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Forêt vivante : “Nous aussi nous voulons que nos droits soient respectés.”

mardi 12 juin 2018 à 17:27

Le projet Histoires recadrées [en] demande à ses participants de réagir aux thèmes dominant la couverture médiatique les concernant. Ces articles se concentrent sur les réflexions de personnes plus souvent représentées dans les médias par d'autres qu’elles-mêmes. La génération de nuages de mots sur la plate-forme de Media Cloud [en], qui effectue des recherches dans des collections de médias d'une région donnée du monde, peut donner un aperçu aux participants de leur représentation dans les médias et leur donner une occasion de l'analyser. Ce projet s'abstient de porter une quelconque conclusion sur les données, mais au contraire, fournit le point de départ d'une discussion sur la forme qu'ils peuvent donner à leur propre représentation dans les médias numériques.

Fernanda Gualinga fait partie des Kichwa de Sarayaku qui vivent dans la région amazonienne de l’Équateur, et ont mené de longs combats au plan national et international pour stopper les projets d'extraction dans leur territoire. Ce qui suit est une transcription de la vidéo de l'analyse de Fernanda sur l'expression “Selva Viviente” (Forêt Vivante), une philosophie de vie en harmonie avec la nature. Dans le nuage de mots, c'est le mot “droits” (droits) qui a suscité l'attention de Fernanda.

Les mots les plus importants dans les 11 articles publiés entre janvier 2017 et avril 2018 mentionnant “Selva Viviente” (La Forêt Vivante) dans les 3 collections Media Cloud d'articles de presse en langue espagnole de l’Équateur. (Cliquez pour agrandir l'image)

He escogido la palabra ‘derecho’. ¿Por qué? Porque nuestros derechos, los de las mujeres han sido violentado por por las grandes empresas transnacionales. Me refiero a las empresas petroleras, mineras y madereras.

Lo que yo quiero que aparezca en estas nubes de palabras son ‘joven,’ ‘mujer,’ y ‘indígena’. También que nos respeten nuestros derechos.

J'ai choisi le mot ‘Droits’. Pourquoi? Parce que nos droits, surtout ceux des femmes ont été violés par les grandes entreprises transnationales. Je fais référence aux compagnies pétrolières, minières, et forestières.

Dans ces nuages de mots je veux voir ‘jeunesse,’ ‘femme,’ et ‘indigène’. Nous voulons aussi que nos droits soient respectés.

Cet article fait partie d'une série de Rising Frames réalisée dans le cadre d'un atelier organisé par le Département des Communications de Sarayaku le 17 mai 2018 et ayant réuni les jeunes membres de la communauté pour voir comment leurs préoccupations sont prises en compte par un ensemble de médias équatoriens. A la suite de leur discussion, ils ont créé des récits en réponse à cette représentation. Un des animateurs de l'atelier, José Santí, a déjà articipé au projet Reframed Stories et a écrit son propre article sur la représentation de Sarayaku.

Mónica Bonilla a aidé à la transcription et à la traduction, qui a été adaptée en clarté et longueur.

“Ce n'est pas le sort. C'est du machisme” : Le Pérou s'indigne du meurtre d'une femme de 22 ans

mardi 12 juin 2018 à 12:34

Eyvi Ágreda. Image largement partagée sur les réseaux sociaux.

Sauf mention contraire, les liens de cet article renvoient vers des pages en espagnol.

En peu de temps, Eyvi Liset Ágreda Marchena, 22 ans, a fait la une des médias péruviens. La première fois, le 24 avril 2018, quand il est apparu qu'un homme l'avait aspergée de carburant et y avait mis le feu alors qu'elle rentrait du travail en autobus, puis le 1er juin, lorsqu'elle est décédée des graves brûlures sur 60 % de son corps.

Ce dernier cas de féminicide a choqué le Pérou et souligne un problème grave qui continue d'affecter le pays.

L'agresseur, Carlos Javier Hualpa Vacas, était un ancien collègue d'Ágreda et l'aurait harcelée pendant des semaines. Après avoir d'abord nié son implication, Hualpa a finalement avoué l'attaque qui a mené à la mort d'Ágreda.

Dans ses déclarations, Hualpa a révélé qu'il l'avait aspergée d'essence et y avait mis le feu “parce qu'il se sentait utilisé” par Ágreda. Il a prétendu qu'Agreda devait apprendre une leçon parce qu'elle lui devait de l'argent :

Como no me pagaba, entonces sentí que me había utilizado. […] no dormía, me ponía a llorar. Ella era muy feliz, haciendo su vida normal y yo fregado, discutía con mi mamá. […] alguien tenía que ponerle un alto […].

Realmente, yo no tenía las intenciones de dañar a nadie. Yo solamente quería dañarle su cara, porque ella siempre decía que su cara era bonita.

Comme elle ne me payait pas, j'ai senti qu'elle m'avait utilisé. […] Je ne dormais pas, j'ai beaucoup pleuré. Elle était très heureuse, elle vivait sa vie normale et j'étais dans la merde, je disputais avec ma mère. […] quelqu'un devait l'arrêter […].

Je n'avais pas vraiment l'intention de faire du mal à qui que ce soit. Je voulais seulement atteindre son visage, parce qu'elle disait toujours qu'elle avait un joli visage.

Hualpa a prétendu qu'il n'avait voulu pulvériser le carburant que sur son visage, mais que le bus a commencé à bouger et que le carburant s'est donc répandu sur tout son corps. D'autres passagers ont également été touchés dans l'attaque.

Le 27 avril, Hualpa a été condamné à neuf mois de prison préventive pour tentative de féminicide aggravée, blessures graves contre sept passagers de bus et atteinte à la sécurité publique. Au cours de l'audience, Hualpa a montré des signes de remords :

Si je suis condamné à 20, 30 ans, je vais l'accepter […] Je le mérite.

Pendant ce temps, sa victime a subi plusieurs interventions chirurgicales pour enlever le tissu nécrotique et greffer des tissus de porc. Ágreda a été maintenue sous sédation pour lui épargner la douleur de ses blessures, ainsi que sous respiration artificielle. Le 17 mai, elle aurait repris conscience et parlé avec ses proches, leur demandant si elle pouvait rentrer chez elle. Au total, elle aura subi 12 opérations en un peu plus d'un mois.

“Pour Eyvi, pour nous tous”

Le 1er juin, la nouvelle du décès d'Ágreda a choqué le pays. Le groupe “Ni una menos” (Pas une de moins) a immédiatement organisé une manisfestation le même après-midi :

Une de nous est manquante.
Pour Eyvi, pour toutes
—-
“Nous nous réunissons pour Eyvi, pour nous toutes. Nous prendrons la rue pour protester contre un système sexiste qui nous déshumanise, QUI NOUS TUE. Parce que s'il manque UNE D'ENTRE NOUS, nous descendrons toutes dans les rues. VIGILE AUJOURD'HUI AU POUVOIR JUDICIAIRE- 19H.

Sur Twitter, les mots-clics #EyviAgreda, #PorEyviPorTodas [pour Eyvi, pour toutes] et le déjà largement partagé #NiUnaMenos [Pas une de moins] ont été des sujets tendance et une caisse de résonance de l'indignation générale :

Ce n'est pas ce que la vie nous réserve. C'est du machisme .
—-
Ce n'est pas “ce que la vie nous réserve”, c'est du machisme. Graffiti fait aujourd'hui à Lima en réponse au président Martin Vizcarra, qui a attribué au destin et non au sexisme la mort d'Eyvi Ágreda, 23 ans, en raison de graves brûlures causées par un type qui l'a harcelée pendant deux ans.

Ce graffiti fait référence aux commentaires sur le décès d'Ágreda par le président Martin Vizcarra, pour qui “parfois, c'est ce que la vie nous réserve“. Vizcarra, qui a été durement critiqué pour sa déclaration, a ensuite expliqué qu'il ne parlait pas de l'agression mais qu'il faisait plutôt un commentaire comme quoi le destin n'avait pas permis aux médecins de lui sauver la vie.

J'ai 22 ans. Le 24 avril, Carlos Hualpa — qui n'a pas accepté NON comme réponse — m'a arrosée d'essence et a mis le feu au bus. Avec plus de 50 % de mon corps brûlé, je me suis battue. Je le dis parce qu'YEyvi Ágreda ne peut plus le faire. Le machisme tue.

Même l'avocat de Hualpa a eu des mots très durs pour son client :

Mario Arribas a déclaré qu'il continuerait à défendre Carlos Hualpa, mais “seulement pour protéger le droit de vivre de son client”. Qu'en pensez-vous ?
—-
L'avocat de l'assassin d'Eyvi Agreda, Carlos Hualpa : “Puisse-t-il pourrir en prison !” Qu'en pensez-vous ?

Le féminicide et la violence sexiste sont de graves problèmes dans la société péruvienne. L'enquête sur le développement et la santé familiale (ENDES 2017) a conclu que six femmes péruviennes sur dix admettent avoir été victimes de violence de la part de leur partenaire ou de leur conjoint. Bien que le taux de femmes victimes de violence ait diminué de 71,5 % à 65,4 % au cours des cinq dernières années, les chiffres restent alarmants. Seulement au cours des quatre premiers mois de 2018, plus de 40 cas de féminicides ont été signalés au Pérou, ce qui représente une augmentation de 26 % par rapport à la même période en 2017.

Un blogueur algérien condamné à dix ans de prison, un coup de plus contre la liberté d'expression

lundi 11 juin 2018 à 22:07

Merzoug Touati. Source photo page Facebook de son blog Alhogra

Le tribunal de la ville algérienne de Béjaïa a condamné le blogueur Merzoug Touati à dix ans de prison le 24 mai. Son crime ? Informer en ligne sur les grèves anti-austérité, les manifestations réclamant des emplois, et les atteintes aux droits humains commises par les autorités algériennes.

Touati, emprisonné depuis janvier 2017, a été reconnu coupable d’ “intelligence avec une puissance étrangère dans le but de nuire à l'armée ou aux relations diplomatiques” de l'Algérie, parce qu'il a mené et publié sur Internet un entretien avec un responsable israélien.

Le 9 janvier 2017, Touati publiait un entretien avec Hassan Kaabia, porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères pour les médias de langue arabe, sur YouTube et sur son blog, Alhogra, retiré depuis. L'entretien portait sur les manifestations et émeutes qui ont éclaté dans la province de Béjaïa et dans d'autres parties du pays. Les Algériens protestaient contre un plan d'austérité comportant des hausses de la TVA et des impôts sur le revenu et la propriété, ainsi que la baisse des subventions sur le carburant.

Dans l'entretien, Touati interrogeait Kaabia sur les affirmations d'un ministre algérien que des puissances étrangères s'étaient ingérées dans les affaires du pays et avaient orchestré les manifestations. Kaabia avait nié toute intervention israélienne.

Kaabia avait aussi affirmé à Touati qu'il existait avant 2000 une “communication” entre les gouvernements algérien et israélien, mais sans pouvoir confirmer si l'Algérie abritait dans le passé un bureau diplomatique représentant Israël.

L'Algérie et d'autres gouvernements de la Ligue arabe, à l'exception de l’Égypte et de la Jordanie, ne reconnaissent pas officiellement Israël et n'ont pas de relations diplomatiques avec lui en raison de l'occupation israélienne des territoires palestiniens. Néanmoins, des gouvernements, au présent et dans le passé ont maintenu des canaux de communication, ou hébergé des bureaux de représentation d'Israël. Ces relations sont souvent gardées secrètes par les gouvernements arabes du fait du soutien populaire à la cause palestinienne dans la région.

Touati va sans doute faire appel du jugement dans les prochaines semaines.

Dans un communiqué de presse, la directrice régional Moyen-Orient Afrique du Nord d'Amnesty International Heba Morayef a déclaré :

L'arrestation, le procès et la condamnation de Merzoug Touati démontrent une nouvelle fois que la liberté d'expression reste menacée en Algérie, où les autorités se servent de toute une palette de lois répressives pour écraser la dissidence.

La liberté d'expression est assiégée en Algérie, et la condamnation de Touati n'est que la dernière en date d'une série de menaces judiciaires pesant sur ceux qui franchissent certaines lignes rouges. De nombreux usagers de médias sociaux, blogueurs et journalistes qui jettent un regard lucide sur le président malade Abdelaziz Bouteflika (au pouvoir depuis 1999), la police, la justice, et les institutions religieuses sont sujets aux menaces de poursuites des autorités de l’État.

Le blogueur Slimane Bouhafs purge actuellement une peine de trois ans d'emprisonnement pour des articles considérés injurieux envers l'islam. Saïd Chitour, un fixeur pour la presse et pigiste pour des médias internationaux comme la BBC et le Washington Post, est derrière les barreaux depuis un an. Les autorités algériennes l’accusent de “collusion avec une puissance étrangère”.

Bravant les risques et les restrictions, des activistes se sont rassemblés à Béjaïa dans la soirée du 6 juin pour réclamer la remise en liberté de Merzoug Touati.

Leurs appels seront-ils entendus ? Ou vont-ils, une fois de plus tomber dans des oreilles de sourds ?

Afonso Dhlakama, le légendaire politicien et ex-guérillero du Mozambique est mort

lundi 11 juin 2018 à 09:32

Afonso Dhlakama en campagne électorale avec la Résistance nationale mozambicaine à Maputo, au Mozambique, pour les élections de 2014. Photo: Adrien Berbier / Flickr CC BY-SA 2.0

Sauf indication contraire, tous les liens renvoient à des textes en portugais.

Le 3 mai 2018, le Mozambique et le monde ont appris qu’Afonso Dhlakama [fr], l'un des politiciens les plus influents du Mozambique, n'est plus.

L'ancien combattant de la guérilla et leader de la Résistance nationale du Mozambique [fr] (RENAMO), le plus grand parti d'opposition, est mort des suites de problèmes de santé à un des moments les plus importants de l'histoire du pays : les négociations de paix.

Pendant plus de 40 ans, Dhlakama a dirigé la RENAMO, une organisation militante fondée en 1977 et soutenue par les gouvernements anti-communistes de Rhodésie voisine (maintenant le Zimbabwe) et d'Afrique du Sud, qui ont combattu dans une guerre civile qui a dévasté le Mozambique pendant 16 ans.

En 1992, la plupart des membres du groupe ont déposé les armes et ont constitué un parti politique, mais qui, jusqu'à présent, n'a jamais réussi à gagner une majorité parlementaire à l'Assemblée du Mozambique ou à battre le Front de libération du Mozambique (FRELIMO) pour le poste de président.

En 2012, les tensions croissantes avec le gouvernement ont conduit la RENAMO à reprendre les armes et à se déplacer vers les forêts des monts Gorongosa (dans la province de Sofala) où Dhakama s'était réfugié depuis 2015.

Parmi les principales revendications de la RENAMO, il y a la décentralisation du pouvoir qui nécessite, entre autres, l'élection des gouverneurs de province, actuellement nommés par le président. Ce projet a déjà progressé avec l'approbation de la révision constitutionnelle tenant compte de la proposition de la RENAMO.

Un cessez-le-feu a été annoncé en décembre 2017, mais la mort du dirigeant de la RENAMO laisse l'avenir du pays incertain, étant donné qu'il était la seule personne à négocier directement avec le président Filipe Jacinto Nyusi [fr].

L'absence d'un successeur évident pèse maintenant sur le parti, une conséquence du style de leadership autoritaire du défunt leader. Le général Ossufo Momade [fr], député au parlement et actuel chef du département de la défense de la RENAMO, a récemment pris la tête du mouvement.

La RENAMO et le FRELIMO semblent tous deux déterminés à poursuivre le processus de paix. Le président Nyusi a précisé que tout continuerait comme prévu dans le cadre des négociations de paix. Momade a déclaré que la meilleure façon d'honorer Dhlakama serait de conclure les négociations et de décentraliser le pouvoir.

Le jour de la mort de Dhlakama, le président Nyusi indiquait qu'il avait fait tout ce qu'il pouvait pour prolonger la vie d'Afonso Dhlakama, notamment demander l'aide des pays voisins d'Afrique du Sud et du Zimbabwe pour son éventuelle évacuation médicale.

Dans son éloge funèbre, le 9 mai, dans la ville de Beira, Nyusi a déclaré :

Que fique claro que irei dar continuidade a todo processo da paz juntamente com a nova liderança do partido de Dhlakama respeitando sempre o quadro legal e constitucional. Estaremos honrando a sua memória se soubermos concluir de forma responsavel e célere o diálogo político que agora se centra sobre no processo de descentralização desmobilização e reintegração social dos militares da Renamo.

Il doit être clair que je continuerai le processus de paix avec la nouvelle direction du parti de Dhlakama, en respectant toujours le cadre légal et constitutionnel. Nous honorerons sa mémoire si nous parvenons à conclure de manière responsable et rapide le dialogue politique désormais centré sur le processus de décentralisation, la démobilisation et la réinsertion sociale des combattants de la Renamo.

La présence du président de la République aux funérailles de Dhlakama et la tenue d'une cérémonie officielle ont reçu des louanges de divers côtés, comme de la part de Manuel de Araújo, membre de la troisième plus grande force politique du Mozambique (MDM) :

O seu discurso foi impecavel, respeitoso e dignificante nao so para ele como pessoa, mas também para a função que desempenha. Saiu a ganhar Moçambique a nossa pátria comum. Perante uma audiencia hostil, Nyusi soube arrancar, se a memória nçao me trai tres momentos de aplausos, todos referentes ao Grande Homem e patriota que era Afosno Dhlakama!

Son discours a été impeccable, respectueux et digne non seulement pour lui personnellement, mais aussi pour la fonction qu'il exerce. Le Mozambique, notre patrie commune, est sorti gagnant. Devant un public hostile, Nyusi a pu obtenir, si ma mémoire ne me trahit pas, trois moments d'applaudissements, tous se référant au grand homme et patriote qu'était Afonso Dhlakama !

Héros ou méchant?

Les opinions divergent sur l'héroïsme de Dhlakama, dans un débat amplifié par le fait que presque tous les héros nationaux actuels viennent du FRELIMO, le parti au pouvoir.

Ce fait a été souligné par la journaliste et commentatrice politique Fátima Mimbire :

O líder da Renamo, Afonso Dhlakama foi herói para uns e um vilão e se calhar o diabo para outros. As razões para ser considerado como um ou outro são justas.

Uns o odeiam porque ele desencadeou uma guerra que matou milhares de moçambicanos. Alguns viram suas casas serem detruídas, outros seus familiares serem mortos. Eu inclusive, tive familiares mortos, primas violadas. São situações que acontecem numa guerra, onde há suspensão de direitos. Uns ainda guardam essas máguas e é justo. Outros colocaram uma pedra sobre elas e entregaram a Deus o julgamento de tudo.

Outros amam, admiram e o têm como herói, não pelas armas que ele empunhou, mas pela capacidade que ele teve de afrontar o sistema opressor da Frelimo. Sim, opressor. Ele conseguiu colocar a Frelimo de joelhos muitas vezes e se calhar não vivemos pior neste país por causa dessa capacidade que ele teve de desafiar o establisment.

Le leader de la Renamo, Afonso Dhlakama, était un héros pour certains et un méchant, peut-être même le diable, pour d'autres. Les raisons de le considérer comme l'un ou l'autre sont justes.

Certains le détestaient parce qu'il a déclenché une guerre qui a tué des milliers de Mozambicains. D'autres ont vu leurs maisons détruites, des proches tués. J'ai moi-même eu des proches qui sont morts, des cousines ​​ont été violées. Ce sont des choses qui arrivent dans une guerre, où les droits sont suspendus. Certains ressentent toujours ce chagrin et c'est juste. D'autres ont tourné la page et ont tout laissé au jugement de Dieu.

D'autres l'aiment, l'admirent et le voient comme un héros, non pas pour les armes qu'il brandissait, mais pour la capacité qu'il avait à affronter le système oppressif du FRELIMO. Oui, oppressif. Il a réussi à plusieurs reprises à mettre le FRELIMO à genoux et peut-être que nous ne vivons pas pire dans ce pays en raison de sa capacité à défier l'establishment.

Juma Aiuba, un commentateur influent sur Facebook, a déclaré que Dhlakama resterait dans les annales de l'histoire du Mozambique :

Dizer que a morte de Afonso Dhlakama é um retrocesso à democracia é uma grande ingratidão. Dhlakama já semeou, regou e a planta cresceu. Se amanhã a planta morrer, a culpa não será dele. É agora que a verdadeira liderança de Dhlakama virá à tona, porque, afinal de contas, os verdadeiros líderes se fazem desnecessários. Ou seja, a obra de um grande líder se manifesta quando ele se ausenta. Isto é, a obra de um grande líder não morre com o líder. Morre o “obreiro”, mas a obra fica e continua. Morre o mensageiro, mas a mensagem fica e se alastra.

Dire que la mort d'Afonso Dhlakama est une régression pour la démocratie est une grande ingratitude. Dhlakama a déjà semé, arrosé et la plante a poussé. Si demain la plante mourait, la faute ne sera pas la sienne. C'est maintenant que le vrai leadership de Dhlakama se montrera, parce qu'après tout, les vrais leaders se rendent inutiles. C'est-à-dire que le travail d'un grand chef se manifeste lorsqu'il s'absente. Autrement dit, l'oeuvre d'un grand chef ne meurt pas avec le chef. L’ ‘ouvrier’ ​​meurt, mais l'oeuvre reste et continue. Le messager meurt, mais le message reste et se propage.

Bitone Viage, étudiant et faiseur d'opinion sur les médias sociaux, a soutenu l'idée que Dhlakama mérite le statut de héros national :

Dlhakama foi vítima de uma história narrada pelos pseudos-historiadores.

Dlhakama foi uma lenda, os maiores criminosos foram os que escreveram a nossa história, estes foram os culpados pelo branqueamento dos fatos como forma de salvaguardar os interesses de quem os ordenou a narrarem os fatos a luz dos seus interesses. Os pseudos- historiadores deturparam a nossa história e com a morte de Dlhakama ficou mais difícil saber quem realmente merece o estatuto de herói.

A heroicidade de Dlhakama foi negada por conta da forma que a nossa história foi narrada e consequentemente a definição da heroicidade foi para acomodar os interesses daqueles que foram exaltados vencedores por uma história mal narrada.

Dhlakama a été victime d'une histoire racontée par des pseudo-historiens.

Dhlakama était une légende, les plus grands criminels ont été ceux qui ont écrit notre histoire, ils ont été les coupables pour avoir blanchi les faits afin de sauver les intérêts de ceux qui leur ordonnaient de dire les faits à la lumière de leurs intérêts. Les pseudo-historiens ont déformé notre histoire et avec la mort de Dhlakama, il est devenu plus difficile de savoir qui mérite vraiment le statut de héros.

L'héroïsme de Dhlakama a été nié par la façon dont notre histoire a été racontée et par conséquent la définition de l'héroïsme a été faite pour accommoder les intérêts de ceux qui ont été glorifiés comme les vainqueurs par une histoire mal racontée.

Les Jordaniens font cause commune en manifestant contre la politique économique du gouvernement

dimanche 10 juin 2018 à 16:22

Un jeune Jordanien tient le drapeau jordanien au milieu d'une manifestation. Photo Raad Adayleh. Utilisation autorisée.

Les Jordaniens s'unissent par dessus les divisions politiques, économiques et de genre pour manifester contre une nouvelle loi fiscale et les hausses des prix de l'électricité et du carburant, et voient que leur action a déjà eu pour effet la démission du premier ministre.

Les manifestants se sont rassemblés après l'iftar (la rupture du jeûne pendant le mois du ramadan) sur Fourth Circle, où se trouvent les services du Premier Ministre à Amman, la capitale jordanienne, et ils y restent jusqu'à souhour (l'heure où le jeûne reprend), soit environ six heures ininterrompues. Cet horaire permet au pays de fonctionner normalement le jour, sans nuire à l'économie déjà mal en point, tout en continuant à envoyer la nuit un message efficace et sans équivoque.

“Nous n'avons pas eu le temps de dormir cette nuit, sauf deux ou trois heures par jour, mais c'est la seule façon dont nous pouvons ne pas faire de mal au pays et quand même exercer nos droits”, a dit Ahmad Jalal, un manifestant, à Global Voices.

Les manifestants restaient essentiellement debout devant le ministère, criant des slogans anti-gouvernementaux, chantant des chansons nationalistes, et tenant des pancartes avec le mot-clé “#Maanash” qui se traduit par “Nous n'avons pas”.

Les rassemblements ont été largement pacifiques, et on a beaucoup remarqué la bienveillance entre policiers et manifestants, chaque partie donnant à l'autre de l'eau et des dattes pendant les longues heures de la nuit. Une vidéo devenue virale montre les manifestants donnant l'accolade aux policiers avant de rentrer chez eux au deuxième jour du mouvement :

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La participation des femmes a aussi été élevée, une première dans un pays conservateur comme la Jordanie.

Impôts et prix en hausse pour une population déjà en difficulté

La loi qui a déclenché les manifestations a pour objet d'accroître les recettes de l’État en élargissant la base de l'impôt et en réprimant l'évasion fiscale tant par les entreprises que par les particuliers, et fait partie d'une série de mesures prises depuis qu'Amman a obtenu du Fonds monétaire international en 2016 une ligne de crédit sur trois ans de 723 millions de dollars US. Ce prêt, qui doit soutenir la réforme économique et financière, a pour objectif à long terme la réduction de la dette publique jordanienne de 94 à 77 % du PIB (Produit intérieur brut) à l'horizon 2021.

La loi abaisserait le revenu imposable des individus à 8.000 dinars jordaniens (environ 9.600 euros) et plus et celui des familles à 16.000 dinars (environ 19.000 euros) et plus, avec un taux d'imposition allant de 5 à 25 %. En outre, les citoyens à partir de 18 ans seraient soumis à une taxe de 100 dinars par an (environ 120 euros), doublée l'année suivante en cas de non-paiement. La taxe est exigible quel que soit leur revenu.

Quant aux entreprises (spécifiquement les banques, compagnies d'électricité, fournisseurs d'électricité et d'eau), l'imposition s'étagera de 20 à 40 %.

Une semaine après la divulgation de la loi fiscale, le gouvernement annonçait que les prix de l'électricité augmenteraient de 23,5%, et ceux des produits pétroliers de 4,5 à 5,5 %.

Tout ceci au moment où les Jordaniens subissent des taux élevés de chômage et d'inflation, et de bas salaires.

Peu avant le début des manifestations, Amman était classée la plus chère des villes arabes et la 28ème plus chère du monde, un chiffre sans rapport avec les revenus individuels et les services publics mis à disposition.

Pour couronner le tout, la situation géopolitique au Moyen-Orient a eu de graves répercussions sur les ressources de la Jordanie et les politiques de son gouvernement, puisque le pays accueille plus d'un million de réfugiés sur son sol.

La loi fiscale a beau peser apparemment sur les seules classes riches et les entreprises — le revenu mensuel moyen individuel en Jordanie est de 541 euros, en-dessous du minimum imposable — la crainte est répandue que ce soient les consommateurs qui avalent les hausses de prix si les entreprises réagissent en augmentant leurs tarifs, comme cela été le cas dans le passé avec les entreprises de télécommunications.

“L'impudence et le manque de respect pour les gens se voient dans le comportement du gouvernement, qui a adopté deux lois déraisonnables en moins d'une semaine, sans considération des réactions”, a dit à Global Voices Mohsen, un membre du syndicat des avocats, qui a préféré n'être identifié que par son prénom.

“Nous voulons un changement de politique, pas de noms”

La première phase de l'action contre la loi fiscale a été une grève lancée par les syndicats le mercredi 30 mai. Les manifestations ont pris un tour plus sérieux après l'annonce des hausses de prix décidées par le gouvernement.

Si le roi Abdallah II a immédiatement gelé les hausses de prix pendant le mois du ramadan, il n'y a aucune garantie qu'elles ne finissent pas par être adoptées, aussi les manifestations se sont-elles poursuivies.

Syndicats et gens ordinaires ont saisi l'occasion pour protester contre toutes les politiques fiscales mises en œuvre ces dernières années et qu'ils considèrent excessives. Les manifestations en sont aussi venues à englober des thèmes non liés au gouvernement, comme la corruption parlementaire.

Le 4 juin, le roi a répondu à la mobilisation en demandant au gouvernement de démissionner, et a confié la formation d'un nouveau à Omar Al-Razzaz, l'ex-ministre de l’Éducation, une personnalité respectée par beaucoup de Jordaniens. De plus, les autorités affirment que la Jordanie demandera au FMI de lui accorder plus de temps pour mettre en œuvre les réformes.

Les réactions à la démission ont cependant été divisées sur les réseaux sociaux. Certains étaient satisfaits de cette décision et optimistes sur la capacité d'un nouveau gouvernement à trouver des solutions à l'endettement du pays. D'autres ont jugé la mesure inefficace, disant : “nous voulons changer de politique, pas de noms”.

Un adhérent d'AlHerak AlShaabi (un parti politique qui a été parmi les principaux organisateurs des manifestations) a déclaré à Global Voices que “changer le gouvernement ne signifie rien, puisqu'il change tous les deux ans de toute manière. Nous voulons un changement réel. Nous n'avons pas besoin qu'un homme différent nous raconte la même histoire”.

Certains partis politiques et syndicats continuent à appeler à de nouvelles manifestations, tandis que d'autres veulent attendre pour donner au nouveau gouvernement sa chance.