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Des mèmes pour défendre les langues régionales : le berrichon-bourbonnais

lundi 13 février 2017 à 08:59

Mème en berrichon créé par Pierre-Marie Chevreux. (Traduction : “Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour soutenir sa langue ? Je vous jure !”)

Pierre-Marie Chevreux participe au Défi du mème de la langue maternelle et crée des mèmes en berrichon-bourbonnais.

Instituteur à Lyon, Pierre-Marie est originaire du centre de la France, et sa famille se trouve dans le Berry et l'ancien Bourbonnais (aujourd'hui : les départements de l'Allier et du Cher), où on peut encore entendre parler berrichon et bourbonnais. Ces deux langues d'oïl d'origine moyenâgeuse sont issues du latin vulgaire. Cette langue se retrouve dans la littérature, et est parlée par exemple par les personnages des nombreux romans de George Sand. Aujourd'hui, elle est principalement parlée et utilisée par les plus de soixante ans, mais les efforts de revitalisation existent.

Cette langue est de plus en plus présente sur Internet : en plus de deux blogs que Pierre-Marie anime en berrichon normalisé, il participe activement au Défi du mème de la langue maternelle. Il aborde ici sa participation au Défi, pour lequel il publie ses mèmes depuis son compte @Persian_Coral.

Rising Voices (RV): Quel est le status de votre langue, dans la vie courante ainsi que sur Internet ? 

Pierre-Marie Chevreux (PMC): Passionate people have created many sites where lexicons, sentences, and even some grammatical points have been edited on the net. It is even possible to find some online videos, such as of people counting or performing humorous stand-up comedy. Precisely the situation of the language, which for so long had been called and seen as ‘Bad French’ and the ‘language of isolated peasants’ deals with a kind of creole.

Pierre-Marie Chevreux (PMC) : Des gens passionnés ont créé de nombreux sites sur lesquels ont été publiés des lexiques, des phrases et même des sujets de grammaire. On peut même trouver des vidéos, comme des gens qui comptent en berrichon ou des comiques qui font un numéro. C'est exactement la situation de la langue en fait, qui pendant si longtemps a été vue comme et qualifiée de “mauvais français”. Cette “langue des paysans isolés” a été traitée comme une sorte de créole.

RV: Pourquoi avez-vous décidé de participer au Défi du mème de la langue maternelle ?

PMC: On Twitter, I noticed a meme in Gallo (another Language of Oïl, but from Eastern Britanny). I have been interested in promoting my language for the past three years, and I wanted to learn and know more about my family language. I think humour can be an excellent way to capture one’s attention. This has also been an occasion to discover some Northern Amerindian languages as Tsimshian (language found along the border between Southern Alaska and the Northern British-Columbia coast) and Asturian (in the Northern-Atlantic Spain).

PMC : J'ai remarqué sur Twitter un mème en gallo (une autre langue d'oïl, mais de Haute-Bretagne). Ça faisait environ trois ans que je m'intéressais à la promotion de ma langue, et je voulais en apprendre davantage sur ma famille linguistique. Je pense que l'humour peut être une excellente façon d'attirer l'attention. Ça a aussi été l'occasion de découvrir des langues amérindiennes comme le tsimshian (langue parlée le long de la frontière entre l'Alaska et la côte de la Colombie Britannique) et l'asturien (dans le nord-ouest de l'Espagne).

RV: À qui aimeriez-vous lancer le défi de créer un mème en berrichon ?

PMC: As social media is a very efficient tribune, this allows my language, Berrichon-Bourbonnais to be known wider as I could have ever imagined. People do not think that France and especially North and Central France have about a twenty of languages! So I want to create curiosity and focus on my peculiar medieval language.

PMC : Les médias sociaux sont une tribune très efficace et permettent à ma langue, le berrichon-bourbonnais, d'être plus connue que je n'aurais pu l'imaginer. Les gens ne pensent pas qu'il y a en France, et en particulier dans le nord et le centre de la France, une vingtaine de langues ! Je veux créer de la curiosité et attirer l'attention sur ma propre langue médiévale.

Découvrez plus de mèmes participant au Défi dans différentes langues du monde en recherchant le mot-clé #MemeML sur Instagram, Twitter, ou Facebook. Le Défi a aussi son groupe sur Facebook et accueille les contributions du monde entier.

En Tunisie, recul de la liberté d'information ?

dimanche 12 février 2017 à 21:56

Le Premier Ministre tunisien Youssef Chahed s'adresse aux médias pendant l'Assemblée  2016 de l'Union Internationale des Télécommunications qui s'est tenue en Tunisie. Photo UIT, publiée sur Flickr sous licence Creative Commons.

Le gouvernement tunisien est accusé de restreindre l'accès à l'information et la liberté des médias, à travers sa régulation des services de communication et de presse dans les ministères, les services étatiques et autres institutions publiques.

Le mois dernier, le Premier Ministre Youssef Chahed a publié la circulaire n°4 du 15 janvier 2017 demandant aux fonctionnaires de ne pas parler à la presse ni révéler d'information officielle à moins d'y être autorisé par leur hiérarchie :

Par respect des devoirs des fonctionnaires dans leur relation avec les organes des médias, comme prévu dans le code de conduite et de déontologie des fonctionnaires, ils s'abstiennent de toute déclaration ou intervention, ou de divulgation d'informations officielles ou de documents dans la presse ou par tout autre moyen, en rapport avec leurs fonctions ou avec les institutions publiques pour lesquelles ils travaillent, sans l’autorisation préalable et explicite de leur hiérarchie.

La circulaire interdit aussi aux fonctionnaires de faire des déclarations qui “enfreignent le secret professionnel et la sauvegarde des intérêts supérieurs de l’État”, d'empêcher “la divulgation d'informations et documents officiels devant ou pouvant être mis à la disposition du public”, et de faire “des déclarations mensongères ou fausses” en rapport avec leur travail et l'institution qu'ils servent.

La circulaire est en fait conforme aux réglementations existantes qui organisent la relation des fonctionnaires avec les médias. Le décret n°4030 du 4 octobre 2014 sur le code de conduite et de déontologie des fonctionnaires, dans la section 2 de son chapitre trois, interdit déjà aux fonctionnaires de faire des déclarations aux médias et de divulguer de l'information publique sans l'autorisation de leur supérieur hiérarchique ou de la direction des institutions publiques dans lesquelles ils exercent leur activité.

La publication de la circulaire n'a pas seulement été fustigée par les organisations de la société civile du pays, elle a aussi ranimé les critiques contre le code de conduite des fonctionnaires, et plus particulièrement ses dispositions qui réglementent le travail des services de communication et d'information dans les institutions, services publics et ministères.

Le 9 février, quinze organisations tunisiennes et internationales, parmi lesquelles le Syndicat national des journalistes tunisiens, la Ligue tunisienne des Droits de l'Homme, la Fédération internationale des droits de l'Homme et l'ONG pour la liberté d'expression Article 19, ont publié une déclaration appelant le gouvernement à “revoir le décret 4030 et à retirer immédiatement la circulaire n°4″. Les organisations ont condamné ce qu'elles décrivent comme “des restrictions accrues opposées aux journalistes, organisations de la société civile et citoyens [cherchant] à accéder à l'information des institutions publiques”.

Dans le cadre de ses réformes démocratiques, la Tunisie a progressé dans le domaine de l'accès à l'information. En 2016, le droit constitutionnel d'accès à l'information était renforcé avec l’adoption par le parlement d'une loi sur la liberté d'information (la loi n°22 du 24 mars 2016 sur l'accès à l'information). Ce texte garantit l'accès à l'information détenue par les entités gouvernementales telles que les ministères, la présidence, les associations à financement public, le parlement, les communes, la banque centrale et les corps constitutionnels. La loi prévoit des amendes contre ceux qui font obstruction à l'accès à l'information, et instaure une commission d'accès à l'information chargée de trancher sur les réclamations concernant les demandes d'accès à l'information.

Néanmoins, la mise en œuvre de cette loi reste incomplète et la commission d'accès à l'information n'est toujours pas installée. Cela ne surprendra personne que la publication par le gouvernement de la circulaire 4 soit fustigée par les journalistes et les organisations de la société civile, mécontents des lenteurs à traduire les réformes en actes.

Le “crowdfunding” transforme un jeu de plateau macédonien en un succès mondial

dimanche 12 février 2017 à 13:54

Les personnages de “Cavern Tavern” créés par Txe Mico sont publiés avec l'autorisation de Final Frontier Games.

[Sauf indication contraire, tous les liens de ce billet renvoient vers des sites en anglais]

Comment un groupe de jeunes d'un pauvre petit pays peut-il réaliser son rêve de vendre un jeu de plateau à l'international ? Pour au moins deux start-ups macédoniennes, la réponse s'est présentée en 2016 via Kickstarter, la plate-forme de financement participatif.

Archona Games a récolté plus de 33 000 dollars australiens (environ 25 300 euros) pour fabriquer son jeu de plateau sur un thème de science-fiction “Small Star Empires” et Final Frontier Games a obtenu plus de 107 000 dollars américains (environ 100 000 euros) pour éditer son jeu de fantaisie “Cavern Tavern.” Ces deux sociétés ont largement dépassé leurs objectifs.

Suite à ce succès, Top Theme on Your Side [mk], une importante émission télévisée macédonienne de débats et reportages a présenté le parcours de Final Frontier Games. La vidéo ci-dessous montre leur histoire avec des sous-titres anglais.

Vojkan Krstevski, un des quatre créateurs de Final Frontier Games, a aussi parlé de leur projet à Global Voices, et a rappelé le temps et les ressources investies par son équipe pour préparer la campagne de Kickstarter et en recrutant un des meilleurs illustrateurs macédoniens, Txe Mico.

En lançant leur campagne, Final Frontier Games a défini quatre niveaux de donations. Au premier, les contributeurs pouvaient apporter un dollar (américain). Au deuxième, les dons s'élèvent à cinq dollars en étant invités à télécharger la version “PnP” (print-and-play [imprime et joue]) du jeu. Au troisième, ceux avançant quarante-quatre dollars recevaient une copie du jeu. Le quatrième niveau, se limitant à quarante-deux dons de cent dix-neuf dollars, permettait aux acheteurs d'en avoir une copie et de nommer une des cartes “cocktail” du jeu.

Les cartes de Cavern Tavern créées par Txe Mico sont publiées avec l'autorisation de Final Frontier Games.

GV : Qui a soutenu votre jeu dans Kickstarter ? Comment les dons par niveaux ont-ils marché ?

Војкан Крстевски (ВК): Преку ова, поддржувачите се чувствуваа инволвирани во самиот дивелопмент на играта, ја чувствуваа како своја, а со тоа беа и екстремно мотивирано самата кампања да биде успешна. Нашите поддржувачи станаа и најголемите промотори на кампањата. Ова не беше лесно, потребна е детална маркетинг стратегија за буквално секој ден од 5-те месеци пред-кампања и 1 месец на самата кампања за да го постигнете тоа, особено ако ова е вашиот прв проект на Кикстартер кој се обидува да биде забележан од стотиците други проекти кои се активни во секој момент.

На крајот, завршивме со безмалку 2.000 поддржувачи од сите краишта на светот кои заеднички донираа 107.966 долари. Околу половината беа од САД, 30% од ЕУ, а останатиот дел беше буквално распостранет по целиот свет. Од Кина и Јапан до Француска Полинезија, Брунеи, Иран, преку Јужна Африка па се до Чиле, Аргентина, Бразил… Речиси сите држави на планетава. За жал, живееме во поделен и раскаран свет. Гледајќи како луѓе од целата планета (без разлика на религија, политички систем или боја на кожа) се здружија да финансираат идеја на еден тим од Македонија не прави екстремно среќни и горди на постигнатото.

Vojkan Krstevski (VK) : En sélectionnant un niveau de préférence, les contributeurs s'impliquent dans le développement du jeu. Ils ont l'impression que le jeu est à eux et participent à la réussite de la campagne. Ainsi, nos contributeurs sont devenus nos meilleurs promoteurs. Ça n'a pas été facile, nous avions besoin d'une stratégie de marché précise cinq mois avant le lancement de la campagne et un mois avant la fin de celle-ci, surtout s'il s'agit de votre premier projet Kickstarter : il faut essayer de se démarquer de la centaine d'autres projets.

Finalement, nous avons eu globalement deux mille contributeurs  avec ces dons allant jusqu'à 107 966 dollars. La moitié est venue des États-Unis d'Amérique, 30% de l'Union Européenne, et le reste est littéralement venu du reste du monde : Chine, Japon en passant par la Polynésie française, Brunei, Iran, Afrique du Sud, Chili, Argentine, Brésil… Pratiquement tous les pays de la planète. Nous sommes très fiers et heureux d'avoir uni autant de personnes, indépendamment de leur religion, système politique ou couleur de peau, pour financer l'idée d'une équipe macédonienne.

Chaque année, Kickstarter reçoit environ il y a environ trois mille demandes de financement participatif de projets de jeux de table. Seuls 30% d'entre eux atteignent leurs objectifs et à peine 5% arrivent à lever plus de 100 000 dollars.

GV : Comment redistribuez-vous les copies à votre audience globale ? 

ВК: Поради распостранетоста на нашата публика, закупивме магацини и ангажиравме фирми за достава т.н. fulfillment центри на 4 различни континенти и таму испративме игри. Имаме fulfillment центри во САД, Велика Британија, Австралија и Кина. Зависно од каде е купувачот, го информираме најблискиот fulfillment центар и тој ја врши доставата во наше име. Процесот е доста логистички обемен, бидејќи подразбира координирање на производителот во Кина со 4 различни фирми на различни континенти, како и доставување на контејнери од играта на овие места преку бродови, но, тоа е дел од нашата работа и е само една алка од процесот на издавање и продавање игра.

VK : Grâce à la croissance de notre audience globale, nous louons des centres de distributions sur les quatre continents où nous envoyons les jeux. Ceux-ci se trouvent aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Australie et en Chine. Les envois sont expédiés aux acheteurs en fonction de leur localisation au distributeur le plus proche. Ce processus d'acheminement est très complexe et a impliqué la coordination entre le fabricant chinois et les quatre autres sociétés basées sur les différents continents pour expédier les conteneurs par bateau – mais cela fait aussi bien partie du travail et ne représente qu'un maillon de la chaîne éditoriale et de vente.

Dans un autre entretien [mk], Krstevski fait remarquer qu'ils ont été chanceux de finir le processus avant la mise en place du Brexit [fr] et que le nouveau président américain n'exécute sa promesse d'augmenter les droits de douanes sur les produits fabriqués en Chine. Ces deux menaces politiques risquent d'augmenter les prix du transport et de vente des produits.

Les personnages de “Cavern Tavern” créés par Txe Mico sont publiés avec l'autorisation de Final Frontier Games.

GV : Vous vivez de votre passion et avez fait de votre loisir un fond de commerce. Pourquoi les gens aiment-ils les jeux de table ? 

ВК: Играњето друштвени игри, односно самите игри, се многу променети од времето на Монопол или Риск, и стануваат се поголем дел од поп културата. Растот на индустријата на друштвени игри е огромен во последните 10 години. Во голем дел, тоа се должи на потребата на луѓето за човечка интеракција, особено во ова време кога дигиталниот свет се повеќе и повеќе ни ги „окупира“ животите.

VK : Les jeux de table ont beaucoup évolué depuis Monopoly ou Risk et sont de plus en plus populaires. En dix ans, la croissance de cette industrie a décuplé. Ceci est dû en grande partie au besoin d'interaction entre les personnes, surtout quand le monde virtuel “prend” de plus en plus de place dans nos vies.

Connaissez-vous le Fonds National Juif et son rôle en Israël et Palestine ?

dimanche 12 février 2017 à 11:09

Les célèbres “boîtes bleues” utilisées par le FNJ pour ses collectes mondiales. Crédit photo : Alan English, CC license.

Le 18 janvier 2017, l'unité Yoav de la police israélienne, créée spécialement en 2012 pour des missions en rapport avec la “relocalisation des Bédouins”, a rencontré la résistance des habitants et des militants en tentant de démolir le village bédouin d'Umm el-Hiran dans le Néguev.

L'évacuation et la destruction au petit matin a impliqué l'usage extrême de force physique, de grenades assourdissantes, d'aérosols au poivre et de balles de caoutchouc et de cuivre. Dans les suites de l'assaut féroce, l'instituteur villageois Yaqub Abu Qi'an et le policier Erez Levy ont été tués.

L'affrontement ne s'est cependant pas limité à une démolition et à du sang versé. Ce village bédouin avait déjà connu une relocalisation forcée depuis Khirbet Zubaleh en 1948 lors de la création de l'Etat d'Israël, dont les Palestiniens parlent comme de la “Nakba” (‘catastrophe’ en arabe), et qui a vu plus de 700.000 Palestiniens expulsés de leurs habitations.

Dans cette “catastrophe” historique pour la région, les médias incriminent régulièrement la politique du gouvernement, mais les journalistes évoquent rarement le Keren Kayemeth LeIsrael-Fonds National Juif (KKL-JNF), mieux connu comme le FNJ.

Qu'est-ce que le Fonds National Juif ?

Selon les “Nakba Files,” un projet conjoint lancé par Adalah (le Centre Juridique pour les droits de la minorité arabe en Israël, une ONG à direction palestinienne basée à Haïfa) et le Centre d'Etudes palestiniennes de l'Université de Colombia :

Le FNJ est un réseau mondial d'organisations à but non lucratif sionistes dédiées à l'acquisition et à l'aménagement de terres pour le compte des Juifs. La branche israélienne du FNJ est une organisation para-étatique qui bénéficie d'un statut spécial sous la loi israélienne pour la gestion foncière.

En tant qu'une des entités-clés destinées à assurer la majorité démographique juive nécessaire pour la consolidation d'un Etat juif, les racines du FNJ remontent au Congrès sioniste mondial de 1901, qui a imaginé un fonds d'acquisition de terres en Palestine pour les transférer aux Juifs. Une ambition devenue réalité six ans plus tard avec le texte officiel et la constitution du FNJ en société de droit britannique. Après avoir reçu un statut officiel l'associant aux fonctions gouvernementales israéliennes en 1953, il a obtenu de la Knesset (le Parlement israélien) d'amples portions de territoires palestiniens.

Le FNJ accède actuellement à approximativement 13 pour cent du territoire d'avant 1967, surtout dans le Néguev et en Galilée, où il a transféré des terrains urbains à l'Etat pour les privatiser. Qui plus est, bien que l'Administration foncière israélienne (ILA en anglais) administre 93 pour cent du territoire d'Israël, le FNJ a une influence considérable sur ses programmes et sa politique en y étant représenté par 6 membres sur 14 (soit 43 pour cent) au sein du conseil d'administration.

Autrement dit, comme le répète the Nakba Files :

Le FNJ a cédé la gestion de son propre patrimoine foncier à l’État en échange d'une participation majeure dans le pouvoir de décision sur la totalité des terres sous contrôle de l'Etat. La pétition récemment lancée par Adalah et ses partenaires conteste la constitutionnalité de cet arrangement.

Le rôle du FNJ dans le Conseil de l'ILA lui donne les moyens de son énorme influence sur l'allocation et l'usage des terrains. Israël a l'un des ratios de contrôle public des terrains les plus élevés du monde ; la plupart de ce foncier est détenu dans des baux de longue durée. Une portion considérable de terrains publics ont été expropriés de Palestiniens — de réfugiés de la Nakba de 1948 Nakba autant que de Palestiniens qui ont été déplacés de leurs foyers mais n'en sont pas moins devenus citoyens d'Israël.

Dans le film de 2016 “Junction48 du réalisateur israélien-américain Udi Aloni, un avocat d'Adalah souligne le rôle joué par le FNJ dans le déplacement des familles palestiniennes hors de leurs terres :

Le film du réalisateur Udi Aloni Junction 48 montre l'avocat d'Adalah expliquant le rôle du FNJ dans l'éviction des familles palestiniennes de leurs terres

Et de fait, sur les décombres et la poussière que laisseront les bulldozers sur l'emplacement d'Umm al-Hiran, de nouvelles couches de briques et de mortier financées par le FNJ édifieront la ville de “Hiran” pour des résidents juifs.

Le rédacteur adjoint et blogueur de 972mag Edo Konrad a riposté par ce tweet :

Quand des gens vous disent être offensés par l'expression “nettoyage ethnique”, parlez-leur d'Umm al-Hiran. Dites-leur que cela se passe maintenant, en 2017.

Le village voisin d’Atir subit un destin similaire, ses ruines seront déblayées pour laisser la place à une forêt financée par le FNJ appelée Yatir.

Une fois expulsés de leurs foyers, les citoyens bédouins palestiniens d'Israël sont relégués dans des lisières urbaines invariablement défavorisées comme Hura. Interrogé par le Jerusalem Post, Yossi Maimon, un assistant du directeur de “l'autorité pour la sédentarisation et le développement des Bédouins”, confirmait le 16 janvier que “l'Etat pressait pour la relocalisation des quelque 400 habitants du village dans la zone urbaine proche de Hura”.

Atwa Abu al-Kaeean, un habitant de Umm Al-Hiran de 62 ans a dit au Jerusalem Post que la police l'a appelé cinq fois en l'espace de 10 jours pour lui dire qu'il devait “régler l'affaire avec l'autorité parce que nous démolirons votre maison”.

Selon l'Association pour les Droits civiques en Israël, ‘‘l'Etat refuse actuellement de reconnaître les villages qui abritent plus de la moitié des 160.000 personnes de la population bédouine du Néguev. Par conséquent, celles-ci subissent la menace permanente des démolitions, mise en œuvre par l'Unité pour l'application dans les Espaces Ouverts, ou “Patrouille Verte,” qui travaille conjointement avec l'ILA, le FNJ et l'armée israélienne. Le Forum de Coexistence du Néguev pour l'égalité civique liste plus de 70 cas de démolition de maisons et de destruction de récoltes ayant eu lieu rien qu'en 2016 au Néguev.

Le gouvernement israélien persiste à affirmer que ces villages sont ‘illégaux’ et justifie ses actes par le “rétablissement de la loi”. Pourtant, Ron Dudai, rédacteur en chef adjoint du Journal of Human Rights Practice, ancien collaborateur de B’Tselem et Amnesty International, expliquait ses objections à la position du gouvernement :

Je veux souligner que ce qui rend cela si effrayant, c'est la manière ouverte, intérieurement légale de laquelle c'est effectué … une cour suprême indépendante et compétente avec des juges qui enseignent à Yale, qui siège tranquillement et déclare légales toutes ces actions, et des porte-parole éloquents qui approuvent et justifient totalement des démolitions exécutées au grand jour et devant les caméras des médias. En un sens, c'est ce caractère contraint qui les rend si désespérantes.

Divers observateurs ont discuté le contexte idéologique de ces pratiques. Certains ont pointé qu'une grande partie de la logique entourant la politique de l'actuel premier ministre Benjamin Netanyahu peut se rattacher à la philosophie politique du penseur sioniste révisionniste Ze'ev Jabotinsky, dont le livre “La Muraille d'Acier (Les Arabes et Nous)” louait la “vertu” d'amener les Palestiniens à un état leur faisant perdre l'espoir, de façon à les contraindre à faire des concessions et accepter leur oppression :  

Mes lecteurs ont une idée générale de l'histoire de la colonisation dans d'autres pays. Je leur propose de… voir s'il existe un seul exemple d'une colonisation poursuivie avec le consentement de la population autochtone. Il n'y a aucun précédent de ce genre.

Le grand public n'a pas connaissance des pratiques du Fonds National Juif. Mais on ne peut comprendre la colonisation de la terre palestinienne par Israël sans connaître le FNJ.

Les Népalaises relèvent le #RedTikaChallenge contre la discrimination à l'encontre des veuves

samedi 11 février 2017 à 18:57

Femme portant un tika rouge. Photographie de Kendra Farrell sur Flickr. CC BY-NC 2.0

Le rouge est une couleur associée à l'énergie, la force, le pouvoir, la détermination, la passion, le désir et l'amour. Dans la culture hindoue, un tika (aussi appelé bindi) rouge sur le front d'une femme signifie qu'elle est mariée et la couleur est associée à l'amour et la prospérité.

Au Népal et en Inde, les veuves ne portent généralement pas de tika rouge, et la société n'accepte pas non plus qu'elles portent du rouge.

Women for Human Rights (WHR, Femmes en faveur des droits de l'homme), un groupe de pression pour les femmes célibataires ou seules, veut remettre cet état des choses en question et a créé fin janvier une campagne sur les médias sociaux appelée #RedTikaChallenge [Défi du tika rouge, NdT]. Elle demande à ses sympathisant(e)s de publier une photos d'eux-mêmes portant un tika rouge et de nommer trois amis ou relations pour poursuivre la chaîne.

Je relève le défi de WHR Népal. Les veuves n'ont pas le droit de porter du rouge. Ce n'est pas juste. C'est notre droit.

Les organisateurs ont monté cette campagne dans le but d’atteindre cinq cent participants en trois mois : en quelques jours elle rassemblait déjà des milliers de sympathisants sur Facebook, Twitter et Instagram.

WHR explique leurs raisons derrière cette campagne sur Facebook :

RED TIKA CHALLENGE
#RedTika #WHR

Colors have their own significance and are believed to be the right of every person to inherit since birth. When talking about the colors that single women (WIDOWS) can involve with, we can see mass of people giving their prejudice opinion. They are the only ones that are refrained from using bright colors, especially “Red Tika” and “Red Attires”.

While, the color Red symbolizes the color of life and of passion. Girls wear bright colors even before they are married, so why not after they are categorized into single women (widow). Let us not be judgmental and, all have the privilege of empowering colors according to one’s personal choice. Let not gender nor orthodox, be a hindrance to embrace colors.

Défi du tika rouge.

Les couleurs ont chacune une signification propre et sont un droit dont chaque personne hérite à sa naissance. Quand on aborde la question des couleurs que les femmes seules (les VEUVES) peuvent porter, nous voyons une masse de gens donner leur avis empli de préjugés. Elles sont les seules auxquelles on interdit d'utiliser des couleurs vives, tout particulièrement “le tika rouge” et “les vêtements rouges”.

La couleur rouge symbolise la vie et la passion. Les petites filles portent des couleurs vives bien avant qu'elles soient mariées, dans ce cas pourquoi pas après également, si elles sont à nouveau mises dans la catégorie des femmes seules (des veuves)? Ne portons pas de jugement, chacun a le droit d'utiliser les couleurs de son choix pour embellir sa vie. Ne laissons pas notre genre ni l'orthodoxie empêcher notre usage des couleurs.

L'une des participantes, Swarnima Shrestha, écrit :

Colours are what makes our lives bright and I believe everyone should have a right to choose the colours of their lives. It should not be compulsory that a married woman should always put on a red tika, likewise a single woman should not a restricted to put it on – it should always always be a matter of choice. […]

While the color #RED symbolizes the color of life and passion, widows are barred from wearing RED. This is not right. THIS IS OUR RIGHT! I would like to strongly protest against this primitive thought.

Les couleurs sont ce qui rend nos vies lumineuses et je pense que chacun devrait avoir le droit de choisir les couleurs de sa vie. On ne devrait pas obliger une femme mariée à porter un tika rouge, de la même façon qu'on ne devrait pas empêcher une femme seule d'en porter. Ça  devrait toujours être une question de choix.

La couleur rouge symbolise la vie et la passion. Les veuves n'ont pas le droit de porter du rouge. Ce n'est pas juste. C'est notre droit ! Je proteste fermement contre cette attitude primitive.

Shrishti Kafle, la correspondante népalaise pour l'agence de presse officielle chinoise Xinhua News Agency participe au défi sur Twitter :

Bien que la couleur rouge symbolise la vie et la passion, les veuves n'ont pas le droit d'en porter. Contre cette attitude primitive, voici le #RedTikaChallenge.

Voici une sélection de portraits Instagram de participantes :

#RedTikaChallenge Thank You @gaumaya didi for tagging me ❤️ “While the color #RED symbolizes the color of life and passion, widows in Nepal are barred from wearing RED. This is not right. THIS IS OUR RIGHT! I would like to strongly protest against this primitive thought. If you are with me and with all single-women (widows), PLEASE participate by wearing a RED TIKA and sharing your picture with the hashtag #RedTikaChallenge Also nominate a few of your friends / family to do the same. “

A photo posted by ⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀🦄Miruna Lisara Magar (@mirumgr) on

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#RedTikaChallenge #Challengeaccepted In solidarity with the Single Women Red Colour Movement by Women for Human Rights (WHR Nepal). Old customs still prevalent in some parts of our society considers widows as inauspicious. Widows are barred from participating in festivals and poojas. They are forbidden from wearing RED and encouraged to wear white or pale colours. I find myself deeply angered by these notions, these expectations our society foist. I refuse to believe this is tradition, instead it is simply a form of subjugation and a discriminatory practice against widows and women. Marital status should not decide which colour you should or should not wear. If I am married I should not be forced to wear red attire or red tika likewise if I am a widow, I should not be denied to wear RED. “Colour is a choice not a compulsion given by a society.” Please challenge this ancient belief and help raise awareness by joining this challenge. I would like to nominate everyone reading this irrespective of their gender to participate in this challenge by sharing a photo wearing a ‘RED TIKA’ with the hashtag #RedTikaChallenge or by simply sharing this post! Women's rights, is not a stand-alone battle, with an only female army so it would be amazing to see guys stepping up to support this too, therefore I personally nominate @lexlimbu,@iambijaygautam @chrischettri, @asishsyangden @omex @gavin.kshetri @nepalimunche @becomingsanjay @kailashz @ayzrim @bryanraiofficial @shishi.kyou embrace the challenge. Thank you Gaumaya Yatri for the nomination x #theredtikachallenge #embracecolors #empowerwomen #jointhechallenge.

A photo posted by Sarala Thapa Nepali (@alaras28) on

<script async defer src="//platform.instagram.com/en_US/embeds.js">

Certains hommes ont aussi exprimé leur soutien à cette campagne. D'autres veulent y prendre part :

Maintenant il faut que [je] cherche une photo [de moi] portant un tika rouge dans les photos de mon téléphone.