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Iran : Paroles d'internautes sur l'élection d'Obama

samedi 17 novembre 2012 à 10:34

Publié initialement sur Arseh Sevom par Peyman Majidzadeh

Les confettis sont retombés et les élections américaines ont quitté le devant de la scène. Les Américains ont donc réélu Barack Obama le mardi 6 novembre 2012. Au terme de la campagne électorale la plus chère de l'histoire des Etats-Unis, ainsi que l'explique le Center for Responsive Politics [en anglais], Obama a remporté 332 voix contre 206 pour Romney. Alors que seuls les citoyens américains pouvaient prendre part au vote, les résultats étaient très attendus à travers le monde entier. L'Iran ayant été l'un des sujets principaux des débats sur la politique américaine extérieure, il n'est pas étonnant que le peuple iranien se soit intéressé de près à l'élection. La majorité des Iraniens voulaient la victoire d'Obama, afin d'éviter une guerre qu'ils pensaient possible, bien qu'un grand nombre d'entre eux considère les sanctions économiques écrasantes comme une guerre froide contre la population iranienne.

 

De nombreuses discussions ont eu lieu sur Facebook entre Iraniens. Parmi ceux nombreux qui suivirent de près les résultats, Soroush [en] écrit :

Le monde s'est éloigné un peu plus de la folie de la guerre, du moins je l'espère.

 

Dans un autre statut, il a publié une carte des résultats avec la légende suivante :

Je crois vraiment que c'est une étape importante dans l'histoire de l'Iran aussi. L'avenir nous le prouvera !

 

En réponse à l'un des participants avouant une préférence pour Romney, en raison de l'inflation intenable et de l'explosion du coût de la vie en Iran, Sorouch répond [farsi] :

Je préfère encore payer deux fois plus cher l'électricité que de ne pas en avoir du tout. Ça m'étonnerait bien qu'après une guerre éventuelle, l'Iran s'en sorte mieux que l'Afghanistan (dont la situation dépasse l'imagination). Huit ans de guerre m'ont suffit. Plus que suffit. Maintenant, au moins il y a un espoir de paix…

 

Ali Abdi a publié sur son mur Facebook [farsi] avant les élections :

Ni Obama ni Romney ne sont de bons candidats pour le peuple iranien. Tous deux sont en faveur des sanctions écrasantes prises à l'encontre du peuple iranien, et tous deux sont des alliés du gouvernement d'apartheid en Israël, au détriment des Iraniens… Obama a une vision relativement plus juste de l'histoire et de la situation politique, sociale, culturelle et géographique de l'Iran et de notre région. Il s'oppose à une attaque d'Israël en Iran, et est moins enclin à initier une attaque militaire contre l'Iran. Il n'est pas le meilleur des choix, mais il est celui qui peut être élu avec le moins de préjudices pour les Iraniens. Je n'ai pas le droit de vote dans ce pays, mais si je l'avais et que je vivais dans l'un des swing states (état-pivot dans lequel le scrutin est décisif, ndlt), j'aurais voté pour Barack Hussein Obama.”

 

Ahmad reprend l'un des gros titres de Al-Alam sur son blog [farsi], affirmant que le risque d'attaque militaire contre l'Iran ou la Syrie est maintenant proche de zéro. A propos de la politique extérieure du second mandat d'Obama, il écrit :

Il n'y aura pas de guerre contre l'Iran.

 

Dans un billet intitulé “La victoire de Barack Obama et ses conséquences sur la société iranienne”, Inspiration from within [farsi] rappelle les résultats d'un sondage effectué en 2009 qui avait montré que seulement 15 % des Iraniens étaient capables de différencier Bush et Obama. L'auteur écrit :

Après la victoire d'Obama, on pouvait lire des messages de félicitations sur de nombreux sites.

 

Puis il s'interroge sur ce qui a pu faire évoluer ainsi l'interprétation politique ces quatre dernières années.

Nargess a félicité Obama en reprenant une partie de son discours d'acceptation sur son blog :

” … Je crois que nous pouvons tenir la promesse de nos pères fondateurs, l'idée selon laquelle si vous voulez travailler dur, qui vous êtes, d'où vous venez, à quoi vous ressemblez ou qui vous aimez importe peu. Peu importe que vous soyez noir, blanc, hispanique, asiatique ou amérindien. Jeune, vieux, riche ou pauvre, en bonne santé ou handicapé, homosexuel ou hétérosexuel, vous pouvez y arriver, ici, aux Etats-Unis, si vous voulez bien essayer…”

La grève générale du 14 novembre dans le sud de l'Europe

vendredi 16 novembre 2012 à 15:44

 Cet article fait partie de notre dossier spécial Europe en Crise [fr].

En ce 14 novembre 2012 s'est déroulée la première grève générale européenne, réunissant tous les pays du sud de l'Europe, les plus affectés par les politiques d'austérité et la crise financière.
Les organisations de travailleurs en Espagne et au Portugal ont annoncé des grèves générales, pendant qu'en Grèce et en Italie des arrêts de travail ont été planifiés durant toute la journée.

(Dans les jours précédents, les visites des plus hautes autorités européennes et des dirigeants, dont Angela Merkel, ont été accueillies sous les sifflets et les huées de la rue dans tout le sud de l'Europe).

Sur Twitter, une série de hashtags a été créée. En Espagne, au Portugal, et en Grève on a utilisé #14N, en Italie #14Nit et en Catalogne #14NBcn et #14NCat. Les anglophones ont utilisé #N14Riseup, #europeanstrike et #N14.

D'autres événements solidaires de la grève se sont déroulés dans tout le reste de l'Europe- comme on peut le voir sur la carte de la Confédération européenne des Syndicats [fr]. Environ 2500 personnes ont assiégé la Commission Européenne, laissant Bruxelles sous tension en fin de journée.

Des étudiants de Gênes protestent contre les mesures d'austérité le 14 novembre 2012. Sur la banderole on lit ” Je n'ai pas peur de l'austérité, j'ai peur du silence!” Photo de Donna Bozzi, Droits d'auteur Demotix.

Grèce

Les syndicats grecs, qui sortent tout juste de leurs propres grèves générales, n'ont pas officiellement répondu à l'appel de la grève générale européenne. Ce qui n'a pas empêché un appel à l'arrêt du travail ainsi que des manifestations à Athènes et à Thessalonique. Ces protestations s'ajoutent aux grèves anti-austérité sectorielles et régionales et aux occupations des locaux qui en sont déjà à leur troisième année consécutive [fr].

L'anglais Barnaby Phillips, reporter à Al Jazeera, a fait les considérations suivantes :

@BarnabyPhillips: Atmosphere at #14N protest in Athens  is somewhat weary, ritualistic. But turn-out is healthy. #14ngr#Greece

 

@BarnabyPhillips: L'ambiance à la manifestation à Athènes #14N est plutôt fatigante, ritualiste. Mais ça finit par faire du bien. #14ngr #Greece

De nombreux internautes ont immédiatement publié des photos des manifestations sur Twitter. La solidarité européenne contre l'austérité s'est exprimée à travers des slogans et des affiches et mais à travers les gigantesques drapeaux européens qui ont défilé dans le centre d'Athènes.

Les drapeaux portugais, grec et espagnol à Athènes le 14 novembre 2012. Photo de @thesspirit, reproduit avec l'autorisation de l'auteur.

Des manifestants plus âgés ont également répondu présents aux côtés des jeunes, des coupes répétées des retraites ayant conduit de nombreuses personnes âgées sous le seuil de pauvreté.

Manifestation anti-austérité à Athènes le 14 novembre 2012. Sur le carton de la retraitée: “J'ai peur de la faim, mon Dieu”. Photo de @iptamenos33 sur Twitpic, reproduite avec l'autorisation de l'auteur.

Italie

Des dizaines de milliers de personnes ont descendu les rues de Milan, Bologne, Turin, Padoue, Gênes, Rome, Naples et dans un centaine de villes dans tous le pays [it].

En rejoignant la Journée Européenne d'Action [it] anti-austérité, et en brandissant des slogans comme “L'Europe se réveille aujourd'hui- de Rome à Madrid et à Athènes”, les Italiens ont exigé plus de garanties pour les emplois et les retraites, et se sont plaints des mesures restrictives imposées par le Premier Ministre Mario Monti.

Protesters in downtown Bologna. Photo by Twitter user spyros gkelis.

Manifestantes no centro de Bolonha. Foto do usuário do Twitter  spyros gkelis.

Des citoyens de toutes les classes sociales ont protesté de façon pacifique et créative, même quand des affrontements ont éclaté. Au total, au moins six policiers ont été blessés, dont un gravement à Turin. Six personnes ont été arrêtées à Brescia et au moins douze à Rome. Gabriele Drudi [it] a élaboré une chronologie complète [it] compilant de nombreux tweets et photographies portant sur la journée de protestation.

Riccardo Laterza écrit :

(@riccardolaterza): #14N #14nIT il primo sciopero generale europeo: grande partecipazione, grande repressione. Uno schema già visto ma non ci arrendiamo!

@riccardolaterza: #14N #14nIT la première grève générale européenne: grande participation, grande répression. Un scénario déjà-vu, mais on ne va pas se rendre !

Laura dit:

@scarylalla: Nel bene e nel male, oggi gli europei stanno dimostrando che non è la moneta unica ad unirli ma la voglia di un Europa diversa. #14N #14Nit

@scarylalla: Pour le meilleur ou pour le pire, aujourd'hui les européens font la démonstration que ce n'est pas la monnaie unique qui les unit, mais le désir d'une Europe différente. #14N #14Nit

D'autres ont un point de vue opposé, comme Salvatore Filippelli :

@salvo_82: Credete davvero che gli Eurocrati cambieranno le politiche economiche perchè qualche studente spacca due o tre vetrine? #14N #14nIT

@salvo_82: Vous croyez réellement que les eurocrates vont changer leurs politiques économiques parce que quelques étudiants ont cassé deux ou trois fenêtres? #14N #14nIT

Des analyses et des discussions sur les retombées de la manifestation s'échangent en ce moment-même sur un groupe de Facebook [it]. Sur Youtube, les évènements ont été discutés en début de soirée lors de l'assemblée générale à l'Université de Rome [it].

Espagne

Dans les premières heures de la matinée, un barrage de l'une des entrées de Barcelone a été rapidement levé par la police. Les images d'un train vide à Madrid et de stations de métro désertes ont circulé, comme autant de preuves que la grève générale a été effectivement suivie.

Les manifestants à vélo ont créé des “bici-piquetes” (piquets de bicyclette) à Madrid et Saragosse, le hashtag  #bicipiquetes a eu un grand succès et été largement partagé dans les médias sociaux.

Lali Sandiumenge, de Global Voices, dont le post sur la grève contre la compagnie de téléphone Telefonica [fr] a été récemment supprimé par le journal La Vanguardia, est descendue dans la rue, d'où elle nous informe de la grève. Elle a partagé sur Twitter le sentiment que de nombreuses personnes ont éprouvé hier:

@lalisandi Aventatges d'informar-se per la xarxa: hi ha multitud de punts de vista. És interactiu. Té el do de la ubiqüitat. No té pressions

@lalisandi Les avantages de s'informer par internet: il y a de nombreux points de vue. C'est interactif. Ça a le dont d'ubiquité. C'est sans pression.

Le groupe “Iaioflautas” -les retraités rebelles de Catalogne (voir notre portrait [fr]) était particulièrement visible lors des manifestations.

Les manifestations se sont déroulées dans toute l'Espagne, de la Galice à Valence, la police chargeant et arrêtant les manifestants, comme à Barcelone.

Les violences policières se sont déroulées tout l'après midi. La photo d'une femme qui aurait été poussée par la police dans les escaliers du métro de Madrid [es] a été largement partagée et commentée, de même que les photos des balles en caoutchouc tirées sur la foule par la police.

Mais l'image la plus partagée est celle d'un jeune garçon de 13 ans  de Tarragone blessé par la police. Les internautes peuvent également visionner une vidéo montrant la police en train de molester l'enfant et des femmes qui l'accompagnaient.

Et enfin, les dimensions de la manifestation font aussi l'objet de nombreux commentaire. Le nombre très faible de participants annoncé par le gouvernement a été ridiculisé sur le web:

@gobiernoespa: La Delegación del Gobierno habla de 35.000 personas en Madrid. Definitivamente hay una puerta a otra dimensión allí.pic.twitter.com/M5smSf3F

@gobiernoespa:Le représentant du gouvernement parle de 35 000 personnes à Madrid. C'est sûr, il y a une porte vers une autre dimension là-bas. pic.twitter.com/M5smSf3F

Portugal

Au début, les choses se sont déroulées plutôt sereinement au Portugal, avec une adhésion générale à la grève. Des dizaines de milliers de personnes ont descendu les artères principales de la ville, y compris des membres de la télévision publique RTP, qui sont en grève depuis début novembre (lire notre article [en]).

En soirée, un affrontement entre la police et les manifestants en face du Parlement portugais de la Lisbonne a transformé une manifestation pacifique en une scène d'une violence incontrôlée. L'utilisatrice de Youtube, Beatriz Pedrosa, a filmé les jets de pierre de jeunes en blousons noirs et chemises anarchistes.

 

Ensuite, un barrage s'est formé à la police a chargé contre les manifestants, libérant les lieux en moins de deux minutes.

Le blog Activismo de Sofá a réagi [pt]:

Pendant que des professionnels du jet de pierre sont aux prises avec des professionnels du coup de bâton, l'effort déployé par des centaines de milliers de personnes aujourd'hui est remis en question. Loin de trouver des excuses aux premiers (des fauteurs de trouble), je pense qu'on devrait leur en demander un tout petit plus.

 

Cet article fait partie de notre dossier spécial Europe en Crise

Cet article a été écrit en partenariat avec Asteris Masouras et Bernardo Parrella, et avec la collaboration de Debora Baldelli, Ylenia Gostoli, Chris Moya et Claire Ulrich.

“Il pleut des bombes sur Gaza”

vendredi 16 novembre 2012 à 13:12

Les Gazaouis sont restés éveillés toute la nuit du 14 au 15 novembre alors qu'Israël poursuivait son pilonnage de l'enclave palestinienne. La situation a empiré depuis qu'Israël et Gaza ont entamé des combats - qui se poursuivent à l'heure actuelle - faisant suite à la mort du chef des services militaires du Hamas, Ahmed Al-Jabari, tué par Israël durant un raid aérien sur Gaza.

Selon les médias, les combats actuels ont fait jusqu'à 13 morts à Gaza [ndt, de nouveaux bilans font état de plus de 20 morts] et trois en Israël.  Sur Twitter, Ebaa Rezeq avait tweeté un bilan provisoire, du côté palestinien :

الحصيلة حتى الآن| 15 شهيد (منهم 3 أطفال, سيدة حامل بتوأم, وعجوزين) + 140 إصابة. #غزة

@Gazanism: Le bilan jusqu'ici : 15 martyrs (parmi lesquels trois enfants, une femme enceinte et deux personnes agées), plus 140 blessés #Gaza

Khaled Shawa shares a photograph of his neighbour's house burning after being shelled by Israel

Khaled Shawa a partagé cette photo des maisons en feu dans son quartier après un bombardement. Crédit photo : @KhaledShawa

Wael Ouda a décrit l'intensité du bombardement autour de lui cette nuit-là :

@WillOuda: Les drones “rentrent” pratiquement dans [notre] salle de séjour….tellement bruyants et assourdissants au-dessus de nos têtes. #Gaza

Dans un autre tweet, il a parlé du coût humain de cette série d'attaques :


@WillOuda
: Bilan: 14-15 morts et +120 blessés #Gaza

Gaza Under Attack

Gaza attaquée : photo partagée par @journeytogaza sur Twitter

Majed Abusalama s'est exclamé :


@MajedAbusalama
: il pleut des bombes en ce moment dans le nord de Gaza# #GazaUnderAttacks

De son côté, Abu Omar a mis en ligne une vidéo surréaliste sur YouTube titrée Les enfants de Gaza jouent au foot malgré les bombardements :

Cette vidéo montre des enfants qui jouent sur fond d'explosions.

Ola Anan a commenté :


@olanan
: #GazaUnderAttack (Gaza attaquée) et pourtant un groupe d'enfants decide de jouer au foot dans la rue ! On vous apprend la vie, le monde !

Majed Abusalama ajoute :

المعنويات عالية في #غزة, فليحطموا كل شي, يقتلوا أطفالنا ولكن لن يقتلوا ارادنا وأجلامنا, والى التحرير انشا الله

@MajedAbusalama: Notre moral est bon à Gaza. Laissez-les tout détruire, tuer nos enfants, mais ils ne pourront jamais tuer notre volonté et nos rêves. A la libération, par la volonté de dieu !

People queue outside a bakery to get bread in Gaza

La file d'attente devant une boulangerie à Gaza, pour avoir du pain. Photo partagée sur Twitter par @sarahussein

La journaliste Sara Hussein, qui venait de rentrer dans la bande de Gaza, a partagé la photo d'une file d'attente devant une boulangerie.

Elle a publié ce tweet :


@sarahussein
: yfrog.com/nws02mjj File devant #Gaza boulangerie. Les gens ont peur des pénuries de nourriture. #Israel #Palestinians

Que va-t-il se passer ?

Journey to Gaza se demande s'il y aura une offensive terrestre :

@journeytogaza: Des nouvelles sur la décision du gouvernement #Israel, s'ils vont lancer une invasion terrestre ou pas à #Gaza?

Hashtags sur Twitter :

Pour suivre les conversations en ligne sur Twitter, les hashtags #PrayForGaza, #GazaUnderAttack et #Gaza.

A lire (en anglais) :

Mondoweiss: Two new resources: Timeline of Israeli escalation in Gaza and Israel’s history of breaking ceasefires

The Guardian: Israel and Gaza militants in deadly exchanges - live updates

Zimbabwe : L’agression d'une animatrice de radio enflamme le débat sur les violences conjugales

vendredi 16 novembre 2012 à 10:34

[Lien en anglais] L'agression d’une animatrice vedette de radio a initié le débat sur la violence faite aux femmes au Zimbabwe. Tinopona Katsande, une animatrice de la radio privée ZiFM, a posté des photos d’elle sur Twitter et Facebook après avoir été attaquée par son compagnon.

Les photos de son visage tuméfié ont été à la fois applaudies et critiquées sur les réseaux sociaux ; elles mettent en avant un problème social de plus en plus important au Zimbabwe.

Plus connue sous le surnom de TinTin, Katsande, qui a aussi tenu un rôle dans une série télévisée à succès diffusée sur une chaîne nationale, a posté un message sur sa page Facebook:

Tinopona Katsande, a DJ with the privately owned ZiFM, shared this photo online showing how her boyfriend brutally assaulted her. Photo courtesy of Tinopona Katsande.

Tinopona Katsande a mis en ligne cette photo qui la montre après que son compagnon l’a brutalement frappée. Crédit photo Tinopona Katsande.

Dimanche 11 novembre 2012, j'ai rejoint un groupe inquiétant et qui ne cesse de croître : celui des femmes qui sont victimes de violences sexistes au Zimbabwe. Au moment où je vous parle, j’ai des dents cassées, les côtes meurtries, le visage tuméfié, les yeux injectés de sang, des touffes de cheveux arrachés et le cœur lourd MAIS je m'empresse aussi de vous dire que je vous écris cette déclaration parce que je suis en vie. J’ai survécu, ce qui n’est malheureusement pas le cas de beaucoup de femmes. Je ne suis pas une exception, je suis malheureusement entrée dans la norme. Selon le rapport 2005/6 du ZDHS (Enquête sur la démographie et la santé au Zimbabwe) près de 6 sondées sur 10 ont déclaré avoir été victime de violence. Je tiens à remercier tous ceux qui me soutiennent dans ce moment terrible, mais je vous demande aussi de ne pas le faire seulement pour Tino. Nous sommes sur le point de lancer 16 jours d'activisme contre les violences faites aux femmes. Unissons-nous pour DIRE NON À LA VIOLENCE. Certaines personnes me disent de ne pas en parler. Certains m’ont dit de le garder en « privé ». Quelqu'un a même dit : « Chakafukidza dzimba matenga » [Ce que vous voyez n'est pas toujours la vérité] et que je dois me taire. Je ne vais pas me taire, je ne me tairai jamais.

 

Réactions en ligne

Sur Twitter, @nqabamatshazi explique les causes du conflit :

@nqabamatshazi : L’ancienne actrice de Studio 263, Tino Katsande, connue sous le prénom de Joyce, a été battue comme plâtre après avoir demandé à son compagnon de faire la vaisselle, alors qu'elle-même faisait le ménage.

La première réaction de l’internaute Elizabeth Gandah a été de dire que Tino avait tort de partager cet incident avec le public. Elle a finalement changé d'avis et l’a félicitée sur Facebook :

Quand j'ai vu cela, j’ai pensé “oh Tino n'aurait pas dû partager cela avec le public” parce qu’il y aura des commentaires aussi bien positifs que négatifs, mais j'ai réalisé que j'avais tort, elle a eu le courage de représenter les nombreuses personnes, femmes et hommes, qui sont victimes de violences conjugales. Quoi qu'il arrive dans votre relation, que vous ayez tort ou raison, que vous soyez provoqué ou quoi que ce soit, personne n'a le droit de lever la main sur un autre. Rien que cette année, nous avons vu le meurtre horrible de Monalisa Chinomona. Nous avons besoin de mesures strictes pour lutter contre ce mal qui envenime nos relations. L'amour est une chose merveilleuse akomana, il ne faut pas en abuser. A Tino je dis bravo vous êtes une héroïne laissez-les vous juger mais surtout vous avez joué votre rôle dans la lutte contre la violence domestique. Que Dieu vous guérisse physiquement et émotionnellement.

Bongzmotswana Vincent dit que le compagnon de Tino mérite de pourrir en prison pour ses actes :

Je déteste les hommes qui maltraitent des femmes. Regarder cette image vous permet de savoir pourquoi vous ne pouvez lever la main pour frapper une femme. Celui qui fait cela mérite de pourrir en prison. [Cette image] vous permet de savoir si vous êtes contre la violence conjugale : @TinTin263 pic.twitter.com/ITVMoVZK

De son côté Tumai Chitava Nyasuro écrit :

Il n’y a aucune excuse pour la violence contre les femmes.

Sarah Chishiri-Bosha félicite Tino d’avoir rendu son histoire publique :

Tino vous êtes une femme forte et je vous félicite de ne pas vous être couverte ou cachée, vous n’avez pas à avoir honte. Celui qui vous a fait cela doit avoir honte !

Chris Nyamandi note que beaucoup de femmes souffrent en silence :

Tino est vraiment une femme forte… beaucoup souffrent en silence alors qu’elles sont martyrisées !

Alors que Watson Chiyangwa défie le compagnon de Tino :

Prompt rétablissement Tin Tin, si vous pouvez m’accorder une bagarre d’homme à homme avec votre compagnon, je lui donnerais une leçon. Dites-lui de chercher quelqu'un de sa taille et sûrement je vais lui en donner une bonne. Mec, ne me dis pas que tu vas laisser passer ceci. Prompt rétablissement ma Tintin.

Mais tous n’étaient pas bienveillants.

Nyasha Chaps pense que demander à un homme de faire la vaisselle est étranger à la culture africaine :

Tinopona … Unowanza chiSALAD!!! pasina futi like foreal. [Vous êtes trop américanisée] Je vous apprécie mais vraaaaiiiiment….!! Mes parents sont mariés depuis 28 ans et je n’ai jamais entendu une seule fois ma mère demander à mon père de l’aider ! Pourtant c’est la personne la plus douce et je suis sûre qu’il le ferait mais voyons chero ndiwewo. Momz ndopavachazo kumbira mdara kusuka maplates like TF ?! [Même vous. Ma mère ne peut pas demander à mon père de faire la vaisselle ?] Vous ne savez pas vous occuper d’une maison !! Il s’est vraiment lâché sur vous [vous a attaqué brutalement], et je ne tolère aucune forme ou sorte de violence domestique, mais j’ai l’impression que parce que vous apparaissez dans [le film] 263 et que vous êtes sur une radio nationale, vous pensez que vous êtes « arrivée ». NON MADAME. zvana miss indépendante bla bla bla votre position est trop confortable et dans une maison vous devez gérer les tâches ménagères simples, en plus vous devez connaître votre homme, chérie. Prompt rétablissement quand même mais chisalad chachibhadhare ! [Être américaine ne fonctionne pas] à brûle-pourpoint et fin [point final]!!!!!!!

Norman Mpofu ajouta en Shona une langue locale :

Frappée par un compagnon…..kikiki …mapoto muchinyanyawo vana sister. unogarirei nemunhu asina kuroora [Trop de concubinage. Pourquoi vivez-vous avec quelqu’un sans être mariée].

Selon l'UNICEF, l’augmentation des violences sexistes au Zimbabwe semble être une résurgence de pratiques et principes traditionnels qui incluent la soumission des femmes, où il est culturellement acceptable pour un homme de « discipliner » physiquement sa femme et ses enfants.

Russie, Tadjikistan : Qui s'estime offensé par le “Guide du travailleur immigré”?

vendredi 16 novembre 2012 à 10:18

Note de l'éditeur : Les relations entre la population russe et les travailleurs migrants originaires des ex-républiques soviétiques, notamment d'Asie centrale, sont traditionnellement difficiles et marquées par les discrimations voire plus grave. Ce post, une version retravaillée d'un article du blog d'Olga Tutubalina sur le site Asia Plus, donne un point de vue russe à propos d'une récente polémique avec le Tadjikistan.

“Les Fondateurs de la patrie”, la branche jeunesse du parti au pouvoir au Tadjikistan, le Parti populaire démocratique, a critiqué «Le guide du travailleur immigré» [pdf] (vous pouvez lire l'article de Global Voices consacré à ce guide ici, en anglais) qui vient de sortir en Russie. Le leader de cette branche, Adram Mirsaïdov, a déclaré que les illustrations contenues dans ce guide, qui représentent les travailleurs immigrés sous la forme d'outils utilisés dans le bâtiment, offensent et rabaissent le sentiment national des travailleurs immigrés tadjiks. «”Les Fondateurs de la patrie” demandent instamment aux services administratifs concernés de la Fédération de Russie de prendre des mesures pour assurer le retrait et la destruction du guide sus-cité», a-t-il dit.

On peut comprendre que ce guide déplaise. Pourquoi les auteurs l'ont-il conçu précisément ainsi, avec ces illustrations, on ne sait pas. On peut néanmoins supposer que la faute en incombe surtout aux Tadjiks eux-mêmes - apparemment, c'est justement aux balais, pinceaux et autres outils du bâtiment que sont associés les citoyens du Tadjikistan en Russie. Mais d'un autre côté, ce ne sont certainement pas des médecins spécialistes, des professeurs émérites ou de grands savants qui émigrent en Russie.

Illustration tirée du “Guide du travailleur immigré”

Ces images ont sans doute choqué beaucoup de gens ; d'autres, parmi les immigrés mêmes, se fichent d'être caricaturés, du moment qu'ils ont la possibilité de gagner leur vie.

Il est probable que ces manuels ne sont pas l'oeuvre de professionnels. Mais ce n'est pas sur ce sujet-là que le Parti populaire démocratique du Tadjikistan doit se faire faire des lunettes. Mais plutôt, ce qui est plus grave que le fait même d'avoir publié ce guide, sur cette hypocrisie coutumière vis-à-vis de ceux que l'on prétend défendre.

Cet épisode n'est en réalité rien de plus qu'un stupide malentendu, dont il n'y a pas à de tirer de conclusions profondes quant au nationalisme de la Russie. Regardons plutôt plus en détails comment cette Russie ennemie traite les immigrés tadjiks et plus généralement les citoyens du Tadjikistan, et ce que leur propre gouvernement fait pour eux.

Que fait la Russie ?

La Russie allonge la durée de séjour autorisée des citoyens tadjiks sur son territoire. Et aussi la durée du permis de travail.

La Russie envoie au Tadjikistan des dizaines de professeurs pour que nos enfants puissent recevoir une instruction. La Russie ouvre même des départements universitaires dans notre République.

La Russie ouvre sur son territoire des écoles pour les enfants d'immigrés.

La Russie permet, en droit, aux Tadjiks de travailler sur son sol. On pourrait objecter qu'elle aussi a besoin d'eux, or c'est le Tadjikistan lui-même qui ne peut pas se passer du marché du travail russe pour vivre.

La Russie (même s'il y a des contreparties ; elles ne touchent pas le simple citoyen) abolit les droits de douane sur ses produits pétroliers.

Que fait le Tadjikistan ?

Le Tadjikistan augmente les tarifs des appels téléphoniques vers la Russie.

Le Tadjikistan (dans les cercles gouvernementaux) s'est plus d'une fois posé la question de taxer les transferts de fonds en provenance des émigrés.

Le ministère des Finances réduit le niveau des prestations sociales des couches les plus pauvres de la population et des retraités.

Le Tadjikistan n'est pas en mesure de nourrir et chauffer son peuple. Ni de lui donner une éducation correcte et de lui garantir un travail bien rémunéré.

Par conséquent, arrêtez de parler de notre unicité et fierté nationales, il n'y a rien d'unique chez nous. Apprenez à vous respecter vous-mêmes. Non parce que vous êtes tadjiks, mais bien parce que vous êtes des êtres humains. Alors les autres commenceront à nous respecter aussi. Ce sont des évidences, mais visiblement, elles ont besoin d'être répétées.