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Singapour refuse aux étrangers l'accès sa Gay Pride annuelle et barricade le site

vendredi 9 juin 2017 à 20:15

Pink Dot 2014 Singapour. Photographie par Jnzl / Flickr (CC BY 2.0)

Depuis 2009, l'événement « Pink Dot » est devenu une célébration annuelle des droits des personnes LGBT à Singapour. Chaque année, des dizaines de milliers de personnes se rassemblent au Speakers’ Corner à Hong Lim Park pour montrer leur soutien envers l'égalité des sexes, l'inclusion et l'amour libre, à travers des chansons, des discours, des pique-niques en famille et diverses présentations culturelles.

La neuvième édition de Pink Dot est prévue pour le 1er juillet 2017, mais cette fois-ci les autorités ont imposé de nouvelles règles. Premièrement, les parrainages étrangers sont toujours interdits ; deuxièmement seuls les Singapouriens sont autorisés à entrer dans le parc et participer à l'événement; et troisièmement, les participants doivent montrer leur badge d'identification émis par les autorités dans le cadre des mesures de sécurité du programme.

Afin d'assurer la sécurité du public et d'empêcher les étrangers d'assister à l'événement, le parc sera entouré de barrières : une mesure sans précédent, sachant que Hong Lim Park est le seul endroit à Singapour où les gens peuvent organiser des rassemblements et s'exprimer librement lors de manifestations.

Singapour pénalise les actes homosexuels entre hommes, et d'anciens participants à Pink Dot ont émis des critiques envers cette loi de l'ère coloniale.

Les organisateurs de Pink Dot ont déclaré que la police leur a récemment rappelé un amendement à la loi sur l'ordre public interdisant aux étrangers à participer aux manifestations publiques dans le parc. Face à cela, les organisateurs se sont excusés du fait que les étrangers se verront refuser l'accès à un événement Pink Dot pour la toute première fois :

Nous sommes conscients du fait que cela impacte directement et sépare les individus ayant des partenaires, des amis et de la famille qui ne seraient pas des citoyens singapouriens ou des résidents permanents et nous en sommes désolés. Malheureusement, c'est une décision qui a été prise sans notre accord et que nous ne pouvons pas contourner.

À Singapour, 1,3 million de personnes sont des travailleurs étrangers, pour une population nationale d'environ 5,5 millions de personnes.

Paerin Choa, porte-parole pour Pink Dot, a révélé que la décision de barricader le parc a été imposée par la police :

L'installation de barrières et de postes de contrôle à travers le parc était la seule mesure que les autorités ont jugé acceptable ; c'est une décision qui a été prise sans notre accord et que nous contestons.

Les organisateurs ont prévenu leurs soutiens qu'enfreindre cette loi pourrait donner lieu à une amende allant jusqu'à 10.000 dollars singapouriens (6450€) et six mois de prison. Malgré ces restrictions, les organisateurs de Pink Dot affirment que plus de cent entreprises et institutions ont réitéré leur soutien pour l'événement.

Pendant ce temps, certains défenseurs de Pink Dot ont critiqué la police et sa décision de mettre en oeuvre des mesures plus strictes dans le seul « Parc de la Liberté » du pays.

L'auteur Kylie Foo dit que le symbolisme attaché au fait de barricader le parc l'inquiète :

Singapour a tort d'en venir à une solution aussi arriérée que l'installation de barrières militarisées autour de Hong Lim Park, une solution qui, à vrai dire, nous rappelle des images terrifiantes de groupes minoritaires confinés et « raflés » par les autorités.

Kirsten Han remet en question la logique derrière le fait d'interdire aux étrangers l'accès à un événement censé célébré l'amour et l'inclusion :

Une telle imposture, celle qu'un événement célébrant l'amour, la fierté, l'inclusion et l'acceptation soit forcé d'ériger des barricades, serait à mourir de rire, si ce n'est qu'elle a des conséquences scandaleuses dans la vie réelle. Ces nouvelles lois sont en train de séparer des familles : les Singapouriens dont les conjoints ou les proches sont non-résidents ne pourront pas assister à Pink Dot ensemble. Ces êtres chers « étrangers » n'auront d'autre choix que de rester à l'écart des festivités tandis que leurs moitiés autochtones revêtiront leurs costumes roses pour célébrer la « liberté d'aimer. »

Han a ajouté que le fait de barricader le parc pourrait constituer un précédent, qui pourrait être utilisé pour affaiblir l'impact de manifestations futures.

Pour autant, les organisateurs de Pink Dot sont confiants du fait que les Singapouriens trouveront une façon de transformer cet événement en succès le 1er juillet :

…les couples et les familles voulant célébrer Pink Dot avec nous pourraient être séparés à cause de cela. Mais nous avons foi en Singapour. Et les Singapouriens surmonteront cela, comme ils le font depuis 8 ans.

La Chine censure ‘Enterrement doux’, un roman primé sur les effets meurtriers de la réforme agraire

vendredi 9 juin 2017 à 19:35

Une banderole lors d'un séminaire de critique littéraire à Wuhan qualifie “Soft Burial” de “plante vénéneuse” . Image du Weibo de Fangfang.

Le gouvernement chinois a récemment retiré de la vente le roman primé “Enterrement doux”, écrit par Fang Fang et traittant de la réforme agraire chinoise des années 50.

Le roman raconte l'historie d'une vieille femme souffrant d'amnésie après avoir vu l'ensemble de la famille de son mari amenée à mettre fin à ses jours durant la réforme agraire nationale organisée par le Parti Communiste chinois, qui eut pour but d'éliminer la classe des propriétaires peu après la création de la République Populaire de Chine en 1949. Les souvenirs ensevelis hantent cette femme tout au long de sa vie, et amène son fils à décider de fouiller son passé.

Les suicides liés à la réforme agraire n'ont pas été inventés pour les besoins du roman. Outre les exécutions publiques, la lutte des classes poussa des dizaines de milliers de propriétaires et de paysans aisés au suicide. Il n'existe pas de documents officiels du nombre exact d'exécutions lors de la réforme agraire,  mais les chiffres avancés par des chercheurs chinois et américains varient entre 1 et 5 millions.

“Enterrement doux” [NdE : Titre en anglais : “Soft Burial”; littéralement, 软 dans le titre chinois a le sens de ‘mou’], originellement publié en 2016, a obtenu le prix Luyao 2016 de littérature, un hommage  à son réalisme historique. Fang Fang a expliqué le titre de son roman dans sa postface :

人死之后没有棺材护身,肉体直接葬于泥土,这是一种软埋;而一个活着的人,以决绝的心态屏蔽过去,封存来处,放弃往事,拒绝记忆,无论是下意识,还是有意识,都是被时间在软埋。一旦软埋,或许就是生生世世,永无人知。

Quand les gens meurent et que leurs corps sont mis en terre sans la protection d'un cercueil, cet enterrement est appelé “enterrement doux/mou” ; quant aux vivants, quand ils scellent leur passé, coupent leurs racines, rejettent leurs souvenirs, que ce soit consciemment ou inconsciemment, leurs vies sont doucement enterrées dans le temps. Une fois doucement enterrés, leurs vies seront déconnectés dans l'amnésie.

Avant l'annonce du prix Luyao le 23 avril 2017, un séminaire de littérature critique organisé par le groupe de lecture du Travailleur, Paysan et Soldat dans la cité de Wuhan a conclu que le roman était “une plante vénéneuse” :

攻击土地革命运动……为封建地主阶级招魂……是一株反共大毒草!

Une attaque contre la réforme agraire….destinée à ressusciter les esprits de la classe des propriétaires…et  par conséquent une plante vénéneuse contre le communisme.

Des propos similaires à l'encontre du roman ont également été tenus dans d'autres villes, telle que Zhengzhou.

D'anciens dirigeants du Parti Communiste Chinois ont également publié leurs reproches envers le roman. L'ancien chef du Département d'Organisation Centrale Zhang Quanjing a écrit une dénonciation dans le style de la lutte politique, intitulé “Enterrement Doux est un symbole de la lutte de l'idéologie de classe dans la situation actuelle”.

方方的小说无视土改的这个本质方面,给土改泼了一大盆脏水,这是对历史的歪曲,是历史虚无主义在文艺领域的典型表现,是‌‌‘和平演变’与反‌‌‘和平演变’斗争的具体表现。‌‌

Le roman de Fang Fang ignore l'essence de la réforme agraire et verse de l'eau sale sur la campagne. Ceci est une distorsion de l'histoire, une expression typique de nihilisme historique dans les domaines de l'art et de la littérature, un exemple concret de la lutte entre “transformation pacifique” et “transformation anti-pacifique” (du système politique).

Lieutenant Général de l'Armée populaire de libération, Zhao Keming  étend la critique à nombre de romans contemporains :

历史虚无主义思潮尽管受到党和人民的有力抵制和批评,但仍在以各种形式滋长蔓延。除了在历史研究领域,在讲台、论坛上不断欺骗毒害人们,近些年在文学创作领域也表现得十分猖獗。为地主阶级翻案、控诉土改的小说《软埋》只是其中最新出版、最露骨的表达罢了。在此以前,有《活着》、《生死疲劳》、《白鹿原》、《古船》等等。长期以来,这些作品基本上没有在主流媒体上受到有分量的分析批评,也未听说其所在单位党的组织对此有过批评指正,有的人反而获得了很高的地位、炫目的光环,有很多粉丝和吹鼓手。这就在客观上产生了一种导向,写这类颠覆历史的东西可以出名得利,可以风光无限。‌‌

Bien que le nihilisme historique ait été critiqué par le parti et le peuple, il s'est répandu sous différentes formes. S'ajoutant au poison de la recherche historique, des cours d'université, et des forums publics, il est devenu endémique dans le domaine de la littérature. “Enterrement Doux” n'est que le dernier roman publié qui tente explicitement de justifier les propriétaires fonciers et à critiquer la réforme agraire. Avant sa publication, des romans tels que “Vivre !” “La vie et la mort m'épuisent”, “La plaine des biches”, “Le bateau antique”, etc., n'ont pas été critiqués dans les médias de masse. Les auteurs n'ont pas été dénoncés par leurs chefs dans leurs unités de travail  ou de parti. Certains d'entre eux ont même atteint des postes élevés, et reçu des louanges de leurs fans et followers. Objectivement, cela a donné naissance à une mode qui voit la subversion historique dans l'écriture comme un ticket gagnant vers le succès et un brillant avenir.

La vague de critique a culminé avec l'interdiction du roman.

Cependant, une copie numérique a circulé en ligne et gagné les applaudissements des lecteurs. Beaucoup ont trouvé le roman inspirant et écrit leurs commentaires sur les réseaux sociaux. Nombre d'entre eux se sont plaints d'avoir été signalés, effacés et “doucement enterrés”. Ci-dessous se trouvent certains des commentaires qui circulent toujours sur la très populaire plateforme Weibo.

Un lecteur de Chengdu a écrit :

故事讲得很好[…]原来不相关的人都联系起来。但是看着结尾很不爽,居然不探究真相,任由父母的历史湮没。懦弱和不孝啊。但也许是故意为之,让读者也有一种软埋的感觉,因为这才是真实的生活。

L'histoire est  bien racontée…des personnages sans rapport entre eux finissent par se retrouver à la fin. Mais je n'aime vraiment pas la fin, pourquoi ne pas déterrer la vérité, pourquoi enfouir l'histoire de ses parents? C'est un tel acte de lâcheté et un manque de piété filiale. C'est peut-être l'intention de l'auteur, laisser les lecteurs ressentir un enterrement doux car c'est la réalité à laquelle nous faisons face dans nos vies.

Un lecteur du Shandong réfléchit :

没有一件事,会有它真正的真相。
重要的不是真相是什么,而是我们用什么态度去面对它。
我们或许永远无法公正的评价那个年代,但是我们有权利去质疑它。
一个国家应该开放的去面对自己的历史,否则历史的包袱只会越来越沉重。

Aucun événement n'a de vérité absolue. Ce qui importe n'est pas tant la vérité que notre attitude quant à celle-ci. Peut-être ne peut-on jamais évaluer le passé de manière juste, mais nous avons le droit de le questionner. Un pays devrait pouvoir affronter son histoire, sinon le bagage historique deviendra trop lourd à porter.

Et le roman de Fang Fang a inspiré un lecteur de l'Anhui à écrire sur sa propre histoire familiale.

我的曾祖父少年在地主家做学徒,因聪明勤快,后来自己办木厂染坊、买田,家境逐渐殷实富足。直到土改,我家应算是富农,绝称不上地主。之所以被划为地主,是因为当时的土改负责人与我家有仇,强把我曾祖母家的地加在我家头上。我曾祖母家倒是地主,但她家的田地是她兄弟的,跟我曾祖母、跟我家哪有什么关系?欲加之罪,何患无辞!我不知道曾祖父是怎么死的。但我知道我的曾祖母,这位传统大家庭的女主人,是被活活饿死在自己床上的。

我曾祖父的父亲是晚清举人,一生教书,死后留下几大竹篾筐书,土改时候全被烧掉 。
我的祖父土改前在县城高中读书,读医农科,成绩优异,准备保送复旦。但土改时被扣上“地主少爷”之名,只得落寞归乡,一生面朝黄土。虽然在六十年代教过几年书,但这几年教书的经历,反而又让他在文革中受了不少罪。

我家世代耕读之家,土改一役,书被烧尽,田被收走,真是绝人活路,后来几十年困顿窘迫,其间血泪,倒向谁人控告与哭诉!

Mon arrière grand-père était un serviteur travaillant pour un propriétaire foncier. Parce qu'il était intelligent et consciencieux, il ouvrit son propre atelier de menuiserie et de teinturerie, acheta des terres et devint riche. C'était un paysan riche mais pas un propriétaire foncier. Il fut malgré tout étiqueté comme propriétaire foncier lors de la réforme agraire car il était en désaccord avec ceux qui dirigeaient la réforme. Quand ils calculèrent ses biens, ils inclurent les terres détenues par la famille de mon arrière grand-mère. Elle était d'une famille de propriétaires fonciers mais les terres étaient aux mains de ses frères et n'avaient rien à voir avec lui. C'était un prétexte de vengeance. Je ne sais pas comment mon arrière grand-père est mort, mais mon arrière grand-mère est morte de famine chez elle.

Le père de mon arrière grand-père était un lettré de la dernière dynastie Qing. Il a été professeur toute sa vie et laissa derrière lui énormément de livres. Ils furent tous réduits en cendres lors de la réforme agraire.

Mon grand-père étudiait la médecine et l'agriculture au lycée de la ville. Il se préparait à intégrer l'université de Fudan. Mais il fut étiqueté comme fils de propriétaire foncier et dut retourner au village et devenir paysan. Il enseigna brièvement dans les années 60, mais à cause de son passif familial il fut persécuté lors de la révolution culturelle.

Mon héritage familial est composé de paysans et de lettrés. A cause de la réforme agraire, tous les livres furent brûlés et les terres confisquées. Il n'y avait pas d'autre issue pour leur génération. Ils ont souffert pendant des décennies et versé beaucoup de larmes et de sang, et ils ne purent même pas pleurer et raconter leurs histoires à haute voix.

Au Mexique, des collectivités agraires locales gèrent avec efficacité les ressources de la forêt maya

jeudi 8 juin 2017 à 18:53

En México está reconocida la propiedad de la tierra a las comunidades y ejidos (Foto tomada del sitio oficial de Alianza Selva Maya y reproducida con permiso)

Au Mexique, le droit à la terre est reconnu aux communautés [comunidades] et collectivités agraires [ejidos] (1). (photographie : site officiel d’Alianza Selva Maya, reproduite avec autorisation)

Le 19 août 2007, le météorologue mexicain José Nemesio Medina alertait la population que l'ouragan Dean risquait de passer par la baie de l'Ascension (division administrative de Felipe Carrillo Puerto, État du Quintana Roo). Le 21 août, l’œil de l'ouragan traversait avec des vents atteignant 295 km/h la ville de Bacalar (division administrative de Chetumal, capitale du Quintana Roo).

Au total, les dommages se sont chiffrés à 210 millions de dollars, selon un rapport publié par le ministère de l'Intérieur mexicain [Secretaría de Gobernación] et le centre national de prévention des catastrophes. La forêt tropicale maya n'a pas été épargnée : environ 917 000 hectares de forêt de moyenne altitude et 270 000 hectares de forêt de basse altitude ont subi des dégâts.

Avant que l'ouragan ne frappe, l’ejido Noh Bec (Felipe Carrillo Puerto) était sur le point d'achever son premier cycle de coupes autorisées dans le cadre du programme de gestion forestière lancé en 1999 par le ministère mexicain de l'Environnement et des Ressources naturelles (SEMARNAT).

Après le passage de l'ouragan, le ministère a suspendu ce programme et délivré des autorisations temporaires de coupe. Quant à Noh Bec, l’ejido a perdu la certification forestière SmartWood qui lui permettait d'exporter du bois, notamment vers les États­­­-Unis et l'Allemagne. La forêt se trouvait alors dans un état critique, une grande partie de ses arbres ayant été endommagés.

Trois ans plus tard, Noh Bec n'avait toujours pas récupéré le précieux sésame vert. Abraham González, directeur forestier de l’ejido, se rappelle :

On commençait à vendre le bois à n'importe quel prix. Les tarifs avaient considérablement chuté. Il fallait s'unir pour harmoniser les prix du bois.

C'est ainsi qu’Alianza Selva Maya [un groupement constitué de cinq ejidos] a vu le jour le 15 juillet 2011.

Captura de un diario local que refleja la conformación de la Alianza Selva Maya (Foto: Blog oficial de Alianza Selva Maya y reproducida con permiso)

Article d'un journal local sur la formation du groupement Alianza Selva Maya (photographie : blog officiel d’Alianza Selva Maya, reproduite avec autorisation)

En 1917, la Constitution mexicaine est promulguée. Son article 27 instaure deux formes fondamentales de propriété collective, dite « propriété sociale » : les ejidos et les communautés. La propriété des terres est alors cédée aux paysans et aux communautés indigènes.

Dans les ejidos, les bénéficiaires de la dotation foncière sont appelés ejidatarios. Ils conservent la « propriété civile » de la terre [mais les droits individuels qu'ils détiennent sont des droits d'usufruit]. Il leur est interdit de vendre les terres, de les louer, de les hypothéquer ou de les offrir en garantie en cas de demande de crédit. La pleine propriété n'est pas transférée aux paysans – jugés vulnérables sur le plan politique – par crainte que les terres ne passent aux mains des latifundistas [propriétaires de grands domaines agricoles].

Le gouvernement mexicain exerce un contrôle centralisé sur les forêts jusqu'en 1940. À partir de cette année-là, les entreprises privées peuvent se voir accorder des concessions afin d'exploiter les ressources forestières. Fin 1970, le secteur forestier mexicain est en crise en raison de la surexploitation des forêts naturelles. En 1986, il est mis fin aux concessions privées au profit des communautés et des ejidos, qui retrouvent le droit d'exploiter les ressources forestières.

En 1997, le ministère de l'Environnement et des Ressources naturelles élabore une stratégie favorisant la gestion des forêts, qui s'articule autour de deux nouveaux programmes : le programme de développement forestier (PRODEFOR) et le programme de développement forestier communautaire (PROCYMAF).

À ce jour, on estime que 2 300 ejidos et communautés sont autorisés à exploiter le bois de leurs forêts, sur un total de 8 400 y ayant droit. Durant les 25 dernières années, plus de 80 % des forêts tempérées et tropicales du Mexique ont été gérées par des communautés rurales et des populations indigènes, qui disposent désormais d'un pouvoir de décision concernant la production commerciale de bois.

Iván Zúñiga, coordinateur opérationnel de POLEA, une organisation mexicaine œuvrant en matière de politique et législation environnementales, explique :

Prenons un ejido qui possède 10 000 hectares de forêts et comprend 100 ejidatarios. Chacun d'entre eux bénéficie de 100 hectares, divisés en parcelles de 10 hectares. Une de ces parcelles est cultivée chaque année. Au bout de dix ans, on peut donc recommencer à exploiter la première parcelle. Il faut savoir que sur une parcelle, on ne coupe pas tous les arbres, uniquement les plus faibles. Ceux dont la qualité génétique est supérieure restent en place. Là où les arbres sont coupés, l'espace reste vide afin de laisser entrer la lumière du soleil. Les graines des arbres qui n'ont pas été coupés peuvent alors prendre racine. L'écosystème se restaure ainsi naturellement.

Le groupement Alianza Selva Maya détient 113 000 hectares de forêt en zones forestières permanentes et 49 000 hectares en zones de conservation communautaire. Les cinq ejidos membres de l'alliance sont Bacalar, Felipe Carrillo Puerto, Noh Bec, Petcacab y Polinkin et Xhaxil y Anexos.

José Antonio Arreola, conseiller technique forestier, précise :

Chaque ejido est géré de manière indépendante, tout en étant membre du groupement. Seul, un ejido ne pourrait pas vendre son bois à de meilleurs prix.

Alfonso Argüelles est le représentant national du Mexique auprès du Forest Stewardship Council (FSC) (2), une organisation non gouvernementale dotée d'un système de certification et dont le siège se trouve à Bonn, en Allemagne. Il explique les principaux défis auxquels sont confrontées les communautés :

Dans deux ejidos, la trésorerie est gérée par des femmes. De nombreuses femmes travaillent dans les zones écotouristiques. Quant aux jeunes, nous ne voulions pas qu'ils partent pour la ville à cause d'Internet. Nous avons donc fait venir Internet jusqu'à nous, dans l’ejido. Nous ne souhaitions pas non plus qu'ils s'en aillent à cause de la télévision. Nous avons donc fait venir le câble. Ces équipements sont subventionnés par la communauté.

Le salaire de base d'un propriétaire peut atteindre 4 000 pesos mexicains par mois. Un conseiller technique forestier peut gagner jusqu'à 14 000 pesos. Notre politique d'emploi favorise d'abord les propriétaires, puis leurs enfants et les autres membres de leur famille. Viennent ensuite les autres membres de la communauté et enfin, les personnes étrangères ou extérieures au village.

Alfonso Argüelles explique également de quelle manière l’ejido veille à ce que les ressources communes ne soient pas convoitées par certains ejidatarios :

Nous accordons une place à l'entrepreneuriat. Certains ejidatarios se contentent de récolter leur bois et de le vendre. D'autres veulent apporter une valeur ajoutée. Ceux-là peuvent devenir menuisiers, par exemple. Si je vous permets d'avoir une menuiserie, vous ne voudrez pas vous approprier mon bois, n'est-ce pas ?

Depuis sa création, Alianza Selva Maya a mené de front des projets d'écotourisme et de séquestration de carbone. Le groupement a également mis au point des techniques agricoles d'adaptation au changement climatique.

Nous sommes les principaux acteurs de la conservation communautaire en milieu rural. Et nous en vivons.

* Cet article est un extrait – exclusivement rédigé pour Global Voices – dont la version originale peut être consultée ici. Pour lire d'autres articles d'Elaine Díaz, rendez-vous sur cette page. Elaine Díaz Rodríguez a reçu une bourse pour la couverture médiatique de la COP 13 grâce au réseau Earth Journalism Network. 

(1) N.d.T. Au Mexique, le terme ejido [fr] désigne à la fois « un ensemble de terres attribué par la Réforme agraire à une collectivité paysanne, l’assemblée des ejidatarios » et la collectivité elle-même. (Aurelia Michel, Les femmes qui restent, ressorts de l’économie familiale d’archipel au Mexique, EchoGéo [En ligne], 37 | 2016, mis en ligne le 07 octobre 2016. URL : http://echogeo.revues.org/14673 ; DOI : 10.4000/echogeo.14673)
(2) N.d.T. Le FSC vise à promouvoir la gestion responsable des forêts dans le monde entier.

Cette Ougandaise, pensant aller au Koweït pour un travail d'enseignante, s'est retrouvée domestique

jeudi 8 juin 2017 à 18:43

L'enseignante ougandaise Prudence Nandaula a été trompée sur une embauche au Koweït. Pensant y aller pour enseigner, elle s'est retrouvée domestique dans une famille. Crédit photo : Jasmine Garsd

Cet article de Jasmine Garsd et Andrea Crossan, initialement paru sur PRI.org le 25 mai 2017, est reproduit ici dans le cadre d'un partenariat entre PRI et Global Voices.

De plus en plus de travailleurs sont importés. Selon l'ONU, plus de 244 millions de personnes dans le monde ont quitté leur pays d'origine à la recherche d'opportunités. Pour les femmes, cela signifie souvent des emplois dans les services de garde d'enfants et les activités de services. Mais ce pourquoi elles signent n'est pas toujours ce qu'elles obtiennent.

Dans cette vidéo, une jeune fille ougandaise au foulard bleu, angoissée, demande que ses parents soient contactés. Elle dit qu'elle est malade et qu'elle n'a pas le droit de rentrer chez elle.

Personne ne sait où la vidéo a été tournée – on pense que c'est à l'intérieur d'un pays arabe. Mais elle a déclenché l'indignation en Ouganda. Bien que personne n'ait été surpris. Lorsqu'on pense à l'esclavage, on pourrait penser au commerce historique d'Afrique vers les Amériques. Mais l'envoi d'esclaves aujourd'hui au Moyen-Orient est aussi ancienne. Et maintenant, les affaires sont en plein essor.

L'Ouganda possède l‘une des plus jeunes populations du monde. Près de 80 pour cent de la population a moins de 30 ans. La majeure partie est sans emploi.

Prudence Nandaula avait un travail – comme enseignante à Masaka, une ville dans le centre de l'Ouganda. Elle gagnait environ 160 dollars ​​par mois, ce qui est un bon salaire selon les normes ougandaises ; suffisant pour payer le loyer, envoyer son fils à l'école, et Prudence avait même une femme de ménage.

Pourtant, quand on lui a offert un travail d'enseignante au Koweït, avec le double de son salaire, elle était ravie. “J'étais tellement excitée. Je pensais que quand je serai au Koweït, peut-être que j'allais obtenir de l'argent”, explique Nandaula. “Je serai en mesure de soutenir mon garçon”.

Une amie de son frère lui avait dit que c'était une excellente opportunité. “On vous dit que vous serez nourrie et logée. Vous pourrez économiser, et revenir pour réaliser quelque chose d'important.” “La plupart des filles recrutées en Ouganda le sont par leurs amis et leurs proches”, explique Mayambala Wafrika, président de l'organisation non gouvernentale Justice for African Workers campaign (Campagne Justice pour les travailleurs africains). Wafrika dit que c'est habituellement ce qui se passe : un ami d'un membre de la famille élargie ou peut-être un copain d'une connaissance vous contacte sur les réseaux sociaux.

Quand Nandaula est arrivée au Koweït, les choses se sont rapidement gâtées. La famille chez qui elle logeait a confisqué son passeport et lui a dit de commencer à nettoyer la maison. Nandaula dit qu'à ce moment-là son monde s'est écroulé : elle était passée d'enseignante à boniche dans un pays étranger. Contre sa volonté.

“Et je me suis dit, ” Oh mon Dieu. J'avais même une femme de ménage à la maison. Et maintenant, je travaille dans la maison de quelqu'un.'”

Pourtant, elle a tenu quelques mois. Mais, la famille l'agressait verbalement. Nandaula dit qu'elle a vu d'autres femmes qui travaillaient là qui subissaient des violences physiques. Elle a dit à ses employeurs qu'elle voulait partir. “Et ils ont dit, ” Non, vous n'êtes pas censée repartir, vous êtes censée terminer le contrat. ” Ils parlaient d'un contrat que [je] n'avais même pas signé. “

En règle générale, une famille koweïtienne paie une agence de recrutement jusqu'à 4 000 dollars pour une femme de ménage, pour un contrat de deux ans. Un recruteur local en Ouganda peut gagner 500 dollars par jeune femme. Tout le monde a été payé – à l'exception de Nandaula. En réalité, elle gagnait moins que ce qu'elle percevait chez elle. Et elle était coincée. Même s'il y a environ 100 000 Ougandais travaillant au Moyen-Orient, il n'y a qu'une seule ambassade : en Arabie Saoudite. Il n'y a même pas de consulat au Koweït où les Ougandais puissent obtenir de l'aide.

“Ils obtiennent ces filles et les traitent de la même façon horrible qu'ils l'auraient fait avec des esclaves”, explique Wafrika. Il dit que les agences de recrutement jugent les filles de la même manière que les marchands d'esclaves le faisaient il y a plus d'un siècle. “Quelqu'un vient, vous regarde, vérifie votre taille, votre poids, votre couleur de peau … décide si vous valez la somme d'argent qu'il va payer pour vous”.

Mais les Ougandaises sont recrutées parce que, contrairement aux femmes d'autres pays subsahariens, la plupart parlent anglais.

La chance a tourné pour Nandaula un jour où la famille avec qui elle travaillait a invité quelques amis à dîner. Ces amis ont amené leur propre employée de maison, également une femme ougandaise. Nandaula dit qu'on dissuade les femmes de ménage de se parler entre elles. Mais elles ont pu discuter malgré tout, et Nandaula a parlé à cette femme des violences verbales.

La femme l'a encouragée à fuir. Ce qu'elle a fait. Un matin, pendant que la famille dormait, Nandaula a quitté discrètement la maison.

Mais son odyssée était loin d'être terminée. Dès qu'elle a franchi la porte, son visa de travail a été annulé. Nandaula s'est livrée à la en police. Elle a passé trois semaines en prison, en attente d'expulsion. Elle a eu de la chance – certaines filles y passent des mois. Une connaissance a réussi à récupérer son passeport des mains de son patron furieux. Les choses ne se passent pas ainsi en général, l'ambassade ougandaise en Arabie saoudite doit souvent intervenir.

Nandaula a réussi à revenir en Ouganda. Elle enseigne à nouveau. Elle gagne correctement sa vie. Mais l'économie en Ouganda a ralenti au cours de la dernière année. Tout le monde se serre un peu plus la ceinture. Elle dit qu'elle retenter sa chance au Moyen-Orient. Mais cette fois, elle serait beaucoup plus prudente. “Je ne peux pas dire que je ne reviendrais pas. S'ils y changent le système je pourrais y retourner.”

Le militant des droits civiques Wafrika veut lui aussi voir des changements – à commencer par l'interdiction de l'envoi de travailleurs domestiques ougandais au Moyen-Orient. L'Ouganda, dit-il, a assez de personnes instruites qu'il peut exporter à leur place. Et il veut voir les jeunes femmes comme Prudence informées des risques d'accepter du travail à l'étranger. Mais si leur décision est d'y aller, il doit y avoir des bureaux consulaires dans tous les pays d'accueil.

L'année dernière, la réponse du gouvernement aux dénonciations des violences dont les femmes sont victimes de la part de leurs employeurs a été d'interdire [fr] aux Ougandaises de se rendre en Arabie Saoudite pour y être employées de maison.

Wafrika dit que le gouvernement devrait également disposer d'un fonds d'urgence auquel les Ougandaises pourraient accéder lorsqu'elles ont des problèmes de travail à l'étranger. Un défi de taille pour un pays aussi pauvre que l'Ouganda. Mais Wafrika dit que si le gouvernement ougandais ne protège pas ses filles, qui le fera ?

Netizen Report : Les Éthiopiens et les Vénézuéliens privés d'Internet dans le cadre de « l'état d'urgence »

mercredi 7 juin 2017 à 21:29

Des étudiants manifestent en 2016 dans la région d'Oromia en Éthiopie.

Le Netizen Report de Global Voices offre un aperçu des défis à relever, des victoires obtenues et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde.

Mardi 30 mai, les Éthiopiens se sont retrouvés dans l'incapacité d'accéder à Internet. Il s'agit de la troisième coupure Internet à l'échelle nationale depuis novembre 2015, lorsque des manifestations contre la violation des droits fonciers ont secoué la province d'Oromia. 

La coupure a isolé les entreprises, les universités, les banques et même les médias gouvernementaux, les coupant du reste du monde et rendant leurs activités quotidiennes extrêmement difficiles. Les autorités ont assuré que cette mesure visait à empêcher les étudiants de tricher aux épreuves d'examen. L'an dernier, des réponses aux questions d'examen avaient fuité sur Facebook, ce qui avait contraint les responsables de l'enseignement à reporter les examens de deux semaines et bloquer l'accès aux réseaux sociaux, dont Facebook.

La coupure actuelle est néanmoins beaucoup plus importante et à plus grande échelle que les précédentes, puisqu'elle raye complètement l'Éthiopie de la Toile mondiale.

L'échelle de la coupure Internet actuelle est sans précédent en Éthiopie. C'est une interruption TOTALE de service couvrant la totalité du pays.

Les examens ne sont sans doute pas la seule explication à cette coupure. Elle intervient alors que « l'état d'urgence » est décrété en l'Éthiopie depuis sept mois, une mesure juridique qui a permis aux autorités de justifier des arrestations massives et l'usage de la violence pour réprimer les manifestations en marge du conflit opposant le parti au pouvoir aux principaux groupes d'opposition dans la région d'Oromia, près de la capitale Addis-Abeba.

La semaine dernière, deux défenseurs éthiopiens des droits de l'homme ont écopé de lourdes peines d'emprisonnement pour « incitation au terrorisme » sur Facebook. L'un d'eux a été condamné pour avoir publié des messages sur Facebook dans lesquels il exprime sa solidarité avec les manifestants antigouvernementaux et plaide pour la fin de la violence.

Les événements des derniers mois en Éthiopie démontrent à quel point l'instauration de l'état d'urgence et les violations des droits de l'homme (arrestations, blocage momentané d'Internet) vont trop souvent de pair.

Une tendance qui s'affirme également au Venezuela, où l'accès à Internet s'est considérablement détérioré depuis que le gouvernement a prolongé l'état d'urgence (instauré depuis mai 2016) et autorisé le filtrage de contenus en ligne. L'organisation Index on Censorship [Index de la censure] a récemment publié des preuves attestant que 41 sites Internet ont été bloqués dans ce pays, bien qu'on ignore l'ampleur de la censure.

Le gouvernement a aussi préconisé le recours aux drones pour surveiller les manifestations et collecter des données biométriques, sans expliquer comment ces données seront utilisées. Des dizaines de protestataires ont été arrêtés et placés en détention au cours de cette période, bien souvent sans être inculpés.

Vingt et un groupes de défense, dont Global Voices Advox, se sont unis pour signer une lettre condamnant les conditions engendrées par l'état d'urgence et les restrictions qui entravent la libre circulation des contenus en ligne qui en résulte.

La lettre déclare :

The sum of this factors, aggravated by the passage of time and the deepening of the social and political crisis, outlines the creation of a state of censorship, control, and surveillance that gravely affects the exercise of human rights.

L'ensemble de ces facteurs, aggravés par le temps et l'intensification de la crise sociale et économique, sont à l'origine d'une situation où la censure, le contrôle et la surveillance entravent grandement l'exercice des droits de l'homme.

Des blogueurs maldiviens expatriés sont menacés de poursuites sur Twitter

Quatre blogueurs et activistes maldiviens vivant à l'étranger ont reçu des mandats d'arrêt, certains délivrés par le biais de Twitter, pour des crimes non précisés. Les autorités maldiviennes ont mis en garde les prévenus qu'un jugement pourrait être prononcé en leur absence s'ils ne se présentaient pas à leur procès. Les mandats ne détaillent pas la nature des enquêtes impliquant les blogueurs. Ils répondent néanmoins à l'appel lancé par Ahmed Nihan, dirigeant parlementaire du parti au pouvoir, pour que soit arrêtée toute personne jugée « irréligieuse ».

L'Égypte censure vingt et un médias, dont Al-Jazira

L'agence de presse nationale Al-Ahram a révélé que 21 sites d'information avaient été interdits en Égypte, accusés d'avoir « soutenu le terrorisme et colporté des propos mensongers », selon une source haut placée des services de sécurité. Parmi les sites bloqués, on compte le site arabe du Huffington Post, celui de la chaîne qatarie Al-Jazira et le site d'information indépendant bien connu Mada Masr. Mada Masr est l'un des rares médias indépendants en Égypte à continuer de couvrir la répression des activistes et des journalistes, les attentats contre la minorité copte égyptienne et le sort des réfugiés en Égypte. Ce n'est pas la première fois que des sites Internet sont bloqués en Égypte, mais c'est la première fois que le gouvernement annonce publiquement son intention en ce sens. Interrogée sur le blocage de ces organes de presse, la rédactrice en chef de Mada Masr, Lina Attalah, a déclaré à Reuters:

Nothing explains this blockade more than a very clear intention from the authorities to crack down on critical media in ways that bypass the law.

Cette censure ne s'explique que par l'intention très claire des autorités de réprimer les médias critiques en contournant la loi.

Facebook censure temporairement une image commémorant le massacre de Tiananmen

Facebook s'est excusé après avoir rejeté une image commémorant le massacre de la place Tiananmen. Les utilisateurs de Facebook à Hong Kong ont protesté contre le retrait de l'image à l'approche du 4 juin, journée qui commémore les 28 ans du massacre. Ils craignent que la plateforme, désireuse de se tailler une place sur le lucratif marché chinois, ne restreigne leur liberté d'expression pour être dans les bonnes grâces de Pékin. Bien que Facebook se soit excusé pour cette « erreur », les citoyens du Net exigent une explication.

La France sanctionne Facebook pour de multiples manquements en matière de confidentialité

La Commission nationale informatique et libertés (CNIL), l'autorité française de protection des données personnelles, a infligé à Facebook l'amende maximale de 150 000 euros pour avoir violé les règles de confidentialité concernant la collecte des données de navigation des internautes avec et sans compte. C'est la première mesure réglementaire importante à être prise par un gouvernement européen depuis que la Cour de justice européenne a invalidé les règles d'exonération qui dispensaient des entreprises comme Facebook d'avoir à se conformer aux normes de l'Union européenne concernant le transfert de données. La Belgique, les Pays-Bas, l'Allemagne et l'Espagne ont également décidé d'enquêter sur les pratiques du réseau social.

Des entreprises américaines du secteur des technologies demandent au gouvernement de revoir sa politique de surveillance

Une vingtaine d'entreprises américaines du secteur des technologies, dont Facebook, Google, Twitter et Amazon, ont demandé au Congrès américain de réformer les lois encadrant les activités de surveillance sur Internet. Elles exigent plus de transparence et une meilleure protection de la vie privée en vertu de l'article 702 du Foreign Intelligence Surveillance Act [Loi sur le renseignement extérieur]. À l'heure actuelle, cet article de loi autorise les agences de renseignement à collecter en masse sans mandat les données des non-résidents. Les documents de la NSA révélés par Edward Snowden en 2013 ont d'ailleurs mis en évidence l'ampleur des renseignements collectés par les programmes de surveillance de masse.

Les entreprises réclament que les demandes de renseignement sconcernant les communications de citoyens américains soient encadrées par la loi. Elles réclament également plus de latitude quant aux modalités de divulgation du nombre de demandes qu'elles reçoivent. Actuellement, elles ne sont autorisées qu'à déclarer la fourchette numérique correspondante (c'est-à-dire entre 0 et 1000, etc.).

Bien qu'Apple soit la grande absente du groupe des signataires, la société a signalé, dans son rapport sur la transparence, avoir enregistré au second semestre de 2016 une forte augmentation du nombre de demandes relatives à la sécurité nationale de la part des agences gouvernementales, soit un bond de 3 000 demandes par rapport au premier semestre de la même année.

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Ellery Roberts Biddle, Endalk Chala, Salma Essam, Leila Nachawati et Sarah Myers West ont contribué à l'élaboration de ce rapport.