 heures notre site nouvellement créé est soumis à de constantes et lourdes attaques ddos – 17 millions de demandes (100 par seconde)

Le travail effectué par StopFake lui vaut même les félicitations de certains internautes russes, comme l'activiste moscovite Maxim Katz, qui semble heureux de voir les mensonges exposés :

C'est très agréable d'observer les Ukrainiens pêcher notre propagande et nos mensonges  and lies and consistently proving them to be such. Like here http://t.co/2bGegcPSOm

Vérification de faits avec FakeControl

Autre initiative de vérification de faits, dont les créateurs préfèrent garder l'anonymat, FakeControl, également très actif sur Twitter (@FakeControl). Ils travaillent sous le même format, mais uniquement en russe et ukrainien, à discréditer les fausses nouvelles et investiguer les rumeurs sur les réseaux sociaux. Ici, ils ont démonté un reportage sur la chaîne russe en anglais Russia Today qui prétendait que l'Ukraine a introduit une criminalisation de la double nationalité :

Russia Today a menti aujourd'hui sur une [nouvelle] loi sur la double nationalité. Ça arrive ! http://t.co/XNChC9kTvA

StopFake comme FakeControl utilisent aussi leurs pages Facebook (StopFake sur FB, FakeControl sur FB) pour solliciter des cas auprès des Internautes et réunir des preuves pour leur action de vérification de faits, qui devient véritablement un processus collaboratif.

“L'Iran ne peut pas bloquer Facebook pour toujours”

jeudi 6 mars 2014 à 14:32

Le Ministre de la Culture et de l'Orientation islamique d'Iran, Ali Jannati, a dit [anglais] : ”L'Iran ne peut pas bloquer Facebook pour toujours”. Plusieurs responsables politiques iraniens tel Mohammad Javad Zarif, le Ministre des Affaires Étrangères, utilisent Facebook et Twitter alors que ces sites sont bloqués en Iran.

Inde : Bons petits plats de chefs chez vous grâce à Youtube

jeudi 6 mars 2014 à 14:31

(Article d'origine publié en anglais le 18 février 2014. Les liens mènent vers des contenus en hindi et en anglais.)

Les chefs cuisiniers partagent leurs astuces sur Youtube, et gagnent en célébrité en Inde et dans le monde.

Sur YouTube, les chefs gagnent en célébrité en Inde et dans le monde.

Les recettes ne se cantonnent plus seulement aux livres de cuisine ou aux grands chefs ayant leur propre programme à la télévision. Des chefs indiens d'une nouvelle graine font monter la sauce de leur célébrité sur Youtube. Démythifiant la cuisine indienne et prodiguant des conseils pour créer pas à pas des plats alléchants, ces hommes et femmes de talent insufflent chez de nombreux convives indiens l'envie de saisir leurs ustensiles et de s'essayer à différentes recettes savoureuses dans leur propre cuisine.

Rangeons donc les livres de cuisine, place aux chefs de Youtube. Le cuistot amateur n'a enfin plus à se débrouiller seul pour essayer de comprendre ce que les instructions d'une recette désignent lorsqu'elles indiquent par exemple que “la pâte devrait être presque coulante”. On peut dorénavant voir le chef à l'oeuvre pour montrer exactement et en image à quoi ce “presque coulante” doit ressembler. 

VahChef

Sanjay Thumma (plus connu sous le nom de VahChef) est le fondateur du site de cuisine vahrehvah.com. Ouverte en 2007, sa chaîne Youtube foisonnante de recettes l'a propulsé au sommet des stars de la cuisine.

Capture d'écran de VahChef, la chaîne Youtube de Sanjay Thumma

Capture d'écran de VahChef, la chaîne Youtube de Sanjay Thumma

Au fil des ans, VahChef Sanjay a proposé en ligne plus de 1 100 vidéos d'accompagnement à la portée de tous, préparant surtout des plats indiens et quelques plats internationaux. Sa chaîne comprend actuellement 243 985 abonnés et compte 159 266 645 vues. Présent aussi sur Facebook, sa page recueille près de 164 405 “likes”. Sanjay anime également un programme de cuisine sur une chaîne de télévision régionale en Inde.

Le blog de cuisine Wandering Spoon note :

Il est revigorant de voir quelqu'un montrer de si bons plats avec une joie non-dissimulée, un sens pratique et peu de retouches. Certes, j'aime beaucoup la cuisine indienne, mais ce qui m'a tout de suite plu est son rôle de professeur de cuisine.

Dans la vidéo ci-dessous, VahChef Sanjay montre comment cuisiner du poulet au fenouil et au poivre :

Manjula's Kitchen

Manjula Jain a grandi au sein d'une famille végétarienne du nord de l'Inde. Bien qu'elle se soit mariée et ait déménagé aux Etats-Unis à la fin des années 1960, sa famille et elle sont restées végétariennes en vertu de leur jaïnisme [religion hindoue]. Depuis 2006, Manjula publie des recettes sur son blog et crée des vidéos de cuisine sur Youtube proposant des “recettes simples et pratiques” issues de l'authentique cuisine indienne végétarienne. Ses recettes comportent aussi des plats végétaliens et sans gluten.

Le site et le blog de la Cuisine de Manjula

Le site et le blog de la Cuisine de Manjula

La chaîne Manjula's Kitchen a 146 873 abonnés et culmine à 73 769 313 vues. Sa page Facebook a 260 833 “likes”. Manjula a récemment publié son premier livre, “”Manjula’s Kitchen: Best of Indian Vegetarian”” [La cuisine de Manjula : le meilleur de la cuisine indienne végétarienne"], disponible chez Amazon.

Dans la vidéo ci-dessous, Manjula nous montre comment préparer de savoureux beignets frits à la pomme de terre, célèbres dans la restauration de rue à Mumbai en Inde : Batata Vada ou Aloo Bonda

Nisha Madhulika

Mais les vidéos de recettes commentées en anglais ne sont pas les seules à rencontrer du succès. Après avoir exercé un travail à temps plein, Nisha Madhulika, femme de 55 ans originaire de Delhi, ne savait pas trop quoi faire une fois à la retraite et s'est tournée vers sa passion pour la cuisine pour maintenir une activité. Elle a commencé à mettre en ligne des vidéos de recettes en hindi avec des légendes en anglais pour le public ne parlant pas sa langue. Avec plus de 800 vidéos mis en ligne ainsi qu'un nombre considérable de recettes sur son site en hindi (dont il existe une version en anglais), Nisha Madhulika est devenue une référence culinaire.

nishamadhulika.com - le site en hindi présentant des recettes indiennes végétariennes

nishamadhulika.com – le site en hindi présentant des recettes indiennes végétariennes

Dans la vidéo suivante, Nisha raconte son parcours initial en tant que chef sur Youtube

La chaîne de cuisine de Nisha Madhulika compte aujourd'hui 114 339 abonnés et remporte 33 236 034 vues. Sa page Facebook recueille près de 40 000 “likes”.

Dans la vidéo ci-dessous, Nisha Madhulika nous montre comment faire des boules de riz soufflé (un peu comme les carrés au riz soufflé [Rice Krispies Treats], sauf que les marshmallows sont ici remplacés par [un sucre non-raffiné] le jaggery)

Parmi les célèbres chefs cuisiniers à domicile publiant des vidéos de recettes indiennes et/ou de l'Asie du sud, on compte aussi Bhavna et ses “recettes de cuisine exotique du monde entier avec une touche de saveur indienne” sur la chaîne Bhavna's Kitchen (134 091 abonnés, 52 497 677 vues) et l'équipe Hetal-Anuja et leur “approche pas à pas et pratique de la cuisine de l'Asie du Sud” sur le site ShowMeTheCurry.com (120 696 abonnés, 65 979 089 vues).

Capture d'écran de la chaîne India Food Network sur Youtube

Capture d'écran de la chaîne India Food Network sur Youtube

En réalité, les tutoriaux et les guides de recettes vidéos sur Youtube connaissent un tel succès qu'un groupe de chefs et de blogueurs gastronomes se sont réunis pour créer sur Youtube l’India Food Network [le réseau de la cuisine de l'Inde]. D'après la description présente sur leur page Facebook :

India Food Network est un guide vous accompagnant pas à pas pour cuisiner chez vous des plats simples et délicieux. De la cuisine régionale indienne aux plats bien connus du monde entier, notre objectif est de rendre la cuisine plus facile.

Ainsi, la prochaine fois que vous souhaitez concocter un plat pour impressionner quelqu'un, n'ouvrez pas de livre de cuisine. Connectez-vous sur Youtube et laissez ces célèbres chefs d'un nouvel âge vous guider.