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Un BarCamp à Lima autour de la liberté sur Internet

samedi 4 mai 2013 à 10:51

campamento-por-la-libertad
Si vous êtes actuellement à Lima, et êtes intéressé par la défense d'Internet, rejoignez le BarCamp qui se tient ce week-end dans la capitale du Pérou : BarCamp 2013 pour la liberté sur Internet : deux jours de culture et d'engagement en accès libre à Lima [en espagnol].
Ces samedi 4 et dimanche 5 mai, des militants, des graphistes, des utilisateurs de Linux, des artistes audio-visuels, des avocats et des journalistes sont réunis afin de mener “une vigoureuse opération de communication commune en faveur de la défense d'Internet” [en espagnol]. Vous pouvez également suivre les débats sur Twitter grâce au hashtag #yaratpp.

Pérou : Le sacrifice d’une petite fille

vendredi 3 mai 2013 à 22:27

Le site Regionlimaaldia.com [espagnol] raconnte l’histoire d’une fillette de neuf ans, Tatiana, qui

[...] n’a pas hésité à couper ses cheveux longs et à les vendre afin de se procurer l’argent nécessaire pour acheter les médicaments dont a besoin sa mère qui souffre d’hyperthyroïdie, maladie qui lui a causé une tumeur située sur son cou.

Malgré son sacrifice Tatiana n’a pas réussi à acheter tous les médicaments nécessaires et a demandé de l’aide.

Les informations en provenance de médias étrangers bannies de la presse chinoise et même du microblogging

jeudi 2 mai 2013 à 23:01

[Les liens de cet article sans mention de langue sont en anglais]

Les autorités responsables des médias en Chine ont publié de nouvelles directives interdisant aux agences de presse et autres organismes de diffuser des informations en provenance des médias étrangers sans autorisation.

L'administration générale de la presse, publication, radio, cinéma et télévision, a dévoilé ces nouvelles régulations dans une note publiée le 16 avril 2013, moins d'un jour avant que le New York Times annonce qu'il avait reçu le Prix Pulitzer pour son enquête au sujet de la fortune cachée de la famille du Premier Ministre chinois Wen Jiabao.

Lors de la publication de cette enquête en octobre 2012, le gouvernement chinois avait bloqué le site internet du New York Times ainsi que le mot-clef « Wen Jiabao » sur Sina Weibo.

En plus d'imposer aux médias chinois de demander l'autorisation d'utiliser des informations publiées par les médias étrangers, les directives concernent également les organisations et les journalistes partageant des informations sur les médias sociaux comme Sina Weibo, le site de microblogging le plus utilisé en Chine, ceci n'étant normalement pas considéré comme des « publications ».

Sur la note, publiée par l'agence de presse nationale chinoise Xinhua, on peut lire (lien en chinois) :

各类新闻单位均不得擅自使用境外媒体、境外网站新闻信息产品。坚决制止和依法查处采编人员以网络为平台牟取非法利益等行为。新闻单位设立官方微博须向其主管单位备案并指定专人发布权威信息,及时删除有害信息。

Il est interdit à l'ensemble des organes de presse d'utiliser les informations en provenance des médias étrangers ou des sites web étrangers sans autorisation. Il est également strictement interdit aux journalistes et aux rédacteurs en chef d'utiliser Internet comme une plate-forme pour rechercher des prestations illégales ; un tel comportement entraînera une enquête et sera puni conformément à la loi. Pour ouvrir un compte officiel sur Weibo, les agences de presse doivent d'abord signaler leur inscription aux autorités puis nommer une personne qui sera responsable de la publication d'informations fiables et de la suppression des informations préjudiciables.

La plupart des articles publiés sur les pages d'actualités étrangères du journal gouvernemental proviennent d'agences de presse internationales. Selon The Telegraph, l'interdiction de l'utilisation des médias étrangers aurait un impact important sur les journaux chinois.

La nouvelle a suscité l'indignation de nombreux utilisateurs de Weibo, notamment parmi les journalistes. “Qingdeng Xiaxiangmingbian”, un journaliste basé à Pékin, a écrit (lien en chinois) :

Internet in China by Karen Roach via Shutterstock

Internet en Chine par Karen Roach via Shutterstock

青灯下香茗边:舆论监督是一个健康社会的必需品,批评的尺度就是民主的尺度,‘若批评不自由,则赞美无意义’。正确结论来自多元化的声音,而不是权威的选择。

L'encadrement de l'opinion publique est essentiel pour une société saine, l'ampleur de la critique est égale à l'ampleur de la démocratie , « si la critique n'est pas libre, alors les louanges n'ont pas de sens ». La conclusion correcte est celle émanant d'un grande nombre de voix, plutôt que celle que le gouvernement a choisie.

“Lida Suibi”, un internaute, s'est demandé (lien en chinois) si une telle emprise, si stricte, sur les médias était efficace sur le long terme:

什么是有害信息?我觉得,信息只有真假之分。新闻的唯一目的是转播真相,这是人类社会的基本需求。在新中国历史上,被宣传管理部门定义为有害信息的绝大部分信息,事后都被证明是正确的。思想屏蔽也许有效一时,但掩耳盗铃之策非长久之道。

Qu'appelle-t-on « informations nuisibles » ? Pour moi, il y a seulement des informations vraies et des informations fausses. Le but des médias est de diffuser la vérité, besoin fondamental d'une société. La plupart des informations nuisibles telles que définies par le service de la propagande dans l'histoire de la République de Chine se sont révélées exactes. Censurer des informations et des opinions peut être efficace temporairement, mais une telle politique de dénégation ne fonctionnera pas à long terme.

« Yun Mu », un autre internaute, a exprimé (lien en chinois) ce sentiment grâce à un proverbe chinois :

欲盖弥彰!

Plus on tente de se cacher, plus on est visible.

“Ye Laodie aiLvse” a écrit (lien en chinois), d'un ton plutôt sarcastique :

这要变朝鲜了吗?

Allons-nous nous transformer en Corée du Nord ?

Le journaliste Liu Xiangqian a souligné (lien en chinois) le manque de lois relatives aux nouveaux médias en Chine :

是法律法规严重落后于事物的发展!互联网到目前为止还不被认为是法律意义上媒体,何况自媒体!

Les lois et régulations sont sérieusement en retard sur le développement des choses ! L'Internet n'est pas encore considéré comme un média au sens juridique, sans parler des médias citoyens !

Lacrymogènes et canons à eaux pour la manifestation du 1er mai à Istanbul

jeudi 2 mai 2013 à 20:53

[Sauf mention contraire, les liens renvoient vers des pages en anglais] Istanbul a été sous un voile de gaz lacrymogènes lorsque les manifestants ont convergé, par défi, sur la très symbolique place Taksim, où ont lieu chaque année les manifestations de la Fête du Travail [fr]. Les autorités y avaient interdit cette année tous les événements, au motif que la place est en travaux.

Les affrontements entre manifestants et policiers ont transformé la métropole de 15 millions d'habitants en champ de bataille, causant des dégâts matériels et, semble-t-il, des dizaines de blessés. Pour maîtriser l'afflux des manifestants, quatre avions remplis de policiers transférés [turc] d'autres villes sont venus en renfort.

Parmi les blessés, quatre journalistes et un lycéen souffrant de traumatisme crânien [turc] qui est à l'hôpital dans un état critique. Des hommes politiques d'opposition victimes des gaz et des brutalités policières ont également hospitalisés [turc].

Istanbul demostrators under teargas on Labor Day celebrations

Manifestants d'Istanbul sous les gaz lacrymogènes pendant la Fête du Travail. Photo Burak Kara. Utilisée avec permission.

La place Taksim, lieu habituel des manifestations du 1er mai à Istanbul, est en chantier depuis des mois, afin de soulager les embouteillages qui l'entourent. Les syndicats qui tenaient à célébrer la Fête du Travail sur la place Taksim, négociaient avec la municipalité pour trouver des alternatives, mais les pourparlers ont échoué le 30 avril 2013. L'administration municipale a aussitôt émis un ordre de suppression de tous les transports publics entre les rives asiatique et européenne conduisant à la place Taksim. Dans la foulée, lors d'une conférence de presse, le gouverneur d'Istanbul Huseyin Avi Mutlu y a interdit toutes les manifestations le 1er mai.

La journaliste Ayla Jean Yackley (@aylajean) éclaire l'importance politique de la place Taksim tant pour le pouvoir que pour les autres mouvements :

@aylajean: Le projet Taksim [est] vu comme le projet chouchou du Premier Ministre Erdogan. La place a une immense signification politique, culturelle pour de nombreuses factions en Turquie

L'absence de transports publics dans une ville de 15 millions d'habitants a mis la vie abruptement à l'arrêt le 1er mai. Les syndicats, les associations et les partis politiques d'opposition ne l'ont pas entendu de cette oreille. Des milliers de personnes ont convergé vers les quartiers de Besiktas, Sisli et Mecidiyekoy, encerclant Taksim de tous côtés, et se déplaçant par leurs propres moyens, privés ou collectifs. Au lever du soleil, la bataille a d'abord commencé à Besiktas :

Labor Day rally teargassed in Istanbul, May 1, 2013. Photo tweeted by Deniz Atam, used by permission

Rassemblement de la Fête du Travail sous les gaz lacrymogènes à Besiktas, Istanbul, le 1er mai 2013. Photo tweetée par Deniz Atam. Utilisée avec permission

@aslitunc: İstanbul est sous siège policier aujourd'hui, Transports publics interdits, rues barrées, gaz poivré utilisé abondamment, la police charge les manifestants.

Autre moyen d'empêcher les travailleurs d'atteindre leur destination : relever le pont entre la péninsule historique et le centre et Taksim :

Galata Bridge raised to stop protesting workers. Photo by Dilek Zaptçıoğlu on Twitter, used by permission

Le pont de Galata levé pour stopper les manifestants ouvriers. Photo Dilek Zaptçıoğlu sur Twitter, utiiisée avec permission

Tandis que différents groupes tentaient de défiler vers Taksim, la police par escouades petites et grandes attaquait les manifestants sur les artères principales et les petites rues, aux canons à eau et grenades lacrymogènes. En deux heures, le côté européen de la ville était devenu un champ de bataille. Ambulances et touristes auraient été visés par les tirs de lacrymogènes des policiers :

@oemoral: Les Twittos rapportant depuis les rues latérales de #Besiktas tweetent que c'est comme un champ de bataille. Pagaille dans les magasins, chez les gens, à cause des gaz et des canons à eau #MayDay #Istanbul

@ErdiErge: police à Besiktas lance des grenades de gaz sur le ambulances plusieurs blessés à #istanbul #laborday #Turkey

@CeylanWrites: Même les touristes se font tirer des lacrymogènes dessus ! rapporté par Radikal #istanbul #1mayis

@Ziya Meral: Le meilleur tweet sarcastique à émerger d'Istanbul pour l'instant aujourd'hui : “Hier on avait le Festival de Jazz, aujourd'hui c'est le Festival de Gaz”

Même des médias généraux ont déploré la brutalité policière. Mais en général, la presse a été très réticente à parler des honteux événements de la journée. Les organes d'information proches du gouvernement ont utilisé une photo [turc] d'un manifestant lançant un cocktail molotov pour étayer la thèse officielle que les manifestants de la Fête du Travail étaient des “radicaux.”

Certains sur Twitter ont comparé la tactique du Premier Ministre turc Erdogan à celle des ex-dictateurs du Moyen-Orient :

@erdierge: La violence policière à #istanbul est pire que le #ArabSpring [printemps arabe] la police de Moubarak valait mieux que celle d'Erdogan en #turjey #laborday #1mayis

Les grenades lacrymogènes ont aussi endommagé la propriété privée :

Damage caused by teargas canisters to homes. Photo tweeted by @farkindayimm, used by permission.

Dégâts causés à des habitations par les grenades lacrymogènes. Photo tweetée par @farkindayimm, utilisée avec permission.

Les manifestants se sont finalement dispersés après que le dirigeant de la Confédération syndicale eut négocié un armistice avec la police.

Protesters teargassed in Besiktas. Photo tweeted by @13melek, used by permission

Manifestants sous les gaz lacrymogènes à Besiktas. Photo tweetée par @13melek, utilisée avec permission

La confédération syndicale internationale n'a pas tardé à condamner la brutalité policière à Istanbul.

Après une journée de violences et de horions, et de commentaires irresponsables et parfois tout à fait scandaleux de responsables publics [turc] comme de journalistes [turc], tout le monde s'en est retourné chez soi, regarder une série télé turque et vaquer à ses occupations habituelles.

Des vidéos pour dénoncer les discriminations envers les intouchables en Inde

jeudi 2 mai 2013 à 16:43

[Tous les liens mènent à des pages en anglais, sauf mention contraire.] Video Volunteers, un média international et une ONG de défense des droits de l'Homme, utilise les vidéos tournées sur le terrain, par des communautés, pour documenter et mettre en lumière la situation des personnes marginalisées et pauvres dans le monde. Le 14 avril 2012, Video Volunteers a lancé la campagne ARTICLE 17, qui propose des témoignages sous forme de vidéos sur les différentes formes d'intouchabilité en Inde, réalisées par des “correspondants communautaires” à travers le pays. Ce 14 avril 2013 marque le premier anniversaire de la campagne contre la discrimination envers ceux qui sont appelés “intouchables.” L'intouchabilité [fr] est une forme de discrimination, une pratique socio-religieuse d'ostracisation d'un groupe minoritaire, isolé de la société par des coutumes sociales ou des dispositions législatives. Le terme est utilisé en Inde pour parler du traitement public des communautés Dalit en particulier, qui sont confrontés à une discrimination au travail par les castes dominantes hindoues [fr].

Girls in a garbage picker colony. They are considered as Untouchables because it is considered that the simple act of touching them brings impurity. They are excluded from the system of Indian castes.

Filles dans une colonie de collecteurs de déchets. Ils sont considérés comme des Intouchables car le simple acte de les toucher apporte l'impureté. Ils sont exclus du système indien des castes. Image de Yan Seiler. Copyright Demotix (1/9/2011)

Bien que l'intouchabilité a été déclarée illégale dans l'Inde post-indépendance, que les Dalits [fr] et autres castes répertoriées aient obtenu des droits, des préjudices à leur encontre sont toujours présents dans la société, en particulier en zones rurales. Le directeur de Video Volunteers, Stalin K., donne le contexte de cette campagne destinée à lutter contre l'intouchabilité :

Il y a dix ans, j'ai entamé un voyage pour documenter les pratiques d'intouchabilité à travers plusieurs États et religions de l'Inde. 25 000 kilomètres, 9 000 minutes de tournage et quatre ans plus tard, j'ai monté un documentaire intitulé L'Inde Intouchée. La principale raison pour laquelle j'ai réalisé ce film était de remettre en cause la croyance de la plupart des Indiens selon laquelle l'intouchabilité appartient au passé.

 

 

Stalin continue :

L'Article 17 de la Constitution Indienne établit que “L'intouchabilité est abolie et sa pratique sous toute forme est interdite. L'application de toute incapacité résultant de l'intouchabilité doit être considérée comme une offense punissable en accord avec la loi”. Néanmoins, la société continue de regarder l'intouchabilité comme une donnée sociale, ancrée dans la ‘tradition’. Nous devrions plutôt voir de telles pratiques comme ce qu'elles sont : des actes criminels.

L'initiative des documentaires a commencé en 2010 (voir l'article de Global Voice [fr]). Les correspondants communautaires de Video Volunteers ont jusqu'à présent produit une série de 30 vidéos qui illustrent les pratiques liées à l'intouchabilité à travers le pays.

Voici quelques exemples :

youtu.be/4vVbtedA-wk

Le puits intouchable : La communauté Dalit est autorisée à ne boire que l'eau puisée dans un puits “intouchable” choisi dans le village. Vidéo par Video Volunteers

L'intouchabilité dans les magasins : Les Dalits ne sont pas autorisés à pénétrer dans des magasins même s'ils sont clients. Ils doivent soit lancer leur argent dans les mains des commerçants de caste ”supérieure” sans les toucher ou laisser l'argent par terre. Les marchandises touchées par des Dalits sont purifiées en les faisant passer à travers une flamme brûlante. Vidéo par Video Volunteers

L'intouchabilité prouvée et sanctionnée : La vidéo montre des femmes Dalit mariées dans le village retirant leurs chaussures et les tenant dans les mains alors qu'elles traversent le quartier des “castes supérieures”. Les efforts combinés du correspondant communautaire sur le terrain, des plus de 5000 personnes qui ont signé la pétition  en ligne et l'émotion nationale créée par une émission TV, ont persuadé un magistrat et le surintendant de police de visiter personnellement le village pour conduire une audience publique condamnant la pratique. Les villageois ont promis au magistrat qu'il n'y aura plus de plaintes au sujet de leur village. La pratique a été déclarée ‘abolie'. Vidéo par Video Volunteers

 

Vous pouvez regarder l'ensemble des vidéos sur la chaîne Youtube. Une campagne de pétition a commencé à demander à une Commission Nationale spéciale dédiées aux castes (la NCSC) de prendre des mesures contre les infractions constatées. Shekhar commente les vidéos sur le blog India Unheard :

Après avoir regardé toutes ces vidéos, j'ai réalisé que mon point de vue selon lequel le système de caste en Inde est affaibli dans une certaine mesure est faux et une véritable erreur. Je suis forcé de réaliser qu'il est toujours répandu et profondément enraciné.

Voici quelques réactions sur Twitter à propos de la situation de l'intouchabilité en Inde. Shraddha Upadhyay (@shraddha48), un blogueur de Gwalior tweete :

@shraddha48 : Lisez une expérience personnelle d'intouchabilité & de préjudices sans fin. “Quelle nuit enveloppe mon pays, seigneur ?” http://t.co/GtZRde1ndz

Community Media (@babasaheb_org) écrit :

@babasaheb_org : 84 types d'intouchabilité en vigueur dans le pays, même à l'heure actuelle http://fb.me/1D1WAjT2l

Stalin conclut ainsi son post :

Il est temps que nous acceptions que la pratique d'intouchabilité n'est pas le vestige de quelque phénomène social ou tradition rétrograde : c'est un délit pénal. Commençons à l'appeler par son nom.