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Les répressions violentes continuent en RD du Congo sous la menace d'une crise qui s'enlise

mercredi 11 avril 2018 à 18:54

Goma, Nord Kivu, RD Congo : La section Conduite et discipline de la MONUSCO forme des formateurs du contingent Sud-Africain sur la prévention des violences et abus sexuels. Photo MONUSCO/Alain Wandimoyi CC-BY-20

Alors que la situation s’enlise en RDC, le régime de Kabila tente, tant bien que mal d’obtenir, du soutien dans la région. Pendant ce temps, l’opposition continue de rassembler la population. 

Une longue lettre vient d’atterrir sur le bureau du secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres, le successeur de Ban Ki-moon. Elle a été rédigée par le Comité Laïc de coordination (CLC) de la République Démocratique du Congo (RDC) qui ne sait plus à quel saint se vouer. Les Laïcs Catholiques demandent, le 19 mars, que le mandat de la MONUSCO soit renouvelé et donc, que l’ONU vienne à la rescousse de la RDC pour l’organisation des élections. Des revendications pour mettre fin à la confiscation des libertés publiques et au maintien de Joseph Kabila au pouvoir, une situation qui n’a que trop durée selon eux, depuis la fin de son mandat prévu en 2016. Les opposants au régime multiplient les manifestations depuis décembre dernier auxquelles la police répond par la force.

Des répressions violentes

Contredisant les chiffres de l’exécutif, la Commission d’Enquête mixte 3 121, estime que les manifestations du 31 décembre et du 21 janvier auraient provoqué la mort de 14 manifestants, dont 12 par balles et deux asphyxiés par des gaz lacrymogènes. Une quarantaine de personnes auraient été arrêtées arbitrairement puis soumises à des traitements dégradants lors d’interrogatoires musclés. Le 25 février 2018, un homme de 35 ans du nom de Rossy Mukendi Tshimanga avait trouvé la mort ainsi qu’une seconde personne.  Cette Commission a été placée sous le patronage de la ministre des Droits humains le 1er février et intégrait des délégués représentants du ministère des Droits humains, du ministère de la Justice, de la Commission nationale des Droits de l’homme, de la société civile, du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme et du Bureau de liaison de l’Union africaine.

Le 11 mars dernier, cette même commission enjoignait le gouvernement non seulement à « lever l’interdiction générale des réunions et des manifestations publiques et pacifiques » mais aussi de « mettre à la disposition de la Justice tous les moyens nécessaires pour mener des enquêtes judiciaires et poursuivre les auteurs de violations et atteintes aux Droits de l’Homme en lien avec les manifestations publiques du 31 décembre 2017 et du 21 janvier 2018 ».

Quelques jours après, le 15 mars l’IRDH (Institut de recherches en droits humains) demandait d’étendre ces recommandations aux entreprises de télécommunications du pays. Est particulièrement visée, la coupure des accès à internet à la veille de ces manifestations.

L'opposition prend de l'ampleur

Dans le même temps, le mouvement d’opposition continue de réclamer le départ de Kabila et l’organisation rapide du scrutin. Le 12 mars de nombreux leaders et militants de l’opposition avaient fait le voyage en Afrique du Sud, pour se rassembler pendant trois jours autour de Moïse Katumbi. Le message du candidat est clair : « ensemble je vous propose de bâtir un autre Congo ». Une volonté de faire autrement, et pour cause.

Désigné candidat dès mars 2016 par le G7, un rassemblement de partis d’opposition, l’ancien gouverneur de la province du Katanga et favori des sondages, est la cible d’attaques répétées du régime. Condamné à trente-six mois de prison et à une peine d’inéligibilité dans une affaire de spoliation immobilière vraisemblablement téléguidée par le régime, il vit en exil depuis mai 2016.  Celui-ci devrait revenir en juin afin de déposer sa candidature.

Ce rassemblement de trois jours était donc l’occasion pour l’opposition de montrer son soutien à l’opposant de 53 ans, qui a réclamé l’organisation d’élections « crédibles et transparentes ». Depuis plusieurs semaines, le régime a annoncé vouloir mettre en place un système de votes électronique, ce que l’opposition dénonce comme étant une tentative de truquer le scrutin.

Les soutiens au régime se raréfient 

De son côté, Kabila tente d’obtenir des soutiens. Mis sous pression par le Conseil de sécurité de l’ONU, qui a condamné les répressions, délaissé par la Belgique, allié historique du pays qui a rompu ses relations bilatérales fin janvier, et dénoncé par l’Union Européenne, qui a demandé l’ouverture d’une enquête de la Cour Pénale Internationale, le régime tente de convaincre les pays voisins.

Le président devrait ainsi se rendre à Kigali le 20 mars, pour la session extraordinaire de l’Union Africaine. Malgré l’envoi préalable d’un émissaire de marque, le ministre de la justice Alexis Thambwe Mwamba, et d’une délégation censée préparer le terrain, la tâche s’annonce difficile.

Si Paul Kagamé, président du Rwanda, apparaît comme un allié historique de Kabila, le soutenir semble aujourd’hui de plus en plus compliqué pour les différents dirigeants africains. Plusieurs pays traditionnellement amis de la RDC se sont désolidarisés du régime. On peut citer le Zimbabwe, l’Angola, l’Afrique du Sud ou encore le Botswana. De plus en plus isolé, Kabila ne semble pas, pour autant, près à quitter le pouvoir. Une situation qui inquiètent de nombreux analystes, qui craignent de voir le pays sombrer dans une impasse politique.

Chia-Yu Chang/Conny: “Bien que Taiwan et la Chine populaire partagent des cultures similaires, je m’identifie comme taïwanaise.”

mercredi 11 avril 2018 à 18:14

Photo faite à Colombo, Sri-Lanka à l'occasion de la conférence Global Voices

Global Voices en français s'est entretenu avec Chia-Yu Chang connue également comme Conny, traductrice du français vers le mandarin sur son expérience avec GV et bien plus encore!

Global Voices (GV): Qui es-tu Conny?

Conny: Je m’appelle Chia-Yu Chang, ou bien Conny. Je suis Taïwanaise qui travaille maintenant à l’Industrial Technology Research Institute (l’ITRI) sur des projets gouvernementaux pour établir l’écosystème taïwanais de startups.

GV: Ton nom est  Chia Yu Chang, quel est le lien avec Conny?

Conny:Je ne sais pas depuis combien de temps, c’est devenu une habitude à Taiwan de donner un nom anglais aux enfants. Nos parents ou les enseignants du primaire nous donnent un nom anglais quand on commence à apprendre la langue d'anglaise. Le nom “Conny” est celui que ma mère m'a donné. Il ne se termine pas avec “ie” de façon traditionnelle mais avec la lettre “y” en raison des initiales de mon chinois, “CY” . Tu peux considérer Conny comme mon surnom.

GV: Raconte-nous comment tu as découvert Global Voices, et ce qui t’y a attirée?

Conny:C’était en septembre 2016, quand j’ai surfé sur Internet sur quelques actualités des Jeux Olympiques et trouvé un article sur le coureur éthiopien Feyisa Lilesa écrit en chinois sur la site de Global Voices, avec une photo d’étudiants faisant un X avec leurs bras croisés. Cet article, différemment des médias taïwanais qui ne signalent que l’incident, donnait le contexte de la protestation de l’ethnie Oromo. Et puis, j’ai trouvé que le site de Global Voices couvrait un large éventail d'informations que les médias taïwanais négligeaient depuis longtemps et fournissaient de nombreuses versions en plusieurs langues sur chaque article. Ça m’a motivée à participer pour traduire les articles en chinois afin de contribuer à enrichir le contenu des médias taïwanais.

GV: Tu as un attrait particulier pour le français, comment l’expliques-tu?

Conny:Je suis attirée par le français grâce à la bande musicale de “Roméo et Juliette”, qui m’a donné ma première impression sur le français comme une langue d’élégance. Après je suis entrée a l’université, j’ai réalisé que, dans le domaine de la politique que j’étudiais, beaucoup de termes anglais avaient une origine française, ça a stimulé mon intérêt à mieux connaître cette langue.

GV: Quels sont tes domaines d'intérêt?

Conny: Ma spécialité est l’administration publique, qui se concentre sur l'élaboration des politiques sociales. Ce qui m'intéresse le plus ce sont les affaires internationales, des médias et de la communication.

GV: Comment vois-tu le futur des relations entre La Chine de Pékin et Taiwan?

Conny: Bien que les deux états partagent des cultures similaires, je m’identifie toujours comme taïwanaise. Pour moi, c’est clair qu’il y a deux régimes qui appliquent deux constitutions différentes à travers le Détroit depuis 1949. Le problème c’est que, techniquement, la guerre civile n’est jamais finie. Les deux côtés n’ont jamais signé un traité de paix sous n’importe quelle forme que ce soit ou commencé officiellement des pourparlers de paix.

J'espère vraiment qu'une certaine forme de négociation de paix puisse être entamée le plus tôt possible pour résoudre le problème une fois pour toutes. Dans une négociation, il y aura toujours des compromis, donc le seul problème sera de savoir comment Taiwan peut garder sa propre autonomie.

La Présidente actuelle de Taiwan, Tsai Ing-wen, du Parti démocrate progressiste (PDP) ou Minjindang, est considérée generalement comme favorable à l'indépendance de la Chine continentale par le Kuomintang (KMT). D'autre part le gouvernement de Beijing cherche à réduire l'espace vital international de Taïwan pour l'empêcher d'accéder à l'indépendante, et ainsi les relations inter-détroit deviennent tendues.

La majorité des citoyens taïwanais préfèrent le statu quo, ce qui veut dire que le gouvernement exerce un contrôle complet sur toutes les affaires publiques de l'île tout en ne revendiquant pas l'indépendance. Ceux qui veulent devenir indépendants ou faire partie de la Chine “immédiatement” ne sont qu'une petite minorité.

Pour moi, cette île est déjà un état indépendant qui a sa propre constitution et ses propres normes. Je préférerais fortement que les choses restent comme elles sont actuellement, après toute négociation et que nous puissions continuer à avoir de vraies élections et des droits de choix garantis

GV: Y a-t-il beaucoup de taïwanais qui pensent la même chose que toi?

Conny:La plupart d'entre nous considérons que Taïwan est et doit être reconnu comme un pays. Les médias appellent la génération née après 1980 “la génération de l’indépendence naturelle” (天然獨). Ce terme veut dire que cette génération croit que Taiwan est déjà un pays indépendant, sans d’ailleurs que cela veuille dire qu’elle soit nécessairement le mouvement pour l’indépendance. Souvent ces gens veulent garder le statu-quo actuel.

Cependant, un sondage mené plus tôt cette année indique que la confiance de cette génération s'est affaiblie à cause de la récession économique à Taïwan et la montée économique de la Chine. Le sentiment de l'appartenance à la nationalité “taïwanaise” a même atteint son niveau le plus bas depuis cinq ans.

Après #CongressOccupied qui a vu le dimanche 30 mars 2014, environ 500 000 Taïwanais provenant de tout le pays se joindre à un rassemblement sur Ketagalan Boulevard à Taipei pour soutenir  les manifestants qui occupaient le Parlement en signe de protestation contre la négociation secrète d'un accord commercial avec la Chine, je pensais que de plus en plus de gens seraient conscients de la valeur de la vie que nous avons aujourd'hui.

Les médias et les programmes scolaires organisés par le ministère de l'Education ont mis beaucoup d'efforts pour renforcer la conscience de l'appartenance à une identité taïwanaise. Cependant, selon un sondage effectué plus tôt cette année, cette identité nationale taïwanaise s'estomperait au profit de l'appartenance chinoise.

De plus en plus de gens ne sont pas contre l'idée de faire partie de la Chine.

GV: Y a-t-il des liens entre ton activité pour GV et celle dans la sphère professionnelle?

Conny:Il y a bien sûr un lien entre ma participation aux activités de Global Voices et ma sphère professionnelle, qui consiste à l'élaboration des politiques publiques. GV me permet de me connecter avec le monde pour connaître plus les contextes des autres régions du monde.

GV: Quelles langues pratiques-tu?

Conny:Je parles chinois/mandarin, taïwanais, anglais, et français.

GV: Un souhait par rapport à ce que publie GV ?

Conny:J’espère que les sujets que GV publie resteront inclusifs. C’est la valeur qui m’a attirée en premier lieu et c’est celle que je promeus tout le temps dans GV. Je crois que c’est un moyen d’attirer plus de lecteurs à long terme.

 

“Sharp Eyes”, un projet qui permet de surveiller les citoyens chinois à travers leurs smartphones et télévisions

mardi 10 avril 2018 à 19:31

Photo du domaine public par Pixabay

Les agglomérations des campagnes chinoises sont confrontées à une nouvelle génération de technologie de surveillance qui fait le lien entre les intérêts et activités quotidiennes des citoyens et l'envie toujours grandissante de leur gouvernement de contrôler sa population.

Le système, connu sous le nom de Sharp Eyes (“yeux perçants”), repose sur un dispositif technologique et sur l'idée que les gens seraient disposés à surveiller leurs voisins, leurs amis et même les membres de leur famille et à rendre compte de leurs actions.

Sharp Eyes, une version rurale du projet de surveillance Skynet de triste mémoire, a été lancé en 2011 en vue d'étendre la portée du système de surveillance chinois aux communautés rurales continentales. À l'inverse de Skynet, Sharp Eyes encourage les villageois à se surveiller les uns les autres afin de réduire les coûts de sécurité publique.

Plus récemment, le projet Sharp Eyes a été inscrit dans les premiers documents de février 2018 du Comité central du Parti communiste chinois (PCC), après sa décision d’abolir la limite des mandats de président et de chef de parti.

Un article du Legal Daily publié le 28 février indique que la Chine possédera un réseau de surveillance national complet d'ici 2020 et à travers lequel les responsables de la sécurité et de la police auront un accès simple et rapide aux données recueillies par toute caméra de surveillance individuelle dans le réseau.

De Skynet à Sharp Eyes

Skynet, le prédécesseur de Sharp Eyes, fait appel à des technologies d'intelligence artificielle et de reconnaissance faciale qui permettent de retrouver l'identité des personnes dont les visages sont filmés par les caméras publiques de surveillance.

Introduit en 2005, le système fonctionne désormais en temps réel et peut identifier une personne en quelques secondes seulement. Jusqu'en septembre 2017, plus de 20 millions de caméras de surveillance ont été mises en place dans le cadre du projet Skynet. En plus de permettre de retrouver les criminels, le système Skynet est à présent largement utilisé dans les grandes villes pour identifier les piétons indisciplinés et leur faire payer des amendes.

Les autorités chinoises veulent désormais étendre le système aux régions rurales, sous la forme de Sharp Eyes.

Contrairement à Skynet, Sharp Eyes, va s'emparer des smartphones et des télévisions des ménages afin de décentraliser le système de surveillance. Certains s'inquiètent que le système soit utilisé de façon plus poussée pour contrôler les espaces privés, et qu'une fois que les téléphones portables et les télévisions seront connectés au réseau, leurs caméras et microphones intégrés pourraient être mis en route par le gestionnaire du réseau dans le but de surveiller les citoyens à l'intérieur de leurs domiciles.

Ces craintes ont été plus amplement confirmées par un texte promotionnel censuré émis par Guangdong Aebell Technology Corporation, une entreprise sous-traitante du projet Sharp Eyes.

Dans ce texte, l'entreprise expliquait que son système d'exploitation Sharp Eyes a été mis en place pour construire un système de surveillance mutuelle décentralisé et instantané :

美電貝爾與時俱進,積極響應國家戰略「雪亮工程」建設的號召,根據多年的音視頻研發實驗,不斷創新,圍繞快速發現,快速報警,快速回應,快速處置的實際應用需求,研發了一套「電亮工程平台系統」。
該系統利用家庭電視和智能手機推動視頻監控入戶到人,打造立體化的社會治安防控體系,推進社會治安綜合治理信息化系統建設,實現人人可監控,處處可監看,時時時可響應。

Aebell se développe dans l'optique de servir le projet stratégique national Sharp Eyes. En nous appuyant sur nos expérimentations dans le domaine des technologies audio et d'enregistrement vidéo et sur nos innovations subséquentes, nous avons développé un système d'exploitation dans le cadre du projet Sharp Eyes qui permet de répondre à nos besoins en temps réel pour le suivi des activités criminelles, l'information instantanée sur les crimes, la possibilité de répondre et de réagir instantanément.

Le système utilise les télévisions et smartphones des ménages pour améliorer la portée du système de surveillance des ménages et des individus. Le système contribue à la construction d'un système complet de sécurité publique et de prévention du crime, ainsi que d'un système de sécurité publique informatif intégré qui permet à la surveillance mutuelle, instantanée et omniprésente de devenir réalité.

Des systèmes de surveillance décentralisés à la Big Brother

Comment le système de surveillance décentralisé fonctionne t-il exactement ? Le journal Legal Daily a interviewé une bénévole en charge de la sécurité publique, résidant dans la ville de Linyi dans la province de Shandong. La ville de Linly a fait les gros titres de journaux internationaux après l’assignation à résidence illégale et l'évasion du défenseur des droits humains Chen Guangchen, qui est mal-voyant.

La bénévole a expliqué qu'elle pouvait garder un œil sur le village tout en prenant soin de ses petits-enfants à la maison, cela par le biais d'un programme communautaire intelligent installé sur sa propre télévision. La plateforme lui donne accès à six caméras de surveillance se trouvant dans le village, lui permettant ainsi d'entreprendre une “patrouille virtuelle” dans le village simplement en appuyant sur quelques boutons.

Elle a également indiqué qu'elle a aidé à arrêter un cambrioleur en 2017 grâce au bouton d'alarme alertant la police sur sa télécommande.

Selon l'article du Legal Daily, il y aurait plus de 360 000 caméras de surveillance installées dans la ville de Linyi, sur un total de 2,93 millions dans la province du Shandong. La province compte 2 491 centres de surveillance pour opérer le réseau.

Les commentaires en ligne concernant le projet sont hautement censurés. Mais quelques uns des commentaires plus satiriques (et moins flagrants) à ce sujet circulent encore sur les réseaux sociaux chinois :

我提议,每个人都应在微观层面上为国家“雪亮工程”添砖加瓦。勤翻男友手机;窥探邻居换衣;如厕不要关门。真正做到把“雪亮”牢记在心灵里,落实在行动上,雕刻在品质中。在细节处彰显中国特色社会主义的先进性是每一个公民义不容辞的关荣与责任。

Je propose que chaque individu contribue au projet national “Sharp Eyes” en vérifiant le téléphone portable de votre petit ami aussi souvent que possible, en espionnant vos voisins pendant qu'ils se déshabillent, en gardant la porte de vos toilettes ouvertes pendant que vous faites vos petites affaires. Vous devez adopter “Sharp Eyes” dans votre cœur, agir conformément et lui faire prendre forme. Nous devons démontrer dans les moindres détails la nature avancée du socialisme à la chinoise. Ceci est la gloire et le devoir de chaque citoyen.

Un rapport du secteur des entreprises a montré que jusqu'en décembre 2017, le gouvernement a dépensé 3,1 milliards de RMB/yuan (soit approximativement un demi milliard de dollars américains) dans le cadre du projet Sharp Eyes. Alors que le projet est désormais inscrit dans le document de planification du Comité central du PCC, la société chinoise va entrer dans une nouvelle ère de “surveillance mutuelle”.

Rapport Netizen : la Malaisie bannit les ‘Fake News’ — Singapour, le suivant ?

mardi 10 avril 2018 à 12:43

Photo de Cory Doctorow. (CC BY-SA 2.0)

Le Netizen Report d’Advox offre un aperçu des défis à relever, des victoires obtenues et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde.

Les élections s'approchant vite, le parlement malaisien a approuvé la “loi anti-fake news” le 3 avril, en dépit des inquiétudes du public sur l'atteinte à la liberté de la presse.

Le 6 avril, le Premier Ministre Najib Razak a dissous le parlement, une autre action perçue comme faisant partie de sa stratégie pour s'assurer sa réélection.

La loi s'applique aux contenus écrits, graphiques et multimédia, et elle définit les “fake news” comme “des nouvelles, des informations, des données et des rapports totalement ou partiellement faux.”

Les contrevenants reconnus auteurs de la diffusion de tels contenus seront passibles d'amendes de près de 500.000 ringgits (123.000 dollars US) et de six ans de prison au maximum. La loi oblige également les plateformes sur internet comme Facebook, à retirer les fausses informations suite aux ordonnances de retrait de contenu, sous peine de fortes sanctions. Une infographie de la South East Asia Press Alliance décrit plus en détails la loi et ses impacts sur la liberté d'expression.

En attendant, à Singapour, une commission parlementaire élabore une proposition de loi visant à criminaliser la diffusion de “faussetés délibérées” en ligne et sur les réseaux sociaux. Pendant huit jours, la commission a tenu sur la question des audiences publiques avec des universitaires, des experts en cybersécurité de divers pays, des militants de la société civile, et des personnes venant de grandes entreprises de la Silicon Valley.

Dans une note écrite adressée à la commission, la journaliste indépendante et auteure à Global Voices Kirsten Han a argumenté que :

[le pays] devrait faire attention durant le processus à ne pas hypothéquer dans la précipitation les grands principes de justice et d'application de la loi…. Les mesures hâtives risquent de donner trop de pouvoir aux autorités, au détriment de la liberté d'expression et de débat ouvert à Singapour.

Facebook et WhatsApp bloqués au Tchad

Facebook et WhatsApp ont été inaccessibles durant quatre jours dans la capitale tchadienne, N’Djamena. Le Journal du Cameroun rapporte qu'aucune raison officielle n'avait été fournie par les autorités sur le blocage, mais les citoyens pensent qu'il a été instauré suite aux affrontements de jeunes dans deux villes voisines, l'une d'entre elles étant en général pour le pouvoir en place, et l'autre pour l'opposition. Peu avant le blocage, une série de messages de colère contre le régime avait été postés en vidéo sur Facebook.

L'Iran va -t-il bloquer Telegram?

Lors d'un récente intervention à la radio, Alaeddin Boroujerdi, président de la Commission de la sécurité nationale et de la politique étrangère du parlement iranien , a déclaré que les hauts fonctionnaires s'étaient mis d'accord sur un projet de blocage de Telegram, une application de messagerie mobile populaire. Actuellement enregistré aux États Unis et en Grande Bretagne et initialement créé en Russie, Telegram ne dispose ni de bureaux ni de serveurs en Iran.

M. Boroujerdi a justifié la décision par des considérations de sécurité nationale, déclarant qu'une application locale de remplacement serait lancée et promue. Cependant, le Président Hassan Rouhani s'est opposé publiquement à cette décision, durant son entretien avec Tasnim News, car selon lui “l'objectif de la création et de l'appui aux logiciels et applications de messagerie iraniens ne devrait pas être le blocage [des autres applications], mais [celui] de mettre fin aux monopoles.”

Avec plus de 40 millions d'utilisateurs en Iran — sur 50 millions d'internautes — Telegram est de loin la première application de messagerie du pays. L'application a été bloquée en Iran durant les manifestations qui débutèrent dans les derniers jours de 2017 et se sont poursuivies jusqu'à mi-janvier 2018. Dans la foulée de cette controverse, l'organisme russe de régulation des télécommunications a demandé en justice d'interrompre Telegram en Russie, au motif de refus de transmission des clés de chiffrement aux autorités.

Un magazine thaïlandais pourrait encourir des sanctions pénales pour une image dénonçant la pollution

Le gouverneur de Chiang Mai, une ville du nord de la Thaïlande, a poursuivi au pénal le magazine en langue anglaise Citylife Chiang Mai pour une image postée sur sa page Facebook. Produite par un adolescent de la localité, l'image représente une célèbre statue locale de trois anciens rois thaïlandais avec un masque à gaz sur le visage. Elle visait à soutenir les manifestations pour “le droit de respirer” à Chiang Mai, où les pics de pollution ont atteint des niveaux spectaculaires ces dernières années. Le gouverneur affirme que le magazine enfreint la loi thaïlandaise sur la cybercriminalité.

L'Ouganda veut taxer les utilisateurs des réseaux sociaux

Le Président ougandais Yoweri Musveni fait la promotion d'un plan controversé de faire payer aux utilisateurs de réseaux sociaux des frais quotidiens pour leur utilisation des plateformes telles que WhatsApp, Skype, Viber et Twitter. Le schéma de taxation proposé se fonde amplement sur le fait que ces applications fournissent des services de communication “over-the-top” ou OTT permettant aux utilisateurs de passer des appels sur internet, au lieu de payer le coût des appels aux entreprises de communications locales. De nombreux députés, des entreprises parmi lesquelles MTN, la plus importante société de télécommunication de l'Ouganda, et des groupes de la société civile s'opposent à la loi.

Au Zimbabwe, Big Brother va grandir

Les hauts fonctionnaires du ministère des TIC du Zimbagwé ont annoncé le très prochain lancement d'une nouvelle infrastructure nationale de surveillance des communications comparable à l'Agence de sécurité nationale des États Unis. Bien que de plus amples informations sur le fonctionnement et l'étendue du déploiement du système n'aient pas été publiées, Spotlight Zimbabwe a rapporté que des experts en sécurité des gouvernements de la Chine, de la Russie et de l'Iran ont travaillé sur son développement.

Grindr a partagé des informations sur la santé sexuelle des utilisateurs (et a promis de ne pas recommencer)

Une enquête de SINTEF, le collectif à but non lucratif de recherche norvégien a montré que Grindr, l'application populaire de rencontres LGBTQ, a partagé des données sensibles sur la santé, y compris la situation sérologique et la date du “dernier test”, avec au moins deux sociétés tierces. Les deux entreprises, Apptimize et Localytics, avaient un contrat d'amélioration de services avec Grindr.

Scott Chen, directeur de la technologie de Grindr a expliqué sur Tumblr que la société “…a limité les informations partagées au strict nécessaire approprié aux services qu'elle fournissait et a crypté les données destinées aux co-concractants. Ces données issues de l'onglet statut HIV ont été utilisées pour tester et aider au développement de nouvelles fonctionnalités, comme nos outils de rappel de test HIV lancés récemment.” Trois jours après que le rapport fut rendu public, Grindr s'engagea à arrêter tout partage à des tiers des informations relatives au HIV.

Les militants de la société civile du Myanmar montrent l'envers de l'autosatisfaction de Mark Zuckerberg

Au cours d'un entretien récent avec Vox, le PDG de Facebook Mark Zuckerberg a vanté les mérites de son entreprise à contrôler les messages massifs d'incitation à la haine entre bouddhistes et musulmans, au plus fort de la crise dans l'État de Rakhine au Myanmar à la fin de l'année 2017. En réponse, une coalition de groupes de défense des droits numériques et de la société civile au Myanmar a adressé une lettre ouverte à Zuckerberg, donnant leur version des faits et démontrant comment l'incident a révélé les failles — et non l'efficience — du système de Facebook. Ils écrivirent :

à notre avis, l'incident illustre le contraire d'une réelle modération : il a mis en évidence une dépendance excessive à l'égard des tiers, un défaut de mécanisme de prise en charge urgente du risque d'escalade, une réticence à conduire les parties locales en conflit à trouver des solutions systémiques et un manque de transparence.

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Un mouvement pour la paix naît dans l'Afghanistan rural après le carnage par une voiture piégée

lundi 9 avril 2018 à 19:02

Des habitants de la province de Helmand, dans le sud, lancent une marche pour la paix. Photo aimablement communiquée par Mohmmad Omar Lemar, utilisation autorisée.

Dans la province afghane hautement inflammable de Helmand, les explosions de voitures piégées font hélas partie de l'ordinaire, mais la plus récente d'entre elles, particulièrement dévastatrice, a eu des conséquences inattendues.

À Lashkar Gah, capitale administrative du Helmand, connu pour être un bastion politique des talibans et un centre de production de l'opium, une voiture piégé a explosé lors d'un match de lutte, faisant 14 morts et des dizaines de blessés.

Le lendemain de l'attentat du 23 mars, des centaines d'habitants du Helmand ont commencé un camp de sit-in, réclamant deux jours de cessez-le-feu entre les talibans et le gouvernement afghan, avec une trentaine de militants se mettant en grève de la faim.

Le gouvernement comme les talibans ont rejeté la demande des deux jours de cessez-le-feu.

Dans un entretien accordé au New York Times, un gréviste, Qais Hashimi, a fustigé tant les talibans que le gouvernement afghan, traités de “marionnettes de l'étranger”, avant d'ajouter :

Our blood is finished, our tears have dried. We will not say another word. We will not eat.

Nous n'avons plus de sang, nos larmes sont taries. Nous ne dirons pas un mot de plus. Nous ne mangerons pas.

Six grévistes de la faim ont été hospitalisés pendant l'action.

Finalement, des membres du Conseil des oulémas (assemblée d'érudits religieux) de la province est intervenu et a poussé les grévistes à mettre fin à leur mouvement. Mais en promettant de travailler avec les protestataires à faire pression pour la paix.

Les femmes afghanes se joignent au sit-in

Les femmes, rarement visibles hors des maisons dans cette province conservatrice, ont aussi lancé leurs propres camps de sit-in, une démonstration rebelle de solidarité anti-guerre qui intervient au moment où les talibans font traîner les propositions de pourparlers de paix.

La mère du Helmand qui a perdu son fils de 18 ans dans l'attentat de vendredi, appelle les talibans à un accord de paix.

Les protestataires qui se sont donné le nom de “Mouvement populaire”, ont aussi fait le serment d'effectuer une marche de la paix jusqu'à la ville de Musa Qala contrôlée par les talibans.

Ce mouvement peut difficilement être décrit comme contrôlé par des “forces extérieures” ou les “élites”, comme le remarque en peu de mots l'utilisateur de Twitter Sayed Madadi.

La protestation au Helmand peut aboutir, ou pas. Mais quelque chose la distingue du reste : ce n'est pas un mouvement élitaire de jeunes éduqués à l'occidentale à Kaboul. C'est un mouvement mené par des Afghans ruraux dont les talibans prétendent retirer leur légitimité, s'ils en ont une.

Un appel à la paix qui retentit au-delà du Helmand

Le camp de la paix n'a pas tardé à s'étendre à d'autres parties du Helmand, avant que des habitants des provinces de Herat et Farah, dans l'ouest de l'Afghanistan s'y joignent à leur tour. Puis le mouvement a atteint les Afghans de la province orientale de Paktia, où un petit groupe a installé son propre sit-in.

Le prix de la protestation civique est bien moindre que le prix du silence. L'Afghanistan a plus perdu en quarante ans à cause de l'indifférence de la majorité qui ne s'est pas dressée contre les fauteurs de guerre, les réseaux nationaux et internationaux de mafias criminelles et les trafiquants de drogue. Fier de la protestation civique du Helmand.

Politiquement neutres de leur propre aveu, les camps de sit-in mettent une pression nouvelle sur les talibans après que le président afghan Ashraf Ghani les a contactés avec une offre généreuse de paix fin février.

L'offre sur la table comportait une reconnaissance du mouvement taliban comme parti politique, la libération des talibans prisonniers et une action pour retirer les chefs talibans des listes internationales de sanctions.

Mais les talibans n'ont toujours pas de donné de réponse officielle à l'offre de Ghani.