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Burundi : la crise dont on ne parle pas

lundi 11 mai 2015 à 18:54
50000 refugees have fled Burundi ( here at the border with Tanzania)  photo via Jamii Forums

50 000 réfugiés ont fui le Burundi ( ici à la frontière avec la Tanzanie)- photo de Jamii Forums

 L'annonce de la candidature du président Nkurunziza du Burundi pour un troisième mandat (non constitutionnel au regard de la Constitution du Burundi), des violences et une crise humanitaire massive ont frappé ce pays. Au moins 50 000 réfugiés ont fui vers les pays voisins après des épisodes de violence signalées sur les médias sociaux sous les hashtags #burundichaos ou  #sindumuja. Les chiffres suivants datent du 8 mai:

Selon @Refugees, 50 000 réfugiés ont afflué vers #Tanzania #DRC & #Rwanda au cours du dernier mois #burundichaos pic.twitter.com/8id2Rawnbl

La chanson d'un musicien Han contre les préjugés des Chinois envers le Xinjiang et les Ouïghours

lundi 11 mai 2015 à 14:13
Bazaar in Hotan, Xinjiang. Photo from Flickr User Evgeni Zotov. (CC: AT-NC-SA)

Souk à Hotan, Xinjiang. Photo sur Flickr de Evgeni Zotov. (CC: AT-NC-SA)

La région du Xinjiang, où les tensions ethniques entre Chinois Han majoritaires et Musulmans Ouïghours minoritaires dégénèrent périodiquement en violences, est un sujet sensible sur les médias sociaux chinois depuis les émeutes qui ont secoué la capitale régionale Urumqi pendant l'été 2009.

Une chanson récente intitulée “Qu'est-ce que le Xinjiang vous a fait ?” a brisé le silence et déclenché sur la plate-forme Weibo, l'équivalent chinois de Twitter, une discussion sur les stéréotypes et les incompréhensions inter-culturelles. La chanson est écrite par Liu Shuang (pseudonyme Weibo : “Call me Mr. Leon” [Appelez-moi M. Léon]), un diplômé de l'Université de Sécurité de la République Populaire, qui se présente maintenant, avec une pincée d'auto-dérision, comme un “chanteur policier de folk à temps partiel”.

Beaucoup de Chinois Han de la région sont descendants des “zhi qing à la campagne”, ces jeunes gens des villes envoyés habiter et travailler dans les zones rurales et “développer la frontière” depuis les débuts de l'ère communiste au milieu des années 1950 jusqu'à la fin de la Révolution Culturelle au milieu des années 1970.

Depuis 2000, une nouvelle vague migratoire de Chinois Han vers le Xinjiang a lieu sous le signe de la politique ‘Développer l'Ouest’ du gouvernement.

Les Ouïghours sont la population turcophone musulmane prédominante au Xinjiang, et beaucoup d'entre eux éprouvent du ressentiment contre l'afflux des Chinois Han et le développement à marche forcée de cités anciennes comme Kachgar.

Ils voient aussi dans le sécularisme promu par les autorités une menace pour leur religion et culture, et la méfiance a été encore nourrie par un cercle vicieux de violentes manifestations et répressions policières. L'agitation a culminé avec un certain nombre d’ “attentats terroristes” mortels, selon la terminologie des autorités chinoises, ce qui à son tour a contribué à un déclin [anglais] du tourisme dans la région.

En même temps, le pouvoir a tenté d'imposer une série de restrictions au nom de la sécurité, dont l'interdiction des longues barbes et des niqabs dans les espaces publics, avec des sanctions pénales prévues pour les contrevenants. Les mineurs au Xinjiang ont de plus interdiction de participer à des activités religieuses, ce qui n'est pas le cas ailleurs en Chine.

Liu, un Chinois Han né et grandi au Xinjiang, a écrit cette chanson pour dire son amour des Ouïghours et sa frustration devant les préjugés et caricatures de son pays natal par les gens de l'extérieur :

小时候我妈妈常给我讲 这里的民族热情善良

祖祖辈辈参军支援边疆 架起了高楼守卫边防

可长大一切都变了模样 有事没事就特么诋毁新疆

笑眯眯 打招呼问我哪儿人 我说新疆你语气一落千丈

看见维吾尔你就上下打量 侧过身包儿你就往怀里面藏

恐怖主义残忍烧杀砍伤 你想都没想罪名加我们头上

五年前七五事件是场空城灾难 五年了心灵都无法疗伤

我们也目睹过尸横街头 没蜡烛没祈福只有肮脏

虽然我是一个汉族小伙儿 可毕竟是生我养我的地方

就算有天这儿变成坟场 也永远都是我的故乡

新疆怎么你了 我说新疆怎么你了

新疆怎么你了 都是同胞何必呢

我说新疆怎么你了 我说新疆怎么你了

新疆怎么你了 你要这样伤害她呢

摘下你们的有色眼镜 说话能不能不要带着刺儿

新疆怎么你了 你要这样伤害他呢

新疆怎么你了 我说新疆怎么你们了

新疆怎么你了 你要这样伤害他呢

Quand j'étais enfant, maman me disait toujours que les minorités ethniques étaient hospitalières et vertueuses.

Les générations précédentes rejoignaient les armées servant aux frontières du pays, et y construisaient des tours pour défendre les frontières.

Tout a changé depuis que je suis grand, les gens se plaisent maintenant à calomnier le Xinjiang.

Chaque fois qu'on me demande aimablement où je suis né, quand je dis au Xinjiang le changement de ton me glace aussitôt.

Les Ouïghours sont toujours traités avec suspicion, quand on les voit on serre son sac sous son aisselle.

Le terrorisme signifie morts et blessés, mais vous nous chargez de façon éhontée d'accusations absurdes.

Les émeutes d'Urumqi il y a cinq ans étaient catastrophiques, et les plaies restent ouvertes.

Nous avons tous vu les cadavres dans les rues, sans bougies ni prières, que de la saleté.

Même si je suis d'ethnie han, je suis né et je vis ici.

Même si un jour elle est un cimetière, la région restera mon foyer.

Qu'est-ce que le Xinjiang vous a fait, qu'est-ce que le Xinjiang vous a donc fait ?

Qu'est-ce que le Xinjiang vous a fait, pourquoi ce mépris réciproque alors que nous sommes tous concitoyens ?

Qu'est-ce que le Xinjiang vous a fait, qu'est-ce que le Xinjiang vous a fait ?

Qu'est-ce que le Xinjiang vous a fait, pourquoi vous lui faites du mal ?

Laissez vos stéréotypes de côté, cessez donc les chamailleries

Qu'est-ce que le Xinjiang vous a fait, pourquoi vous lui faites du mal ?

Qu'est-ce que le Xinjiang vous a fait, qu'est-ce que le Xinjiang vous a fait ?

Qu'est-ce que le Xinjiang vous a fait, pourquoi vous lui faites du mal ?

L’ “unité ethnique” a beau être un thème central de la propagande d'Etat, les Ouïghours sont souvent stéréotypés hors du Xinjiang comme une minorité peu fiable, un trait mentionné dans la chanson de Liu. Ces préjugés élargissent le fossé entre Chinois han et Ouïghours et rendent impossibles un dialogue constructif ou la résolution des tensions dans la région.

La question donnant à réfléchir de Liu, “qu'est-ce que le Xinjiang vous a donc fait ?” a encouragé les Chinois han à repenser leur caractérisation de la région et de son peuple.

Aixiong Baobao, un Chinois han au Xinjiang, s'est exclamé sur Weibo :

哎~我是汉族,我也想说那一年的7·5死了几千人,我们的同胞为我们祈福没有?有的只是新疆停网半年和后遗症,请大家停止歧视和误解,正确去认识新疆你也会爱上这片热土,要明白歧视和误解才是引发暴乱的原因,我也憎恶如何支持独立的人,不要为了他人的私欲而做盲目的愤青。

Hélas, en tant que d'ethnie han, je tiens à dire que des milliers de gens sont morts le 5 juillet de cette année, mais est-ce que des compatriotes ont prié pour nous ? L'internet de la région a été coupé pendant plus de six mois et l'amnésie oubliée. Chacun doit cesser les discriminations et incompréhensions. On aime cette contrée dès qu'on commence à connaître le Xinjiang. Préjugés et incompréhension provoquent les émeutes.

Paopao Shuijing pense que les gens de l'extérieur passent à côté de la culture unique du Xinjiang, et en particulier de sa musique :

我是新疆人,我是汉族人。我们新疆的歌曲,你们或许听都没有听过。

Je suis un habitant du Xinjiang, je suis d'ethnie han. Vous n'avez probablement jamais entendu de chansons du Xinjiang.

Après avoir écouté la chanson, Gui Yao, qui n'est jamais allé au Xinjiang, a abondé :

虽然没去过新疆 但我讨厌所有种族歧视 民族歧视 地域歧视新疆河南等等地方都饱受这些苦难 真的很不公平 我相信大部分人都是善良的

Bien que n'ayant jamais été au Xinjiang, je déteste toutes les formes de discrimination – raciale, ethnique et régionale. Le Xinjiang, le Henan et de nombreuses autres régions en souffrent et c'est vraiment injuste. Je crois que la pIupart des gens [dans ces régions] sont bons et bienveillants.

Une photo d'un révolutionnaire mexicain sosie du boxeur Pacquiao devient virale

lundi 11 mai 2015 à 09:34

Une photo d'un révolutionnaire mexicain sosie du boxeur Pacquiao est devenue virale au Mexique quelques jours avant le combat de l'icône philippine de la boxe contre Floyd Mayweather à Las Vegas pour sa troisième ceinture de champion (OMB, CMB et AMB).

Beaucoup d'utilisateurs de Twitter ont parlé de cette photo en se demandant si les deux hommes n'étaient pas parents.

Il se trouve que le grand-père de Pacquiao a participé à la révolution mexicaine. Le Mexique soutient Pacquiao

Sur Facebook, cette photo téléchargée par Latin Post a été partagée plus de 50 000 fois et a provoqué 150 000 commentaires.

“Non seulement il est champion de boxe, mais Manny Pacquiao a aussi participé à la révolution mexicaine” a été le leit motiv de ces commentaires, et certains n'hésitent pas et parlent de l'homme de la photo comme du grand-père de “Pacman” selon le portail web Infobae.

D'après les experts, le changement climatique est à l'origine du recul du lac Baïkal

lundi 11 mai 2015 à 08:42
Cove with Shamans Rock Olkhon Island Lake Baikal, Russia. Photo by Flickr user amanderson2. CC BY 2.0

Crique avec le Rocher au chamane sur l’île d’Olkhon, lac Baïkal, en Russie. Photo de l'utilisateur Flickr amanderson2. CC BY 2.0

Cet article a été écrit par Mikhail Matveev pour 350.org, une organisation œuvrant pour la création d’un mouvement contre le réchauffement climatique mondial. Il est republié sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenus.

Au début de l'année 2015, le ministre russe des Ressources naturelles Sergueï Donskoï a officiellement déclaré le lac Baïkal comme zone d'urgence, à cause d'une baisse catastrophique de son niveau d'eau. Le lac Baïkal est le plus grand lac d'eau douce de la planète et figure sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Il fait la fierté de la Russie et est l'une des destinations touristiques les plus prisées.

Le lac Baïkal et la rivière Angara qu'il alimente sont également la source d'eau de nombreuses villes, et la diminution de son niveau pourrait vider leurs réservoirs de stockage. Afin de préserver l'approvisionnement en eau pour les villes, la quantité d'eau qui coule à travers les barrages des centrales hydroélectriques doit être diminuée, ayant pour conséquence une production d'énergie réduite.

Le ministre russe a clairement expliqué la raison de la diminution de la profondeur du lac Baïkal : « le climat ». Mais alors, qu'est-il arrivé au climat ?

D'après les experts, les précipitations dans la région du Baïkal fluctuent en un cycle qui couvre plusieurs décennies. Cependant, la situation actuelle se situe clairement au-delà des marges de la variation normale. À la fin du mois de mars, par exemple, le niveau d'eau du lac est descendu 9 cm plus bas que le niveau critique. Une telle période de pénurie d'eau n'a pas été observée depuis 100 ans. Selon le Ministère des Situations d'urgence, le débit d'eau entrant dans le lac était de seulement 65 % de la norme climatique en été et et en automne 2014.

La diminution de la profondeur du lac Baïkal se déroule dans un contexte de changement climatique dramatique en Russie : selon le Centre météorologique de Russie (Rosgidromet), l'augmentation de la température moyenne est ici 2,5 fois plus rapide qu'elle ne l'est à l'échelle mondiale. Le changement climatique conduit à une forte augmentation du nombre de catastrophes naturelles, notamment des sécheresses.

Increase in dangerous climatic events in Russia, according to Rosgidromet

Augmentation des événements climatiques dangereux en Russie, d'après Rosgidromet

Le deuxième rapport de Rosgidromet prédit ce genre de situations en détail comme l'un des résultats possibles du changement climatique :

En conséquence de l'augmentation de la variabilité interannuelle des eaux de ruissellement, surtout saisonnière, il est possible que certaines années ou certaines saisons connaissent des niveaux d’eau anormalement élevés ou anormalement bas. Le préjudice financier causé par un niveau d’eau bas pourrait être comparé à celui des inondations, car cela complique le travail des réservoirs de stockage, perturbe l'approvisionnement en eau dans les villes et les installations industrielles, diminue la production d'énergie hydroélectrique, met en danger la navigation fluviale et diminue la qualité de l’eau de la rivière.

La baisse du niveau d'eau n’est qu’une partie des problèmes du lac Baïkal. Le plus terrible est peut-être encore dissimulé sous la surface du lac. À l'automne de l'année 2014 les rives du lac ont commencé à se transformer en pâte de plante aquatique odorante.

L'écosystème du lac qui s'est formé grâce à l'eau propre et incroyablement froide (<10° généralement) et est réputé pour ses bosquets d'éponges d'eau douce, créant des récifs qui ressemblent à ceux des Caraïbes.

Mais ces fantastiques éponges sont en train de mourir et leur habitat est submergé par les mêmes plantes aquatiques (leur nom académique est Spirogyra) qui sont rejetées à terre par les tempêtes. Le paysage unique similaire aux récifs cède la place à un sol recouvert de boue caractéristique  d'un étang réchauffé par le soleil plutôt qu’au lac Baïkal tiède et profond.

Les experts ne sont pas d’accord sur les causes de ces problèmes. Des chercheurs de l'Institut de limnologie ont tiré la sonnette d'alarme en raison de la pollution de l'eau et demandent que des mesures urgentes soient prises pour limiter les rejets des eaux usées dans le lac. Dans l'intervalle, la vice-ministre de l’Environnement et ressources naturelles de la région d'Irkoutsk, Nina Abarinova, considère que la cause fondamentale réside dans la faible teneur en eau et la température élevée de l'eau.

L'eau du Baïkal se réchauffe en effet. Selon une étude publiée en 2008 déjà, la température de l'eau de surface du lac Baïkal avait bondi de 1,21 degrés depuis 1946.

Compte tenu de tout cela, chaque facteur est lié à d'autres, et le changement climatique a un rôle de premier plan. Même la pollution de l'eau est indirectement liée au climat : la baisse spectaculaire de l'eau entrante conduit à la création de zones stagnantes où s'accumulent la vase. Ce qui est frappant, c’est que l'ennemi des « récifs » du lac Baïkal est similaire à celui de leurs parents dans les Caraïbes, le Pacifique et l'océan Indien ; le changement climatique et la pollution de l'eau unissent leurs forces pour affaiblir les éponges et les coraux amateurs de stabilité, tout en créant d'excellentes opportunités pour la croissance des plantes aquatiques.

Ce qui se passe dans la région du lac Baïkal est juste un exemple de la preuve massive que le réchauffement climatique n’annonce rien de bon, même pour le froid russe. Il est dommage que la société russe d'aujourd'hui soit à peine prête à reconnaître ces problèmes globaux, même si la réalité frappe à leur porte de plus en plus fort. Il y a peut-être un espoir que l'activisme climatique dans la région permettra de sensibiliser à ce qui est peut-être le problème le plus important du 21ème siècle, d'autant plus qu'il y existe de premiers projets réussis.

Mise à jour : Lorsque ce texte était en préparation, une autre catastrophe a frappé la région. De graves incendies en Khakassie et dans la République de Touva (près du lac Baïkal) ont tué plus de 30 personnes et fait des centaines de sans-abri. Le gouverneur de Khakassie a désigné une anomalie climatique « jamais vue auparavant » – un temps chaud et un vent fort – comme étant la principale cause de la catastrophe.

En Sibérie, l'autre Premier Mai russe fête l'absurdité

dimanche 10 mai 2015 à 23:49
Monstration 2015 in Novosibirsk. Top left, clockwise: "A Platypus Will Save the World," "We are made from a different kind of dough," "Soon it will be Sunny," "We aren't Monsters," "From Communism to Idiotism," and "Bees Against Honey!" Images from VKontake.

La Monstration 2015 à Novosibirsk. En haut à gauche, puis dans le sens des aiguilles d'une montre : “C'est un ornithorynque qui sauvera le monde” “Nous ne sommes pas de la même pâte”, “Bientôt il fera soleil”, “Nous ne sommes pas des monstres”, “Du Communisme à l'Idiotisme”, “Les Abeilles contre le miel” Images : VKontake.

Chaque 1er mai, des milliers de Russes organisent une célébration publique de l'absurde dans une poignée de villes de Sibérie. Cette année encore, slogans et costumes n'ont pas démérité.

Cette tradition insolite, sortie du cerveau d'un groupuscule d'artistes radicaux, a vu le jour en 2004 dans la ville sibérienne de Novosibirsk. Un membre du collectif, Ivan Dyrkine, a inventé le nom “Monstration” en enlevant le “de” de “demonstration” [manifestation], un préfixe auquel il trouvait des connotations négatives. Les invitations à la première Monstration furent signées par le collectif Terrorisme d'Art Contemporain, un emprunt à l'appellation revendiquée par un autre des artistes, Max Neroda, pour ses actions de “terrorisme artistique”, qui consistaient à paraître dans des expositions et à y accrocher ses propres peintures sans y avoir été invité.

Un des initiateurs, Artyom Loskoutov, qui s'est fait connaître depuis comme le meneur de la Monstration annuelle de Novosibirsk, a expliqué la signification de l'événement dans un entretien avec le Calvert Journal :

La Monstration était une expérimentation pour repenser l'environnement urbain et notamment les manifestations du Premier Mai, qui s'étaient depuis longtemps vidées de leur sens originel. J'avais assisté auparavant à plusieurs défilés du Premier Mai, et ils paraissaient un rituel bizarroïde. On doit participer mais à peu près personne ne sait pourquoi. Ça a l'air d'une totale ineptie. C'est ce que nous voulions souligner. La monstration est à la fois une critique et un concept. Nous voulions ressusciter la manifestation du Premier Mai et voulions aussi créer un événement culturel. Mais comme nous n'étions pas très nombreux, nous ne nous sentions pas en mesure d'accomplir quelque chose seuls, aussi avons-nous décidé de travailler avec la manifestation, en nous y intégrant et en la transformant de l'intérieur.

La première Monstration à Novosibirsk a attiré une assistance inférieure à cent personnes, mais le concept a depuis gagné en popularité en s'étendant à des dizaines d'autres villes. Cette année, plusieurs milliers de Russes ont participé à la marche de l'absurde à Novosibirsk.

“Monstration 2015 : Les limites de la démocratie, ou Forces spéciales contre enfants”

Le maire de Novosibirsk, Anatoly Lokot, membre du Parti Communiste, apprécie apparemment peu cette tradition insolite de sa ville. Lors des préparatifs pour le jour férié du 1er mai, M. Lokot a écrit sur VKontakte pour promouvoir le défilé officiel de la Fête des Travailleurs. L'article du maire proclamait la grandeur du travail en termes soviétiques, citant même Karl Marx pour faire bonne mesure.

Et le jour du 1er mai, les “Monstrateurs” venus téléscoper la parade officielle de la municipalité auraient été cueillis par les policiers qui les ont informés qu'ils n'étaient pas autorisés à y participer. Les manifestants, mécontents, ont défilé dans la direction opposée, et la police a ultérieurement arrêté l'organisateur Artyom Loskoutov.

Je suis retenu au Centre E [celui de la police anti-extrémisme]

Loskoutov a été subséquemment condamné à 10 jours de prison avec une légère amende. Amnesty International a déclaré l'artiste russe “prisonnier de conscience” et exigé sa remise en liberté immédiate.

Loskoutov attribue à son arrestation lors d'une Monstration de 2009 la célébrité du concept au-delà de Novosibirsk, et la prise de bec de cette année avec la police a déjà été très remarquée. Mais une chose est sûre : les futures Monstrations seront contraintes de se frayer un chemin à travers l'environnement de plus en plus restrictif en Russie pour les réunions publiques, même si l'événement a peu à voir avec la politique ou même la réalité.