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En pleins troubles civils, les coupures d'accès à Internet aggravent la crise économique au Zimbabwe

mardi 26 février 2019 à 10:34

Le Président du Zimbabwe Emmerson Mnangagwa arrive à la base de l'armée de l'air Waterkloof avant le sommet des BRICS consacré à l'ouverture à l'Afrique tenu à Johannesbourg, en Afrique du Sud, le 26 juillet 2018. Les récentes manifesttations et la répression de l'armée cotre les civils remettent en question l'autorité de Mnangagwa. DIRCO News Service/Jacoline Schoonees via Creative Commons / Wikimedia.

[Article d'origine publié le 29 janvier 2019] A la suite d'une déclaration en date du 12 janvier au sujet d'une hausse officielle du prix du carburant au Zimbabwe, des troubles civils et la paranoïa politique ont secoué le pays.

Le Président Emmerson Mnangagwa a annoncé que le prix du carburant à 1,30 dollars américains le litre devrait augmenter de 150%, faisant du carburant au Zimbabwe l'un des plus chers au monde. Le lendemain, il a quitté le pays pour un déplacement de cinq jours en Russie et en Europe de l'Est, prétendument à la recherche d'accords pour des investissements. Le chaos et l'anarchie ont éclaté le lundi suivant.

L'armée a aussitôt été déployée pour mater les protestations à la suite de pillages et de l'incendie de plusieurs supermarchés et commerces. Des signalements d'agents de l’État tuant des civils non armés ont circulé sur les réseaux sociaux avant que l'Autorité de régulation des postes et télécommunications du Zimbabwe (POTRAZ) ne coupe complètement l'accès à Internet et à toute forme de réseaux sociaux du 14 au 19 janvier.

Durant ces six jours de coupure d'accès à Internet, le commerce a connu un véritable arrêt alors que les entreprises et les investisseurs demeuraient incertains sur la trajectoire de l'économie.

La Haute Cour de Justice se prononce contre une coupure du réseau Internet

Suite à la décision du ministre de la Sécurité de l’État, Owen Ncube, de couper l'accès à Internet, les défenseurs des droits de l'homme ont préparé et soumis à la justice une requête urgente pour la faire annuler.

La Haute Cour de Justice a jugé le 21 janvier 2019 qu'Owen Ncube n'avait pas l'autorité pour forcer les opérateurs mobile à suspendre leurs services. Le juge Owen Tagu a dit à la cour que le ministre n'avait pas le pouvoir de prendre une telle décision et a ordonné aux entreprises de télécommunications “de reprendre la fourniture de services sans conditions et de façon pleine et non restreinte aux abonnés, et ce sans délai”.

L'arrêt de la cour cite des lois qui ne donnent qu'au seul Président le pouvoir de couper les services Internet.

Le porte-parole du gouvernement George Charamba a déclaré à des journaux contrôlés par l’État que le gouvernement ne resterait pas inactif alors “que de tels petits intérêts entraînaient une violence pareille”.

“La réponse apportée jusqu'ici n'est qu'un avant-goût de ce qui allait venir”, a annoncé Charamba aux médias publics. Il a poursuivi :

The internet was the tool used to coordinate the violence. But is it not interesting how when we are carrying our dead to the cemetery, at a time when we are counting losses that run into millions of dollars, someone is worried about the internet? You expect us to preserve the internet and ensure that there is maximum damage to our society?

Internet a été l'outil utilisé pour coordonner la violence. Mais n'est-ce pas intéressant, alors que nous portons nos morts au cimetière, à l'heure où nous comptons des pertes qui se chiffrent en millions de dollars, quelqu'un se préoccupe d'Internet ? Vous attendez de nous que l'on préserve Internet et permettions que notre société subisse un maximum de dégâts ?

Dhewa Mavhinga, Directeur Afrique australe au sein de la division africaine de Human Rights Watch a déclaré à Global Voices que la coupure du réseau Internet était une grossière violation des droits de l'homme car une telle action perturbe la vie quotidienne et les transactions commerciales. La majorité des Zimbabwéens dépendent de l'argent en ligne pour les services tous les jours. Mavhinga a expliqué :

It is possible that President Mnangagwa could shut down the internet again because the court said the president has that authority. During the shutdown, without internet, medical doctors were unable to communicate and respond to emergency cases or to coordinate medical support.

Il est possible que le Président Mnangagwa coupe à son tour l'accès à Internet car le tribunal a déclaré que le Président en a le pouvoir. Durant cette coupure, sans Internet, les médecins étaient incapables de communiquer et de répondre aux cas d'urgence et de coordonner l'assistance médicale.

Internet demeure une clé de voûte pour l'activité économique du Zimbabwe. Avec des taux de chômage et de sous-emploi astronomiques, la plupart des entrepreneurs dépendent d'Internet et des réseaux sociaux tels que Twitter et Whatsapp pour vendre leurs produits et services.

Une perte massive de liberté et de revenu

Depuis la coupure, les petites entreprises du Zimbabwe ont connu une perte estimée à 12,5 millions de dollars américains par jour, selon le think tank TheBehaviourReport.com.

Les réseaux sociaux sont restés une source d'information essentielle pour informer les citoyens alors que les organes de presse contrôlés par l’État sont influencés par le parti au pouvoir, le ZANU-PF (Union Nationale Africaine du Zimbabwe – Front Patriotique). Pendant la coupure, les médias d’État ont à peine évoqué les débordements.

“J'ai le sentiment que les personnes du gouvernement ont supprimé notre liberté de parole et d'expression”, dit Allan Chino, un jeune homme de 21 ans. Il poursuit :

I lost out greatly on a cheaper means of communication with my friends and family. The only option I have left is to download a good VPN (Virtual Private Network) because as long as this government is in power, there is no guarantee that the social media will not be shut down again.

J'ai été vraiment perdant en utilisant des moyens de communication moins chers pour être en lien avec mes amis et ma famille. La seule option qu'il me reste est de télécharger un bon VPN (réseau privé virtuel) parce que tant que ce gouvernement est au pouvoir, il n'y a aucune garantie que les médias sociaux ne soient pas encore coupés.

Des milliers de citoyens qui voulaient simplement être protégés et restés informés sont restés bloqués.

Adolf Mavheneke, un activiste qui défend les droits de l'homme, a dit qu'il était naïf de penser que la récente coupure d'accès à Internet ait pu être menée par le ministre sans que le Président ne le sache, le valide et l'admette.

Il a ajouté que “le fait qu'un ministre nommé par Mnangagwa agisse en obéissant à l'ordre sans se soucier de la légalité de la chose confirme à quel point cet homme est prêt à se débarrasser de la constitution nationale et à agir selon ses caprices politiques.

Mavheneke a déclaré qu'en reconnaissant que la liberté d'expression telle qu'elle est définie dans la section 61 de la Constitution du Zimbabwe n'était pas un droit absolu, la coupure d'accès à Internet établissait un mauvais précédent et que cela laissera une cicatrice sur le futur de la liberté et les droits humains des citoyens:

In fact, these were and remains self-made attempts to hide state-sponsored violence as everything now happened under the cover of the internet and social media darkness. And the record is also clear on cases where the military and other state security agents went on the rampage during the internet blackout. The future of human rights in Zimbabwe remains a sad reality because we have a leadership that … is prepared to push for legitimacy through the crack of the barrel and the bullet.

En fait, il y avait et il y a toujours des tentatives individuelles de dissimuler la violence encouragée par l’État alors que désormais tout se passe à la faveur des ténèbres sans Internet ni réseaux sociaux. Et le rapport est également clair à propos des cas où l'armée et d'autres agents de la sécurité de l’État se sont déchaînés pendant la censure d'Internet. Le futur des droits humains au Zimbabwe reste une triste réalité car nous avons des dirigeants qui… sont préparés à imposer leur légitimité par les armes.

Il a remarqué qu'à la suite de l'élection disputée de novembre 2017, Mnangagwa et le vice-président Constantino Chiwenga ont autorisé l'usage de la force de l'armée contre des protestataires, et six civils qui ne participaient pas à la manifestation ont été tués. Une commission d'enquête a blanchi Mnangagwa et son administration mais a aussi recommandé la retenue et le respect de la loi. Donc l'usage récent de soldats pour empêcher les manifestations contre le gouvernement est illégale et viole la Constitution du Zimbabwe.

Il a déclaré que “tôt ou tard, si ce facteur n'est pas tenu à distance, il ravagera même ceux qui l'ont emplouyé en premier lieu”.

Une jeune femme qui souhaite rester anonyme a dit que la violation par le gouvernement de l'espace de discussion des citoyens était terrifiant :

You know what the most scary thing is? It's not the fuel price increases, it's not the looming hunger. It's not about the communication shutdown between friends and families. Neither is it about the soldiers going out to maim and kill innocent civilians. No. The most scary thing is that these guys in government are convinced that they are doing a good job of running this country.

Vous savez ce qui est le plus effrayant ? Ce n'est pas l'augmentation du prix du carburant, ce n'est pas la faim qui s'annonce. Ce n'est pas la coupure des communications entre les amis et les familles. Ni les soldats qui sortent pour mutiler et tuer des civils innocents. Non, le plus effrayant c'est que les gens au gouvernement sont convaincus qu'ils dirigent bien le pays.

Rapport Netizen : les coupures régionales d'internet cesseront-elles un jour en Inde?

lundi 25 février 2019 à 13:33

Carte des coupures d'internet en Inde, Janvier 2010 – Mars 2017. Crée par la National Law University Delhi et le Centre for Communication Governance (CC BY)

Le Rapport Advox Netizen offre un aperçu des défis à relever, des victoires obtenues, et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde. Le présent numéro traite d'informations et d'événements relevés entre le 8 et le 14 Février, 2019.

Depuis le début du mois de février , les autorités d'au moins trois régions de l'Inde — le Rajasthan, le Jammu,le Cachemire, et le Manipur — ont imposé des blocages temporaires d'internet et de tous les services mobiles, apparemment en réaction aux tensions politiques.

Les manifestations à Manipur contre un projet de loi controversé d'amendement de la citoyenneté ont occasionné l'interruption d'internet le 11 février, lorsqu'elles ont atteint un pic d'intensité, les autorités imposant un couvre-feu suite au blocage par quarts de 24 heures des routes par les protestataires.

Proposé et défendu par le gouvernement Modi, à l'approche imminente des élections nationales, le projet de loi a suscité des critiques dans les Etats frontaliers comme le Manipur (partageant sa frontière avec le Myanmar) et comptant des populations de migrants d'autres parties de l'Asie. Le projet de loi modifiant la loi sur la citoyenneté créerait une nouvelle voie d'accès à celle-ci pour les gens de certains groupes religieux persécutés ayant émigré vers l'Inde.

Certains à Manipur s'opposent au projet de loi de peur qu'il ne provoque un afflux de migrants dans l'Etat déjà en manque de ressources. D'autres avancent des motifs de discrimination religieuse pour s'y opposer — le projet comprend une liste de minorités religieuses protégées bénéficiaires de la réforme, à savoir les bouddhistes, les chrétiens, les hindous et les sikhs, mais non les musulmans.

Pendant ce temps au Rajasthan, l'ethnie Gujjar a organisé des manifestations de grande envergure pour mieux assurer la sécurité des emplois de ses ouvriers en vertu du statut de l'État. Entre autres tactiques, les manifestants ont fait des sit-in de 5 jours sur une voie ferrée principale, bloquant la voie pour les trains circulant entre Delhi et Mumbai. Cela entraîna l'arrêt des services mobiles d'internet durant toute une journée, comme pour le 11 février.

Et au Jammu-et-Cachemire, les réseaux se sont éteints dans la Vallée du Cachemire lorsque le Premier Ministre indien Narendra Modi visita la zone en conflit le 3 février. Ce n'est pas une nouveauté pour les habitants, qui ont été le plus affectés par les coupures intensives d'internet en Inde durant les deux dernières années. Rien qu'en 2018, le Centre Software Freedom Law de New Delhi a enregistré 65 coupures d'internet mobile Cachemire.

Une figure de proue de la presse philippine libérée sous caution, toujours accusée de ‘diffamation cybernétique’

Maria Ressa, rédactrice en chef et fondatrice du site indépendant Rappler et ancienne chef du bureau de CNN à Manille et Jakarta, a été arrétée le 13 février suite à une plainte pour “diffamation cybernétique” du ministère de la Justice des Philippines contre Rappler, Ressa et son ancien employé Reynaldo Santos. Les accusations provenaient de l'homme d'affaires Wilfredo D. Keng sur un article de Rappler en 2012 liant Keng au trafic illégal de drogues et d'êtres humains.

Ressa a été libérée après avoir payé sa caution le 14 février. Dans sa déclaration aux journalistes, elle dit: “c'est la sixième fois que je verse une caution et j'en paye plus que les criminels condamnés. J'en verserai plus qu’ Imelda Marcos.”

Rappler a agressivement couvert les meurtres extrajudiciaires liés à la drogue aux Philippines et a régulièrement subi les attaques du Président Rodrigo Duterte, qui, à plusieurs occasions, l'a publiquement accusé d'être “un journal de fausses informations”.

Sabotages de sites de l'opposition au Venezuela

Les 12 et 13 février, des experts d'internet au Venezuela ont rapporté plusieurs incidents inhabituels sur des sites essentiels d'individus et d'opposants au gouvernement de Maduro. Le site officiel de l'Assemblée Nationale du Venezuela était en ligne et hors ligne en intermittence, sur les réseaux nationaux et internationaux.

L'incident le plus insolite s'est produit sur VoluntariosxVenezuela, une plateforme organisée par l'opposition pour les Vénézuéliens souhaitant apporter de la nourriture et des fournitures médicales aux personnes dans le besoin. Le 12 février, des personnes essayant d'accéder au site par le fournisseur d'accès internet public, CANTV, ont constaté que lorsqu'ils entraient l'URL appropriée du site [voluntariosxvenezuela.com], ils étaient automatiquement rédirigés sur voluntariovenezuela.com, un clone du vrai site. Les preuves techniques recueillies et rapportées par Andres Azpurua d'VESinFiltro indiquent que la redirection résultait d'une manoeuvre d'usurpation de DNS , avec la probable intention d'“hameçonnage” ou de collectes d'informations personnelles des gens intéressées aux activités d'opposition. Le clone du site, qui était hébergé par Digital Ocean, n'est plus accessible.

VESinFiltro et NetBlocks ont tous deux signalé que les services de Google, incluant YouTube, n'étaient disponibles aussi que par intermittence sur CANTV .

Facebook ferme des centaines de comptes usurpant l'identité de la Première Ministre bangladaise

Le 8 février, Facebook a fermé 732 comptes portant le nom de la Première Ministre bangladaise Sheikh Hasina et diffusant des rumeurs et des fausses nouvelles. Selon des sources gouvernementales, les retraits ont été effectués à la demande de la Cellule nationale de surveillance des télécommunications. Contrairement à d'autres suppressions massives et récentes de comptes aux motifs de “desinformations” en Iran, en Indonésie et au Myanmar,cela n'a pas été signalé sur le blog de l'entreprise Facebook.

En janvier 2019, cinq personnes ont été arrêtées au Bangladesh pour avoir créé des comptes Facebook au nom de la Première Ministre et des membres de sa famille, utilisé ces comptes pour diffuser de fausses informations et s'adonner à des extorsions financières.

Un blogueur vietnamien fuit vers la Thaïlande et disparaît

Le blogueur vietnamien Truong Duy Nhat, qui tient une chronique de commentaires politiques pour Radio Free Asia, n'a pas donné de nouvelles depuis le 26 janvier. Nhat s'était rendu à Bangkok le 25 janvier pour demander l'asile au Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés.

Ancien journaliste et militant, Nhat a été emprisonné au Vietnam entre 2014 et 2015 pour “propagande contre l'Etat” et “atteinte aux libertés démocratiques.”

La taxe sur les réseaux sociaux fait sérieusement baisser l'utilisation d'internet en Ouganda

Le nombres d'internautes en Ouganda a baissé de plus de 12% — de 47% à 35% — depuis juillet 2018, lorsque le pays a brutalement instauré la soi-disant “taxe sur les réseaux sociaux”. Le système exige de payer une taxe journalière d'utilisation des médias sociaux et des services de tchat sur IP comme WhatsApp.

Pour beaucoup, la taxe viole la liberté d'expression et crée un fardeau de double imposition, car les citoyens paient déjà une taxe sur les paquets de données pour accéder à internet. Avant sa mise en application, des députés de l'opposition, des journalistes, des militants et le grand public soutenaient que la taxe empêcherait des milliers de gens d'accéder aux services en ligne — surtout les jeunes, qui représentent près de 70% de la population. Les données sur l'utilisation d'Internet du troisième et quatrième trimestre de 2018 semblent leur donner raison.

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Lettre d'information DigiGlot : l'application qui connecte les réfugiés aux traducteurs volontaires

lundi 25 février 2019 à 13:31

DigiGlot est une lettre d'information collaborative bimensuelle sur la manière dont les communautés linguistiques en danger, minoritaires et autochtones adoptent et adaptent la technologie. Ces communautés ont deux objectifs : accroître la présence numérique de leurs langues et changer le paysage Internet en augmentant la diversité linguistique en ligne.

Lorsque les réfugiés arrivent dans un nouvel endroit, ils affrontent une variété de défis, y compris, très souvent, la barrière de la langue. Être incapable de comprendre et de communiquer dans la langue de leur nouvel environnement peut rendre encore plus difficile l'accès aux informations et aux services importants. La crise des réfugiés est mondiale : l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) estime que 68,5 millions de personnes à travers le monde ont été déplacées de force.

Une nouvelle application mobile appelée Tarjimly (« traduire pour moi » en arabe), disponible pour iOS et Android, cherche à réduire cette barrière de la langue en mettant en relation les réfugiés et travailleurs humanitaires avec des traducteurs volontaires offrant leurs compétences à distance par smartphone. Grâce à l'application, les réfugiés et les traducteurs entrent en contact via une discussion en ligne, où ils peuvent choisir de communiquer par message écrit, audio ou conversation vidéo.

L'application était lancée en 2017 pour offrir un soutien aux personnes touchées par la crise des réfugiés syriens et l'interdiction de voyage aux États-Unis. Le cofondateur Atif Javed explique par courriel qu'il y a maintenant 8000 volontaires enregistrés parlant environ 90 langues différentes. Les langues les plus fréquemment employées sont l'arabe, le persan, le grec, le français, le pachtou, l'espagnol et l'italien. L'équipe du Tarjimly a reçu des demandes pour des langues telles que le tigrinya, le rohingya, le kurde, et le somali, parmi d'autres. Et il y a un besoin urgent de volontaires bilingues parlant ces langues pour s'inscrire sur le site. De plus, il y a un intérêt croissant à l'ajout de volontaires compétents dans les langues autochtones d'Amérique latine. Car cela permet de mieux servir les demandeurs d'asile le long de la frontière américano-mexicaine.

Les étudiants en immersion linguistique peuvent maintenant coder en hawaïen

Un groupe de programmeurs hawaïens ont traduit en codant la langue de l'anglais vers l'hawaïen, pour aider les élèves dans les programmes d'immersion linguistique à coder en hawaïen. Les organisateurs de cette initiative ont dû relever des défis imprévus, comme trouver la terminologie qui est culturellement pertinente sans sacrifier l'exactitude et en évitant la traduction littérale. Les programmeurs sont convaincus que l'initiative aidera les personnes a acquérir une connaissance approfondie de leur travail, et éviter l'apprentissage par cœur des termes anglais.

Une plateforme en ligne favorise la disponibilité des livres de contes dans les langues minoritaires

Un matériel de lecture multilingue pour les enfants, stimulant et divertissant, est d'une importance primordiale pour la revitalisation linguistique. Pourtant il existe peu de matériel de ce genre disponible pour les langues minoritaires. StoryWeaver est une plateforme en ligne créé en Inde qui permet la création et le partage de livres de contes gratuits et disponibles en 130 langues indiennes et autres langues mondiales différentes, telles que le marathi, le dhopadhola, le mixe, et le shona. Storyweaver permet aux narrateurs de créer des livres qui sont librement accessibles et téléchargeables par d'autres pour la diffusion et la traduction dans d'autres langues. Les organisations travaillant avec les communautés tribales en Inde ont trouvé la plateforme d'une grande utilité, car elle permet une production rapide et facile de livres de contes dans la langue maternelle des enfants de ces communautés. Storyweaver héberge actuellement plus de 10 000 livres de contes, tous disponibles sous une licence Creative Commons, et a été rendu accessible en ligne à un million de lecteurs.

Cartographie des systèmes d'écriture « en déclin et émergents » du monde entier

« Une langue meurt toutes les deux semaines » est devenu un titre très familier. Un aspect de cette histoire qui est rarement rapporté est que certains scripts ou systèmes d'écriture sont aussi en danger. Un projet appelé l’Atlas des alphabets en danger consigne plus de 100 systèmes utilisés pour transcrire les langues qui pourraient disparaître à moins qu'un effort particulier soit réalisé pour les préserver. Certains de ces scripts ont des milliers d'années, et d'autres ont été créés ils y a moins de deux siècles. Mais tous confrontés au même défi : sans une interface numérique conçue pour permettre aux personnes de dactylographier en utilisant cet alphabet, ils risquent fortement de disparaître dans les prochaines décennies. L'élément central du site est une carte qui permet aux utilisateurs de naviguer par pays et des exemples de textes écrits dans des scripts extraordinairement beaux.

Capture d'écran de la carte des alphabets en danger. Cliquez pour voir la carte complète.

Apprendre l'anishinaabemowin sur Facebook

Deux locuteurs Anishinaabemowin (Ojibwé) ont utilisé Facebook pour enseigner leur langue à quiconque partout dans le monde qui souhaite l'apprendre. James Vukelich et Roy Tom publient régulièrement des vidéos mettant en lumière un mot par jour, accompagné d'explications détaillées de leurs significations et portée. Les apprenants peuvent aussi communiquer les uns avec les autres et partager les connaissances au sein du groupe Facebook appelé « Anishinaabemowin avec Roy Tom. »

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Ojibway Word Of The Night ! Bear , birch bark canoe !😘😘😘😘✌🏾✌🏾✌🏾🤓👍🏿

Geplaatst door Roy F. Tom op Zaterdag 1 december 2018

Mot ojibwé de la nuit ! Ours, canot d'écorce de bouleau !

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Ce rapport a vu le jour grâce aux contributions d’Amanda Lichtenstein, d’Anna Belew, de Claudia Soria, de Filip Noubel, et d’Eddie Avila ainsi qu'au travail d’édition de Georgia Popplewell.

Trois nourrissons meurent de la rougeole en Macédoine. La propagande anti-vaccins est-elle responsable ?

dimanche 24 février 2019 à 10:54

Les taux de vaccination contre la rougeole ont chuté de façon drastique ces dernières années, en Macédoine : cela coïncide avec la propagande anti-vaccins promue par les médias avec le soutien de l'ancien gouvernement de droite. Illustration par @reflektor_mk, reproduite avec autorisation.

Une épidémie de rougeole sévissant en Macédoine a tué trois nourrissons depuis décembre 2018 : parmi la population, grandit le doute que la propagande anti-vaccins menée depuis des années par les populistes d'extrême-droite ne soit en cause.

Le taux de vaccination contre la rougeole en Macédoine a sévèrement chuté au cours des cinq dernières années au point d'être désormais parmi les plus bas d'Europe, d'après L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). L'OMS a placé la « méfiance à l'égard des vaccins » parmi les « 10 ennemis » menaçant la santé dans le monde en 2019.

Depuis le début de l'épidémie, trois à dix cas de rougeole sont chaque jour diagnostiqués en Macédoine et plus de 259 personnes ont été diagnostiquées jusqu'ici, d'après l’Institut de la Santé publique de La République de Macédoine, première autorité du pays en matière de santé.

L'Institut note que plus de la moitié des cas sont des enfants de moins de 4 ans, et qu'une victime sur 5 a plus de 30 ans.

La Macédoine présente l'un des plus faibles taux de vaccination d'Europe, d'après l'OMS. Illustration par @reflektor_mk, reproduite avec autorisation.

Environ 70% des individus infectés n'étaient soit pas vaccinés, soit pas à jour dans leurs vaccinations, ou bien présentaient un statut vaccinal inconnu.

« La maladie ne peut être prévenue que par la vaccination. Encore une fois, nous en appelons au sens de responsabilité des parents et les invitons à écouter les recommandations relatives au vaccin ROR qui protège contre cette grave maladie. Les vaccins sont testés, et la qualité est garantie », a affirmé le Ministre de la Santé lors d’une déclaration publique le 11 janvier.

Au début de l'épidémie en cours, le Ministre de la Santé a déclaré que dans la seule ville de Skopje, environ 15 000 enfants n'avaient pas été immunisés contre la rougeole. Par la suite, le gouvernement  a lancé une campagne qui a abouti à la vaccination de  5 900 d'entre eux à Skopje, mais qui n'a pas suffi à stopper l'épidémie.

Dans le même temps, des médias progressistes et des organisations de la société civile se sont mobilisés pour lutter contre la désinformation, tandis que des citoyens ordinaires se sont mis à contester, sur les réseaux sociaux, les partisans de l'anti-vaccination (nommés « anti-vaccins »).

Mais quand le Procureur de la République a commencé à enquêter sur un laboratoire pharmaceutique qui aurait mis des dates d'expiration erronées sur des vaccins destinés à la Macédoine, le scandale a joué en faveur des partisans de l'anti-vaccination.

Après l'annonce du premier décès, la tension est montée d'un cran. Nombre de citoyens ont alors commencé à suggérer que les personnes diffusant la propagande anti-vaccins soient tenues pour pénalement responsables :

Et maintenant ? C'est le sujet dont nous n'avons cessé de parler ! Les enfants de 6 mois ne peuvent pas être vaccinés contre la rougeole parce qu'ils sont trop jeunes. Notre devoir est de nous assurer que les enfants qui peuvent être vaccinés les protègent ! […]

Le mouvement anti-vaccins en Macédoine

Les partisans macédoniens de l'anti-vaccination ressemblent à des mouvements similaires actifs ailleurs dans le monde qui prétendent fallacieusement que les vaccins peuvent engendrer l'autisme et d'autres maladies.

Parfois, ils prétendent que les vaccins disponibles en Macédoine sont d'une qualité inférieure et, par conséquent, inefficaces ou dangereux. Beaucoup de parents choisissent de faire vacciner leurs enfants à l'étranger, le plus souvent en Grèce, où les vaccins seraient de meilleure facture.

Cas de rougeole déclarés en Europe, d'après les données de l'OMS. Illustration par @reflektor_mk, reproduite avec autorisation.

Suite à la brouille survenue en 2008 entre le gouvernement de l'époque et l'OTAN, les médias, sous le contrôle direct du gouvernement de droite de Nikola Gruevski, se sont mis à promouvoir divers sujets populistes sur leurs chaînes.

Apparue en 2013, cette pratique se manifestait notamment par le fait de donner davantage d'exposition médiatique aux anti-vaccins. A cette époque, Sitel, une chaîne pro-gouvernement d'audience nationale, a diffusé plusieurs interviews en direct avec la tristement célèbre Sladjana Velkov dans le cadre de l'émission « Jadi burek », où cette dernière était constamment présentée comme une « experte en matière de santé ».

L'omniprésence des spécialistes de médecines alternatives sur les chaînes de télévision nationales a conduit l'équivalent macédonien de l'Ordre des Médecins à demander publiquement en 2014 que l’État « prenne des mesures concrètes contre eux » :

Медицинско преставување на лица кои даваат совети од областа на медицината и алтернативната медицина, а немаат соодветна диплома ниту соодветна лиценца за работа – на пример Слаѓана Велков на телевизија го коментира квалитетот и валидноста на вакцините, ТВ емисии во кои некомпетентни лица со билки лекуваат секакви болести, капки и раствори се рекламираат на сите телевизии, но не смее да ги препорачува доктор, самоуки нутриционисти препорачуваат рецепти за долг и здрав живот.

…Présenter de façon erronée des individus prodiguant des recommandations en matière de médecine ou de médecines alternatives comme des professionnels de la santé, alors qu'ils ne sont titulaires d'aucun diplôme médical ou licence professionnelle adéquate ; ainsi, Sladjana Velkov, qui faisait des commentaires sur la qualité et la validité des vaccins à la télévision. Parmi d'autres exemples de ce genre, figurent des émissions de télévision présentant des personnes sans aucune compétence comme des guérisseurs capables de traiter diverses maladies à l'aide de plantes, des publicités vantant des gouttes et solutions que les médecins ont l'interdiction de recommander à la télévision, ainsi que des nutritionnistes autodidactes recommandant des recettes pour rester longtemps en bonne santé.

Capture d'écran des archives du journal Vetcher concernant l'anti-vaccins serbe, Sladjana Velkov : tandis qu'en 2015 le journal relatait les charges qui pesaient contre elle pour charlatanisme, en 2018, il la présentait comme un expert médical. Le dernier article titrait : « Sladjana Velkov : les vaccins peuvent être mortels. »

Pendant ce temps, en décembre 2015, Sladjana Velkov était poursuivie en justice en Serbie pour, dit-on, avoir promu la javelle comme médicament pour les enfants. Elle s'est installée en Macédoine tout de suite après et y vit depuis lors. À partir de 2018, les médias, soutenus par le gouvernement d'alors, ont continué à présenter comme des faits les théories du complot développées par cette dernière.

En août 2018, des chercheurs de l'Université George Washington ont révélé que 93% des messages concernant les vaccins publiés sur Twitter entre 2014 et 2017 venaient de comptes manifestant des comportements malveillants, parmi lesquels figuraient ceux de « trolls russes ».

D'après leur étude, qui a examiné un échantillon de plus de 1,8 million de tweets, « trolls russes et robots sophistiqués promeuvent à la fois les récits pro et anti-vaccinations  », créant ainsi un « faux équilibre contribuant à l'érosion du consensus public sur la vaccination ».

L'actuel gouvernement de Macédoine a promis d'améliorer la qualité de vie dans le pays par la mise en œuvre de réformes démocratiques.

Les employés municipaux de la région de Krasnoïarsk ont reçu l'ordre de “liker” les publications sur les réseaux sociaux concernant l'Universiade d'hiver

dimanche 24 février 2019 à 10:44
Séance au Kremlin consacrée à l'Universiade // kremlin.ru, лиц. CC2.0

Le Kremlin attache une importance spéciale aux événements sportifs internationaux comme les Universiades // kremlin.ru, licence CC2.0.

Selon un compte rendu de réunion de la Douma de Krasnoïarsk, publié sur internet par l'un de ses anciens membres, les employés municipaux du kraï [région administrative] de Krasnoïarsk devront mettre des likes et des commentaires positifs sur les réseaux sociaux sous les publications concernant les compétitions sportives universitaires internationales de l’Universiade d'hiver 2019 [en].

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Земляки, предлагаю поддержать лайками все материалы в соц сетях связанных с Универсиадой в нашем городе. Это важно. Тем…

Geplaatst door Владимир Владимирович Владимиров op Donderdag 14 februari 2019

Земляки, предлагаю поддержать лайками все материалы в соц сетях связанных с Универсиадой в нашем городе. Это важно. Тем более 3 пункт предписывает это чинам и ответственным. Но мы то с вами понимаем и без этого, что событие международное и его важно провести хорошо, чтобы остались хорошие эмоции и впечатления.

Chers concitoyens, je propose de mettre des likes à tous les contenus des réseaux sociaux liés à l'Universiade dans notre ville. C'est important. D'autant que le point 3 prescrit aux fonctionnaires et aux responsables de le faire. Mais ni vous ni moi n'avons besoin de cela pour comprendre que l'événement est de dimension internationale et qu'il faut qu'il se passe bien, de façon à laisser des impressions et émotions positives.

Le document signé par le directeur du Département principal de la culture de la Ville de Krasnoïarsk expose la stratégie à déployer sur les réseaux sociaux pour promouvoir les événements culturels qui se tiendront en parallèle de l'Universiade, début mars 2019. Cette stratégie en deux actes se concentre sur le principal réseau social russe, VKontakte.

Les premier et deuxième points du protocole décrivent «la création de contenus» autorisés par le gouvernement pour la promotion de l’Universiade et des organismes culturels municipaux (dont font partie les écoles de musique et les musées) sur ses pages «Vkontakte». Le troisième point oblige les dirigeants de ces organismes à mettre des likes et à écrire des commentaires positifs sous les publications ayant pour objet l'Universiade, «en vertu du principe de loyauté».

En d'autres termes, les enseignants et les employés des musées vont devoir endosser un rôle de bots spéciaux sur les réseaux sociaux pour faire la promotion d'une événement parrainé par le gouvernement.

Ce n'est pas la première fois en Russie. L'an dernier, le site d'info «Meduza» a révélé [en] que des enseignants et collaborateurs d’entreprises municipales de Moscou et de la région moscovite avaient été contraints de liker les publications officielles sur les réseaux sociaux et de les reposter.

La mairie de Moscou aussi embauche des «bots humains» [en] spécialement pour faire sa propagande: contre la promesse de favoriser leur carrière à la mairie, ils participent à des campagnes en ligne qui encensent le maire.